Auteur/autrice : Éric

  • Reprendre le contrôle

    On m’a encore demandé quel serait la prochaine petite révo­lu­tion. Ça tourne dans ma tête depuis un moment et j’ai ma réponse : la reprise de contrôle.

    Je veux reprendre le contrôle de ma vie privée, de mes données, de ce qui est fait avec.

    Ça veut dire sortir les données des silos où elles sont

    Télé­char­ger mes factures pour y accé­der hors du site web de chacun de mes four­nis­seurs élec­tri­cité, gaz, inter­net, télé­phone, etc. Télé­char­ger mes rele­vés bancaires, ceux de mes rembour­se­ments de santé, ceux de mes consom­ma­tions télé­pho­niques.

    Télé­char­ger mes contacts sur Face­book, LinkedIn, Twit­ter. Inven­to­rier et synchro­ni­ser les likes, les favo­ris, les groupes, les listes, les commen­taires.

    Il faut que je puisse accé­der simple­ment à ces données, les croi­ser, créer des usages autour sans que tout se fasse labo­rieu­se­ment à la main.

    Cozy Cloud vient de faire l’an­nonce du lance­ment de sa V3 et j’y vois un premier pas essen­tiel dans la bonne direc­tion. L’ar­ri­vée du RGPD va proba­ble­ment aussi bien aider à l’émer­gence de quelques projets sur la récu­pé­ra­tion des données.

    Ça veut dire proté­ger mes données

    Proté­ger mes données ça ne veut pas dire mettre un mot de passe compliqué. Ça veut dire ne plus permettre qu’un tiers puisse y accé­der sans ma permis­sion. C’est autant de la sécu­rité que de la vie privée.

    Je ne veux pas que Drop­box puisse lire mes fichiers, que Micro­soft connaisse le contenu des docu­ments édités en ligne avec mes amis, qu’un employé de Google puisse lire toutes mes archives email depuis 10 ans et qu’il connaisse les détails de ma vie en regar­dant mon agenda.

    Et pour­tant je ne crois pas à l’auto-héber­ge­ment et au retour à l’in­for­ma­tique locale. Pouvoir accé­der à mes données de n’im­porte où sans jongler à la main avec diffé­rentes versions d’un même fichier est un confort que je ne veux pas remettre en cause.

    Je veux simple­ment chif­frer mes données, côté client, sans donner la clef au pres­ta­taire.

    Certains services le proposent pour les fichiers dans le cloud mais ça reste encore trop rares. Côté email, agenda et colla­bo­ra­tion sur des docu­ments en ligne, là c’est le désert ou presque.

    Ne me parlez pas de GPG, ça ne répond pas au besoin. Je ne veux pas attendre le jour où mes colla­bo­ra­teurs m’en­ver­ront des emails déjà chif­frés. Je doute que ça arrive dans les dix prochaines années. Je veux pouvoir chif­frer de mon côté les emails qu’ils m’en­voient en clair, avant même de les écrire sur disque.

    Ça veut dire chan­ger le fonc­tion­ne­ment des OS

    Je ne veux pas que n’im­porte quel logi­ciel sur mon poste puisse inter­agir avec mes données ou avec le reste du système.

    Les OS mobiles sont déjà un peu plus avan­cés que les autres. Chaque appli­ca­tion est isolée et n’a pas accès à tout le disque, à tous les péri­phé­riques, encore moins aux autres appli­ca­tions. C’est le début, mais il suffit d’au­to­ri­ser skype à utili­ser le micro pour que l’app soit capable d’es­pion­ner silen­cieu­se­ment 24/24. Si ça fonc­tionne à peu près juste­ment parce qu’on est en silo avec très peu de données communes.

    Demain Il y a toute une approche à inver­ser, où on n’at­tri­bue pas des droits à des appli­ca­tions mais où on part des données.

    Sérieu­se­ment, je ne peux même pas sépa­rer le perso et le pro sans avoir à créer deux comptes utili­sa­teurs sépa­rés sur ma machine.

    Je veux pouvoir donner accès au carnet d’adresse mais unique­ment aux contacts pro, et pas Pierre ni Nico­las, mais je veux bien donner accès à Julie qui est dans mes contacts persos. En réalité je veux faire plus que sépa­rer pro et perso. Je ne veux pas que l’ap­pli­ca­tion en face gère ce filtre, je veux moi choi­sir quelles données il verra, en amont.

    Là on est quasi­ment au pied de la montagne. Qubes-OS est un des seuls que je vois tenter quelque chose mais ça reste une approche sécu­rité basée sur une isola­tion complète de plusieurs envi­ron­ne­ments, pas une maitrise des données elles-mêmes. Il y a tout à créer.

  • Dis Mozilla, et si tu écou­tais tes utili­sa­teurs ?

    La première fois que Mozilla a imaginé de mettre des publi­ci­tés dans la page « nouvel onglet ». Quand on réflé­chit à des pistes nouvelles, parfois on s’égare. Pas de problème. La conclu­sion de la commu­nauté était que non, il ne fallait pas de publi­ci­tés dans les nouveaux onglets. Même en opt-out, même en respec­tant le « do not track ». À partir de là on sait.

    La seconde fois, quand Mozilla a parti­cipé à un contexte promo­tion­nel pour une série TV, on a bien voulu parler de faux pas. L’exer­cice était limité, la réponse a toute­fois été sans appel : Non.

    Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts. Après ces deux tenta­tives, remettre le couvert une troi­sième fois avec une idée quasi iden­tique à la première, ça commence à être un problème dont il faut parler, plus des erre­ments.

    Mozilla, je comprends le problème de finan­ce­ment mais si tu n’écoutes pas tes utili­sa­teurs, tout le finan­ce­ment imagi­nable se révé­lera bien vain.

  • Aphan­ta­sie

    Aphan­ta­sie. C’est le mot de cette fin de semaine.

    Je pour­rais vous dire que je découvre ma diffé­rence mais ce serait mal résu­mer la situa­tion. Je réalise que *vous* pensez diffé­rem­ment.

    Je réalise que vous avez des images en tête, plus ou moins précises, parfois même de la musique. Je réalise que quand on vous dit de visua­li­ser une plage dans votre tête, c’est à prendre au sens litté­ral et pas une figure de style. Je réalise que l’ex­pres­sion « voir » quelque chose dans le sens de « comprendre » ou « imagi­ner » ne vient pas de nulle part. Je me rends compte que les films ou séries TV avec le héros qui se fait des films comme Scrub ou Ally McBeal ne sont pas autant un exer­cice narra­tif que je l’ima­gi­nais.

    Bref, j’ai pris une bonne claque dans la figure et ça va révo­lu­tion­ner ma vision de beau­coup de choses. Je découvre juste que 98% des gens réflé­chissent autre­ment. Pas unique­ment diffé­rem­ment au niveau du proces­sus, mais aussi presque avec d’autres sens que les miens. Imagi­nez un dalto­nien à qui vous appren­driez à 38 ans qu’en fait il y a deux couleurs distinctes derrière le rouge et le vert, et que c’est juste évident pout tout le reste du monde.

    Tout est parti de Sara qui m’a donné le récit de quelqu’un qui faisait la même décou­verte. Lisez-le. Je crois que je pour­rais quasi­ment l’avoir écrit à sa place. Comme on m’a posé plein de ques­tions, je vais tenter de résu­mer plus ou moins (mais lisez le lien tout de même) :

    Non, quand on me demande de visua­li­ser une plage, je ne visua­lise pas une image de plage. Je sais ce qu’est une plage. Si on me demande de dire de quelle couleur est le sable, je vais simple­ment choi­sir arbi­trai­re­ment une couleur dans les couleurs que je sais possibles pour le sable d’une plage. Je peux construire tous les éléments un à un, les avoir à l’es­prit, les mani­pu­ler, mais je n’au­rais pas plus d’image (ou de son). Je gère des concepts et des infor­ma­tions, mais pas une image. Jamais, quand bien même je le voudrais (du coup j’ai essayé).

    Ce n’est pas une cécité intel­lec­tuelle pour autant. Je peux garder la dernière image en tête quelques centièmes de secondes voire quelques secondes en me concen­trant quand je ferme les yeux, comme en persis­tance réti­nienne. Je suis cepen­dant inca­pable de reve­nir en arrière même d’une seconde ou de voir un autre angle, c’est une image fixe.

    Je peux aussi, en me concen­trant, visua­li­ser une image, une photo, un panneau, un dessin fixe que je vois régu­liè­re­ment ou dans une situa­tion forte. J’ai l’im­pres­sion de pouvoir le faire avec un nombre extrê­me­ment limité d’images, mais j’at­tri­bue plutôt ça à ma mauvaise mémoire qui filtre très fort tout ce qui n’est pas jugé « utile » (donc tout ce qui n’est pas pure infor­ma­tion). Je vois ces images sans préci­sion (je pour­rais dire de façon floue mais ce serait une descrip­tion trop imagée de ce qu’il se passe) et géné­ra­le­ment pas long­temps mais je les visua­lise quand même.

    En consé­quence je ne sais pas visua­li­ser les paysages, les bâti­ments ou les visages, même des personnes très proches ou les lieux que je vois tous les jours, parce qu’ils n’ont pas une image fixe unique et forte­ment impri­mée.

    Je devrais nuan­cer un peu : De mes expé­riences j’ai l’im­pres­sion de pouvoir avoir quelque chose si j’es­saye de visua­li­ser le couloir ou l’es­ca­lier de la maison de mes parents. Ca reste telle­ment évanes­cent et peu clair que je n’ose pas dire que j’y arrive mais il y a quelque chose. Je pense que c’est juste­ment parce que le plan de vision est toujours le même, assez pour que ça puisse s’im­pri­mer comme une image fixe.

    Du coup je n’ai pas le visage des gens, leurs expres­sions, même de ma femme et de mon fils, mais je peux me rappe­ler une photo où ils sont, parce que cette dernière était sur ma table de nuit pendant long­temps. C’est assez pertur­bant de me dire ça.

    Pour la même raison, je sais visua­li­ser un triangle (j’ai du essayer long­temps et plusieurs fois pour que ça vienne). Toujours de la même façon : Si je force, je peux voir un tracé géomé­trique. Il est toujours le même, avec les sommets notés A B et C. Ça ne fonc­tionne pas avec les autres formes géomé­triques et je n’ai aucune possi­bi­lité de le colo­rer ou de le défor­mer. Du coup je suppose que je me rappelle surtout un dessin vu mille fois à l’école, plutôt qu’une mise en image de mes pensées.

    Hier je disais que je n’ai pas l’im­pres­sion de rêver en images non plus. Je n’ai pas tendance à me rappe­ler mes rêves, et surtout je ne m’étais jamais posé ce genre de ques­tions – n’ima­gi­nant pas que les autres puissent être diffé­rents. Est-ce que je récolte des infor­ma­tions qui me donnent une émotion ou est-ce que j’ai des images ? L’en­dor­mis­se­ment d’hier me laisse la ques­tion ouverte. Peut-être que les rêves ont un peu plus que l’in­ven­taire d’in­for­ma­tions brutes que j’ai dans mon flux de pensée conscient. Diffi­cile à dire.

    Je n’ai pas plus de musique, d’odeurs ou de paroles. Je sais avoir des « ta ta tata » dans ma tête si je veux me rappe­ler une musique, mais pas diffé­rem­ment de si j’es­saye de fredon­ner (ne me le deman­dez jamais, c’est horrible). En fait c’est un peu comme si j’es­saye de me parler dans ma tête. En aucun cas je ne peux rejouer ce que j’ai entendu, ou me le remé­mo­rer ainsi (mais je saurais recon­naitre si ce qu’on me joue est la même musique que j’ai déjà entendu).

    Je n’ai pas non plus de senti­ments qui reviennent en surface. Ou plutôt ils ne sont pas rejoués ou visua­li­sés. Me rappe­ler d’une situa­tion (mal)heureuse passée ne me rend pas (mal)heureux main­te­nant. En fait je ne comprends même que ça puisse être le cas.

    Je peux repen­ser à quelque chose qui me stresse ou qui me rend triste et ressen­tir cette émotion mais ce ne sera pas un rappel de l’émo­tion passée : Ce sera que la situa­tion me stresse ou me rend triste encore main­te­nant. Ce sera le senti­ment présent d’une réflexion présente.

    Je me rends compte que vous êtes capables, à des degrés divers, de vous rappe­ler le visage d’un être aimé, une situa­tion heureuse. Je peux me rappe­ler les détails, les concepts, l’in­for­ma­tion que j’ai été heureux, je ne peux pas rejouer le passé. Quelque part, de ça je suis un peu jaloux.

    * * *

    Mais comment tu fais pour dessi­ner ? pour prépa­rer tes photos ?

    Je dessine. Je sais où est placée l’oreille d’un chat alors je l’y mets. Je n’ai pas besoin d’un modèle mental pour ça. Je n’ai pas d’image mentale à reco­pier. Peut-être que ça peut expliquer en partie pourquoi je suis inca­pable de faire des dessins qui ressemblent à quelque chose mais je crois que si je dessine mal c’est surtout suite à un manque de pratique et d’exer­cice quand j’étais jeune. Je crois assez peu au « don » : Les gens qui dessinent bien ont surtout beau­coup de pratique, ou de la pratique très jeune.

    Pour les photos j’es­saye. J’ima­gine des choses, je teste, je vois ce que ça donne. Ça peut aussi expliquer pourquoi je sors des centaines de photos par séance mais là aussi je me garde­rais bien de sauter aux conclu­sions et aux excuses faciles.

    Et quand tu lis un roman ?

    Même chose. J’ai des infor­ma­tions, pas une image. Si tu ne me dis pas comment est habillé le héros, je ne comble pas ce manque. En fait je ne le vois pas même pas comme un manque. Ça peut aussi tenir au fait que j’ai une lecture plus proche de ce qu’on appelle la lecture rapide que d’une lecture séquen­tielle. Je scanne plus que je ne lis, je prends les infor­ma­tions qui me semblent utiles à ma compré­hen­sion. Je ne lis même pas toujours les pages de haut en bas (oui, il m’ar­rive de scan­ner de bas en haut, quitte à reprendre un passage plus clas­sique­ment ensuite), et il m’ar­rive de lire très vite une page, puis d’y reve­nir le temps d’un coup d’oeil tant de repar­tir vers l’avant, incons­ciem­ment. Le résul­tat c’est qu’il est tout à fait possible que je ne sache pas que le person­nage est roux alors que c’est marqué partout, simple­ment parce que ça n’a pas servi dans l’his­toire. Géné­ra­le­ment je ne sais même pas dire comment s’ap­pelle le héros (mais je saurais recon­naitre le mot s’il est écrit quelque part).

    Ne vous trom­pez pas. J’ai de l’ima­gi­na­tion. Plein (trop). Je lis d’ailleurs essen­tiel­le­ment de la SF et de la fantasy, et j’aime ça. Je dévore les livres quand je suis dans mes périodes « lecture ». Visi­ble­ment (le terme est amusant) j’in­tègre juste ça diffé­rem­ment d’autres personnes. Savoir ce qui tient de ma façon de lire et de l’aphan­ta­sie est diffi­cile à dire. Possible d’ailleurs que les deux ne soient pas tota­le­ment indé­pen­dants mais là aussi je me garde­rai bien de sauter aux conclu­sions.

    * * *

    Je crois que la ques­tion la plus diffi­cile c’est « mais comment fais-tu ? ». Je pour­rais la retour­ner : Comment faites-vous ? Comment faites-vous pour visua­li­ser des images, mais aussi comment faites-vous pour ne pas conce­voir des choses sans y attri­buer d’image, de son ou d’émo­tion ? Si je vous donne un concept mathé­ma­tique ou intel­lec­tuel, comment faites-vous ? Quelle image vous vient quand je vous parle d’aphan­ta­sie ? Si vous y arri­vez, pourquoi avez-vous besoin d’une image pour tout le reste ? Comment ce fait-ce que ça ne perturbe pas votre pensée ? Est-ce que ça ne vous donne pas en perma­nence des biais sur tout et tout le temps puisque vous avez déjà une image construite de ce dont vous parlez ?

    Allez décrire la vision à un aveugle, la diffé­rence entre rouge et vert à un dalto­nien… Pire, deman­dez à un dalto­nien de décrire ce qu’il voit à la place du rouge. Ça n’a juste pas de sens. Qui sait, peut-être que déjà à la base chacun met le même nom sur la couleur mais la perçoit de façon diffé­rente.

    Vous voyez la diffi­culté à décrire ? Je ne suis pas plus capable de vous expliquer comment je pense que vous n’êtes capables de me l’ex­pliquer. Il faudrait avoir vécu les deux situa­tions pour savoir réel­le­ment pous­ser les choses loin. Ce que j’es­saie de décrire plus haut est proba­ble­ment biaisé et un peu vantard aussi à cause de ça : Je m’ima­gine des choses sur ce que pour­rait être une autre façon de penser, et je ne sais pas le conce­voir.

    Je ne me place d’ailleurs pas forcé­ment dans la posi­tion du dalto­nien. Si j’osais, j’ai plutôt l’im­pres­sion de vous ranger dans ces élèves qui ont besoin de bouger les lèvres pour orali­ser ce qu’ils lisent quand un adulte peut inter­na­li­ser sa lecture sans même subvo­ca­li­ser. Mais… n’est-ce pas une pirouette pour me trou­ver excep­tion­nel et tour­ner ce qui m’ar­rive comme un avan­tage ?

    Si vous avez des ques­tions, cepen­dant, n’hé­si­tez-pas, mais pensez bien qu’il va aussi vous falloir expliquer comment vous vous pensez, et ne pas simple­ment voir ça comme un manque chez moi. C’est diffé­rent, pas juste quelque chose en moins.

  • [Lecture] The surpri­sing thing Google lear­ned about its employees

    Project Aris­totle shows that the best teams at Google exhi­bit a range of soft skills: equa­lity, gene­ro­sity, curio­sity toward the ideas of your team­mates, empa­thy, and emotio­nal intel­li­gence. And topping the list: emotio­nal safety. No bullying. To succeed, each and every team member must feel confi­dent spea­king up and making mistakes. They must know they are being heard.

    Ça devrait sembler évident à tout le monde mais ça ne l’est pas encore. Offrir un bon contexte humain où les gens se sentent en sécu­rité pour agir est plus impor­tant que tout.

    Les imbé­ci­li­tés de « si on brûle les bateaux derrière eux ils avan­ce­ront d’au­tant plus vite » n’ont jamais fonc­tionné. La défiance et la pres­sion par la peur ou la menace non plus.

    The surpri­sing thing Google lear­ned about its employees — and what it means for today’s students

  • « la poli­tique raison­nable et humaine que nous menons »

    J’avais commencé à lister un histo­rique de ces dernières années mais je vais vous dire autre chose.

    J’ai honte.

    J’ai­me­rais ne plus avoir honte. On peut avoir des diver­gences fortes sur la poli­tique à mener, mais j’ai­me­rais ne plus avoir honte de ma police, de comment elle met en œuvre cette poli­tique.

    Je ne veux plus entendre que notre police confisque duvets et couver­tures à des personnes qui dorment dehors en plein hiver. C’est illé­gal mais c’est aussi inhu­main.

    Je ne veux plus entendre que notre police lacère ou jette des tentes de personnes sans domi­ciles. Ces tentes sont peut-être elles-mêmes anor­mal mais fragi­li­ser ces gens dehors en plein hiver n’est pas justi­fiable pour autant.

    Je ne veux plus entendre qu’on enferme illé­ga­le­ment, qu’on créé des centres de réten­tion arti­fi­ciels sans leur en donner le nom et le statut.

    Je ne veux plus entendre qu’on traite des enfants légè­re­ment et qu’on les laisse à la rue, parce que c’est plus simple, en se défaus­sant sur leurs parents, ou simple­ment en leur niant leur mino­rité.

    Je ne veux plus lire des récits qui me font honte dans les commu­niqués d’ONG au dessus de tout soupçon de partia­lité et jusque dans la presse inter­na­tio­nale. C’est toute la France qui devrait avoir honte, honte au point de ne pas oser faire une quel­conque décla­ra­tion inter­na­tio­nale avant de régler ça.

    J’ai honte et c’est grave.

    C’est grave parce que ce sont des actions de forces de l’ordre qui se croient au dessus de la loi, qui font justice eux même. On a là un terreau fertile pour les déra­pages les plus graves.

    C’est grave parce que ce sont des fonc­tion­naires qui acceptent des ordres illé­gaux et inhu­mains, et ça doit faire réflé­chir vu le passé de la France.

    C’est grave parce que sont des respon­sables poli­tiques qui cautionnent voire qui soutiennent. Pire, ils vont vanter le trai­te­ment humain alors qu’ils ont des alertes cohé­rentes et persis­tantes d’ac­teurs incon­tes­tables. Bref, pour montrer leur fermeté ils renforcent le senti­ment que tout est permis.

    J’ai honte, c’est grave et j’ai peur.

    J’ai désor­mais peur quand je vois la police, celle qui devrait me proté­ger. Je n’ima­gine plus parti­ci­per à une mani­fes­ta­tion légale, décla­rée et paci­fique sans craindre de reve­nir avec des héma­tomes voire mutilé par une grenade.

    J’ai peur d’une police ivre de son pouvoir et qui n’a plus aucune limite. Même quand il y a mort après inter­pel­la­tion, on lit ensuite dans la presse qu’il n’y a rien eu d’anor­mal ou de répré­hen­sible de la part des forces de l’ordre, limite que le passé du décédé justi­fie bien ce qui lui est arrivé.

    Élevé dans le respect de l’ordre et dans l’idée que la police est là pour moi, à toute occa­sion, aujourd’­hui je change de trot­toir si je le peux pour éviter toute rencontre avec la police. On ne sait jamais, parce que je n’ai plus aucune confiance.

    J’ai honte, c’est grave, j’ai peur et je veux du chan­ge­ment.

    Je crève d’en­vie de deman­der la démis­sion de ministres, préfets et autres personnes à respon­sa­bi­lité dans toute cette chaîne défaillante mais je veux surtout du chan­ge­ment.

    Je veux un ministre qui trace clai­re­ment les limites de l’inac­cep­table. Je suis prêt à ne pas faire atten­tion s’il prend plein de précau­tions oratoires, s’il dit que ce sont des faits isolés alors qu’il est désor­mais évident que ce n’est pas le cas, mais je veux qu’il le fasse, clai­re­ment.

    Je veux que derrière il y ait des enquêtes et des sanc­tions. Je veux qu’il y ait des syndi­cats qui reprennent voix pour dire qu’ils s’op­po­se­ront aux ordres illé­gaux et immo­raux. Je veux des poli­ciers qui s’ex­priment, même anony­me­ment.

    Je veux qu’on margi­na­lise l’inac­cep­table, que ça rede­vienne inac­cep­table. Je veux pouvoir être fier de mon pays et de sa police.

    J’ai honte, c’est grave, j’ai peur, je veux du chan­ge­ment et c’est urgent.

    Si j’ai peur, moi qui ai toujours défendu la police pendant toute ma vie, j’ima­gine ce qu’il doit en être pour ceux qui n’ont pas une situa­tion aussi privi­lé­giée que la mienne.

    On va ramer pour retrou­ver de la confiance, pour retrou­ver du lien entre le citoyen et les forces de l’ordre. Ce ne sont pas des belles paroles qui vont chan­ger des choses. Il faut du visible, du poing sur la table, et pas qu’un peu, pas juste pendant une opéra­tion de commu­ni­ca­tion de quelques jours.

    Même ainsi ça va prendre du temps, des années peut-être, mais si on ne le fait pas rapi­de­ment ça risque vite de deve­nir trop tard. J’es­père que ça ne l’est pas déjà.

    C’est main­te­nant qu’il y a un train à prendre, pour qu’un jour je ne pleure pas de dégoût quand j’en­tends parler de « la poli­tique raison­nable et humaine que nous menons » à la radio.

  • Au nom de la cause

    Je peux contes­ter un argu­ment d’une thèse globa­le­ment inté­res­sante. Je peux refu­ser un enchaî­ne­ment logique d’une cause que je soutiens. Je peux refu­ser certaines actions tout en en parta­geant les moti­va­tions ou objec­tifs. Je peux trou­ver mauvaise une solu­tion sans nier le problème sous-jacent. Je peux argu­men­ter et avoir un désac­cord avec une personne que j’ap­pré­cie énor­mé­ment.

    Bref, c’était vrai en poli­tique et sur les sujets tabous, mais c’est plus large que ça. Je ne signe pas de chèque en blanc et je n’ac­com­pagne personne les yeux bandés.

    Pour dire vrai, je fais même d’au­tant plus atten­tion aux détails et refuse d’au­tant plus faci­le­ment une erreur ou une argu­men­ta­tion bancale quand je crois à ce qu’il y a derrière. Le reste ne mérite pas toujours d’y passer du temps.

    Peut-être parce que j’ai l’im­pres­sion que sinon la personne parle aussi pour moi. Peut-être parce que je ne veux pas voir s’écrou­ler une bonne cause derrière un discours contes­table. Peut-être simple­ment parce que je ne peux accep­ter de me ranger derrière quelqu’un ou quelque chose en sachant que ça se base aussi sur du faux.

    Non, je ne cache­rai pas mes réac­tions sous prétexte qu’en parler peut faire du mal à la cause. J’ai tendance à croire que c’est au contraire d’ac­cep­ter de ne rien dire qui peut faire mal aux causes qu’on défend, aux valeurs dans lesquelles on croit.

    Je ne suis simple­ment pas celui qui accepte tout au nom de la cause. Je n’ai jamais cru à l’idée que la fin justi­fie les moyens.

    Chacun fait ses choix. Les vôtres sont peut-être diffé­rents et ne n’ai pas à vous dicter quoi que ce soit. Vous pouvez contes­ter les miens mais n’al­lez pas nier mes convic­tions ou mes inten­tions simple­ment parce que je refuse de fouler qui je suis. C’est insul­tant pour vous comme pour moi.

  • Stockage de fichiers dans le nuage — solu­tions

    J’aime bien faire des suites aussi rapides. J’ai publié ma problé­ma­tique de stockage de fichiers en ligne tout juste avant-hier et j’ai déjà des retours à faire.

    Mon choix va proba­ble­ment être entre Seafile et Trea­so­rit mais j’en liste d’autres en fin de billet.

    Les deux ont un chif­fre­ment côté client et des clients Mac, Windows, Android, iOS *et* Linux. Les deux savent synchro­ni­ser plusieurs réper­toires, faire de la syncho­ni­sa­tion sélec­tive (je veux le sous-réper­toire X du partage Y), monter un disque virtuel sans avoir besoin de tout synchro­ni­ser en local (dans ce cas on passe par le réseau à chaque accès) et faire des partages sur les fichiers stockés.

    Seafile

    Seafile c’est la partie open source. Il y a une version commu­nau­taire et une version « pro » payante à partir de trois utili­sa­teurs. J’ai testé la pro parce que la doc indique que c’est la seule à avoir de la synchro­ni­sa­tion sélec­tive, mais il parait que la commu­nau­taire le fait aussi. À tester.

    Il faut instal­ler un serveur maître, et donc avoir un disque à soi en ligne quelque part, avec suffi­sam­ment d’es­pace libre. Visi­ble­ment ça fonc­tionne sur mon NAS avec un ATOM mais c’est un peu lent. Je ne sais pas si ça ne va pas m’ex­plo­ser à la figure quand j’au­rais mon To dessus et je reste dubi­ta­tif sur la version Rasp­berry qu’ils proposent pour le serveur.

    L’ins­tal­la­tion du serveur est moche et pénible (j’ai l’im­pres­sion de reve­nir 20 ans en arrière) mais ça fonc­tionne. L’in­ter­face du client Mac n’est pas moche mais on a là l’exemple type du soft déve­loppé par des infor­ma­ti­ciens sans penser à l’UX. Je ne serais pas étonné que ce soit du Java en dessous.

    La synchro­ni­sa­tion sélec­tive permet de sélec­tion­ner un dossier précis dans un partage, et de le consi­dé­rer comme un partage à part entière. On est donc plus limi­tés qu’un Drop­box ou Google Drive (par exemple) qui eux permettent de cocher réper­toire par réper­toire ceux qui doivent être synchro­ni­sés ou non, mais ça reste accep­table si vous voulez juste prendre un truc précis dans un grand espace (ce qui est mon cas).

    Autre limi­ta­tion : Les partages à des tiers hors Seafile ne se font qu’en lecture, et ne sont pas possibles pour des réper­toires chif­frés.

    Pas top, mais ça fait le job, surtout que ça le fait sans coût mensuel.

    Treso­reit

    Conseillé par l’ami David, Treso­reit c’est la trou­vaille d’hier. Il y a tout et c’est bien fait.

    Par rapport à Seafile, je n’ai pas de serveur à instal­ler, l’UX est au top, ça réagit au quart de tour, la synchro­ni­sa­tion sélec­tive permet de gérer fine­ment dossier par dossier, et je peux faire les partages qu’il faut sans remettre en ques­tion le chif­fre­ment des fichiers.

    Seul défaut, le client Linux n’a pas d’in­ter­face en ligne de commande aujourd’­hui. Ils ont posté un message il y a moins d’un mois pour dire que ça vien­dra – sans dire quand – mais le client Linux a déjà plusieurs années et leurs promesses passées peuvent visi­ble­ment mettre des années à arri­ver. Je ne retiens pas mon souffle.

    En atten­dant certains proposent de passer par Xpra. Pas idéal mais je ne connais­sais pas l’ou­til et j’aime assez l’idée pour dire « pourquoi pas ».

    Pas de secret. On passe par un serveur chez l’édi­teur, il faudra donc aussi passer à la caisse, et c’est cher. On parle de 120 € TTC annuels pour 200 Go et de presque 290 € TTC annuels pour 2 To. En soi 0,3 € le Go annuel ce n’est pas cher payé, mais un parti­cu­lier le sentira passer quand même…

    Oui, je sais, il y a la mention « paten­ted encryp­tion » qui donne envie de fuir sur la page d’ac­cueil. En fouillant les docs, le chif­fre­ment des fichiers dépo­sés se fait sur des bases très clas­siques sans bidouille privée. Rien d’hor­rible.

    La mention de la page d’ac­cueil fait réfé­rence à un module option­nel qui permet de faire des partages de fichiers Office en y ajou­tant des DRM et sans rompre le chif­fre­ment côté client. Bref, un truc que je n’uti­li­se­rai de toutes façons pas, et qui est proba­ble­ment casse-gueule voire infai­sable à faire en totale sécu­rité. Ça ne remet pas en cause l’ou­til de synchro et son chif­fre­ment.

    Les autres

    Le troi­sième sérieux préten­dant c’est Sync. L’in­ter­face a l’air top, il semble avoir le niveau de Treso­rit pour un prix trois fois plus faible. De quoi donner envie. Malheu­reu­se­ment… pas de client Linux malgré les demandes depuis bien long­temps. Je doute donc que ça arrive à court terme et c’est disqua­li­fiant pour moi. Je ne suis pas allé beau­coup plus loin mais si Linux n’est pas un problème pour vous, c’est peut-être la bonne solu­tion à tester.

    J’ai aussi vu pCloud, qui a l’air plutôt bien et qui me faisait de l’oeil, surtout avec les promos et la sous­crip­tion « à vie » (grosso modo pour un an de treso­rit, on avait pcloud à vie avec le même espace disque). Malheu­reu­se­ment la synchro­ni­sa­tion sélec­tive est encore plus limi­tée que Seafile (on peut choi­sir unique­ment les réper­toires de premier niveau). Si ça ne vous gêne pas, jetez-y un oeil.

    Oui j’ai aussi regardé Owncloud, Next­cloud et les autres. Ceux qui ont du chif­fre­ment côté client l’ont sur un réper­toire seule­ment, distin­gué du reste, avec des accès limité. Pour moi c’est un point impor­tant si je veux sortir de Google ou Drop­box et ne pas trop m’inquié­ter.

    Quant à SpiderOak, l’in­ter­face était louche, pas pratique. On a l’im­pres­sion que la synchro est une fonc­tion­na­lité acces­soire de l’ou­til, et ça ne m’a pas donné confiance. Bref, pour l’ins­tant j’écarte.

     

     

  • Reprendre le contrôle de mes données

    La démarche est longue mais je veux passer un palier ces prochains mois. J’ai listé tout ce qui me gêne, quelques pistes, et j’es­père que vous m’ai­de­rez à complé­ter.

    Note : Je cherche à contrô­ler mes données et mes iden­ti­fiants, pas forcé­ment à m’auto-héber­ger. Au contraire, je privi­lé­gie plutôt les solu­tions externes tant qu’elles m’ap­portent les bonnes garan­ties. En échange, je suis prêt à payer.

    Email

    Ça va être le plus diffi­cile. Aujourd’­hui je profite tota­le­ment de Gmail. J’adore le système boite de récep­tion -> archive, sans clas­se­ment avec juste des étiquettes souples quand j’en ai besoin.

    Le résul­tat c’est que j’uti­lise énor­mé­ment la recherche. Il n’est pas rare que je fasse une recherche complexe de type « from:xxx (to:yyy OR to:zzz) has:atta­che­ment -label:toto -label:titi facture is:star­red ». Je ne retrou­ve­rai proba­ble­ment pas aussi bien mais il me faut une recherche évoluée et rapide.

    Le second point parti­cu­lier c’est que je fouille assez fréquem­ment sur ton mon histo­rique. Encore la semaine dernière j’ai recher­ché un email de 2007. Il me faut donc une recherche effi­cace, mais aussi un quota d’en­vi­ron 30 Go.

    Enfin, je veux accé­der à mes emails de partout, desk­top comme mobile, boite de récep­tion comme recherche dans les archives.

    Sauf à ce qu’on me montre quelque chose de vrai­ment top et clef en main, je ne veux pas auto-héber­ger mes emails. Trop de boulot et je ne veux pas d’in­ter­rup­tion de service.

    J’ai l’im­pres­sion que le seul qui corres­pond à peu près est Fast­mail. On m’a aussi proposé Proton­mail mais le prix pour 30 Go est trop dissua­sif.

    Fichiers

    Aujourd’­hui j’uti­lise un mix de Drop­box, Google Drive et d’un NAS perso. Il n’y a quasi que les télé­char­ge­ments et les fichiers tempo­raires qui sont en dehors de ces trois entre­pôt.

    Tous les fichiers courants sont sur le Drop­box, un peu moins de 10 Go. C’est acces­sible offline et ça synchro­nise tout seul quand ça peut. Pouvoir ajou­ter de nouveaux fichiers ou accé­der aux exis­tants en lecture depuis le web et depuis le télé­phone fait désor­mais partie de mon quoti­dien. Je n’uti­lise pas si fréquem­ment les fonc­tion­na­li­tés de partage par lien mais je pour­rais diffi­ci­le­ment m’en passer.

    Les archives et les gros fichiers sont sur le NAS. Je garde tout, et ça fait aujourd’­hui dans les 1.3 To. Aujourd’­hui je partage ça via CIFS, non acces­sible depuis Inter­net. La synchro­ni­sa­tion entre les fichiers en travail sur mon post et archi­vés sur le NAS est manuelle, avec des erreurs de temps en temps. Bref, très insa­tis­fai­sant. Le seul point posi­tif c’est que le NAS permet d’avoir un espace commun avec la famille tout en gardant d’autres espaces person­nels.

    Idéa­le­ment je veux un espace en ligne avec au moins 1.5 To de quota, choi­sir ce que je synchro­nise ou pas sur mon poste local, pouvoir parta­ger des liens à volonté (juste des liens, pas néces­sai­re­ment des accès authen­ti­fiés), un chif­fre­ment côté client des fichiers stockés en ligne, ainsi que des clients Android, Mac, Web et Linux.

    Si je n’ai pas cet idéal, je suis prêt à conti­nuer à divi­ser mes fichiers entre les fichiers en cours (10 à 20 Go) et les archives (1.5 To). Ça serait toute­fois top de pouvoir gérer les synchro entre les deux.

    Je suis prêt à m’auto-héber­ger pour ça. Ou à utili­ser une app ouverte au dessus d’un espace type S3. Ma seule contrainte est que pour la plupart des fichiers, j’im­pose un chif­fre­ment côté client s’ils sont sur un serveur ouvert sur Inter­net.

    Je vois Owncloud mais c’est sans chif­fre­ment côté client, ou Next­cloud qui permet de sélec­tion­ner quelques dossiers en chif­fre­ment côté client. J’ai toute­fois beau­coup de mal à m’ima­gi­ner confier mes fichiers, leur sécu­rité et la perfor­mance de tout ça à une webapp PHP.

    Docu­ments

    Je ne sais pas trop comment nommer ça, mais je fais un usage assez inten­sif de Google Doc et Google Spread­sheet. Ce sont mes espaces de travail et je n’uti­lise quasi­ment pas les outils hors ligne type Libreof­fice. L’in­te­rêt est de tout retrou­ver en lecture et édition depuis mon télé­phone, et de pouvoir parta­ger mes docu­ments en cours d’édi­tion.

    Je me moque que ce soit Google Doc, Office 365, Drop­box Paper ou un autre. Je suis toute­fois loin d’avoir un bon feed­back avec Ether­pad dès qu’il s’agit de poser plus que quelques notes textes (ne parlons même pas de Ether­sheet qui lui n’a pas le mini­mum requis).

    Peut-être que Drop­box Paper est moins inva­sif que Google Doc mais j’au­rais l’im­pres­sion de ne faire que margi­na­le­ment mieux. Bref, je sèche sur par quoi rempla­cer.

  • 86% des chômeurs

    La presse se fait écho des statis­tiques de contrôle au Pôle Emploi et de la réponse de notre gouver­ne­ment. On saura que 14% des contrô­lés auront été pris en faute (proba­ble­ment une inca­pa­cité à prou­ver des recherches suffi­santes).

    On est très loin du mythe du chômeur majo­ri­tai­re­ment frau­deur mais 14% ça n’est pas négli­geable non plus. Le gouver­ne­ment annonce vouloir inten­si­fier les contrôles, multi­plier par 5 les effec­tifs de contrô­leurs.

    Certains jour­naux donnent plus de détails et, là, le ridi­cule se pointe.

    * * *

    Parlons d’abord chiffres. Sur les 14% de sanc­tion­nés, seuls 40% sont en réalité indem­ni­sés par l’Une­dic.

    Oui, vous avez bien lu. Une part impor­tante des contrô­lés ne rece­vaient aucune indem­ni­sa­tion d’au­cune sorte.

    Au final les sanc­tion­nés rece­vant une indem­ni­sa­tion indue repré­sentent seule­ment 5,6% des contrô­lés. D’un coup le chiffre devient bien moins signi­fi­ca­tif. Ne trou­vez-vous pas ?

    Si en plus le ciblage a été fait sur des critères pas trop idiots, ça veut dire que le taux de frau­deurs indem­ni­sés doit commen­cer à être fran­che­ment réduit (surtout quand on a en tête le taux de non-recours aux pres­ta­tions sociales, un ordre de gran­deur supé­rieur)

    * * *

    Bref, pas de quoi justi­fier la multi­pli­ca­tion par cinq (!) des contrôles et des contrô­leurs qui a été annon­cée par le gouver­ne­ment.

    Faites le calcul : L’in­dem­ni­sa­tion moyenne est de 1159 euros. La sanc­tion est une radia­tion de 15 jours, soit donc 580 euros.

    Pour chaque personne indem­ni­sée sanc­tion­née on en contrôle manuel­le­ment 20, et on procède à 14 désins­crip­tions puis réins­crip­tions. Je ne connais pas le coût d’un contrôle ni celui des désins­crip­tions et réins­crip­tions, mais le gain finan­cier net ne doit pas être énorme.

    Avec seule­ment 5% de réus­site utile, il est plutôt urgent de travailler à mieux cibler les contrôles plutôt que les augmen­ter. Là on aurait de la bonne gestion et pas une opéra­tion de commu­ni­ca­tion poli­tique.

    * * *

    D’au­tant que je ne sais pas vous, mais si j’étais inscrit sans indem­ni­tés et que l’État avait l’ou­tre­cui­dance de me deman­der des comptes, il n’est pas certain que je joue­rais le jeu long­temps.

    Même pour ceux qui effec­ti­ve­ment n’avaient pas une recherche active suffi­sante, quel inté­rêt de les contrô­ler à part faire une opéra­tion de commu­ni­ca­tion sur les chiffres ?

    Qu’on en arrive à cibler ces gens là pour un contrôle montre qu’il y a fort à faire au niveau de l’ef­fi­ca­cité du ciblage.

    * * *

    Ou alors…

    Ou alors le but était juste­ment de faire une opéra­tion de commu­ni­ca­tion, de pouvoir présen­ter un chiffre de frau­deurs élevé et reje­ter socia­le­ment la faute sur les chômeurs. Ce serait vrai­ment malhon­nête, vrai­ment dégueu­lasse, vrai­ment…

    Le problème c’est qu’à part l’in­com­pé­tence crasse de toute la chaîne opéra­tion­nelle cumu­lée à celle de toute la chaîne déci­sion­nelle jusqu’au ministre qui a validé la réponse poli­tique à la publi­ca­tion de ce chif­fre… je ne vois pas d’autre alter­na­tive.

    Si j’étais cynique, la malhon­nê­teté et l’in­com­pé­tence ne sont pas des éven­tua­li­tés exclu­sives l’une de l’autre.

  • Il s’agit bien d’éva­sion

    Je n’ac­cepte pas qu’on corrige en « opti­mi­sa­tion fiscale » ces séries de socié­tés écran, de circuits complexes et de domi­ci­lia­tion arti­fi­cielles dans des para­dis fiscaux.

    Il ne s’agit pas simple­ment de bonne gestion d’en­tre­prise et donc d’op­ti­mi­sa­tion des ressources. Il s’agit de montages qui ont pour unique but de se sous­traire à ses obli­ga­tion, de ne pas contri­buer à la société.

    L’évasion fiscale traduit juste­ment ça : Fuir la fisca­lité locale natu­relle pour en cher­cher une autre (et le plus souvent une absence de).  Ce peut-être légal ou illé­gal. Dans la défi­ni­tion rien ne présup­pose l’illé­ga­lité.

    La ques­tion de la léga­lité est d’ailleurs une raison de plus d’évi­ter ici le terme d’op­ti­mi­sa­tion fiscale : On se doute bien qu’au moins partie de ces pratiques frise l’abus de droit fiscal, c’est à dire l’usage de montages à l’unique desti­na­tion de se sous­traire à l’es­prit de la loi et à l’in­ten­tion du légis­la­teur.

    Bref, utili­ser des des socié­tés écran et des montages avec domi­ci­lia­tion arti­fi­cielle dans des para­dis fiscaux, c’est bien de l’éva­sion fiscale, ni plus ni moins. C’en est même l’exemple type.

    Le terme ne vous plait pas parce qu’il a une conno­ta­tion néga­tive ? dans ce cas inter­ro­gez-vous sur les pratiques plus que sur les termes, parce qu’il me semble que le néga­tif vient surtout de là.