On orga­nise le dumping social

Liberté des entre­prises d’un côté, chan­tage à l’em­ploi de l’autre. En réalité c’est plus perni­cieux que ça.

La conven­tion collec­tive c’était aussi s’as­su­rer que toutes les entre­prises d’un secteur jouent avec un même socle de règles et de contraintes.

Avec des accords d’en­tre­prise qui peuvent reve­nir sur ces accords de branche, on fait sauter ce verrou : L’en­tre­prise à côté est plus concur­ren­tielle parce qu’elle a entaillé certaines protec­tions sociales ? Il va falloir qu’on fasse pareil si on veut reprendre le marché, et même aller un peu plus loin, sinon c’est le plan social qui nous pend au nez à long terme.

C’est la course au moins disant. Pas le choix. Si l’autre le fait et que le climat écono­mique n’est pas encou­ra­geant, il faudra s’y mettre aussi.

Ça ne vous rappelle rien ? L’Ir­lande avec son impôt sur les socié­tés moitié plus faible que les voisins, le Luxem­bourg qui offre des condi­tions fiscales ridi­cules pour atti­rer les multi­na­tio­nales chez lui, les inci­ta­tions fiscales pour les plus riches « parce que sinon ils iront ailleurs »… On repro­duit ça, en interne, avec les condi­tions de travail des sala­riés.

En réalité on orga­nise le dumping social interne sur le marché français.
Rien de moins.

Et à ce jeu là il n’y a aucun gain pour l’em­ploi. Il s’agit unique­ment de savoir quelle entre­prise gagne la commande, pas d’en prendre de nouvelles.

Pendant ce temps, on perd les protec­tions sociales. Ça peut appor­ter un peu de concur­rence inter­na­tio­nale à court terme, mais pas au point de concur­ren­cer les pays à bas coût, et ça se fait au prix de la santé des sala­riés.


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Commentaires

Une réponse à “On orga­nise le dumping social”

  1. Avatar de Éric
    Éric

    À mes collègues dans l’IT qui semblent ne pas y croire : Rappelez-vous que vous êtes dans un des rares secteurs où le rapport de force est encore du côté du salarié. Ailleurs, le plus souvent, c’est une époque révolue.

    Il est difficile de revenir sur du salaire, d’autant que le salaire médian n’est pas si élevé que ça par rapport au minimum. Augmenter les plages horaires, réduire des pauses ou les congés, sucrer quelques indemnités ou avantages, c’est toujours plus facile.

    Parfois ça l’est encore plus. Entre ceux qui n’ont pas prévu d’enfants, ceux qui n’en n’auront plus d’autres, et ceux des hommes qui considèrent qu’ils ne sont pas concernés voire que c’est un avantage indu pour les femmes, il va être difficile de sauvegarder une avancée de branche sur le congé maternité si l’employeur le présente sous la forme « c’est ça ou une diminution de salaire pour tous ».

    Cela dit même dans l’IT on risque d’en voir les effets. Même là où il y a un mal fou à recruter des développeurs, la tendance est à utiliser la convention collective Syntec plutôt que celle du métier concerné, quitte pour ça à créer de toute pièce une filiale IT séparée des activités métier. Malgré des années d’un climat économique ultra-favorable et un marché sous tension, notre convention collective est plutôt sous la moyenne.

    Nous ne sommes pas habitués à nous défendre collectivement, ou à négocier quoi que ce soit d’autre que du salaire. Si vous pensez que les grosses SSII hésiteront ou que les ingénieurs défendront activement leur protection sociale, vous êtes plus optimistes que moi. Et une fois les grosses SSII en route, pas mal de sociétés vont s’aligner, et ce sera au moins le cas de toutes les nouvelles.

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