Auteur/autrice : Éric

  • « Infra­s­truc­­ture vélo » – L’évo­lu­tion

    Vous rappe­lez-vous le premier billet sur l’in­fra­struc­ture vélo à côté de chez moi ?

    Ça fait depuis fin août que ça dure. Oh, ça évolue, mais c’est pire à chaque étape, de plus en plus dange­reux. Petite rétros­pec­tive pour rire (ou pas) :

    1er septembre – Celui de droite débouche sans préve­nir à contre­sens au milieu d’une voie de circu­la­tion auto­mo­bile 😱
    11 septembre : On connait désor­mais l’in­ten­tion de l’ur­ba­niste. Le cycliste de droite doit bel et bien faire 10 mètres à contre­sens au milieu de la circu­la­tion puis tour­ner pour prendre le passage piéton afin de traver­ser les rails et rejoindre l’autre sens de circu­la­tion 😱, sans signa­li­sa­tion 😱
    26 novembre : Il y a eu deux étapes.
    1/ Ajou­ter un joli poteau au milieu de la piste, dont la couleur se confond tota­le­ment avec les noir et blanc du bitume 😱
    2/ Prolon­ger le sépa­ra­teur de la voie de droite pour la couper sans préve­nir et avec un marquage qui incite à se le prendre en plein avec le risque de tomber sous les roues de la voiture en face 😱😱
    2 décembre : La voie de gauche n’était pas assez dange­reuse alors on a déplacé le poteau en plein milieu, toujours aussi invi­sible 😱😱
    Main­te­nant il y a égalité, on risque l’ac­ci­dent grave quel que soit le sens de circu­la­tion 😱
    6 décembre : Ce long sépa­ra­teur sans terre-plein était dange­reux aussi pour les voitures alors eux on leur a mis une signa­li­sa­tion. Ce n’est malheu­reu­se­ment pas une solu­tion pour les cyclistes, quand bien même on le verrait sur fond de passage piéton.

    Entre trois et quatre mois pour ça… Oui les collec­ti­vi­tés et le respon­sable des travaux ont été aler­tés. On voit d’ailleurs bien qu’ils agissent.

    Cela dit, comme ils réus­sissent à faire de plus en plus dange­reux à chaque étape, j’en viens presque à me deman­der s’il n’est pas mieux de tout lais­ser en l’état.

  • Usage des données person­­­nelles par France Info et France Télé­vi­sion

    En pour­sui­vant votre navi­ga­tion sur ce site, vous accep­tez l’uti­li­sa­tion de cookies pour vous permettre de parta­ger du contenu via les boutons de partage de réseaux sociaux, pour vous propo­ser des publi­ci­tés ciblées adap­tées à vos centres d’in­té­rêts et pour nous permettre de mesu­rer l’au­dience.

    Bandeau en haut de page sur meta-media.fr

    Pardon ? Ai-je bien lu ?

    Alors j’ai fouillé et ce n’est pas beau à voir. Chaque point est à ma connais­sance une viola­tion du RGPD.

    Les fautes sont graves et massives. Elles néces­sitent proba­ble­ment au moins de suppri­mer toutes les données dont on ne peut pas prou­ver qu’elles ont été obte­nues sans vice de consen­te­ment. Il est aussi possible que consi­dé­rant l’am­pleur des données concer­nées, un signa­le­ment offi­ciel de l’ano­ma­lie à la CNIL soit néces­saire de la part du respon­sable de trai­te­ment.

    Ce qui suit concerne France Info et France Tele­vi­sion, et proba­ble­ment une majo­rité des sites du même groupe.

    1/ Manque de consen­te­ment préa­lable

    Lors de l’ac­cès à la page d’ac­cueil de France Info, sans réali­ser aucune inter­ac­tion clavier ni aucune inter­ac­tion souris (pas de clic, pas de dépla­ce­ment de souris au dessus d’élé­ments, pas de défi­le­ment de la page), le site fait des appels à xiti, chart­beat, urba­nair, et face­book avec des iden­ti­fiants uniques.

    Cela veut dire qu’ils opèrent au mini­mum des collectes et trai­te­ments de mesures d’au­dience (et proba­ble­ment des collectes en vue de person­na­li­sa­tion futures) avant d’avoir un quel­conque consen­te­ment, qu’il soit impli­cite ou expli­cite.

    Depuis mai 2018, le RGPD impose pour­tant un consen­te­ment préa­lable avant tout trai­te­ment de données person­nelles, hors certains cas légi­times qui ne peuvent pas inclure la mesure d’au­dience ou la person­na­li­sa­tion de conte­nus, ni la parti­ci­pa­tion à du pistage par des tiers (Face­book).

    Je ne prends pas en compte ici les appels aux régies de publi­cité et autres bases de données de rela­tion client. Il est possible (voire probable) que ces services fassent du pistage et/ou de la person­na­li­sa­tion mais je ne peux pas m’en assu­rer.

    2/ Manque de consen­te­ment expli­cite

    Un bandeau appa­rait à la première visite avec l’in­for­ma­tion suivante :

    « En pour­sui­vant votre navi­ga­tion sur ce site de France Télé­vi­sions, vous accep­tez l’uti­li­sa­tion de cookies et traceurs servant à mesu­rer l’au­dience, à person­na­li­ser votre expé­rience et vous consen­tez à rece­voir de la publi­cité et des offres adap­tées à votre profil. »

    Sur meta-media.fr j’ai un message simi­laire :

    « En pour­sui­vant votre navi­ga­tion sur ce site, vous accep­tez l’uti­li­sa­tion de cookies pour vous permettre de parta­ger du contenu via les boutons de partage de réseaux sociaux, pour vous propo­ser des publi­ci­tés ciblées adap­tées à vos centres d’in­té­rêts et pour nous permettre de mesu­rer l’au­dience. »

    Tout ou partie des usages décrits néces­sitent un consen­te­ment expli­cite et éclairé de la part des personnes concer­nées depuis la mise en place du RGPD en mai 2018.

    La pour­suite de navi­ga­tion ne peut être consi­dé­rée comme un consen­te­ment expli­cite et éclairé suivant les termes du RGPD. Les collectes corres­pon­dantes sont donc viciées.

    3/ Impos­si­bi­lité de refus de consen­te­ment

    Quand on souhaite confi­gu­rer ses consen­te­ments, l’ou­til proposé n’offre pas de refus possible pour la caté­go­rie « réseaux sociaux », quand bien même ils sont « suscep­tibles d’iden­ti­fier les données de connexion et de navi­ga­tion de l’in­ter­naute ».

    Cette infor­ma­tion a été confir­mée par les conseillers gérant le compte twit­ter :

    Cette impos­si­bi­lité de refu­ser des trai­te­ments annexes les met là aussi très certai­ne­ment en viola­tion du RGPD mais ce n’est pas tout :

    4/ Faux à l’en­re­gis­tre­ment des consen­te­ments

    Si l’uti­li­sa­teur ne se voit pas propo­ser d’op­tion pour refu­ser le consen­te­ment, cette option est bien présente. Elle est juste cachée.

    Comme elle est acti­vée par défaut, la vali­da­tion de la page de consen­te­ment, même pour ceux qui ont conscien­cieu­se­ment tout désac­tivé, enverra un consen­te­ment posi­tif expli­cite au registre des consen­te­ment.

    Plus qu’une absence de choix expli­cite, France Tele­vi­sion produit un faux consen­te­ment posi­tif. On dépasse à mon sens les erreurs d’im­plé­men­ta­tions. Il y a là trom­pe­rie et produc­tion de faux.

    5/ Absence d’in­for­ma­tion

    Vous ne pouvez pas vous oppo­ser au trai­te­ment des réseaux sociaux dans l’ou­til, il enre­gis­trera tout de même un consen­te­ment posi­tif expli­cite alors que vous ne l’avez pas donné, mais il y a une infor­ma­tion qu’on pour­rait s’op­po­ser à certains de ces cookies sur la page « poli­tique de gestion des cookies et sdk ».

    Sur cette longue page, on voit effec­ti­ve­ment en défi­lant qu’il existe un « sdk » pour Twit­ter. Aucun lien ou procé­dure n’est toute­fois donné pour s’y oppo­ser.

    Ce défaut d’in­for­ma­tion est d’au­tant plus gênant que les équipes connaissent ces liens et savent les donner quand une personne sait que c’est un problème et le signale :

    6/ Collecte et trai­te­ment malgré refus de consen­te­ment

    Après avoir refusé expli­ci­te­ment tous les consen­te­ments sur les inter­faces, France Info et France Tele­vi­sion conti­nuent pour­tant la collecte et le trai­te­ment des données.

    Ainsi, bien que les mesures d’au­dience soient expli­ci­te­ment refu­sées, des appels partent encore à Xiti, New Relic (la partie audience et mesures), Global Stats coun­ter, Outbrain et Google Tag.

    Ici encore, je ne prétends pas faire une liste exhaus­tive et je ne prends pas en compte plusieurs pres­ta­taires du domaine publi­ci­taire dont il m’est impos­sible de confir­mer s’ils font ou pas du pistage par iden­ti­fiant unique et/ou de la person­na­li­sa­tion (même si c’est probable).


    Le DPO de France Tele­vi­sion a été informé par email.

    Mouais… Pauvre Benoît Pelle­tier… Il y a un peu de diffé­rence entre l’au­to­pro­mo­tion et la réalité.

    Réponse de France Tele­vi­sion

    J’ai eu une réponse le 14 février. Je ne vais pas dire que c’est rapide, mais j’ai telle­ment de réponses qui prennent parfois 2 mois quand je parle données person­nelles, que j’en viens presque à trou­ver ça posi­tif.

    La réponse l’est moins. Extrait :

    Les déca­lages obser­vés dans la gestion des cookies et autres traceurs sur les sites visés (meta-media.frfran­cet­vinfo.frfran­ce­te­le­vi­sions.fr) par rapport aux nouvelles lignes direc­trices de la CNIL en la matière ont bien été iden­ti­fiés, et les correc­tions néces­saires inté­grées à notre plan de mise en confor­mité dans les délais requis par la CNIL.

    Lors de la présen­ta­tion de son plan d’ac­tion sur le ciblage publi­ci­taire pour l’an­née 2019–2020, la CNIL a en effet indiqué que son ancienne recom­man­da­tion du 5 décembre 2013 rela­tive aux cookies et autres traceurs était deve­nue obso­lète suite à l’en­trée en appli­ca­tion du RGPD, en ce qu’elle permet­tait le recueil du consen­te­ment de l’uti­li­sa­teur via la simple pour­suite de sa navi­ga­tion. Sa déli­bé­ra­tion du 4 juillet 2019 prévoit ainsi la fin de la pour­suite de la navi­ga­tion comme moyen d’ex­pres­sion du consen­te­ment. Afin toute­fois de lais­ser aux éditeurs de sites le temps néces­saire à l’adap­ta­tion tech­nique de leurs sites, la CNIL prévoit une période de mise en confor­mité à ses nouvelles règles, qui pren­dra fin à l’ex­pi­ra­tion d’un délai de six mois suivant l’adop­tion défi­ni­tive de sa recom­man­da­tion sur les moda­li­tés pratiques de recueil du consen­te­ment, dont le projet est actuel­le­ment soumis à consul­ta­tion publique jusqu’au 25 février 2020.

    Cette posi­tion de la CNIL est un vrai problème. Elle n’a aucun pouvoir ni légis­la­tif ni judi­ciaire et son pouvoir admi­nis­tra­tif ne l’au­to­rise en rien à donner un sauf-conduit sur l’ap­pli­ca­tion de la loi française ou euro­péenne (et donc du RGPD qui est appli­cable depuis mai 2018 au niveau euro­péen et enté­riné dans la loi française en juin 2018).

    Ce qui est en viola­tion du RGPD reste illé­gal et punis­sable auprès des tribu­naux, quand bien même la CNIL renon­ce­rait à faire dili­gence sur sa propre mission admi­nis­tra­tive.

    Malheu­reu­se­ment les éditeurs se servent des lenteurs de la CNIL et d’un texte de 2013, pré-RGPD, comme paravent pour s’exo­né­rer de leurs obli­ga­tions. Ces fumis­te­ries doivent prendre fin très rapi­de­ment !

    Je ne compte même pas la mauvaise foi :

    Dans cet inter­valle, nous conti­nuons à travailler sur l’amé­lio­ra­tion de la gestion des traceurs utili­sés sur nos sites. Celle-ci se heurte à certaines contraintes tech­niques impo­sées par des tiers comme Face­book, dont les cookies font l’objet d’une infor­ma­tion des utili­sa­teurs sur les moyens de s’op­po­ser à leur utili­sa­tion via les liens présents dans notre poli­tique de gestion des cookies, et non direc­te­ment dans notre gestion­naire de cookies.

    Je tiens aussi à vous infor­mer que pour remé­dier à certaines de ces diffi­cul­tés, et proté­ger davan­tage les données person­nelles de nos utili­sa­teurs, nous avons pris la déci­sion de mettre un terme à l’usage du « social login » (le dispo­si­tif permet­tant de créer un compte utili­sa­teur via son compte de réseau social) avec Face­book et Google sur les sites fran­cet­vinfo.fr et france.tv.

    Il y a peu de chances que le retrait des créa­tion de compte via un four­nis­seur d’iden­tité tiers (Face­book, Google) ait été motivé pour limi­ter la collecte de données person­nelles. En tout cas reti­rer une fonc­tion­na­lité qui ne peut être que ponc­tuelle, volon­taire et expli­cite de la part du visi­teur et en paral­lèle lais­ser les traceurs invi­sibles de la même source sans donner de moyen simple de s’y oppo­ser… j’ap­pelle ça être hypo­crite.

  • Usage des données person­nelles par Engie

    J’ai reçu un email de pros­pec­tion commer­ciale d’En­gie et je me suis fendu un cour­rier pour savoir d’où venaient mes données person­nelles et quel usage il en était fait.

    6 décembre : Envoi du cour­rier. Ils ont léga­le­ment un mois pour répondre.
    27 décembre : Accusé de récep­tion de la demande (oui, 3 semaines pour ça).
    6 janvier : Toujours aucune réponse, expi­ra­tion du délai légal.

    Ils viennent de me faire un refus impli­cite de réponse à une requête formelle d’ac­cès aux données, reçue et actée par eux. #aie

    Aujourd’­hui, 13 janvier, j’ai un appel télé­pho­nique lié à ma requête. J’y obtiens les infor­ma­tions suivantes :

    • Mes données viennent de mon ancien contrat GDF, rési­lié en janvier 2017 (avant l’en­trée en vigueur du RGPD, donc).
    • Ils gardent les données des anciens clients pendant 5 ans après rési­lia­tion, pour raisons comp­tables.

    Ils justi­fient l’ab­sence de suppres­sion de mes données (qui devrait être la norme) en arguant d’obli­ga­tion comp­tables et légales. Pourquoi pas.

    Je sens venir le hic et il est confirmé expli­ci­te­ment dans la suite de la conver­sa­tion :

    • Les anciens clients sont gardés en base et trans­for­més en pros­pects.
    • L’email commer­cial que j’ai reçu a été envoyé aux pros­pects. Je l’ai reçu à ce titre.

    Engie refuse donc suppres­sion des données et profite de cette réten­tion pour en faire un usage commer­cial bien que les fina­li­tés ne sont en rien corré­lées. #aie bis

    On discute un peu plus utili­sa­tion des données person­nelles. Ils me confirment expli­ci­te­ment que :

    • J’ai bien refusé la trans­mis­sion de mes données à des tiers.
    • J’ai bien refusé l’uti­li­sa­tion de mes données pour des offres de parte­naires.
    • S’ils m’ont envoyé cet email de pros­pec­tion commer­ciale c’est parce que la case « contact possible pour des contrats éner­gie » était dans sa valeur « par défaut ».

    Et là je tique une seconde fois.

    Je ne sais pas pourquoi ma coche « contact possible pour des contrats éner­gie » était dans l’état par défaut. Je ne suis même pas capable de savoir si cette coche m’était acces­sible. Comme je n’ai plus de contrat chez eux, je n’ai plus accès à une quel­conque inter­face pour le savoir – et encore moins pour le modi­fier.

    Ils disent par contre impli­ci­te­ment qu’ils s’au­to­risent les contacts commer­ciaux tant qu’ils n’ont pas un refus expli­cite. Hors rela­tion contrac­tuelle et à défaut de tout compte actif (il ne l’est pas, j’ai essayé de m’iden­ti­fier sur le site et ça m’est refusé cause rési­lia­tion), le RGPD impose pour­tant exac­te­ment l’op­posé. #aie ter

    J’ai demandé à avoir leur réponse par écrit, on verra.

    Engie, entre temps, tu as un problème avec le respect le plus basique des données person­nelles de tes anciens clients.


    Réponse par écrit le 20 février

    Soit deux fois et demi après le délai légal. La réponse est plus courte que celle obte­nue par télé­phone mais pas meilleure :

    1/ Ils y listent mes coor­don­nées person­nelles mais aucune autre infor­ma­tion. Lors de l’échange télé­pho­nique ils avaient pour­tant au mini­mum des détails sur mes contrats passés, mes échanges avec eux, une caté­go­ri­sa­tion clien­tèle, ainsi que les dates et statuts des diffé­rents consen­te­ments. Il y a refus impli­cite de me donner l’in­té­gra­lité des données deman­dées.

    Je les soupçonne d’avoir aussi d’autres histo­riques de connexion, de consom­ma­tion, et d’autres infor­ma­tions de profi­lage mais ça je ne peux pas le prou­ver aujourd’­hui.

    2/ Ils consi­dèrent la pros­pec­tion commer­ciale comme un inté­rêt légi­time permet­tant de se passer de consen­te­ment expli­cite au sens du RGPD, quand bien même je ne suis pas/plus client de leurs services.

    « Comme mentionné dans cette poli­tique, le trai­te­ment de vos données person­nelles à des fins de pros­pec­tion commer­ciale est fondé sur l’in­té­rêt légi­time du respon­sable du trai­te­ment et ne requiert donc pas le recueil du consen­te­ment des personnes concer­nées. »

    À ma connais­sance, c’est tota­le­ment hors péri­mètre du RGPD pour ce qui est des pros­pects. C’est d’au­tant plus vrai pour les données collec­tées avant l’ap­pli­ca­tion du RGPD, dont le consen­te­ment peut diffi­ci­le­ment être consi­déré comme impli­cite.

    3/ Ils m’en­voient le lien vers leur poli­tique de protec­tion des données person­nelles. Malheu­reu­se­ment elle indique expli­ci­te­ment « Vous pour­rez toujours gérer les solli­ci­ta­tions commer­ciales que vous souhai­tez rece­voir ou non […] En plus, sur tous les canaux digi­taux (mail, SMS), Nous vous deman­dons systé­ma­tique­ment votre accord via des consen­te­ments. »

    Indé­pen­dam­ment de la protec­tion légale mini­male, le fait de se passer de consen­te­ment entre donc une viola­tion expli­cite de la poli­tique de confi­den­tia­lité décla­rée auprès des tiers.

  • [Grève et RATP] Rembour­sez !

    On a parlé ((trop) longue­ment) des l’im­pact du finan­ce­ment de la RATP suite aux grèves.

    Discus­sion de départ : Le service étant non rendu, serait-il légi­time de rembour­ser le verse­ment trans­port aux entre­prises pour les mois concer­nés* ? ou plus géné­ra­le­ment de dimi­nuer les subven­tions et paie­ment de la collec­ti­vité à la RATP.

    Et ma grande ques­tion : Pourquoi et qu’en atten­drait-on ?


    Pour une entité publique comme la RATP ça me parait plus diffi­cile. La réduc­tion du finan­ce­ment peut avoir plusieurs effets :

    1. On créé une dette sans rien toucher par ailleurs (et la dette reste donc à vie, gonflant avec les inté­rêts).
    2. On améliore la gestion et la produc­ti­vité pour compen­ser la perte ;
    3. On dimi­nue le service, idéa­le­ment d’abord là où ça coûte cher par rapport au service rendu ;
    4. On fait un report sur les tarifs des périodes hors grèves de façon à ce que ça compense les moindres finan­ce­ment quand il y a grève.

    Je mets d’of­fice de côté le (1) qui n’a aucun sens.

    Le (2) me gêne aussi. Cher­cher des amélio­ra­tions est un travail perma­nent, forcé­ment déjà en cours. Réduire le budget n’y chan­gera rien et peut même limi­ter les marges de manoeuvre néces­saires à la trans­for­ma­tion.
    Si on pense que la contrainte budgé­taire peut forcer la trans­for­ma­tion, cette poli­tique peut être menée indé­pen­dam­ment des grèves actuelles (et l’est déjà, c’est comme ça que fonc­tionnent nos poli­tiques publiques, avec des effets pas toujours heureux). Les sujets ne sont donc pas liés.

    Même réflexion avec le (3). Si on pense que le ratio béné­fice/coût de certains services est trop faible, on peut déjà prendre les déci­sions adéquates indé­pen­dam­ment de la grève.
    Réduire le service apporté hors grève n’ai­dera ni à termi­ner la grève actuelle ni à éviter une future grève. Ce d’au­tant moins que la grève n’est pas liée à un conflit interne à la RATP

    Reste le (4) mais si ce sont les mêmes personnes qui paient en temps normal et qui évitent de payer en cas de service non rendu lors des grèves, même indi­rec­te­ment, j’échoue à voir l’in­té­rêt de l’ar­ti­fice comp­table.

    Alors quoi ? J’en­tends ceux qui veulent respon­sa­bi­li­ser, mettre des limites et des sanc­tions, mais j’échoue à voir quelle est la rétro-action qui soit limi­te­rait soit la grève actuelle soit de futures grèves natio­nales simi­laires en cas de réduc­tion de finan­ce­ment de la RATP.

    Les prin­cipes c’est bien mais il ne faut pas en perdre le sens.


    Sanc­tion­ner une entité publique est déjà diffi­cile à la base. Vu que l’en­tité est censée être pilo­tée par nous et à notre unique béné­fice, ça revient vite à se tirer dans le pied.

    C’est encore plus vrai ici. On parle d’une grève, donc de sala­riés dont on retire déjà le salaire des jours concer­nés et qui sont (à raison) proté­gés par la loi contre toute autre action à leur encontre. On manque de leviers sur les acteurs.

    On parle en plus d’une grève natio­nale liée à une réforme natio­nale. L’en­tité de trans­port à peu de moyens d’ac­tion. Elle ne peut même pas promettre des condi­tions plus favo­rables vu que c’est juste­ment ce qu’on leur retire. On manque de leviers sur les causes.

    Au final j’échoue à comprendre comment reti­rer des moyens finan­ciers à la RATP va permettre aux usagers de moins sentir les effets de cette grève ou d’une future grève natio­nale liée à des enjeux hors RATP.


    Le seul levier que j’en­vi­sage côté RATP est d’ac­cé­lé­rer forte­ment les auto­ma­ti­sa­tions de lignes pour éviter de futures baisses de finan­ce­ment lors des grèves.

    Malheu­reu­se­ment, impos­sible de mener une telle poli­tique avec des baisses de finan­ce­ments. Il faudrait au contraire des augmen­ta­tions massives.

    Et quand bien même, c’est un faux calcul. Jamais on ne laisse une entité publique avec le fruit de ses inves­tis­se­ments. Si les marges de manœuvres s’amé­liorent, on les réin­ves­tira ailleurs (et poten­tiel­le­ment dans des baisses de subven­tions).

    Si le sujet est inté­res­sant, une baisse de finan­ce­ment aujourd’­hui ne sera pas un réel moteur (par contre un espoir de meilleur service ou d’éco­no­mies futures, oui).


    S’il y a des leviers ça peut être entre la région (qui paye) et l’État (qui gère). On peut envi­sa­ger la baisse des finan­ce­ments de la région et des entre­prises à la RATP incite l’État soit à aban­don­ner sa réforme actuelle soit à inves­tir massi­ve­ment pour réduire les effets d’une future grève.

    Le premier effet me semble tota­le­ment irréa­liste. Le second serait réaliste si l’État n’avait pas de toutes façons moyen de contraindre les montants des finan­ce­ments et si les inves­tis­se­ments d’au­to­ma­ti­sa­tion n’étaient pas déjà en cours. Bref, choux blanc


    Où fais-je erreur ? Voyez-vous une rétro­ac­tion possible ?


    (*) On parle de la contri­bu­tion des entre­prises locales de plus de 11 sala­riés au finan­ce­ment des trans­ports en commun, pas du rembour­se­ment de la moitié des abon­ne­ments trans­ports aux sala­riés.

  • J’ado­re­rais tout connec­ter.

    Je veux des volets qui se ferment auto­ma­tique­ment la nuit après avoir véri­fié que je ne suis pas sur le balcon ou l’été en jour­née à certaines heures quand la tempé­ra­ture exté­rieure dépasse les 30°.

    Je veux pouvoir comman­der les prises et les inter­rup­teurs, ouvrir ma porte d’en­trée et mon garage avec mon smart­phone, mesu­rer ma consom­ma­tion d’eau et d’élec­tri­cité, asser­vir mes radia­teurs, program­mer mes machines à laver pour quand je ne suis pas là.

    Je veux mes courbes de consom­ma­tion d’eau et d’élec­tri­cité, mes utili­sa­tions de trans­ports en commun, mais aussi croi­ser mes passages à la station services avec les diffé­rents dépla­ce­ments que je fais en voiture. Je rêve de pouvoir tracer mes diffé­rents dépla­ce­ments avec des points GPS quasi perma­nents.

    J’ai­me­rais même avoir des taux utili­sa­tion des appa­reils et des pièces, savoir combien de temps je suis devant la TV et sur quelles chaînes, combien de temps et jusqu’à quelle heure je lis avec ma lampe de chevet allu­mée.

    Moi aussi j’ai­me­rais savoir si je dors bien, tôt ou tard, en me levant ou pas la nuit, si je me réveille bien ou si je traine, et croi­ser ça avec les autres données de tempé­ra­ture, horaires de travail, acti­vité physiques, horaires de repas…

    Je n’ima­gine même pas comment on pour­rait être trop connecté.


    J’ai­me­rais.

    La tech­no­lo­gie est là, depuis des années, partout. On en est à connec­ter les aspi­ra­teurs et les brosses à dents. Même moi je reste circons­pect sur la perti­nence.

    La tech­no­lo­gie est là mais on a merdé dans les grandes largeurs au niveau éthique et archi­tec­ture. Je n’ai ni contrôle, ni vie privée, ni péren­nité.

    Chan­gez moi-ça et je veux bien tester même la brosse à dents.

  • Je veux des appa­reils connec­tés

    Je veux des appa­reils connec­tés mais…

    Je veux des appa­reils qui fonc­tionnent avec un stockage local. Ce peut-être une carte mémoire, un disque dur sur port usb. Ce peut même être un stockage réseau via FTP, Webdav, CIFS ou autre tant que je suis celui qui décide où je stocke.

    Je veux des données lisibles. Idéa­le­ment elles sont dans un format stan­dard et norma­lisé. À défaut il s’agit d’un format docu­menté, ou au moins quelque chose que je peux explo­rer comme du JSON ou du XML. Dans tous les cas, je ne veux rien qui m’em­pêche d’ac­cé­der à mes données.

    Je veux être auto­nome. Je ne veux pas être dépen­dant de la créa­tion d’un compte, de la main­te­nance d’un serveur en ligne par le construc­teur, ou d’un logi­ciel qui finira pas ne plus être mis à jour. Si un tel élément est indis­pen­sable, il faut une garan­tie de fonc­tion­ne­ment qui se chiffre en décé­nies, ou un enga­ge­ment de docu­men­ter les inter­faces de façon à permettre à un tiers de refaire ce qui manque le jour où ça manquera.


    Oui, ça remet en cause toute la star­tup nation qui fait payer des abon­ne­ments et qui se rému­nère via la donnée des utili­sa­teurs.

    En échange je suis prêt à payer plus cher, mais je veux des objets à moi.

    Infor­ma­ti­ciens, ne contri­buez pas à mettre vos utili­sa­teurs en situa­tion de dépen­dance.

  • Aujourd’­hui c’est (encore et toujours) backup day

    Je note ici toutes mes itéra­tions de backup day.

    La dernière était il y a plus d’un an. J’avais 2 portables et un NAS, tous trois sous Crash­plan.

    Au delà de la sauve­garde, un des portables avait un Drop­box gratuit pour la synchro­ni­sa­tion en ligne, l’autre un Treso­rit payant à 200 Go.

    3 appa­reils crash­plan indé­pen­dants plus un abon­ne­ment à la première offre treso­rit, ça allait finir par faire cher à la fin des offres promo­tion­nelles de nouvel abonné.

    En paral­lèle le Drop­box et le Treso­rit commençaient à être plus qu’à l’étroit sur leurs offres respec­tives donc il y avait quelque chose à chan­ger. Sur le papier ça allait passer de moins de 20 € à plus de 40.


    Au lieu de gérer 3 postes indé­pen­dants, j’ai profité de la synchro­ni­sa­tion et installé Treso­rit sur le NAS.

    L’idée c’est que si tout ce qui est synchro­nisé en ligne se retrouve aussi synchro­nisé sur le NAS, on peut se conten­ter de sauve­gar­der le NAS et reti­rer Crash­plan des portables.

    Je ne m’en sors pas pour moins cher, parce qu’au final j’ai basculé sur l’offre supé­rieure de Treso­rit (afin d’avoir plus d’es­pace) et que je risque aussi de lancer une offre Treso­rit payante pour rempla­cer le Drop­box gratuit du second portable. Au final ce que je vais payer c’est du stockage synchro­nisé en ligne.

    Si vous avez des besoins plus légers ou que vous êtes prêts à ne pas avoir de chif­fre­ment côté client sur l’offre de synchro de fichier, il y a des offres moins chères que Treso­rit.


    Pour l’ins­tant je garde Crash­plan sur le NAS. J’ai plusieurs To et Crash­plan est le seul fiable que j’ai vu à me propo­ser ça sans des prix déli­rants et sans solu­tion brico­lée à la main.

    Si toute­fois vous avez d’autres propo­si­tions à moins de 10 € par mois pour un petit NAS sous Linux (2 To grand mini­mum, chif­fre­ment côté client), je suis toute ouie.

  • Vie privée : Chif­fre­ment des disques

    On parle tant des mots de passe qu’on en oublie l’es­sen­tiel.

    Quiconque a accès à votre disque dur a accès à toute votre vie numé­rique, vos logi­ciels et vos docu­ments.

    Il peut relire votre l’at­tes­ta­tion de sécu télé­char­gée le mois dernier, votre feuille de calcul avec votre compta, vos photos de vacances mais aussi celles que vous gardez privées, la lettre à mamie, le testa­ment de grand père, votre carnet d’adresse complet.

    Il a accès aussi à votre histo­rique de navi­ga­tion inter­net des 30 ou 90 derniers jours, votre compte face­book, votre compte email avec l’in­té­gra­lité de vos échanges passés.

    Si vous êtes enre­gis­tré sous Google et que vous avez un Android, il y a toutes les chances qu’il puisse accé­dez à tout l’his­to­rique de géolo­ca­li­sa­tion et retra­cer dans le détail tous vos dépla­ce­ments depuis plusieurs mois.

    Via le navi­ga­teur il a aussi accès à tous les sites sur lesquels vous êtes enre­gis­tré, ceux pour lesquels vous avez enre­gis­tré le mot de passe. Vu qu’il a accès à vos emails, il pourra de toutes façons réini­tia­li­ser les mots de passe qu’il lui manque.

    Si on parle de votre télé­phone, ça inclut aussi tous vos SMS, votre histo­rique d’ap­pel, vos conver­sa­tions snap­chat, what­sapp et autres outils de commu­ni­ca­tion.

    Ça fait peur, non ?

    Ça arri­vera si quelqu’un de malveillant vous en veut person­nel­le­ment, mais aussi vous êtes la cible aléa­toire d’un cambrio­lage, que ce soit par le cambrio­leur ou par la personne chez qui se retrouve avec votre disque une fois remis en circu­la­tion.

    Non, il n’y a pas besoin de votre mot de passe de session windows ou mac pour cela. Il suffit d’ac­cé­der au disque direc­te­ment. Tout est dessus, en clair.

    Ok, comment on chiffre le disque alors ?

    Sous Windows ça s’ap­pelle BitLo­cker. Sous Mac ça s’ap­pelle FileVault. Sous Android ça s’ap­pelle simple­ment « Chif­frer l’ap­pa­reil » ou « Chif­frez vos données » quand ce n’est pas activé par défaut, et vous avez en plus un « Cryp­tage de la carte SD » pour la carte SD si vous en avez ajouté une.

    Vous trou­ve­rez ça à chaque fois dans la section « sécu­rité » des préfé­rences de votre système.

    La procé­dure est norma­le­ment assez simple (windows, mac). Assu­rez-vous simple­ment de ne pas oublier votre mot de passe.

    Voilà, c’est fait. Toutes vos données sont chif­frées, illi­sibles par un tiers.

    Bien entendu ça ne fonc­tionne que si vous avez aussi activé un déver­rouillage manuel obli­ga­toire au réveil de votre PC et de votre télé­phone, et que vous n’avez pas laissé le mot de passe sur un post-it juste à côté. Il ne sert à rien d’avoir une porte qui ferme à clef si vous lais­sez la clef sous le paillas­son ou si vous la lais­sez toujours ouverte.

    C’est quoi le piège ?

    Désor­mais votre cambrio­leur ne peut pas accé­der à vos données sans le mot de passe. Votre voisin ne peut pas accé­der à vos données sans le mot de passe.

    Vous non plus… Le piège est là. Sans le mot de passe vos données sont perdues, même pour vous.

    Apple vous propose de rete­nir une clef chez lui et de la sécu­ri­ser avec votre compte Apple. Je crois que Micro­soft fait pareil. Sur Android à ma connais­sance il n’y a rien de tout cela.

    En réalité ça n’est qu’un (mauvais) filet de sécu­rité.

    1/ N’ou­bliez pas le mot de passe.

    2/ Faites de sauve­gardes (même si vous avez le mot de passe, le disque lui-même peut casser, et au pire vous pour­rez récu­pé­rer vos données sur la sauve­garde)

    3/ Donnez un moyen à vos proches d’ac­cé­der aux données qui les concernent (photos de famille par exemple) si jamais il vous arrive quelque chose.

  • Second retour sur le télé­tra­vail

    J’en avais fait un après trois mois. En voici un autre au bout de deux ans et quelques.

    Le fond n’a pas beau­coup changé alors je vous incite à d’abord lire le billet précé­dent. On y gagne en temps de trajet, en place. On change les inter­ac­tions sociales et les temps de respi­ra­tion. Ça joue autant sur le profes­sion­nel que sur le person­nel.

    Le résumé déci­deur après deux ans : Oui ça fonc­tionne. Non ce n’est pas pour autant toujours aussi idéal que certaines lectures le laissent penser. Rien d’éton­nant cepen­dant, le monde idéal n’existe pas. Après, savoir si c’est une bonne chose pour vous, ça va dépendre de vous.

    Le confort local

    Essen­tiel­le­ment j’ai changé mon bureau l’an­née dernière. J’ai un bureau assis-debout, essen­tiel pour les trop longues visio-confé­rences ou pour réflé­chir sans clavier. J’ai eu une vraie chaise de bureau pour rempla­cer ma chaise de cuisine droite en bois. J’ai aussi une enceinte de bonne qualité avec de la musique derrière moi quand j’en ai besoin pour me concen­trer. J’ai aussi pu bran­cher une confi­gu­ra­tion à trois écrans, et on y prend goût.

    Enfin, le télé­tra­vail c’est la capa­cité à faire une sieste de 20 minutes quand c’est néces­saire, ou de prendre 1h30 sur la pause de midi quand je ne tiens pas. À une période l’an­née dernière, je pense que j’au­rais dû me mettre en arrêt mala­die longue durée si je ne l’avais pas pu. À la place je l’ai rela­ti­ve­ment bien vécu et ça a été rela­ti­ve­ment trans­pa­rent pour mon employeur. Gagnant pour les deux.

    Bref, je suis encore et toujours convaincu que le télé­tra­vail doit s’ac­com­pa­gner de confort. C’est d’ailleurs une des moti­va­tions que j’en­tends fréquem­ment sur le télé­tra­vail : Avoir un vrai bureau et pas une place de poulailler dans l’open-space. À vous d’y donner corps, et ça peut faire toute la diffé­rence.

    Les entre­prises qui veulent fonc­tion­ner en télé­tra­vail feraient bien de finan­cer du maté­riel de façon massive (poste infor­ma­tique et écran, mais aussi bureau, chaise de travail, lampe, webcam addi­tion­nelle, tableau blanc, etc.) plutôt que cher­cher à écono­mi­ser sur ces postes budgé­taires.

    Peut-être que si les entre­prises présen­tielles travaillaient sur le confort local dans leurs bureaux, les ques­tions de télé­tra­vail se pose­raient diffé­rem­ment.

    L’iso­le­ment

    L’iso­le­ment joue très fort pour moi. Si j’avais un premier ressenti au bout de trois mois, ça prend toute son ampleur avec le temps.

    Je suis très intro­verti dans ma vie person­nelle. Je sors peu pour autre chose que de l’uti­li­taire, et encore moins depuis que j’ai un enfant à la maison. J’ap­pré­cie quand ça arrive mais je ne sais pas main­te­nir correc­te­ment les liens pour le montrer, ou m’or­ga­ni­ser pour prendre ces initia­tives. Avec le télé­tra­vail, désor­mais mes inter­ac­tions sociales de la semaine se limitent trop souvent à quelques bonjour quand j’amène mon fils à l’école.

    Ne voir que ma chambre, mon bureau, les tâches ména­gères et éduca­tives, ma femme et mon fils, ça pèse. Beau­coup. Les trajets profes­sion­nels à Paris une fois tous les deux mois sont presque une respi­ra­tion. Ils me permettent de voir les collègues mais sont aussi le prétexte à revoir les amis de là bas.

    Vous pouvez dire que c’est lié à mon orga­ni­sa­tion et à ma façon de vivre (*). C’est certai­ne­ment vrai mais il n’en reste pas moins que, dans ce contexte, l’iso­le­ment généré est diffi­cile à vivre. Le fait d’avoir un bureau avec des collègues en face à face, des pauses voire des jeux ou des discus­sions locales au détour du bureau, ça m’ap­por­tait quelque chose que je n’ai plus.

    Est-ce que le confort contre­ba­lance l’iso­le­ment ? La réponse est loin d’être tran­chée pour moi — et ne concerne que moi et ma situa­tion parti­cu­lière, vous aurez votre propre réponse en fonc­tion de votre propre contexte.

    Mon idéal serait proba­ble­ment un système de télé­tra­vail partiel une semaine sur deux ou plusieurs jours par semaine, avec quelques moments de rendez-vous fixes pour tout un ensemble de collègues.

    Le mana­ge­ment

    Je vois beau­coup de retours faire porter la respon­sa­bi­lité de la réus­site ou de l’échec du télé­tra­vail sur le mana­ge­ment. J’adhère à beau­coup de ce qui s’y dit sur la confiance, l’au­to­no­mie et la respon­sa­bi­li­sa­tion mais je trouve la conclu­sion un peu facile, et ne reflé­tant que rare­ment une expé­rience de mana­ger.

    Le télé­tra­vail me demande de repen­ser mon rôle, la façon dont je le mène. Factuel­le­ment, mon boulot en tant que mana­ger change beau­coup, mais s’il change ce n’est pas sur les ques­tions d’au­to­no­mie et de respon­sa­bi­li­sa­tion (qui sont dans mes orga­ni­sa­tions cibles qu’il y ait télé­tra­vail ou pas).

    Si ça change c’est qu’il est bien plus diffi­cile de sentir des signaux quand quelqu’un commence à ne plus être à l’aise. Il est de même diffi­cile de se rendre compte que telle ou telle remarque (de moi ou d’un autre) a été mal reçue et qu’il me faut inter­ve­nir. Il est tout autant diffi­cile de voir si tel ou tel chan­ge­ment est posi­tif ou néga­tif tant qu’il n’y a pas de forte douleur.

    Non seule­ment on ne voit que le formel, l’écrit et le résul­tat, mais en plus on agit par ces mêmes canaux. La petite discus­sion à la machine à café ne prend pas forme aussi faci­le­ment : C’est soit de l’écrit soit de la visio. Les rendez-vous 1–1 sont d’au­tant plus essen­tiels avec le télé­tra­vail.

    Je parle de ma posi­tion de mana­ger mais ça fonc­tionne dans les deux sens : Vu que je conçois mon rôle de mana­ger comme au service des autres, si c’est plus diffi­cile pour moi alors ça a aussi des impacts néga­tifs sur l’aide que je peux appor­ter, et donc sur les tiers non-mana­gers. J’ima­gine plus facile de perdre quelqu’un et de s’en rendre compte trop tard, et plus diffi­cile de résoudre un désa­li­gne­ment (*).

    Quand tout va bien c’est parfait et le télé­tra­vail ne génère aucune problé­ma­tique signi­fi­ca­tive. Quand quelque chose n’est pas idéal, le télé­tra­vail à temps plein complexi­fie l’hu­main, des deux côtés, et peut démul­ti­plier les problèmes ou les diffi­cul­tés (*).

    Orga­ni­sa­tion d’en­tre­prise

    Je ne l’ai pas abordé mais je n’ai d’ex­pé­rience que pour des équipes tech­niques de bon niveau et impliquées. Tel que je le vois, le télé­tra­vail n’est adapté que pour des gens diri­gés à la tâche d’exé­cu­tion sans aucune lati­tude ni aucun aléas (on peut donc simple­ment mesu­rer l’avan­ce­ment) soit des gens en totale respon­sa­bi­lité et auto­no­mie (indi­vi­duel­le­ment ou collec­ti­ve­ment).

    Quand je parle de respon­sa­bi­lité et d’au­to­no­mie je le prends avec un sens très étendu. Côté orga­ni­sa­tion, l’es­sen­tiel des problèmes ressen­tis viennent de situa­tions où les opéra­tion­nels n’étaient (ou ne se sentaient) pas libres de prendre les déci­sions qu’ils pensaient perti­nentes, ou qu’ils devaient justi­fier leur travail après-coup (le temps passé, les déci­sions prises, les aléas, la qualité obte­nue).

    La posi­tion inter­mé­diaire, à la fois donner des respon­sa­bi­li­tés et de la liberté mais pas toute l’au­to­no­mie pour faire les choix ou les comprendre, est une source de frus­tra­tion perma­nente. C’est déjà vrai sur une orga­ni­sa­tion locale (ne faites pas ça) mais ça s’y rattrape en partie par la proxi­mité. En télé­tra­vail les problèmes induits m’y semblent démul­ti­pliés (*).

    Le quoti­dien

    Ce n’est pas un vrai problème mais c’est quand même une surprise pour moi alors je le signale : Même dans une entre­prise tota­le­ment en télé­tra­vail depuis sa nais­sance il y a une demie-douzaine d’an­née, on perd encore du temps signi­fi­ca­tif avec les problèmes de son et de vidéo, on oublie parfois de faire de l’écrit, etc.

    De même, si on est plus au calme, il est plus fréquent que au moins un des inter­ve­nants ait des travaux chez lui, ses voisins ou dans la rue, une connexion qui tombe, un wifi taquin, un maté­riel en panne sans pièce de rechange, un démar­cheur qui sonne à la porte, un espace de cowor­king trop bruyant et aucune cabine d’iso­le­ment de dispo­nible, etc.

    Bref, les petits soucis du quoti­dien sont tout autant là en télé­tra­vail.

    Enfin, certains aiment bien l’asyn­chrone et l’écrit (moi le premier), mais je n’ai pas trouvé de solu­tion effi­cace pour rempla­cer les discus­sions autour d’un tableau blanc. Il existe des logi­ciels pour ça, mais sauf à payer à chacun une tablette avec stylet, ça ne sera jamais la même chose. Les réunions d’ar­chi­tec­ture sont clai­re­ment un point où on perd très nette­ment en effi­ca­cité.

    Encore une fois : Ça fonc­tionne mais rien n’est magique. Certains vous diront que c’est toujours mieux qu’une entre­prise qui n’a pas assez de salle de réunion. Savoir si c’est mieux qu’une entre­prise qui a des espaces adéquats, ça va être un choix plus person­nel.


    (*) Oui, moi aussi j’ai­me­rais une situa­tion idéale, où tout est parfait, où tout le monde est aligné, où la culture est parfai­te­ment parta­gée, où les désac­cords sont démi­nés, où il y a bien­veillance et colla­bo­ra­tion à chaque instant de la vie, où moi-même j’ai une hygiène de vie parfaite, pas de problème de santé ni de freins sociaux.

    Les retours qui disent que le télé­tra­vail ne pose aucun problème tant que le contexte est idéal et que sinon c’est la faute des problèmes autour, j’ai l’im­pres­sion d’y lire un « quand ça ne fonc­tionne pas c’est la faute des autres ».

    En pratique tout n’est pas toujours parfait. Parfois c’est la faute de l’or­ga­ni­sa­tion, parfois de la culture, parfois d’un contexte non maitrisé ou d’une personne parti­cu­lière. Parfois on y peut quelque chose, parfois nos leviers d’ac­tion sont plus restreints ou plus long terme. Peu importe. Ça arrive et ça doit être pris en compte. Une orga­ni­sa­tion qui ne fonc­tion­ne­rait que dans un contexte idéal est une mauvaise orga­ni­sa­tion.

    Du coup oui, je me permets de signa­ler ce qui est plus diffi­cile même si le problème n’exis­te­rait pas dans une situa­tion tota­le­ment idéale par ailleurs. J’ai tendance à dire qu’en tant que mana­ger c’est même mon boulot de penser à ça et d’y travailler.

  • [retraites] « les femmes seront les grandes gagnantes »

    Les femmes seront les grandes gagnantes » de la réforme, a assuré Philippe. Le nouveau système accor­dera notam­ment « des points supplé­men­taires pour chaque enfant, et ce dès le 1er enfant, et non à partir du 3ème comme aujourd’­hui

    Le Premier ministre, via l’AFP

    Je déteste ce qui m’ap­pa­rait comme de la mauvaise foi.

    Aujourd’­hui

    Il y a effec­ti­ve­ment une majo­ra­tion des points/pensions de 10%, unique­ment pour ceux qui ont eu trois enfants ou plus (plafonné à 1000 € côté complé­men­taire pour l’Agirc et pour l’Arrco).

    Ne parler que de ça c’est pour­tant de mauvaise foi. La vraie mesure, aujourd’­hui, c’est qu’un enfant donne droit à 4 trimestres au moment de la nais­sance, plus 4 autres pour l’édu­ca­tion des premières années.

    Si vous aviez déjà toutes vos annui­tés au moment de partir en retraite, chaque trimestre cotisé en plus vous offre une surcote de 1,25% le trimestre. Si vous n’aviez pas toutes vos annui­tés, ça vous évite une décote de 1,25% par trimestre.

    8 × 1,25%, on parle donc de 10% de pension en plus, par enfant, dès le premier enfant.

    Ce n’est pas tout ! Aujourd’­hui le système ne garde que les 25 meilleures années. Il est donc possible de passer à temps partiel pour quelques années et accom­pa­gner l’édu­ca­tion d’un enfant sans que ça ne se voit exagé­ré­ment au moment de liqui­der la retraite (ça se verra sur les points des retraites complé­men­taires, mais pas sur la pension du régime de base).

    1 enfant+ 10 % + invi­si­bi­li­sa­tion des temps partiels tempo­raires
    2 enfants+ 20 % + invi­si­bi­li­sa­tion des temps partiels tempo­raires
    3 enfants+ 40 % + invi­si­bi­li­sa­tion des temps partiels tempo­raires
    4 enfants+ 50 % + invi­si­bi­li­sa­tion des temps partiels tempo­raires

    Le seul point où mon tableau est faux, c’est pour les femmes qui conti­nuent à travailler jusqu’à l’âge limite de départ à taux plein, 67 ans aujourd’­hui, sans avoir leurs annui­tés malgré les trimestres offerts. Là l’im­pact n’est pas le même.

    Propo­si­tion de réforme

    Qu’est-ce que prose donc la nouvelle réforme pour que « les femmes [soient] les grandes gagnantes » ?

    Simple : Une majo­ra­tion de 5% des points au moment de la liqui­da­tion, par enfant, dès le premier enfant. On se posi­tionne sur un système propor­tion­nel, donc 5% de points c’est 5% de pension.

    Un temps partiel, même tempo­raire, implique moins de points coti­sés et jouera propor­tion­nel­le­ment sur le montant de la pension au moment de sa liqui­da­tion.

    1 enfant+ 5 %
    2 enfants+ 10 %
    3 enfants+ 15 %
    4 enfants+ 20 %

    Je vous laisse compa­rer les deux tableaux et savoir si on vous a pris pour des imbé­ciles.


    Réfé­rences :

    Évidem­ment, toute correc­tion est bien­ve­nue. Pour des raisons de simpli­fi­ca­tion, je ne donne­rai cepen­dant pas les détail de tel ou tel régime ou cas parti­cu­lier. Vous êtes libres de le faire chez vous et de mettre un lien en commen­taire.