Auteur/autrice : Éric

  • [code] Liste des imports

    J’au­rais évité autant que possible il y a 15 ans, aujourd’­hui je suis amou­reux des import expli­cites en début de fichier, sans aucun symbole externe qui ne soit importé expli­ci­te­ment. Pas de symbole chargé ou défini dans un autre fichier magique­ment acces­sible ailleurs, pas même d’import *. Si je m’écou­tais en ce moment je voudrais même impor­ter les types de base du langage.

    Mon histo­rique PHP et Ruby m’ont long­temps fait voir l’ab­sence de tout ça comme un avan­tage. Ça n’est vrai qu’a­vec de très bon IDE. En pratique ça ne permet pas de savoir où est défini le symbole, s’il existe vrai­ment, ni de gérer correc­te­ment les conflits de noms et surcharges locales.

    Il y a souvent telle­ment peu de modules, classes et fonc­tions externes diffé­rentes dans un fichier bien struc­turé que l’ex­pli­cite apporte bien plus de béné­fices que de péni­bi­lité. Si on dépasse la dizaine c’est le symp­tôme que quelque chose ne va pas par ailleurs


    Côté syntaxe j’ap­pré­cie celle de Python qui montre ce qui est impor­tant systé­ma­tique­ment en fin de ligne.

    from xxx import A, B, C as D

    Les imports Javas­cript sont pratiques mais la partie la plus signi­fi­ca­tive se retrouve en milieu de ligne, pas toujours là où c’est visuel­le­ment le plus iden­ti­fiable (sans comp­ter la dualité entre import A et import { A })


    Soyons fous, on pour­rait même impor­ter les objets de base du langage avec un import { String, Integer, Array } from StdLib. On n’en utilise pas plus d’une poignée dans un même fichier. Point bonus si ça permet que "hello", 42, ou [1, 2, 3] soient des raccour­cis de syntaxe vers les classes ainsi décla­rées en haut de fichier et n’uti­lisent pas forcé­ment les classes natives du langage.

    import { String, Integer } from Stdlib
    import { MyArray as Array } from MaLibPerso
    import { MACONSTANTE, MaClasse } from MonAutreLibPerso

    Quitte à faire une liste de course, pour­rait-on faire que les imports avec un chemin absolu « /dir/sub/fichier » réfé­rencent la racine du projet et pas la racine du système de fichier ?

  • Appa­reil photo numé­rique petit budget

    Je vois parfois passer la ques­tion et j’ai tendance à faire des réponses surpre­nantes alors je vais tenter d’ex­pli­ci­ter ici.

    Oubliez l’ap­pa­reil photo, utili­sez votre télé­phone.

    Oui, sérieu­se­ment.

    Un bon smart­phone fait d’aussi bonnes photos que mon vieux reflex dans une grande majo­rité de situa­tions. Pour des photos plai­sir en amateur, entre 100 et 500 €, mieux vaut ajou­ter la somme à votre budget smart­phone pour en avoir un qui excelle en photo. Ce sera moins encom­brant, plus pratique, et de meilleure qualité. Les compacts ne me semblent plus avoir aucun inté­rêt par rapport au smart­phone, si ce n’est être moins cher donc pouvoir être trai­tés avec moins d’égards.

    Si on parle de photos en vacances, même sur trépied, même en recherche artis­tique, rien ne battra un bridge avec un gros zoom. Sérieu­se­ment. C’est (rela­ti­ve­ment) léger, deux fois moins cher qu’un équi­pe­ment hybride ou reflex d’en­trée de gamme, et on a un truc qui peut travailler à une ouver­ture correcte du 20 au 800 mmm si ce n’est plus, avec une qualité tout à fait raison­nable.

    On trouve encore des Pana­so­nic DC-FZ82 à envi­ron 300 €. Imbat­table.

    Oui, on peut parler hybride ou reflex mais même en gamme amateur on parle de 1000 € l’équi­pe­ment avec un objec­tif correct. Le zoom pas cher proposé en kit ne vaut géné­ra­le­ment pas grand chose donc dans ce prix je compte à la place une focale fixe desti­née à un usage précis, une seule. Chaque usage supplé­men­taire impo­sera un objec­tif de plus, ajou­tant au prix, au poids et à l’en­com­bre­ment.

    Sauf besoin spéci­fique, les hybrides APS-C sont la recom­man­da­tion de base. Les Fuji­film XT-20, XT-2, XT-30, XT-3 peuvent être les bonnes réfé­rences à regar­der en premier. L’objec­tif à prendre dépen­dra de l’usage ciblé mais dans tous les cas vous oubliez la compa­rai­son avec les longs zooms et le côté utili­sable-dans-toutes-situa­tions des bridges.

    Même d’oc­ca­sion, un équi­pe­ment reflex ou hybride expert avec deux ou trois objec­tifs pas trop mauvais on fait faci­le­ment doubler voire tripler le budget précé­dent. Vous pouvez écono­mi­ser sur le boitier en prenant un vieux boitier d’oc­ca­sion mais le vrai prix est dans les objec­tifs et ça ne se dépré­cie pas tant que ça. On peut parler reflex ou hybride expert mais en amateur on parle confort et plai­sir, pas qualité ou raison. Dans ces cas là vous savez proba­ble­ment déjà quoi prendre sans avoir besoin de me lire.

    Oui, je dis ça et j’ai tapé dans la dernière caté­go­rie pour mon propre maté­riel. Je n’ai pas dit que j’ai privi­lé­gié la raison au plai­sir.

  • Du contrôle perma­nent

    Nous refu­se­rions certai­ne­ment une loi qui oblige notre boulan­ger à nous deman­der notre carte d’iden­tité et à noter qui achète quoi sur un carnet à desti­na­tion des auto­ri­tés.

    Et pour­tant aujourd’­hui nous payons tout par carte bancaire. L’État dimi­nue peu à peu les plafonds qui nous auto­risent à payer en monnaie et supprime en même temps tous les moyens de paie­ment un mini­mum anonymes. Les paie­ments en ligne sont eux tous expli­ci­te­ment nomi­na­tif sous prétexte d’éta­blir des factures systé­ma­tiques.


    Nous refu­se­rions un fonc­tion­naire qui nous connait dans notre rue, qui note systé­ma­tique­ment qui entre ou sort de chez nous et à quelle heure, au cas où un jour il y a un vol ou une agres­sion.

    Et pour­tant nous accep­tons les camé­ras de surveillance et la majo­rité voit d’un bon œil l’ar­ri­vée de la recon­nais­sance faciale sur ces camé­ras.


    Il y a encore quelques années nous aurions été horri­fiés de devoir donner notre iden­tité pour voya­ger autre­ment qu’à pieds.

    Et pour­tant aujourd’­hui nous avons un contrôle d’iden­tité fort pour prendre l’avion. Il est prévu que les billets de TGV ne soient plus anonymes. Même l’au­tos­top est devenu nomi­na­tif via son rempla­ce­ment par le covoi­tu­rage sur des plate­formes en ligne.


    Désor­mais l’es­pace public est devenu une terre de surveillance. La vie privée se réduit au domi­cile, et à condi­tion de ne pas inter­agir par télé­phone ou par inter­net.

    On en est au point où nos élus trouvent dange­reux qu’on puisse commu­niquer entre nous de façon sécu­ri­sée sans qu’ils ne puissent inter­cep­ter nos messages en clair.

    On en est au point où on nous a fait acter que montrer son visage dans l’es­pace public était une mesure de vivre ensemble et pas de surveillance.

    Tout ce que nous lisons, tous les gens que nous rencon­trons, tout ce que nous ache­tons ou échan­geons, toutes les conver­sa­tions que nous avons en dehors de chez nous, tous les trajets que nous faisons, … tout ça est enre­gis­tré, nomi­na­ti­ve­ment, et peut être acces­sible à un État.


    De l’autre côté du globe, on voit des piles de vête­ments à diffé­rents endroits de la ville et des photos de mani­fes­ta­tions bardées de lasers verts comme un spec­tacle de disco­thèque. Les lasers mettent en défaite la recon­nais­sance faciale. Les piles de vête­ments permettent de se chan­ger pour mettre en défaite le suivi et l’iden­ti­fi­ca­tion par vidéo­sur­veillance après les mani­fes­ta­tions.

    De quoi donner à réflé­chir.


    Alors quand je vois San Fran­cisco — ville proba­ble­ment la plus à la pointe et compo­sée des gens les plus au fait de ces tech­no­lo­gies — s’in­ter­dire d’uti­li­ser la recon­nais­sance faciale, ça fait peut-être sourire certains mais pour moi ça veut encore dire quelque chose.

    Il serait peut-être temps de se rappe­ler pourquoi donner trop de pouvoir à l’État est dange­reux, pourquoi c’est au citoyen de contrô­ler son État et pas l’op­posé, pourquoi la vie privée et le secret des corres­pon­dances sont essen­tiels à la vie démo­cra­tique.

  • Quelques titres de presse dans un bateau

    Je ne suis plus abonné à rien. J’ai juste l’email hebdo­ma­daire de lundi.matin (qui ironique­ment arrive rare­ment le lundi matin mais que j’aime bien quand même).

    Régu­liè­re­ment, j’ai­me­rais quand même accé­der à du contenu de fond, longs, sérieux, avec des analyses pous­sées. Je trouve tout à fait légi­time de payer pour accé­der à ce type de conte­nus. L’enjeu c’est plutôt de savoir si je lirai derrière. J’ai tenté de m’abon­ner briè­ve­ment à Les Jours, et j’avais fini par rési­lier faute de réel­le­ment aller lire des choses dessus. Les séries TV ont pris la place. Arri­ve­rai-je à reve­nir à de la lecture ?

    • Les Jours
    • Le Monde Diplo­ma­tique
    • Le Monde

    Régu­liè­re­ment j’ai­me­rais avoir un contenu un peu moins dans l’émo­tion que Twit­ter pour me main­te­nir au courant de ce qu’il se passe dans le monde. J’ai lundi.matin. J’avais envi­sagé brief.me qui était pas mal aussi mais, même si le prin­cipe de payer ne me gêne pas quand il y a un peu plus que des reco­pies de dépêches, le prix m’a fait hési­ter et recu­ler. Le Cour­rier inter­na­tio­nal m’at­tire parce qu’on est vrai­ment centré ailleurs que sur la France.

    • Brief.me
    • Cour­rier inter­na­tio­nal
    • Lundi Matin
    • Le Monde

    Régu­liè­re­ment j’ai­me­rais aussi pouvoir accé­der aux conte­nus dont je trouve les liens sur les réseaux sociaux. J’avais Media­part et Arrêt sur Images un moment mais c’est quand même très anxio­gène. L’es­sen­tiel des liens mènent vers des scan­dales, des dénon­cia­tions, de l’émo­tion, et il faut faire double­ment atten­tion à véri­fier ce qui y est dit, à tout prendre avec de l’ana­lyse critique. C’est parti­cu­liè­re­ment vrai pour Media­part à cause de leur ligne édito­riale, mais c’est plus géné­ral : Seuls les liens polé­miques percent, et ce sont du coup ceux-ci que je veux ouvrir. N’est-ce pas fina­le­ment une bonne chose de ne pas y avoir accès ?

    • Media­part
    • Le Monde
    • Next Inpact
    • Arrêt sur Images

    Bref, je vais peut-être réac­ti­ver quelques abon­ne­ments. Le Monde entre dans les trois caté­go­ries, c’est un bon candi­dat, mais il ne m’ap­pa­rait le plus inté­res­sant dans aucune caté­go­rie. « Moyen partout » n’est pas forcé­ment idéal.

    Si je prends l’en­semble je m’en sors à plus de 50 € mensuels. On va essayer d’être plus raison­nable.

    Je peux déjà proba­ble­ment rayer Arrêt sur Images et Next Inpact sur lequels j’ai trop peu de liens sur des sujets non couverts par le reste. Peut-être qu’il vaut mieux écar­ter Media­part pour l’ins­tant quitte à être frus­tré de ne pas pouvoir suivre quelques liens. Ça me permet­tra de moins entrer dans le climat de scan­dale perma­nent.

    Ça en laisse beau­coup et il serait proba­ble­ment une bonne idée de n’en rete­nir que deux ou trois parmi Le Monde, Les jours, Cour­rier inter­na­tio­nal et le Monde Diplo­ma­tique. Mettons que je m’au­to­rise dans les 15 à 20 € mensuel. C’est déjà pas mal en atten­dant de voir.

    Vous avez des sugges­tions ? À quoi êtes-vous abon­nés et pourquoi ?

    MensuelAnnuel
    Les Jours8,50 € (*)60 €
    Monde Diplo­ma­tique5,50 €65 €
    Le Monde10 €100 €
    Cour­rier inter­na­tio­nal5 €60 €
    Media­part11 €110 €
    Lundi matindon libredon libre
    Brief.me7 €60 €
    Next Inpact5 € (*)50 €
    Arrêt sur Images4 € (*)45 €
    52,5 € / mois
    550 € / an
    46 € / mois

    Les prix sont arron­dis pour plus de clarté et pour éviter de trom­per le lecteur à coup de 90 centimes.
    (*) Ces prix peuvent bais­ser en cas d’abon­ne­ment multiple via La Presse Libre.

    Oui, c’est marqué à gauche. J’as­sume.

  • Respon­sa­bi­lité d’équipe

    De ton point de vue, le bien être de l’équipe c’est la respon­sa­bi­lité du tech lead ou c’est une respon­sa­bi­lité partagé ?

    Les deux mon capi­taine. Ça peut être à la fois le rôle de quelqu’un de précis dans l’équipe ou hors de l’équipe, et la respon­sa­bi­lité collec­tive de l’en­semble de l’équipe.


    Le rôle c’est celui du CTO, du VP of Engi­nee­ring, d’un Engi­nee­ring Mana­ger ou de l’Of­fice Mana­ger. Ça peut aussi être une personne dési­gnée dans l’équipe elle-même.

    Est-ce que ça peut-être le tech lead ? Pourquoi pas. J’ai tendance à réser­ver cette étiquette pour des rôles liés à l’exé­cu­tion tech­nique plus qu’à l’or­ga­ni­sa­tion et à l’hu­main mais chacun met bien ce qu’il veut derrière les termes.


    L’as­tuce c’est que j’ai parlé de rôle, pas de respon­sa­bi­lité.

    Un rôle c’est quelqu’un qui est chargé de réflé­chir, de dédier du temps, de réali­ser certaines actions, éven­tuel­le­ment d’avoir ou construire une exper­tise. Ça s’ar­rête là.

    Ma vision de l’équipe c’est un grou­pe­ment de personnes avec des rôles diffé­rents mais qui colla­borent à un objec­tif.

    La respon­sa­bi­lité, quel que soit le sujet, elle est collec­tive.

    N’im­porte quel membre de l’équipe est en droit et même en devoir de contri­buer à n’im­porte quel sujet à partir du moment où il a quelque chose de perti­nent à appor­ter.

    C’est aussi vrai concer­nant le bien-être de l’équipe. C’est surtout vrai concer­nant le bien-être de l’équipe.


    Je ne voudrais certai­ne­ment pas travailler avec quelqu’un qui pour­rait colla­bo­rer au bien-être du groupe et qui s’en abstient parce que « ce n’est pas son boulot ».

    Au mini­mum, il lève le sujet à une réunion de synchro ou à une rétros­pec­tive et, collec­ti­ve­ment, l’équipe consi­dère que son temps est mieux utilisé autre­ment. En ce cas il y a forcé­ment aussi une discus­sion de ce qui doit être fait et une autre personne s’est proposé de s’en char­ger.

    Si ça ne fonc­tionne pas, quelqu’un lèvera la main à une autre réunion de synchro ou une autre rétros­pec­tive, et on en tirera les leçons. Proba­ble­ment qu’on chan­gera de personne pour s’en char­ger.

    Dans tous les cas, même lever la main est une action. Personne ne s’en désin­té­resse, personne ne se désim­plique, personne ne se dit que ce n’est pas sa respon­sa­bi­lité.

    Dans une équipe il y a des rôles diffé­rents mais la respon­sa­bi­lité est collec­tive.


    Pour que ça fonc­tionne il faut que l’équipe soit auto­nome. Il faut qu’elle soit libre de son orga­ni­sa­tion interne, avec des moyens adap­tés et un peu de temps libre pour faire ce qui lui semble néces­saire.

    Si l’équipe est dépen­dante de tiers, qu’elle n’a pas les moyens adéquats ou qu’elle n’a aucune liberté d’ac­tion, ça ne fonc­tion­nera pas.

    Si l’équipe rejette la respon­sa­bi­lité du bien-être sur le tech lead, c’est proba­ble­ment qu’un de ces points là n’est pas en place, ou n’a pas été expli­cité avec assez de clarté.

    Après il y a aussi des déve­lop­peurs qui expli­ci­te­ment souhaitent rester dans une posture d’exé­cu­tion, sans prendre de respon­sa­bi­li­tés. C’est tout à fait respec­table, mais ce n’est pas ce que je cherche dans mes recru­te­ments.


    E3;D5 — venez en discu­ter

  • SPAM from Loca­lize.co and GDPR discus­sion

    (french below)I recei­ved an email from Loca­lize.co a few days ago. I am used to SPAM but this times small lines did catch my atten­tion:

    Follo­wing the GDPR, you are hereby infor­med that your perso­nal data was found on your Linke­din profile (full name and job title) and your email address was gues­sed based on your compa­ny’s email struc­ture which was publi­cly avai­lable. Your perso­nal data was manually proces­sed in our CRM for direct marke­ting purpose. Accor­ding to the GDPR, you have the right to lodge a complaint to a super­vi­sory autho­rity, howe­ver, direct marke­ting purpose may be regar­ded as a legi­ti­mate inter­est which doesn’t require the consent of the data subject. Your perso­nal data is stored in our CRM and will not be proces­sed for any other purpose than direct marke­ting. […]

    Loca­lize.co is scrap­ping Linke­din to collect perso­nal data without autho­ri­za­tion. They do store this data on a long term basis on their own systems, still without any consent. Then they do use this data for unso­li­ci­ted marke­ting (ie SPAM), with a message asser­ting they are in agree­ment with the law.

    That’s not my inter­pre­ta­tion, that is their own words.

    I did request more details, here the response I had:

    […]

    In regards to the GDPR, if you look at Article 14 you can see that you can actually contact data subject without their consent on the base of a legi­ti­mate inter­est. Reci­tal #47 of the GDPR indi­cates that direct marke­ting may be regar­ded as a legi­ti­mate inter­est.

    Our legi­ti­mate inter­est was based on the fact that your company looks simi­lar to our other custo­mers since you have seve­ral languages avai­lable on your app and, the users of our tool often work in the tech­no­logy depart­ment hence we though our services could be rele­vant to you and your company. Once again, if this is not the case and my email did bother you, I since­rely apolo­gize.

    As you can see in the disclai­mer that I inclu­ded in my initial and previous emails, we follow and respect all the points from the article 14.

    As per your request, I’m sending a copy of all the data we have at the end of the email that our inter­nal team has collec­ted from Linke­din and your email was gues­sed based on [your company] email struc­ture. We did not buy data from any third-party tools

    […]

    What is worst than a spam­mer which collect and process unlaw­fully my data, is a spam­mer that tells me he’s legally entit­led to do it.


    J’ai reçu un email de Loca­lize.co il y a quelques jours. Je suis habi­tué aux SPAM mais les petites lignes ont retenu mon atten­tion :

    Suivant le RGPD, nous vous infor­mons que vos données person­nelles ont été trouées sur votre profil Linke­din (nom complet et fonc­tion) et que votre adresse email a été devi­née à partir du format de votre société qui est acces­sible publique­ment. Vos données person­nelles ont été entrées manuel­le­ment dans notre logi­ciel de rela­tion client à des fins de marke­ting. Selon le RGPD, vous avez le droit de porter plainte auprès de l’au­to­rité de super­vi­sion, toute­fois, la pros­pec­tion commer­ciale directe peut être vue comme un inté­rêt légi­time qui ne requiert par le consen­te­ment de la personne objet des données. Vos données person­nelles sont stockées dans notre logi­ciel de rela­tion client et ne seront pas utili­sées à une autre fin que la pros­pec­tion commer­ciale directe. […]

    (traduit par mes soins)

    Loca­lize.co extrait des données person­nelles de Linke­din sans auto­ri­sa­tion. Ils stockent ces données dura­ble­ment dans leur logi­ciel de rela­tion client, toujours sans consen­te­ment. Ensuite ils utilisent ces données pour de la pros­pec­tion commer­ciale non solli­ci­tée (c’est à dire du SPAM).

    Ce n’est pas mon inter­pré­ta­tion, ce sont leurs propres mots.

    J’ai demandé plus de détails, voici la réponse obte­nue :

    […]
    Selon le RGPD, vous pouvez voir à l’article 14 qu’il est possible de contac­ter la personnes objet des données sans son consen­te­ment, sur la base d’un inté­rêt légi­time. Le Reci­tal #47 du RGPD indique que la pros­pec­tion commer­ciale directe peut être vue comme un inté­rêt légi­time.

    Notre inté­rêt légi­time est basé sur le fait que votre entre­prise ressemble à nos clients étant donné que vous avez plusieurs langues acces­sibles dans vos appli­ca­tions, et que les utili­sa­teurs de notre outil travaillent souvent dans les dépar­te­ments tech­niques, d’où le fait que nous pensions que nos services pour­raient être perti­nents pour vous et votre entre­prise. Encore une fois, si ce n’est pas le cas et que mon email vous a dérangé, je vous présente mes excuses sincères.

    Comme vous pouvez le voir dans le commu­niqué que j’ai inclu dans le message initial, nous suivant et respec­tons tous les points de l’ar­ticle 14.

    Suivant votre demande, je vous envoie à la fin de de cet email une copie de toutes les données que nous avons et que notre équipe interne a collecté depuis Linke­din, votre email a été deviné sur la base de la struc­ture des emails de [votre société]. Nous n’avons acheté aucune donnée depuis des outils tiers.

    S’il y a une chose pire qu’un spam­mer, c’est un spam­mer qui me dit être léga­le­ment en droit de le faire.

  • Diffu­sion d’in­for­ma­tion, partages et confiance

    Je trouve inté­res­sant tout ce qu’il s’est passé récem­ment. Je suis le fil de ma pensée mais les propos l’ani­ma­teur eux-même ne sont pas ce que je veux abor­der ici..

    Il y a eu un témoi­gnage précis, de première main, sur un fait d’in­té­rêt public. À cette étape là personne n’en sait plus.

    Ce témoi­gnage s’est signi­fi­ca­ti­ve­ment diffusé. 2000 partages en 24h. On est très loin de ce qu’on peut quali­fier de buzz sur Twit­ter, mais ce n’est pas rien non plus.

    Il a fallu une ving­taine d’heures pour que les jour­na­listes et les services du ministre recoupent suffi­sam­ment les faits puis montrent que le témoi­gnage était faux.

    Après avoir été confronté à ses dires par son enca­dre­ment, l’ani­ma­teur est publique­ment revenu sur ses décla­ra­tions en disant qu’il avait été induit en erreur.

    S’en­suit une mini-polé­mique sur la diffu­sion de fausses infor­ma­tions.

    Il est toujours bon de reve­nir en arrière pour en tirer les leçons en vue d’une prochaine fois. De ce que j’en lis autour de moi, on a toute­fois tendance à juger les partages du témoi­gnage d’ori­gine à l’aune de la révé­la­tion du faux.

    C’est là qu’à mon avis on fait erreur. Ce sont deux types d’in­for­ma­tion diffé­rents, à des niveaux diffé­rents.


    Le premier niveau d’in­for­ma­tion c’est l’exis­tence du témoi­gnage et son contenu. Cette exis­tence est une infor­ma­tion à part entière. Même si ce n’est pas le scan­dale du siècle, elle est à priori d’in­té­rêt public.

    C’est ainsi que dans la presse vous trou­vez des brèves repre­nant une décla­ra­tion offi­cielle, révé­lant un PV, poin­tant un fait qui pose ques­tion, etc. On les recon­nait en ce qu’elles utilisent géné­ra­le­ment des guille­mets pour marquer qu’il s’agit d’une reprise.

    Parfois la décla­ra­tion offi­cielle est fausse ou trom­peuse. Parfois les propos que rapportent le PV sont faux. Parfois la ques­tion posée a une réponse tout à fait légi­time.

    C’est malheu­reux quand ça arrive, on essaye de l’évi­ter, mais ça ne retire en rien l’in­té­rêt public d’avoir relayé cette infor­ma­tion en fonc­tion de sa crédi­bi­lité et de l’in­té­rêt public à ce moment là.


    Ce qu’il s’est passé sur Twit­ter n’est pas diffé­rent. Il n’y a quasi­ment eu que des cita­tions, avec ou sans commen­taire. Les tiers ont tous vu les propos origi­naux, écrits au nom de cet anima­teur inconnu.

    Tous ont pu se faire leur propre idée de la crédi­bi­lité du témoi­gnage. Personne n’a été induit en erreur sur le fait que c’était un témoi­gnage d’un inconnu et rien de plus.

    Nulle part il n’y a eu présen­ta­tion comme venant d’une source offi­cielle, ou d’une quelqu’un ayant véri­fié ou accré­dité l’in­for­ma­tion.

    Il n’y a pas eu trom­pe­rie ou fake news. Il y a juste eu le relai d’une infor­ma­tion d’in­té­rêt public, celle d’un témoi­gnage poten­tiel­le­ment crédible mettant en cause une opéra­tion de commu­ni­ca­tion.


    Le second niveau d’in­for­ma­tion est venu de la presse. Je crois que c’est France Info qui a fait le premier article d’ana­lyse (mis à jour depuis).

    Ils ont fait ce qu’on attend d’eux. Ils ont véri­fié, contacté les services du ministre, peut-être le camp de vacances. Les éléments rele­vés contre­disent direc­te­ment les décla­ra­tions de l’ani­ma­teur.

    On n’a toujours pas d’autres sources que les services du premier ministre concer­nant l’ori­gine du dessin, mais on en a assez pour consi­dé­rer que le récit de l’ani­ma­teur était faux. Pas besoin d’al­ler plus loin sauf à ce que nouveaux témoi­gnages appa­raissent.

    Cette infor­ma­tion est diffé­rente de la première. On n’in­forme pas du témoi­gnage, on va véri­fier le fond.

    Les deux niveaux ne se fusionnent pas et ne s’op­posent pas forcé­ment. Il est toujours vrai que l’ani­ma­teur a fait ce (faux) témoi­gnage, que ce témoi­gnage semblait suffi­sam­ment crédible et d’in­té­rêt public pour être repris. Il est tout aussi vrai qu’on sait désor­mais que les éléments prin­ci­paux du témoi­gnage étaient faux, et que donc il ne faut plus diffu­ser le témoi­gnage d’ori­gine ou ce qu’il préten­dait.


    Pourquoi est-ce impor­tant ? Parce qu’en assi­mi­lant les deux niveaux d’in­for­ma­tion on laisse penser que parta­ger le premier témoi­gnage revient à créer une fausse infor­ma­tion. On oublie qu’il y a deux infor­ma­tions, à deux niveaux bien distincts.

    Fallait-il attendre la véri­fi­ca­tion sur le fond avant choi­sir de parta­ger l’exis­tence du témoi­gnage ?

    Si dans l’idéal on ne peut être que d’ac­cord, c’est oublier que la véri­fi­ca­tion n’a eu lieu que parce qu‘il y a eu cette diffu­sion signi­fi­ca­tive préa­lable. Jamais ni les jour­na­listes ni les services du ministre ne seraient inter­ve­nus sans le micro-buzz. Jamais les services du premier ministre n’au­raient répondu à un citoyen non jour­na­liste profes­sion­nel qui aurait voulu véri­fier l’in­for­ma­tion.

    Empê­chez le premier niveau d’in­for­ma­tion tant que la presse de métier n’a pas offi­ciel­le­ment étudié le fond, vous coupe­rez aussi énor­mé­ment de faits avérés qui n’au­raient jamais eu la visi­bi­lité suffi­sante. Tiens, toute l’af­faire Benalla vient d’un buzz simi­laire sur une courte vidéo à la place de la contre-escarpe, et dont certains avaient contesté la légi­ti­mité d’en faire un buzz à l’époque.

    On ne peut pas espé­rer que ces buzz initiaux ne se fassent que sur des faits qui se révèlent vrais. Ça revient à dire aux gens « agis­sez mais ne vous trom­pez pas ». Ça ne fonc­tionne pas.

    Il n’y a aucun compor­te­ment qui permet à la fois de mettre en lumière le vrai et de lais­ser sous silence le faux. On fait forcé­ment des erreurs des deux côtés, tout est une ques­tion de posi­tion­ner le curseur intel­li­gem­ment.


    Il ne reste du coup que le juge­ment de chacun : Est-ce que l’in­for­ma­tion me semble à la fois assez crédible et assez inté­res­sante pour être parta­gée ?

    Visi­ble­ment 2000 personnes ont pensé que oui. Ça a suffit pour qu’un jour­na­liste s’en empare (ce qui est déjà éton­nant, 2000 partages twit­ter ce n’est pas grand chose) et qu’on ait le fin mot de l’his­toire sur le fond.

    J’ai ensuite vu les correc­tifs et articles de presse large­ment diffu­sés. Rien que ça est assez propre à Twit­ter. Si les correc­tifs sont bien souvent bien moins visibles que les polé­miques de départ, ils le sont toujours beau­coup plus sur Twit­ter que sur la plupart des autres médias.

    C’est malheu­reux quand on diffuse du faux mais quelque part tout s’est passé comme ça aurait du, ou pas loin.

    Nulle part le témoi­gnage initial n’a été présenté comme autre chose qu’un témoi­gnage unique. Il n’y a pas eu retrai­te­ment, il n’y a pas eu masquage de la source, il n’y a pas eu présen­ta­tion faus­sée. Le correc­tif lui-même est arrivé dans un temps rela­ti­ve­ment rapide et la diffu­sion du faux s’est immé­dia­te­ment arrê­tée.

    On est là dans un espace tota­le­ment diffé­rent de celui de la fake news. Il n’y a d’ailleurs proba­ble­ment même pas eu inten­tion de trom­per de la part de l’au­teur d’ori­gine.


    Et donc, puisqu’on fait un retour arrière : Ce témoi­gnage était-il suffi­sam­ment crédible pour méri­ter une diffu­sion ?

    On entre dans le subjec­tif. Je ne peux que donner mon propre avis, forcé­ment biaisé.

    Dans l’his­toire récente on a entendu des élus et hauts fonc­tion­naires mentir sous serment devant une commis­sion d’enquête. On a une porte-parole du gouver­ne­ment qui a dit assu­mer de mentir pour proté­ger le président. On a un procu­reur qui a fait une fausse décla­ra­tion offi­cielle pour éviter de contre­dire les propos du président. On a des ministres, élus et repré­sen­tants de tous bords qui font des pirouettes verbales à la limite de la mauvaise foi pour justi­fier tout et n’im­porte quoi. On a des opéra­tions de commu­ni­ca­tion à gogo, et les mises en scène n’y sont pas si rares.

    De fait, les paroles offi­cielles sont assez peu fiables dès qu’on est dans l’opé­ra­tion de commu­ni­ca­tion. C’est malheu­reux, grave pour notre démo­cra­tie, pas spéci­fique au gouver­ne­ment ou au parti au pouvoir, mais c’est ainsi.

    On était juste­ment dans une opéra­tion de commu­ni­ca­tion. Croire qu’on ait pu prépa­rer une belle image à présen­ter à la presse n’est pas tota­le­ment déli­rant au regard de ce qui précède. Impos­sible de savoir si c’était vrai sans faire un travail de jour­na­liste, mais c’était crédible et vrai­sem­blable.

    Le reste du récit, le vrai mpte person­nel pas créé pour l’oc­ca­sion ni réservé au mili­tan­tisme, la façon de racon­ter, les détails sur d’autres points, disons qu’il n’y avait pas beau­coup de voyants au rouge.


    À mon avis, si vous avons un problème majeur à régler, ce n’est pas tant de limi­ter la diffu­sion de fausses infor­ma­tions que de restau­rer la confiance dans ce qui vient de nos élus, de notre admi­nis­tra­tion et des personnes en posi­tion d’au­to­rité.

    Les deux sont liés. Si on ne peut plus croire ces sources là, on finit par ne plus rien croire, douter de tout ou prêter foi à tout, ce qui revient au même.

    Malheu­reu­se­ment restau­rer la confiance va être diffi­cile et long, parce qu’aujourd’­hui les pratiques sont au plus bas. Elles ont plutôt tendance à enta­mer ce qui reste de confiance qu’à restau­rer ce qui manque.

  • On change d’ap­pa­reil

    J’ai craqué.

    Ou plutôt on a craqué pour moi sur un prétexte de fêter ma nais­sance il y a quelques dizaines d’an­nées. Je passe d’un vieux réflex APS-C d’ama­teur à un hybride plein format moderne et de haute qualité.

    Hier j’ai eu ma première vraie séance photo sur du nouveau maté­riel. Et donc j’ai pris les ¾ de mes photos sans le viseur, à partir de l’écran arrière, à 800 ISO, en ouvrant à souvent à f/3.2 ou moins.

    Avec le passage au plein format, je suis passé du 35mm au 55mm pour avoir le même cadrage avec la même distance au modèle. Je ne l’avais pas anti­cipé mais pour garder la même profon­deur de champ dans cette situa­tion il va aussi falloir que j’ar­rête d’ou­vrir à f/2.2. Je vais gagner un stop avec la montée en ISO, mais je vais aussi le reperdre sur l’ou­ver­ture. Un peu frus­trant.

    Le passage du viseur à l’écran est ma décou­verte prin­ci­pale.

    Mon dieu que c’est confor­ta­ble…

    J’ai toujours regardé avec doutes ceux qui prenaient les photos ainsi mais main­te­nant que j’ai un appa­reil prévu pour, je ne sais pas si je revien­drai en arrière. Pourquoi donc coller mon œil à ce truc ?

    Le confort c’est aussi des réglages simples et direc­te­ment visibles. Même après une unique séance, j’ai moins peur d’ou­blier de restau­rer un réglage tempo­raire.

    Le passage du point de focus auto­ma­tique au point de focus manuel est lui un véri­table plai­sir. Je n’ai pas besoin de choi­sir un des deux modes.

    Tout n’est pas magique

    Chan­ger de maté­riel c’est tous les réflexes et les repères à reprendre. Quelle ouver­ture pour la profon­deur de champ que je souhaite ? Quelle vitesse puis-je m’au­to­ri­ser avec cette montée en ISO et la stabi­li­sa­tion du capteur ? La lumière est-elle accep­table ou trop faible ?

    Je n’ai pas encore regardé en détail mis je m’at­tends à beau­coup d’er­reurs et de déchets, des erreurs que je ne faisais plus depuis long­temps avec mon réflex habi­tuel.

    Ne pour­rait-on pas avoir un stan­dard pour les flash ?

    J’ai surtout shooté sans mon flash. J’ai l’ha­bi­tude de choi­sir ma lumière, ou au moins de compen­ser à loisir la lumière natu­relle avec un petit flash cobra déporté.

    Le précé­dent se contrô­lait, déclen­che­ment et puis­sance, à l’aide du petit flash d’ap­point interne au boitier.

    Niet. Je n’ai plus de flash interne au boitier, et le contrôle à distance est de toutes façons propre à chaque marque. Me voilà reparti pour rache­ter un flash déporté, et en plus devoir ache­ter un système de commande à distance.

    Le système offi­ciel de Sony est hors de prix. Il va falloir regar­der Cactus ou Godox. Bien entendu tous ces systèmes sont incom­pa­tibles entre eux et mon fidèle Metz Nikon est bon pour une revente d’oc­ca­sion.

    Je trouve juste scan­da­leux que ni les menus de contrôle ni le module radio ne soient de série sur des boitier de cette gamme. Même mon vieux D90 avait ça.


  • Ce qui vous parait évident

    Petit rappel que même ce qui vous semble évident socia­le­ment ne l’est pas forcé­ment pour d’autres (moi inclus).

    L’im­pli­cite et l’ex­pli­cite, les conven­tions sociales, la façon d’être, les inter­ac­tions, c’est parfois bien plus complexe qu’il n’y parait.

    https://twit­ter.com/edasfr/status/1150074744202510337

    Je suis inca­pable de comprendre l’im­pli­cite et l’usage. Je n’ai pas honte de parler de handi­cap à ce niveau.

    Le « mais Éric, on en a parlé pendant dix minutes ! » n’a aucun sens pour moi. Je sais, ça le fait à tout le monde mais moi c’est tout le temps, sur tout. Oui on a dit qu’on allait à la gare, mais on a aussi dit le contraire. Tout le monde a compris dans la discus­sion que fina­le­ment on allait à la gare. Moi pas.

    Vous allez me dire qu’il me suffit de deman­der. En réalité c’est plus complexe que ça. Est-ce qu’on va à la gare ? Comment ? Avec qui est-ce que je pars en voiture ? Et les bagages on mutua­lise ou c’est chacun dans son coffre ? Et quelle taille de bagages d’ailleurs pour ce type de trajet ? Faut-il que j’y mette une serviette ? De toutes façons je ne sais pas avec qui je pars ; est-ce qu’il faut que je demande qui veut de moi ? Celui qui a prévu de m’em­barquer va le prendre mal si je cherche quelqu’un d’autre, et puis je vais être ridi­cule parce que si ça se trouve on ne part pas.

    Vous n’ima­gi­nez pas un seul instant.

    Sur les rela­tions sociales c’est encore pire. J’en­vie les enfants en mater­nelle qui osent dire « est-ce que tu es mon ami ? ».

    Je ne sais pas me posi­tion­ner. Je ne sais pas comment réagir. Je ne sais pas ce qui est accep­table ou non. Je fais une faute gros­sière une fois sur deux, voire plus. Oui, ça le fait à tout le monde mais moi c’est tout le temps, sur tout, même avec des amis vieux de dix ans.

    Ou pas d’ailleurs : Je ne sais pas si eux me consi­dèrent comme un ami, d’au­tant que j’ai toujours l’im­pres­sion d’être à côté. Dois-je donner des nouvelles ou est-ce que cela sera inop­por­tun ? et pour y dire quoi ? ça fait égocen­trique quand même… mais en même temps ils commencent proba­ble­ment à en avoir marre que je ne demande que si « ça va », sans savoir quoi dire d’autre. Du coup autant ne rien dire, non ? Sauf que si je ne dis rien je vais passer pour un rustre, ou simple­ment m’éloi­gner pas à pas. En même temps tout ça se base sur l’idée que j’ai une rela­tion d’ami­tié forte alors que ce n’est pas forcé­ment partagé.

    Vous m’avez déjà entendu dire « s’il te plait, dit ce que tu penses, expli­ci­te­ment, fran­che­ment sans peur de bles­ser ou d’être nunuche, parce que je ne serai pas capable de les perce­voir autre­ment ».

    Sérieu­se­ment, faites-le.

    Faites-le. Ça m’aide sur le moment, beau­coup, même si ça ne résout pas tout.

    Si vous êtes expli­cite une fois, dois-je alors inter­pré­ter ce que vous ne dites pas comme quelque chose d’inexis­tant ou de forcé­ment faux ? Vous ne m’avez pas remer­cié forte­ment et expli­ci­te­ment alors peut-être que vous ne voulez pas venir boire un verre fina­le­ment, vous n’ac­cep­tez peut-être que par obli­ga­tion. Pour­tant vous n’avez pas non plus dit expli­ci­te­ment que vous ne souhai­tez pas venir. Me voilà coincé et c’est toujours, tout le temps. Même en cher­chant à être expli­cite vous lais­sez 99% dans l’im­pli­cite, parce que c’est évident pour vous via le contexte ou l’usage social.

    Je sais que ces 99% me sont cachés alors je tente d’in­ter­pré­ter, de surin­ter­pré­ter, de cher­cher des signaux ou de les provoquer. Vous les voyez les « ça va ? », « es-tu sûr·e ? » ? Oui il y a des tics mais c’est plus que ça, bien plus que ça.

    Je n’ai pas l’usage, je ne connais pas la limite sociale. Je suis capable d’être enfermé et de ne rien oser, terri­fié à l’idée de gêner et de passer une limite qui m’est tota­le­ment invi­sible. Et en même temps parfois c’est le contraire, faute de savoir, et parce que parfois rester en retrait serait aussi une faute sociale. Je tente de lire, d’in­ter­pré­ter, et souvent je me trompe.

    N’y voyez pas d’ai­sance, c’est tout le contraire.

    Ma malé­dic­tion c’est d’ailleurs parfois de sembler avoir des faci­li­tés. Oui je parle en public. Oui je sais parfois m’im­po­ser, débattre, parfois trop d’ailleurs. Oui j’adore l’hu­mour à tiroirs, le second degré et le sarcasme. Je suis juste inca­pable de le détec­ter chez les autres.

    Parfois je donne l’im­pres­sion d’une grande aisance mais ça me demande un effort gigan­tesque en interne. Je m’épuise en réalité sur une simple conver­sa­tion de machine à café. Vous jugez le résul­tat d’un travail de 15 ans sur moi-même. Vous jugez un expert à être quelqu’un d’autre, celui qu’on oublie et qu’on ne voit pas.

    Parfois certains points sont effec­ti­ve­ment rela­ti­ve­ment simples pour moi mais n’en tirez pas de conclu­sion pour autant. Chacun a ses propres diffi­cul­tés et les miennes ne viennent pas forcé­ment dans le même ordre que les vôtres. J’ai bien plus de diffi­cul­tés dans une conver­sa­tion amicale qu’à soute­nir un débat public complexe avec plusieurs centaines de personnes. L’enjeu n’est pas le même, c’est moins person­nel, plus objec­tif. J’ai moins besoin de lire les autres et les conven­tions à respec­ter sont beau­coup plus formelles.

    Je n’ai pas la solu­tion à tout ça.

    Je ne peux pas repor­ter mes diffi­cul­tés sur vous. Quand bien même vous le voudriez, je ne saurais pas quoi vous deman­der.

    Je n’ai que deux choses :

    1. Ne jugez pas les inten­tions et réac­tions des autres au regard de ce qui vous semble évident, impli­cite ou expli­cite.
    2. Ne jugez pas ces inten­tions et réac­tions au regard de ce qui vous semble diffi­cile ou facile à vous.

    Excu­sez les autres, expliquez, soyez patients, gardez votre empa­thie, deman­dez, même quand votre inter­lo­cu­teur semble faire une faute grave et évidente à vos yeux. Peut-être peine-t-il plus que vous ne l’ima­gi­nez, malgré toutes les bonnes inten­tions du monde. Ne jugez pas sans connaitre la personne et… soyez expli­cites.

  • « Les pires sont toujours ceux qui pensent que ce qui leur arrive ou ce qui leur est arrivé les rend légi­times à faire le mal envers les autres. »

    Parce que dans ces cas là, la raison n’est d’au­cune aide. Ils croient que rien ne s’ap­plique à eux, que eux c’est diffé­rent, que eux c’est justi­fié, parce que eux ont sont légi­times. Ça s’ex­plique, ça se comprend, mais ça n’est pas une raison pour l’ac­cep­ter pour autant.