Auteur/autrice : Éric

  • Déclen­cher le cache appli­ca­tif HTML 5 par javas­cript

    Parfois je me pose des ques­tions exis­ten­tielles. Hier c’était de savoir si le cache appli­ca­tif de HTML 5 pouvait être activé dyna­mique­ment par javas­cript lors de l’exé­cu­tion de la page, au lieu d’être déclaré de façon statique dans le code HTML.

    L’idée derrière cette inter­ro­ga­tion est que le cache appli­ca­tif ne soit activé que sur certains critères (compa­ti­bi­lité du navi­ga­teur avec le code javas­cript utilisé, requête spéci­fique de l’uti­li­sa­teur, etc.).

    Petit test :

    <!DOCTYPE html><html>
    <head><meta charset=utf8><title>TEST offline</title></head>
    <body><script>
    document.documentElement.setAttribute("manifest", "cache.manifest") ;
    window.applicationCache.update() ;
    </script><body>
    </html>

    J’ai été agréa­ble­ment surpris par Mozilla Fire­fox, qui accepte le tout sans bron­cher. La décon­nexion permet de véri­fier que le cache appli­ca­tif fonc­tionne sans heurs.

    Mes espoirs se sont arrê­tés là, Chrome déclenche une excep­tion sur la mise à jour à seconde ligne de script. Il faut décla­rer le cache de façon statique dans le HTML. Pas le choix, dommage.

  • Formats de livres numé­riques avec DRM

    Parce que ça peut servir à d’autres :

    Nom Editeur Formats Utilisé par Commen­taires
    Adept Adobe ePub, pdf, ascm Majo­rité, Kobo, B&N, Sony, Google DRM stan­dard utilisé partout. Il peut s’at­ta­cher au maté­riel ou à un compte Adobe indé­pen­dant.
    Micro­soft Micro­soft lit Micro­soft Aban­donné
    Kepub (Adept) Kobo (Adobe) kepub Kobo Il s’agit d’un ePub avec quelques données en plus. Les fichiers peuvent être télé­char­gés au format ePub + DRM Adobe stan­dard
    Topaz Amazon azw, tpz Amazon Nouveau format Amazon, basé sur son précé­dent format Mobi­po­cket
    Mobi­po­cket Amazon mobi Amazon (ancien) Format créé par Mobi­po­cket (racheté par Amazon). Fonc­tionne avec un système de PID (clef unique par maté­riel)
    Ignoble (basé sur adept) B&N (Adobe) B&N Exten­sion du DRM ADEPT d’Adobe où on utilise nom et numéro de CB comme clef (pour dissua­der de parta­ger)
    eRea­der B&N pdb, pml B&N (ancien), Palm Ancien format B&N, qui utilise lui aussi le nom et le numéro de CB comme clef pour frein social au partage
    FairP­lay Apple Apple Interne à Apple, pas de recherche de faille à ce jour
    BBeB Sony lrx, lrs Sony Aban­donné

    Hormis Apple Fair­play, tous les formats non aban­don­nés sont actuel­le­ment cassés. Le jeu du chat et de la souris est clai­re­ment en faveur de la souris depuis deux ans que le jeu à commen­cer. Vu le faible niveau d’ob­fus­ca­tion, on peut même penser qu’il n’y a pas vrai­ment de volonté de rendre ces systèmes de DRM vrai­ment effi­caces. Vu le coût finan­cier et utili­sa­teur d’une mise à jour fréquente du système, ils n’ont d’ailleurs pas tout à fait tort.

    Il reste qu’en une recherche simple sur Google, on tombe sur des archives zip qu’il suffit de faire manger à Calibre pour d’un coup pouvoir impor­ter et conver­tir les fichiers proté­gés de manière trans­pa­rente. C’est d’une simpli­cité telle que je me vois même plus faci­le­ment expliquer comme cracker le DRM que d’ex­pliquer comment gérer sa biblio­thèque avec les DRM.

    La musique a fini par aban­don­ner ces systèmes, on ne peut qu’es­pé­rer la même chose pour l’édi­tion. Entre temps je cherche des argu­ments pour accé­lé­rer la suite.

  • Député, ce mandat natio­nal

    J’ai­me­rai pouvoir faire passer une instance disci­pli­naire à chaque fois que j’en­tends un député-maire affir­mer que son mandat de député lui permet d’agir au mieux pour sa circons­crip­tion.

    Du site de l’As­sem­blée natio­nale :

    Chaque député, bien qu’élu  dans un cadre géogra­phique déter­miné, est le repré­sen­tant de la Nation tout entière. Ainsi, à l’As­sem­blée natio­nale et dans sa circons­crip­tion, chaque député agit et parle au nom de l’in­té­rêt géné­ral et non pas au nom d’un parti poli­tique, d’un groupe d’in­té­rêt ou d’une région.

    Un député est élu par une circons­crip­tion parti­cu­lière, mais n’est au service que de la France. S’il use parti­cu­liè­re­ment de son mandat dans l’op­tique d’en faire profi­ter sa circons­crip­tion, il réalise un détour­ne­ment de son mandat à la limite de l’abus de confiance. Si de plus il est maire ou élu local, on pour­rait même parler d’abus de bien sociaux en consi­dé­rant que l’élu souhaite en tirer un avan­tage person­nel pour sa réélec­tion.

    Quand vous enten­dez un député affir­mer que son double mandat lui permet d’être plus effi­cace au niveau local, vous savez main­te­nant quoi en penser.

  • Cachez moi ce sein que je ne saurai voir

    J’ai dit à @Bortz­meyer que je tente­rai d’ex­pliquer ma posi­tion sur le vote actuel de la WikiMe­dia Funda­tion. Twit­ter est un peu petit, et le sujet est diffi­cile. C’est long, vous pouvez passer direc­te­ment à la conclu­sion si vous êtes fainéants.

    De quoi parle-t-on ?

    Début 2010 Fox « découvre » qu’il existe des images de nu sur Wiki­pe­dia. Plus que de nu, Fox parle de porno­gra­phie ou de pédo­por­no­gra­phie. La direc­tion de Wiki­me­dia s’af­fole, ce qui me semble assez rare, et de nombreuses images sont pure­ment dépu­bliées, ce qui me semble plus qu’ex­cep­tion­nel.

    Vu de l’ex­té­rieur ça ressemble beau­coup à une prise de panique sous la pres­sion média­tique. Sont dépu­bliées quasi­ment toutes les illus­tra­tions liées au sexe. On y trouve des œuvres d’art comme des photo­gra­phies ou des dessins illus­tra­tifs liés aux articles sur le sexe (bref, une photo de sexe fémi­nin sur un article sur le sexe fémi­nin).

    Tout cela est caché rapi­de­ment, sans ména­ge­ment, sans concer­ta­tion (ce qui est grave et rare dans la commu­nauté Wiki­pe­dia). Il a fallu un bon moment avec beau­coup de récla­ma­tion pour voir reve­nir certaines œuvres d’art mondia­le­ment connues.

    À ma connais­sance, certains ont trouvé quelques images illus­tra­tives qui ne semblaient pas stric­te­ment néces­saires à la compré­hen­sion de la page ency­clo­pé­dique (comme sur tous les autres sujets, ce n’était pas du tout spéci­fique au sexe) mais aucune héber­ge­ment gratuit de porno­gra­phie et encore moins de pédo­por­no­gra­phie.

    Le vote actuel n’est que la suite de ces actions, après concer­ta­tion et conclu­sions.

    Que vote-t-on ?

    On vote la confir­ma­tion des conclu­sions et des solu­tions élabo­rées pour le problème relevé en 2010. Globa­le­ment la solu­tion rete­nue est de label­li­ser les images. Chacun, iden­ti­fié ou non, pour­rait chan­ger les préfé­rences de sa navi­ga­tion pour cacher ou montrer chaque caté­go­rie d’image sujette à contro­verse. Si ce n’est pas dit expli­ci­te­ment, il est entendu que certaines caté­go­ries d’images seront cachées par défaut.

    Voici donc les affir­ma­tions soumises au vote :

    • Il est impor­tant que les projets Wiki­me­dia offrent cette fonc­tion­na­lité aux lecteurs
    • Il est impor­tant que la fonc­tion­na­lité soit utili­sable à la fois par les lecteurs connec­tés et ceux non connec­tés
    • Il est impor­tant de pouvoir dé-cacher une image : les lecteurs doivent pouvoir chan­ger d’opi­nion rela­ti­ve­ment faci­le­ment.
    • Il est impor­tant que les gens puissent rappor­ter ou tagger des images qui leur semblent contro­ver­sées, lorsqu’elles n’ont pas été caté­go­ri­sées comme telles.
    • Il est impor­tant que cette fonc­tion­na­lité permette aux lecteurs de choi­sir rapi­de­ment et faci­le­ment quels types d’images ils veulent cacher (par exemple 5–10 caté­go­ries), ainsi les gens pour­ront choi­sir par exemple de cacher les images sexuelles mais pas les images violentes.
    • Il est impor­tant que la fonc­tion­na­lité soit cultu­rel­le­ment neutre : autant que possible, elle doit pouvoir reflé­ter une vue globale ou multi-cultu­relle des images poten­tiel­le­ment contro­ver­sées.

    Diffu­ser le savoir

    Le rôle de l’en­cy­clo­pé­die Wiki­pe­dia est de diffu­ser la connais­sance et de la rendre acces­sible à tous. Je sais que j’en­fonce des portes ouvertes, mais c’est fina­le­ment un point qui emporte mon avis sans même prendre en compte le reste.

    Cacher du contenu, image ou texte, en assu­mant une auto-censure sur le sujets sensibles, c’est à l’op­posé total de la raison d’être de Wiki­pe­dia. Son objec­tif devrait au contraire consis­ter à mettre d’au­tant plus en avant les sujets et les conte­nus contre versés ou qui sont habi­tuel­le­ment cachés par ailleurs.

    C’est d’au­tant plus vrai qu’un contenu sujet sensible, caché par défaut, sera d’au­tant moins surveillé, enri­chit, sujet à l’amé­lio­ra­tion de la commu­nauté. Ce sont pour­tant eux qui méri­te­raient le plus ce travail.

    Chut ! moins fort, on va nous entendre

    Mais un des points qui me fait le plus peur dans cette histoire est surtout celui de la confi­gu­ra­tion par défaut. Si certaines images sont cachées par défaut, les ré-affi­cher devient une action expli­cite, qui peut même être subver­sive. Tentez de reti­rer le filtre « safe search » de Google devant vos connais­sances, ou d’ex­pliquez pourquoi vous avez voulu voir tant de photos expli­cites dans vos résul­tats. Au mieux on rica­nera dans votre dos.

    Imagi­nez alors notre adoles­cent qui veut voir s’il est fait comme les autres, ou comment est fait le sexe opposé. Imagi­nez un homme ou une femme qui désac­tive le filtre pour regar­der les images d’une infec­tion dont il commence à souf­frir, ou qui faisait des recherches artis­tiques sur des œuvres compor­tant du nu. Imagi­nez-les justi­fier main­te­nant auprès de leur conjoint, parent, hiérar­chie, biblio­thèque, admi­nis­tra­tion, pourquoi donc ils ont été pervers au point de deman­der expli­ci­te­ment des images à carac­tères sexuelles ou violentes ?

    Oh, les adoles­cents ont de tout temps fait passé des photos ou des maga­zines sous le manteau. À vrai dire tout le monde préfère qu’ils aillent voir dans une ency­clo­pé­die plutôt qu’un site moins modéré. Mais reste qu’on leur repro­chera je ne sais quelle perver­sité qu’on n’au­rait pas eu l’idée d’in­voquer s’il n’y avait de de filtre au départ.

    L’auto-censure est vicieuse en ce qu’elle inverse les rôles. C’est celui qui veut s’en échap­per qui doit se justi­fier, et  subir les mauvaises inter­pré­ta­tions d’au­trui. On verra fleu­rir les régle­men­ta­tion en école, en biblio­thèque, en entre­prise, que la navi­ga­tion devra être « non porno­gra­phique ». Désac­tiv­ter le filtre des images sexuelles sur wiki­pe­dia… infrac­tion mon bon monsieur.

    On voit d’ailleurs d’au­tant mieux le tabou qu’il était un moment ques­tion d’au­to­ri­ser les dessins mais pas les photos pour certains sujets. Le problème n’est plus la perti­nence de l’illus­tra­tion ou la violence de la repré­sen­ta­tion, mais la pres­sion cultu­relle.

    En ajou­tant un filtre par défaut, on ne fait pas que subir les tabous des uns et des autres : on parti­cipe à leur diffu­sion et leur établis­se­ment dans les règles communes. Le rôle de l’en­cy­clo­pé­die n’est-il pas au contraire d’ap­puyer d’au­tant plus la diffu­sion de la connais­sance qu’elle ferait partie des tabous ou des connais­sances cachées ?

    Héré­sie !

    Même si nous pouvions, que cache­rions nous ? Un nu ? impli­cite ? expli­cite ? dans une rubrique méde­cine ? dans une rubrique amour ? dans une rubrique art ?

    Rien que l’ap­pel au vote parle de cinq à dix caté­go­ries et les essais d’in­ter­face laissent appa­raître des caté­go­ries sexe et violence mais aussi « méde­cine » ou « autres sujets à contre­verses ».

    Fina­le­ment, dans la vie, certaines ques­tions poli­tiques, certains faits histo­riques, certains partis pris reli­gieux ont bien plus de reten­tis­se­ment et de violence que le sexe ou le sang. On lance des guerres pour des cari­ca­tures et des héré­sies, pas pour des seins et des fesses.

    On risque de vite s’en rendre compte, poli­tique et reli­gion peuvent choquer, gêner, et bien plus. Dès lors, il va falloir justi­fier pourquoi on ne les filtre pas par défaut. Allons plus loin, pourquoi le texte ne serait pas choquant lui-même ? passé la surprise, la violence de la théo­rie de l’évo­lu­tion pour quelqu’un a qui on a ensei­gné la créa­tion est extrê­me­ment forte, idem pour une critique du chris­tia­nisme, une descrip­tion de la Shoah pour qui ne la connaît pas, ou un réca­pi­tu­la­tif des versets sata­niques.

    Fina­le­ment la connais­sance elle-même est juste­ment un sujet gênant voire choquant. C’est sa propre exis­tence que l’en­cy­clo­pé­die cherche à cacher si elle part dans cette voie là. Son rôle devrait au contraire être de braver ces inter­dits moraux ou cultu­rels pour diffu­ser la connais­sance.

    Montrez-moi votre cheville

    Mais ça ne s’ar­rête pas là puisque ces filtres de bien­séance dont on fait la promo­tion sont haute­ment cultu­rels. La défiance du nu n’est-elle pas forte­ment liée à notre civi­li­sa­tion judéo-chré­tienne ? Est-ce que des tribus afri­caines ou indiennes, austra­liennes ont cette même peur ?

    N’ou­blions pas qu’il y a encore un passé récent à l’échelle de la civi­li­sa­tion, les poitrines n’étaient pas tant taboues que les chevilles. Voir une cheville ? honte à toi. Ce que nous refu­sons aujourd’­hui est cultu­rel. Cela dépend de notre époque, mais aussi de nos racines cultu­relles. Placer des défauts par caté­go­ries  sans impo­ser la vision occi­den­tales, voire améri­caine, relè­vera du défi. J’ose prétendre que c’est stric­te­ment impos­sible, même avec la mondia­li­sa­tion de la culture occi­den­tale sur le web.

    Il va falloir batailler dur pour oser dire que le nu est plus choquant ou problé­ma­tique que tout le reste, et que ça ne vient pas simple­ment de la vision améri­caine qui se moque des versets sata­nique mais qui n’ose pas voir un téton.

    Think of the chil­dren

    Le problème c’est que comme toute censure moderne, on commence par la justi­fier avec l’ar­gu­ment de la pédo­por­no­gra­phie, ou la protec­tion de nos chéru­bins.

    Quel manque de vision ! Je ne parle même pas de l’idée qu’un enfant choqué par la repré­sen­ta­tion d’un nu n’est proba­ble­ment pas en âge de navi­guer seul sur le web. Je pars simple­ment du fait que celui-ci trou­vera bien d’autres sources pour sa curio­sité natu­relle et qu’à la limite c’est peut être sur Wiki­pé­dia qu’il vaudrait le mieux qu’il l’étanche.

    Je conçois qu’il s’agit là d’une opinion person­nelle forte­ment teinté de mes racines cultu­relles, mais croyez-vous que cet enfant ait besoin de Wiki­pe­dia pour tomber sur du nu dans notre société ? Tout au plus cela retire la « surprise », mais croire qu’il y aura surprise quand on va voir un article d’ana­to­mie, d’art ou qu’on suit un titre « cuni­lin­gus » c’est se faire des illu­sions.

    Pire, puisque si, comme il est proposé, chacun peut fina­le­ment affi­cher les images sur simple clic, ce ne sera même pas une protec­tion. On ne va proté­ger que l’en­fant qui navigue seul sur le web alors qu’il n’y est pas prêt, qui clique sur un lien dont il ne comprend pas le sujet, sujet qui affiche une illus­tra­tion de nature sexuelle ou violente assez forte pour choquer sérieu­se­ment vis à vis de tout ce qu’on voit ailleurs dans nos socié­tés. Pour ça, on est prêt à sacri­fier beau­coup de ce qu’est Wiki­pe­dia et à promou­voir un ordre moral propre à une culture parti­cu­lière.

    Si vrai­ment c’était une ques­tion propre aux enfants, on aurait un sous-site wiki­pe­dia spéci­fique aux enfants, genre *.child.wiki­pe­dia.org, qui présente le même contenu mais avec ce filtre par défaut et éven­tuel­le­ment des bandeaux d’aver­tis­se­ments et quelques mises en contexte plus adap­tées. Le travail initial est celui qu’on se propose de faire dans le vote, ni plus ni moins, mais on s’as­sure au moins qu’on ne cible que les gens qu’on cherche à proté­ger, que les effets de bord ne sont pas globaux.

    Sur la propo­si­tion

    Alors, j’ai répondu quoi ?

    J’ai un gros 0 sur le premier point. Non seule­ment la propo­si­tion ne me paraît pas impor­tante mais elle me paraît extrê­me­ment nocive. Pour le reste, si vrai­ment on doit avoir un filtre par défaut, alors effec­ti­ve­ment pas mal de points ont une impor­tance plus ou moins grande, mais c’est vrai­ment « parce que j’y suis obligé ». Je n’ai pas su répondre au dernier point, j’ai mis que je trou­vais cela très impor­tant mais je ne vois aucune solu­tion qui permette d’as­su­rer cette trans-cultu­ra­lité.

    La zone de texte est utile, elle m’a permis de réaf­fir­mer les dangers que je voyais à cette poli­tique, et d’amor­cer deux pistes si vrai­ment on doit aller sur ce terrain :

    • Que la caté­go­rie d’une même image puisse être diffé­rente suivant la langue utili­sée. Ce qui est choquant dans la culture fran­co­phone ne l’est pas forcé­ment au Japon. C’est malheu­reux de croire que « fran­co­phone » repré­sente une culture unique, mais c’est déjà mieux que de croire à une vérité globale.
    • Que les filtres acti­vés par défaut puissent être diffé­rents suivant la langue, pour la même raison, et avec le même regret de ne pouvoir cibler une culture plus préci­sé­ment.
    • Que les images filtrées soient télé­char­gées quand bien même elles seraient masquées, afin que jamais ce qui est là contre les mauvaises surprises ne puisse se retour­ner en outil de censure contre la connais­sance, donc qu’on ne puisse pas savoir (faci­le­ment) si j’ai effec­ti­ve­ment affi­ché l’image ou pas en consul­tant la page de la circon­ci­sion.
    • Que dans l’idéal on puisse réser­ver un sous-site spéci­fique aux enfants afin que ces filtres leurs y soient dédiés, qu’on puisse les « lais­ser navi­guer » sur cet envi­ron­ne­ment « moins dange­reux » sans dété­rio­rer cet outil de connais­sance qu’est le wiki­pe­dia prin­ci­pal. Pour le même prix ce wiki­pe­dia pour enfant peut cacher par défaut les liens externes (afin qu’on ne sorte pas inopi­né­ment de cette navi­ga­tion « sûre ») et ne pas propo­ser d’édi­tion (les conte­nus sont extraits du wiki­pe­dia prin­ci­pal et édités là bas).
  • Free ADSL ou Orange Fibre

    J’em­mé­nage bien­tôt. On me propose une connexion fibrée avec Orange, ou de l’ADSL en condi­tions presque idéales (et dans ce cas mon choix se porte sur Free).

    Je place ici mes notes. Vous êtes invi­tés à discu­ter de ce que je dis, à contes­ter ou complé­ter mais n’ou­bliez pas : Ces notes n’ont pas préten­tion à être objec­tives ou à dépas­ser le contexte de mon propre cas, avec mes propres besoins et aspi­ra­tions.

    Débit

    J’uti­lise Inter­net inten­si­ve­ment. Il s’agit majo­ri­tai­re­ment de surf mais je mani­pule aussi de gros volumes de photos, quelques télé­char­ge­ments de code source, un peu de skype (audio seule­ment) et des trans­ferts de backup.

    Je pour­rai me conten­ter de ma connexion ADSL actuelle de 12ou 15 Mb/s pour les télé­char­ge­ments. Si cela ne m’ar­rive pas tous les jours, j’ai par contre des grandes frus­tra­tions dès qu’il s’agit d’en­voyer quelque chose vers Inter­net. Le débit montant est pour moi un critère de choix, celui de la fibre me fait envie.

      Fibre Orange ADSL Free
    Débit descen­dant 100 Mb/s théo­rique envi­ron 20 Mb/s
    Débit montant 10 Mb/s théo­rique envi­ron 1 Mb/s

    ADSL : 700 mètres du central, atté­nua­tion 10dB, les débits indiqués prennent en compte cette atté­nua­tion.

    Connexion inter­net

    La box qui connecte à Inter­net a aussi son impact. La Live­box 2 d’Orange est connue pour être fran­che­ment impar­faite. Elle aurait des fuites de mémoire (source interne) et un redé­mar­rage de temps en temps peut amélio­rer la connec­ti­vité. J’ai vu aussi des rapports sur des problèmes quand il y a beau­coup de connexions simul­ta­nées vers l’ex­té­rieur ou des ralen­tis­se­ments notables si le fire­wall est activé.

    Il semble de plus y avoir consen­sus sur le fait que le WiFi de la Live­box 2 est globa­le­ment fonc­tion­nel mais mauvais (débit perfec­tible et ne tient pas dès qu’il y a plus de quelques appa­reils connec­tés). Ce qui est certain c’est que le wifi N est simple bande, la bande des 5 Ghz n’était pas acces­sible.

    Orange ne me propose pas non plus d’adresse IP fixe par défaut (et l’op­tion semble hors de prix à plus de 17 € par mois) et réalise une décon­nexion quoti­dienne. Je suis preneur de vos retours sur la durée et l’heure de cette décon­nexion, ainsi que sur la fréquence de chan­ge­ment d’adresse IP.

    Même s’il est diffi­cile de quan­ti­fier l’im­por­tance des problèmes, il s’agit d’un vrai point néga­tif parce que ça peut vite tour­ner en agace­ment quoti­dien irrai­sonné ou en suspi­cion perma­nente.

      Fibre Orange ADSL Free
    *box Live­box avec bugs
    Un réde­mar­rage améliore souvent la connec­ti­vité
    R.A.S.
    WiFi Débit moyen
    Wifi N simple bande
    Limité en nombre de connecté
    Débit OK
    Adresse IP Dyna­mique
    Recon­nexion quoti­dienne
    IP Fixe

    Services TV

    Je n’uti­lise les flux TV de mon FAI que dans le cadre de l’en­re­gis­tre­ment des programmes, essen­tiel­le­ment sur des chaînes « stan­dard » présentes partout. La taille du disque sur lequel enre­gis­trer pour­rait être un critère mais fina­le­ment les 40 Go que j’ai actuel­le­ment n’ont pas été vrai­ment limi­ta­tifs.

    L’er­go­no­mie je l’ai souf­fert sur la Free­box v5 : menus lents, aucune cohé­rence sur le rôle des diffé­rents boutons suivant les menus, listes d’items présen­tés avec un mode page à page fran­che­ment inadapté au lieu d’un défi­le­ment, etc. Le must est sur le replay de M6 : lent, et une navi­ga­tion anti-ergo­no­mique qui me retient parfois d’y aller.

    Il semble qu’une majo­rité de ces problèmes soient réglés dans la v6, mais je suis preneur de vos retours. Je n’ai aucune infor­ma­tion sur le replay de M6 par exemple : a-t-il changé ?

    Inver­se­ment un utili­sa­teur m’a décrit un problème de qualité sur l’en­tre­la­ce­ment propre à la v6, avec preuve à l’ap­pui, mais les autres n’ont pas confirmé. On me dit aussi que l’ac­cès aux programmes et quelques menus du même genre sont toujours très peu acces­sibles. Qu’en est-il ?

    Enfin, si c’est mieux qu’a­vec la v5, les retours sur la télé­com­mande v6 sont mauvais. Les boutons sont mal placés, trop de fonc­tions de base sont encore en seconde posi­tion sur certains boutons, et Free a utilisé un système de commu­ni­ca­tion non stan­dard qui empêche de passer par une télé­com­mande univer­selle pour mutua­li­ser les diffé­rents appa­reils.

    Côté Orange on me décrit une inter­face pous­sive et des limi­ta­tions assez agaçantes. Par exemple si j’ai déclen­ché un enre­gis­tre­ment sur la 6 je peux regar­der la 1 mais si je veux zapper sur la 2 il faut que je repasse sur la 6 (enre­gis­tre­ment en cours) avant de repas­ser sur la 2. Les retours sont globa­le­ment néga­tifs mais sans rien poin­ter de spéci­fique à part ces deux points.

    La qualité semble être la même chez Free et chez Orange. On utilise pour les deux les flux ADSL de 6 Mb/s pour le HD.  J’ai vu des expé­ri­men­ta­tions Orange pour des flux 12 Mb/s mais je ne compte pas vrai­ment dessus.

      Fibre Orange ADSL Free
    Qualité TV Sans plus, 6 Mb/s Sans plus, 6 Mb/s
    Problème d’en­tre­la­ce­ment ?
    Enre­gis­tre­ment 40 Go par défaut 250 Go
    parta­gés avec le NAS
    Ergo­no­mie Mauvaise réac­ti­vité
    Mauvais zapping en enre­gis­tre­ment
    (ergo M6 replay incon­nue)
    Ergo moyenne du logi­ciel
    Pas de télé­com­mande univer­selle
    Ergo de la télé­com­mande perfec­tible
    (ergo M6 replay incon­nue)
    Plus Films en VOD gratuit
    (vieux mais nombreux)
     

    Je ne note pas les chaînes dispo ou non, la VOD payante ou les packs addi­tion­nels, simple­ment parce qu’ils ne m’in­té­ressent pas.

    Le prix

    Le prix n’est pas mon premier critère, mais ça reste forcé­ment impor­tant. Nos FAI empruntent un peu trop aux opéra­teurs mobiles sur ce côté.

    Free est à 29,99 € mais il faut rajou­ter 5,99 € pour l’offre v6 et oh surprise, encore 1,99€ pour la TV (bien que ce ne soit pas expli­cite à la prise de commande). Au final on en est à 37,97 € par mois. Il faut ajou­ter 49 € de frais de rési­lia­tion.

    La fibre Star Orange lui montre 39,90€ mais la loca­tion de la Live­box est obli­ga­toire, à 3 € par mois, ce qui donne 42,90 € par mois. S’il n’y a pas de frais d’ins­tal­la­tion ou de rési­lia­tion, il y a un enga­ge­ment d’un an. J’au­rai par contre le droit à 160 € de rembour­se­ment en arri­vant (100 parce que je suis client mobile, 60 parce que je suis engagé ailleurs).

    L’en­ga­ge­ment est une vraie ques­tion pour moi, c’est proba­ble­ment ce qui me bloque le plus, d’au­tant que Free risque de venir pertur­ber le jeu côté mobile et que mon enga­ge­ment à ce niveau prend fin. Je risque donc d’avoir envie d’être chez Free à ce moment .

      Fibre Orange ADSL Free
    Prix fixe – 160 € (rembour­sés) 49 €
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    Le reste

    Sur le reste, les deux offrent les appels vers les télé­phones mobiles.

    Je ne compte pas le bluray et le NAS vu qu’ils font doublon chez moi. Ce peut être un bonus inté­res­sant mais ça ne sera pas un critère de choix.

    Reste tout de même les adap­ta­teurs CPL qui sont payants chez Orange (mais partiel­le­ment rembour­sés, il reste 10 € à charge), et Free qui fait plus de mises à jour (donc laisse l’es­poir que les problèmes peuvent être réso­lus).

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  • 22 v’la les flics

    Ce qui me paraît le plus signi­fi­ca­tif dans les articles sur les émeutes londo­niennes c’est le demi soutien de la popu­la­tion aux acteurs de l’émeute. Seules les consé­quences sur les (petits) commerces semblent faire barrage.

    Je retrouve ce que j’avais vécu lors des émeutes de Gare du Nord en 2007 : Le parti pris par défaut des gens n’est pas pour les émeu­tiers, mais clai­re­ment contre les forces de l’ordre. Tout ce qui peut être fait par ces derniers est forcé­ment vu comme anor­mal, inac­cep­table, abusif. Tout ce qui peut leur arri­ver est vu comme mérité, voire soutenu.

    La défiance n’est pas d’hier

    Il y a toujours eu une défiance entre les indi­vi­dus et les repré­sen­tants de l’ordre, elle fait même partie du rôle dissua­sif de la force publique. Elle atteint toute­fois depuis quelques temps une posi­tion consen­suelle dange­reuse.

    J’ai peur de ce qui peut arri­ver dans une société où la popu­la­tion se sent instinc­ti­ve­ment contre ceux qui sont censés la proté­ger. Je ne me permets pas ici de porter un juge­ment sur la posi­tion de chacun. Je me contente de consta­ter que cet état ne peut qu’en­cou­ra­ger chaque événe­ment un peu fort à faire boule de neige et termi­ner en situa­tion grave.

    Nos forces de l’ordre ont le choix entre l’ex­cès et l’inac­tion. L’ex­cès car si l’in­ter­ven­tion provoque en elle-même une oppo­si­tion, elle doit être renfor­cée en consé­quence, et finir plus violente qu’il ne serait néces­saire. L’al­ter­na­tive est l’inac­tion, en espé­rant que la situa­tion se résolve d’elle-même. Les deux alter­na­tives mènent à une dégra­da­tion sur le long terme, qui s’auto-alimente au fur et à mesure.

    N’es­pé­rons pas le point de rupture

    Si ce n’est une évolu­tion des menta­li­tés, quelle sortie a-t-on si ce n’est subir en atten­dant le point de rupture ? Le terme de révo­lu­tion est malheu­reu­se­ment idéa­lisé dans nos livres scolaires, au point qu’on en oublie qu’il est quasi­ment toujours asso­cié à la notion de guerre, civile qui plus est.

    Même pour ceux qui attendent cette révo­lu­tion, nous avons bien des moyens de la faire venir sans encou­ra­ger la montée de la violence poli­cière cumu­lée à un laissé faire doma­geable à la société. N’ou­blions pas que si nous permet­tons à une situa­tion apai­sée de s’ins­tal­ler, il n’ap­par­tien­dra qu’à nous d’uti­li­ser les poli­tiques pour leur impo­ser une société diffé­rente.

    Pensez-y quand vous dépré­ciez l’ac­ti­vité géné­rale de la police et pas seule­ment un fait parti­cu­lier, quand vous contri­buez à géolo­ca­li­ser les radars, quand vous utili­ser une appli­ca­tion qui piste le chemin des contrô­leurs du métro, …. Si indi­vi­duel­le­ment tout ceci est mineur, c’est ainsi qu’on sépare le peuple et ceux qui sont à son service. Rien de bien ne peut en sortir.

  • Dépu­tés, la polé­mique sur les statis­tiques d’ab­sen­téisme est de votre faute

    Les statis­tiques de nosde­putes.fr montrent des problèmes clairs de repré­sen­ta­tion démo­cra­tique et de fonc­tion­ne­ment du parle­ment. Pour autant la réac­tion des dépu­tés est à la néga­tion, et ça ne date pas d’aujourd’­hui.

    Alors oui, la sanc­tion finan­cière en cas d’ab­sence répé­tée dans les commis­sions perma­nentes du mercredi matin est inap­pro­priée : Le problème n’est pas finan­cier à la base. Le seul objet de la sanc­tion est de symbo­li­ser le problème en le mettant en lumière. Une visi­bi­lité publique effi­cace fait large­ment le même travail.

    Mais en même temps tout ceci est bien de votre faute messieurs les dépu­tés. Je cite Alain Néri : « Ne sommes-nous pas arri­vés à cette situa­tion parce que certains de nos collègues sont deve­nus plus assi­dus à la salle des quatre colonnes, et devant les camé­ras de télé­vi­sion, que dans les salles de commis­sions, se faisant par les complices de la statis­tique ? »

    L’élu rend compte aux citoyens, dont il est le repré­sen­tant

    Il est légi­time pour le citoyen de deman­der des comptes à ses repré­sen­tants. Le vote doit se baser sur ces éléments, pas les rempla­cer en une sorte de plébis­cite ou de vali­da­tion morale.

    Dès lors, à défaut d’autre chose, le citoyen faut avec ce qu’il a : des statis­tiques tronquées, incom­plètes, et qui ne donnent qu’un aperçu gros­sier ou faussé de votre travail. Il fera aussi pres­sion pour que soient prises des mesures sur la base des faibles statis­tiques qu’il a, quitte à ce que ces sanc­tions soient aveugles et peu perti­nentes. Il fera pres­sion à chaque fait divers et vous devrez un jour les accep­ter quand le fait divers coïn­cide mal avec l’agenda poli­tique ou élec­to­ral.

    La balle est dans votre camp

    C’est ce qu’il s’est passé, ni plus, ni moins. Mais ne l’ou­bliez pas, vous avez encore la possi­bi­lité de corri­ger le tir. En prenant des mesures coura­geuses contre les excès et en publiant sous un format clair et exploi­table tout ce qui est néces­saire pour un contrôle citoyen, vous auriez la lati­tude de défi­nir vous-même ce qui est un excès et comment y remé­dier. Vous pour­riez mettre en avant ce qui est d’après vous repré­sen­ta­tif de votre travail et de vos actions. Bref, vous auriez la main pour donner l’image du parle­ment, de son travail et de ses élus qui vous semble la plus perti­nente.

    Au lieu de ça, tant que vous lutte­rez contre ces « révé­la­tions », tant que vous tente­rez de frei­ner, limi­ter ou empê­cher la trans­pa­rence et le regard des citoyen sur votre acti­vité, vous ne pour­rez que subir ces statis­tiques, et déplo­rer de mauvaise foi qu’elles sont fran­che­ment biai­sées et peu repré­sen­ta­tives.

    Nous n’at­ten­dons que vous

    Bref, tout ceci est de votre faute, mais vous avez la main. Sinon nous ferons sans vous et malgré vous, parce que c’est ça la démo­cra­tie. Ça pren­dra juste plus de temps et ça sera fran­che­ment désa­gréable pour tout le monde en atten­dant.

  • Comment les dépu­tés voient les règles contre l’ab­sen­téisme en commis­sion

    Les statis­tiques de nosde­putes.fr ont le mérite d’avoir déclen­ché des discus­sions. C’est d’ailleurs l’objec­tif assumé au départ et rien que pour ça, leur article mérite d’avoir été publié et diffusé. L’at­ti­tude de certains de nos dépu­tés reste à mes yeux incom­pré­hen­sible ou inac­cep­table, c’est suivant.

    Pour mieux comprendre le déca­lage entre la vision des citoyens et celle des dépu­tés sur le sujet, le mieux est d’al­ler lire les minutes de la séance du 21 octobre 2009. Quel que soit votre avis sur la perti­nence des statis­tiques d’ab­sen­téisme, la lecture est primor­diale.

    Quelques cita­tions

    Pour Jean-Claude Guibal « Nous [deputes] n’avons pas à rendre des comptes aux média », ce qui m’ap­pa­rait person­nel­le­ment une drôle de concep­tion de la notion de repré­sen­tant du peuple, ou de celle des medias don’t le rôle est de collec­ter et diffu­ser l’in­for­ma­tion.

    D’autres comme Jean-Michel Bouche­ron militent tout simple­ment pour que moins d’in­for­ma­tions soient publiées, par exemple que « la mention du nombre des ques­tions posées par chacun des dépu­tés dispa­raisse ». Pour­tant la publi­cité du travail d’un élu est la base même du système repré­sen­ta­tif, sinon on ne peut pas juger de ce travail et cela devient un simple concours de publi­cité le temps de chaque l’élec­tion.

    Pour André Schnei­der tout cela est très dange­reux : « Déjà, certains s’in­té­ressent à nos dépenses ». La séance date pour­tant d’à peine quelques mois après le scan­dale des notes de frais du parle­ment du Royaume Uni. L’im­por­tance pour les citoyens de contrô­ler les finances et les dépenses aurait du sauter aux yeux. Vu les récents déboires actuels au Sénat, on voit bien que la France n’a pas une fron­tière magique contre les déra­pages.

    Henriette Marti­nez va même jusqu’à trou­ver logique, si on sanc­tionne les absences du mercredi matin, d’ « attri­buer un bonus lorsqu[‘ils] assistent à des réunions hors mercredi matin ». Je n’ose penser qu’elle croit être payée pour une demi-jour­née et que les réunions du reste de la semaine compensent ou justi­fient les absences aux commis­sions perma­nentes du mercredi matin.

    Le plus bel exemple du problème vient d’Alain Cousin qui note « Je suis président du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion d’Ubi­france, charge que j’es­saie de remplir le plus conscien­cieu­se­ment possible, mais qui m’amène à être souvent occupé les mercredi matins [pour les commis­sions parle­men­taires perma­nentes où il faut émar­ger] ».  S’il fallait une illus­tra­tion de l’en­ga­ge­ment de nos dépu­tés et de leurs prio­ri­tés, je crois que c’est désor­mais chose faite. Je me demande quelle serait la réponse de cet admi­nis­tra­teur si les employés faisaient absence tous les mercre­dis pour remplir d’autres enga­ge­ments privés, ou pour leur cours hebdo­ma­daire de piscine.

    L’exemple précé­dent a toute­fois la concur­rence de Henri Pagnol qui note que « Sinon [si la mesure de sanc­tions en cas d’ab­sence est appliquée], je ne vois plus l’in­té­rêt d’être député. » Que ceux qui comprennent que le mandat de député n’a d’in­té­rêt que parce qu’on n’a aucun compte à rendre sur son travail et qu’on peut y être absent lèvent la main. Les autres peuvent utili­ser les commen­taires pour m’ex­pliquer ce qu’ils en ont compris.

    Des problèmes et des solu­tions

    Clai­re­ment, il y a un agace­ment de tout ce monde d’être surveillé. Il s’agit là d’un gros problème de démo­cra­tie. Que le repré­sen­tant souhaite une opacité sur ses actions est inima­gi­nable, et pour­tant c’est bien ce qui arrive ici.

    Plusieurs dépu­tés vivent mal la possi­bi­lité d’être pris en faute « à cause des excès de certains ». Mais en même temps, vu que le parle­ment a la totale maîtrise de son fonc­tion­ne­ment et de ses règle­ments, pourquoi ne pas avoir agit plutôt si ces excès sont connus de tous ? Et en quoi les excès de certains justi­fient-ils les liber­tés moins impor­tantes des autres ?

    Enfin, il y a ceux qui discutent de la non-perti­nence de la statis­tique, qui ne prend en compte que le mercredi matin, qui ne montre pas le travail effec­tué, ou qui pour­rait comp­ter les inter­ven­tions sans en noter l’uti­lité. Malheu­reu­se­ment la solu­tion de nos dépu­tés semble être de vouloir cacher les infor­ma­tions au lieu de les détailler pour permettre au citoyen de faire une réelle analyse plus sérieuse.

    Il est peut être temps de faire avan­cer les menta­li­tés : Dépu­tés, ces sanc­tions stupides sont de votre faute. Vous avez encore la main mais si vous n’avan­cez pas, nous le ferons sans vous.

  • Les dépu­tés inutiles sont absents, tout est normal

    Le fossé se creuse chaque année entre la classe poli­tique et le peuple. D’ailleurs le simple fait de parler de classe poli­tique et de la sépa­rer du peuple est en soi un symp­tôme assez grave pour une démo­cra­tie.

    Cette semaine le collec­tif Regards Citoyens publie son étude annuelle sur l’ab­sen­téisme des dépu­tés en commis­sion et aux votes solen­nels en hémi­cycle. Le résul­tat laisse appa­raître que l’ab­sence de nombreux dépu­tés, et certains même qui n’ont jamais fait acte de présence dans leurs commis­sions.

    La démo­cra­tie est bien comprise

    Bien entendu les premières défenses fusent avec « vous n’avez rien compris à la démo­cra­tie » ou « ce n’est pas le travail d’un député ».

    J’ose penser que dans une démo­cra­tie c’est au peuple de juste­ment défi­nir ce que ses repré­sen­tants doivent faire et qu’elles en sont les fonc­tions. Dire au peuple qu’il n’a rien compris à la démo­cra­tie ou que ses repré­sen­tants savent mieux que personne comment inter­pré­ter la notion et leur rôle, c’est une contra­dic­tion fonda­men­tale.

    Le peuple peut ne rien comprendre, mais ce qu’il exprime est forcé­ment démo­cra­tique, par défi­ni­tion.

    Le député inutile

    On trouve plusieurs excuses aux absences des dépu­tés mais celle qui m’agace le plus est celle des parti­sans d’Ar­naud Monte­bourg : Siéger ne sert à rien puisqu’il est dans l’op­po­si­tion et que toutes les lois de l’op­po­si­tion sont de toutes façons reje­tées.

    On me dit que cette inuti­lité date de la réforme du parle­ment, qu’il a forte­ment combat­tue. Le site nosde­putes.fr ne relève en effet pas son nom dans le premier listing qui date d’avant le chan­ge­ment. Ceci dit, s’il pense réel­le­ment être inutile dans son rôle de député, qu’il en prenne acte et démis­sionne.

    Compre­nons bien que de nombreux autres dépu­tés de l’op­po­si­tion, moins en vue, ont eux une présence respec­table dans leurs attri­bu­tions au parle­ment. Est-ce à dire qu’ils viennent unique­ment pour la lumière ou le chauf­fage ?

    Le rôle du député

    Selon ses défen­seurs Arnaud Monte­bourg se trou­ve­rait plus utile à mili­ter et faire émer­ger des idées. Exac­te­ment, il fait campagne. L’ac­ti­vité est utile, respec­table, et il est tout à fait quali­fié pour cela.

    L’idée est inté­res­sante, sauf qu’il n’est pas néces­saire d’être député pour faire émer­ger des idées ou mili­ter. D’au­tant que trois ans de campagne (2009–2010, 2010–2011, et le 2011–2012 à venir) sur cinq ans de mandat, on ne peut consi­dé­rer cela comme une façon accep­table de remplir son mandat.

    L’élu a un rôle de repré­sen­ta­tion et s’il est une bonne chose qu’il ait des idées, on ne lui en a pas délé­gué la respon­sa­bi­lité. C’est un rôle qu’il peut tenir dans le parti, ou même en dehors. J’ose même avan­cer que l’As­sem­blée Natio­nale est proba­ble­ment le mauvais endroit pour faire émer­ger des idées qui n’ont pas été pensées et débat­tues ailleurs.

    Le rôle des dépu­tés est, d’après la consti­tu­tion, de voter les lois, de contrô­ler l’ac­tion du gouver­ne­ment, et d’éva­luer les poli­tiques publiques. Les notions de mili­tan­tisme ou d’émul­sion d’idées sont tota­le­ment absentes de l’ar­ticle 24 de la consti­tu­tion.

    Le finan­ce­ment

    Le député perçoit un salaire, un titre qui lui ouvre des portes, des rembour­se­ments pour ses dépla­ce­ments, le finan­ce­ment de ses colla­bo­ra­teurs. Rien d’anor­mal et même rien d’ex­tra­va­gant contrai­re­ment aux colpor­tages des mauvais jour­naux.

    Si on ne vote pas parce que c’est inutile pour l’op­po­si­tion, et qu’on ne siège pas en commis­sion sont réali­sés les travaux de contrôle et d’éva­lua­tion, ce finan­ce­ment est fina­le­ment utilisé à des fins tierces, qui ne sont pas celles du mandat de député.

    Je n’irai pas jusqu’à vouloir y coller l’étiquette d’abus de biens sociaux mais ce qui est certain c’est que ça me gêne person­nel­le­ment. L’émer­gence des idées et le mili­tan­tisme (et à fortiori encore plus si c’est faire campagne pour une élec­tion suivante) le parti ou d’autres grou­pe­ments peuvent le finan­cer. Si cela peut faire partie des acti­vi­tés du député, cela n’est pas sa fonc­tion et cela ne peut être l’oc­cu­pa­tion essen­tielle.

    Le nombre

    Si l’ex­cuse des parti­sans d’Ar­naud Monte­bourg m’agace d’au­tant plus c’est que ce dernier est à l’ori­gine de beau­coup de propo­si­tions sur la réforme de nos insti­tu­tions. Le simple fait qu’il puisse abuser des insti­tu­tions actuelles me freine du coup d’au­tant plus pour lui faire confiance (et c’est dommage parce que beau­coup de ces pistes m’ap­pa­raissent comme perti­nentes).

    Arnaud Monte­bourg, vos idées valent mieux que l’exemple que vous donnez au parle­ment. Chan­gez d’at­ti­tude (il ne vous reste qu’un an à tenir) ou, si vrai­ment comme vous l’avez dit hier vous ne pensez pas avoir d’autre rôle que celui de potiche, démis­sion­nez. Personne ne vous oblige à garder un mandat que vous ne remplis­sez plus. Pour quelqu’un qui souhaite un renou­veau de poli­tique c’est assez peu compré­hen­sible.

    Mais en même temps, je n’ou­blie pas qu’il n’est pas seul, et qu’à la limite il y a pire. Que, par exemple, Laurent Fabius ne soit que pour signer le registre sans même être présent aux commis­sions me gêne fina­le­ment encore plus parce qu’il y a un problème d’hon­nê­teté et de trans­pa­rence. La droite n’est pas plus à l’abris de ces ques­tions, c’est d’ailleurs plus lié aux personnes qu’aux partis ou aux idées.

    Dépu­tés, la polé­mique sur ces statis­tiques est de votre faute. Vous avez encore la main mais si vous n’avan­cez pas, nous le ferons sans vous.

  • Que faire avec les archives Twit­ter ?

    Je suis un para­noïaque de la perte de données. J’ar­chive et je garde tout sans jamais rien suppri­mer. Par contre je fais très atten­tion à diffé­ren­cier les archives publiques et celles que je garde en privé. En règle géné­rale ce qui s’adresse à un groupe défini ou qui relève de l’ins­tan­tané est privé, le reste est public.

    Twit­ter me pose quelques problèmes. Son statut est entre le persis­tant et l’ins­tan­tané, entre le public et le privé. J’y publie des humeurs, des textes courts rédi­gés sur l’ins­tant et des discus­sions parta­gées publique­ment mais avec des gens qui ont choisi de me lire, qui partagent un même contexte de lecture.

    Conver­sa­tions de comp­toir

    Hors l’ins­tant, pris indé­pen­dam­ment, et lus par un tiers qui ne partage pas le contexte de lecture, ces messages courts sont trop faci­le­ment mal inter­pré­tés, incom­pris, ou peuvent être retour­nés contre mon discours. La forme et le travail des textes ne colle pas non plus avec ce que je l’im­pose pour une publi­ca­tion perma­nente.

    C’est un peu comme une conver­sa­tion dans un café, sa publi­ca­tion dans le jour­nal n’au­rait pas de sens, sa retrans­mis­sion trois mois après non plus.

    Or c’est juste­ment cette indexa­tion décor­rélé de tout contexte de lecture que nous propose Twit­ter, la pire envi­sa­geable. Certains messages publiés gardent un sens dans ces archives, mais ils sont mino­ri­taires. Le ratio béné­fice/problèmes est large­ment en faveur de problèmes à venir.

    Des archives limi­tées

    La seule solu­tion que j’ai vu c’est trai­ter Twit­ter comme de la conver­sa­tion instan­ta­née, et rapa­trier les archives en privé. Cela veut dire lais­ser les messages un moment, parce que c’est ainsi que fonc­tionne le mode asyn­chrone de twit­ter, puis les effa­cer quand ils deviennent trop vieux.

    Qu’est-ce qu’un vieux message ? À partir de quel moment le contexte et la vision de l’ins­tant commence à perdre suffi­sam­ment son sens ?

    J’ai tenté un petit sondage, et si mes préoc­cu­pa­tions sont parta­gées par quelques uns, elles sont large­ment mino­ri­taires. Pour quelques rares, l’ex­pi­ra­tion se situe entre trois et douze mois. J’avoue que j’étais plutôt dans cet état d’es­prit au départ.

    D’autres ont, sans que je le mette en avant, réel­le­ment pris le parti de consi­dé­rer Twit­ter comme de l’ins­tan­tané, et proposent de ne lais­ser en ligne que les 25, 50 ou 100 derniers messages. Je ne n’avais pas réel­le­ment envi­sagé cela comme une solu­tion, mais c’est peut être fina­le­ment plus adapté à l’usage que j’en fais.

    Reti­rer des conte­nus en ligne

    Mais ça veut dire reti­rer des conte­nus en ligne, et c’est ressenti par prin­cipe comme une perte pour beau­coup de mes inter­lo­cu­teurs, indé­pen­dam­ment de la qualité des conte­nus.

    Le tout pour moi est d’ar­ri­ver à expli­ci­ter ce statut inter­mé­diaire entre privé et public. Si ces archives n’étaient visibles que par ceux qui partagent mes discus­sions, quand bien même ce partage est en libre accès, cela règle­rait en partie mes problèmes.

    Il ne reste­rait plus qu’à assu­mer avoir dans ces archives semi-publiques des messages dont la forme et la réflexion n’at­teint pas la qualité que j’en attends. Mais ça, je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même fina­le­ment.

    Entre temps… je pense de plus en plus à cette suppres­sion des anciens messages. Que le palier soit un, trois ou six mois, consi­dé­rez mes conte­nus Twit­ter comme de l’ins­tan­tané, appelé à dispa­raître.