Auteur/autrice : Éric

  • Déci­sion de justice atten­due sur le plagiat univer­si­taire

    Si vous travaillez dans le domaine univer­si­taire, l’ar­ticle de Lucie Delo­porte dans Media­part, à propos d’une déci­sion de justice atten­due sur le plagiat univer­si­taire devrait être éclai­rante.

    On y trouve un maître de confé­rence à l’uni­ver­sité de Paris VIII qui fait des recherches sur le plagiat. Il se rend compte que de nombreux travaux sont partiel­le­ment et parfois entiè­re­ment consti­tués de copier-coller. Cela met en cause des étudiants, mais aussi des ensei­gnants.

    Il n’y a là rien de fina­le­ment très éton­nant. Ce qui l’est plus c’est la réac­tion du corps ensei­gnant et de l’ad­mi­nis­tra­tion. On y voit rapi­de­ment que personne ne souhaite que tout ça appa­raisse au grand jour, au risque de montrer au grand jour que le jury attri­bue des thèses avec féli­ci­ta­tions sur de grands copiés-collés, voire des reco­pies traduites avec un outil de traduc­tion auto­ma­tique. Plus que les étudiants, dont on attend bien qu’ils le tentent, c’est ce corps ensei­gnant qui risque d’être écla­boussé.

    Quand on connaît un peu le milieu ce n’est pas si éton­nant, mais si on commence à avoir des éléments indis­cu­tables tendant à prou­ver que les thèses sont attri­bués à des travaux qui n’ont rien d’ori­gi­naux et qui ne sont proba­ble­ment même pas lus (on vous a dit que des thèses de recherche de plusieurs centaines de pages sont parfois rendues au jury une semaine avant ? croyez-vous vrai­ment qu’elles sont lues en entier ? sans même parler d’être étudiées ?).

    Mais je crois que le plus amusant c’est l’ar­gu­ment du « sanc­tion­ner serait injuste par équité avec ceux qui ne se feraient pas prendre ». Il faudrait un bon coup dans la four­mi­lière et rien que pour ça j’es­père bien que ces travaux feront du bruit.

    Par contre je déteste cette réac­tion qui veut qu’on traite de déla­teur celui qui dénonce, comme s’il faisait là un acte des plus mauvais. Il y a un jour il faudra se rendre compte que celui qui dénonce un problème rend aux inté­rêts communs contre des inté­rêts parti­cu­liers. S’il le fait avec le bien commun en objec­tif c’est un acte qui mérite des féli­ci­ta­tions et non l’op­probre.

    Dernier rebon­dis­se­ment, le maitre de confé­rences en ques­tion vient d’être blan­chit d’une accu­sa­tion de diffa­ma­tion. Diffi­cile pour ses collègues de se faire poin­ter comme plagieurs, mais ils vont avoir désor­mais la vie encore plus diffi­cile main­te­nant que la justice a refusé de leur donner raison.

     

  • Mais… pourquoi des DRM ?

    On parle de petites maisons d’édi­tion avec les Éditions Métaillié, mais d’éditeurs qui voient juste. Il semble éton­nant que ce soit ces petites maisons d’édi­tion qui ont le plus à perdre et qui risquent toute la société qui avancent le plus rapi­de­ment pour jeter les DRM.

    Ça ne sert à … rien

    Mais en même temps, quand on nous parle de DRM on oublie trop que … ça ne sert à rien : Il faut cinq minutes montre en main pour cracker les DRM Adobe ou Amazon après une brève recherche sur Inter­net. Mieux, on trouve des modules inté­grables à Calibre, l’ou­til de gestion de biblio­thèque numé­rique person­nelle. Une fois instal­lés, on mani­pule les livres sous DRM comme s’ils étaient sans DRM. Le verrou étant retiré de façon trans­pa­rente quand on y touche la première fois.

    Autant dire que ça ne bloque pas les « pirates », ceux qui veulent faire de la contre­façon de masse par p2p ou megau­pload, ceux dont on nous parle à la télé­vi­sion pour nous faire peur.

    Mais alors on s’en moque ?

    Le problème c’est que si ça ne gêne en aucune façon les « pirates », les honnêtes gens souffrent, eux. On les empêche d’ex­traire les para­graphes qu’ils trouvent inté­res­sant, de lire leur contenu sur leur télé­vi­sion, de parta­ger un livre à leur fils ou leur parent, et, ce qui suffi­rait en soi, on rend la procé­dure d’ins­tal­la­tion horri­ble­ment complexe. Un part impor­tante des retours et des appels au support tech­nique des libraires numé­rique vient de là : Les DRM.

    Encore plus gênant et bien connu, on restreint les usages en anni­hi­lant toute péren­nité aux conte­nus.Si les DRM sont simples à suppri­mer aujourd’­hui pour les malhon­nêtes, il n’est pas dit que cela reste ainsi quand la ques­tion de la péren­nité se posera vrai­ment.

    Comme si cela ne suffi­sait pas, ces solu­tions coûtent plusieurs dizaines de milliers d’eu­ros unique­ment en mise en place, et ajoutent un surcoût à chaque livre supé­rieur à l’aug­men­ta­tion de TVA tant décriée sur le livre papier.

    Mais alors pourquoi ?

    Les pirates savent casser le système, les éditeurs savent qu’il n’offre aucune protec­tion, les auteurs savent que c’est une plaie pour les lecteurs, et ces derniers commencent à comprendre que tout cela se fait à leur détri­ment. Le tout est de comprendre pourquoi nous jouons toujours à ce jeu.

    Le problème c’est qu’il reste quelques acteurs pour faire perdu­rer le système, tout en affi­chant une commu­ni­ca­tion de façade anti-DRM légè­re­ment rési­gnée. Je parle là des deux gros acteurs domi­nants que sont Amazon et Apple.

    Ils sont les seuls à y gagner, et à encore faire perdu­rer le système. Il suffi­rait qu’A­ma­zon commence à faire payer la mise en place du DRM (comme Adobe le fait) afin de compen­ser les pertes de valeur, l’aug­men­ta­tion du coût du support tech­nique et simple­ment les inves­tis­se­ments de R&D corres­pon­dants, pour que d’un coup les éditeurs y réflé­chissent à deux fois. Il suffi­rait que l’un des deux fasse pres­sion comme ils l’ont fait sur la musique pour ne plus accep­ter que des formats ouverts, pour que les éditeurs finissent pas l’ac­cep­ter, même s’ils renâ­cle­raient quelques temps.

    À la place ils préfèrent spon­so­ri­ser le système en offrant le DRM en cadeau qu’on n’ose pas refu­ser (sinon n’im­porte quel pira­tage devien­dra la faute du respon­sable qui a pris cette déci­sion). Leur modèle est celui du client captif et le système du DRM ne fait qu’as­soir ce modèle.  Le DRM et l’in­com­pa­ti­bi­lité fait partie de leur valeur ajou­tée et de leur renta­bi­lité, au point qu’ils tentent d’im­po­ser les DRM l’air de rien tout en préten­dant lutter contre et offrir le choix.

    Main­te­nant vous savez.

    C’est dommage parce qu’au moins Amazon fait beau­coup pour le livre numé­rique, et y réus­sit très bien. Il suffi­rait qu’ils cherchent l’in­té­rêt du lecteur… mais pour l’ins­tant ce n’est pas leur propre inté­rêt.

  • La petite révo­lu­tion

    J’avais partagé ma propre expé­rience du livre numé­rique et des liseuses élec­tro­niques, mais fina­le­ment certains résument ça bien mieux que moi

    La petite révo­lu­tion :

    « Fina­le­ment, on a l’im­pres­sion de lire un livre même si on n’a plus la sensa­tion du papier entre les doigts […] pour lire en dépla­ce­ment ou en voyage ça doit être très pratique. Ça tient dans la poche. »

    Tout est dit, même si ça ne vous fait pas aban­don­ner le papier (et ce n’est pas l’objec­tif).

  • L’ave­nir des liseuses élec­tro­niques

    Quand on vous parle de liseuse élec­tro­nique et livre numé­rique, on parle de petits objets en noir et blanc avec des flash tous les quatre ou cinq chan­ge­ment de page. C’est génial pour lire, mais vrai­ment unique­ment pour ça.

    L’ave­nir le voilà : Kyobo Mira­sol (à ne pas confondre avec les liseuses Kobo, sans y) des écrans à encre élec­tro­nique couleur, sans flash et à réac­ti­vité correcte. Faites arri­ver le tout sous Android et on a la prochaine révo­lu­tion des tablettes.

    Comp­tez quand même encore un ou deux ans proba­ble­ment avant de voir ça arri­ver sur nos produits grand public.

  • « Je n’ai­me­rais pas être DRH »

    Il est diffi­cile de se mettre à la place de l’autre. En tant que sala­rié on voit faci­le­ment les excès des employeurs, et on prend un plai­sir à mettre le doigt dessus pour faire bouger les choses.

    Quand on a soi même la charge d’em­ployer des tiers la vision ne s’in­verse pas mais elle est forcé­ment plus complexe, et des fois, sans renier ses prin­cipes, le point de vue change assez pour qu’on oublie ce en quoi on croit.

    Clai­re­ment « Je n’ai­me­rais pas être DRH » moi non plus. L’ex­pé­rience est à lire, et à réflé­chir.

    Garder ses valeurs quand les enjeux changent, c’est un combat de tout les jours. Celui qui pense que c’est facile ou que chacun ne voit jamais que son propre inté­rêt est d’un mani­chéisme auquel je ne peux me ranger.

    Même votre employeur cherche souvent à être quelqu’un de bien et croit l’être. Il a simple­ment des contraintes et des points d’at­ten­tion diffé­rents, qui font qu’il oublie un point de vue et envi­sage les choses sous un autre angle. Personne n’a raison ni tort, personne n’est le grand méchant de James Bond. En colla­bo­rant on arrive souvent mieux à ses fins qu’en s’op­po­sant, juste­ment parce qu’au fond tout le monde aime­rait mieux aider les gens que de les enfon­cer.

  • Orange va expé­ri­men­ter du QoS data diffé­ren­ciée pour les entre­prises

    Reflets arrive souvent à voir pas mal de choses concer­nant les réseaux mais j’ai l’im­pres­sion qu’ils ont ici manqué la portée de ce qu’ils révèlent.

    Quand Orange expé­ri­mente du QoS data diffé­ren­ciée pour les entre­prises, on parle de réser­ver une bande passante à ceux qui payent plus cher. Le concept même est mauvais, et Reflets le pointe très bien.

    Cela mène à une situa­tion magique : non seule­ment cela dégrade la situa­tion de tous les autres, mais cette dégra­da­tion est au béné­fice de l’opé­ra­teur qui renforce ainsi l’in­té­rêt de l’offre premium. Bref, l’offre n’a pas à venir avec une amélio­ra­tion de la qualité ou du réseau en géné­ral, on se contente de créer de la rareté pour faire payer des surcoûts en plus. C’est même encore plus magique puisqu’il devient de l’in­té­rêt de l’opé­ra­teur de dégra­der l’offre stan­dard, ce qui fait écono­mi­ser des sous : on gagne sur les deux tableaux.

    Bref, du connu. Mais j’ai l’im­pres­sion que Reflets se laisse avoir par l’idée que c’est pour l’ins­tant unique­ment une offre pro. Main­te­nant n’ou­blions pas. S’il y a 10 personnes à 1 Mb/s sur la borne 3G et qu’on offre un accès prio­ri­taire au pro pour sa télé­con­fé­rence à 4 Mb/s, ce sont tous les autres qui perdent un tiers de leur bande passante.

    Comme il n’y a pas des bornes 3G pro et des bornes 3G parti­cu­liers, si l’offre est pour les pro, elle dégrade la situa­tion de tous les autres, qui sont majo­ri­tai­re­ment des parti­cu­liers. Ces derniers font bel et bien partie de l’ex­pé­ri­men­ta­tion, malgré eux et malgré les annonces.

    Neutra­lité du net ? visi­ble­ment c’est déjà perdu.

  • Quand NKM fait la manche dans les socié­tés contrô­lées par son minis­tère

    Un maire qui fait spon­so­ri­ser les actions publiques par des entre­prises privées ça me gêne déjà. Le G20 en était un bon exemple.

    Par contre quand un maire profite de son statut de ministre pour faire parti­ci­per des entre­prises sous son appar­te­nance qui n’ont rien à voir avec sa ville, là ça devient fran­che­ment un scan­dale.

    La ville de Longju­meau (Essonne) s’ap­prête à offrir à ses admi­nis­trés quatre semaines de glisse sur une pati­noire de plein air

    […] dans un cour­rier adressé à quelques entre­prises, Natha­lie Kosciusko-Mori­zet soutient l’ap­pel à la géné­ro­sité

    […]la singu­la­rité de la démarche de NKM réside dans le choix des entre­prises auxquelles elle a écrit : RATP, Aéro­ports de Paris (ADP) : des socié­tés sous la coupe… du minis­tère de l’Eco­lo­gie et des Tran­sports.

    Quand NKM fait la manche dans les socié­tés contrô­lées par son minis­tère, il est néces­saire de vrai­ment donner un coup de balai dans les pratiques de nos élus.

  • Biblio­thèque publique, abon­ne­ment, loca­tion, achat et livre numé­rique

    Le numé­rique vendu plus cher que le papier à la biblio­thèque. Et fina­le­ment, c’est plutôt normal.

    La biblio­thèque publique c’est en même temps génial et en même temps mons­trueu­se­ment contrai­gnant. Il faut se dépla­cer dans les heures et jours d’ou­ver­ture, choi­sir ce qu’il y a sur place, faire la queue pour emprun­ter, se rete­nir d’an­no­ter, et penser à bien le rame­ner, en faisant atten­tion à ne pas lais­ser courir le dernier samedi de libre sinon on passe à l’amende.

    Ce qu’ap­porte l’achat person­nel ce n’est pas tant la propriété ou la capa­cité de relire, que la souplesse d’uti­li­sa­tion et l’ac­cès à un cata­logue plus complet ou récent. Je ne crois pas avoir jamais entendu dire quelqu’un qu’il retient un achat pour fina­le­ment aller à la biblio­thèque. Les publics sont en partie diffé­rents, les livres dispo­nibles aussi

    Mais fina­le­ment, la biblio­thèque publique a-t-elle du sens avec la déma­té­ria­li­sa­tion ? Tout le modèle est basé sur la contrainte de l’objet physique qu’on ne peut pas parta­ger, qui met du temps à arri­ver dans les rayons, et qu’il faut aller cher­cher puis rappor­ter sans pouvoir écrire dessus. Toutes ces choses n’ont plus de sens en numé­rique.

    De plus si je peux prendre un livre à distance, le rendre auto­ma­tique­ment, l’an­no­ter à côté sans risques, accé­der à un grand cata­logue qui peut même conte­nir des nouveau­tés, là je vais réel­le­ment empié­ter sur les ventes normales.

    Les éditeurs ne s’y trompent pas quand le numé­rique est vendu plus cher que le papier à la biblio­thèque.

    Fina­le­ment, pour du numé­rique, quelle est la diffé­rence entre une biblio­thèque publique et un système d’abon­ne­ment à la Spotify ? C’est tout le concept de biblio­thèque publique qui perd son sens et qui est remplaçable par des nouveaux modèles de distri­bu­tion.

    D’ailleurs, pour aller plus loin, tout le modèle d’achat et de propriété perd aussi partiel­le­ment son sens. Ce qu’on achète devient plus un droit de lecture qu’une propriété sur un objet. Tout ce qui m’in­té­resse est donc de savoir si je vais pouvoir réac­cé­der à mes anciens livres quand je le souhaite, et combien ça me coûte. Comme je relis rare­ment mes livres, et que j’ai plutôt envie d’en lire de nouveaux, la notion d’abon­ne­ment dans un très large cata­logue a bien plus de sens pour moi que la notion d’achat d’un fichier précis.

    L’idéal étant peut être entre les deux : un abon­ne­ment où je peux garder à vie les fichiers lus. Publie.net le fait, mais le cata­logue leur est limité.

     

     

     

  • Les maladresses d’une inter­view sur un nouveau média

    Petite polé­mique entre Rue89 et Alain Lipietz. Le premier publie un article après un déjeu­ner en tête à tête avec le second. Alain Lipietz réagit en consi­dé­rant qu’on a trahit ses propos et manqué de déon­to­lo­gie. Le rédac chef s’ex­prime à son tour pour défendre le papier publié.

    Je vous conseille de lire les deux derniers. Le premier article n’a lui-même que peu d’in­té­rêt dans l’his­toire. Person­nel­le­ment c’est le dernier qui me fait réagir.

    Il est diffi­cile de pouvoir juger quoi que ce soit, faute d’avoir été présent au déjeu­ner, d’avoir vu les notes de la jour­na­liste, ou d’avoir lu la version envoyée avant publi­ca­tion à Alain Lipietz. Toute­fois, dans la réponse du rédac chef, je vois trop de choses contes­tables pour accep­ter la posi­tion de Rue89. (suite…)

  • Publi­ca­tion numé­rique des oeuvres indis­po­nibles

    Le Sénat a voté ces dernies jours une propo­si­tion de loi sur l’édi­tion sous forme numé­rique des livres dits « indis­po­nibles », c’est à dire de ceux qui n’ont pas fait l’objet d’ex­ploi­ta­tion commer­ciale par un éditeur, et dont la publi­ca­tion date d’avant 2001.

    Un des problèmes prin­ci­paux de la tran­si­tion vers le numé­rique c’est que le cata­logue est trop faible. Les anciens contrats ne compre­naient pas de clause en rapport avec le numé­rique. Il faut trou­ver et recon­tac­ter les ayants droits, donc certains ne sont plus trou­vables, puis négo­cier les droits numé­riques.

    Bref, l’in­ten­tion est louable mais la faisa­bi­lité reste discu­table, et la propo­si­tion contes­table. (atten­tion, c’est long) (suite…)