Auteur/autrice : Éric

  • Sortir de soi, se trou­ver un peu

    Sortir de soi, se trou­ver un peu

    Ne pas oser, ne pas risquer, avoir honte, peur du regard des autres, d’un juge­ment, d’ab­sence de perfec­tion appa­rente.

    * * *

    Et puis un jour on se met des coups de pieds au cul, parce que le chan­ge­ment devient quelque part indis­pen­sable.

    J’ai bous­culé ma propre honte, même si je conti­nue­rai proba­ble­ment à instinc­ti­ve­ment cacher mon corps encore long­temps.

    J’ai dépassé en partie ma timi­dité pour abor­der une ques­tion déli­cate avec des gens proches, pour eux comme pour moi. Tous n’au­raient pas osé, n’ont pas osé braver leur propre regard.

    Mais surtout je suis allé au bout du premier pas. Je remer­cie plus qu’elle ne le pense celle qui m’a fait confiance. Si cela a été si simple, c’est grâce à elle et à son approche.

    Une fois face à face, il a bien fallu se jeter à l’eau. J’ai expé­ri­menté, perdu de vue ce que je voulais créer et expri­mer, en suis clai­re­ment insa­tis­fait, mais j’ai obtenu un résul­tat, pas aussi mauvais que craint initia­le­ment.

    Mieux: J’ai laissé de côté mon habi­tude et j’ai partagé ce résul­tat tout en ayant pleine connais­sance de ses manques. Rien que ça…

    Un merci tout parti­cu­lier aussi à ceux qui mont retourné un feed­back profond, franc mais respec­tueux sur les photos, ou qui le font encore. Ils me permettent d’avan­cer.

    * * *

    Savoir que tout ça est un chan­ge­ment irré­vo­cable quand bien même les vieilles habi­tudes ne parti­ront pas d’un coup.

    Ne plus comprendre les réponses qu’on me fait, et qui pour­tant auraient été miennes il y a juste six mois. Se rendre compte combien tout j’était ridi­cule.

    Vouloir conti­nuer l’ex­pé­rience plus loin. Cher­cher de l’aide, d’autres colla­bo­ra­tions, mais avec une approche moins crain­tive. Seconde étape.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par z rahen

  • De la majo­rité de la majo­rité

    De la majo­rité de la majo­rité

    Je sais comment nous en sommes arri­vés là, mais je me résous à ne plus me consi­dé­rer en démo­cra­tie.

    Le mot est fort, mais à force de peur d’inef­fi­ca­cité et peur des extrêmes, nous avons aban­donné toute repré­sen­ta­ti­vité natio­nale.

    S’il ne fallait qu’un seul symp­tôme : Une sensi­bi­lité qui regroupe près de 20% de la popu­la­tion n’a qu’à peine plus de 0,3% de la repré­sen­ta­tion à l’As­sem­blée.

    On dit que la démo­cra­tie peut être la dicta­ture de la majo­rité. Le problème c’est que ça se voit un peu quand on muselle les voix diver­gentes. On a trouvé pour ça un système magique : On fonc­tionne par repré­sen­ta­tion.

    Prenez 10 personnes pour le rouge, 8 pour le bleu, 4 pour le vert, 4 pour le noir. Faites un scru­tin pour élire des repré­sen­tants. Il y aura une alliance, mettons rouge et vert. Résul­tat de l’élec­tion : 2 rouges 1 vert. Faites désor­mais voter les déci­sions par les repré­sen­tants : Les rouges déci­de­ront de tout, et les verts ne seront que rare­ment diver­gents (au risque de ne plus faire partie de l’al­liance et de ne plus avoir du tout d’in­fluence). On aura l’im­pres­sion d’un consen­sus. 

    Si c’est moins binaire que ça, il suffit d’em­pi­ler les repré­sen­ta­tions. À la fin les voix diver­gentes n’au­ront quasi­ment plus aucun pouvoir de nuisance, le tout avec un joli verni démo­cra­tique vu qu’on aura utilisé des élec­tions.

    Majo­rité de majo­rité

    À l’As­sem­blée natio­nale, on ne prend que le candi­dat majo­ri­taire de chaque petite circons­crip­tion. Le système est quasi­ment fait pour que le parti prin­ci­pal rafle tout, ou qu’à la limite deux partis à force égales se battent entre eux. Les autres ne doivent leur présence qu’à des jeux d’al­liance ou des anoma­lies géogra­phiques.

    Au Sénat c’est encore plus simple. On prend les gagnants des élec­tions pour choi­sir la repré­sen­ta­tion. Une voix non majo­ri­taire n’a quasi­ment aucune chance d’être visible.

    Dans un cas comme dans l’autre, c’est un système qui fait fonc­tion­ner la majo­rité de la majo­rité. Autant dire que les voix mino­ri­taires sont muse­lés par le prin­cipe même.

    Majo­rité de majo­rité de majo­rité

    Pour renfor­cer encore ce système, on y siège par groupes qui votent quasi­ment en bloc (le « quasi­ment » est même de trop au Sénat où le chef de groupe vote pour tout le monde).

    Au niveau des partis, les petits doivent se soumettre ou perdre des droits ou du finan­ce­ment public : Ces derniers sont atta­chés à la consti­tu­tion d’un « groupe », c’est à dire déjà vingts élus. Bien évidem­ment, les deux repré­sen­tants du FN à l’As­sem­blée natio­nale n’ont pas de groupe. Les 20% du peuples se sont trans­for­més en 0,3% des repré­sen­tants, et ces derniers n’ont même pas autant de pouvoir ou de finan­ce­ment que les autres.

    Au niveau des indi­vi­dus ce n’est pas mieux. Comme rien ne peut exis­ter hors des partis majo­ri­taires, chacun doit se soumettre au groupe, voter avec le groupe s’il veut pouvoir concou­rir aux prochaines élec­tions. Ce n’est pas aussi binaire, mais ça revient bien à ça.

    Qui décide pour le groupe ? dans le meilleur des cas la majo­rité. On en était à la majo­rité de la majo­rité, on passe donc à la majo­rité de la majo­rité de la majo­rité (ouf).

    Majo­rité de majo­rité de majo­rité de majo­rité

    Mais ne nous arrê­tons pas là. Si le groupe a une certaine auto­no­mie, le parti reste quand même essen­tiel. C’est lui qui a les finan­ce­ments pour les prochaines élec­tions, lui qui décide qui portera l’étiquette (c’est à dire dans une majo­rité des cas, qui est éligible).

    Un noyau dur décide d’à peu près tout, surtout quand le gouver­ne­ment, le président et l’As­sem­blée sont du même bord.

    C’est ce noyau au niveau du parti qui a une énorme influence voire pres­sion sur le groupe parle­men­taire, lui-même qui décide de ce que sera le vote à l’As­sem­blée, élue sur la base des majo­ri­tés locales. Ouf, on a donc une majo­rité de majo­rité de majo­rité de majo­rité. Déli­re…

    Qui dirige la majo­rité de majo­rité de majo­rité de majo­rité ?

    On pour­rait aller plus loin et voir, quand il y a un président fort, ou un premier ministre charis­ma­tique ou un leader impor­tant, que ces derniers dirigent quasi­ment le noyau dur du parti.

    Fran­che­ment, que ce soit à ce niveau ou au précé­dent, on a un tout petit groupe de quelques indi­vi­dus qui décident de tout. Bien évidem­ment le groupe parle­men­taire peut se rebel­ler, les parle­men­taires peuvent faire séces­sion, et la popu­la­tion peut tout à fait voter en masse d’un coup pour un nouveau parti.

    En théo­rie. Au niveau du groupe ou des parle­men­taires c’est un peu l’arme atomique donc ça reste géné­ra­le­ment au niveau des menaces ou du bras de fer.

    Au niveau de la popu­la­tion en raison des finan­ce­ments publics et de la peur des extrêmes ou du « vote utile », c’est diffi­cile. Ce serait du même ordre d’im­por­tance qu’une révo­lu­tion. Une révo­lu­tion non violente, mais une révo­lu­tion quand même, qui détruit le système pour en construire un autre.

    Démo­cra­tie ? foutaises

    Ce n’est pas pour rien qu’on met désor­mais en avant le terme de répu­blique : La struc­ture se protège derrière ce terme en faisant croire que les démo­cra­tie et répu­blique vont ensemble.

    Oh, nous n’en sommes pas à une méchante-dicta­ture. On trou­vera des exemples pour faire peur et pour dire « nous ne sommes pas comme eux ». Mais en pratique le peuple n’a plus le pouvoir au quoti­dien depuis long­temps. Il n’a plus que le pouvoir de se rebel­ler. Pas de pouvoir au peuple, pas de démo­cra­tie ; c’est aussi simple que ça.

    J’ai encore espoir qu’on puisse se réveiller et faire cette révo­lu­tion non violente des insti­tu­tions pour recom­men­cer du bon pied.

     

    Je ne sous-estime tout de même pas la résis­tance du système à sa propre évolu­tion. Cette révo­lu­tion ne pourra pas venir de ceux qui sont déjà dans la logique actuelle, elle se fera même proba­ble­ment contre eux, même quand ils sont de bonne volonté.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Clint McMa­hon

  • Modèle social en temps de crise

    Modèle social en temps de crise

    le capi­ta­lisme est un “régime de pays pauvre”, alors que ni les US ni la France ne sont des pays pauvres ; et que le socia­lisme est un “régime de pays riche”, alors que ni les US ni la France ne sont des pays confor­ta­ble­ment riches

    […]

    pour résis­ter aux crises, pendant lesquelles un pays est tempo­rai­re­ment plus pauvre, il est plutôt logique qu’un “régime de pays pauvre” soit plus adapté ; alors qu’un “régime de pays riche” appliqué à un pays qui s’ap­pau­vrit fait entrer dans une spirale dont il est diffi­cile d’ima­gi­ner la fin autre­ment qu’une remise en ques­tion totale de ce régime cultu­rel et écono­mique.

    Le second para­graphe résume très bien la diffé­rence d’ap­proche entre le modèle français et le modèle améri­cain, bien plus que l’op­po­si­tion socia­lisme / libé­ra­lisme. On pour­rait d’ailleurs sans mal dire que l’his­toire a donné tort à cette cita­tion ces dernières années (et on peut aussi dire que l’his­toire a donné raison, tout dépend du point de vue pris).

    Partir sur du libé­ra­lisme en cas de crise, c’est consi­dé­rer que si l’éco­no­mie repart, tout le monde en profi­tera, quitte à devoir faire des sacri­fices tempo­rai­re­ment.

    Partir sur du socia­lisme en cas de crise, c’est consi­dé­rer que l’hu­main est le plus impor­tant et qu’il faut spéci­fique­ment le proté­ger en cas de crise, et que le pays se remon­tera d’au­tant mieux que tout le monde peut parti­ci­per à l’ef­fort, quitte à le faire plus lente­ment.

    Qu’est-ce qui est plus impor­tant : l’éco­no­mie ou l’hu­main ? et est-on prêts à avoir des dégâts humains tempo­raires pour un embel­lie plus rapide plus tard ? Les deux suites logiques peuvent fonc­tion­ner. Les deux ont des exemples de succès ou d’échec dans l’his­toire. C’est donc clai­re­ment une ques­tion de choix de société.

    Les États-Unis ont une culture proba­ble­ment plus indi­vi­dua­liste, avec l’idée que tout le monde peut s’en sortir en travaillant dur. Logique plutôt libé­rale. Étran­ge­ment en temps de crise, c’est juste­ment là qu’O­bama tente de mettre l’ac­cès à la santé pour tous, vision plutôt socia­liste.

    La France a plutôt une histoire de soli­da­rité et de répar­ti­tion des richesses, avec l’idée que l’État doit contri­buer à l’éga­lité des chances et permettre à tous une vie digne. Étran­ge­ment en temps de crise, c’est juste­ment là qu’on décons­truit beau­coup de filets sociaux, répar­ti­tion de richesses et de services publics, vision plutôt libé­ra­liste.

    Aucun des deux n’est infé­rieur à long terme. Chacun essaye des recettes diffé­rentes de son penchant habi­tuel quand ça va mal. Tout au plus aurais-je tendance à dire qu’il y a un vrai débat sur le modèle social en France, alors que les échos qu’on a des États-Unis laissent penser que ce débat est bien diffi­cile là bas.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Xavier Donat

  • Haine des États-Unis ?

    Haine des États-Unis ?

    Après avoir migré aux États-Unis, Rudy se rend compte que nos compa­triotes sont parfois haineux vis à vis de son pays d’adop­tion.

    Bruit de fond

    Pour plein de raisons, il se trouve que les commen­taires des sites de presse français ressemblent beau­coup à une poubelle. Les modé­rés y sont sous-repré­sen­tés, les extré­mistes et haines du dimanche y sont légion.

    Bref, ce que voit Rudy de loin sur les sites de presse n’est pas forcé­ment repré­sen­ta­tif. C’est une première expli­ca­tion au ressenti qu’il peut avoir : Ce qui a changé ce ne sont pas les français mais peut être ses propres habi­tudes de lecture : un article sur les États-Unis sur un média français devient d’un coup plus atti­rant qu’a­vant, jusqu’à lire ces zones poubelle qu’il ne lisait peut être pas avant.

    Ce discours de haine des États-Unis tel que décrit ne me semble pas repré­sen­ta­tif. On ne peut cepen­dant pas nier qu’il existe.

    De la montée du natio­na­lisme

    Mais s’il existe, je ne suis pas convaincu que ce compor­te­ment soit spéci­fique aux États-Unis. Il y a une montée du natio­na­lisme un peu partout en occi­dent ces quinze dernières années.

    La courbe est diffé­rente suivant les pays. En France la poli­tique a encou­ragé forte­ment la haine de l’autre depuis un peu moins de dix ans. De bouc émis­saire en bouc émis­saire, je ne suis pas très étonné de voir des « bien fait pour eux » quand on raconte le malheur de tiers.

    Ce natio­na­lisme est encore mino­ri­taire, mais s’ex­prime sans honte, presque devenu respec­table. Quand nos ministres, nos dépu­tés et même un président font étalage de natio­na­lisme et d’une haine de certains étran­gers, il n’est plus honteux de faire de même et ça se retrouve plus faci­le­ment en ligne.

    Proba­ble­ment que si Rudy était allé en Alle­magne, au Maroc, en Rouma­nie, en Russie, en Chine ou à peu près partout ailleurs, il aurait vécu la même histoire. Tout juste, pour les pays très proches comme l’Al­le­magne, le discours est moins radi­cal.

    Seuls quelques pays sont cultu­rel­le­ment « gentils » chez nous : Suède, Norvège, Canada, Japon et quelques rares autres. Une ques­tion cultu­relle proba­ble­ment.

    Quid des États-Unis ?

    Est-ce quand même plus fort pour les États-Unis que pour d’autres ? peut être, mais à la marge.

    Il y a certai­ne­ment une défiance de fond, présence au moins depuis la guerre et depuis De Gaule. Je l’in­ter­prète comme l’ha­bi­tude de la France d’ai­mer jouer le David contre Goliath. La France est petite et fière, les États-Unis dominent et ont un côté un peu impé­ria­liste par moment. Un peu comme le ressen­ti­ment du cadet par rapport au frère aîné.

    Je crois quand même qu’il s’est passé une chose suite au 11 septembre et à la guerre en Irak. La France a eu des discours qui ont flatté l’égo et la posi­tion morale des Français. D’ici on a eu l’im­pres­sion d’un déver­se­ment de haine de la part de la presse améri­caine (et je parle bien de la presse, pas forcé­ment des améri­cains). J’exa­gère à peine si je dis avoir lu un peu partout les Français être trai­tés de singes lâches et fainéants mangeurs de grenouilles.

    Les choses se sont calmées mais je m’étonne encore quand je trouve un discours posi­tif sur la France dans la presse améri­caine. La dernière fois c’était dans le New York Times, un article de Paul Krug­man. La chose m’a semblé si rare et éton­nante que je m’en rappelle spéci­fique­ment à cause de ça.

    Je ne dis certai­ne­ment pas que l’ex­pli­ca­tion se tient là, ou même que l’at­ti­tude française y trouve une quel­conque justi­fi­ca­tion, mais peut être que ça joue un peu quand même : L’image un peu dorée qu’on pu avoir les USA a été cassée à ce moment là. Chaque fois que les États-Unis semblent agir en domi­nant ou en donneur de leçons dans le monde, il y a peut être du coup un peu plus de réac­tion en France qu’ailleurs (même si côté donneurs de leçon, la France est loin de lais­ser sa part).

    C’est peut être encore plus vrai quand on parle de modèle écono­mique, et on « redé­couvre » régu­liè­re­ment dans la presse française que le modèle libé­ral-social améri­cain n’est peut être pas si idéal que ça pour les gens qui y vivent. Tout en crachant allè­gre­ment sur son État, ses services publics, ses fonc­tion­naires, ses « assis­tés », le français reste très atta­ché à son modèle social et réagit assez verte­ment à toute poten­tielle remise en cause.

    Voilà ce qui peut permettre une parole un peu plus « libre » vis à vis des États Unis, mais je reste à penser que si Rudy avait été dans un autre pays, il aurait eu le même ressenti vis à vis de ce pays là.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Timo­thy Vogel

  • Termi­nai­son d’ap­pel et débit asymé­trique

    Termi­nai­son d’ap­pel et débit asymé­trique

    Je ne sais pas où ça a commencé mais il y en a un qui mérite des baffes. Fiction.

    Hier le rapport de force a pris un tour­nant inat­tendu. Youtube a coupé l’ac­cès aux abon­nés SFR, ou plutôt a telle­ment ralenti les débits qu’il est impos­sible de regar­der une vidéo.

    Le distri­bu­teur de vidéo se plaint d’un nombre gran­dis­sant de requêtes venant de SFR, nombre qui dépas­se­rait le raison­nable. La tension est montée à un niveau insou­te­nable il y a plusieurs mois, date à laquelle les abon­nés fibre SFR ont pu télé­char­ger à 1 Gb/s.

    Décryp­tage : Quand vous regar­dez une vidéo sur Youtube, SFR demande la vidéo à Google et la trans­met direc­te­ment à l’abonné – actuel­le­ment sans rien payer pour l’ac­cès à la vidéo.

    Non seule­ment le nombre de requêtes augmente mais en plus avec la fibre ce sont des vidéos très haute qualité qui sont deman­dées, très goinfres en bande passante. Le cas des mobiles avec une connexion inter­mit­tente et de faible qualité pose aussi problème.

    Youtube rappelle qu’il gère un service gratuit, déjà défi­ci­taire, avec « un réseau que SFR conti­nue à surchar­ger sans y contri­buer finan­ciè­re­ment ».

    L’abon­ne­ment inter­net SFR clas­sique coûte 29,90 € par mois et monte jusqu’à 45 € par an. Aucun rever­se­ment n’est fait aux diffé­rents four­nis­seurs de services et conte­nus qui enri­chissent la plate­forme, lais­sant ces derniers finan­cer seuls rede­vables des coûts d’in­fra­struc­ture et de bande passante néces­saires.

    Rien que pour Youtube – prin­ci­pal appor­teur de contenu des FAI – on a estimé le coût de bande passante à 400 millions en 2010. Ce coût a augmenté expo­nen­tiel­le­ment depuis.

    Faut-il impo­ser aux FAI une contri­bu­tion aux gros four­nis­seurs de services pour payer la bande passante et les conte­nus ? Le modèle de la contri­bu­tion des chaînes de télé­vi­sion aux studios de cinéma a déjà été évoqué.

    Les FAI qui veulent faire payer les gros four­nis­seurs de contenu à cause du trafic injecté dans leur réseau se tirent une balle dans le pied. Ils oublient que le rapport de force n’est pas forcé­ment à leur avan­tage sur le long terme, et que la situa­tion peut tout à fait s’in­ver­ser à l’ave­nir.

    En fait ça commence déjà : Les ayants-droits cherchent déjà à impo­ser une contri­bu­tion obli­ga­toire aux FAI pour « parti­ci­per à la créa­tion des conte­nus qui enri­chissent leurs offres »

    Ne pas oublier que quand Youtube « injecte » du trafic dans le réseau du FAI, c’est en fait qu’il répond à une requête du réseau du FAI. S’il y en a un des deux de respon­sa­ble…

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Hendrik Terbeck

  • Mon libraire n’est pas un super­mar­ché

    Mon libraire n’est pas un super­mar­ché

    • Il y a des librai­ries de bandes dessi­nées, qui font le choix de ne pas vendre de romans.
    • Il y a des librai­ries de romans, qui font le choix de ne pas vendre d’es­sais poli­tiques.
    • Il y a des librai­ries de polars, qui font le choix de ne pas vendre de science-fiction.
    • Il y a aussi des librai­rie qui font le choix de ne pas avoir d’éro­tique, ou de reli­gieux, ou d’édi­teurs avec des mauvaises condi­tions commer­ciales, ou…

    Et c’est très bien comme ça. Chaque commerce fait ses propres choix, construit son offre, son marke­ting. Mon libraire n’est pas un super­mar­ché qui vend n’im­porte quoi (cela étant dit, même les super­mar­chés font ce genre de choix).

    Non ce n’est pas un refus de vente

    Et en consé­quence, Non, un libraire n’a aucune obli­ga­tion de vendre quoi que ce soit, pas plus qu’un autre commerce (sauf à avoir pris un enga­ge­ment contrac­tuel parti­cu­lier en ce sens, mais c’est une autre histoire).

    Non, que le libraire refuse de vendre le livre X ou Y n’est pas un refus de vente, c’est un choix dans son offre. La notion de refus de vente est là pour proté­ger le client d’un arbi­traire :

    Rien n’oblige un commerçant à propo­ser à la vente un quel­conque bien ou service mais s’il le fait, il ne pourra pas vous en refu­ser la vente. Vis à vis de la loi, un libraire est un commerçant comme un autre, qui peut donc tout à fait ne pas propo­ser certains livres à la vente.

    Non ce n’est pas de la censure

    Est-ce de la censure alors ? Tout dépend de la défi­ni­tion que vous y appor­tez. En géné­ral quand c’est un choix volon­taire sans pres­sion on parle de choix édito­rial, la censure étant une acti­vité sous contrainte exté­rieure.

    Il faudrait aussi regar­der pourquoi le livre est exclu de la vente. Si c’est pour des ques­tions commer­ciales ou pour des ques­tions de qualité litté­raires, il est diffi­cile de parler de censure. La ques­tion ne reste que si c’est réel­le­ment pour exclure une idée ou une parole.

    Et même là, chaque libraire garde heureu­se­ment son choix de ce qu’il cautionne et de son marke­ting. Le problème ne commence que quand ce libraire a un poids tel que l’ex­clu­sion d’un livre en limite signi­fi­ca­ti­ve­ment l’ac­ces­si­bi­lité. En gros on parle d’Ama­zon, d’Apple (pour le numé­rique), de la Fnac, et c’est peut être tout. Éton­nam­ment, si ça râle sur les libraires qui ne veulent pas vendre le livre de V. Trier­wei­ler, on entend moins les gens sur Amazon qui refuse de vendre les livres critiques sur lui-même, ou Apple qui refuse l’éro­tique.

    Cela dit, concer­nant ce livre de Valé­rie Trier­wei­ler, les libraires sont surtout très hypo­crites quand ils annoncent ne pas vouloir le vendre.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Cait­lin ‘Cai­ty’ Tobias

  • Ne pas vouloir ou ne pas pouvoir ?

    Ne pas vouloir ou ne pas pouvoir ?

    J’ai vu passer des photos d’af­fiches mises par les libraires à propos du livre de Valé­rie Trier­wei­ler. Ça va de « La librai­rie n’a pas voca­tion à laver le linge sale de Madame Trier­wei­ler » à « Nous sommes libraires. Nous avons 1001 livres. Nous n’avons pas voca­tion à être la poubelle de Trier­wei­ler et Hollande. ‘Merci pour ce moment’ de compré­hen­sion. »

    Il y a peu de jours j’ap­prends aussi que parfois les sorties de titres à scan­dale sont sous embargo. Le libraire doit consti­tuer son stock sans connaitre ni le contenu ni même le titre ou l’au­teur. Ça se fait unique­ment dans la confiance dans les esti­ma­tions de l’édi­teur (c’est à dire dans la non-confiance de l’édi­teur envers ses libraires). Ce fut très proba­ble­ment le cas pour le livre de Valé­rie Trier­wei­ler.

    Bref, très proba­ble­ment les libraires ont pris le risque (ou pas) de comman­der avant de savoir ce que c’était. Quand le livre a fait « boom », il a été épuisé en quelques jours et il était trop tard pour y palier de toutes façons.

    La jolie histoire du libraire qui fait le choix de ne pas distri­buer un livre un peu revan­chard, elle s’éclaire d’une tout autre lumière désor­mais.

    Je ne dis pas que pour certains ce puisse être un vrai choix de déga­ger de la litté­ra­ture orien­tée romans et non des brûlots poli­tiques, mais dans l’en­semble, ça ressemble surtout à une habile manière hypo­crite d’ex­pliquer qu’ils n’en ont pas en stock et que malheu­reu­se­ment le livre est épuisé, qu’ils en ont marre qu’on leur demande ce qu’ils ne +p+euvent pas vendre.

    Une réim­pres­sion est relan­cée mais l’his­toire va se répé­ter. Pour l’ins­tant c’est encore les premiers jours, quasi­ment personne ne l’a lu. Les gens l’achètent parce qu’on en parle, sans savoir. Rien ne dit que l’in­té­rêt subsis­tera dans quinze jours quand l’ac­tua­lité sera passée à autre chose et que le bouche à oreille commen­cera à parler du contenu réel. Il serait normal que les libraires indé­pen­dants hésitent à comman­der du stock sur la réim­pres­sion à venir, quitte à rejouer le même scéna­rio.

    Entre temps… il est dispo­nible en numé­rique, chez tous ceux qui font du numé­rique (éton­nam­ment, là où la vente est possible, personne ne colle d’af­fiche comme quoi ils ne veulent pas le faire).

    D’un autre côté, notez que OUI, le libraire choi­sit les ouvrages qu’il commande, et c’est bien normal. Le stock coûte cher, les inven­dus aussi, la place est limi­tée. Bref, même s’il voulait faire autre­ment, le libraire choi­sit ce qu’il a en maga­sin (et donc ce qu’il vend). Mis à part Amazon (et encore), même les très gros libraires en ligne avec de gros entre­pôts ont cette problé­ma­tique de choix. Il y a une alchi­mie entre prévoir ce qui se vendra, déga­ger une couleur édito­riale, et mettre en avant des coups de coeur.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par JOSE VICENTE JIMENEZ RIBAS

  • Bulle immo­bi­lière

    Bulle immo­bi­lière

    Le coût monte à une vitesse folle d’un coup. Ce ne peut pas être qu’une consé­quence de la rareté ou de la diffi­culté de produc­tion, pas avec une telle pente.

    Imagi­ner que des aides à la construc­tion, à la loca­tion ou à l’achat règle­ront quoi que ce soit est un rêve dange­reux. Pour que ça arrive il faudrait augmen­ter d’un coup de manière extrê­me­ment forte le nombre de loge­ment dispo­nible. Comme le coût n’est pas le seul critère, même en défis­ca­li­sant complè­te­ment, ça n’ar­ri­vera pas.

    Entre temps on ne fait que finan­cer la bulle sur des fonds publics, à la plus grande joie des inves­tis­seurs exis­tants.

    Pire : En défis­ca­li­sant la construc­tion, en four­nis­sant des aides diverses et variées, on finance l’in­ves­tis­se­ment des plus riches, sur des fonds publics, sous prétexte que ces riches permet­tront ensuite aux pauvres de louer ce capi­tal créé. Ça peut avoir un symp­tôme posi­tif à très court terme, mais les dégâts seront impor­tants.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Shawn Harquail

  • Vélo élec­trique ?

    Vélo élec­trique ?

    J’hé­site à envi­sa­ger un vélo élec­trique pour les trajets maison-bureau.

    C’est envi­ron 11 km de trajet dont une pente de 1,5 km à 4% et le reste rela­ti­ve­ment plat, en ville aux heures de bureau clas­siques.

    Bonus si je peux y mettre un siège enfant (3 ans, grand pour son âge) pour le poser à la crèche sur le passage (en gros 1km à faire en commun) mais je suis preneur même sans.

    Pas de critère de prix à priori mais je vise plutôt le confort et le durable que le pas cher.

    Qu’a­vez-vous comme conseils ?

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Rob Chan­da­nais

  • Hygiène de sécu­rité

    Hygiène de sécu­rité

    Aujourd’­hui on véri­fie la sécu­rité.

    Les services en ligne « sensibles »

    Même en ne gardant que le prin­ci­pal, il faut penser à :

    • votre boite email (qui sert à la récu­pé­ra­tion des mots de passe de tous les autres comptes),
    • votre service de nom de domaine,
    • celle de secours (qui sert à la récu­pé­ra­tion du mot de passe de la boite prin­ci­pale),
    • votre service de backup,
    • vos services de stockage ou synchro­ni­sa­tion en ligne,
    • votre héber­geur de serveur en ligne si vous en avez.

    [ ] La première étape c’est s’as­su­rer d’avoir des mots de passe « sûrs ». Ça veut dire suffi­sam­ment longs et complexes.

    Suivant les préfé­rences c’est au moins huit carac­tères aléa­toires entre chiffres lettres et symboles, au moins 12 carac­tères avec des lettres rela­ti­ve­ment aléa­toires, ou au moins 15 carac­tères mini­mum si vous avez des suites de mots communs.

    Le l34t sp33k, l’in­ver­sion des carac­tères, l’ajout d’une année, et globa­le­ment la plupart des varia­tions auxquelles vous pour­riez penser sont testables en moins de quelques minutes donc n’ajoutent pas de complexité signi­fi­ca­tive.

    [ ] Seconde étape, s’as­su­rer que ces mots de passe sont uniques et vrai­ment diffé­rents (pas de simples varia­tions du même).

    Au grand mini­mum, s’as­su­rer d’avoir un mot de passe pour les services très sensibles diffé­rent du mot de passe que vous tapez tous les jours pour les services moins impor­tants. Ce mot de passe sensible ne devra être tapé que dans des espaces correc­te­ment sécu­ri­sés.

    [ ] Quand vous le pouvez, acti­vez l’ »authen­ti­fi­ca­tion en deux étapes ». C’est possible au moins pour Google, Gandi, Drop­box, iCloud. C’est fran­che­ment peu gênant vu la sécu­rité que ça apporte, ne pas le faire est limite une faute.

    [ ] Les « ques­tions secrètes » pour récu­pé­rer des comptes dont vous avez oublié les mots de passe sont de vraies plaies pour la sécu­rité. En géné­ral il est très facile d’en trou­ver la réponse.

    À vous de voir si vous préfé­rez tricher et mettre de fausses réponses (au risque de ne pas vous en souve­nir) ou si vous avez une grosse faille à cet endroit là. C’est le moyen d’ac­cès de la plupart des usur­pa­tions courantes.

    L’ac­cès depuis vos postes

    Tablette, télé­phone (même les « pas smart »), micro-ordi­na­teur, NAS de la maison…

    [ ] Tous doivent avoir un mot de passe à l’al­lu­mage et à la sortie de veille. Tous, pas d’ex­cep­tion.

    Sur les smart­phones et tablettes vous avez parfois la possi­bi­lité de mettre un « schema ». Ça fonc­tionne assez bien et c’est plutôt simple à déver­rouiller. Si vous n’avez pas d’autre choix, utili­sez le code PIN.

    Pour les autres les mots de passe doivent respec­ter les mêmes règles que pour les services en ligne.

    [ ] Tous ceux qui le peuvent doivent avoir un disque chif­fré. Micro-ordi­na­teurs, tablettes et smart­phones le permettent quasi­ment tous.

    Le coût en perfor­mance ou en batte­rie est quasi­ment nul sur les proces­seurs des 5 dernières années qui ont des circuits dédiés pour ces calculs.

    Sans ça n’im­porte qui avec très peu de connais­sances infor­ma­tiques peut passer outre votre mot de passe.

    Parfois il existe une procé­dure de récu­pé­ra­tion si jamais vous oubliez vos mots de passe, de façon à déver­rouiller le disque. Sur Apple par exemple ça utilise le compte iCloud. Dans ces cas, le compte utilisé pour la procé­dure de récu­pé­ra­tion doit être consi­déré comme sensible avec les mêmes règles que plus haut.

    [ ] Les mises à jour sont confi­gu­rées pour être télé­char­gées auto­ma­tique­ment, et instal­lées dès qu’elles sont dispo­nibles.

    [ ] Si vous enre­gis­trez vos mots de passe dans votre navi­ga­teur pour ne pas les ressai­sir à chaque fois, ce dernier doit avoir un « mot de passe maître ».

    Si en plus ces données sont synchro­ni­sées en ligne, le mot de passe qui gère le compte de synchro­ni­sa­tion doit être consi­déré comme sensible avec les mêmes règles que plus haut.

    [ ] Vous avez une poli­tique de backup auto­ma­tisé et testé pour toutes vos données impor­tantes. Bien entendu le compte qui permet d’ac­cé­der aux données de backup est à consi­dé­rer comme sensible.

    La machine qui reçoit les backup doit avoir un disque chif­fré et si vous faites appel à un service tiers le chif­fre­ment des données doit se faire côté client pour que le pres­ta­taire ne puisse pas déco­der les données.


    Tout ça est un mini­mum, main­te­nant imagi­nez quelqu’un qui connait la réponse à la ques­tion secrète de votre opéra­teur télé­pho­nique. À partir de ça il peut réini­tia­li­ser le mot de passe pour accé­der à votre compte. Là il a une inter­face pour lire et écrire des SMS. Il demande alors la réini­tia­li­sa­tion du mot de passe de votre boite email prin­ci­pale, qui se fait via SMS. À partir de là il réini­tia­lise le mot de passe de votre service de stockage en ligne, de backup, et de votre banque. Le voilà avec de quoi récu­pé­rer vos photos, même si vous les avez effacé, et peut être même de quoi faire des vire­ments. Situa­tion fictive mais on a vu des attaques bien plus inven­tives.

    Si vous avez lu jusqu’au bout (sérieu­se­ment ?) je suis curieux de savoir quelle propor­tion de ces bonnes pratiques vous vali­dez, ou si vous respec­tez tout en détail pour l’in­té­gra­lité de vos maté­riels et comptes sensibles.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Steve Crane