Catégorie : Politique et société

  • Alors les Français cesse­ront de chan­ter ce refrain terrible

    Enfants, que l’Hon­neur, la Patrie
    Fassent l’objet de tous nos vœux !
    Ayons toujours l’âme nour­rie
    Des feux qu’ils inspirent tous deux !
    Soyons unis ! Tout est possible ;
    Nos vils enne­mis tombe­ront,
    Alors les Français cesse­ront
    De chan­ter ce refrain terrible.

    Quin­zième et dernier couplet de la Marseillaise

    Je ne connais­sais pas ce dernier refrain, n’ayant je pense appris que les six premiers à l’école. Je n’ar­rive pas bien à savoir à quelle date il a été ajouté et par qui mais je le trouve inté­res­sant.

    Il donne un espoir de fin, et en même temps cette même marche est sacra­li­sée comme hymne intem­po­rel, comme si l’his­toire de France se devait de faire perdu­rer son côté guer­rier et qu’on n’était pas capables de se recons­truire sur d’autres valeurs.

    Je n’ima­gine personne aujourd’­hui avec le courage poli­tique de dire que, sans nier le passer, il serait temps de cesser de chan­ter ce refrain terrible et de lier notre nation à d’autres aspi­ra­tions.

  • Néces­site et respect des lois

    Je suis convaincu qu’on peut justi­fier des torts et des actes illé­gaux par l’ur­gence et/ou l’im­por­tance de notre objec­tif. C’est d’ailleurs le prin­cipe même de l’état de néces­sité et de la légi­time défense dans notre droit.

    Ça se retrouve aussi dans la notion de lanceur d’alerte, ou dans la légi­ti­mité de la presse à publier une infor­ma­tion qui peut faire du tort quand elle a un inté­rêt public suffi­sant.

    Je ne vois pas pourquoi il en serait autre­ment pour les actions mili­tantes. Je me vois très bien braver la loi pour porter aide à des réfu­giés, ou soute­nir ceux qui le font. Je suis convaincu que l’ur­gence clima­tique est telle qu’il faille bous­cu­ler l’ordre établi si besoin.


    Pour autant, je suis toujours prudent et souvent critique vis à vis des actions mili­tantes qui se justi­fient ainsi. Où est la limite si chacun peut s’au­to­ri­ser ce qu’il veut tant qu’il juge en son âme et conscience que sa fina­lité justi­fie les torts causés ?

    Collec­ti­ve­ment, les limites que nous nous fixons c’est juste­ment ce que nous codi­fions dans la loi. C’est vrai autant pour les prin­cipes géné­raux que pour les cas spéci­fiques.

    Il y a toujours possi­bi­lité d’ou­tre­pas­ser ce cadre mais il me parait essen­tiel que la néces­sité de la fina­lité soit d’un bon ordre de gran­deur supé­rieure aux torts causés, et surtout qu’il n’y ait pas moyen d’agir autre­ment. Souvent c’est sur ce dernier critère que le bât blesse.

    À trop faci­le­ment parler d’ur­gence, de néces­sité, de déso­béis­sance civile, nous risque­rions de simple­ment dire que la loi est option­nelle, et qui quiconque peut bien faire ce qu’il veut tant que lui le trouve justi­fié. Je doute que nous y serions gagnants.

  • Usage de jet privé et vie privée

    Pour reprendre une polé­mique récente, les ✅ ok ou ❌ ko pour moi :
    (les exemples sont fictifs)

    ok ✅ Notre premier ministre est actuel­le­ment en dépla­ce­ment à Munich, il a pris un jet privé pour faire l’al­ler-retour dans la jour­née.

    ok ✅ Qui dans les 10 célé­bri­tés les plus atten­dues a pris un jet privée pour venir monter les marches au festi­val de Cannes ?

    ok ✅ Les 10 plus grandes fortunes de France rejettent en moyenne chacun en un mois unique­ment avec leurs jets privés autant qu’un français moyen en 40 ans.

    ok ✅ 40% des PDG du CAC 40 utilisent leur jet privé pour des trajets de moins d’une heure.

    ok ✅ Sur les célé­bri­tés que nous avons étudié, nous avons même iden­tité des trajets en jet pour voir sa femme une nuit, et un aller-retour pour cher­cher une glace sur la côte à 300 km de là.

    ok ✅ Le jet privé du PDG de Geen­peace a été utilisé pour des trajets courts qui ont une alter­na­tive en train à grande vitesse.

    ko ❌ Léon Zitrone utilise deux fois plus son jet privé que l’abbé Pierre, avec deux usages par semaine.

    ko ❌ Voici les dépla­ce­ments récents du jet privé de Léon Zitrone, il est actuel­le­ment à Rodez où vit juste­ment sa fille.

    ko ❌ Léo Zitrone a fait un aller-retour de 300 km en jet privé pour manger une glace au glacier bien connu de Toulouse.


    Dans mes réflexions :

    • Est-ce une personne publique dans le cadre d’un dépla­ce­ment public ou une personne privée dans le cadre d’un dépla­ce­ment privé ou lié à une entre­prise privée ?
    • Si on est dans le domaine privée, l’in­for­ma­tion pose-t-elle un problème de respect de la vie privé ?
    • Si oui, l’in­for­ma­tion a-t-elle un inté­rêt tel dans le débat public, avec ce niveau de détail et l’iden­ti­fi­ca­tion nomi­na­tive, que ça renverse le besoin de vie privée ?

    Il n’y a pas de réponse toute faite, mais si l’idée est que ces usages de jet privé sont néfastes et à empê­cher (ce avec quoi je ne suis pas forcé­ment en désac­cord, il faut juste s’ac­cor­der sur un péri­mètre), c’est dans la loi qu’il faut agir et pas via un lynchage public extra­lé­gal.


    Le premier cas concerne une personne publique dans l’exer­cice d’un mandat public. Le second cas des célé­bri­tés avec une vie publique et une vie privée, dans le cadre d’un événe­ment qui fait partie de leur vie publique.

    Les trois cas suivants obtiennent à mon avis le même impact que les derniers au niveau du débat public (y compris celui de cibler certaines caté­go­ries de personnes) sans avoir besoin de donner des noms ou d’in­di­vi­dua­li­ser qui a fait quoi.

    Le 6ème est nomi­na­tif, précis, mais l’enjeu public me semble suffi­sant rapport au fait qu’on parle d’une asso­cia­tion qui aurait (exemple fictif) un discours contraire aux actes et qui a une place impor­tante dans ce débat public précis.

    Les trois derniers je ne vois pas ce qu’ap­porte de plus le nom ou la loca­li­sa­tion. On pour­rait obte­nir le chan­ge­ment de compor­te­ment indi­vi­duel de x ou de y quant à l’uti­li­sa­tion de leur jet privé mais même en nommant les 20 pires on aurait un impact insi­gni­fiant vis à vis du chan­ge­ment clima­tique lui-même. Le béné­fice d’in­di­vi­dua­li­ser ne me semble donc pas présent au point de géné­rer un préju­dice indi­vi­duel.

    Sauf à vouloir faire justice soi-même (ce que je ne cautionne pas), l’enjeu reste un enjeu collec­tif de chan­ge­ment des compor­te­ments ou des poli­tiques publiques et, même si on souhaite viser spéci­fique­ment les ultra-riches du fait de leur compor­te­ment exces­si­ve­ment toxique par rapport à la moyenne, ça peut être obtenu aussi bien avec des statis­tiques non nomi­na­tives.

  • Même pour les mépri­sables

    Le respect des droits de chacun vaut même pour les personnes détes­tables

    Pas que d’eux, évidem­ment, mais aussi d’eux. Parce que les maux ne s’an­nulent pas, ils s’ad­di­tionnent, mais aussi parce que si on s’au­to­rise à ne pas respec­ter les droits du voisin en jugeant qu’il ne le mérite pas, je m’ex­pose à ce qu’on ne respecte pas les miens le jour où quelqu’un jugera que je ne le mérite pas.

    Ne pas dire « oui mais de toutes façons c’est un salaud » est ce qui diffé­ren­cie l’État de droit de la vengeance arbi­traire et du lynchage public.

  • Donnée acces­sible dans l’es­pace public

    Une donnée acces­sible dans l’es­pace public n’est pas une donnée libre d’uti­li­sa­tion

    Il y a le droit d’au­teur, le droit des bases de données, les règles d’uti­li­sa­tion des données person­nelles, le cas spéci­fique des infor­ma­tions appar­te­nant à l’État, et proba­ble­ment bien d’autres choses.

    La licéité de l’in­for­ma­tion ou de certains usages de l’in­for­ma­tion n’en­traine pas celle d’un autre usage de cette même infor­ma­tion

    C’est parti­cu­liè­re­ment vrai pour tout ce qui est données person­nelles, où chaque trai­te­ment et chaque fina­lité est indé­pen­dante des autres.

    C’est vrai aussi de manière géné­rale : Que la donnée soit utili­sable dans certains cas n’im­plique pas que tout ce que vous en ferez sera forcé­ment légi­time, ni mora­le­ment ni léga­le­ment.

  • 1,5 milliards de retraits auto­ma­tiques

    […] sur les six derniers mois de l’an­née 2021, YouTube a eu à gérer 3,8 millions de conflits ayant pour objet la modé­ra­tion des conte­nus par Content ID. Dans 62 % des cas, les youtu­beurs contes­tant la modé­ra­tion auto­ma­tique d’une de leurs vidéos par le système pour viola­tion de droits d’au­teur sont sortis vainqueurs.

    Droits d’au­teur : en 2021, YouTube a auto­ma­tique­ment traité près d’1,5 milliard de plaintes

    Connais­sant la diffi­culté pour faire recon­naitre les paro­dies, le fait que tout le monde ne se bat pas, et la propen­sion du système à bloquer des vidéos tout à fait légi­times avec des chants d’oi­seau ou des bruits du quoti­dien… ça veut dire que le système retire de façon abusive au moins 2 fois sur 3, proba­ble­ment bien plus.

    Je n’ap­pel­le­rai pas ça un succès. Pas de quoi être fier en annonçant 1,5 milliards de tickets trai­tés. Ça démontre plutôt que tout le système est à revoir.

  • Petit calcul de distance

    Une voie de circu­la­tion est d’en­vi­ron 3 mètres. Mon vélo fait 65 cm de large. En circu­la­tion je navigue à bien 35 cm du bord, parce que je ne suis pas un équi­li­briste et que je tiens à ma sécu­rité. Le cani­veau ne compte pas dans ces 35 cm.

    La conclu­sion logique : Si votre voiture ne déborde pas au moins à moitié sur la voie d’à côté, c’est que vous ne respec­tez pas le mètre de sécu­rité imposé par le code de la route pour un dépas­se­ment.

    S’il y a des véhi­cules en station­ne­ment je m’écarte d’un bon mètre du bord, comme le prévoit le code de la route. Là c’est les 3/4 de la voiture qui doivent être sur la voie d’à côté.

    Si les voitures dépassent sur la voie d’à côté dans les illus­tra­tions, ce n’est pas juste une vue de l’au­teur, c’est vrai­ment ainsi que ça doit être dans la circu­la­tion.

    Notez que le code de la route vous auto­rise à chevau­cher une ligne conti­nue pour ce type de dépas­se­ment. C’est prévu ainsi.

    Hors agglo­mé­ra­tion les voies sont un peu plus larges mais la distance à respec­ter passe à 1,5 mètre. Si le cycliste est sur la voie de circu­la­tion, vous ne pouvez pas le dépas­ser sans mordre sur la voie d’à côté. Jamais.


    Parfois les voies sont un peu plus larges mais mon calcul se base de toutes façons sur des mini­mums.

    La règle géné­rale : Si vous ne débor­dez pas ample­ment sur la voie d’à côté, c’est proba­ble­ment que vous êtes dange­reux pour le cycliste que vous dépas­sez.

    Si c’est impos­sible, atten­dez derrière.

  • Détes­ta­tion et perte de cap

    Le RN a décu­plé sa présence à l’As­sem­blée natio­nale.

    Sur ceux qui se sont expri­més au second tour, 35% du groupe LREM/Ensemble! a préféré voter pour le RN plutôt que de voter pour l’al­liance de gauche NUPES. Il y a même eu des messages en ce sens par certains candi­dats.

    Sur ceux qui se sont expri­més au second tour, 43% du groupe NUPES a préféré voter pour le RN que de voter pour l’al­liance centriste Ensemble!.

    Dans les deux groupe, pas loin de la moitié de ceux qui ont voté au premier tour a préféré s’abs­te­nir de choi­sir entre le RN et son oppo­sant, et lais­ser élire l’ex­trême droite.

    Au-delà de la force de l’ex­trême droite elle-même, il y a un échec histo­rique de la part du reste du paysage poli­tique. Sans adhé­rer aux thèses du RN, à force de calculs court terme, de décla­ra­tions ambigües, de radi­ca­li­sa­tion vis-a-vis du parti d’en face, nombre de mili­tants ont perdu le cap.

    Report de voix au second tour des législatives.

Electeurs Ensemble! pour duel NUPES/RN: 
- Abstention 48%
- Nupes 34%
- RN 18%

Electeurs LR pour duel NUPES/RN:
- Abstention 37%
- Nupes 36%
- RN 27%

Electeurs RN pour duel NUPES/Ensemble!: 
- Abstention 51%
- Ensemble! 25%
- Nupes 18%

Electeurs Reconquête pour duel NUPES/Ensemble!: 
- Abstention 61%
- Ensemble! 24%
- Nupes 15%

Electeurs Nupes pour duel Ensemble!/RN:
- Abstention 45%
- Ensemble! 31%
- RN 24%

    Ce qui me frappe quand j’aborde le sujet, c’est le déni. L’autre est plus respon­sable, et donc parler du sujet de notre côté c’est faire leur jeu. Peu importe quel est l’autre, le discours est le même des deux côtés. Les deux se rejettent la respon­sa­bi­lité ainsi.

    S’il faut faire des compro­mis pour ensuite faire vivre le pays, nous sommes bien mal partis.

  • Absten­tion et diffé­rences de voix

    Dans la 6ème circons­crip­tion de Haute Garonne, le vote s’est joué à trois (3) voix près.

    À Saint-Pierre-et-Mique­lon, la diffé­rence était de dix-neuf (19) voix.


    L’abs­ten­tion et le vote blanc sont légi­times. Je n’ai pas à connaitre vos raisons. Par contre ne venez pas argu­men­ter que votre vote ne compte pas ou de toutes façons ça revient au même.

    Ce n’est pas vrai, ou ça peut ne pas être vrai. Ici ce sont deux cas que j’ai croisé sur les votes d’hier mais ce ne sont pas forcé­ment les mêmes.

  • La moitié de ce que je gagne

    « On me prend la moitié de ce que je gagne »

    Ben je vais vous dire : Pour avoir l’as­su­rance santé, les aides si jamais vous tombez trop bas, l’école, les infra­struc­tures, la sécu­rité, la justice, et tout ce qu’on ne voit pas direc­te­ment … Ce n’est pas cher payé.


    Ça ne règle pas tout. Ça ne dit pas que la situa­tion des plus pauvres est soute­nable ou juste. Ça ne dit pas que la répar­ti­tion des prélè­ve­ment est la bonne. Ça ne dit pas que l’uti­li­sa­tion des prélè­ve­ments est opti­male. Ça ne dit pas que les services eux-mêmes sont effi­caces ou de qualité.

    Pour autant, malgré tout ce qui précède, aujourd’­hui en France, ça n’est pas cher payé, que ce soit pour les plus pauvres (qui ont un niveau de service bien plus impor­tant que ce qu’ils en payent) ou les plus riches (qui profitent large­ment de ce niveau de service acces­sible à tous et qui ont un taux de prélè­ve­ment au final plus faible que les plus pauvres).