Bien entendu que ça peut aider. Mettez des éléments réfléchissants là où on vous voit mal. Ayez des lumières à vélo dès le crépuscule, y compris en ville.
La question n’est pas là. Ce que les illustrations disent c’est que le problème sur la route n’est principalement pas un problème de visibilité, que se focaliser là dessus c’est préférer culpabiliser la victime plutôt que de résoudre le fond.
Le gilet ne protégera pas le cycliste ou le piéton face à un conducteur qui fait n’importe quoi avec son véhicule.
Je ne suis pas fana du terme d’« illibéralisme » qui semble être à la mode pour décrire nos démocraties en chute.
On a un problème de vocabulaire parce qu’on s’interdit de dire qu’on est dans un régime autoritaire ou dans une dictature. C’est un extrême impensable. Parce qu’on voit tout en binaire, ça veut dire qu’on est dans une démocratie, et qu’il faut tenter de trouver un adjectif derrière pour modérer tout ça.
À jouer avec les compromis de vocabulaire, on s’interdit de réfléchir sur les termes et de prendre du recul.
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Les frontières entre démocratie et dictature sont forcément un peu floues et dépendent de ce sur quoi on est strict ou non.
Je suis convaincu que la définition littérale de la dictature inclut beaucoup plus de choses qu’on ne veut bien le croire, et que la définition de la démocratie en inclut beaucoup moins qu’on ce qu’on dit pour se rassurer.
En réalité, peu importe.
On peut aussi tracer un axe avec deux horizons, d’un côté une démocratie fantasmée qu’on n’atteindra jamais parfaitement — si tant est que ce soit possible — et de l’autre une dictature cauchemardesque qu’on n’atteindra jamais non plus parce qu’on pourra toujours imaginer pire.
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Je ne mets pas de graduations à cet axe, pas de milieu qui nécessiterait de débattre pendant trois siècles.
Je ne mets que trois questions :
Est-ce qu’on est bien placés dans l’absolu par rapport à nos aspirations et nos belles paroles ?
Est-ce qu’on est bien placés relativement à nos voisins et à d’autres pays similaires au notre ?
Est-ce qu’on évolue dans le bon sens ?
Je n’ai pas l’impression qu’on soit correctement placés aujourd’hui par rapport à nos aspirations et nos discours. C’est évidemment subjectif. En tout cas on n’y est pour moi.
J’ai l’impression que l’essentiel de nos voisins directs font mieux que nous, et certains voisins plus distants font vraiment vraiment mieux.
Surtout, et c’est bien plus grave, j’ai l’impression qu’on évolue dans le mauvais sens, à une vitesse significative. C’est ça dont nous devrions avoir le plus peur. C’est ça dont j’ai le plus peur.
J’en suis désolé. Je compatis, ça m’est arrivé aussi et je l’ai toujours mauvaise. Je rediffuserai un message avec plaisir s’il y a moyen de le retrouver. Ça arrive.
Je suis par contre très curieux d’en savoir plus, pour comprendre la réalité des vols.
1. Avec quel(s) antivol(s) était-il attaché ? idéalement les modèle exact parce qu’il existe des U, des chaînes et des bordo de résistance très différentes. À défaut, au moins le type (U, chaîne, pliable, fer à cheval, boa, câble simple) et l’épaisseur.
2. Comment l’antivol a-t-il été cassé ? Si c’est avec un coupe boulons, une disqueuse, une scie, en crochetant, en découpant le support, ou encore autre chose. Si vous ne savez pas, parfois ça peut se voir sur la photo de l’antivol ouvert. Sur les pliables c’est intéressant de savoir s’il a cédé à la jonction ou en découpant dans une lame. Sur les U c’est intéressant de savoir s’il y a eu besoin de deux coupes, et si on a l’impression que ça a été pincé (coupe boulons) ou scié. Si c’est le support qui a été cassé, quel était-il ?
3. Où était-il ? Visible ou non ? dans une ruelle ou dans une avenue passante ? à quelle heure ? Est-ce que le vol a eu lieu à la vue de tous ou caché ? Est-ce qu’il y avait d’autres vélos ? plus chers ? moins bien ou mieux attachés ?
4. Quel vélo était-ce ? En terme de prix estimatif, électrique ou pas, en bon état ou pas, etc.
5. Votre assurance a-t-elle accepté la prise en charge ? Quelle est cette assurance ?
Pas de honte. On a tous une fois mal attaché son vélo, voire pas attaché du tout. Parfois par fatigue ou par erreur, parfois en étant un peu trop optimiste. Le responsable sera toujours le voleur, pas vous.
L’idée c’est d’avoir une meilleure vision des risques réels en fonction des antivols et des conditions.
J’en ai marre de voir le taux de prélèvement obligatoire comme un élément horrible, voire comme un objectif à réduire.
Je n’y vois aucun sens.
Je ne vois que trois sujets : la pertinence de la dépense, le choix entre un prélèvement obligatoire et une redevance à l’usage, et la répartition du prélèvement.
Je ne dis pas que privé et public sont équivalents, que la question est inintéressante, mais le taux de prélèvement public n’est pas un élément pertinent dans la discussion. Le jour où on passe la moitié du prélèvement obligatoire en dépense privée, on aura fait bouger ce chiffre sans rien résoudre pour autant.
Je n’ose penser au temps à l’argent qu’on met là dedans. Je ne parle pas des VL elles-mêmes mais de ces réunions de concertation obligatoires.
Ça ne sert strictement à rien. Les pas-contents sont là pour dire qu’ils ne sont pas contents, ce qu’on savait et qu’ils expriment déjà autrement. Les responsables politiques font les réponses qu’ils ont déjà donné vingt fois et que les pas-contents connaissent déjà. Les très-contents disent qu’ils sont très contents, sans vraie innovation, juste pour faire contre-poids et ne pas fausser la représentation.
Les vrais arguments posés, les études, les discussions avec les représentants de x ou de y, tout ça se fait ailleurs.
On encourage juste les gens à râler, mais peut-être est-ce bien l’objet : donner un espace pour que chacun s’exprime, histoire que ça passe et qu’ils voient qu’ils sont écoutés.
La métropole de Lyon a un espace participatif dédié en ligne, et j’ai l’impression que c’est le même topo, avec un contenu encore moins exploitable et encore plus chronophage à dépiler.
C’est obligatoire mais totalement vain. Et si on mettait notre argent, notre temps et nos efforts dans plus utile ?
Non, je ne parle pas des parlementaires et de la représentativité (même si ça pourrait être un bon sujet) mais des deux hémicycles et des « débats » publics qui s’y mènent.
Tout est joué d’avance. Les parlementaires savent déjà quoi voter (quand ils votent). Heureusement d’ailleurs parce que je ne voudrais pas qu’un représentant se fasse une idée en quelques secondes et vote immédiatement tel ou tel texte parce qu’un orateur a bien tourné son intervention sur le moment.
Les vrais débats semblent être en commission, et même là je suppose qu’en réalité le travail de fond ne se fait pas dans l’instant.
Qu’est-ce qui empêche de remplacer nos séances publiques par des allers-retours écrits et votes asynchrones ?
On mettrait fin à l’obstruction parlementaire. Les représentants aurait un espace quasi infini pour s’exprimer. Les votes se feront enfin avec potentiellement tout le monde (ou tous ceux qui veulent voter). Tout pourrait être réellement public et archivé
Ça n’empêche pas l’intervention publique politique. On peut même avoir des temps pour ça, renforcer l’obligation de réponse du gouvernement aux questions des députés (les délais sont aujourd’hui largement dépassés).
Et bon, nos élus savent déjà diffuser des textes et vidéos sur les réseaux, et toucher la presse. Quel bénéfice a-t-on à avoir ce spectacle dans l’hémicycle où chacun joue sa partition comme dans un récital ?
Chaque fois que j’ai vu le sujet abordé par des assistants parlementaires je sais que la réponse a été « le fonctionnement actuel est nécessaire et pertinent » mais je n’ai jamais compris pourquoi. Chaque fois, je comprends un peu moins.
Ça cadre avec tellement de comportements… de la droite réac qui a l’impression de se faire submerger par les étrangers, les « woke » ou les écolos, les automobilistes par les cyclistes, les hommes par le féminisme…
When you’re accustomed to privilege, equality feels like oppression
Certainement. Parfois je pourrais. Je le fais souvent même.
Parfois je ne le fais pas.
On ne peut pas déplorer le comportement des tiers vis a vis des cyclistes et des infrastructures cyclables, le fait d’être régulièrement mis en danger, et dire en même temps qu’il faut passer son chemin silencieusement.
On ne changera pas les choses en faisant avec. Pour changer les choses il faut donner de la visibilité, il faut interpeller lors des problèmes. Il faut refuser le status quo.
Oui, c’est bien du militantisme. Ce n’est pas un gros mot. J’en suis même fier.
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La réalité c’est qu’on a un problème de culture vis-a-vis du vélo.
À force d’accepter que tout le monde occupe les infrastructures cyclables à tout instant en disant que le vélo n’a qu’à s’adapter, on finit par trouver ça normal. Le test du bus n’en est qu’une illustration.
Le cycliste « fait avec », contourne encore un automobiliste arrêté sur la bande cyclable « pour deux minutes », puis un jour un malheureux concours de circonstances fait qu’un camion passe justement à ce moment là. La suite se termine à l’hôpital pour les chanceux, au cimetière pour les autres.
Des histoires comme celle-ci on en a aussi pour les portières ouvertes un peu vite, pour l’absence de vérification des angles morts, pour les sas vélo pas libres, pour les priorités des pistes lors des croisements, pour le respect de la distance latérale lors des dépassements et pour la plupart des faits de tous les jours considérés comme « pas bien grave ».
Ce qui différencie l’infraction banale de la rubrique nécrologique c’est souvent juste un mauvais concours de circonstances que personne ne pouvait prédire.
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Or, justement, je refuse de tout réduire à un mauvais concours de circonstances. Le problème est plus haut, dans la culture et dans la banalisation. Tant qu’on ne résout pas ça, les mauvais concours de circonstances continueront.
Pour changer les choses il faut donner de la visibilité. Il faut interpeller lors des problèmes. Il faut refuser de laisser faire.
Pourquoi est-ce que je ne laisse pas couler tout ce qui est banal ? Parce que c’est justement contre cette banalisation que je lutte.
Le test du bus (ça fonctionne aussi avec un tram), c’est un test pour mettre en lumière les biais vis-a-vis des cyclistes et du vélo dans la perception des conflits routiers.
Le test en lui même est assez simple. Il suffit de rejouer la scène à l’identique en remplaçant le vélo par un bus et les infrastructures dédiées aux cycles par des infrastructures dédiées aux bus. Le cycliste sur sa voie cyclable devient un bus sur sa voie réservée bus (ou un tram sur ses rails).
Une fois la scène rejouée, les fautes qu’on reprochait au cycliste sont-elles toujours reprochées au conducteur du bus ?
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La différence de perception est tellement majeure que, suite à une idée originale d’un américain, certains cyclistes français ce sont mis à faire des montages des vidéos de leur dashcam en ajoutant une image de tableau de bord de voiture ou de bus.
Le résultat est généralement frappant. La même vidéo qui déclenchait une horde de reproches au cycliste génère des commentaires totalement opposés dès qu’on ajoute un tableau de bord en surimpression.
Parfois on va jusqu’à avoir les mêmes commentateurs qui donnent des conclusions opposées suivant la version de la vidéo.
Ça ne fonctionne pas à tous les coups. Nombre de personnes ont tendance à chercher à défendre bec et ongles leur déclaration initiale, et fausser le résultat.
Le coup du tableau de bord en surimpression commence lui aussi à être connu, et le montage basique saute facilement aux yeux pour qui fait un minimum attention.
Il reste qu’en général se demander « et si ça avait été un bus ? » (ou un tram) permet de montrer de vrais biais, et de démonter beaucoup d’inversions de responsabilité.