Catégorie : Politique et société

  • Absten­tion et diffé­rences de voix

    Dans la 6ème circons­crip­tion de Haute Garonne, le vote s’est joué à trois (3) voix près.

    À Saint-Pierre-et-Mique­lon, la diffé­rence était de dix-neuf (19) voix.


    L’abs­ten­tion et le vote blanc sont légi­times. Je n’ai pas à connaitre vos raisons. Par contre ne venez pas argu­men­ter que votre vote ne compte pas ou de toutes façons ça revient au même.

    Ce n’est pas vrai, ou ça peut ne pas être vrai. Ici ce sont deux cas que j’ai croisé sur les votes d’hier mais ce ne sont pas forcé­ment les mêmes.

  • La moitié de ce que je gagne

    « On me prend la moitié de ce que je gagne »

    Ben je vais vous dire : Pour avoir l’as­su­rance santé, les aides si jamais vous tombez trop bas, l’école, les infra­struc­tures, la sécu­rité, la justice, et tout ce qu’on ne voit pas direc­te­ment … Ce n’est pas cher payé.


    Ça ne règle pas tout. Ça ne dit pas que la situa­tion des plus pauvres est soute­nable ou juste. Ça ne dit pas que la répar­ti­tion des prélè­ve­ment est la bonne. Ça ne dit pas que l’uti­li­sa­tion des prélè­ve­ments est opti­male. Ça ne dit pas que les services eux-mêmes sont effi­caces ou de qualité.

    Pour autant, malgré tout ce qui précède, aujourd’­hui en France, ça n’est pas cher payé, que ce soit pour les plus pauvres (qui ont un niveau de service bien plus impor­tant que ce qu’ils en payent) ou les plus riches (qui profitent large­ment de ce niveau de service acces­sible à tous et qui ont un taux de prélè­ve­ment au final plus faible que les plus pauvres).

  • Conflits d’usage de la voie publique

    Je ne comprends pas que des enfants avec leurs parents prennent ces routes et ces carre­fours dange­reux les parents sont incons­cients du moment qu’ils fassent du vélo ils sont capables de tout il y a des limites à ne pas fran­chir pourquoi pas la concorde aux heures de pointe

    Au-delà du troll qu’est l’au­teur qui a rédigé cette phrase, je la retrouve fréquem­ment sous une forme ou une autre : Les parents seraient incons­cients de faire circu­ler à vélo des enfants dans la circu­la­tion.

    Le point inté­res­sant c’est que c’est dit par des auto­mo­bi­listes qui sont la circu­la­tion et le danger en ques­tion.

    À quel point alors ne sont-ce pas les auto­mo­bi­listes qui sont incons­cients de prendre la voiture et créer ainsi du danger pour les enfants qui sont eux aussi usagers des mêmes voies ?

    Derrière ces phrases se cache un parti pris : Pour ces auto­mo­bi­listes, les voitures sont légi­times. Le danger qu’elles repré­sentent aussi. Les voies publiques leurs appar­tiennent et les tiers n’ont qu’à déga­ger.

    Parfois on oublie un peu vite que les vélos, y compris conduits par des enfants, étaient présents sur les voies publiques bien avant les voitures.

  • Varia­tions du serment d’Hip­po­crate

    « Je donne­rai mes soins à l’in­di­gent et à quiconque me les deman­dera. »

    Serment de l’ordre des méde­cins, depuis au moins 1996

    et

    « Je donne­rai mes soins gratuits à l’in­di­gent et n’exi­ge­rai jamais un salaire au-dessus de mon travail. »

    Serments en cours dans plusieurs univer­si­tés

    La phrase, quelle que soit sa forme, ne semble avoir aucune corres­pon­dance dans le serment d’ori­gine.

  • Tarifs de santé conven­tion­nés pour les non-affi­liés CPAM

    Je lis des méde­cins parler de faire payer les étran­gers bien plus cher que les locaux et j’en ai été étonné. Véri­fi­ca­tion faite, les dispo­si­tions de la conven­tion entre les méde­cins et la CPAM ne vaut que pour les affi­liés à la CPAM.

    « En outre, la conven­tion médi­cale béné­fi­cie à toutes celles et ceux dont les risques sont garan­tis par les régimes d’as­su­rance mala­die obli­ga­toire, y compris le régime de la couver­ture mala­die univer­selle et celui des acci­dents du travail et des mala­dies profes­sion­nelles. »

    Conven­tion médi­cale 2016

    Les méde­cins peuvent donc effec­ti­ve­ment faire payer plus cher les patients non couverts par la sécu­rité sociale.


    Quid de l’hô­pi­tal ? Outre les dispo­si­tions de rembour­se­ment et de tiers payant, les non-affi­liés reçoivent-ils une facture d’un montant diffé­rent des affi­liés ? Dans quelle propor­tion ?

  • Un cade­nas pour mon vélo (2022)

    J’avais déjà un peu écrit en 2017, et tout ce qui y était est toujours vrai : Mis à part le futur HipLock D1000, aucun anti­vol ne résiste plus de quelques dizaines de secondes à une disqueuse portable.

    La solu­tion ultime

    Oui, elle semble exis­ter. Le HipLock D1000 est un anti­vol U qui semble résis­tant aux disqueuses. Les tests en ligne montrent qu’il faut plusieurs dizaines de minutes avec de nombreux disques diamants pour décou­per l’an­ti­vol à la disqueuse dans de bonnes condi­tions en atelier. Autant dire que le voleur aura proba­ble­ment aban­donné avant.

    Même avec ça, la sécu­rité sera toujours du même niveau que son maillon le plus faible. Tous les points d’at­tache ne résis­te­ront pas à une disqueuse et un voleur pourra souvent quand même récu­pé­rer votre vélo dans une camion­nette pour décou­per l’an­ti­vol plus tard chez lui.

    Person­nel­le­ment je n’aime pas les solu­tions ultimes. N’im­porte quel gamin pourra mettre un chewing-gum dans la serrure par jeu ou par malice et je ne pour­rai plus moi non plus récu­pé­rer mon vélo. Gênant…

    Le lieu sécu­risé

    La solu­tion plus réaliste pour moi c’est d’at­ta­cher le vélo dans un lieu où la découpe d’un anti­vol U risque de faire inter­ve­nir des tiers pour l’em­pê­cher de repar­tir avec le vélo.

    Il faut un anti­vol U haut de gamme, ceux qui mettent au moins 30 secondes à être décou­pés.

    Pour le lieu, la pleine rue ne fonc­tionne malheu­reu­se­ment pas. Les passants n’in­ter­vien­dront proba­ble­ment pas, la police n’aura pas le temps d’ar­ri­ver jusque là même si elle était à deux blocs de là.

    Il faut un lieu privé, avec des personnes qu’on connait, ou une commu­nauté à laquelle on appar­tient. Un parking privé peut aussi faire l’af­faire si un vigile est juste devant (il peut inter­ve­nir en moins de 30 secondes) ou s’il peut bloquer les sorties.

    Les fameux parkings sécu­ri­sés avec juste des camé­ras ou plusieurs sorties libres ne servent pas à grand chose. On aura une vidéo d’un homme avec une capuche ou une casquette, mais plus de vélo.

    Deux anti­vols plutôt qu’un

    Parce que deux c’est toujours mieux qu’un mais aussi parce que deux U haut de gamme c’est autant à décou­per. Si le temps est un facteur impor­tant et que mon vélo n’est pas hors de prix, le voleur préfé­rera prendre celui d’à côté. L’autre avan­tage c’est aussi que ça permet de sécu­ri­ser les deux roues du vélo.

    Un anti­vol de cadre peut aussi être un bon anti­vol secon­daire à côté du U haut de gamme. Ça demande un peu plus de préci­sion à la disqueuse, proba­ble­ment trop pour que ce soit inté­res­sant. Il faut un gros coupe boulon à côté et ça met de côté les vols rapides avec un seul outil.

    Pour la même raison, un anti­vol à câble en plus du U est poten­tiel­le­ment une bonne idée. Ça ne sert à rien seul — ça se coupe instan­ta­né­ment — mais ça demande un outil diffé­rent de la disqueuse. Ça ne coûte (et ne pèse) rien à ajou­ter.

    La seule option qui me fait un peut douter, c’est le second U de faible section. Celui qui coupe un U haut de gamme aura déjà une disqueuse avec des disques adap­tés et un mauvais U lui pren­dra à peine 10 secondes de plus. Si le vélo vaut le coup, ça ne le gênera pas vrai­ment plus qu’un câble (et peut-être moins s’il n’a qu’une disqueuse à sa dispo­si­tion).

    Un anti­vol U haut de gamme

    À défaut, s’il n’y a qu’un seul anti­vol, le U de meilleure sécu­rité de n’im­porte quelle bonne marque connue devrait faire l’af­faire. Ce n’est pas le meilleur en résis­tance mais le Elops U 900 de Décath­lon a proba­ble­ment le meilleur rapport qualité/prix.

    Certaines assu­rances ne couvri­ront le dommage qu’a­vec une facture nomi­na­tive pour l’achat d’un U certi­fié 2 * par l’ART, 2 roues par la FUB, ou Gold par SoldSe­cure.

    Il faut juste penser à reti­rer les attaches rapides sur les roues si on ne peut pas sécu­ri­ser les deux. Un axe anti­vol est encore mieux. Certains attachent d’ailleurs un câble à leur U pour aller sécu­ri­ser la seconde roue. C’est une option peu chère aussi.

    Un anti­vol autre qu’un U haut de gamme

    « U » ne veut pas dire magique. Un mauvais U ou une mauvaise chaîne ne sont pas beau­coup mieux qu’un gros câble.

    Et, juste­ment, les anti­vols à câble ou les petites chaînes ne valent pas grand chose. Ça se découpe instan­ta­né­ment avec le bon outil.

    Les anti­vols plats pliants type Bordo ont la répu­ta­tion de se faire casser rela­ti­ve­ment faci­le­ment sans outils bien qu’A­bus en note certains à 15/15 en résis­tance. Par prin­cipe de précau­tion, je les mets dans la case « à éviter ».

    Et des acces­soires

    En plus des axes anti­vol, on peut aussi reti­rer l’at­tache rapide pour la selle. Tout ce qui s’at­tache avec une vis sur le cadre peut aussi proba­ble­ment être sécu­risé avec un bête serflex. Tout ça permet­tra au moins d’évi­ter les vols d’op­por­tu­ni­tés par quelqu’un de non équipé.

    Et le bicy­code

    Il est là d’of­fice sur les vélos de 2022 mais parfois il s’agit d’une bête étiquette. Un passage à la gravure opère poten­tiel­le­ment une meilleure dissua­sion chez ceux qui ne sont pas des profes­sion­nels du vol (oui, juste une dissua­sion, ça n’em­pêche pas le vol, ça rend juste légè­re­ment moins facile la revente des vélos de qualité).

    Faites graver vos anciens vélos. Pour 5€, ça serait dommage de se priver.

  • Démo­cra­tie des partis poli­tiques

    Je lis un article de Thomas Guénolé sur l’ab­sence de démo­cra­tie interne à La France Insou­mise.

    Il y a plein de choses inté­res­santes à explo­rer là dedans, sur ce que ça dit des diri­geants du parti, ou de pourquoi les mili­tants ont l’im­pres­sion de vivre du parti­ci­pa­tif alors que les déci­sions sont prises par une oligar­chie, et si cette disso­nance n’est pas le ver dans le fruit.

    Pour autant il y a un fond qui ne semble pas exploré : Je ne crois pas que la démo­cra­tie interne soit un élément néces­saire pour un parti poli­tique.

    L’enjeu d’un parti c’est de propo­ser un plan et une personne pour mettre en œuvre ce plan. La démo­cra­tie c’est de déci­der tous ensemble de ce qu’on choi­sit.

    Savoir comment ce plan a été élaboré et cette personne dési­gnée n’est fina­le­ment pas un enjeu démo­cra­tique à notre échelle. Ce peut-être l’œuvre d’un indi­vidu seul dans le train à son retour de vacances. Ce peut-être l’œuvre d’un collec­tif démo­cra­tique dans un long travail sur plusieurs années éclairé par des experts. Peu importe, c’est le résul­tat qui sert de base au choix démo­cra­tique et sur lequel se fonde notre système poli­tique actuel.


    Je ne cache pas mes affi­ni­tés avec le Parti Pirate qui a lui fait le choix d’avoir une struc­ture avec une démo­cra­tie interne très pous­sée. Ce n’est pas le seul choix possible, pas forcé­ment le meilleur, et d’ailleurs pas forcé­ment le plus effi­cace. Ça corres­pond juste a son ADN et ses aspi­ra­tions.

    Que LFI, LREM et d’autres, fassent le choix d’une autre démarche n’est en rien anti-démo­cra­tique en soi. Tout au plus ça peut permettre d’ou­vrir le débat avec les diri­geants de ces mouve­ments pour comprendre comment ils voient l’exer­cice du pouvoir.

  • La fin, les moyens, et la démo­cra­tie

    J’ai attendu un peu avant d’écrire ce billet sinon il risquait d’être inau­dible.

    Je sors mal à l’aise des moyens de lutte contre le vote d’ex­trême droite autour de moi. Des argu­ments liti­gieux contre la candi­date d’ex­trême droite, des trom­pe­ries pour espé­rer vicier le vote de ses élec­teurs, et des appels à ne pas corri­ger les critiques liti­gieuses envers elle, ou à ne pas poin­ter les problèmes chez son oppo­sant.

    La fin justi­fie-t-elle les moyens ?

    On ne peut pas sauver la démo­cra­tie en viciant l’élec­tion. Cher­cher à ce que certains élec­teurs votent de façon erro­née ou sur la base de mauvaises infor­ma­tions c’est forcé­ment cher­cher à sortir de la légi­ti­mité démo­cra­tique.

    Est-on prêt à usur­per le pouvoir, rompre à avec la démo­cra­tie, si ça permet d’évi­ter le fascisme ?

    Je laisse chacun répondre à cette ques­tion, tant qu’on ne se voile pas la face.

    Ce qui est certain pour moi c’est que dans ce cas on devrait au moins s’abs­te­nir de dire qu’on veut sauver ou défendre la démo­cra­tie. Dans ce cas on devrait au moins s’abs­te­nir de dire que ceux qu’on combat sont un danger pour la démo­cra­tie, la consti­tu­tion ou l’État de droit, parce qu’on ne ferait pas mieux de ce point de vue.

    Mon malaise vient de là : Les mêmes qui prétendent défendre la démo­cra­tie semblent accep­ter d’en sortir eux-mêmes, parce qu’eux ont raison et que les autres risquent d’être majo­ri­taires à avoir tort.

  • Comp­ta­bi­li­ser le vote blanc… mais pas plus

    Encore une péti­tion pour la comp­ta­bi­li­sa­tion du vote blanc. Je ne comprends toujours pas. L’idée de départ est sédui­sante mais dès qu’on fouille…

    Il faudrait comp­ta­bi­li­ser le vote blanc !

    Il l’est. Au dépouille­ment chacun pourra le consta­ter. On décompte aussi préci­sé­ment les votes blancs que les autres votes, avec un compte séparé, public, publié, au vote près.

    Ok, mais comme il n’y a pas de bulle­tin blanc, on ne peut pas voter blanc !

    On peut mettre son propre papier blanc, mais surtout on peut mettre une enve­loppe vide. Une enve­loppe vide est un vote blanc, compté comme tel. Sur les ordi­na­teurs de vote (il en reste malheu­reu­se­ment), le vote blanc fait expli­ci­te­ment partie des choix propo­sés.

    Ok, ils sont comp­ta­bi­li­sés, on peut voter blanc, mais à la TV ils présentent des pour­cen­tages sans les votes blancs !

    Oui, souvent, quoi qu’on voit passer de plus en plus de repré­sen­ta­tions pour mesu­rer l’abs­ten­tion. Le vote blanc est géné­ra­le­ment moins inté­res­sant car assez faible. S’il était de 10 % la TV en parle­rait certai­ne­ment plus.

    Les chiffres sont publics, au vote près. Il est possible à chacun de faire une repré­sen­ta­tion incluant les blancs, ou l’abs­ten­tion, ou ce qu’on veut. J’en ai d’ailleurs vu plusieurs passer.

    Toujours est-il que les chaines de TV sont libres et font bien les analyses avec les répar­ti­tions qu’elles souhaitent. Le problème n’est là ni dans le vote blanc ni dans sa comp­ta­bi­li­sa­tion.

    Oui mais il ne fait pas partie des suffrages expri­més !

    Il est dans les suffrages, comp­ta­bi­lisé. La notion de « suffrage exprimé » est juste une caté­go­ri­sa­tion arbi­traire qui veut dire « suffrages sans les blancs et les nuls ». Dire que ça n’in­clut pas les blancs, c’est une tauto­lo­gie. C’est un peu comme si on se plai­gnait que quelqu’un n’in­clut pas le PCF dans la répar­ti­tion des suffrages de droite.

    Mais du coup il ne sert à rien dans l’élec­tion !

    Oui. C’est même son rôle : Permettre à quelqu’un de ne pas s’ex­pri­mer (mais quand même aller voter, parce qu’on garan­tit le secret de ce choix de vote).

    Si on veut s’ex­pri­mer, il y a des bulle­tins avec des choses expri­mées dessus (pas forcé­ment ce qu’on veut, mais ça c’est discuté plus bas)

    Sauf qu’il exprime quelque chose, il devrait empê­cher l’élec­tion si [le blanc est majo­ri­taire] !

    Ah ? Mais si un élec­teur vote blanc, pourquoi imagi­ner qu’il exprime forcé­ment une volonté de recom­men­cer l’élec­tion ?

    Certains votent blanc par rejet du système lui-même, d’autres par rejet des choix propo­sés, d’autres parce qu’ils ne savent pas se déci­der, d’autres parce qu’ils n’ont pas d’avis, d’autres parce qu’ils ont un avis mais que plusieurs candi­dats leur vont, d’autres parce qu’ils ont une pres­sion sociale pour aller au bureau de vote mais n’ont pas envie de s’ex­pri­mer pour autant, d’au­tres…

    Prêter une inten­tion unique et spéci­fique au vote blanc c’est le prendre pour un bulle­tin avec quelque chose de précis écrit dessus. Ce n’est pas le cas.

    À dire vrai, si quelque chose devait relan­cer l’élec­tion, ce serait plutôt le décompte des votes nuls, soit parce qu’une majo­rité d’er­reurs de vote dénote un problème avec l’élec­tion, soit si on avait une majo­rité de votes expri­mant effec­ti­ve­ment quelque chose de commun même si ce n’est pas dans les choix propo­sés.

    Il faut juste une élec­tion avec de nouveaux candi­dats, ceux là n’ont pas su créer une adhé­sion.

    Outre le problème expli­cité dans le bloc précé­dent : Avec qui ? Qu’est-ce qui fait penser que ces nouveaux candi­dats auront plus d’adhé­sion ?

    Les candi­dats de l’élec­tion sont ceux qui ont gagné les primaires, ou ont eu le soutien de groupes de grande taille, ou sont sortis comme les plus propices dans les sondages dans leur base élec­to­rales. Ce sont objec­ti­ve­ment les meilleurs possibles pour porter les diffé­rentes voix. Pas les seuls, mais objec­ti­ve­ment parmi les meilleurs. Recom­men­cer avec d’autres c’est recom­men­cer avec ceux qui n’at­tei­gnaient même pas ces jalons, qui sont objec­ti­ve­ment moins bons à rempor­ter l’élec­tion et obte­nir l’adhé­sion. Selon toutes proba­bi­li­tés, ils auraient eu des scores encore plus faibles. Ne parlons même pas des élec­teurs qui vote­ront blanc la seconde fois parce qu’ils préfé­raient les candi­dats du premier vote, ou parce qu’ils sont contre l’idée de recom­men­cer l’élec­tion.

    Au bout d’un moment il y aura peut-être rési­gna­tion des élec­teurs à ne pas faire de rejet et à accep­ter un candi­dat, mais si c’est à la seconde ou à la troi­sième élec­tion, le candi­dat de ce moment là sera-t-il vrai­ment meilleur que celui qu’on aurait eu au premier tour et qui avait assez de soutien et d’adhé­sion pour se présen­ter à ce moment là ? Proba­ble­ment pas.

    Mais on ne peut pas accep­ter l’élec­tion d’un candi­dat majo­ri­tai­re­ment rejeté !

    Alors déjà on ne peut pas dire qu’il est majo­ri­tai­re­ment rejeté. Le blanc est loin d’être signi­fi­ca­tif aujourd’­hui, et même s’il l’était on ne sait toujours pas quelle propor­tion de ces blancs exprime un rejet. Juste­ment parce que ces votes sont… blancs.

    Ensuite c’est vicié, surtout sur une élec­tion à deux tours. On trou­vera toujours une coali­tion majo­ri­taire pour empê­cher le favori de gagner. Ça ne veut pas dire que cette coali­tion dégage un avis majo­ri­taire pour quoi que ce soit.

    Oui mais si on ne veut rien dans les choix propo­sés ?

    Comme il y a des opinions très diverses dans la popu­la­tion, tout le monde ne peut pas être en phase avec le choix final et c’est normal.

    La péti­tion actuelle en est une bonne illus­tra­tion. Elle tente de fédé­rer sur le mode « les résul­tats du second tour ne nous conviennent pas ». Soit, mais quand il y a 12 candi­dats au premier tour et 2 au second tour, c’est normal qu’une bonne partie des élec­teurs auraient préféré autre chose. Ça n’est pas une justi­fi­ca­tion pour bloquer le système.

    Si on est mino­ri­taire, alors on prend son mal en patience, et on donne sa voix à celui qui se reproche le plus de ses opinions, même s’il en est très loin (ça sera toujours mieux que quelqu’un qui est encore plus loin). Vous pouvez aussi ne pas voter ou voter blanc, si pour vous le résul­tat ne change rien.

    Si on appar­tient à un courant majo­ri­taire ou qui peut l’être, alors… on présente un candi­dat et on le fait arri­ver au second tour. Si c’est vrai­ment un courant majo­ri­taire, alors pourquoi ne pas le faire ? Les dates d’élec­tion sont connues à l’avance, il y a tout le temps de s’y prépa­rer.

    On aurait pu gagner si on avait été au second tour mais on n’a pas su s’unir…

    Le problème n’est alors pas le vote blanc et le recom­men­ce­ment de l’élec­tion mais le fonc­tion­ne­ment du scru­tin. Il y a de vraies initia­tives pour corri­ger le problème de la disper­sion des voix et du vote utile, dont la propo­si­tion d’uti­li­ser un scru­tin par vote majo­ri­taire.

    Et si on veut vrai­ment tout chan­ger, renver­ser la caste au pouvoir ?

    Réfor­miste ou révo­lu­tion­naire ?

    Réfor­miste, vous vous fédé­rez et faites élire votre candi­dat qui chan­gera tout, via les méca­nismes prévus pour chan­ger le système lui-même.

    Révo­lu­tion­naire, ben il faudra faire la révo­lu­tion, d’une façon ou d’une autre. Faire un vote blanc, recom­men­cer l’élec­tion puis quand même élire le premier à la seconde itéra­tion de l’élec­tion, ça ne va pas trop faire un révo­lu­tion.


    Et même avec tout ça, même si on comp­tait le vote blanc dans les suffrages expri­més, avec une propriété élimi­na­toire s’il arri­vait en tête, avec un blanc qui peine à atteindre 2 ou 5% aujourd’­hui, il est très discu­table d’ima­gi­ner qu’on ait réel­le­ment une majo­rité d’élec­teurs qui voudraient recom­men­cer avec d’autres candi­dats incon­nus, et qui préfé­re­raient ces nouveaux candi­dats. Rien ne le démontre aujourd’­hui, pas même un sondage. L’exemple de la Colom­bie, qui a ce vote blanc élimi­na­toire, ne pousse pas en ce sens.

    Il faut peut-être juste accep­ter qu’on se trouve dans la mino­rité, et jouer le jeu de la démo­cra­tie même quand les déci­sions prises ne sont pas les notres.

  • Cessons les ambi­guï­tés et arrê­tons de tortiller du cul

    Ces décla­ra­tions ambi­guës du « aucun vote pour Marine Lepen » tout en lais­sant la porte ouverte à l’abs­ten­tion sont juste lâches.

    C’est savoir que les deux ne se valent pas du tout, le dire, mais quand accep­ter de lais­ser la pire contrô­ler le pays pour cinq ans histoire de ne pas avoir à expli­ci­te­ment soute­nir Macron.

    Certaines person­na­li­tés poli­tiques jouent à ce petit jeu. Ils connaissent pour­tant l’im­pact de leur parole, ce qu’im­pliquent de tels propos ambi­guës et les consé­quences qu’ils entrainent.

    Ne pas se mouiller c’est le privi­lège de pureté du privi­lé­gié qui fina­le­ment ne subira pas trop les consé­quences du mauvais choix. Tant pis pour les autres. On pourra dire « pas ma faute, je n’ai pas voté pour le pire, moi je reste dans mon drap blanc » en feignant d’ou­blier que l’inac­tion pour­rait bien avoir la même consé­quence.

    Malheu­reu­se­ment, contrai­re­ment à d’autres élec­tions passées, cette année l’is­sue du scru­tin n’est pas actée à l’avance. Tout peut encore arri­ver.

    Les élec­teurs feront bien ce qu’ils veulent. Je n’ai jamais vrai­ment aimé les consignes de vote mais si on choi­sit d’en faire et qu’on a l’im­pact qu’ils ont quand ils font une décla­ra­tion publique, alors on évite ce genre de fausse pudeur.


    La ques­tion n’est pas de savoir si Emma­nuel Macron mérite notre vote, s’il s’ex­cuse du passé, améliore sa poli­tique ou donne des gages à sa gauche. Ce n’est pas de savoir tout ce qu’il fait ou a fait de mal (et il y a pour­tant pas mal de choses à dire).

    On a un seul choix posé et il est magni­fique­ment simple : Est-ce qu’on préfère la poli­tique d’Em­ma­nuel Macron ou celle de Marine Lepen pour diri­ger le pays dans les cinq ans à venir. Tout le reste est digne d’une cours d’école et de batailles d’égos.

    Peu importe que nous ayons déjà joué au barrage il y a cinq ans. Peu importe que ce même choix se répète encore, et pour­rait se répé­ter de nouveau à l’ave­nir. Avoir cinq ans de Marine Lepen n’y chan­gera rien dans le bon sens, au contraire.

    Celui qui sait répondre à la ques­tion posée n’a qu’à prendre 30 minutes dimanche 22 avril pour mettre un bout de papier dans une enve­loppe. Est-ce vrai­ment au-delà de notre capa­cité ou des efforts à four­nir pour la direc­tion du pays ? En face on parle de la vie des gens autour de nous.


    Si vous me lisez, j’es­père que vous savez déjà que non, malgré toutes les critiques légi­times de la poli­tique d’Em­ma­nuel Macron, il n’y a aucun doute que l’al­ter­na­tive soit bien pire.

    Vu leurs décla­ra­tions, les têtes de parti à gauche le savent aussi, sinon ils n’iraient pas quali­fier le vote Lepen comme la ligne à ne pas fran­chir.

    J’ai beau­coup de mal à imagi­ner qu’on se pose vrai­ment la ques­tion à gauche mais, si c’est votre cas, Florent en parle bien mieux que moi même s’il ne donne qu’un petit échan­tillon :


    Acces­soi­re­ment, je trouve très déplacé d’avoir entendu certains à la limite de l’injure récla­mer que tout le monde s’aligne derrière eux au nom du vote utile malgré de très fortes diver­gences (et globa­le­ment les élec­teurs de gauche l’ont fait, moitié de l’élec­to­rat de Jean-Luc Mélen­chon l’a fait au nom du vote utile et pas soutien) jouer désor­mais les prudes à faire de même quand on en est au choix final.