Catégorie : Politique et société

  • Abuser l’usa­ger de services de santé

    Je découvre la présence de « Le guide Santé », dont l’ac­ti­vité prin­ci­pale semble d’abu­ser les usagers de services de santé en four­nis­sant un annuaire pipeauté.

    En gros l’ac­ti­vité c’est :

    • Se connec­ter aux annuaires publics des profes­sion­nels
    • Créer une fiche pour chaque profes­sion­nel, mais en mettant un numéro payant en 08 à la place du numéro réel (exemple)
    • Cher­cher à se posi­tion­ner en première posi­tion dans Google (et ça semble fonc­tion­ner)
    • Lais­ser le client se faire abuser en télé­pho­ner au 08 en pensant que c’est le numéro du profes­sion­nel
    • Empo­cher la mise.

    En lisant le texte affi­ché après le clic sur un lien grisé, sur le côté et en petite ligne, on peut comprendre entre les lignes que le service ne donne pas le numéro réel du profes­sion­nel, mais il est évident qu’une majo­rité de gens se feront abuser.

    Pour moi on est à la limite de la trom­pe­rie, renfor­cée par le fait qu’en visant les services de santé des on vise des personnes qui se lais­se­ront faci­le­ment abuser du fait du senti­ment d’ur­gence, de l’état de santé dimi­nué, voire de la dépen­dance envers la capa­cité à joindre le service recher­ché. Bref, on trompe les plus faible, pour un service sans aucune valeur ajou­tée face à l’an­nuaire exis­tant (et gratuit). Je suis très étonné que ce soit légal, ce ne devrait pas l’être et ça mérite proba­ble­ment une requête à la CNIL pour réétu­dier le cas.

  • « Je pense que l’on n’a plus de presse en France »

    Je pense que l’on n’a plus de presse en France

    Je ne sais que rajou­ter au billet de David et à cette cita­tion, si ce n’est que ce n’est pas nouveau mais proba­ble­ment bien plus vrai en France qu’ailleurs (au moins par rapport aux pays que je connais).

    Il y a quelques tenta­tives et Media­part, avec tous ses défauts, fait partie de celles ci au point de deve­nir un indis­pen­sable telle­ment il y a manque, mais cela ne suffit pas. Le pire n’est même pas le côté people, mais bien la presse poli­tique et le manque d’ana­lyse critique des actua­li­tés.

  • Presse hypo­crite

    Magni­fique répar­tie d’un blogueur de l’Ex­press. Je fais pour une fois une cita­tion assez exten­sive, parce que l’iro­nie veut que le blogueur critique en fait les atti­tudes de sa plate­forme hôte (Express Your­self). Je ne mettrai pas ma main au feu que ce contenu reste en ligne.

    [Les éditeurs de presse alimentent] une grande partie de vos conte­nus édito­riaux par des sources gratuites ou deman­dant bien peu d’in­ves­tis­se­ments (par exemple en « bâton­nant » des dépêches de l’AFP)? Un exemple: les contri­bu­teurs du Plus du Nouvel Obs ou d’Ex­press Your­self ne sont pas rému­né­rés pour la majo­rité d’entre eux. Ne sont pas non plus rému­né­rés les blogueurs invi­tés sur le site de Marianne. Le Figaro se montre plus cynique encore: les tribunes (rédi­gées gratui­te­ment par des poli­tiques, cher­cheurs, person­na­li­tés…) sont en accès payant!

    Pour­tant, tous ces textes se retrouvent régu­liè­re­ment en Une des sites d’in­fos, au milieu des articles rédi­gés par des jour­na­listes qui, eux, sont rému­né­rés. De même, contrai­re­ment à la pratique que l’on retrouve dans bon nombre de médias inter­na­tio­naux, les experts, cher­cheurs, sondeurs, poli­to­logues, écono­mistes ou autres spécia­listes que vous faites inter­ve­nir pour obte­nir une analyse exté­rieure sur un sujet donné ne sont pas rému­né­rés non plus. Un spécia­liste inter­ve­nant sur le Mali dans un média français le fait pour la gloire. Mais si ce spécia­liste four­nit la même analyse sur Al-Jazeera, il sera alors rému­néré (cela vaut égale­ment pour une inter­ven­tion dans un média anglo-saxon).

    Bref, les éditeurs de presse profitent de conte­nus tiers en ayant au mieux une acti­vité d’in­dexa­tion ou de mise en valeur, rému­né­rant par la visi­bi­lité qu’ils offrent, sans rever­ser de recette aux produc­teurs de ces conte­nus. C’est fina­le­ment exac­te­ment ce qu’ils reprochent à Google. Pire, les conte­nus pour lesquels les éditeurs de presse souhaitent une rému­né­ra­tion de Google, sont en grande partie récu­pé­rés gratui­te­ment au départ. Cohé­rence quand tu nous tiens…

    Sentez-vous l’iro­nie?
    Et que répon­dez-vous à ces contri­bu­teurs qui vous four­nissent une part non négli­geable de votre contenu édito­rial qui auraient l’ou­tre­cui­dance de récla­mer une rému­né­ra­tion? « Votre rému­né­ra­tion est la visi­bi­lité que nous vous offrons ». Soit. Mais cela ne vous empêche pas de récla­mer à Google de l’argent au prétexte que le moteur de recherche se fait de l’argent sur vos conte­nus (dont une partie, rappe­lons-le, vous est appor­tée gratui­te­ment).

  • Délais judi­ciaires

    Il s’était en effet écoulé 26 mois en la saisine du Conseil et le rendu du juge­ment par un juge dépar­ti­teur. L’Etat condamné mais qui, à ce jour, n’a pas encore payé ! [8 mois après]

    Bon, le titre de l’ar­ticle lui-même ne m’in­té­resse pas, mais comment consi­dé­rer que nous faisons ce qu’il faut pour proté­ger le faible du fort quand un juge­ment au prud’­hommes prend plus de deux ans ? Si même l’État n’exé­cute pas les juge­ments, là c’est que notre système judi­ciaire est défi­ni­ti­ve­ment malade de manque de moyens ou de person­nel.

  • Le revenu annuel des 100 personnes les plus riches suffi­rait à éradiquer quatre fois la pauvreté

    Bon, je ne suis pas capable de véri­fier l’af­fir­ma­tion, mais ce ne serait pas éton­nant non plus.

    Le revenu net des 100 milliar­daires les plus riches s’éle­vait en 2012 à 240 milliards de dollars, ce qui suffi­rait à éradiquer quatre fois la pauvreté extrême

    Même si c’est vrai, le calcul n’en­traine pas de conclu­sion simpliste. Redis­tri­buer cet excès pour lutter contre la pauvreté n’est pas forcé­ment faisable. Ce qui est certain c’est que la situa­tion n’est pas tenable éthique­ment. Comment croire qu’il est légi­time pour certains de gagner des sommes fara­mi­neuses quand d’autres meurent de faim. Le « mérite » va-t-il jusque là ? Les pauvres ont-ils vrai­ment moins de mérite ?

    À défaut de grande révo­lu­tion, dont je ne crois pas au béné­fice, je crois véri­ta­ble­ment à une taxa­tion très forte au delà de certains reve­nus ou de certains béné­fices (je parle donc aussi des entre­prises), voire à un plafon­ne­ment.

  • Accoyer prend posi­tion contre le cumul des mandats

    La presse nous donne chaque jour de quoi appré­cier l’hon­nê­teté et la cohé­rence poli­tique. Aujourd’­hui Bernard Accoyer prend posi­tion contre le cumul des mandats (enfin certains cumuls, pas tous) :

    [Il] juge que le cumul d’un mandat natio­nal avec un mandat local est « une de ces lour­deurs qui para­lysent le pays ».

    […]

    « Je suis favo­rable au main­tien du cumul de mandats sans respon­sa­bi­lité exécu­tive locale, c’est-à-dire conseiller muni­ci­pal, conseiller géné­ral. Mais une respon­sa­bi­lité exécu­tive crée une confu­sion, et nous sommes le seul pays à avoir cela ? »

    […]

    Il a jugé que la « levée de boucliers » des parle­men­taires à l’époque était notam­ment due au fait que beau­coup d’entre eux cumu­laient avec des mandats locaux. Le projet dimi­nuant les recettes des collec­ti­vi­tés locales, les dépu­tés le refusent puisqu’ils sont souvent, à la fois élu natio­nal et élu local. […] pour 5 milliards d’eu­ros au moins chaque année, [l’État] supporte cette ambi­guïté, ce conflit d’in­té­rêts »

    La posi­tion est vu comme « moderne », même si elle accepte encore un cumul entre local et natio­nal. Éton­nam­ment l’élu affiche bien depuis main­te­nant vingt ans le cumul des fonc­tion natio­nales de député et des fonc­tions exécu­tives locales de maire d’An­necy-le-vieux. Mieux, en paral­lèle il a même été président du groupe majo­ri­taire à l’As­sem­blée pendant trois ans et président de l’As­sem­blée pendant cinq, cumul proba­ble­ment encore plus diffi­cile à tenir, au point d’ailleurs de puiser dans sa réserve de président de l’As­sem­blée pour finan­cer un projet de sa commu­nauté de commune.

    Donc il agit consciem­ment et sans visi­ble­ment y trou­ver à redire avec une action propre à para­ly­ser le pays et en créant ambi­guité & conflit d’in­té­rêt.

    Alors quoi ? Je vous propose de choi­sir :

    • Propo­si­tion 1 : Il ne croit pas un instant ce qu’il dit, mais ça donne une bonne image de lui dans l’opi­nion
    • Propo­si­tion 2 : Il ne croit pas un instant ce qu’il dit mais c’est une bonne opéra­tion poli­tique pour mettre X ou Y en diffi­culté ou se déta­cher de X ou Y groupe d’in­fluence
    • Propo­si­tion 3 : Il croit ce qu’il dit, mais consi­dère que ça ne s’ap­plique pas à lui
    • Propo­si­tion 4 : Il croit ce qu’il dit, mais consi­dère qu’il en « a le droit » et qu’il est là pour profi­ter au plus possible, pas pour être gentil

    Notez que les propo­si­tions ne sont pas toutes exclu­sives les unes des autres, mais qu’au­cune ne me donne envie de lui pour me repré­sen­ter.

  • Mariage pour tous, vrai­ment tous

    J’ai vu dans des argu­ments de débat « et si plus tard certains veulent se marier à trois au nom du mariage pour tous ? ».

    La ques­tion ne se pose pas, c’est « non ». Pour autant je trouve que la ques­tion n’est pas si mauvaise. Je ne vois pas en quoi trois personnes qui veulent s’unir soit plus « mal » que deux ni pourquoi on cher­che­rait à les en empê­cher. Sauf qu’ainsi on peut aller loin. On peut parler de douze personnes, ou même un mariage avec un chat. Quelle est la limite ? En quoi serait-ce plus « mal » fina­le­ment ?

    Mon problème c’est que je n’ai pas de réponse, ou plutôt je ne vois pas vrai­ment de néces­sité à en cher­cher ou à en trou­ver une. Je n’en ai simple­ment rien à faire et plus j’avance plus le mariage est une ques­tion privée dont l’État ne devrait simple­ment pas se mêler. Et si certains souhaitent se sentir mariés à leur chat, grand bien leur fasse.

    Mais alors, c’est quoi le mariage ?

    Trois parties au mariage : La partie « famille pour élever un enfant », la partie « union civile entre deux personnes, avec tout un tas d’en­ga­ge­ments mutuels légaux », et l’as­pect reli­gieux.

    La partie « famille » est déjà vide. On élève des enfants hors mariage et les mariages recom­po­sés posent déjà des problèmes sérieux de respon­sa­bi­lité paren­tales (non) parta­gées. Bref, aban­don­nons l’idée que le mariage struc­ture l’édu­ca­tion des enfants ou chan­geons radi­ca­le­ment les régimes de respon­sa­bi­lité paren­taux.

    La partie contrac­tuelle civile est la partie dont s’oc­cupe actuel­le­ment l’État. Le mariage est en fait un contrat bien défi­nit d’as­sis­tance mutuelle avec une grosse liste d’en­ga­ge­ments et de respon­sa­bi­li­tés communes.

    Le problème c’est que dans l’es­prit de tous, le mariage est surtout reli­gieux. Pas reli­gieux dans le sens « je crois en Dieu », mais reli­gieux quand même : On y attache des croyances et des valeurs communes (ou qu’on veut communes). C’est bien pour ça qu’il n’est pas vrai­ment possible de trai­ter ce débat avec des argu­ments objec­tifs. On en vient forcé­ment à se perdre dans des chemins bien tordus.

    Ce n’est pas l’État qui met cette conno­ta­tion reli­gieuse, c’est vous et moi. L’État ne peut pas faire grand chose à part essayer de gérer la réalité contrac­tuelle laïque tout en ména­geant les suscep­ti­bi­li­tés en fonc­tion de ce que chacun attache ou pas comme croyance au mot « mariage ».

    Suppri­mons le mariage

    On finira forcé­ment par ouvrir ce mariage à trois, parce que ça sera un jour vu comme une discri­mi­na­tion ou comme une contrainte non justi­fiée. Peut être pas de mon vivant, mais sauf à ce que notre culture fasse un virage vers moins d’ou­ver­ture et plus de reli­gieux, on y vien­dra forcé­ment.

    Plutôt que d’al­ler de divi­sions en divi­sions, pourquoi ne supprime-t-on pas l’ins­ti­tu­tion légale du mariage ? L’État n’en gère déjà plus que l’as­pect contrac­tuel, et c’est plus par des raisons histo­riques et de tradi­tion. L’as­pect contrac­tuel pour­rait tout à fait trou­ver un cadre hors des mairies et des collec­ti­vi­tés publiques. Perdre son temps à des querelles reli­gieuses sur ce que doit être l’as­pect « croyance » du mariage ne me semble pas de l’in­té­rêt supé­rieur de l’État.

    Certains ont dit que l’Église ne devait pas inter­ve­nir dans le débat, moi j’au­rai tendance à dire l’in­verse : C’est l’État qui n’au­rait pas du parti­ci­per. Lais­sons les gens faire des céré­mo­nies entre eux ou avec leur chat si ça les amuse, et lais­sons les faire des contrats de vie commune entre personnes de même sexe ou à plus que deux si ça les amuse. Je ne vois aucune raison pour laquelle l’État devrait inter­fé­rer avec tout ça.

    Bon, en raison de la tradi­tion et juste­ment en raison de l’as­pect reli­gieux, je doute qu’on arrive à déta­cher le mariage de l’État, mais fina­le­ment ne serait-ce pas ça la solu­tion ?

  • Publi­cité des votes à l’As­sem­blée natio­nale

    Regards Citoyens propose récem­ment de rendre public les votes de nos dépu­tés.

    Regards Citoyens c’est un collec­tif qui cherche à simpli­fier et élar­gir l’ac­cès aux insti­tu­tions publiques. Un réel exer­cice de démo­cra­tie appliquée. C’est par exemple eux qui ont mis en place nosde­putes.fr, le site qui tente de collec­ter et mettre à dispo­si­tion du publique des infor­ma­tions sur l’ac­ti­vité parle­men­taire.

    Il faut dire que la publi­cité du vote des repré­sen­tants dans une démo­cra­tie est un réel enjeu. La notion de repré­sen­ta­tion n’a de sens que si le citoyen est éclairé dans son choix et donc qu’il a toutes les infor­ma­tions néces­saires pour cela. Les votes passés réali­sés en son nom sont bien le mini­mum en ce sens. Avoir un repré­sen­tant qui dit blanc tout en votant noir serait un grand risque.

    Il faut savoir qu’ac­tuel­le­ment la plupart des votes se font à main levée sans traça­bi­lité. Il existe aussi des votes formels, plus rares, réali­sés par un dispo­si­tif élec­tro­nique. Dans le plus courant de ces votes formels, seuls les votes des diffé­rents groupes parle­men­taires sont connus, avec éven­tuel­le­ment la mention des rebelles dans ces groupes. Impos­sible pour le public de savoir qui s’est abstenu pour éviter de suivre le groupe (s’abs­te­nir est la façon la plus courante de s’op­po­ser à son groupe pour un député, le courage poli­tique étant ce qu’il est), ou qui n’a voté que via une délé­ga­tion (autre forme d’op­po­si­tion pas très coura­geuse, surtout en ce qu’elle ne change rien au résul­tat : lais­ser un collègue voter à sa place).

    Deux notes :

    • J’ai peur que la proba­bi­lité de réus­site soit proche de zéro tant qu’il n’y aura pas une réelle pres­sion popu­laire : Nos dépu­tés n’ont aucune envie de rendre des comptes.
    • Le côté public des votes (même si la publi­cité est restreinte à l’As­sem­blée elle-même comme actuel­le­ment dans les votes à main levée) a tendance à encou­ra­ger les dépu­tés à voter comme leur groupe (et au mieux s’abs­te­nir si vrai­ment ils ne veulent pas s’y asso­cier) au lieu de voter en leur âme et conscience. Loin d’être idéal aussi.
  • Les socié­tés écrans les plus opaques se trouvent aux Etats-Unis et au Royaume-Uni

    Où devez-vous créer votre société écran ? Où est l’opa­cité ?

    Lorsque les faux clients ont proposé de payer une prime pour contour­ner les règles, le taux de demandes de docu­ments a chuté rapi­de­ment. « Le motif que vous invoquez pour incor­po­rer une société pour­rait bien être une façade pour finan­cer le terro­risme », a répondu un four­nis­seur améri­cain. Pour indiquer ensuite qu’il envi­sa­ge­rait d’éta­blir et d’ad­mi­nis­trer la coquille pour 5000 dollars par mois.

    Contre l’in­tui­tion, les para­dis fiscaux ne sont pas les meilleurs candi­dats : Les socié­tés écrans les plus opaques se trouvent aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

    À rappro­cher peut être de la résis­tance à la corrup­tion dans nos pays, qui est moins insti­tu­tion­na­li­sée que dans les films, mais bien moins haute qu’on ne le croit.

     

  • Taux margi­nal d’im­pôt sur le revenu à 75%

    Dis papa, une impo­si­tion margi­nale à 75% pour les très hauts reve­nus, c’est un scan­dale communo-socialo-égali­ta­riste ou pas ? Un peu d’his­toire et de statis­tiques :

    Le taux très bas actuel est fina­le­ment bien plus excep­tion­nel que l’idée des 75%

    Le taux margi­nal d’im­po­si­tion sur le revenu a été histo­rique­ment plusieurs fois supé­rieur à 75%, en France comme à l’étran­ger, sans que cela n’ait jamais été consi­déré comme confis­ca­toire.

    Aux États Unis (pays socialo-commu­niste s’il en est), ce taux a dépassé par deux fois les 90%, pour au total 14 ans sur le dernier siècle, et est resté au delà des 70% la moitié du temps. En France notre taux margi­nal n’a pas eu les mêmes extrêmes qu’aux États Unis (comme quoi les idées reçues…) mais il est resté supé­rieur à 60% la majo­rité du temps, ne descen­dant en dessous de 50% qu’é­pi­so­dique­ment (dont la période récente).

    Taux marginal d'imposition aux États Unis d'Amérique
    Taux margi­nal d’im­po­si­tion aux États Unis d’Amé­rique
    Taux marginal d'imposition en France
    Taux margi­nal d’im­po­si­tion en France

    Il est aussi inté­res­sant de noter que le seuil pour béné­fi­cier de ce taux margi­nal, même ramené à un revenu équi­valent récent, était fina­le­ment très faible en regard de ce que le gouver­ne­ment tente d’ins­tau­rer aujourd’­hui (comp­tez un facteur de 6 à 20 quand même).

    À la décharge des libé­raux améri­cains, le revenu néces­saire pour atteindre les taux margi­naux maxi­mum ont été parfois réel­le­ment élevés (quasi théo­riques), mais ils exis­taient. En soi ça veut dire qu’i­ma­gi­ner taxer à 75% est conce­vable, même là bas, et que la mesure est dans le posi­tion­ne­ment du palier.

    La première conclu­sion qu’on peut en tirer : Que l’idée d’un taux margi­nal à 75% au delà du million d’eu­ros pose problème ne découle pas d’un prin­cipe géné­ral objec­tif mais bien d’une évolu­tion très récente de nos menta­li­tés.

    Et si on parlait du taux moyen ?

    Bien évidem­ment ici nous ne parlons que du taux margi­nal de l’im­pôt sur le revenu. Pour être réalistes il faudrait parler du taux d’im­po­si­tion moyen, et pas que de l’im­pôt sur le revenu. Ce taux d’im­po­si­tion moyen est fina­le­ment assez stable entre 40 et 50% pour l’en­semble de la popu­la­tion si on omet les 1 ou 2% les plus riches et les 1 ou 2% les moins riches. La progres­si­vité est assez apla­tie par les parties forfai­taires ou plafon­nées, ainsi que par les niches ou opti­mi­sa­tions qui profitent essen­tiel­le­ment aux reve­nus aisés.

    Je vais lais­ser les 1 à 2% les moins riches, qui ne sont de toutes façons pas capables d’ap­por­ter un revenu signi­fi­ca­tif à la société, n’en ayant pas un eux-mêmes. On remarque par contre que sur les 1% les plus riches le taux d’im­po­si­tion moyen régresse forte­ment au lieu de progres­ser. Les reve­nus venant plus souvent de plus-values ou divi­dendes que de salaires, on saute les coti­sa­tions sociales. Le revenu du capi­tal est lui en plus signi­fi­ca­ti­ve­ment moins taxé. Au final les quelques 1% les plus riches ont une contri­bu­tion plus faible que tous les autres en propor­tion de leur reve­nus, et quand je dis « tous les autres » ça comprend même le premier décile le moins riche.

    Il faudrait proba­ble­ment revoir tout le système plutôt que de monter les taux margi­naux, mais en soi il est presque scan­da­leux de parler de parler de trop hauts impôts sur les plus riches quand on voit un tel graphique (atten­tion à l’échelle non propor­tion­nelle) :

    06-taux-imposition-france-quantiles

    Tout ça ne dit en fait pas si ce taux margi­nal est légi­time ou exces­sif. Mais fina­le­ment cette ques­tion est unique­ment un choix de société, de savoir comment nous souhai­tons redis­tri­buer les mises.

    Et c’est bien cette conclu­sion qui est impor­tante : Ne lais­sons pas confisquer le débat par des argu­ments qui se disent objec­tifs ou défi­ni­tifs sur le carac­tère confis­ca­toire ou illé­gi­time d’un prélè­ve­ment à 75% : Ils ne sont vrais ni vis à vis de l’his­toire, ni vis à vis de la réalité de l’im­pôt dans son ensemble.


    Lectures :