Catégorie : Politique et société

  • Media­tor : les experts truquent les dossiers des victimes

    Retoquer des dossiers en mini­mi­sant la gravité de la patho­lo­gie dont souffrent les victimes explique pourquoi seules 7,7% d’entre elles sont indem­ni­sées pour l’ins­tant. Mais cette façon de faire pose une double ques­tion de légi­ti­mité scien­ti­fique et d’éthique: comment peut-on rétro­gra­der une fuite cardiaque en se basant unique­ment sur des photo­co­pies d’exa­men (voire seule­ment les comptes-rendus) alors que l’écho­gra­phie du cœur doit juste­ment obser­ver un muscle en fonc­tion­ne­ment? C’est comme si un gyné­co­logue qui réalise une écho­gra­phie disait que le fœtus présente des malfor­ma­tions, et qu’à partir des seules photo­co­pies de cet examen, un autre méde­cin déci­dait que le bébé se porte parfai­te­ment bien.

    […]

    En effet, le taux d’ac­cep­ta­tion par l’Oniam des dossiers de valvu­lo­pa­thies est de 12% (et de 17% si on exclut les valvu­lo­pa­thies par rétré­cis­se­ment des valves, celles qui a priori ne sont pas impu­tables au Media­tor). Or, curieu­se­ment, ces chiffres sont très éloi­gnés de ceux qu’ob­serve notam­ment le Pr Chris­tophe Tribouilloy dans la revue inter­na­tio­nale Circu­la­tion, dans une publi­ca­tion scien­ti­fique parue en 2012 et qui étudie d’ailleurs le même type de popu­la­tion que les dossiers reçus par l’Oniam. Dans cette étude, 76% des fuites de la valve aortique (quel qu’en soit le grade) sont attri­buables au Media­tor.

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  • Du courage poli­tique

    Je m’abs­tien­drai. Ce n’est pas un refus de choi­sir, mais une absten­tion mili­tante et enga­gée

    J’ai envie de dire que ça se passe de commen­taires mais j’ai du mal à ne pas en ajou­ter. L’abs­ten­tion c’est le plus haut courage de nos poli­tiques, qui n’osent jamais avouer être en accord avec une propo­si­tion du parti adverse, et qui osent encore moins voter en leur âme et conscience quand le parti a un avis contraire.

    L’abs­ten­tion c’est le courage du faible : botter en touche. Ça peut se justi­fier, en parti­cu­lier quand il est trop diffi­cile de faire le tri entre les avan­cées et les dangers, mais croire qu’il s’agit d’une action mili­tante et enga­gée en dit long sur la vision de l’en­ga­ge­ment.

  • Revenu de base : récolte de signa­tures

    Pour ceux qui suivent mon chemi­ne­ment à propos du revenu de base, il y a une récolte de signa­tures en cours au niveau euro­péen. Ce n’est pas une énième péti­tion mais une étape de procé­dure pour avoir audience formelle auprès de l’as­sem­blée euro­péenne. Bref, si vous vous sentez concer­nés, n’hé­si­tez pas. Il ne s’agit pas de promou­voir, juste de dire que ça mérite une étude.

  • Agres­si­vité au plomb

    Je suis toujours réti­cent à donner voix aux corré­la­tions un peu hasar­deuses. Il est facile de trou­ver la corré­la­tion entre plusieurs faits poli­tiques et le prix du beurre ou avec la couleur de la cravate du présen­ta­teur tv.

    Toute­fois, pour une fois, l’ar­ticle ici semble se faire l’écho d’une analyse sérieuse et pous­sée, qui fait une sérieuse corré­la­tion entre la crimi­na­lité et la présence de plomb dans l’at­mo­sphère, essen­tiel­le­ment à partir de l’es­sence.

    Je suis inca­pable de faire la critique d’une telle étude mais le tout semble argu­menté et crédible, dange­reu­se­ment crédible même. Visi­ble­ment l’idée ne date pas d’aujourd’­hui et on a même le droit à une étude complète en ligne.

  • Astuces marke­ting de l’an­née

    Mais si vous n’ache­tez pas immé­dia­te­ment, et que vous rées­sayez un peu plus tard, l’opé­ra­teur a gardé en mémoire que vous aviez mani­festé un inté­rêt pour ce trajet, et il vous propose alors un prix un peu supé­rieur « p+e », ceci afin de susci­ter l’achat immé­dia­te­ment en vous lais­sant penser que le nombre de places dimi­nue et que le prix augmente.

    […]

    Les achats de billets entre 9 h et 11 h sont typique­ment les achats réali­sés par les secré­ta­riats/services géné­raux des entre­prises au profit de leurs colla­bo­ra­teurs. D’où une tari­fi­ca­tion plus élevée, l’achat profes­sion­nel étant moins sensible au prix que l’achat parti­cu­lier.

    […]

    Les algo­rithmes incluent aussi des modules de « rappro­che­ment passa­gers ». […] vous êtes très très très certai­ne­ment prêt à débour­ser + 1 %, + 5 % voire + 10 % pour être dans le même appa­reil que vos proches […]. Le système vise donc à vous faire payer cet extra qu’on appelle le premium.

    Commer­cia­le­ment c’est génial, mais jusqu’à quel point est-ce accep­table ?

  • Je crois que le constat est clair

    Encore une fois, je vois un compa­ra­tif de charges, taxes et impôts. Le sous titre « Je crois que le constat est clair » laisse à penser que nous sommes écra­sés sous les prélè­ve­ments là où les autres en sont loin.

    Si on regarde les chiffres de plus près

    Moi je crois que le constat est loin d’être clair au contraire. Bon, déjà c’est bourré d’er­reurs. La plus flagrante est l’IR Suisse qui est indiqué de 0 à 13%. Ça inter­pelle. En fait je ne sais pas à quoi corres­pondent ces chiffres. Il faut comp­ter les impôts fédé­raux, ceux du canton, ceux de la commune, qui sont tous les trois dépen­dants du revenu. Leur répar­ti­tion est diffé­rente de la France. Le taux d’im­po­si­tion moyen est de 40%, rien d’ex­cep­tion­nel en fait. La France est de 41%. Autant dire que le tableau est trom­peur.

    Main­te­nant la compa­rai­son telle quelle n’a aucun sens en soi. Il faut parler d’as­siette, de déduc­tions et de fran­chises diverses. Qui paye l’im­pôt ? En France c’est de l’ordre de la moitié de la popu­la­tion qui ne paye pas d’IR, on ne peut pas dire que la ques­tion soit négli­geable. Même chose pour les tranches : À partir de quel niveau de revenu monte-t-on dans les tranches ?

    Tel quel ça peut vouloir dire tout et son contraire. Pour une compa­rai­son honnête, il faudrait compa­rer des taux moyens, ou des % du PIB. On l’a vu pour la Suisse.

    Oh, mais les pres­ta­tions sont-elles les mêmes ?

    Même une fois qu’on étudie en % du PIB, la plus grande arnaque est que nous compa­rons des prélè­ve­ments sans compa­rer ce que nous obte­nons avec ces prélè­ve­ments. Il suffit de sépa­rer dans les prélè­ve­ments ce qui a trait à l’ad­mi­nis­tra­tion et ce qui a trait à la sécu­rité sociale. Contrai­re­ment aux attentes, nos prélè­ve­ments liés à l’ad­mi­nis­tra­tion sont large­ment en dessous de la moyenne. Nous préle­vons fina­le­ment moins que la plupart des pays.

    Au temps pour les pré-jugés : Nous avons peu d’im­pôt (hors sécu­rité sociale).

    Prélèvements administrationBien entendu, ça veut dire qu’à l’in­verse nous avons un prélè­ve­ment record pour la partie sécu­rité sociale, et c’est confirmé par les mêmes chiffres. Là aussi atten­tion aux compa­rai­sons hâtives : Il faut aussi compa­rer ce que nous obte­nons en échange.

    Il est facile de moins préle­ver par l’État et les collec­ti­vi­tés si c’est pour repor­ter les paie­ments au niveau indi­vi­duel. La première ques­tion est donc de savoir si globa­le­ment nous payons plus pour notre santé que nos voisins.

    Résul­tat : En comp­tant les dépenses publiques et privées, nous dépen­sons pas mal, mais à peu près autant que l’Al­le­magne ou la Suisse, et 50% de moins que les États Unis (en % du PIB).

    Dépenses de santéSerait-ce plus perti­nent de ne pas impo­ser mais de lais­ser payer plus en privé ? Sans comp­ter la vraie ques­tion sociale de la répar­ti­tion et de l’as­sis­tance aux plus faibles reve­nus, dont on sait qu’elle finit par coûter cher à l’État quand on l’ou­blie (en ne se faisant soigner qu’en dernier recours, on finit par payer bien plus cher, et je ne parle même pas de l’es­pé­rance de vie pour certaines caté­go­ries sociales en Alle­magne qui baisse au lieu d’aug­men­ter). Plus qu’une ques­tion de niveau de prélè­ve­ment, il y a une ques­tion de choix de société et de répar­ti­tion.

    Nous avons pris la sécu­rité sociale (au sens large, avec les indem­ni­tés mala­die, allo­ca­tions fami­liales, la retraite,…) mais on peut aussi parler de l’édu­ca­tion qui coûte fina­le­ment peu cher en France parce que gérée collec­ti­ve­ment, des subven­tions diverses, du niveau d’in­fra­struc­ture publique…

    Sur le sujet (source des graphes) : Les crises – Prélè­ve­ments obli­ga­toires.

    Au final, qu’en est-il ?

    • Oui nous payons beau­coup d’im­pôts, taxes et coti­sa­tions
    • Mais compa­rer n’a de sens qu’en explo­rant ce qu’on obtient en retour et ce que couvrent ces impôts, taxes et coti­sa­tions
    • À pres­ta­tions égales nous sommes très loin d’être mal lotis par rapport aux autres (qui eux aussi trouvent qu’ils payent trop d’im­pôts, bien entendu)
    • La vraie ques­tion est celle du modèle de société : qui paye ? collec­tif ou indi­vi­duel ? Mais dans les deux cas on finit toujours par payer la même chose au niveau du pays.
  • La culture Tele Z

    Je me suis retenu de parler ici du projet de numé­ri­sa­tion de docu­ments du domaine public à la BNF. D’autres le font mieux que moi et le sujet mérite mieux qu’un discours simpliste.

    L’idée que pour nos poli­tiques l’ac­ti­vité écono­mique prime sur le bien commun n’est pas neuve. Main­te­nant on ne peut pas donner des exclu­si­vi­tés sur le domaine public sous prétexte de manque de finan­ce­ment, et en paral­lèle subven­tion­ner pour 23 millions Tele Z, Télé 7 jours et autres Télé Star sur le budget de la culture. J’as­sume mon côté idéa­liste mais diffu­ser et numé­ri­ser le patri­moine public non seule­ment me parait plus impor­tant, mais aussi a plus de chances d’avoir des retom­bées à long terme.

    Oui, je sais, tout n’est pas compa­rable et les objec­tifs sont diffé­rents. Reste que le téles­co­page des deux infor­ma­tions fait assez mal.

  • Quand EDF fait de l’op­ti­mi­sa­tion fiscale aux Pays-Bas

    Des effets de la gestion par objec­tif des diffé­rentes enti­tés, sans vue et coor­di­na­tion globale : Des socié­tés françaises appar­te­nant majo­ri­tai­re­ment à l’État crééent des filiales à l’étran­ger pour inves­tir afin de payer moins d’im­pôt en France.

    Je ne sais pas si vous notez mais quand EDF paye des impôts, dans les faits ce sont des sous déjà déte­nus indi­rec­te­ment à l’État qui sont trans­fé­rés dans une autre caisse. Faire une filiale à l’étran­ger pour payer moins d’im­pôt c’est trans­fe­rer des sous déte­nus indi­rec­te­ment par l’État français, pour les donner à un état étran­ger. On en trans­fère peut être moins, ça remplit mieux les objec­tifs de tel ou tel comité de direc­tion, mais c’est une perte sèche au final.

    On peut m’ex­pliquer comment l’État gère ses actifs ? Parce que là on marche sur la tête.

    On en parle aussi à propos de la BNF. L’in­té­res­se­ment des direc­teurs à leur struc­ture sans tenir compte de l’in­té­rêt global mène forcé­ment à ce type de compor­te­ment à tous les éche­lons

  • À Davos, une finance « intou­chable »

    De notre inca­pa­cité à chan­ger une partie du système que l’on sait fonc­tion­ner à l’in­verse du bien commun mais qui surtout met régu­liè­re­ment à risque tout le reste : À Davos, une finance « intou­chable ».

    « Vous pour­riez chan­ger les noms, mais cette histoire d’in­té­rêt person­nel, d’ac­ci­dent imprévu sur les marchés et de pertes massives ressemble à presque toutes les autres catas­trophes finan­cières de ces deux dernières décen­nies. » Comme disent les Anglo-Saxons, « The more things change, the more they stay the same » (« Plus ça change, plus c’est la même chose »).

     

  • Sur le dos de Google, les majors musi­cales rejoignent la presse

    Forcé­ment, à imagi­ner des taxes sans fonde­ment et des droits à rente pour des caté­go­ries spéci­fiques, ça créé des envieux. La presse et la musique ont tenté de taxer les four­nis­seurs d’ac­cès Inter­net, mais Google étant le grand méchant du moment, c’est beau­coup plus simple, et puis il n’est pas français.

    La musique veut elle aussi béné­fi­cier de l’ins­tau­ra­tion d’une taxe Google. Telle est le message déli­vré jeudi 17 janvier par Pascal Nègre, président d’Uni­ver­sal Music pour la France, l’Ita­lie, le Moyen Orient et l’Afrique.

    En ayant ouvert la porte à la presse, quelle légi­ti­mité à dire non à l’in­dus­trie musi­cale ? Nos poli­tiques ne se rendent pas compte des impacts à long terme de ce type de bêtise.