Catégorie : Politique et société

  • Pauvreté en Alle­magne: un rapport embar­ras­sant pour le gouver­ne­ment

    Je ne saurai trop me battre contre l’idée moderne de prendre exemple sur l’Al­le­magne concer­nant tout ce qui a trait à l’éco­no­mie. Il y a de très bonnes choses à reprendre, mais c’est loin d’être un modèle à reco­pier.

    Les 10% d’Al­le­mands les plus fortu­nés se partagent 53% de la richesse natio­nale. Les 50% les plus pauvres ne possèdent que 1% de la richesse du pays,

    […]

    L’Al­le­magne se porte bien, le chômage recule, insiste ainsi le ministre accusé d’avoir cher­ché à enjo­li­ver les pages du rapport consa­crées à la pauvreté. Pour l’as­so­cia­tion Cari­tas, les chiffres présen­tés mercredi sont alar­mants, du fait notam­ment de l’ab­sence d’as­cen­seur social dans le pays.

    Bref, juste ne pas oublier que l’objec­tif c’est les gens, pas l’éco­no­mie. Si pour l’éco­no­mie il faut augmen­ter la pauvreté, des jobs à 1 € et une répar­ti­tion des richesses défaillantes, peut être se four­voie-t-on quelque part en chemin.

  • We’re not ‘appy. Not ‘appy at all.

    Les services numé­riques du gouver­ne­ment UK ont mis en ligne un long billet sur leur réponse à la problé­ma­tique « mobile ». On y voit un vrai travail pour donner accès aux appa­reils mobiles, avec des résul­tats spec­ta­cu­laires. Passer de 0 à 45% d’uti­li­sa­teurs mobiles en un an, ça montre que la demande est là.

    Le point inté­res­sant est décrit à partir du support de présen­ta­tion, c’est la poli­tique « no (native) apps ». Ils ont fait du web mobile, et y ont réussi. C’est défi­ni­ti­ve­ment la voie à privi­lé­gier, l’ap­pli­ca­tion étant à réser­ver à des usages spéci­fiques excep­tion­nels, et seule­ment après avoir assuré l’as­pect web.

    Une direc­tion à s’ap­pro­prier et à parta­ger.

  • Distri­buons l’aide à la presse direc­te­ment aux jour­na­listes!

    Autant le revenu de base fait écho chez moi sur plusieurs points, autant il repose sur un prin­cipe fonda­men­tal : S’ap­pliquer à tous, sans condi­tion, sans diffé­rence.

    En imagi­nant un revenu mini­mum en distri­buant l’aide à la presse direc­te­ment aux jour­na­listes, qui décide qui est jour­na­liste ? La ques­tion se pose déjà mais avec un enjeu qui n’a aucune mesure avec celui qui pour­rait nous attendre. Souhaite-t-on vrai­ment des jour­na­listes d’État payés par ce dernier ? Le risque me parait énorme, surtout pour une profes­sion qui parle tant d’in­dé­pen­dance et qui est déjà tant sous le jeu de pres­sions externes.

    Et puis pourquoi les jour­na­listes ? Pourquoi pas aussi les taxis ? les ramo­neurs ? les agents de sécu­rité ? les avocats ? Toutes les profes­sions sont utiles et indis­pen­sables. Nombreuses sont celles qui peuvent prétendre avoir des diffi­cul­tés, et souvent avec moins d’aides que n’en ont les jour­na­listes. Ces derniers ont d’ailleurs direc­te­ment des statuts parti­cu­liers, entre autres sur la fisca­lité. Sous quel prétexte donne­rait-on encore un avan­tage caté­go­riel à X ou Y dans une période où tous sont sur le fil et où nous savons avoir déjà trop d’avan­tages parti­cu­liers ?

  • Adieu SSII, bonjour ESN !

    Est-ce qu’un chan­ge­ment de nom de SSII vers ESN va suffire à faire oublier leur répu­ta­tion sulfu­reuse (et souvent méri­tée) ? C’est pour­tant pour moi la seule moti­va­tion crédible à cette propo­si­tion. Je doute que « service numé­rique » soit signi­fi­ca­ti­ve­ment plus perti­nent, ou que la valeur ajou­tée renta­bi­li­sait le chan­ge­ment de nom.

    Bref, c’est unique­ment du marke­ting et le Syntec ferait mieux de faire évoluer les pratiques que de chan­ger l’em­bal­lage.

    Au moins nous avons évité l’ESD : l’en­tre­prise de services digi­taux. Je ne comprends toujours pas comment on peut faire confiance à toutes ses agences qui se disent expertes du web et du numé­rique et qui pour­tant ne se rendent même pas compte qu’elles utilisent le terme « digi­tal » de travers.

  • L’im­plo­sion du système Dassault pour ceux qui ont raté le début

    Le tireur présumé, en fuite, s’ap­pelle Younès B. Son nom a fuité très vite. L’homme serait un proche de Serge Dassault d’après Le Point et le Canard enchaîné, qui déroule son CV :

    • chauf­feur du colis­tier de Serge Dassault, qu’il a rencon­tré en 1995 ;
    • emploi-jeune à la mairie de Corbeil ;
    • créa­teur d’une entre­prise en affaires avec la ville ;
    • homme de main de l’an­cien maire, dans les dépla­ce­ments, les soirées élec­to­rales et pour les missions plus discrètes :

    […]

    La victime, elle, fait partie (toujours selon le Canard), des jeunes de cités qui ont dénoncé en 2010 l’achat de votes par Serge Dassault, avant de se rétrac­ter.

    Si le scan­dale Dassault se confirme, je ne peux qu’es­pé­rer qu’il fasse élec­tro­choc.

    « – Je veux vous remer­cier tous de ce que vous avez fait, car c’est vrai que c’est en grande partie grâce à vous et je le sais. Les collages la nuit, etc.

    – De toute façon, pour nous monsieur le maire c’était clair et net, nous on voulait que ça soit Serge Dassault. Parce que nous on est une géné­ra­tion de personnes qui avons grandi avec vous. […] Lui il souhaite monter quelque chose en restau­ra­tion, moi c’est ma licence de taxi, on souhaite savoir si vous pouvez nous aider. […]

    – D’ac­cord. Pratique­ment pour vous aider c’est 30 000 euros ? Et vous aussi ?

    – Fran­che­ment l’idéal, moi je vous le dis, j’ai pas osé tout à l’heure, mais main­te­nant j’ose vous le dire, mais fran­che­ment la somme idéale c’est de commen­cer avec 80 000 euros.

    – Et moi mon frère, il a l’am­bi­tion de créer une société de trans­port inter­na­tio­nal. Et ça repré­sente une somme de 100 000 euros. […]

    – Mais si vous dispa­rais­sez tous, moi après j’ai plus personne !

    – Devant vous vous avez sept jeunes qui sont prêts à rele­ver leurs manches. Ils seront toujours actifs sur Corbeil parce qu’on a tous grandi à Corbeil. On ne va pas vous aban­don­ner comme vous avez vu monsieur. »

  • L’in­ter­dic­tion du cumul des mandats va être repous­sée en 2016–2017

    Le problème pour les réformes du système poli­tique, c’est qu’il faut forcé­ment frois­ser des inté­rêts person­nels d’élus. Si on ajoute la crainte de perdre, il y a à chaque fois de bonnes raisons de recu­ler.

    Du coup…. 2016 – 2017 pour l’in­ter­dic­tion du cumul des mandats, et même proba­ble­ment un peu plus parce qu’il n’y a pas de raisons qu’on ne recule pas encore une fois.

  • Des « entar­teurs » encourent jusqu’à 9 ans de prison

    Entar­ter est désor­mais assi­milé à un atten­tat en Espagne. […] Ils sont accu­sés d’ « atten­tat contre une personne dépo­si­taire de l’au­to­rité publique », avec des demandes du procu­reur allant de 4 à 9 années de prison. […] La juri­dic­tion dépêche égale­ment une commis­sion roga­toire auprès de la France pour qu’elle trans­fère les résul­tats de la recherche d’em­preintes et d’ADN sur les embal­lages des tartes.

    Le problème avec les lois d’ex­cep­tion, c’est qu’elles permettent juste­ment des choses qu’on juge norma­le­ment inac­cep­tables. Nous avons renié beau­coup de nos prin­cipes depuis une quin­zaine d’an­nées.

  • Le Monde a touché 55,3 millions d’eu­ros d’aides en 2009–2011

    Quand j’en­tends qu’en aide diverses Le Monde, Le Figaro et Ouest France sont subven­tion­nés *cha­cun* à hauteur de 16 à 18 millions d’eu­ros par an (entre 2009 et 2011), je ne peux croire que nous utili­sons la bonne méthode. Bien évidem­ment ce sont trois gros mais pas les seuls. Il suffit de se souve­nir des 27 millions des maga­zines TV.

    Selon ces décomptes [de la Cour des comptes], entre 2009 et 2011, Le Monde a ainsi touché en moyenne chaque année plus de 18,4 millions d’eu­ros d’aides (hors tarif TVA préfé­ren­tiel). Le Figaro et Ouest-France ont quant à eux récolté 17,2 millions et 15,7 millions d’eu­ros de subven­tions annuelles.

    Il faut dire que dire que au total ce sont « 324,3 millions dépen­sés en 2009. Puis 329,1 millions en 2010 et 298,1 millions en 2011« .

    La presse est indis­pen­sable, et si elle n’est pas rentable, mérite d’être complé­tée par l’argent publique. Sans presse les risques pour la démo­cra­tie et la justice sont énormes. Main­te­nant la presse doit-elle être sous sa forme actuelle ? Mérite-t-elle autant de finan­ce­ment ? N’est-on par en train de subven­tion­ner au mauvais endroit ?

    Quand en paral­lèle on voit le niveau d’au­dace de nos jour­na­listes, surtout face aux commu­niqués de presse offi­ciels (dont les éléments de langage sont repris quasi­ment tels quels), face aux poli­tiques (dont on accepte la langue de bois sans rien dire) ou face aux lobby (qui pré-rédigent carré­ment les sujets), on ne peut pas dire que le résul­tat soit spécia­le­ment à la hauteur du finan­ce­ment.

    D’au­tant que :

    Évoquant le plan lancé à l’is­sue des états géné­raux, censé remettre sur pied à coup d’argent public un secteur mal en point, la Cour constate que « dicté par l’ur­gence, ce plan n’a pas obtenu les effets escomp­tés ». Autant dire que l’état désas­treux des finances des jour­naux ne s’est pas amélioré, non plus que leur diffu­sion ou leur nombre d’abon­nés.

  • Crimes avec la CIA : 10 ans de prison pour le respon­sable du rensei­gne­ment mili­taire italien

    La toile de fond, c’est cette fumis­te­rie qui s’ap­pelle la « guerre contre le terro­risme ». Le méca­nisme est bien connu. […] L’un de ces Etats orga­nise, sur toute la planète, des assas­si­nats, choi­sis secrè­te­ment. […]

    Selon le rapport de l’Open Society Justice Initia­tive, de ce début février, 57 chefs d’Etat sont impliqués :[…].

    Leurs crimes ? Toute une gamme : présence d’une prison secrète de la CIA sur le terri­toire, conduite d’in­ter­ro­ga­toires, actes de tortures, assis­tance à l’en­lè­ve­ment ou au trans­port de déte­nus, four­ni­ture de rensei­gne­ments, auto­ri­sa­tions de survol du terri­toire ou atter­ris­sages secrets d’avions frela­tés…

    Mais au final, même après que les choses soient désor­mais établies autant du côté natio­nal que du côté euro­péen, il y a peu de suites. À ma connais­sance les respon­sables italiens sont les premiers à vrai­ment se retrou­vés ainsi soumis à un retour de baton pour ce qui restera une excep­tion­nelle viola­tion des droits de l’homme en bande inter­na­tio­nale orga­ni­sée.

    Nous aimons bien nous compa­rer à la Chine et aux dicta­ture, mais sous le capot quand nous jugeons que nos inté­rêts sont en jeu, les droits de l’homme sont vite oubliés. La justice est trop peu puis­sante pour réel­le­ment chan­ger les choses malheu­reu­se­ment.

  • Alice in Wonder­land’ Ruling Lets Feds Keep Mum on Targe­ted-Killing Legal Ratio­nale

    Pour faire suite au billet précé­dent sur la plus grande dicta­ture du monde, une belle illus­tra­tion que les beaux prin­cipes démo­cra­tiques fonda­teurs de nos consti­tu­tions sont désor­mais plus théo­riques que pratiques :

    The President Barack Obama admi­nis­tra­tion does not have to disclose the legal basis for its drone targe­ted killing program of Ameri­cans, accor­ding to a Wednes­day deci­sion a judge like­ned to “Alice in Wonder­land”.

    […]  I can find no way around the thicket of laws and prece­dents that effec­ti­vely allow the Execu­tive Branch of our govern­ment to proclaim as perfectly lawful certain actions that seem on their face incom­pa­tible with our Cons­ti­tu­tion and laws, while keeping the reasons for their conclu­sion a secret.

    Il suffit que l’exé­cu­tif juge ses propres actions légales pour que personne ne puisse rien y redire. Atten­tion, on ne parle pas de la lati­tude qu’a le président pour certaines actions secrètes, ou d’une éven­tuelle irres­pon­sa­bi­lité prévue par la consti­tu­tion : On parle de faits qui proba­ble­ment violent la consti­tu­tion, mais pour lesquels l’exé­cu­tif n’a pas à se justi­fier s’il déclare que selon lui c’est conforme.

    On vient juste d’af­fir­mer que l’exé­cu­tif peut faire ce qu’il veut sans avoir à s’em­bar­ras­ser de la consti­tu­tion. La seule limite c’est l’ex­cès de trop qui justi­fie­rait une révo­lu­tion, il y a de la marge et c’est une limite commune avec toutes les dicta­tures. Nous avons un peu le même problème en France avec tout ce qui a trait à vigie pirate.