Catégorie : Politique et société

  • Recettes pour faire votre propre homéo­pa­thie à la maison

    Non, je ne lance­rai pas le débat sur la perti­nence ou non de l’ho­méo­pa­thie. Le sujet est plus complexe qu’il n’y parait et le fait que « objec­ti­ve­ment ça fonc­tionne » (ou non) n’est fina­le­ment pas le point central de la problé­ma­tique pour la société.

    Par contre cette vidéo de recette pour faire votre propre homéo­pa­thie à la maison est à voir telle­ment elle permet de passer un bon moment. Admi­rez le travail parce que les prin­cipes de simi­li­tude, de dyna­mi­sa­tion et les méthodes de dilu­tion sont en tous points exacts vis à vis de la théo­rie et de l’état de l’art en homéo­pa­thie.

    Peut être à écou­ter aussi, mais là on passe dans le sérieux : James Randi explains homeo­pa­thy

  • Open Data ou les dérives de l’in­gé­nuité numé­rique

    À l’ori­gine, l’idée est excel­lente

    Comprendre : C’est idée est tota­le­ment crétine.

    Le problème, c’est qu’a­veu­glé par cet enthou­siasme, aucun des promo­teurs du projet n’a vu venir la révo­lu­tion que celui-ci risque de provoquer et les menaces consi­dé­rables qu’il repré­sente déjà  pour le respect de la vie privée.

    […]

    Aussi devons-nous, par exigence civique, les rappe­ler sans ména­ge­ment à leurs respon­sa­bi­li­tés ! Peut-on accep­ter que quiconque puisse dispo­ser de ces données, les retrai­ter et les exploi­ter sans qu’aient été préa­la­ble­ment fixées les règles néces­saires pour garan­tir la protec­tion des personnes rendues vulné­rables par l’Etat lui-même au mépris des lois qu’il a fait voter et qu’il s’ef­force de faire respec­ter par les entre­prises privées ?

    Le fond (non reco­pié ici) n’est pas tota­le­ment idiot. Il est vrai que le jour où la trans­pa­rence des données sera la règle, bien qu’a­no­nymes, il sera peut être possible de faire des recou­pe­ments divers pour iden­ti­fier des noms sur les données. Plus simple­ment, de mauvaises agré­ga­tions permettent parfois d’ob­te­nir plus d’in­for­ma­tions que l’on ne devrait. Imagi­nons par exemple qu’on puisse (ce n’est pas le cas) inter­ro­ger le salaire moyen des profes­sions médi­cales libé­rales d’une ville, et que la ville n’ait qu’un seul méde­cin.

    Main­te­nant pour résoudre ces problèmes il faut s’y atte­ler, et commen­cer à publier. Pas n’im­porte comment, mais en avançant. C’est ce qui est fait, et les précau­tions sont plutôt faites deux fois plutôt qu’une. Bien évidem­ment l’ano­ny­mi­sa­tion est déjà la règle, c’est un mini­mum mais qui n’est pas idéal non plus (comment puis-je cher­cher un juge­ment connu par le nom des oppo­sants s’ils ont disparu du juge­ment ?).

    Le problème c’est qu’en appe­lant à l’ar­rêt tant qu’un cadre juri­dique sur la vie privée n’est pas arrêté, on met simple­ment toute l’idée aux oubliettes. Quel cadre ? sur quelles bases ? Les règles de base de vie privée existent déjà et il sera bien impos­sible de défi­nir une limite objec­tive à toute publi­ca­tion alors que juste­ment tout dépend de la donnée, de son contexte et de ce qu’on peut en faire.

    Le séna­teur n’au­rait pas été actif que j’au­rai cru à un mauvais vécu des opéra­tions de trans­pa­rence démo­cra­tiques de Regards Citoyens (qui passent pas l’Open Data mais dont la problé­ma­tique est à mon humble avis diffé­rente, et encore plus essen­tielle). La notion de vie privée est un peu trop mise en avant pour combattre toute capa­cité pour le citoyen de contrô­ler ses élus, même si pour­tant on s’adresse juste­ment la vie publique de l’élu et non à sa vie privée.

  • Moins d’ad­mis­sibles que de postes ouverts au Capes 2013

    J’ai beau tour­ner ça dans tous les sens, je ne comprends pas. Le propre d’un concours par rapport à un examen, c’est qu’on s’in­té­resse au clas­se­ment rela­tif et pas à l’éva­lua­tion abso­lue (si tant est qu’une évalua­tion en valeur abso­lue a du sens).

    Par prin­cipe, sauf à ce qu’on manque de candi­dat ayant les pré-requis admi­nis­tra­tifs, le nombre de réus­sites est connu, il est même fixé à l’avance. Je suis certain qu’il doit me manquer une infor­ma­tion.

    Du coup, quelqu’un m’ex­plique comment on peut avoir moins d’ad­mis­sibles que de postes acces­sibles pour un concours public ? Consi­dé­rant bien entendu qu’il y a suffi­sam­ment de candi­dats, ce qui est le cas.

  • La Grèce aurait gonflé son défi­cit public sous l’oeil de Bruxelles pour justi­fier l’aus­té­rité

    Je ne sais même pas comment analy­ser ça. Le titre se suffit presque à lui même :

    La Grèce aurait gonflé son défi­cit public sous l’oeil de Bruxelles pour justi­fier l’aus­té­rité

    On ne parle pas que de rumeurs de complots, on parle d’une infor­ma­tion judi­ciaire offi­ciel­le­ment en cours.

    La super­che­rie, si elle est avérée, aurait eu pour but de choquer l’opi­nion afin qu’elle accepte mieux la cure d’aus­té­rité impo­sée par l’Union euro­péenne et le Fonds moné­taire inter­na­tio­nal en échange de leur aide finan­cière.

    […]

    sans cette mani­pu­la­tion, le défi­cit public pour l’an­née 2009 ne dépas­sait pas 12,5%, au lieu des 15,4% annon­cés, et aurait pu être aisé­ment ramené en dessous des 10% à l’aide de mesures immé­diates.

  • Media­tor : les experts truquent les dossiers des victimes

    Retoquer des dossiers en mini­mi­sant la gravité de la patho­lo­gie dont souffrent les victimes explique pourquoi seules 7,7% d’entre elles sont indem­ni­sées pour l’ins­tant. Mais cette façon de faire pose une double ques­tion de légi­ti­mité scien­ti­fique et d’éthique: comment peut-on rétro­gra­der une fuite cardiaque en se basant unique­ment sur des photo­co­pies d’exa­men (voire seule­ment les comptes-rendus) alors que l’écho­gra­phie du cœur doit juste­ment obser­ver un muscle en fonc­tion­ne­ment? C’est comme si un gyné­co­logue qui réalise une écho­gra­phie disait que le fœtus présente des malfor­ma­tions, et qu’à partir des seules photo­co­pies de cet examen, un autre méde­cin déci­dait que le bébé se porte parfai­te­ment bien.

    […]

    En effet, le taux d’ac­cep­ta­tion par l’Oniam des dossiers de valvu­lo­pa­thies est de 12% (et de 17% si on exclut les valvu­lo­pa­thies par rétré­cis­se­ment des valves, celles qui a priori ne sont pas impu­tables au Media­tor). Or, curieu­se­ment, ces chiffres sont très éloi­gnés de ceux qu’ob­serve notam­ment le Pr Chris­tophe Tribouilloy dans la revue inter­na­tio­nale Circu­la­tion, dans une publi­ca­tion scien­ti­fique parue en 2012 et qui étudie d’ailleurs le même type de popu­la­tion que les dossiers reçus par l’Oniam. Dans cette étude, 76% des fuites de la valve aortique (quel qu’en soit le grade) sont attri­buables au Media­tor.

    Plus de détails sur lefi­garo.fr

     

  • Du courage poli­tique

    Je m’abs­tien­drai. Ce n’est pas un refus de choi­sir, mais une absten­tion mili­tante et enga­gée

    J’ai envie de dire que ça se passe de commen­taires mais j’ai du mal à ne pas en ajou­ter. L’abs­ten­tion c’est le plus haut courage de nos poli­tiques, qui n’osent jamais avouer être en accord avec une propo­si­tion du parti adverse, et qui osent encore moins voter en leur âme et conscience quand le parti a un avis contraire.

    L’abs­ten­tion c’est le courage du faible : botter en touche. Ça peut se justi­fier, en parti­cu­lier quand il est trop diffi­cile de faire le tri entre les avan­cées et les dangers, mais croire qu’il s’agit d’une action mili­tante et enga­gée en dit long sur la vision de l’en­ga­ge­ment.

  • Revenu de base : récolte de signa­tures

    Pour ceux qui suivent mon chemi­ne­ment à propos du revenu de base, il y a une récolte de signa­tures en cours au niveau euro­péen. Ce n’est pas une énième péti­tion mais une étape de procé­dure pour avoir audience formelle auprès de l’as­sem­blée euro­péenne. Bref, si vous vous sentez concer­nés, n’hé­si­tez pas. Il ne s’agit pas de promou­voir, juste de dire que ça mérite une étude.

  • Agres­si­vité au plomb

    Je suis toujours réti­cent à donner voix aux corré­la­tions un peu hasar­deuses. Il est facile de trou­ver la corré­la­tion entre plusieurs faits poli­tiques et le prix du beurre ou avec la couleur de la cravate du présen­ta­teur tv.

    Toute­fois, pour une fois, l’ar­ticle ici semble se faire l’écho d’une analyse sérieuse et pous­sée, qui fait une sérieuse corré­la­tion entre la crimi­na­lité et la présence de plomb dans l’at­mo­sphère, essen­tiel­le­ment à partir de l’es­sence.

    Je suis inca­pable de faire la critique d’une telle étude mais le tout semble argu­menté et crédible, dange­reu­se­ment crédible même. Visi­ble­ment l’idée ne date pas d’aujourd’­hui et on a même le droit à une étude complète en ligne.

  • Astuces marke­ting de l’an­née

    Mais si vous n’ache­tez pas immé­dia­te­ment, et que vous rées­sayez un peu plus tard, l’opé­ra­teur a gardé en mémoire que vous aviez mani­festé un inté­rêt pour ce trajet, et il vous propose alors un prix un peu supé­rieur « p+e », ceci afin de susci­ter l’achat immé­dia­te­ment en vous lais­sant penser que le nombre de places dimi­nue et que le prix augmente.

    […]

    Les achats de billets entre 9 h et 11 h sont typique­ment les achats réali­sés par les secré­ta­riats/services géné­raux des entre­prises au profit de leurs colla­bo­ra­teurs. D’où une tari­fi­ca­tion plus élevée, l’achat profes­sion­nel étant moins sensible au prix que l’achat parti­cu­lier.

    […]

    Les algo­rithmes incluent aussi des modules de « rappro­che­ment passa­gers ». […] vous êtes très très très certai­ne­ment prêt à débour­ser + 1 %, + 5 % voire + 10 % pour être dans le même appa­reil que vos proches […]. Le système vise donc à vous faire payer cet extra qu’on appelle le premium.

    Commer­cia­le­ment c’est génial, mais jusqu’à quel point est-ce accep­table ?

  • Je crois que le constat est clair

    Encore une fois, je vois un compa­ra­tif de charges, taxes et impôts. Le sous titre « Je crois que le constat est clair » laisse à penser que nous sommes écra­sés sous les prélè­ve­ments là où les autres en sont loin.

    Si on regarde les chiffres de plus près

    Moi je crois que le constat est loin d’être clair au contraire. Bon, déjà c’est bourré d’er­reurs. La plus flagrante est l’IR Suisse qui est indiqué de 0 à 13%. Ça inter­pelle. En fait je ne sais pas à quoi corres­pondent ces chiffres. Il faut comp­ter les impôts fédé­raux, ceux du canton, ceux de la commune, qui sont tous les trois dépen­dants du revenu. Leur répar­ti­tion est diffé­rente de la France. Le taux d’im­po­si­tion moyen est de 40%, rien d’ex­cep­tion­nel en fait. La France est de 41%. Autant dire que le tableau est trom­peur.

    Main­te­nant la compa­rai­son telle quelle n’a aucun sens en soi. Il faut parler d’as­siette, de déduc­tions et de fran­chises diverses. Qui paye l’im­pôt ? En France c’est de l’ordre de la moitié de la popu­la­tion qui ne paye pas d’IR, on ne peut pas dire que la ques­tion soit négli­geable. Même chose pour les tranches : À partir de quel niveau de revenu monte-t-on dans les tranches ?

    Tel quel ça peut vouloir dire tout et son contraire. Pour une compa­rai­son honnête, il faudrait compa­rer des taux moyens, ou des % du PIB. On l’a vu pour la Suisse.

    Oh, mais les pres­ta­tions sont-elles les mêmes ?

    Même une fois qu’on étudie en % du PIB, la plus grande arnaque est que nous compa­rons des prélè­ve­ments sans compa­rer ce que nous obte­nons avec ces prélè­ve­ments. Il suffit de sépa­rer dans les prélè­ve­ments ce qui a trait à l’ad­mi­nis­tra­tion et ce qui a trait à la sécu­rité sociale. Contrai­re­ment aux attentes, nos prélè­ve­ments liés à l’ad­mi­nis­tra­tion sont large­ment en dessous de la moyenne. Nous préle­vons fina­le­ment moins que la plupart des pays.

    Au temps pour les pré-jugés : Nous avons peu d’im­pôt (hors sécu­rité sociale).

    Prélèvements administrationBien entendu, ça veut dire qu’à l’in­verse nous avons un prélè­ve­ment record pour la partie sécu­rité sociale, et c’est confirmé par les mêmes chiffres. Là aussi atten­tion aux compa­rai­sons hâtives : Il faut aussi compa­rer ce que nous obte­nons en échange.

    Il est facile de moins préle­ver par l’État et les collec­ti­vi­tés si c’est pour repor­ter les paie­ments au niveau indi­vi­duel. La première ques­tion est donc de savoir si globa­le­ment nous payons plus pour notre santé que nos voisins.

    Résul­tat : En comp­tant les dépenses publiques et privées, nous dépen­sons pas mal, mais à peu près autant que l’Al­le­magne ou la Suisse, et 50% de moins que les États Unis (en % du PIB).

    Dépenses de santéSerait-ce plus perti­nent de ne pas impo­ser mais de lais­ser payer plus en privé ? Sans comp­ter la vraie ques­tion sociale de la répar­ti­tion et de l’as­sis­tance aux plus faibles reve­nus, dont on sait qu’elle finit par coûter cher à l’État quand on l’ou­blie (en ne se faisant soigner qu’en dernier recours, on finit par payer bien plus cher, et je ne parle même pas de l’es­pé­rance de vie pour certaines caté­go­ries sociales en Alle­magne qui baisse au lieu d’aug­men­ter). Plus qu’une ques­tion de niveau de prélè­ve­ment, il y a une ques­tion de choix de société et de répar­ti­tion.

    Nous avons pris la sécu­rité sociale (au sens large, avec les indem­ni­tés mala­die, allo­ca­tions fami­liales, la retraite,…) mais on peut aussi parler de l’édu­ca­tion qui coûte fina­le­ment peu cher en France parce que gérée collec­ti­ve­ment, des subven­tions diverses, du niveau d’in­fra­struc­ture publique…

    Sur le sujet (source des graphes) : Les crises – Prélè­ve­ments obli­ga­toires.

    Au final, qu’en est-il ?

    • Oui nous payons beau­coup d’im­pôts, taxes et coti­sa­tions
    • Mais compa­rer n’a de sens qu’en explo­rant ce qu’on obtient en retour et ce que couvrent ces impôts, taxes et coti­sa­tions
    • À pres­ta­tions égales nous sommes très loin d’être mal lotis par rapport aux autres (qui eux aussi trouvent qu’ils payent trop d’im­pôts, bien entendu)
    • La vraie ques­tion est celle du modèle de société : qui paye ? collec­tif ou indi­vi­duel ? Mais dans les deux cas on finit toujours par payer la même chose au niveau du pays.