Catégorie : Politique et société

  • Dimanche, prendre du recul

    L’his­to­rique c’est certai­ne­ment une dimen­sion reli­gieuse. Main­te­nant la ques­tion est celle d’un choix de société. Le dimanche c’est un moyen de permettre un équi­libre entre la vie sociale profes­sion­nelle et la vie sociale person­nelle. S’as­su­rer qu’il peut y avoir une vie famil­liale avec un jour de congé commun. S’as­su­rer qu’il puisse y avoir des acti­vi­tés sociale et cultu­relles avec des heures et des jours communs. S’as­su­rer qu’on peut faire une sortie avec des amis parce qu’on a un jour commun. C’est idiot mais ça permet beau­coup de choses ce dimanche.

    Il peut y avoir des excep­tions. Il doit même y avoir des excep­tions. Peut être même qu’il faille repen­ser les règles ou les assou­plir. Proba­ble­ment. Mais la règle elle-même reste sacré­ment utile et ne doit proba­ble­ment pas être vidée de son sens.

    Ce qui est certain c’est que les argu­ments que je vois passer ont des oeillères énormes. Oui c’est sur qu’ou­vrir le dimanche permet de l’ac­ti­vité écono­mique en plus et qu’il y a de toutes façons des volon­taires. Mais non seule­ment il faut un équi­libre entre ces argu­ments et le besoin social global, mais en plus si on cherche à aller voir plus loin, l’image est bien plus complexe que ça. Je ne suis ni pour ni contre, je suis juste excédé par ces argu­ments qui fina­le­ment n’ap­portent rien et ne prennent abso­lu­ment pas en compte de l’en­semble du sujet.

    Côté entre­prise

    Première ques­tion : Une partie de ceux qui viennent le dimanche se seraient orga­ni­sés pour venir un autre jour de la semaine avant ou après. Est-ce que le nombre de clients supplé­men­taires (ceux qui ne se reportent pas sur un autre jour) compense vrai­ment les frais d’ou­ver­ture le dimanche ?

    Si on ouvre le dimanche alors que les concur­rents ferment, c’est certain. Le cas de Casto­rama c’était surtout à cause d’un concur­rent qui n’avait pas eu la même auto­ri­sa­tion. Le gain est alors indé­niable.

    La réflexion s’étend même dans les autres domaines. On ira plus faci­le­ment faire des emplettes sur un maga­sin ouvert le dimanche si on n’a rien d’autre à faire. Le jour où on assou­plit la loi sur le travail le dimanche, tous les commerces seront en concur­rence et la spéci­fi­cité du dimanche risque de dispa­raitre. Dans ce cas les ventes vrai­ment créées par l’ou­ver­ture du dimanche (par oppo­si­tion aux ventes repor­tées le dimanche) sont-elles vrai­ment encore signi­fi­ca­tives ?

    Allons même plus loin. Si l’ou­ver­ture le dimanche est auto­ri­sée, les maga­sins seront globa­le­ment un peu forcés de suivre, parce que juste­ment les clients vont là où c’est ouvert au lieu de repor­ter leurs achats un autre jour. Même si l’ou­ver­ture le dimanche est clai­re­ment non rentable pour certains, ils le feront quand même car l’al­ter­na­tive serait pire. Il n’est même pas certain que l’éco­no­mie dans son ensemble en sortira du posi­tif.

    Côté sala­rié

    L’ar­gu­ment ultime c’est de dire que certains sala­riés sont pour. Au risque d’en­fon­cer des portes ouvertes, les sala­riés ne sont pas pour travailler le dimanche, ils sont pour vivre avec un revenu correct. Ils sont juste prêts à travailler le dimanche si c’est le seul moyen pour ça. Propo­sez leur d’être payés correc­te­ment le vendredi, et d’un coup il risque d’y avoir beau­coup moins de volon­taires pour le dimanche.

    Avec un argu­ment comme celui ci, on peut suppri­mer le salaire mini­mum (quel que soit ce salaire mini­mum, certains seront prêt pour travailler à 10% de moins s’ils ne trouvent pas d’em­ploi), les congés payés (prêt à avoir un jour de congé de moins), et à peu près toutes les mesures protec­trices mise à part l’in­ter­dic­tion de l’es­cla­vage (et encore, si j’en suis réduit à ça pour pouvoir donner un toit et une vie à mes enfants…).

    Les gens se portent rare­ment volon­taires pour le travail le dimanche, ils se portent volon­taires pour un salaire correct, ou même volon­taire pour accep­ter de renon­cer à plus que le voisin et avoir le poste.

    L’idée est aussi de prendre du recul. Si en travaillant norma­le­ment cela ne suffit pas et qu’il faut accep­ter de travailler le dimanche pour faire vivre la famille, c’est plutôt ça qu’il faut corri­ger et pas le travail le dimanche. Même chose pour les jobs étudiants (et une boutique ne tourne pas le dimanche avec *que* des étudiants, pas possible).

    C’est d’au­tant plus vrai que dans le travail le dimanche l’in­té­rêt est aussi d’avoir du coup un jour de semaine libre pour pouvoir faire ses emplettes tranquille en semaines. Bref, ils sont pour travailler le dimanche aussi parce que juste­ment les maga­sins sont fermés le dimanche. Ça se mord un peu la queue.

    Dimanche sacré

     

  • Aides à la presse

    […]les aides publiques à la presse écrite en ont pris pour leur grade. Une fois de plus. La Cour des comptes présen­tait son nouveau rapport sur la ques­tion[…]

    En 2013, le montant versé par l’État au titre des aides publiques directes à la presse s’élève à 534 millions d’eu­ros. Il faut y ajou­ter le coût estimé du taux préfé­ren­tiel de TVA (2,1 %) : si la TVA était porté à 5,5 %, l’État gagne­rait 200 millions d’eu­ros supplé­men­taires, et plus d’un milliard si le taux normal, de 19,6 %, était appliqué à la presse. Au total, les aides corres­pondent à pas moins de « 7,5 % du chiffre d’af­faires de la presse écrite ».

    À ça (on parle déjà d’un demi-milliard en aides directes) il faut ajou­ter des coti­sa­tions sociales réduites sur les salaires et des exoné­ra­tions de la CET (ex taxe profes­sion­nelle). L’ar­ticle de Media­part est frus­trant, car ce petit jeu dure depuis un moment et commence pour­tant à être connu. On a du mal à voir pourquoi ce nouveau rapport chan­ge­rait quoi que ce soit.

    J’ai plus marrant (ou pas) : Tele­rama + Tele 7 jours + Tele Star + Tele Loisirs + Tele Z + Tele­cable Satel­lite Hebdo + Tele Poche repré­sentent presque 35 millions d’eu­ros de subven­tions directes.

    Autant on peut discu­ter de l’uti­lité pour la démo­cra­tie d’avoir une presse d’in­for­ma­tion quoti­dienne ou hebdo­ma­daire, autant l’uti­lité sociale des programmes télé­vi­sés me semble moins évidente.

    Oh, et pitié, ne me sortez pas l’ar­gu­ment habi­tuel comme quoi le finan­ce­ment de ces jour­naux permet de finan­cer la distri­bu­tion des autres. Si c’était ça le problème il suffi­rait de finan­cer direc­te­ment les quoti­diens « utiles », ou éven­tuel­le­ment les socié­tés de distri­bu­tion. Dans les deux cas ça profi­te­rait aussi aux Tele-machin d’ailleurs, mais ça coûte­rait forcé­ment beau­coup moins cher.

    Il serait fran­che­ment bien d’y mettre un peu d’ordre. Je ne parle même pas du risque démo­cra­tique d’avoir une presse dépen­dante de subven­tions étatiques (et d’ailleurs vous n’y trou­ve­rez pas le palmi­pède bien connu).

  • Fin de notre monde

    Je fais un peu d’ar­chéo­lo­gie dans des « liens à lire » qui date de près de deux ans. Je tombe sur un article à propos de la catas­trophe de Fuku­shima, et une inter­view du direc­teur de la centrale :

    En voyant des travailleurs bles­sés reve­nir du lieu de l’ex­plo­sion, nous avons pensé que si l’en­ceinte de confi­ne­ment avait explosé, il y aurait des rejets radio­ac­tifs massifs et que la situa­tion serait hors de contrôle. Il y a eu ensuite une explo­sion affec­tant le réac­teur n°3 et par ailleurs nous n’ar­ri­vions pas à pomper de l’eau dans le réac­teur n° 2. On ne voyait aucune amorce de règle­ment de la crise. Dans le pire scéna­rio, nous pensions que les fusions [de combus­tible dans les réac­teurs] accé­lé­re­raient rapi­de­ment et échap­pe­rait à tout contrôle, signi­fiant la fin de notre monde.

    Il ne s’agit pas tant de critiquer tel ou tel aspect, mais voilà ce que peuvent penser des gens parmi ceux qui ont le plus de contrôle sur les instal­la­tions, et qui devraient avoir le plus confiance dans la robus­tesse de ces instal­la­tions. Deux scéna­rios, un « hors de contrôle » et un « fin de notre monde ».

    Mais à part ça nos instal­la­tions nucléaires sont maîtri­sées et rien de grave ne peut arri­ver.

  • Encou­ra­ger à copier, toute une éduca­tion

    Je rêve d’une école où on encou­rage les élèves à copier, à échan­ger leurs résul­tats et à colla­bo­rer. Est-ce qu’un élève qui a un besoin régu­lier d’un coup de pouce mérite vrai­ment une mauvaise évalua­tion si en groupe il arrive non seule­ment au même résul­tat mais enri­chit le groupe ?

    Il y a quelques temps je parlais de l’uti­li­sa­tion des docu­ments et des ressources numé­riques – pas pour faire des cours modernes, mais réel­le­ment en travail et en évalua­tion. Je crois que tout ça rejoint la même idée. On forme l’in­di­vi­duel alors qu’on devrait former une géné­ra­tion qui sache colla­bo­rer en société pour arri­ver à quelque chose.

    Tiens, pour ceux qui ont du temps : L’école à bout de souffle, vidéo d’une heure.

  • Publier la loi

    Si quelques data geeks ont tenté d’ex­plo­rer nos lois, ils ont vite vue la diffi­culté de suivre ce qu’il se passe. Legi­france met à dispo­si­tion toutes les données souhai­tées, mais allez-savoir ce qui est vrai­ment modi­fié par telle loi ou tel projet de loi…

    Imagi­nez voir simple­ment les diffé­rences entre diffé­rentes versions d’un même code, de voir faci­le­ment l’in­té­gra­lité des chan­ge­ments d’un projet de loi en cours ainsi que ce que donne­rait le code résul­tant. Mieux, imagi­nez qu’on puisse dupliquer les données pour créer des projets de loi, discu­ter les amen­de­ments actuels, etc.

    D’autres pays ont avancé. Les lois du Bundes­tag sont publiées sous github. Un projet débute aux US sur une loi parti­cu­lière, plus dans l’es­prit d’en propo­ser des modi­fi­ca­tions colla­bo­ra­tives.

    Tech­nique­ment ce n’est pas si compliqué : mettre les articles de loi dans des fichiers textes, le tout dans un dépôt git ; chaque décret ou loi promul­guée sous forme d’une nouvelle version du dépôt avec la réfé­rence qui va bien ; projets de loi ou amen­de­ments sous forme de branches et réin­té­gra­tion sous forme de pull-request. Le problème n’est pas là.

    En France ça reste compliqué, pour des raisons non tech­niques. La loi est forcé­ment un peu plus acces­sible que la moyenne des données publiques, mais on se heurte vite à la réalité. Nos insti­tu­tions consi­dèrent que le contenu des bases de Legi­france relève du droit des bases de données et que toute extrac­tion auto­ma­tique ou substan­cielle est soumise à licence… payante.

    Bref, récu­pé­rer nos textes de loi pour les compi­ler dans un dépôt, c’est 4700 € pour l’his­to­rique, plus 1500 € (par an ?) pour les mises à jour. Ajouté aux 400 € de frais de dossier on peut comp­ter près de 7000 € la première année, 1500 € les années suivantes. Est-ce que cela auto­rise toute forme de repu­bli­ca­tion ? Le site n’in­dique en fait aucun terme précis quant à la licence et aux droits accor­dés.

    Seul espoir : Dans la notice il est indiqué que le télé­char­ge­ment des PDF inté­graux n’est pas soumis à l’ob­ten­tion d’une licence. Je ne sais pas si le télé­char­ge­ment de tous les PDF, de façon auto­ma­ti­sée et régu­lière, peut passer sous ce critère. Je ne sais pas non plus si cette excep­tion auto­rise la redif­fu­sion (mais en même temps une fois l’ex­trac­tion auto­ri­sée, le droit lié aux bases de données ne devrait je pense plus faire obstacle à une repu­bli­ca­tion). Dans tous les cas le résul­tat serait forcé­ment dégradé puisqu’on peut voir les modi­fi­ca­tions succes­sives mais pas les attri­buer à tel décret ou telle loi.

    J’ai­me­rai bien que quelqu’un plus au fait de ces ques­tions puisse m’ai­der à y voir clair. Suivant le cas ça peut vouloir dire tenter un finan­ce­ment parti­ci­pa­tif, ou faire un premier proto rapide pour véri­fier que le projet a du sens. Qui se sent de parti­ci­per à un peu d’ex­plo­ra­tion avant-projet ? Qui a déjà tenté ou exploré des choses ? Je louche vers les gens de Regards Citoyens par exemple. Je ne voudrai dupliquer aucun effort, et surtout ne pas réin­ven­ter la roue déjà aban­don­née par d’autres pour de bonnes raisons. Tout contact, toute info et toute aide bien­ve­nue.

  • Chan­ger le monde

    • Redon­ner contrôle au citoyen sur sa démo­cra­tie
    • Abattre la primauté des entre­prises sur les indi­vi­dus
    • Casser le modèle actuel de la propriété intel­lec­tuelle et assi­mi­lés
    • Amener de la trans­pa­rence dans le public et de l’opa­cité dans le privé
    • Réfor­mer la circu­la­tion de richesses entre les indi­vi­dus et avec l’état
    • Deve­nir maître du monde

    Oui, le chemin est encore long, mais je suis preneur d’ini­tia­tives et de sugges­tions pour avan­cer dans la bonne direc­tion. Pas juste des idées, des actions, utiles.

  • Et si on arrê­tait avec la rede­vance télé­vi­suelle ?

    Sérieu­se­ment, chaque année on redis­cute de l’as­siette de la rede­vance télé­vi­suelle.

    Ça en devient ridi­cule, surtout avec la fron­tière qui s’at­té­nue entre la télé­vi­sion « à l’an­cienne » et les nouveaux écrans permet­tant de récep­tion­ner les mêmes émis­sions. Je ne connais pas les chiffres mais je ne serai pas étonné que la gestion de cette rede­vance coûte une somme non négli­geable : véri­fier qui a coché la case, faire des contrôles, gérer le flux des décla­ra­tions des vendeurs pour noti­fier de qui achète un poste de télé­vi­sion, etc.

    Je ne parle même pas du temps poli­tique gâché à savoir si les cartes tuner doivent être décomp­tées. Même chose pour les magné­to­scope et enre­gis­treurs numé­riques compor­tant un tuner, les box inter­net permet­tant de rece­voir la tv, les forfaits smart­phone avec option tv inclue… et j’en passe.

    Je ne parle même pas de ceux qui ont l’im­pres­sion de payer pour des chaînes qu’ils ne regardent pas et qui se plaignent du niveau des programmes ou de l’ab­sence de diffé­rence avec TF1 (je remarque juste que ceux qui se plaignent de l’ab­sence de diffé­rence sont aussi ceux qui souhaitent arrê­ter la rede­vance, ce qui ne me semble pas cohé­rent dans l’in­ten­tion). Notons tout de même que la rede­vance paye aussi nombre de radios, par exemple France Info.

    Un rôle public ?

    Alors de deux choses l’une. Soit on consi­dère la TV publique comme juste des chaînes et des programmes en plus, soit on consi­dère que ça a une utilité publique un peu plus grande que ça.

    En effet, même si ce rôle s’at­té­nue année après année, la TV publique peut être vue encore comme une garan­tie contre la prise de contrôle de l’opi­nion publique par un nombre restreint de patrons de chaînes TV. Ce medium a une influence gigan­tesque, et la présence d’une TV publique permet de poser une réfé­rence et d’évi­ter de poten­tiels déra­pages. Là bas la TV publique n’a pas suffit à contre­ba­lan­cer, mais ceux qui ont jeté un oeil à Media­set sur la TV italienne doivent comprendre de quoi je parle.

    Tenir ce rôle n’im­pose pas d’avoir des conte­nus haute­ment intel­lec­tuels, juste de jouer un rôle neutre si jamais le privé commence à vouloir « créer l’opi­nion » au lieu de la reflé­ter. Au contraire d’ailleurs : Pour que ce rôle fonc­tionne il faut une TV publique avec une audience du même ordre de gran­deur que la TV privée. Si les gens demandent des jeux idiots et des séries poli­cières, alors donnons des jeux idiots et des séries poli­cières.

    Rien n’em­pêche de cher­cher un rôle secon­daire cultu­rel ou éduca­tif avec une chaîne un peu plus orien­tée sur les conte­nus et un peu moins sur l’au­dience. Si vous recon­nais­sez France 5 / Arte dans ce para­graphe et France 2 / France 4 dans le précé­dent, ce n’est peut être pas une coïn­ci­dence.

    Étendre ou arrê­ter

    La parti­cu­la­rité de la seconde vision, avec un vrai rôle public, c’est que la TV publique béné­fi­cie à la société dans son ensemble, pas qu’à ses spec­ta­teurs. On paye l’école, les musées, les routes, l’éclai­rage public même si on ne s’en sert pas person­nel­le­ment. Dans le pire des cas on en béné­fi­cie indi­rec­te­ment avec toute la société. La TV publique peut être simple­ment vue de la même façon.

    Donc voilà, si nous croyons à ce rôle public, assu­mons le et arrê­tons les frais avec cette rede­vance condi­tion­née par des critères en discus­sion perma­nente et qui ont de moins en moins de sens avec l’évo­lu­tion tech­no­lo­gique : Passons direc­te­ment à un impôt payé par tous, progres­sif, proba­ble­ment fusionné dans l’im­pôt géné­ral.

    Et sinon ? et bien sinon c’est que nous avons simple­ment des chaînes de diver­tis­se­ment avec abon­ne­ment obli­ga­toire, ce qui est tous sauf satis­fai­sant. Arrê­tons ce qui n’a plus de sens et vendons le reste. Dans tous les cas oublions cette idée de rede­vance.

    Note : Je parle de TV mais il en va de même pour la radio, qui éton­nam­ment est payée unique­ment par ceux qui ont une télé­vi­sion, c’est dire la cohé­rence.

    La situa­tion actuelle est juste impos­sible où certains regardent sans payer, d’autres payent sans regar­der, et les derniers regardent mais n’ont pas l’im­pres­sion d’en avoir pour leur argent par rapport au privé. Faire payer un bien public n’a de sens que si les gens comprennent pourquoi ils payent.

  • Sédi­tion

    Trou­vaille dans l’ar­ticle 24 de la loi sur la liberté de la presse :

    Tous cris ou chants sédi­tieux profé­rés dans les lieux ou réunions publics seront punis de l’amende prévue pour les contra­ven­tions de la 5° classe.

    Dans le diction­naire (Acadé­mie Française, dans le TLFi on parle d’auto­rité plutôt que de puis­sance) :

    Sédi­tion : Émeute popu­laire, révolte, soulè­ve­ment contre la puis­sance établie

    Il est donc inter­dit d’ap­pe­ler à la révolte contre l’au­to­rité publique. Assez dange­reux car c’est bien la seule possi­bi­lité contre un pouvoir qui outre­pas­se­rait ses droits. D’ailleurs la Décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen de 1793 (notre consti­tu­tion ne fait réfé­rence qu’à celle de 1789) contient un dernier article qui rentre à mon avis direc­te­ment en conflit avec l’in­ter­dic­tion plus haut :

    Quand le gouver­ne­ment viole les droits du peuple, l’in­sur­rec­tion est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indis­pen­sable des devoirs.

    Il ne s’agit pas de donner un blanc-sein à l’in­sur­rec­tion, mais tenir des propos sédi­tieux fait à mon avis direc­te­ment partie du débat démo­cra­tique. C’est non seule­ment un droit de remise en cause du système, mais aussi une échap­pa­toire néces­saire en cas de déra­page de l’au­to­rité. L’in­ter­dire revient à consi­dé­rer que le peuple n’a pas le droit de remettre en cause l’au­to­rité publique en elle-même. Au lieu que ce soit le peuple qui prête son pouvoir à l’État, c’est l’État qui concède des pouvoirs et des droits au peuple.

  • Dis tonton, pourquoi est-ce si cher un indé­pen­dant ?

    Je vous propose désor­mais une version plus à jour, ce contenu n’est laissé que pour archive.


    Et moi géné­ra­le­ment de faire les gros yeux parce que la plupart des indé­pen­dants français sont assez bas au niveau rému­né­ra­tion. Du coup j’ai fait forma­lisé pas mal de discus­sion que j’ai avec quelques uns depuis pas mal d’an­nées. Tout ça est sur une grille en ligne. Ça évoluera en fonc­tion des retours mais ça permet de déga­ger un ordre de gran­deur d’équi­va­lence finan­cière entre un sala­rié et un indé­pen­dant :

    Taux jour­na­lier Salaire mensuel net équi­valent
    300 € /jour 1100 € net / mois
    400 € /jour 1825 € net / mois
    500 € /jour 2550 € net / mois
    600 € /jour 3250 € net / mois
    800 € /jour 4700 € net / mois

    Je m’at­tends à ce que les équi­va­lents salaires baissent au fur et à mesure des correc­tions appor­tées par les lecteurs. J’ai certai­ne­ment oublié des postes de charge.

    Je suis preneur de tout commen­taire pour amélio­rer cette grille, tout en gardant à l’es­prit qu’il ne s’agit que d’un ordre de gran­deur unique­ment finan­cière, jamais d’une équi­va­lence réelle. De toute façon les ques­tions de liberté, avan­tages, envi­ron­ne­ment social, risque et sécu­rité sont telle­ment person­nelles qu’elles empê­che­ront toujours toute compa­rai­son directe.

    J’ai ici consi­déré un indé­pen­dant qui :

    • travaille de chez lui (et pas sur Paris)
    • facture ses frais de dépla­ce­ment en sus et au réel
    • facture au client ses jour­nées blanches (jour­née non travaillée car en attente d’une vali­da­tion client en retard par exemple)
    • n’a pas diffi­cul­tés pour trou­ver du boulot (pas de jours « là je n’ai pas trouvé de client »)

    Rien que la factu­ra­tion des jour­nées blanches n’est pas dans les habi­tudes en France, et si ce n’est pas le cas il faut augmen­ter le taux jour­na­lier en propor­tion pour compen­ser. Idem pour les frais de dépla­ce­ment.

    Dernière note : J’ai mis un ratio « charges taxes et impôts » à 40%. C’est bien plus qu’un auto-entre­pre­neur (donc la grille n’est plus valide si vous factu­rez en moyenne moins que 250 à 300 euros par jour travaillé), et c’est proba­ble­ment là où j’ai besoin de chiffres concrets des indé­pen­dants pour détailler et sortir un ratio plus précis. N’hé­si­tez pas à m’ame­ner le détail précis de ce que vous payez à ce niveau. On me remonte des chiffres très diffé­rents, parfois 35% parfois 45%.

    Dans tous les cas, je ne parle que de rému­né­ra­tion, et d’ordre de gran­deur et rému­né­ra­tion. Il n’est en aucune façon possible de dire qu’à un quel­conque niveau, l’in­dé­pen­dant est à équi­va­lence avec le sala­rié : Il y a trop de diffé­rences, qui ne se chiffrent pas.

  • Chan­ger de modèle

    « si votre busi­ness est propor­tion­nel au temps que vous y passez, chan­gez de modèle »

    L’objec­tif est simple : Passer plus de temps sur ce qui vous parait impor­tant (famille, amis, passion, aider les autres…) tout en conti­nuant à gagner votre vie, poten­tiel­le­ment mieux, de toutes façons pas moins bien (payer les études au petit, s’of­frir une terrasse pour profi­ter de la vie, finan­cer des voyages pour décou­vrir le monde…).

    Si le busi­ness est propor­tion­nel au temps passé, il est possible d’aug­men­ter un peu les marges mais dans l’en­semble vous êtes coin­cés, il faut choi­sir entre les reve­nus et ce qui est impor­tant pour vous (et si ce qui est impor­tant pour vous ce sont les reve­nus, peut-être devriez-vous y réflé­chir encore un peu).

    Vous pouvez aimer « juste » faire votre métier et votre rôle opéra­tion­nel. Pas de problème, c’est très bien et respec­table. L’idée est de decor­ré­ler l’en­vie et le besoin. Quand vous n’au­rez plus besoin de faire de l’opé­ra­tion­nel supplé­men­taire pour gagner vos reve­nus, vous pour­rez toujours le faire, mais vous n’en dépen­drez plus. Proba­ble­ment que votre acti­vité réelle chan­gera un peu, peut être pour faire plus d’hu­ma­ni­taire, peut être pour faire les chose diffé­rem­ment ou plus serei­ne­ment. Vous le ferez par choix, unique­ment par choix.

    Même si l’équi­libre vous convient actuel­le­ment, qu’en sera-t-il avec l’âge ? s’il vous arrive un acci­dent ? si les besoins finan­ciers augmentent ? si vous vous épui­sez ? Et puis on a beau dire que l’équi­libre nous convient, dans l’en­semble, gagner plus tout en consa­crant plus de temps à ce qui nous semble impor­tant, qui refuse de consi­dé­rer ça comme une bonne idée ?

    Chan­ger de modèle ?

    Chan­ger de modèle c’est créer un fonc­tion­ne­ment qui permette un passage à l’échelle : temps fixe pour déve­lop­per, puis ventes ou clients non limi­tés en nombre par exemple. Pour faire cari­ca­tu­ral c’est la diffé­rence entre un modèle de société de services (vous faîtes payer votre temps passé) et un modèle d’édi­teur (vous faites payer des licences ou des accès à une plate­forme qui est déjà déve­lop­pée). Dans le second cas, si vous réus­sis­sez, vous pouvez au fur et à mesure vous déga­ger de l’opé­ra­tion­nel tout en main­te­nant voire en augmen­tant les reve­nus.

    Poussé au maxi­mum ça veut bien dire finir par embau­cher des gens pour faire l’opé­ra­tion­nel obli­ga­toire ou pour produire le service qui sera ensuite vendu en modèle d’édi­teur, mais il ne s’agit pas, comme certains ont inter­prété, d’em­bau­cher des indiens peu chers et d’em­po­cher la diffé­rence.

    Je parle d’un éditeur  peut être éditeur d’un logi­ciel ou d’un service, si possible en abon­ne­ment et pas en licence payée une fois. Ce peut être auteur d’un livre, d’une musique ou d’une vidéo. C’est appli­cable partout mais bien plus réaliste dans les métiers infor­ma­tique et encore plus dans le domaine du web. Une très bonne auto­ma­ti­sa­tion peut suffire à rentrer dans un modèle SAAS. Il s’agit juste de passer un temps fixe dans le stade opéra­tion­nel pour ensuite avoir une rému­né­ra­tion variable et non limi­tée.

    Pous­ser la logique à un niveau plus macro, ce peut effec­ti­ve­ment aussi être créer une entre­prise, et s’en déga­ger au fur et à mesure en tirant le béné­fice de l’ac­ti­vité entre­pre­na­riale qu’est la créa­tion elle-même ; mais ce n’est pas le passage obligé, loin de là.

    Mais euh…

    Oui, tout ça est simple à dire, mais si vous vous placez à votre compte, si vous créez une acti­vité, c’est peut être la première chose à penser. Voulez-vous être, à terme, dépen­dant de votre temps passé ? Quel risque et quel inves­tis­se­ment êtes-vous prêts à mettre pour que ce ne soit plus le cas ? Quel modèle mettez-vous en oeuvre ? Avant même de parler renta­bi­lité, pensez mise à l’échelle.

    Bien entendu, si vous vous sentez très bien en sala­rié avec les avan­tages de stabi­lité et de moindre respon­sa­bi­lité que cela implique, ça va très bien aussi : pas de juge­ment de valeur, c’est juste que je m’adresse à ceux qui veulent tenter l’aven­ture.