C’est tellement énorme que j’ai sauvegardé le fil de discussion pour archive. Je vous laisse juger. Exceptionnellement je vais laissser mes tweets en ligne un peu plus longtemps pour que ceux qui veulent tout le détail puissent fouiller à loisir (normalement ils sont effacés automatiquement au bout de quelques jours) :
Catégorie : Politique et société
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Bob, des tondus
« Les Tondus » est un mouvement pacifique et apolitique.
– Tu ne crois pas que si on ressemblait au Dalai Lama ou à Mahatma Ghandi ça nous ramènerait plus de soutiens ?
– Euh… t’es sûr de toi là Bob ? on est en train de réclamer de payer moins à la collectivité, c’est un peu gros quand même
– T’inquiètes, on va dire qu’on est apolitique et pour la paix dans le monde, ça fera de nous les gentils de l’histoire
– Euh… pacifiques ça n’a rien à voir mais si ça t’amuse, par contre apolitique alors qu’on demande un changement de politique, sur la fiscalité qui est le moyen d’action le plus central de l’État pour mettre en oeuvre une politique ? t’es sûr là ?
– Roh, bon je vais le mettre en gras comme ça ça passera mieuxIl regroupe des entreprises adhérant à la même cause, à savoir la suppression de la part patronale autrement appelée « baisse des charges ».
– Hé Bob, t’as mal compris le brief, ce n’est pas une baisse qu’on veut c’est ne plus rien payer, ne plus contribuer du tout à la collectivité, une suppression totale quoi…
– Ouais, je sais. C’est d’ailleurs glissé astucieusement au dessus mais les gens vont s’arrêter sur le terme connu de « baisse des charges ». Ça leur parle tout de suite, ils ont l’habitude. Puis tout supprimer c’est un peu une baisse quelque part non ?« Les Tondus » est soutenu par des entrepreneurs, des salariés et des demandeurs d’emploi qui donnent leur temps et leurs moyens bénévolement et gratuitement.
– Hé Bob, t’es bien gentil avec le bouton de donation mais tu crois vraiment que des gens vont donner quelque chose pour que nous on puisse garder plus de sous ? Ce n’est pas du philanthropique quand même. Surtout qu’on parle justement de couper les cotisations qui soutiennent en cas de problème de santé, de recherche d’emploi, de retraite ou de formation.
– T’inquiètes, si on dit que d’autres le font déjà ils vont faire pareil. Des moutons je te dis.
– Oui mais quand même… on parle de faire cotiser des demandeurs d’emplois à la cause de Decathlon, ce n’est pas comme si on n’avait pas de quoi financer les quelques milliers d’euros dont on parle.
– Bon, bon, calme toi, je vais mettre ça en gras, ça passera mieux« Les Tondus » est une association de loi 1901 régulièrement enregistrée en préfecture des Alpes Maritimes . C’est un mouvement libre et indépendant de toute administration. Le fondateur du mouvement s’appelle Guillaume De Thomas.
La France est le pays où la pression fiscale est l’une des plus lourdes au monde
– Hé Bob…
– Oui, je sais, mais les gens n’iront pas vérifier. Puis ils sont tellement habitués à ce qu’ils ont en retour qu’ils ne se rendent pas compte que ça n’existe pas ailleurs.et ce sans résultat efficace puisque que la situation ne fait qu’empirer d’année en année. Les Entreprises françaises sont TONDUES à un degré tel qu’elles ne sont parfois plus à même de payer leur salariés QUI TRAVAILLENT, car elles doivent financer seules la protection sociale de ceux QUI NE TRAVAILLENT PAS. On appelle cela, LA PART PATRONALE.
– Hé Bob… c’est un peu le principe d’une assurance que de payer pour ceux qui ont le sinistre, non ? Si seuls ceux avec un problème de santé, au chômage ou en retraite payaient les cotisations, ça ne servirait un peu à rien.
– Là n’est pas la question, puis on s’en fout, je te rappelle que nous on gère des entreprises, tant pis pour ceux qui sont salariés. L’important c’est qu’on trouve des têtes de turcs. Ceux qui sont malades, vieux ou sans emplois sont parfaits : ils ne peuvent pas se défendre.
– Oui mais là c’est la part patronale des cotisations qu’on veut supprimer, pas la part salariale. Ils doivent bien se rendre compte que ça ne leur profitera pas et que ça fera juste grossir le résultat de l’entreprise ?
– Mais non, des moutons je te dis. Oh puis tu m’agaces, je vais ajouter du gras *et* des capitales, comme ça on n’en parle plus.Pourtant, on le sait depuis des années, la suppression de la part patronale permettrait la création IMMÉDIATE de 750000 emplois en France la première année, et près de 500000 emplois supplémentaires les années suivantes,
– Put* c’est vrai ça Bob ?
– Attends, t’es sérieux ? bien sûr que non ce n’est pas vrai. On créera des emplois quand on en aura besoin, pas simplement parce qu’on gagne plus d’argent. Attends, tu m’inquiètes si tu en es là toi.
– Mais alors tu ne crois pas qu’ils vont s’en rendre compte ? Surtout depuis qu’on sait que les baisses à la restauration n’ont pas entraîné l’emploi promis.
– Tu crois que les gens réfléchissent jusque là ? Bon, tu fais chier, je mets en gras commme ça personne ne contestera.ainsi que le renflouement INSTANTANÉ des caisses de la Sécurité Sociale.
– Ah non Bob, là franchement, on ne fera croire à personne que ne plus payer les cotisations va renflouer la Sécurité Sociale. Même en comptant qu’on réinvestit tout en embauche c’est évident que ça ne fera pas le compte. Et tu as dit toi même qu’on ne le ferait pas.
– Des moutons je te dis ! Mais j’ai déjà mis trop de gras, je vais mettre en capitales, ça fera bien pareil.Puisque aucun gouvernement n’en a eu le courage, Puisque les entreprises n’ont plus les moyens de financer un système inefficace et de toute façon injuste, Puisque la part patronale est directement responsable de milliers de dépôts de bilan, de licenciements et parfois même, de suicides,
« Les tondus » ont décidé que…
TROP TONDUES, ELLES NE PAIENT PLUS.
– Ah ouais, ça claque là Bob
– Puis en gras et en capitales d’un coup, personne ne pourra douter
– Tout de même, ça veut dire qu’on ne paiera pas les assurances des salariés, et qu’on va creuser encore plus les déficits, surtout s’ils sont obligés d’emprunter en conséquence
– C’est peanuts sur le trou de la secu, puis on s’en fout, ça ne concerne que les salariés. Au pire ils augmenteront les cotisations pour compenser. L’avantage c’est non seulement que pendant ce temps nous on gagne de la trésorerie et des intérêts, mais si jamais ça devient assez important pour avoir un impact sur les cotisations, ça sera aussi amorti par toutes les autres sociétés qui elles payent honnêtement leurs cotisations.
– Bob, tu es machiavélique -
Mansplaining
Fatiguant aussi de voir que ceux qui luttent contre le sexisme en font eux aussi dans leur réaction.
Chacun a son biais, son prisme de lecture. Vous, moi, les autres. D’un côté ceux qui, de par un historique culturel sexiste, ont du mal à se détacher totalement de certains biais malgré toute la bonne volonté du monde. De l’autre ceux qui militent et qui eux même risquent de trop facilement de faire coller ce qu’ils combattent à ce qu’ils rencontrent. Je fais probablement alternativement partie de l’un et de l’autre, suivant le contexte.
Non seulement chacun a son biais mais il est extrêmement difficile de s’en abstraire, quand bien même notre interlocuteur le pointe explicitement. Au mieux on prend souvent un autre biais, parfois l’opposé.
Personne n’a *la* vérité, pas plus les concernée que les autres (si tant est que dans la question seules les femmes sont concernées, ce qui me semble discutable vu que justement c’est aussi le comportement des hommes qu’il faut changer). Peut être même encore moins d’ailleurs. Une visite au tribunal fait vite prendre conscience que malgré toute la compassion qu’on peut avoir, la victime est rarement la meilleure conseillère sur le jugement à apporter.
Ce débat sur le féminisme avec des hommes blancs c’est rigolo, mais : fatiguant de repartir de zéro, pis j’ai un travail à faire :)
Bref, ça m’agace, et je trouve détestable ce terme de « mansplaining » et la pensée qu’il sous-tend. Wikipedia me donne « Explication faite par un homme a une femme sur ce qu’elle doit faire ou ne pas faire avec condescendance parce que cette dernière est une femme. »
Et finalement le feedback de mansplaining est une explication faite à un homme sur ce qu’il doit ou non penser sur le sujet du féminisme, faite avec condescendance, parce que ce dernier est un homme.
Si vous ne trouvez pas ça dramatiquement ironique, moi si.
Que la remarque soit justifiée ou pas, ça reste du plus beau sexisme. Si le seul feedback qu’on trouve à faire à un homme dont on trouve les idées fausses voire stupides c’est qu’il les fait parce qu’il est un homme, il ne faudra pas s’offusquer d’entendre par la suite que d’autres ont d’autres idées stupides ou sont peu capables de faire X ou Y parce qu’elles sont femmes.
Peut être qu’en disant ça certains diront que je fais moi-même du mansplaining. Ou pas. C’est bien tout l’objet du billet. Toujours est-il que je trouve le terme et son usage des plus crétins. Il existe d’autres variantes, entre autres pour le racisme, pas meilleures.
Si vous voulez me faire plaisir et avoir une écoute d’autant plus attentive, peu importe que ça ne me soit pas destiné : évitez ça en ma présence. Je suis conscient des biais de chacun, y compris des miens même si je ne les vois pas. Par contre je me refuse à écouter celui qui n’est pas prêt à considérer son interlocuteur comme intelligent et capable de réfléchir.
C’est encore pire quand c’est juste une façon de refuser une vision tierce moins radicale, mais c’est un autre débat. Considérer qu’une vision divergente est forcément stupide, non éclairée, non réfléchie ou extrêmement biaisée, c’est malheureusement commun et absolument pas spécifique au sujet.
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Paris web en une anecdote
Il y a quelques minutes : Questions réponses après une conférence technique qui débordait sur l’éthique, sur l’interaction entre la technologie et notre monde.
À deux langues de distances, l’orateur à une conférence technique répond à une question d’un malentendant. Interprète LSF-français, traduction français-anglais, en direct. Même chose dans l’autre sens. Au-dessus défile un sous-titrage automatique de tout ce qui est dit, le tout (audio, vidéo, sous-titrage) transmis en direct sur le web.
Parler d’accessibilité est une chose, le faire en est une autre.
Si je dois résumer ce qui a été créé à Paris Web et que je ne retrouve nulle part ailleurs, même en dehors de nos frontières, je crois que ce sont ces quelques minutes qui l’expriment le mieux.
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Les inégalités de salaires diminuent-elles vraiment ?
Données brutes : Le ratio entre les 10% les mieux payés et les 10% les moins bien payés a tendance à se réduire. Il était de 3,4 en 1950, presque 4,2 en 1966, et tombe maintenant en dessous des 3.
L’idée va plutôt contre les préjugés. Les classes aisées ne le sont pas tant que ça, et on bascule vite dans les déciles les plus haut.
Cette évolution s’accompagne toutefois d’une montée forte des dépenses obligatoires comme le logement ou le chauffage. Il serait intéressant de regarder si le ratio évolue dans le même sens si on ne prend en considération que le revenu après dépenses obligatoires. J’en suis moins convaincu mais je manque de chiffres.
Par contre là où l’analyse est intéressante, c’est que si ça s’écrase entre le premier et dernier décile, c’est surtout au bénéfice des derniers centiles. Les revenus et le poids des 1 à 3% les mieux payés s’envolent.
En dix ans les moins riches ont évolué un peu plus vite que les classes moyennes. La répartition est même étonnamment homogène aux alentours de 6%. Seuls les trois premiers déciles bénéficient d’un léger coup de pouce avec un gain montant jusqu’à 10%.
Là où c’est étonnant (ou pas), c’est que le gain se fait légèrement plus fort à partir des 95%, puis encore plus à partir des 98%, pour culminer à 11% pour le dernier centile. Les 2 à 3% les plus riches font une échappée difficile à justifier. Mais quand on regarde encore plus en détail, le dernier millième (les 0,1% les plus riches) augmentent eux de 28%.
Bref, l’aplatissement du ratio entre le premier et le dernier décile n’est pas forcément un bon signe, c’est juste le symptôme qu’une très faible minorité des plus riches est en train de lâcher tous les autres, qui se retrouvent dans le même bain que les classes moyennes. En regardant de loin la société semble plus égalitaire, en regardant de près c’est tout l’inverse.
1996 2006 Gain en euros Gain en % 10 % touchent un salaire inférieur à : 1 251 1 382 131 10,5% 20 %… 1 418 1 551 133 9,4% 30 %… 1 572 1 702 130 8,3% 40 %… 1756 1865 108 6,2% 50 %… 1 931 2 050 119 6,2% 60 %… 2 149 2 282 133 6,2% 70 %… 2 448 2 599 151 6,2% 80 %… 2 921 3 102 180 6,2% 90 %…* 3 905 4 146 241 6,2% 95 % … 5 102 5 471 369 7,2% 98 %… 7 133 7 725 592 8,3% 99 %… 8959 9 995 1 036 11,6% 99,9 %… 19 374 24 800 5 426 28,0% -
Retour sur terre, 50K
Petite conversation surréaliste il y a quelques jours sur twitter à propos de « gagner 50K€ par an ». Entre ceux qui ne voient que la moitié de la conversation et ceux qui ne se comprennent pas, j’ai promis de mettre quelques lignes ici.
Tout d’abord les faits : Le revenu fiscal total médian est de 1474 € / mois pour une personne seule, 2410 € / mois pour un ménage. Avec un calcul grossier ça nous donne respectivement 23 K€ annuels bruts pour un célibataire et 38 K€ annuels bruts pour l’ensemble du ménage (donc le cumul des deux revenus).
Pour atteindre 50 K annuels bruts, nous sommes entre le sixième et le septième déciles. Dit autrement, si vous gagnez ça en cumulant l’intégralité des sources de revenu de la famille, vous êtes dans le tiers français le plus aisé. Si vous comptez pour un foyer d’une seule personne, vous êtes dans les 10% les mieux payés à partir de 47 K€ annuels bruts.
Entendre dire que c’est juste pour vivre ou même que ce n’est pas particulièrement confortable, c’est juste une insulte aux deux tiers des français, voire plus. Il serait temps de se réveiller un peu et de regarder autour de soi.
Il n’y a aucun mal à gagner plus, à considérer qu’on devrait gagner plus, ou à chercher à le faire. Par contre le minimum c’est de ne pas oublier ce que ça veut dire par rapport aux autres, et de se rappeler qu’on est aisé (voire riche).
Et pour ceux qui pensent qu’il en va différemment sur Paris, que là bas il faut bien 50 K€ annuels pour vivre : Le revenu fiscal médian par ménage y est de 2 835 € / mois, soit environ 45 K€ annuels bruts (cumulé pour l’ensemble du ménage). À 50 K€ cumulé sur le ménage, vous êtes au dessus de la moitié des parisiens, qui sont eux-même largement au dessus de la moyenne française. Et si vous êtes célibataire, ça reste au dessus de 75% des parisiens.
Petite note avant commentaires : Oui ce ne sont que des statistiques, mais on a l’habitude de calculer le seuil de pauvreté à partir du revenu médian, donc la statistique n’a pas aucun sens non plus dans ce cas précis.
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Entreprendre en France
Mon passage au Blend Web Mix m’a un peu secoué la caboche. Déjà je me suis vu aller dans les salles « business » et « entrepreneur », moi qui n’ai toujours juré que par la technique. Ça me fait un peu drôle.
Mais aussi j’ai entendu les orateurs dire que la France était un des meilleurs endroits pour commencer et pour placer sa R&D. Ça a commencé dès le début et ça ne s’est pas arrêté avant la fin. On ne parle pas d’un seul intervenant isolé mais de l’essentiel de la scène, avec des entrepreneurs chevronnés et business international.
Donc voilà, j’ai entendu ces gens dire que la France était un bon pays pour les startups, que les ingénieurs (informatique) n’y étaient pas chers, que nous avions de l’aide et des subventions, que nous avions en parallèle assez peu de concurrence, et de très bonnes infrastructures. Et… pour finir de mettre une baffe à ceux qui râlent continuellement sur cette France qui empêche tout business, on y a même entendu que la fiscalité y était avantageuse. Oui Messieurs-dames.
Alors quelques rappels :
- Oui on paye pas mal de charges sur les salaires, mais comparé à un salaire de développeur sur une côte des États-Unis, le coût final reste encore facile deux fois moins cher, peut être trois fois moins si on prend en compte l’environnement autour du développeur.
- Oui il est un peu plus difficile de licencier en France (un peu seulement, pour quelques poignées d’ingénieurs, on trouve des solutions) mais la loyauté est là en retour, et les employés français sont dans les plus productifs.
- Oui personne ne veut payer des impôts et taxes, et il y aura toujours un pays où ce sera moins élevé, mais en retour on a des infrastructures, un niveau d’éducation moyen et des aides que n’ont pas la plupart des pays
Visiblement amorcer aux États-Unis c’est juste un ordre de grandeur plus coûteux qu’en France si on en croit ceux qui ont essayé dans les deux pays. Voilà pour les idées reçues.
Des fois il faut aussi jeter notre côté râleur et essayer de voir un peu plus loin.
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Réjouissons-nous, un candidat FN sera élu
Il semble que candidat FN ait fait au moins 40% sur la dernière cantonale partielle dans le Var. Au lieu de crier, menacer et faire peur, ne pourrait-on pas se réjouir ?
Non, je ne parle pas de sombre calcul destiné à réveiller les consciences ou provoquer un sursaut « républicain ». Il est simplement normal qu’il y ait des élus FN, et il devrait même y en avoir beaucoup plus. Ce serait juste et bien pour notre démocratie.
Le Front National fait régulièrement 15 voire 20% aux élections nationales, avec une concentration plus forte dans le sud proche de la Côte d’Azur.Avec un ancrage local fort, le FN n’a pour l’instant qu’un seul conseiller général sur 3900, et qu’un unique député sur 577 (trois si on compte les députés apparentés à un mouvement dont les idées sont proches).
Oui, c’est le jeu des élections majoritaires, c’est ainsi. Il n’empêche que je ne peux me réjouir du résultat actuel, et qu’un élu FN de plus reste un pas important dans la bonne direction. Comment donner l’impression à ces 20% que la classe politique est à même de les représenter si un tel mouvement ne mène à rien ? Pourquoi n’y-a-t-il pas de débat d’idées au lieu de ce rejet pur et simple ?
La démocratie c’est discuter avec son voisin, et pas seulement ceux avec qui on partage les idées. Auriez-vous simplement peur de la démocratie ? Croyez-vous que la démocratie ne se fait qu’entre gens qui s’apprécient ? Et si vous pensez que les électeurs FN votent uniquement par rejet, le meilleur moyen de les faire reprendre le jeu démocratique collectif, c’est bien de leur montrer qu’ils ont autant de voix que les autres.
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Fiction amazonienne
Le parlement s’est enfin chargé du sujet brûlant des libraires. La concurrence d’Amazon commençait à les mettre à risque dangereusement.
Il faut dire qu’Amazon a un tel volume qu’il pouvait faire ce qu’aucun libraire ne peut envisager: Acheter de la surface au sol en centre ville pour y poser du stock au plus près des clients, payer des vendeurs-conseil à attendre ces clients toute la journée, et laisser ces derniers flâner et se laisser tenter sur place. Le volume de vente énorme créé par ce nouveau modèle de vente lui permet d’amortir très facilement tous ces coûts supplémentaires et de les offrir aux clients fidèles.
Les libraires historiques qui faisaient de la VPC par économie se retrouvent dépassés. Nous risquons de perdre tout notre riche réseau de libraires sur Internet si on ne les protège pas. Ceux qui ont tenté l’aventure en créant eux aussi des magasins physiques ont bien du mal à dégager une marge suffisante pour ne pas facturer les services en plus, comme l’accès au magasin, au parking privé attenant, ou à la demi-heure de conseil personnalisé par un vendeur humain.
Autant dire que l’activité d’Amazon agaçait depuis longtemps, surtout vue du point de vue du prix unique du livre. Offrir tous ces services indépendants en plus de la prestation de vente et de remise du livre acheté était considéré par beaucoup comme un détournement du prix unique du livre.
Bientôt ce sera fini, les libraires avec magasin en centre ville ne pourront plus cumuler la remise de 5% sur le prix du livre et la gratuité des services attenants au magasin physique. Les libraires historiques (vpc) pourront enfin souffler et survivre.
Ce qui est très marrant c’est qu’on peut réécrire l’histoire actuelle dans l’autre sens, et que ça fonctionne encore mieux. Le problème n’est pas celui des frais de port, c’est celui de la défense d’un ancien modèle face au seul un acteur qui a investit massivement dans un nouveau modèle pertinent, et qui acquiert en retour une masse critique dangereuse. A-t-on vraiment choisi le bon style de réponse ?
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Dimanche, prendre du recul
L’historique c’est certainement une dimension religieuse. Maintenant la question est celle d’un choix de société. Le dimanche c’est un moyen de permettre un équilibre entre la vie sociale professionnelle et la vie sociale personnelle. S’assurer qu’il peut y avoir une vie familliale avec un jour de congé commun. S’assurer qu’il puisse y avoir des activités sociale et culturelles avec des heures et des jours communs. S’assurer qu’on peut faire une sortie avec des amis parce qu’on a un jour commun. C’est idiot mais ça permet beaucoup de choses ce dimanche.
Il peut y avoir des exceptions. Il doit même y avoir des exceptions. Peut être même qu’il faille repenser les règles ou les assouplir. Probablement. Mais la règle elle-même reste sacrément utile et ne doit probablement pas être vidée de son sens.
Ce qui est certain c’est que les arguments que je vois passer ont des oeillères énormes. Oui c’est sur qu’ouvrir le dimanche permet de l’activité économique en plus et qu’il y a de toutes façons des volontaires. Mais non seulement il faut un équilibre entre ces arguments et le besoin social global, mais en plus si on cherche à aller voir plus loin, l’image est bien plus complexe que ça. Je ne suis ni pour ni contre, je suis juste excédé par ces arguments qui finalement n’apportent rien et ne prennent absolument pas en compte de l’ensemble du sujet.
Côté entreprise
Première question : Une partie de ceux qui viennent le dimanche se seraient organisés pour venir un autre jour de la semaine avant ou après. Est-ce que le nombre de clients supplémentaires (ceux qui ne se reportent pas sur un autre jour) compense vraiment les frais d’ouverture le dimanche ?
Si on ouvre le dimanche alors que les concurrents ferment, c’est certain. Le cas de Castorama c’était surtout à cause d’un concurrent qui n’avait pas eu la même autorisation. Le gain est alors indéniable.
La réflexion s’étend même dans les autres domaines. On ira plus facilement faire des emplettes sur un magasin ouvert le dimanche si on n’a rien d’autre à faire. Le jour où on assouplit la loi sur le travail le dimanche, tous les commerces seront en concurrence et la spécificité du dimanche risque de disparaitre. Dans ce cas les ventes vraiment créées par l’ouverture du dimanche (par opposition aux ventes reportées le dimanche) sont-elles vraiment encore significatives ?
Allons même plus loin. Si l’ouverture le dimanche est autorisée, les magasins seront globalement un peu forcés de suivre, parce que justement les clients vont là où c’est ouvert au lieu de reporter leurs achats un autre jour. Même si l’ouverture le dimanche est clairement non rentable pour certains, ils le feront quand même car l’alternative serait pire. Il n’est même pas certain que l’économie dans son ensemble en sortira du positif.
Côté salarié
L’argument ultime c’est de dire que certains salariés sont pour. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, les salariés ne sont pas pour travailler le dimanche, ils sont pour vivre avec un revenu correct. Ils sont juste prêts à travailler le dimanche si c’est le seul moyen pour ça. Proposez leur d’être payés correctement le vendredi, et d’un coup il risque d’y avoir beaucoup moins de volontaires pour le dimanche.
Avec un argument comme celui ci, on peut supprimer le salaire minimum (quel que soit ce salaire minimum, certains seront prêt pour travailler à 10% de moins s’ils ne trouvent pas d’emploi), les congés payés (prêt à avoir un jour de congé de moins), et à peu près toutes les mesures protectrices mise à part l’interdiction de l’esclavage (et encore, si j’en suis réduit à ça pour pouvoir donner un toit et une vie à mes enfants…).
Les gens se portent rarement volontaires pour le travail le dimanche, ils se portent volontaires pour un salaire correct, ou même volontaire pour accepter de renoncer à plus que le voisin et avoir le poste.
L’idée est aussi de prendre du recul. Si en travaillant normalement cela ne suffit pas et qu’il faut accepter de travailler le dimanche pour faire vivre la famille, c’est plutôt ça qu’il faut corriger et pas le travail le dimanche. Même chose pour les jobs étudiants (et une boutique ne tourne pas le dimanche avec *que* des étudiants, pas possible).
C’est d’autant plus vrai que dans le travail le dimanche l’intérêt est aussi d’avoir du coup un jour de semaine libre pour pouvoir faire ses emplettes tranquille en semaines. Bref, ils sont pour travailler le dimanche aussi parce que justement les magasins sont fermés le dimanche. Ça se mord un peu la queue.
Dimanche sacré