Catégorie : Politique et société

  • La fin d’AdB­lock ? Google prend le contrôle exclu­sif des exten­sions Chrome

    La fin d’AdB­lock ? Google prend le contrôle exclu­sif des exten­sions Chrome. Le titre est là pour faire du buzz mais le problème est réel : Celui du contrôle de l’éco­sys­tème et de l’as­sujet­tis­se­ment à une ou plusieurs multi­na­tio­nale qui décident ce qu’on a le droit ou non de faire sur le web, avec nos conte­nus.

    Rappe­lez-vous qu’en mars de l’an­née dernière Google qui menaçait de mettre des appli­ca­tions Android dehors si elles ne passaient pas par la solu­tion de paie­ment inté­grée de Google (avec les commis­sions adéquates). Rappe­lez-vous encore aujourd’­hui Google qui bloque les reve­nus publi­ci­taires dès qu’on voit un bout de peau dénu­dée sur le site web.

    Le fait de pouvoir faire ou pas ce qu’on veut sur la porte d’en­trée sur le web est juste un enjeu de société. À la limite ne pas pouvoir placer d’ex­ten­sions est moins dange­reux : on ne risque pas de se voir orienté incons­ciem­ment par ce qui est présent.

     

  • La suite des tondus

    C’est telle­ment énorme que j’ai sauve­gardé le fil de discus­sion pour archive. Je vous laisse juger. Excep­tion­nel­le­ment je vais laiss­ser mes tweets en ligne un peu plus long­temps pour que ceux qui veulent tout le détail puissent fouiller à loisir (norma­le­ment ils sont effa­cés auto­ma­tique­ment au bout de quelques jours) :

  • Bob, des tondus

    « Les Tondus » est un mouve­ment paci­fique et apoli­tique.

    – Tu ne crois pas que si on ressem­blait au Dalai Lama ou à Mahatma Ghandi ça nous ramè­ne­rait plus de soutiens ?
    – Euh… t’es sûr de toi là Bob ? on est en train de récla­mer de payer moins à la collec­ti­vité, c’est un peu gros quand même
    – T’inquiètes, on va dire qu’on est apoli­tique et pour la paix dans le monde, ça fera de nous les gentils de l’his­toire
    – Euh… paci­fiques ça n’a rien à voir mais si ça t’amuse, par contre apoli­tique alors qu’on demande un chan­ge­ment de poli­tique, sur la fisca­lité qui est le moyen d’ac­tion le plus central de l’État pour mettre en oeuvre une poli­tique ? t’es sûr là ?
    – Roh, bon je vais le mettre en gras comme ça ça passera mieux

    Il regroupe des entre­prises adhé­rant à la même cause, à savoir la suppres­sion de la part patro­nale autre­ment appe­lée « baisse des charges ».

    – Hé Bob, t’as mal compris le brief, ce n’est pas une baisse qu’on veut c’est ne plus rien payer, ne plus contri­buer du tout à la collec­ti­vité, une suppres­sion totale quoi…
    – Ouais, je sais. C’est d’ailleurs glissé astu­cieu­se­ment au dessus mais les gens vont s’ar­rê­ter sur le terme connu de « baisse des charges ». Ça leur parle tout de suite, ils ont l’ha­bi­tude. Puis tout suppri­mer c’est un peu une baisse quelque part non ?

    « Les Tondus » est soutenu par des entre­pre­neurs, des sala­riés et des deman­deurs d’em­ploi qui donnent leur temps et leurs moyens béné­vo­le­ment et gratui­te­ment.

    – Hé Bob, t’es bien gentil avec le bouton de dona­tion mais tu crois vrai­ment que des gens vont donner quelque chose pour que nous on puisse garder plus de sous ? Ce n’est pas du philan­thro­pique quand même. Surtout qu’on parle juste­ment de couper les coti­sa­tions qui soutiennent en cas de problème de santé, de recherche d’em­ploi, de retraite ou de forma­tion.
    – T’inquiètes, si on dit que d’autres le font déjà ils vont faire pareil. Des moutons je te dis.
    – Oui mais quand même… on parle de faire coti­ser des deman­deurs d’em­plois à la cause de Decath­lon, ce n’est pas comme si on n’avait pas de quoi finan­cer les quelques milliers d’eu­ros dont on parle.
    – Bon, bon, calme toi, je vais mettre ça en gras, ça passera mieux

    « Les Tondus » est une asso­cia­tion de loi 1901 régu­liè­re­ment enre­gis­trée en préfec­ture des Alpes Mari­times . C’est un mouve­ment libre et indé­pen­dant de toute admi­nis­tra­tion. Le fonda­teur du mouve­ment s’ap­pelle Guillaume De Thomas.

    La France est le pays où la pres­sion fiscale est l’une des plus lourdes au monde

    – Hé Bob…
    – Oui, je sais, mais les gens n’iront pas véri­fier. Puis ils sont telle­ment habi­tués à ce qu’ils ont en retour qu’ils ne se rendent pas compte que ça n’existe pas ailleurs.

    et ce sans résul­tat effi­cace puisque que la situa­tion ne fait qu’em­pi­rer d’an­née en année. Les Entre­prises françaises sont TONDUES à un degré tel qu’elles ne sont parfois plus à même de payer leur sala­riés QUI TRAVAILLENT, car elles doivent finan­cer seules la protec­tion sociale de ceux QUI NE TRAVAILLENT PAS. On appelle cela, LA PART PATRONALE.

    – Hé Bob… c’est un peu le prin­cipe d’une assu­rance que de payer pour ceux qui ont le sinistre, non ? Si seuls ceux avec un problème de santé, au chômage ou en retraite payaient les coti­sa­tions, ça ne servi­rait un peu à rien.
    – Là n’est pas la ques­tion, puis on s’en fout, je te rappelle que nous on gère des entre­prises, tant pis pour ceux qui sont sala­riés. L’im­por­tant c’est qu’on trouve des têtes de turcs. Ceux qui sont malades, vieux ou sans emplois sont parfaits : ils ne peuvent pas se défendre.
    – Oui mais là c’est la part patro­nale des coti­sa­tions qu’on veut suppri­mer, pas la part sala­riale. Ils doivent bien se rendre compte que ça ne leur profi­tera pas et que ça fera juste gros­sir le résul­tat de l’en­tre­prise ?
    – Mais non, des moutons je te dis. Oh puis tu m’agaces, je vais ajou­ter du gras *et* des capi­tales, comme ça on n’en parle plus.

    Pour­tant, on le sait depuis des années, la suppres­sion de la part patro­nale permet­trait la créa­tion IMMÉDIATE de 750000 emplois en France la première année, et près de 500000 emplois supplé­men­taires les années suivantes,

    – Put* c’est vrai ça Bob ?
    – Attends, t’es sérieux ? bien sûr que non ce n’est pas vrai. On créera des emplois quand on en aura besoin, pas simple­ment parce qu’on gagne plus d’argent. Attends, tu m’inquiètes si tu en es là toi.
    – Mais alors tu ne crois pas qu’ils vont s’en rendre compte ? Surtout depuis qu’on sait que les baisses à la restau­ra­tion n’ont pas entraîné l’em­ploi promis.
    – Tu crois que les gens réflé­chissent jusque là ? Bon, tu fais chier, je mets en gras commme ça personne ne contes­tera.

    ainsi que le renfloue­ment INSTANTANÉ des caisses de la Sécu­rité Sociale.

    – Ah non Bob, là fran­che­ment, on ne fera croire à personne que ne plus payer les coti­sa­tions va renflouer la Sécu­rité Sociale. Même en comp­tant qu’on réin­ves­tit tout en embauche c’est évident que ça ne fera pas le compte. Et tu as dit toi même qu’on ne le ferait pas.
    – Des moutons je te dis ! Mais j’ai déjà mis trop de gras, je vais mettre en capi­tales, ça fera bien pareil.

    Puisque aucun gouver­ne­ment n’en a eu le courage, Puisque les entre­prises n’ont plus les moyens de finan­cer un système inef­fi­cace et de toute façon injuste, Puisque la part patro­nale est direc­te­ment respon­sable de milliers de dépôts de bilan, de licen­cie­ments et parfois même, de suicides,

    « Les tondus » ont décidé que…

    TROP TONDUES, ELLES NE PAIENT PLUS.

    – Ah ouais, ça claque là Bob
    – Puis en gras et en capi­tales d’un coup, personne ne pourra douter
    – Tout de même, ça veut dire qu’on ne paiera pas les assu­rances des sala­riés, et qu’on va creu­ser encore plus les défi­cits, surtout s’ils sont obli­gés d’em­prun­ter en consé­quence
    – C’est peanuts sur le trou de la secu, puis on s’en fout, ça ne concerne que les sala­riés. Au pire ils augmen­te­ront les coti­sa­tions pour compen­ser. L’avan­tage c’est non seule­ment que pendant ce temps nous on gagne de la tréso­re­rie et des inté­rêts, mais si jamais ça devient assez impor­tant pour avoir un impact sur les coti­sa­tions, ça sera aussi amorti par toutes les autres socié­tés qui elles payent honnê­te­ment leurs coti­sa­tions.
    – Bob, tu es machia­vé­lique

  • Mans­plai­ning

    Fati­guant aussi de voir que ceux qui luttent contre le sexisme en font eux aussi dans leur réac­tion.

    Chacun a son biais, son prisme de lecture. Vous, moi, les autres. D’un côté ceux qui, de par un histo­rique cultu­rel sexiste, ont du mal à se déta­cher tota­le­ment de certains biais malgré toute la bonne volonté du monde. De l’autre ceux qui militent et qui eux même risquent de trop faci­le­ment de faire coller ce qu’ils combattent à ce qu’ils rencontrent. Je fais proba­ble­ment alter­na­ti­ve­ment partie de l’un et de l’autre, suivant le contexte.

    Non seule­ment chacun a son biais mais il est extrê­me­ment diffi­cile de s’en abstraire, quand bien même notre inter­lo­cu­teur le pointe expli­ci­te­ment. Au mieux on prend souvent un autre biais, parfois l’op­posé.

    Personne n’a *la* vérité, pas plus les concer­née que les autres (si tant est que dans la ques­tion seules les femmes sont concer­nées, ce qui me semble discu­table vu que juste­ment c’est aussi le compor­te­ment des hommes qu’il faut chan­ger). Peut être même encore moins d’ailleurs. Une visite au tribu­nal fait vite prendre conscience que malgré toute la compas­sion qu’on peut avoir, la victime est rare­ment la meilleure conseillère sur le juge­ment à appor­ter.

    Ce débat sur le fémi­nisme avec des hommes blancs c’est rigolo, mais : fati­guant de repar­tir de zéro, pis j’ai un travail à faire :)

    Bref, ça m’agace, et je trouve détes­table ce terme de « mans­plai­ning » et la pensée qu’il sous-tend. Wiki­pe­dia me donne « Expli­ca­tion faite par un homme a une femme sur ce qu’elle doit faire ou ne pas faire avec condes­cen­dance parce que cette dernière est une femme. »

    Et fina­le­ment le feed­back de mans­plai­ning est une expli­ca­tion faite à un homme sur ce qu’il doit ou non penser sur le sujet du fémi­nisme, faite avec condes­cen­dance, parce que ce dernier est un homme.

    Si vous ne trou­vez pas ça drama­tique­ment ironique, moi si.

    Que la remarque soit justi­fiée ou pas, ça reste du plus beau sexisme. Si le seul feed­back qu’on trouve à faire à un homme dont on trouve les idées fausses voire stupides c’est qu’il les fait parce qu’il est un homme, il ne faudra pas s’of­fusquer d’en­tendre par la suite que d’autres ont d’autres idées stupides ou sont peu capables de faire X ou Y parce qu’elles sont femmes.

    Peut être qu’en disant ça certains diront que je fais moi-même du mans­plai­ning. Ou pas. C’est bien tout l’objet du billet. Toujours est-il que je trouve le terme et son usage des plus crétins. Il existe d’autres variantes, entre autres pour le racisme, pas meilleures.

    Si vous voulez me faire plai­sir et avoir une écoute d’au­tant plus atten­tive, peu importe que ça ne me soit pas destiné : évitez ça en ma présence. Je suis conscient des biais de chacun, y compris des miens même si je ne les vois pas. Par contre je me refuse à écou­ter celui qui n’est pas prêt à consi­dé­rer son inter­lo­cu­teur comme intel­li­gent et capable de réflé­chir.

    C’est encore pire quand c’est juste une façon de refu­ser une vision tierce moins radi­cale, mais c’est un autre débat. Consi­dé­rer qu’une vision diver­gente est forcé­ment stupide, non éclai­rée, non réflé­chie ou extrê­me­ment biai­sée, c’est malheu­reu­se­ment commun et abso­lu­ment pas spéci­fique au sujet.

  • Paris web en une anec­dote

    Il y a quelques minutes : Ques­tions réponses après une confé­rence tech­nique qui débor­dait sur l’éthique, sur l’in­te­rac­tion entre la tech­no­lo­gie et notre monde.

    À deux langues de distances, l’ora­teur à une confé­rence tech­nique répond à une ques­tion d’un malen­ten­dant. Inter­prète LSF-français, traduc­tion français-anglais, en direct. Même chose dans l’autre sens.  Au-dessus défile un sous-titrage auto­ma­tique de tout ce qui est dit, le tout (audio, vidéo, sous-titrage) trans­mis en direct sur le web.

    Parler d’ac­ces­si­bi­lité est une chose, le faire en est une autre.

    Si je dois résu­mer ce qui a été créé à Paris Web et que je ne retrouve nulle part ailleurs, même en dehors de nos fron­tières, je crois que ce sont ces quelques minutes qui l’ex­priment le mieux.

  • Les inéga­li­tés de salaires dimi­nuent-elles vrai­ment ?

    Données brutes : Le ratio entre les 10% les mieux payés et les 10% les moins bien payés a tendance à se réduire. Il était de 3,4 en 1950, presque 4,2 en 1966, et tombe main­te­nant en dessous des 3.

    L’idée va plutôt contre les préju­gés. Les classes aisées ne le sont pas tant que ça, et on bascule vite dans les déciles les plus haut.

    Cette évolu­tion s’ac­com­pagne toute­fois d’une montée forte des dépenses obli­ga­toires comme le loge­ment ou le chauf­fage. Il serait inté­res­sant de regar­der si le ratio évolue dans le même sens si on ne prend en consi­dé­ra­tion que le revenu après dépenses obli­ga­toires. J’en suis moins convaincu mais je manque de chiffres.

    Par contre là où l’ana­lyse est inté­res­sante, c’est que si ça s’écrase entre le premier et dernier décile, c’est surtout au béné­fice des derniers centiles. Les reve­nus et le poids des 1 à 3% les mieux payés s’en­volent.

    En dix ans les moins riches ont évolué un peu plus vite que les classes moyennes. La répar­ti­tion est même éton­nam­ment homo­gène aux alen­tours de 6%. Seuls les trois premiers déciles béné­fi­cient d’un léger coup de pouce avec un gain montant jusqu’à 10%.

    Là où c’est éton­nant (ou pas), c’est que le gain se fait légè­re­ment plus fort à partir des 95%, puis encore plus à partir des 98%, pour culmi­ner à 11% pour le dernier centile. Les 2 à 3% les plus riches font une échap­pée diffi­cile à justi­fier. Mais quand on regarde encore plus en détail, le dernier millième (les 0,1% les plus riches) augmentent eux de 28%.

    Bref, l’apla­tis­se­ment du ratio entre le premier et le dernier décile n’est pas forcé­ment un bon signe, c’est juste le symp­tôme qu’une très faible mino­rité des plus riches est en train de lâcher tous les autres, qui se retrouvent dans le même bain que les classes moyennes. En regar­dant de loin la société semble plus égali­taire, en regar­dant de près c’est tout l’in­verse.

    1996 2006 Gain en euros Gain en %
    10 % touchent un salaire infé­rieur à : 1 251 1 382 131 10,5%
    20 %… 1 418 1 551 133 9,4%
    30 %… 1 572 1 702 130 8,3%
    40 %… 1756 1865 108 6,2%
    50 %… 1 931 2 050 119 6,2%
    60 %… 2 149 2 282 133 6,2%
    70 %… 2 448 2 599 151 6,2%
    80 %… 2 921 3 102 180 6,2%
    90 %…* 3 905 4 146 241 6,2%
    95 % … 5 102 5 471 369 7,2%
    98 %… 7 133 7 725 592 8,3%
    99 %… 8959 9 995 1 036 11,6%
    99,9 %… 19 374 24 800 5 426 28,0%
  • Retour sur terre, 50K

    Petite conver­sa­tion surréa­liste il y a quelques jours sur twit­ter à propos de « gagner 50K€ par an ». Entre ceux qui ne voient que la moitié de la conver­sa­tion et ceux qui ne se comprennent pas, j’ai promis de mettre quelques lignes ici.

    Tout d’abord les faits : Le revenu fiscal total médian est de 1474 € / mois pour une personne seule, 2410 € / mois pour un ménage. Avec un calcul gros­sier ça nous donne respec­ti­ve­ment 23 K€ annuels bruts pour un céli­ba­taire et 38 K€ annuels bruts pour l’en­semble du ménage (donc le cumul des deux reve­nus).

    Pour atteindre 50 K annuels bruts, nous sommes entre le sixième et le septième déciles. Dit autre­ment, si vous gagnez ça en cumu­lant l’in­té­gra­lité des sources de revenu de la famille, vous êtes dans le tiers français le plus aisé. Si vous comp­tez pour un foyer d’une seule personne, vous êtes dans les 10% les mieux payés à partir de 47 K€ annuels bruts.

    Entendre dire que c’est juste pour vivre ou même que ce n’est pas parti­cu­liè­re­ment confor­table, c’est juste une insulte aux deux tiers des français, voire plus. Il serait temps de se réveiller un peu et de regar­der autour de soi.

    Il n’y a aucun mal à gagner plus, à consi­dé­rer qu’on devrait gagner plus, ou à cher­cher à le faire. Par contre le mini­mum c’est de ne pas oublier ce que ça veut dire par rapport aux autres, et de se rappe­ler qu’on est aisé (voire riche).

    Et pour ceux qui pensent qu’il en va diffé­rem­ment sur Paris, que là bas il faut bien 50 K€ annuels pour vivre : Le revenu fiscal médian par ménage y est de 2 835 € / mois, soit envi­ron 45 K€ annuels bruts (cumulé pour l’en­semble du ménage). À 50 K€ cumulé sur le ménage, vous êtes au dessus de la moitié des pari­siens, qui sont eux-même large­ment au dessus de la moyenne française. Et si vous êtes céli­ba­taire, ça reste au dessus de 75% des pari­siens.


    Petite note avant commen­taires : Oui ce ne sont que des statis­tiques, mais on a l’ha­bi­tude de calcu­ler le seuil de pauvreté à partir du revenu médian, donc la statis­tique n’a pas aucun sens non plus dans ce cas précis.

  • Entre­prendre en France

    Mon passage au Blend Web Mix m’a un peu secoué la caboche. Déjà je me suis vu aller dans les salles « busi­ness » et « entre­pre­neur », moi qui n’ai toujours juré que par la tech­nique. Ça me fait un peu drôle.

    Mais aussi j’ai entendu les orateurs dire que la France était un des meilleurs endroits pour commen­cer et pour placer sa R&D. Ça a commencé dès le début et ça ne s’est pas arrêté avant la fin. On ne parle pas d’un seul inter­ve­nant isolé mais de l’es­sen­tiel de la scène, avec des entre­pre­neurs chevron­nés et busi­ness inter­na­tio­nal.

    Donc voilà, j’ai entendu ces gens dire que la France était un bon pays pour les star­tups, que les ingé­nieurs (infor­ma­tique) n’y étaient pas chers, que nous avions de l’aide et des subven­tions, que nous avions en paral­lèle assez peu de concur­rence, et de très bonnes infra­struc­tures. Et… pour finir de mettre une baffe à ceux qui râlent conti­nuel­le­ment sur cette France qui empêche tout busi­ness, on y a même entendu que la fisca­lité y était avan­ta­geuse. Oui Messieurs-dames.

    Alors quelques rappels :

    1. Oui on paye pas mal de charges sur les salaires, mais comparé à un salaire de déve­lop­peur sur une côte des États-Unis, le coût final reste encore facile deux fois moins cher, peut être trois fois moins si on prend en compte l’en­vi­ron­ne­ment autour du déve­lop­peur.
    2. Oui il est un peu plus diffi­cile de licen­cier en France (un peu seule­ment, pour quelques poignées d’in­gé­nieurs, on trouve des solu­tions) mais la loyauté est là en retour, et les employés français sont dans les plus produc­tifs.
    3. Oui personne ne veut payer des impôts et taxes, et il y aura toujours un pays où ce sera moins élevé, mais en retour on a des infra­struc­tures, un niveau d’édu­ca­tion moyen et des aides que n’ont pas la plupart des pays

    Visi­ble­ment amor­cer aux États-Unis c’est juste un ordre de gran­deur plus coûteux qu’en France si on en croit ceux qui ont essayé dans les deux pays. Voilà pour les idées reçues.

    Des fois il faut aussi jeter notre côté râleur et essayer de voir un peu plus loin.

  • Réjouis­sons-nous, un candi­dat FN sera élu

    Il semble que candi­dat FN ait fait au moins 40% sur la dernière canto­nale partielle dans le Var. Au lieu de crier, mena­cer et faire peur, ne pour­rait-on pas se réjouir ?

    Non, je ne parle pas de sombre calcul destiné à réveiller les consciences ou provoquer un sursaut « répu­bli­cain ». Il est simple­ment normal qu’il y ait des élus FN, et il devrait même y en avoir beau­coup plus. Ce serait juste et bien pour notre démo­cra­tie.

    Le Front Natio­nal fait régu­liè­re­ment 15 voire 20% aux élec­tions natio­nales, avec une concen­tra­tion plus forte dans le sud proche de la Côte d’Azur.Avec un ancrage local fort, le FN n’a pour l’ins­tant qu’un seul conseiller géné­ral sur 3900, et qu’un unique député sur 577 (trois si on compte les dépu­tés appa­ren­tés à un mouve­ment dont les idées sont proches).

    Oui, c’est le jeu des élec­tions majo­ri­taires, c’est ainsi. Il n’em­pêche que je ne peux me réjouir du résul­tat actuel, et qu’un élu FN de plus reste un pas impor­tant dans la bonne direc­tion. Comment donner l’im­pres­sion à ces 20% que la classe poli­tique est à même de les repré­sen­ter si un tel mouve­ment ne mène à rien ? Pourquoi n’y-a-t-il pas de débat d’idées au lieu de ce rejet pur et simple ?

    La démo­cra­tie c’est discu­ter avec son voisin, et pas seule­ment ceux avec qui on partage les idées. Auriez-vous simple­ment peur de la démo­cra­tie ? Croyez-vous que la démo­cra­tie ne se fait qu’entre gens qui s’ap­pré­cient ? Et si vous pensez que les élec­teurs FN votent unique­ment par rejet, le meilleur moyen de les faire reprendre le jeu démo­cra­tique collec­tif, c’est bien de leur montrer qu’ils ont autant de voix que les autres.

  • Fiction amazo­nienne

    Le parle­ment s’est enfin chargé du sujet brûlant des libraires. La concur­rence d’Ama­zon commençait à les mettre à risque dange­reu­se­ment.

    Il faut dire qu’A­ma­zon a un tel volume qu’il pouvait faire ce qu’au­cun libraire ne peut envi­sa­ger: Ache­ter de la surface au sol en centre ville pour y poser du stock au plus près des clients, payer des vendeurs-conseil à attendre ces clients toute la jour­née, et lais­ser ces derniers flâner et se lais­ser tenter sur place. Le volume de vente énorme créé par ce nouveau modèle de vente lui permet d’amor­tir très faci­le­ment tous ces coûts supplé­men­taires et de les offrir aux clients fidèles.

    Les libraires histo­riques qui faisaient de la VPC par écono­mie se retrouvent dépas­sés. Nous risquons de perdre tout notre riche réseau de libraires sur Inter­net si on ne les protège pas. Ceux qui ont tenté l’aven­ture en créant eux aussi des maga­sins physiques ont bien du mal à déga­ger une marge suffi­sante pour ne pas factu­rer les services en plus, comme l’ac­cès au maga­sin, au parking privé atte­nant, ou à la demi-heure de conseil person­na­lisé par un vendeur humain.

    Autant dire que l’ac­ti­vité d’Ama­zon agaçait depuis long­temps, surtout vue du point de vue du prix unique du livre. Offrir tous ces services indé­pen­dants en plus de la pres­ta­tion de vente et de remise du livre acheté était consi­déré par beau­coup comme un détour­ne­ment du prix unique du livre.

    Bien­tôt ce sera fini, les libraires avec maga­sin en centre ville ne pour­ront plus cumu­ler la remise de 5% sur le prix du livre et la gratuité des services atte­nants au maga­sin physique. Les libraires histo­riques (vpc) pour­ront enfin souf­fler et survivre.

    Ce qui est très marrant c’est qu’on peut réécrire l’his­toire actuelle dans l’autre sens, et que ça fonc­tionne encore mieux. Le problème n’est pas celui des frais de port, c’est celui de la défense d’un ancien modèle face au seul un acteur qui a inves­tit massi­ve­ment dans un nouveau modèle perti­nent, et qui acquiert en retour une masse critique dange­reuse. A-t-on vrai­ment choisi le bon style de réponse ?