« Mais M’sieur, si on dessine le principal tout nu et avec des cornes, bah ça s’fait pas et du coup vous allez le censurer et bah voilà Charlie Hebdo ils auraient du être censurés. »
Et *paf* en pleine tête.
C’est tellement vrai. Alors on a beau jeu de dire que c’est différent, qu’on ne les aurait pas tué pour ça.
C’est vrai. Il n’empêche qu’on cherche à valoriser chez eux exactement ce qu’on leur interdit. Un dessin avec je ne sais quoi sodomisant le proviseur, quand bien même le proviseur aurait été pris comme symbole de l’autorité, ça aurait été l’exclusion directe, c’est à dire la sanction la plus forte possible dans le cadre de ce que permet la loi. Pour peu que ça vienne d’un agitateur, ça aurait même pu tomber sous le pénal de l’insulte à professeur, avec un potentiel de 6 mois de prison ferme à la clef.
On a beau jeu de dire que les jeunes sont perdus, alors que nous leur imposons nos propres contradictions.
À l’opposé, ce professeur semble les avoir considéré comme des gens capables de réfléchir, et ça semble avoir fait réfléchir. Un gros merci à lui.
Je note d’ailleurs qu’ici, contrairement au récit précédent, on se moque de savoir si tel élève est musulman ou non, on ne cherche pas à les culpabiliser, on ne qualifie pas les élèves voyant les choses autrement comme « retord ». Ça change tout, même si le fond du message est probablement le même, même s’il y en reste tout autant qui n’auront pas compris ce fond.
5 réponses à “Mon dialogue avec les élèves à propos de Charlie Hebdo”
Dans un Etat de droit la loi vient encadrer la liberté. Il est normal qu’on puisse porter plainte pour outrage, c’est un choix, c’est le choix de la personne âgée. C’est une réponse démocratique valable.
Je me sens insulté, je dépose plainte et la justice tranche. État de droit. C’est la juste limite à la liberté d’expression qui doit être tranchée au cas par cas.
Quant aux réponses intermédiaires (colles, blâmes, exclusions) je dirais que ça relève plus du règlement intérieur que de la loi d’État.
Je ne dis pas que c’est hors du droit. Je dis qu’il y a un décalage difficile à comprendre, voire à justifier.
Parce qu’il est objectivement subjectif ;) la limite dépend de tellement de choses, du contexte, de la personne qui parle, de celle qui écoute… la même phrase « limite » a mille raisons d’être d’un côté ou de l’autre de la barrière.
Les caricatures de Charlie c’est marrant parce qu’ils sont pas islamophobes. La même venant de Marine tomberait sans doute sous le coup de l’incitation à la haine. Et Dieudonné il se prend la censure dans la gueule plus à cause de ce qu’il est (antisémite notoire) que ce qu’il dit finalement.
Ce flou me gêne, et en même temps me rassure. C’est je pense la question la plus complexe dans cette histoire : quelle liberté d’expression voulons nous ?
Une grande différence tout de même : le principal en question est une personne vivante aujourd’hui, et qui peut donc se sentir offensé par une caricature exagérée.
Concernant Mahomet, cela fait longtemps qu’il n’est plus de ce monde.
« Les caricatures de Charlie c’est marrant parce qu’ils sont pas islamophobes. La même venant de Marine tomberait sans doute sous le coup de l’incitation à la haine. Et Dieudonné il se prend la censure dans la gueule plus à cause de ce qu’il est (antisémite notoire) que ce qu’il dit finalement. »
Cher Nicolas, c’est tellement vrai ce que tu dis…
Mais aussi horrible… Tout le monde n’aurait donc pas les mêmes droits ! Certains disent que Charlie est islamophobe, Dieudonné dit ne pas être antisémite. Mais puisque tu imposes le contraire, et que TU as forcément raison (vue que Libé et le Figaro et TF1 et Valls le disent aussi), alors adaptons la liberté d’expression en fonction des polémistes.
Pour info, Charlie a été condamné 9 fois par les tribunaux pour ses propos, soit environ autant que Dieudonné.
Ce que tu dis est *exactement* ce que Dieudonné veut entendre : la preuve d’un deux poids deux mesures.