Reli­sons la notice

[Je] lis les mêmes argu­ments, varia­tions autour du thème “la sécu­rité est la première des liber­tés” et “point de liberté sans sécu­rité”. Mon poil de juriste, que j’ai dru hormis sur le crâne, se hérisse aussi­tôt. Et je m’en vais faire mien cet apoph­tegme bien connu des infor­ma­ti­ciens : RTFM, qui peut se traduire par “Diantre, et si nous reli­sions la notice ?”

[…]

La réponse est à l’ar­ticle 2 [de la décla­ra­tion des droits de l’homme et du citoyen] : Le but de toute asso­cia­tion poli­tique (dans le sens d’État, et non de parti poli­tique comme cela pour­rait être compris aujourd’­hui) est la conser­va­tion des droits natu­rels et impres­crip­tibles de l’Homme. Voilà le but et l’objet de l’Etat : proté­ger nos liber­tés. Avouez que ça ne semble plus aller de soi.

Deuxième ques­tion : quels sont ces droits ? Ils sont énumé­rés juste après : Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résis­tance à l’op­pres­sion.

[…]

clari­fions un point essen­tiel tout de suite : la sûreté n’est pas la sécu­rité que nous promettent nos élus pour peu que nous renon­cions à toute garan­tie de notre vie privée. La sûreté qui préoc­cu­pait les révo­lu­tion­naires de 1789 n’est pas la certi­tude de vivre toute sa vie indemne de tout mal, pensée absurde dans la France de 1789, mais, et c’est là la pensée révo­lu­tion­naire : la protec­tion de l’in­di­vidu face à la puis­sance de l’État, que ce soit un roi ou tout autre diri­geant.

[…]

Ainsi, ceux qui disent que la sécu­rité est la première des liber­tés se trompent et prennent le problème à l’en­vers. La sécu­rité est bien sûr essen­tielle, mais car elle four­nit le cadre d’une appli­ca­tion sereine et entière des droits de l’homme. L’in­voquer pour limi­ter ces droits est donc une trahi­son et une forfai­ture.

— Jour­nal d’un avocat

À lire en entier, parce que le style de Maître Eolas est toujours un plai­sir, mais aussi comprendre d’où on vient, combien la dérive actuelle est dange­reuse, tota­le­ment contraire à l’es­prit fonda­teur de notre État.

Commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *