Nommée SAIP, pour système d’alerte et d’information des populations, l’application vous permettra d’être alerté lors d’événements exceptionnels (alertes nucléaire, produits dangereux, rupture d’ouvrage hydraulique, etc.) susceptibles de résulter d’un attentat, survenant dans une zone géographique précise, sous réserve que la géolocalisation soit activée et que l’application soit active.
Brassage de vent.
Il faut que les gens aient installé l’app. Pas besoin d’être grand sorcier pour penser que ça va concerner une poignée de personnes, même à grand renfort de pub.
Il faudra ensuite que les gens ne l’aient pas désinstallée. Parce que oui, l’app demande un canal data tous les quart d’heure pour télécharger les alertes du moment, plus potentiellement une localisation (j’espère qu’ils ne font pas de géolocalisation en l’absence d’alerte mais je n’y mettrais pas ma main au feu). Réduire significativement l’autonomie de l’outil de tous les jours pour aucun bénéfice direct visible, ça va être difficile à faire accepter.
Il faudra ensuite que la notification serve. La vérification de nouvelle alerte se fait toutes les 15 minutes. C’est peu mais ça reste énorme. L’alerte concernera un événement vieux d’un quart d’heure. Comme il faut le temps que la chaîne hiérarchique décide d’envoyer l’alerte, mettons plutôt un événement vieux d’il y a trente minutes. Ensuite il faudra que la personne ouvre ses notifications.
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Facile de critiquer mais le bon outil existe : le SMS.
- On peut envoyer l’information uniquement aux personnes dans le rayon d’action de l’antenne radio concernée. Pas besoin de géolocalisation sur le téléphone.
- On peut toucher tout le monde, y compris les étrangers de passage, sans besoin d’avoir installé une application spécifique auparavant.
- On peut le faire en temps quasi réel, sans la latence de 15 minutes nécessaire pour le téléchargement régulier de l’app android.
- On peut le faire sans toucher à l’autonomie du téléphone. La veille GSM classique suffit. Il n’est même pas utile d’avoir un canal de donnée activé.
Mieux, il existe un type de SMS particulier dit « flash SMS », prévu spécifiquement pour ce type d’usages, qui s’affiche d’office sur le téléphone, en prioritaire.
Le défaut ? Il faudrait une loi pour obliger les opérateurs à relayer ces messages d’alertes (ou au moins une convention, parce que j’imagine qu’il serait difficile pour eux de refuser publiquement d’y souscrire) et… il faudrait payer les envois de SMS. D’après un autre article c’est surtout ce dernier point qui pose problème au gouvernement.
C’est sur que c’est moins cher de brasser du vent (quoique… l’app a bien du coûter 50k€, plus la licence de la technologie d’alerte utilisée et louée par un prestataire).
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Et sinon, pour les vrais qui s’en rappellent, on a justement un SAIP depuis la guerre : un système d’alerte et d’information aux populations, qu’on teste le midi tous les premiers mercredi du mois via des alarmes bien sonores.
Sauf qu’on ne prend même pas la peine d’informer les gens de ce que c’est – de mon expérience une partie de mes connaissances ne le savait même pas – et encore moins les codes pour différencier un test d’une vraie alerte.
Ce SIAP était prévu pour survivre aux catastrophes. Aujourd’hui il est laissé à l’abandon. On le teste, on inventorie (en théorie), mais plus personne n’est en charge de corriger les problèmes et assurer la maintenance (ne parlons même pas de l’étendre aux nouvelles zones d’habitation). France Telecom considère que ce n’est plus son rôle depuis que la société a migré du public au privé. Ni les collectivités ni l’État ne veulent mettre la main à la poche.
Le problème est connu depuis longtemps, mais ça ne permet pas de faire des communiqués de presse aussi sympa qu’un gadget de smartphone.
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