Catégorie : Emploi et travail

  • On orga­nise le dumping social

    Liberté des entre­prises d’un côté, chan­tage à l’em­ploi de l’autre. En réalité c’est plus perni­cieux que ça.

    La conven­tion collec­tive c’était aussi s’as­su­rer que toutes les entre­prises d’un secteur jouent avec un même socle de règles et de contraintes.

    Avec des accords d’en­tre­prise qui peuvent reve­nir sur ces accords de branche, on fait sauter ce verrou : L’en­tre­prise à côté est plus concur­ren­tielle parce qu’elle a entaillé certaines protec­tions sociales ? Il va falloir qu’on fasse pareil si on veut reprendre le marché, et même aller un peu plus loin, sinon c’est le plan social qui nous pend au nez à long terme.

    C’est la course au moins disant. Pas le choix. Si l’autre le fait et que le climat écono­mique n’est pas encou­ra­geant, il faudra s’y mettre aussi.

    Ça ne vous rappelle rien ? L’Ir­lande avec son impôt sur les socié­tés moitié plus faible que les voisins, le Luxem­bourg qui offre des condi­tions fiscales ridi­cules pour atti­rer les multi­na­tio­nales chez lui, les inci­ta­tions fiscales pour les plus riches « parce que sinon ils iront ailleurs »… On repro­duit ça, en interne, avec les condi­tions de travail des sala­riés.

    En réalité on orga­nise le dumping social interne sur le marché français.
    Rien de moins.

    Et à ce jeu là il n’y a aucun gain pour l’em­ploi. Il s’agit unique­ment de savoir quelle entre­prise gagne la commande, pas d’en prendre de nouvelles.

    Pendant ce temps, on perd les protec­tions sociales. Ça peut appor­ter un peu de concur­rence inter­na­tio­nale à court terme, mais pas au point de concur­ren­cer les pays à bas coût, et ça se fait au prix de la santé des sala­riés.

  • On vient de tuer le CDD (expli­ca­tions)

    Rien de moins. Ou est-ce le CDI qu’on a tué ? Je ne sais pas bien…

    Petit calcul pour une entre­prise de plus de 11 sala­riés

    Si vous prenez quelqu’un en CDI pour le licen­cier arbi­trai­re­ment quand vous voulez (illé­ga­le­ment donc) vous risquez de payer jusqu’à 1 mois de salaire par année d’an­cien­neté. Tout compris. En gros c’est une prime de 8,3% de salaire pour compen­ser l’abus de licen­cie­ment.

    Si vous prenez quelqu’un en CDD et que le contrat va léga­le­ment jusqu’à sa fin, vous devez lui verser en fin de période une prime de préca­rité de 10% de son salaire sur la période.

    À la place de l’em­ployeur vous feriez quoi ?

    * * *

    Oui, ce petit calcul n’est vrai que si on licen­cie au bout d’un an ou deux ans pile. Ça reste inté­res­sant dans les deux à trois mois avant la date anni­ver­saire, beau­coup moins sinon.

    Main­te­nant, consi­dé­rant que les deux premiers mois (au moins) sont couverts par la période d’es­sai et son renou­vel­le­ment, et qu’en échange vous n’avez aucune contrainte de renou­vel­le­ment, de durée fixe, de moti­va­tion à donner pour employer en CDD… et que cette prime couvre tout ce qui peut se passer : Au pire vous licen­ciez plus tôt que prévu, sans être tenu à quoi que ce soit.

    J’ai aussi pris le cas margi­nal. Dans la réalité tous les sala­riés n’ose­ront pas ou n’au­ront pas la force d’al­ler aux Prud’­hommes. Tous n’ob­tien­dront pas non plus le montant maxi­mum, surtout s’ils ne sont pas au maxi­mum d’an­cien­neté de la case qui s’ap­plique à eux, ou si l’em­ployeur arrive à moti­ver un prétexte qui atté­nue l’ar­bi­traire du licen­cie­ment. La moyenne réelle sera certai­ne­ment bien en dessous de ce maxi­mum, qui reste­rait toute­fois inté­res­sant pour l’em­ployeur.

    Sérieu­se­ment, sauf pour des contrats courts, autant prendre un CDI et licen­cier sans cause réelle ni sérieuse.

    On vient de tuer le CDD… et le CDI par la même occa­sion.

  • Un système de classes sociales tout à fait arti­fi­ciel

    Je soupire quand je vois des recherches de CTO sur Paris pour 35 K€ bruts annuels. Je ne discute pas du chiffre en valeur absolu (je sais qu’il est élevé) mais la moyenne pour un ingé­nieur logi­ciel jeune diplômé pari­sien est plutôt dans les 37 K€ brut.

    On me dit « si c’est trop bas ils ne trou­ve­ront pas et ils augmen­te­ront ». Oui, peut-être, mais atten­tion à ne pas croire à la légende du marché ration­nel qui module les rému­né­ra­tions en fonc­tion de l’offre et de la demande.

    * * *

    Peu importe combien de postu­lants tout à fait formés vous trou­ve­rez sur une posi­tion de cadre. Peu importe le manque persis­tant d’as­sis­tantes mater­nelles partout en France. Les premiers seront toujours bien payés et les secondes mal payées, avec une fausse justi­fi­ca­tion de « c’est le marché », parce que « c’est normal ».

    Les rému­né­ra­tions sont globa­le­ment beau­coup plus dépen­dantes de la répu­ta­tion sociale d’un métier et des logiques de classes. On a admis une hiérar­chie dans les métiers et dans les rému­né­ra­tions, et cette hiérar­chie posée compte beau­coup plus que tout le reste.

    C’est telle­ment ancré qu’on repro­chera le trop plein de certains cadres haute­ment diplô­més à un problème d’orien­ta­tion à l’uni­ver­sité et qu’on repro­chera le manque de person­nel pour la petite enfance à un défaut de l’État. Personne ne songera que, peut-être, on pour­rait faire évoluer notre balance de rému­né­ra­tions.

    Le fait que ce soient ceux qui sont les mieux payés qui décident des rému­né­ra­tions des autres n’est pas tota­le­ment un hasard non plus.

    * * *

    « C’est le marché » parce que ceux qui en décident l’ont décidé ainsi, avec tous leurs biais idéo­lo­giques, pas unique­ment pour une ques­tion d’offre et de demande.

    Si la logique de l’offre et de la demande fonc­tion­nait, l’as­sis­tante mater­nelle ne serait pas payée une misère. L’agent de propreté, l’éboueur et l’ou­vrier en situa­tion pénible seraient bien plus proches de la médiane natio­nale.

    * * *

    Je ne reproche pas à ceux qui sont bien payés de l’être. Le marché le leur permet et s’ils s’y refusent ça n’ira certai­ne­ment pas pour autant dans la poche des moins favo­ri­sés.

    Ça n’em­pêche pas d’être conscient de la situa­tion. Oui les compé­tences et la personne jouent (heureu­se­ment) mais les équi­libres tiennent aussi énor­mé­ment à un système de classes sociales tout à fait arti­fi­ciel.

  • Ce n’est pas ce qui est en jeu en ce moment

    Je fatigue de voir les réformes du code du travail justi­fiées au nom de la complexité règle­men­taire. J’ai l’im­pres­sion qu’à force de le répé­ter depuis 10 ans, ça s’im­prime chez chacun comme une évidence, sans fonde­ment concret.

    Le code du travail est complexe. Oui. Proba­ble­ment.

    Il s’agit d’équi­li­brer un rapport de force qui ne l’est pas par nature, pour des métiers et des situa­tions très diffé­rentes les unes des autres. Oui c’est complexe, et poten­tiel­le­ment épais. L’es­sen­tiel du code lui-même tient d’ailleurs aux conven­tions collec­tives et aux diffé­rentes couches d’ex­cep­tions règle­men­taires, pas aux règle­ments aux-même.

    Je vous en prie, oubliez au moins les bêtises sur le poids ou l’aug­men­ta­tion du nombre de pages  du Dalloz. L’es­sen­tiel de l’aug­men­ta­tion au fur et à mesure des années n’est du ni au légis­la­tif ni au règle­men­taire, mais à la juris­pru­dence.

    De manière inté­res­sante, en augmen­tant la part négo­ciable au niveau des branches et surtout au niveau de l’en­tre­prise, on va juste­ment devoir démul­ti­plier la juris­pru­dence à venir. Autant dire qu’on travaille dans le mauvais sens si c’est ça la moti­va­tion.

    C’est du poin­tillisme règle­men­taire. Oui, mais ce n’est pas forcé­ment si mal.

    Nous avons des textes pour tout. Je suis certain qu’on doit trou­ver quelque part un texte qui défi­nit à quelle hauteur un sala­rié sans quali­fi­ca­tion peut monter sur une échelle, et à quelle condi­tion le baudrier devient obli­ga­toire.

    Ce n’est pas spéci­fique au code du travail. C’est tout notre droit qui est ainsi. Il doit aussi certai­ne­ment y avoir un texte qui défi­nit l’écar­te­ment maxi­mum entre les barreaux ou la résis­tance mini­male des maté­riaux en fonc­tion de la tempé­ra­ture.

    Les améri­cains sont à l’autre bout du spectre. Ils ont un droit assez court, avec des prin­cipes géné­raux, et une grande lati­tude au niveau des tribu­naux. L’es­sen­tiel se passe au niveau des juris­pru­dences.

    Les deux systèmes ont des avan­tages et des défauts. Un juriste saura proba­ble­ment mieux en faire une disser­ta­tion mais ça n’a en tout cas rien à voir avec le code du travail.

    Ce qui est certain c’est que notre droit ouvre une sécu­rité juri­dique bien plus forte. Certes on peut excep­tion­nel­le­ment outre­pas­ser un règle­ment sans le savoir mais c’est encore plus vrai si le règle­ment n’est qu’im­pli­cite.

    Au moins ici la limite est connue, codi­fiée. L’em­ployeur sait à l’avance s’il peut ou s’il ne peut pas, au lieu de se retrou­ver à argu­men­ter dans le subjec­tif en s’épau­lant de 20 juge­ments passés contra­dic­toires.

    Reti­rons la complexité inutile. Facile à dire.

    Je dis oui. Qui serait pour garder l’inu­tile ?

    Main­te­nant, même en restant entre gens construc­tifs je mets au défi de trou­ver si faci­le­ment ce qui est inutile. La plupart des règles ne sortent pas de nulle part. Elles sont toutes la consé­quence d’une situa­tion passée, où on a jugé qu’elles étaient néces­saires.

    Bref. Il y a certai­ne­ment du ménage à faire mais c’est un gros boulot de fond, sur une myriade de points de détail, à prendre un par un. Un travail qui néces­site de se rensei­gner sur l’his­toire de chacun de ces points pour comprendre la moti­va­tion à son origine, puis compa­rer à la situa­tion d’aujourd’­hui en s’ap­puyant sur les statis­tiques concer­nées, voire d’en comman­der à l’INSEE si elles n’existent pas.

    Ça va être long, et c’est une démarche tota­le­ment oppo­sée à la commu­ni­ca­tion actuelle du « allons vite et bouclons ça avant la fin de l’an­née ».

    La diffé­rence est d’ailleurs simple à faire. La complexité règle­men­taire est… règle­men­taire. Il n’y a pas besoin de loi ou d’ha­bi­li­ta­tion d’or­don­nances, pas besoin d’ac­cord entre les parte­naires sociaux. Il suffit de simples décrets.

    Si on parle de lois et d’ha­bi­li­ta­tions d’or­don­nances, c’est que ce n’est pas à ça qu’on touche. La complexité règle­men­taire est l’ex­cuse de façade.

    Simpli­fions le code du travail. Chiche.

    Sérieu­se­ment, chiche. Les indem­ni­tés de départ d’un sala­rié ? Il y a la règle géné­rale. Puis il y a la conven­tion collec­tive. Mais ça dépend géné­ra­le­ment du statut cadre, non-cadre, direc­tion. Mais certaines règles ne s’ac­tivent qu’à partir d’une certaine ancien­neté. Mais l’an­cien­neté prend parfois en compte les congés mala­die et parfois pas tota­le­ment. Et je suis certain que certaines conven­tions collec­tives ont des règles encore plus complexes.

    Bref, si on veut simpli­fier on peut déjà unifor­mi­ser, au moins sur ce qui n’est pas propre à un métier. Que les horaires de travail se gèrent diffé­rem­ment pour un boulan­ger et pour un employé de bureau, ça se conçoit. Qu’ils aient des règles de calcul diffé­rentes en fonc­tion de leur ancien­neté, c’est plus diffi­cile à moti­ver.

    Des règles claires et communes, et donc une juris­pru­dence elle-aussi plus lisible et plus faci­le­ment géné­ra­li­sa­ble… moi je suis pour. Le code sera plus léger et plus simple.

    Main­te­nant quand je regarde la dernière loi sur le travail ou ce qu’on prépare prochai­ne­ment, il n’y a aucune simpli­fi­ca­tion à l’ordre du jour. *Aucu­ne*. Le code géné­ral garde toute sa complexité, voire s’en voit ajou­ter. Par contre on veut enri­chir les cas parti­cu­liers, les capa­ci­tés de négo­cia­tion au niveau de la branche, puis celles au niveau de l’en­tre­prise.

    Chacun aura des règles diffé­rentes, dont les équi­libres seront à inter­pré­ter (surtout si on ne veut pas avoir de poin­tillisme règle­men­taire), avec le risque qu’un juge fasse primer une règle sur un autre le jour où il aura à tran­cher. La juris­pru­dence elle-même en sera complexi­fiée vu que les termes seront diffé­rents d’un texte à l’autre et qu’en plus l’ac­cord devra s’in­ter­pré­ter dans le contexte d’une entre­prise parti­cu­lière. Simpli­fier, vrai­ment ? des clous !

    Choix de société. Soyons honnêtes.

    Les futurs chan­ge­ments ne résolvent pas le poin­tillisme règle­men­taire. Ils ne simpli­fient pas la situa­tion juri­dique. Ils la complexi­fie­ront dras­tique­ment.

    Non, ce qui vient c’est d’une part une modi­fi­ca­tion de l’équi­libre au niveau du code de travail, et ensuite un chan­ge­ment de modèle sur la protec­tion des sala­riés.

    On peut être pour ou contre ces deux évolu­tions, mais soyons honnêtes et arrê­tons de nous cacher derrière les lieux communs du « code du travail trop lourd et trop complexe ». Que ce soit vrai ou pas, ce n’est pas ce qui est en jeu en ce moment.

    Ça permet­tra au moins d’abor­der le débat de fond, de savoir quelle société nous voulons, quels équi­libres nous souhai­tons. C’est bien de ça dont on parle, et certai­ne­ment pas de la complexité du code du travail.

  • Indém­nité de fin de mandat des dépu­tés

    On commence déjà à voir quelques amis d’an­ciens dépu­tés qui pleurent sur la préca­rité de leur fonc­tion et sur la dégres­si­vité de leurs indem­ni­tés après mandat.

    Les dépu­tés ont effec­ti­ve­ment des indem­ni­tés dégres­sives mais la première année elles sont à 100% puis 70% de leur indem­nité de base, là où un sala­rié est indem­nisé à 57% de son salaire moyen.

    Il suffit de faire petit tableau pour voir que le régime est outra­geu­se­ment avan­ta­geux.

    Comparé à un sala­rié, leur indem­nité est 75% plus élevée le premier semestre. Si on raisonne en cumulé, comparé à un sala­rié, ils y gagnent 14 500 € s’ils retrouvent un emploi au bout de six mois, 18 900 € s’ils le retrouvent au bout d’un an.

    L’avan­tage se réduit la seconde année mais reste de 10 700 € au mini­mum… avant de remon­ter jusqu’à 27  500 € à la fin des trois ans puisque le député est indem­nisé une année de plus que le sala­rié dans le cas géné­ral.

    À véri­fier mais je doute aussi qu’ils passent par Pôle Emploi et les obli­ga­tions/contrôles de recherche d’em­ploi. Ça n’a l’air de rien mais ceux qui sont passés par là compren­dront combien cette diffé­rence est fonda­men­tale.

    * * *

    Le régime parti­cu­lier n’est pas non plus scan­da­leux puisqu’il n’y a ni indem­ni­tés de licen­cie­ment ni prime de préca­rité.

    Les dépu­tés célèbres, ayant une acti­vité libé­rale ou venant du service public repren­dront une acti­vité immé­diate. Un député issu du privé qui n’ayant pas une célé­brité média­tique devra se mettre à recher­cher, et ne pourra pas forcé­ment valo­ri­ser ses cinq ans hors entre­prise.

    Bref, pas forcé­ment scan­da­leux mais j’ai­me­rais tout de même qu’on arrête de les plaindre, ou de les lais­ser se plaindre, parce que c’est un peu abusé quand même.

  • 41 milliards

    Oui la vidéo est parti­sane. Je m’ar­rête toute­fois sur le chiffre prin­ci­pal : 41 milliards par an pour le CICE / Pacte de respon­sa­bi­lité.

    41 milliards. C’est de quoi donner le revenu médian à plus de 1 million de personnes (1 800 € net par mois, soit 3 300 € coti­sa­tions sociales incluses).

    1 million de personnes. C’est pile 30% du nombre de chômeurs en caté­go­rie A. Oui, avec ça on aurait pu payer au revenu médian 30% de cette caté­go­rie de chômeurs, coti­sa­tions sociales incluses. Juste comme ça, en le déci­dant.

    Sachant que ces 30% vont juste­ment coti­ser à l’as­su­rance mala­die, à la retraite, au chôma­ge… donc soula­ger la tension pour le finan­ce­ment de ces caisses sociales. Encore mieux : Ces 30% de chômeurs le Pôle Emploi va arrê­ter de les indem­ni­ser, ce qui va endi­guer le besoin de réduire les pres­ta­tions.

    * * *

    À la place on a choi­sit de réduire le coût du travail pour les entre­prises. Le gouver­ne­ment commu­niquait sur un espoir de 500 000 emplois créés ou sauve­gar­dés. C’est déjà moitié moins. Après coup on pense qu’on aura eu entre 80 000 et 120 000 emplois créés ou sauve­gar­dés à fin 2016.

    Bref, 41 milliards pour 100  000 emplois… et pas forcé­ment payés 1 800 € nets par mois. Encore une fois, donner l’argent direc­te­ment aurait été litté­ra­le­ment 10 fois plus effi­cace. Rien que ça.

    Par pure coïn­ci­dence, s’il y a eu peu d’em­plois créés, les divi­dendes crèvent les plafonds en France ces dernières années, malgré la crise. Sure­ment un hasard.

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    1 million d’em­ploi. Outre le problème du chômage lui-même, imagi­nez ce que la collec­ti­vité pour­rait faire avec 1 millions de personnes en plus, même à mi-temps.

    Tout le monde ne peut pas être profes­seur, gref­fier ou person­nel soignant mais ce n’est pas comme s’il n’y avait rien d’autre à faire d’utile et que nos insti­tu­tions crou­laient sous la main d’œuvre.

    Le problème c’est que l’idéo­lo­gie courante nous inter­dit de faire ça. Elle nous dit que le finan­ce­ment public est inef­fi­cace, malsain, et met à bas l’éco­no­mie.

    Non, les programmes à droite prévoient de suppri­mer entre 100 000 (Macron) et 500 000 (Fillon) postes publics. En gros on annule exac­te­ment l’ef­fet posi­tif obtenu par le CICE et pacte de respon­sa­bi­lité. 41 millards partis en fumée.

  • « Vous n’au­rez pas le droit de refu­ser plus de deux offres d’em­ploi »

    En réalité on parle de candi­da­ter à une offre, éven­tuel­le­ment de faire un entre­tien. Ce qu’il se passe ensuite est hors de portée du Pôle Emploi.

    J’ai deux scéna­rios, celui où le candi­dat est pris, celui où il ne l’est pas.

    Le candi­dat est rejeté

    On force donc des chômeurs à candi­da­ter à des postes qu’ils ne veulent pas.

    Dans le meilleur des cas le candi­dat non motivé se conten­tera de faire perdre du temps lors des sélec­tions de CV et pendant une heure d’en­tre­tien.

    Parfois le candi­dat passera l’étape de l’en­tre­tien et devra être remer­cié pendant sa période d’es­sai. Il faut dire qu’il n’a aucun inté­rêt à faire des efforts. Au pire il est licen­cié et revient à la case chômage qu’il ne voulait pas quit­ter.

    C’est peut-être le scéna­rio du pire. L’em­ployeur doit reprendre son proces­sus à zéro après avoir perdu du temps et de l’argent, poten­tiel­le­ment des contrats ayant motivé l’ou­ver­ture de poste.

    Ne dites pas que ça n’ar­ri­vera jamais et que les non-moti­vés seront reje­tés lors des premières sélec­tions : L’objec­tif même de la mesure est que ça arrive. Sinon autant éviter de faire du perdre du temps à tout le monde avec des candi­da­tures inutiles.

    Le candi­dat est retenu

    Oh et… même si c’est peu probable, parfois l’ex-chômeur ne sera pas ne sera par remer­cié malgré son manque de moti­va­tion.

    Peut-être que l’em­ployeur n’aura pas fait suffi­sam­ment atten­tion avant la fin de la période d’es­sai. Peut-être que reprendre le proces­sus sélec­tion-inté­gra­tion de zéro lui coûte­rait trop cher.

    On a 5,8 millions de chômeurs inscrits à Pôle Emploi et personne ne doute qu’une écra­sante majo­rité ne souhaite que trou­ver un emploi. Nul doute que sinon c’est un autre chômeur – motivé – qui aurait pu prendre le poste. Le solde est donc virtuel­le­ment nul pour le Pôle Emploi… si on oublie tout l’ad­mi­nis­tra­tif pour forcer et contrô­ler les inscrits.

    Dit autre­ment on aura : une ex-chômeur pas motivé forcé à travailler, un autre qui restera au chômage alors qu’il était motivé pour travailler. L’em­ployeur aura un sala­rié non motivé plutôt qu’un motivé.

    Génial non ? On est dans le cas idéal, si jamais la mesure fonc­tionne.

    La réalité

    On est resté dans le cas idéal.

    Dans la réalité le chômeur se verra propo­ser des offres inadap­tées et devra justi­fier ses refus. Ceux qui sont le moins à l’aise risque­ront de finir radiés. Les autres vivront juste ça comme un harcè­le­ment par l’ins­ti­tu­tion même qui devrait les aider : Devoir perdre du temps à candi­da­ter à des offres inadap­tées ou s’ex­pliquer de nos refus… plutôt que de cher­cher un emploi.

    Juste une fausse bonne idée. Ce qui m’agace c’est que le système existe déjà. On sait qu’il ne fonc­tionne pas et ne produit que des effets pervers. Se trom­per une fois c’est dommage. Propo­ser en campagne quelque chose qui existe déjà et qui s’est révélé être un échec complet… là je suis moins conci­liant.

    Tout ça pour flat­ter l’idéo­lo­gie de ceux qui ne voient que des assis­tés dans tous les béné­fi­ciaires des systèmes sociaux.

  • Diffé­rence de rému­né­ra­tion en fonc­tion de la zone géogra­phique

    Aujourd’­hui j’ai la bonne surprise d’avoir entendu « peu importe que vous soyez sur Paris ou sur Lyon, le salaire est en fonc­tion de ce que vous appor­te­rez à la société ». J’ap­pré­cie.

    J’ai trop vu de socié­tés condi­tion­ner un muta­tion hors Île de France à une baisse de 15 ou 20 % de salaire, ou refu­ser des embauches en région parce que les préten­tions de rému­né­ra­tion étaient celles d’un employé pari­sien.

    * * *

    « c’est le marché, pourquoi paie­rai-je plus cher si je peux quelqu’un au prix local ? ».

    Il y a plein de raisons de ne pas se conten­ter du marché.

    Avec l’ar­gu­ment du marché on légi­time de payer 20% de moins les femmes, 30 % de moins les chômeurs qui ont besoin de trou­ver un emploi, 50% de moins les handi­ca­pés, et de payer au mini­mum légal tous ceux qui n’ont « pas le choix ». C’est effec­ti­ve­ment le marché, mais pas accep­table pour autant.

    À tous ceux qui se diront immé­dia­te­ment « oui mais là tu fais de la discri­mi­na­tion Éric », je rappel­le­rai qu’ar­bi­trer diffé­rem­ment en fonc­tion du lieu de rési­dence est aussi une discri­mi­na­tion simi­laire au sens de l’article 225–1 du code pénal ainsi qu’au sens de l’article 1132–1 du code du travail. C’est une discri­mi­na­tion légale vali­dée par un arrêt de la Cour de cassa­tion mais une discri­mi­na­tion quand même.

    Il y a de toutes façon le côté humain. Est-ce vrai­ment votre poli­tique RH que de tenter de rabais­ser chaque colla­bo­ra­teur jusqu’à son point de rupture finan­cier person­nel ?

    Bref, ce n’est pas moral. Ce n’est en réalité même pas ration­nel écono­mique­ment.

    * * *

    Ration­nel­le­ment, si j’ai le choix entre un sala­rié hors Paris à pour 3 000 € et un sala­rié à Paris pour 3 500 €, pourquoi pren­drais-je celui à Paris ?

    Si je n’ar­rive pas à recru­ter assez de monde hors Paris je vais devoir augmen­ter les rému­né­ra­tions. Pourquoi paie­rais-je un sala­rié en province à 3 000 € et un à Paris à 3 500 € plutôt que deux sala­riés plus compé­tents ou plus fidèles (parce que mieux payés) à 3 250 € en province ?

    Il serait irra­tion­nel d’al­ler payer plus cher des sala­riés à Paris si je n’ai pas besoin qu’ils soient à Paris. C’est encore plus vrai si on prend en compte la diffé­rence de coût des locaux de l’en­tre­prise dans l’équa­tion.

    C’est aussi une bombe à retar­de­ment pour quand un sala­rié pari­sien voudra démé­na­ger hors Paris, ou pour quand les sala­riés compa­re­ront leurs salaires et la valeurs qu’ils apportent, surtout si le télé­tra­vail se mêle à l’équa­tion. Je crois que pas mal de dépar­te­ments RH sous-estiment la valeur ajou­tée d’une grille sala­riale honnête et trans­pa­rente.

    * * *

    Il reste l’ar­gu­ment éthique et social mais ils m’in­ter­roge. Les entre­prises prêtes à payer plus cher leurs four­nis­seurs et pres­ta­taires en fonc­tion de critères sociaux et envi­ron­ne­men­taux me semblent assez rares. Celles prêtes à payer plus cher un débu­tant avec une grande famille dans une situa­tion person­nelle diffi­cile qu’un expert céli­ba­taire sans problème me semblent encore plus rares.

    Ce n’est pas non plus une ques­tion de s’adap­ter aux besoins pour vivre puisque vous ne payez proba­ble­ment pas signi­fi­ca­ti­ve­ment diffé­rem­ment celui dont le conjoint est au chômage de celui dont le conjoint a un bon boulot bien payé, celui qui a trois enfants du céli­ba­taire sans charge de famille, celui qui a un enfant handi­capé ou grave­ment malade de celui qui n’en a pas, celui qui a un gros crédit mal négo­cié de celui qui a hérité de ses parents, celui dont la maison a brûlé l’an­née dernière de celui dont la maison a pris 25% parce que la ligne de métro a été éten­due jusque chez lui, celui qui habite en zone HLM de celui qui habite dans le beau quar­tier plein de villas avec pisci­ne…

    C’est unique­ment une ques­tion de zone géogra­phique, pas une ques­tion éthique et sociale sur les besoins réels des sala­riés pour vivre.

    Ce que je ne comprends pas c’est, si vous ne négo­ciez pas à la baisse le tarif d’un four­nis­seur qui déplace son acti­vité en province, pourquoi diable trai­ter plus mal vos propres colla­bo­ra­teurs ?

    En plus de déva­lo­ri­ser les sala­riés hors de Paris, c’est un manque de respect humain tota­le­ment incom­pré­hen­sible. On est en train de dire qu’ha­bi­ter à Paris est un critère plus perti­nent pour une compen­sa­tion que tous les autres critères sociaux.

    * * *

    La seule expli­ca­tion sensée c’est le « on a toujours fait comme ça » qui peut être suivi par « chan­ger main­te­nant c’est compliqué, le budget ne permet pas de faire un rattra­page sala­rial massif ».

    Admettre que c’est irra­tion­nel est un premier pas. Ensuite, même si tout ne se change pas d’un coup, rien n’em­pêche d’y aller progres­si­ve­ment.


    Pour être plus complet, je parle de diffé­rences de rému­né­ra­tion ou condi­tions de travail en France métro­po­li­taine. Dès qu’on met l’in­ter­na­tio­nal dans la balance il y a beau­coup d’autres para­mètres sur la protec­tion sociale, la légis­la­tion, la culture, la langue, les distances, qui font que j’ai un avis poten­tiel­le­ment moins tran­ché.

  • Les offres raison­nables

    Pour ceux qui ne comprennent pas pourquoi les immondes assis­tés chômeurs ont l’im­pres­sion que le Pôle Emploi les enfonce plus que ne les aide…

    Donc voilà, je cherche depuis peu un poste de direc­teur tech­nique auprès d’équipes de déve­lop­peurs et respon­sables produit web. Je suis embarqué pour peut-être créer ma propre struc­ture.

    Ça vous rappelle quelque chose le prin­cipe de « deux refus maxi­mum d’une offre raison­nable avant ce couper les allo­ca­tions » ? On me demande aujourd’­hui de justi­fier mon refus pour une offre.

    Voilà l’offre : Malgré le titre pompeux de « Direc­teur des systèmes d’in­for­ma­tion », il s’agit d’un poste de tech­ni­cien pour gérer l’IT de la petite mairie locale, deman­dant 2 ans d’ex­pé­rience à ce poste, pour un CDD de 3 mois avec 1h30 de travail 4 jours par semaine, vacances scolaires exclues, le tout dans un autre dépar­te­ment que le mien.

    Même finan­ciè­re­ment j’en aurais pour un peu moins de 1h de route et auto­route aller-retour. Je doute que ce soit payé beau­coup plus que le SMIC. Entre l’es­sence et les péages, cette histoire devrait au final me rendre béné­fi­ciaire d’un royal 150 € les mois sans vacances scolaires, avant même de comp­ter l’amor­tis­se­ment de la voiture.

    Le pire c’est que si je suis pris ça me bloque 4 après-midi sur 5, où je ne pour­rais pas faire d’en­tre­tiens sur ma vraie recherche de boulot, celle pour un plein temps durable dans mes compé­tences. Évidem­ment aller faire un entre­tien sur Paris pour la jour­née devient exclu.

    Moi il me reste à justi­fier ce refus en espé­rant qu’il ne me sera pas compté sur les deux offres d’em­ploi raison­nables.


    J’hé­site à candi­da­ter en mettant tout sur le tapis dans la lettre de moti­va­tion, histoire de tour­ner ça en ridi­cule.

    Monsieur le maire,

    Bien que je n’ai aucune expé­rience profes­sion­nelle préa­lable à ce type de poste et que 2 ans sont requis dans l’an­nonce, je tiens par cette candi­da­ture à vous faire preuve de ma moti­va­tion. Je crois en effet être capable d’ap­prendre les rudi­ments néces­saires en un temps raison­nable.

    Je pour­rai cepen­dant avan­cer les capa­ci­tés d’ana­lyse et d’or­ga­ni­sa­tion, force de propo­si­tion, rigueur, auto­no­mie, esprit d’équipe, et écoute qui sont aussi expri­més dans l’an­nonce.

    Compte tenu du volume horaire proposé de 1h30 quatre jours par semaine hors vacances scolaires d’avril à la fin de l’an­née scolaire tout début juillet, soit un équi­valent temps plein total de 72 heures sur toute la période (c’est à dire envi­ron deux semaines temps plein en cumulé), j’ai par contre toute l’ex­pé­rience et les compé­tences néces­saires pour vous aider à prio­ri­ser et choi­sir la mission la plus impor­tante parmi les quinze à vingt présen­tées dans l’an­nonce – d’au­tant que certaines demandent plus de deux semaines à temps plein à elles-mêmes.

    Afin d’ai­der votre plani­fi­ca­tion et par honnê­teté, je me dois toute­fois de vous infor­mer que je suis toujours à la recherche d’un poste CDI et corres­pon­dant mieux à mes compé­tences, mon expé­rience ou ma loca­li­sa­tion profes­sion­nelles, et que je serai donc au regret de rompre ce CDD si d’aven­ture une oppor­tu­nité plus adéquate se présen­tait.

    Je me tiens à votre dispo­si­tion pour un éven­tuel entre­tien où je pour­rai vous montrer plus avant mon expé­rience en star­tup et en déve­lop­pe­ment de produits web grand publics et B2B. En cette attente vous trou­ve­rez mon CV ci-joint.

    Dans l’at­tente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le maire, l’ex­pres­sion de mes salu­ta­tions distin­guées.

    Je n’ai juste pas envie de me fâcher dès le premier jour avec l’ad­mi­nis­tra­tion, mais ça me tente vrai­ment.

  • Du plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­hom­males

    E. Macron reprend encore l’idée du plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­hom­males en cas de licen­cie­ment.

    L’idée c’est de limi­ter la respon­sa­bi­lité de l’en­tre­prise quand elle viole la loi ou le contrat de travail. En creux ça veut aussi dire que la victime de ces illé­ga­li­tés ne serait pas indem­ni­sée à hauteur du préju­dice. C’est déjà la partie la plus faible des deux mais tant pis pour elle si elle est victime, à elle d’as­su­mer.

    Je ne comprends même pas dans quel monde on peut imagi­ner ça légi­time ou même souhai­table. Quelqu’un m’ex­plique ?

    * * *

    Qu’on ne me dise pas que les plafonds sont étudiés en fonc­tion de cas pratiques et ne chan­ge­ront rien en réalité. Si ça ne chan­geait rien, il n’y aurait pas besoin de les mettre en œuvre.

    Lors des discus­sions précé­dentes le ministre avait dit faire en sorte que le plafond corres­ponde en théo­rie à la moyenne des indem­ni­sa­tions de la caté­go­rie. Par défi­ni­tion ça veut dire qu’à peu près la moitié des indem­ni­sa­tions sont réduites, mais que les autres ne sont pas augmen­tées pour autant. Bref, ça change, et pas qu’un peu.

    En pratique je me rappelle que dans mon cas il était prévu que le plan­cher d’in­dem­ni­sa­tion mini­mum de 6 mois de salaire devienne un plafond d’in­dem­ni­sa­tion maxi­mum. Je ne sais pas vous mais pour moi ça chan­geait tout.

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    Je n’achète pas non plus l’ar­gu­ment d’amé­lio­ra­tion de l’ef­fi­ca­cité et des délais. Quand les parties sont d’ac­cord il y a déjà un proces­sus de conci­lia­tion avec des barèmes de réfé­rence. Si on cherche à faire des plafonds c’est bien que ça ne fonc­tionne pas.

    Il faudra toujours juger qui a raison, et évaluer le dommage (ce serait un plafond, pas un forfait). Les délais seront toujours énormes rien que pour obte­nir la première audience de conci­lia­tion qui ne sert à rien. Si on veut raccour­cir les délais il y a de quoi faire, et ça ne se joue pas sur les montants des indem­ni­tés.

    * * *

    Si la mesure est soute­nue c’est surtout pour les entre­prises, pour faci­li­ter le calcul qu’elles font déjà : « si je licen­cie alors que je n’ai pas le droit, combien ça va me coûter ».

    Là il s’agit non seule­ment de sécu­ri­ser finan­ciè­re­ment une action qu’on sait déjà illé­gale, mais en plus d’en dimi­nuer le montant.

    De là à dire qu’on fragi­lise les droits et qu’on renforce l’en­tre­prise face au sala­rié, il n’y a qu’un pas. Et ‘op, je le fran­chis.

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    Le dernier argu­ment c’est celui du pauvre gérant de TPE qui fait des erreurs de bonne foi.

    Outre que le plafon­ne­ment couvre surtout tous les autres cas, j’ai toujours du mal à voir pourquoi ce serait au sala­rié d’as­su­mer l’er­reur et de payer le dommage créé par son employeur, fut-il de bonne foi.

    En cette période de chômage de masse le sala­rié (lui aussi souvent pauvre) est-il à ce point en posi­tion aisée pour qu’on doive lais­ser les consé­quences à sa charge ?

    Aidons ces gérants de TPE via une ligne de support juri­dique, propo­sons-leur une assu­rance gérée par le privé ou par l’État pour gérer ce genre de problèmes, mais en aucun cas il n’est légi­time de faire payer la victime qui est déjà celle qui est le plus en posi­tion de faiblesse.

     

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    Tout ça répond à une seule logique bien connue du libé­ra­lisme contem­po­rain : Il faut privi­lé­gier l’en­tre­prise sur l’in­di­vidu, l’en­tre­pre­neur sur le sala­rié, l’éco­no­mie sur la vie person­nelle. L’idéo­lo­gie jamais confir­mée dans l’his­toire, c’est que ça profi­tera in fine à la popu­la­tion, quitte à sacri­fier quelques années voire quelques géné­ra­tions le temps que ça s’équi­libre.

    Merci mais non merci.