Catégorie : Emploi et travail

  • Archaïsme des lois du travail

    On oppose une vision réfor­ma­trice du XXIe siècle à l’ar­chaïsme du XXe et du XIXe. J’ai­me­rai bien qu’il en soit si simple.

    Le XIXe c’est l’in­ter­dic­tion du travail des jeunes enfants et la limi­ta­tion horaire pour les plus grands. C’est le droit de grève, l’in­dem­ni­sa­tion et la respon­sa­bi­lité patro­nale des acci­dents du travail. C’est l’ins­pec­tion du travail et la liberté syndi­cale – rien que ça.

    Le XXe c’est la jour­née de repos hebdo­ma­daire obli­ga­toire, les congés payés, la sécu­rité sociale, des ampli­tudes raison­nables de travail, les allo­ca­tions fami­liales, la consti­tu­tion­na­li­sa­tion du droit de grève…

    S’il y a bien deux siècles réfor­ma­teurs au niveau du droit du travail ce sont bien ces deux là. Tout a été créé, tout ce qui nous semble non seule­ment évident mais aussi fonda­men­tal.

    À l’époque on luttait contre le conser­va­tisme et l’ar­chaïsme libé­ral, contre ceux qui parlaient d’as­sis­ta­nat, de liberté d’en­tre­prendre bafouée, de règles inap­pli­cables.

    Aujourd’­hui, comme à l’avant-guerre, les libé­raux reviennent avec les mêmes argu­ments, pour reve­nir à l’ex­ploi­ta­tion des masses via le travail comme au XIXe siècle, juste­ment.

    Quand on veut permettre de dépas­ser les 11h par jour de travail, on souhaite ni plus ni moins retour­ner aux règles d’avant 1900. Rien que ça. L’ar­chaïsme n’est pas où l’on croit.

    Media­part a aussi un bel article sur ce sujet.

  • [Lecture] Régres­sions du monde sala­rié

    Croisé sur le web:

    On peut discu­ter point par point, et c’est fait sur la source de cette image, mais au final j’ai encore et toujours l’im­pres­sion que nos poli­tiques sont dans une novlangue perma­nente.

    S’ils pensent qu’il faut libé­ra­li­ser le contrat de travail, qu’ils l’as­sument, mais parler de droits des sala­riés pour ce conte­nu… ça me fati­gue…

  • Well okay but I mean maybe you’re a shitty came­ra­man

    Parce que parfois ça commence à souler cette façon de certains d’à tout prix vouloir culpa­bi­li­ser et préca­ri­ser les autres. Une vraie idéo­lo­gie.

    Vidéo de Matt Damon à propos des ensei­gnants et de la sécu­rité de l’em­ploi.

  • Face au chômage, faut-il encore bais­ser les charges des patrons?

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    Nous arri­ve­rons alors à un niveau de prélè­ve­ment au plus bas depuis au moins 20 ans, c’est presque du jamais-vu

    — via L’Ex­pen­sion

    Ce qui est certain c’est que le coût du travail seul ne suffit pas à chan­ger quoi que ce soit à la situa­tion sociale, d’au­tant que le tableau ci-dessus ne prend pas en compte la produc­ti­vité de l’heure de travail : la France a une des meilleures des pays occi­den­taux.

    Si l’en­tre­prise n’a pas plus d’ac­ti­vité, pas plus de carnets de commande, allé­ger les coti­sa­tions sociales n’a pour seul effet que d’amé­lio­rer le résul­tat d’ex­ploi­ta­tion. Au final ça arrive dans les divi­dendes des action­naires et les bonus des diri­geants, qui sont rever­sés dans le système finan­cier et pas dans l’éco­no­mie dite « réelle ».

    Le pire c’est qu’à allé­ger les « charges », on dimi­nue la percep­tion des coti­sa­tions sociales. Deux solu­tions : Soit on dimi­nue les dépenses, c’est à dire qu’on dégrade les garan­ties de santé, les aides au chômage, les montants des retraites, dimi­nuant les condi­tions de vie des plus faibles déjà lour­de­ment touchés par la crise… soit on augmente d’autres recettes, et si ce n’est pas pris aux entre­prises c’est que ce sont les ménages qui payent, avec moins de revenu dispo­nible ils consomment moins et alimentent un joli cercle pervers.

    Mais le MEDEF préfère deman­der encore des allè­ge­ments, sans rien promettre en face. C’est simple­ment plus rentable pour les affi­liés à son syndi­cat. On arrête quand ?

  • À l’ombre du Mur, jour­nal d’un inutile

    Web-fiction excep­tion­nelle… et glaçante quand les premiers temps on retrouve les solu­tions que certains contem­po­rains aime­raient appliquer, puis la novlangue digne de 1984 mais qui semble plus que crédible, qui semble réaliste aujourd’­hui. La fin n’est plus que fiction, mais permet aussi de réflé­chir.

    Ça demande bien 20 minutes, avec le son, mais ne passez pas à côté.

  • L’ap­pel des patrons « pour un plan d’ur­gence auda­cieux pour l’em­ploi »

    Nous deman­dons […] :

    1. […] un plafon­ne­ment des indem­ni­tés prud’­ho­males lié à l’an­cien­neté du sala­rié, et des motifs de rupture liés à […] la réali­sa­tion d’un projet.

    2. Une exoné­ra­tion totale de ­coti­sa­tions sociales patro­nales durant deux ans pour toute nouvelle embauche dans les petites entre­prises.

    3. Une exoné­ra­tion sociale totale pour tout recours à un alter­nant (apprenti ou contrat de profes­sion­na­li­sa­tion).

    4. Des dispo­si­tions faci­li­tant l’em­bauche de chômeurs de longue durée […] combi­nant forma­tion et abon­de­ment par des aides sociales pour allé­ger le coût pour l’en­tre­prise.

    5. Une faci­li­ta­tion des nouvelles formes d’ac­ti­vité indé­pen­dante.

    — sur Le JDD

    Pour faire court :

    Et si ça arrive ils ne font tout de même aucune promesse mais veulent bien appa­raitre en sauveurs de la France. Au pire, si ça ne fonc­tionne pas et que ça vient juste alimen­ter la rému­né­ra­tion des diri­geants et action­naires, comme sur les dizaines de milliards du pacte de soli­da­rité, c’est qu’on ne sera pas allés assez loin.

  • A propos des métiers à la con!

    Mais plutôt que de permettre une réduc­tion massive des heures de travail pour libé­rer la popu­la­tion mondiale afin qu’elle pour­suive ses propres projets, plai­sirs, visions et idées, nous avons pu obser­ver le gonfle­ment, non seule­ment des indus­tries de “service”, mais aussi du secteur admi­nis­tra­tif, et la créa­tion de nouvelles indus­tries comme les services finan­ciers, le télé­mar­ke­ting, ou l’ex­pan­sion sans précé­dent de secteurs comme le droit corpo­ra­tiste, les admi­nis­tra­tions univer­si­taires et de santé, les ressources humaines ou encore les rela­tions publiques.

    — par David Grae­ber

    Et c’est logique. La plupart ne cher­chant qu’à maxi­mi­ser le profit. Si pour gagner un peu de marché et de renta­bi­lité il suffit d’em­bau­cher un respon­sable marke­ting… on le fait.

    Si le voisin met 40€ d’in­ves­tis­se­ment marke­ting et prend le marché, pour survivre il faut au moins mettre 20€. 50€ si on veut faire mieux. Bien entendu en jouant le jeu on parti­cipe à l’es­ca­lade.

    Autant dire que les jobs qui ne contri­buent pas vrai­ment à la produc­tion et à la vie de la société ne sont pas amme­nés à dimi­nuer. On s’amuse à la fois à tirer les coûts au mini­mum, en payant même des gens pour ça, tout en parti­ci­pant à la course à l’ar­me­ment pour vendre et promou­voir ce qu’on produit. Quand on a plus de vendeurs et d’ad­mi­nis­tra­tifs cumu­lés par rapport aux équipes de produc­tion, il y a un problème quelque part.

    Si quelqu’un avait conçu un régime de travail visant à perpé­tuer le pouvoir du capi­tal finan­cier, il aurait été diffi­cile de mieux faire. Les emplois réels, produc­tifs, sont sans cesse écra­sés et exploi­tés. Le reste est divisé en deux groupes, entre la strate des sans-emplois, univer­sel­le­ment vili­pen­dés, et une strate plus vaste de gens payés pour, en gros, ne rien faire, dans une posi­tion conçue pour qu’ils s’iden­ti­fient aux pers­pec­tives et aux sensi­bi­li­tés de la classe diri­geante (diri­geants, admi­nis­tra­teurs, etc.) et parti­cu­liè­re­ment à ses avatars finan­ciers, mais qui, en paral­lèle, produit un ressen­ti­ment envers tous ceux dont le travail possède une valeur sociale claire et indé­niable. Mani­fes­te­ment, le système n’a jamais été consciem­ment conçu. Il a émergé d’un siècle, quasi­ment, de tenta­tives et d’échecs. C’est la seule expli­ca­tion qu’on puisse donner à la raison pour laquelle, malgré nos capa­ci­tés tech­no­lo­giques, nous ne travaillons pas 3 à 4 heures par jour.

    Une solu­tion : Dimi­nuer l’in­ci­ta­tion à travailler, ou en chan­ger la néces­sité. Instau­rer un revenu de base suffi­sant pour vivre correc­te­ment, puis arrê­ter la course à l’em­ploi et la culpa­bi­li­sa­tion qui va avec.

    Oui, exac­te­ment l’op­posé de ce que nous faisons avec de plus en plus de force depuis 20 ans.

  • Un remède pour rame­ner à « zéro » le chômage de longue durée ?

    La propo­si­tion de loi défen­due par M. Grand­guillaume et plusieurs dépu­tés socia­listes prévoit de mettre en place un « fonds natio­nal » pour lancer le dispo­si­tif. Doté d’une dizaine de millions d’eu­ros, il permet­tra de finan­cer des postes dans des entre­prises rele­vant de l’éco­no­mie sociale et soli­daire. De 1 000 à 1 500 personnes pour­raient être embau­chées dans une dizaine de terri­toires, plutôt situés dans le monde rural ou en zone péri-urbaine. Les acti­vi­tés ainsi déve­lop­pées sont diverses : aide aux devoirs, petits travaux de jardi­nage, etc.

    Le Monde

    L’idée semble atti­rante (sauf à ceux qui ont la phobie de l’em­ploi public, quitte à ce que ça coûte aussi cher en allo­ca­tions) mais c’est à double tran­chant. Ces travaux risquent de deve­nir perma­nents, et d’aug­men­ter en volume jour après jour. Il va aussi falloir recru­ter énor­mé­ment d’en­ca­dre­ment et de struc­ture autour de tout cela, ne parlons pas de forma­tion.

    Et si à la place on accep­tait de fait de payer les gens à faire ce qu’ils veulent ? La plupart aide­ront et parti­ci­pe­ront aussi à la commu­nauté, mais pas forcé­ment comme on le pense. Moins d’ad­mi­nis­tra­tif, pas de culpa­bi­lité, capa­cité à élabo­rer un projet… Il faudra un chan­ge­ment de menta­lité, quelle que soit la solu­tion. Aujourd’­hui nous préfé­rons rester dans une logique de contrôle et de victi­mi­sa­tion de ceux qui ont besoin de vivre.

  • Le Salaire à Vie (Bernard Friot)

    C’est grâce à ce chan­tage à l’em­ploi perma­nent que le Medef arrive à arra­cher toute sorte d’avan­tages. […] De nos jours on n’ose plus rien faire contre les entre­prises de peur qu’elles arrêtent de promettre qu’elles vont créer les emplois qui manquent.

    Le salaire à vie (Bernard Friot)

    Reli­sez bien la cita­tion, deux fois. C’est criant de vérité.

    Une seconde ?

    On dit que Mittal fait vivre 20 000 sala­riés. Non ! Il y a 20 000 sala­riés qui font vivre Mittal

    C’est telle­ment évident et incon­tes­table après coup…

    Bon, la vidéo ne tourne pas autour de ces deux petites phrases mais je ne saurais résu­mer, d’au­tant qu’on parcours beau­coup de sujets. Allez regar­der, il y a plein de passages inté­res­sants.

    Sortir du capi­ta­lisme semble urgent, mais pour ça il faudrait déjà qu’on y réflé­chisse sérieu­se­ment en commun au niveau poli­tique, plutôt que de dire « si ça ne marche pas il faut faire la même chose encore plus fort ».

  • Un modèle social complè­te­ment idiot

    Il était payé x xxx € par mois pour s’oc­cu­per de [bonne action]. Te rends-tu compte du scan­dale [du scan­dale] ?

    Je ne me rappelle plus le montant. Je ne me rappelle plus la source. La dernière parlait d’aide aux réfu­giés mais c’est quelque chose que j’en­tends souvent, dans diffé­rents contextes.

    Dès qu’on s’oc­cupe d’hu­ma­ni­taire, de social, d’un objec­tif un mini­mum éthique, ou même qu’on prétend simple­ment tenter d’être respec­tueux de la collec­ti­vité, les grandes rému­né­ra­tions sont immé­dia­te­ment jugées scan­da­leuses, honteuses. Ça parait sain : C’est autant d’argent qui ne va pas à la cause, quelle qu’elle soit.

    Sauf qu’à réagir ainsi on renforce un modèle social complè­te­ment idiot, un modèle où ceux qui contri­buent posi­ti­ve­ment sont forcé­ment moins bien payés que ceux qui détruisent les gens et le monde autour d’eux.

    On insi­nue que ceux qui aident les autres doivent accep­ter des rému­né­ra­tions plus faibles ou plafon­nées, qu’on ne doit pas gagner de l’argent en faisant quelque chose de bien. Une sorte de double peine.

    Pire, parce qu’en creux on dessine que gagner de l’argent au détri­ment des autres c’est quelque part plus légi­time, moins honteux. On marche sur la tête.


    Réflé­chis­sons-y deux fois. Fina­le­ment, quitte à ce qu’il existe de fortes rému­né­ra­tions, je préfère large­ment que ce soit pour ceux qui contri­buent posi­ti­ve­ment à la collec­ti­vité, même si ce n’est qu’un peu, même si ça se limite à une inten­tion diffi­ci­le­ment mise en œuvre. Réjouis­sons-nous plutôt.

    Je suis beau­coup plus gêné par les fortes rému­né­ra­tions de personnes ou d’en­tre­prises qui ne contri­buent pas à un modèle social posi­tif, au moins un peu, au moins dans l’in­ten­tion.

    Ce qui me fait honte – bien plus que n’im­porte quelle forte rému­né­ra­tion – c’est que ceux qui aident leur prochain ou contri­buent à un modèle de société un peu plus juste soient moins bien payés, voire béné­voles.

    Cherche 3 stagiaires non rému­né­rés (…) pour deve­nir la réfé­rence dans la lutte contre la préca­rité de l’em­ploi.

    https://twit­ter.com/rayfranco/status/669468160089841664
    Je viens de créer une association « Ambitieuses Asso » qui a pour but de promouvoir l'entrepreneuriat féminin. Mon objectif étant de devenir la référence dans la lutte contre la précarité des emplois, la pauvreté et l'isolement des femmes. J'ai besoin de visuels percutant qui reflètent la force de mon message.

Si vous avez une ou plusieurs de ces compétences et que mon projet vous intéresse, envoyez-moi book et cv sur xxxxx.

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Ambitieuses mag, le magazine des working girls

1er webzine dédié à l'entreprenarial féminin

Recrute 3 stagiaires ou bénévoles

Stage non rémunéré ou bénévolat. Durée: décembre à février.

Ambitieux(se) - Créatif(ive) - Sérieux(se)

    Fina­le­ment il est plutôt là le scan­dale.