Le jardin ferme, il n’était pas ouvert

J’ai parfois du mal à faire passer l’in­for­ma­tion qu’a­che­ter du livre numé­rique sur Kindle est aber­rant. Micro­soft (via Nokia) vient de nous donner un excellent exemple :

Les lecteurs qui ont encore l’ap­pli­ca­tion Nokia Reader sur leur télé­phone ont 45 jours pour télé­char­ger leurs livres en local sur l’ap­pli­ca­tion. Si le stockage du télé­phone est déjà plein, il faudra faire des choix, effa­cer des choses.

Ensuite ils pour­ront lire… jusqu’à ce que le télé­phone soit hors d’usage, remplacé, ou simple­ment mis à jour vers une version d’OS incom­pa­tible avec l’ap­pli­ca­tion de lecture. Ensuite les livres ache­tés seront défi­ni­ti­ve­ment perdus, sans recours.

Les autres ? ceux qui ont tempo­rai­re­ment désins­tallé l’ap­pli­ca­tion, ceux qui n’ont plus de place sur le stockage du télé­phone, ceux qui ne verront pas l’email reçu dans la boite à spam, ceux qui utilisent au jour le jour autre chose que leur Lumia pour lire ? Ils ont déjà tout perdu. Tant pis.

Une ques­tion d’en­vi­ron­ne­ment fermé

À cause d’une DRM spéci­fique à Nokia, les livres ne pour­ront pas être trans­fé­rés ailleurs. Le tout est verrouillé. C’est typique­ment le problème que je reproche à l’en­vi­ron­ne­ment Kindle.

Samsung, Sony, Micro­soft sont des gros acteurs, qui aurait prédit l’ar­rêt de leurs solu­tions ebook ? À son époque, Yahoo! avait aussi arrêté son service de musique en ligne. Quand j’étais en école Google n’exis­tait pas et personne n’ima­gi­nait la fin d’Al­ta­vista, d’ICQ, d’AOL ou de Yahoo!

Nook (un des services phare de livres numé­riques aux États Unis) est lui même dans une situa­tion diffi­cile à prévoir. Micro­soft a préféré recom­man­der Kindle comme alter­na­tive à Nokia Reader alors qu’il détient 300 M$ dans la solu­tion Nook, pour­tant large­ment quali­ta­tive.

Parier que le livre numé­rique sera toujours stra­té­gique chez Amazon c’est s’en­ga­ger sur un terrain abso­lu­ment impré­vi­sible. Quand le jour tant redouté arri­vera, tout sera perdu. Pas parce qu’A­ma­zon est une mauvaise société – leur service est même excep­tion­nel – mais unique­ment parce qu’ils verrouillent tout dans un envi­ron­ne­ment proprié­taire fermé.

D’ailleurs il n’y a aucun besoin d’ima­gi­ner le pire. Il suffira qu’un jour vous ayez envie d’al­ler à la concur­ren­ce… Vous ne pour­rez y trans­fé­rer aucun livre sous DRM Kindle.

Une prison dorée, c’est pratique, agréable, mais c’est une prison quand même. Plus on y reste, plus il est coûteux d’en sortir.

Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA à partir d’un travail de Antoine Walter


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Commentaires

3 réponses à “Le jardin ferme, il n’était pas ouvert”

  1. […] et le respect de l’utilisateur, qui n’apprécie pas les DRMs contraignants (cf https://n.survol.fr/n/le-jardin-ferme-il-netait-pas-ouvert pour voir les problèmes que ça […]

  2. […] J’ai parfois du mal à faire passer l’information qu’acheter du livre numérique sur Kindle est aberrant. Microsoft (via Nokia) vient de nous donner un excellent exemple :Les lecteurs qui ont encore l’application Nokia Reader sur leur téléphone ont 45 jours pour télécharger leurs livres en local sur l’application. Si le stockage du téléphone est déjà plein, il faudra faire des choix, effacer des choses. …  […]

  3. Avatar de thibaudd

    Merci pour cette information qui confirme mon choix final. Dans une deuxième billet, j’explique pourquoi j’ai choisi un Kobo.

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