Auteur/autrice : Éric

  • Dire merci

    Tout le monde y va de ses ensei­gne­ments de 2016 alors je vais vous donner le mien : dire merci.

    Je le fais en guise de vœux depuis trois ans et j’ap­prends jour à jour à le faire de plus en plus. Il ne s’agit pas de marquer une poli­tesse lors d’un cadeau ou d’une faveur, il s’agit de se rendre compte que de ce que m’ap­portent les autres.

    Dire merci quand on me corrige ou qu’on me reprends. Dire merci plutôt qu’ar­gu­men­ter quand on me donne une opinion. Dire merci quand j’ap­pré­cie. Dire merci quand un geste ne va pas de soi. Dire merci pour ce que les autres apportent de posi­tif. Pas par réflexe ou par habi­tude, mais comme une recon­nais­sance.

    C’est simple, ridi­cule, mais c’est un coup à se sentir comme Amélie Poulain, briè­ve­ment en harmo­nie avec le monde.

  • De la longueur des lignes

    En fait, les sources varient de 50 à 75 carac­tères par ligne

    Nico­las Hoizey

    Ça va me donner l’oc­ca­sion d’écrire un billet que j’ai long­temps voulu faire.

    TL;DR: Ce n’est pas si simple. En limi­tant la longueur des lignes on cherche deux effets. Aucun n’est lié au nombre de carac­tères sur la ligne.

    Où est ma ligne ?

    Le premier effet est de faci­li­ter le repé­rage du début de la ligne suivante. Ce premier point est aussi celui qui permet d’évi­ter l’ef­fet « les lignes semblent comme des vagues » chez certains lecteurs.

    La taille idéale dépend en partie de la hauteur de ligne et de l’in­ter­ligne qui va avec. Regrou­per les lignes en para­graphes de taille raison­nable et suffi­sam­ment sépa­rés entre eux aide aussi, ainsi les titres inter­mé­diaires pour se repé­rer entre les para­graphes.

    Ça fait partie d’un tout. Un texte mono­bloc avec une toute petite hauteur et un inter­ligne mini­mum ne se lira correc­te­ment qu’en colonne étroite. Chan­gez un seul des éléments et vous pour­rez élar­gir un peu.

    Beeline reader tente une approche paral­lèle en colo­ri­sant les lignes pour faci­li­ter le repé­rage. À essayer pour ceux qui ont un peu de fatigue.

    Angle de vision

    Toute­fois, même avec un texte en grands carac­tères et inter­ligne double, il faut comp­ter avec un absolu. Pour faci­le­ment reve­nir à la ligne suivante, l’œil doit pouvoir embras­ser simul­ta­né­ment le début et la fin de la ligne.

    La longueur limite dépend alors unique­ment de la distance du texte par rapport aux yeux, quelle que soit la taille des carac­tères.

    Lecture rapide

    Le second effet qu’on recherche est de permettre au cerveau d’ap­pré­hen­der le texte plus large­ment, sans avoir à suivre mot à mot.

    Norma­le­ment vous connais­sez déjà le mot de la ligne suivante avant d’y passer. Votre cerveau l’a retenu et vous permet une lecture conti­nue, sans le dixième de seconde de pause à chaque ligne. C’est vrai aussi pour l’en­semble du texte : Votre cerveau analyse déjà la suite.

    Pous­sez ce concept jusqu’au bout et vous obte­nez ce qu’on appelle la lecture rapide. Au lieu de suivre la ligne du début à la fin vous fixez un ou deux points sur chaque ligne. Même sans aller jusque là, il est peu probable que vous lisiez habi­tuel­le­ment en pur séquen­tiel. Un texte trop long rend diffi­cile cette lecture d’en­semble et vous force juste­ment à lire la ligne en séquen­tiel, comme vous le faisiez au CP.

    Là aussi, il faut que la ligne tienne dans un angle de vision réduit permet­tant au plus deux points de fixa­tion.

    Combien de carac­tères alors ?

    C’est là l’as­tuce. Aucun critère ne tient au nombre de carac­tères. Augmen­tez tant que vous voulez la densité de carac­tères sur une ligne. La lecture pourra en deve­nir plus diffi­cile mais ça n’im­pac­tera nulle­ment la longueur idéale des lignes.

    Bref, on ne compte pas en nombre de carac­tères.

    Même la taille des carac­tères ne compte pas tant que ça pour calcu­ler la longueur de ligne. On le prend en compte dans la capa­cité à indi­vi­dua­li­ser les lignes pour faci­li­ter le repé­rage du début de la ligne suivante mais le critère prin­ci­pal reste l’angle de vision.

    Pourquoi parle-t-on du nombre de carac­tères alors ? Parce que c’est une mesure simple, plus ou moins liée à la hauteur des carac­tères. La hauteur elle-même compte un peu dans l’équa­tion puisqu’elle joue sur l’in­di­vi­dua­li­sa­tion des lignes mais elle est surtout norma­le­ment réglée en fonc­tion de la distance entre l’œil et l’écran, c’est à dire par rapport à un angle de vision théo­rique.

    On peut parler en nombre de carac­tères mais si vous prenez une police plus ou moins dense, ce sera à vous d’adap­ter en fonc­tion (si la police est dense, vous pouvez mettre plus de carac­tères par ligne). Même chose si vous choi­sis­sez une taille de texte plus grande ou plus petite que souhai­table pour l’usage recher­ché (si vous gros­sis­sez votre texte, n’aug­men­tez pas d’au­tant la longueur de vos lignes, donc comp­tez moins de carac­tères).

    Mais combien alors ?

    Nico­las cite des sources parlant d’en­vi­ron 30 em. Les jour­naux qui font du colo­nage proposent beau­coup moins.

    Faute de faire plusieurs colonnes correc­te­ment, j’ai tendance à ouvrir un peu plus que la recom­man­da­tion et aller entre 32 et 36 em… pour une police serif de la densité de Geor­gia avec une taille par défaut de 1 rem, un inter­ligne agrandi et une sépa­ra­tion du texte en para­graphes pas trop longs sépa­rés par des titres.

    C’est un tout vous dis-je (et c’est subjec­tif, je ne donne que mes choix).

  • Mon cloud à moi

    On me parle de cloud tous les deux jours mais… je n’ai toujours pas de cloud à moi.

    Je veux que le PC Linux qui me sert de NAS puisse me propo­ser un disque réseau. Je veux pouvoir m’y connec­ter depuis Linux, Mac et Windows.

    Je veux pouvoir conti­nuer à navi­guer dans ce disque une fois hors-ligne. Je veux que les fichiers déjà ouverts et ceux que je marque expli­ci­te­ment soient mis en cache en local pour que eux aussi soient acces­sibles hors-ligne. Je veux pouvoir modi­fier ces fichiers hors-ligne et qu’ils soient synchro­ni­sées en tâche de fond dès que je me recon­necte.

    Si je devais abuser j’ai­me­rais même un accès Android et iOS, ainsi que pouvoir parta­ger des dossier au niveau d’une famille, voire avec des tiers. Bon, on va dire que ce para­graphe est option­nel.

    Je ne vais pas oser dire « c’est simple », mais on me le promet depuis tant de temps… Pourquoi ne l’ai-je toujours pas ?

    * * *

    J’ai exploré des choses, n’hé­si­tez pas à me propo­ser des ajouts qui répondent à ma problé­ma­tique, ou corri­ger mes erreurs.

    pCloud

    C’est peut-être ce qui semble le plus ressem­bler à ce que je recherche. On reste par contre sur un service en ligne proprié­taire.

    Je ne contrôle pas mes données qui sont obli­ga­toi­re­ment stockées hors-ligne (par défaut en clair, le chif­fre­ment côté client est une option payante).

    À leur décharge le prix est honnête avec 10$ mensuels pour 2 To + 5 $ mensuels avec le chif­fre­ment côté client.

    Si quelqu’un a testé, je suis preneur de retours sur les débits et sur l’in­tel­li­gence du cache local. Je n’ai par exemple pas bien compris si je devais abso­lu­ment marquer manuel­le­ment les fichiers que je veux hors-ligne ou s’il sait mettre seul hors-ligne les derniers fichiers accé­dés.

    Meet Lima

    J’ai trouvé Lima. J’en ai même une, mais l’idée d’y dédié mon disque prin­ci­pal et de l’y bran­cher en USB, ça m’a un peu bloqué.

    Entre autres ça me demande d’avoir un PC spéci­fique à côté pour gérer le backup, que ce PC fasse fréquem­ment un scan complet des 2 To par le réseau pour voir quels fichiers ont changé et les histo­ri­ser… ça me parait assez bancal et risqué.

    Si on ajoute que le débit de la Lima est de l’ordre de 13 Mb/s en écri­ture (d’après eux, donc j’ima­gine qu’il faut comp­ter moins de 10Mb/s), je ne le vois pas encore comme une solu­tion idéale.

    * * *
    Hors Péri­mètre

    Drop­box

    Au début j’ai adoré l’idée. Drop­box utilise un système de fichier stan­dard côté client, et la fiabi­lité qui va avec. Je n’ai pas de raison de craindre pour mes données. Autres points posi­tifs : J’ai le partage et les appli­ca­tions mobiles.

    Le problème c’est que j’ai le défaut qui va avec. Je suis limité par la taille de mon disque local, et ce n’est pas du tout ça que j’at­tends d’un cloud. Au mieux je peux passer par le web pour récu­pé­rer un docu­ment que je n’ai pas encore, ou choi­sir des dossiers qui ne seront pas synchro­ni­sés.

    Bref, hors péri­mètre.

    Pour ne rien arran­ger mes fichiers sont forcé­ment stockés chez Drop­box, en clair (oups, d’au­tant qu’ils ont déjà eu des failles y donnant accès), pour 10 € mensuel le To.

    Hubic

    On va dire que c’est le Drop­box d’OVH. C’est nette­ment moins cher, j’ai des options bien­ve­nues pour déclen­cher des sauve­gardes, mais sinon on reste au même niveau.

    La synchro­ni­sa­tion sélec­tive se limite par contre aux dossiers de premier niveau et ça c’est carré­ment bloquant pour moi.

    Google Drive

    Pas mieux que les deux précé­dents, 10 $ mensuels le To et une synchro­ni­sa­tion qui m’a déjà fait de mauvaises surprises.

    Les photos de petite taille (en dessous de 2048 × 2048) ne comptent pas dans le quota.

    Amazon Drive

    Non testé, mais à priori simi­laire aux précé­dents avec juste un quota illi­mité à 70 € par an (quand on connait les prix de S3, on se demande où est le piège).

    Les abon­nés premium peuvent stocker les photos gratui­te­ment.

    Resi­lio (ex Bittor­rent sync)

    Le jeu de fonc­tion­na­lité est simi­laire aux autres systèmes de synchro­ni­sa­tion précé­dent avec la seule diffé­rence qu’on synchro­nise des appa­reils locaux sans espace centra­lisé en ligne.

    La synchro­ni­sa­tion sélec­tive (indis­pen­sable à mon usage) demande une licence à 40 €, sans abon­ne­ment.

    Sync­thing

    La version « open source » du précé­dent, mais sans la synchro­ni­sa­tion sélec­tive. La consom­ma­tion CPU semble aussi très haute (je ne connais pas celle de Resi­lio).

    Le système semble faire des scan régu­liers de l’en­semble des fichiers pour traquer les chan­ge­ments. Sur 2 To j’ai très peur du résul­tat sur la batte­rie.

    Owncloud

    J’ai juste effleuré mais la synchro­ni­sa­tion ne sait pas décou­per les fichiers donc un petit chan­ge­ment néces­site de renvoyer tout le fichier à chaque fois. Pour moi c’est discri­mi­na­toire.

    Il reste que je ne crois pas avoir vu de synchro­ni­sa­tion sélec­tive et qu’un serveur PHP pour gérer des fichiers ça ne me rassure pas vrai­ment non plus.


    Je me suis permis de mettre des liens de parrai­nage pour certains services que j’uti­lise.

  • Disque NAS et système de backup

    Aujourd’­hui c’est backup day. Oui, encore. C’est bien le prin­cipe, non ?

    Histo­rique­ment je me repo­sais sur un Syno­logy à deux disques en local, et épiso­dique­ment des gravures de bluray à poser chez la famille ou les amis. La gravure deve­nait une corvée au fur et à mesure que la quan­tité de données augmen­tait.

    J’ai changé de poli­tique quand le Syno­logy a rendu l’âme : Un bare­bone super fin super fin super fin sans venti­la­teur accom­pa­gné d’un disque 2.5″. Double avan­tage : Ça peut se fixer derrière la TV sans prendre de place ni faire de bruit et je peux y instal­ler une distri­bu­tion linux que je contrôle. Le dernier point m’a permis d’y instal­ler Crash­plan, ce qui est un parcours du combat­tant à main­te­nir sur un Syno­logy. Le support bluray devient option­nel. Si le seul disque casse, j’ai un backup distant frais pour le restau­rer. Ça me suffit.

    * * *

    Le disque se remplit au fur et à mesure et je suis désor­mais à l’étroit. Je pensais rache­ter un disque de capa­cité double à prix raison­nable deux ou trois ans après. L’évo­lu­tion de l’in­for­ma­tique en a décidé autre­ment.

    Les SSD et le cloud ont pris les devants. Les disques magné­tiques 2.5″ ne semblent pas avoir vrai­ment évolué depuis 2014. Les prix se sont stabi­li­sés, les grandes capa­ci­tés sont rares et chères. Plus gênant : Le bare­bone accepte les disques jusque 9.5 mm d’épais­seur. C’était normal à l’époque mais aujourd’­hui les Seagate de 3 To et plus font 15 mm.

    * * *

    Bref, j’ai au moins deux choix :

    J’achète un disque 2.5″ 3 ou 4 To pour rempla­cer l’ac­tuel. Ça coûte plus cher que prévu et la marque n’a pas bonne répu­ta­tion. J’ai le même problème dans deux ans et là il faudra que je change mon set-up. Si quelqu’un me trouve un 2.5″ de 3 ou 4 To et de 9mm d’épais­seur au maxi­mum pour pas trop cher, je suis sacré­ment preneur. Pour l’ins­tant je n’ai pas trouvé.

    Je trouve un autre bare­bone pas trop gros et sans venti­la­teur mais qui accepte les 3.5″. Je crains le prix et la taille mais ça me permet­trait de tenir assez loin. Je suis preneur de sugges­tions pour le dit bare­bone.

    Vous voyez autre chose ?

    * * *

    Je fais un billet séparé avec ma dernière ques­tion orien­tée synchro­ni­sa­tion et exten­sion de stockage, histoire de ne pas tout mélan­ger. Parlons ici de stockage prin­ci­pal et de backup, ça sera déjà pas mal.

    * * *

    Quelques notes addi­tion­nelles suites aux premiers retours :

    • Je pour­rais prendre un Syno­logy comme bare­bone, mais je perdrais la souplesse de mon Linux. Entre autres je peux dire au-revoir à Crash­plan et ça demande de trou­ver une autre solu­tion de backup (je parle bien de backup, avec histo­ri­sa­tion au cas où je fais des bêtises avec mes fichiers, Drop­box ou des solu­tions de synchro­ni­sa­tion ne pour­ront pas remplir ce rôle).
    • Je parle de 2 To de données à moyen terme et 3 To à long terme. Comp­tez 20% de plus pour l’his­to­rique dans une solu­tion de backup. Je me vois mal mettre ça sur S3 ou équi­valent. Même Amazon Glacier n’est pas évident côté tarifs.
  • Du rôle du jour­na­liste

    Stéphane Soumier ne ressemble pas du tout à la défi­ni­tion que je donne du jour­na­liste. Il n’est en rien média­teur, c’est juste un mili­tant, qui utilise sa posi­tion et sa visi­bi­lité média­tique pour relayer ses opinions et sa lecture du monde, en espé­rant convaincre des gens de penser comme lui. Cela ne veut pas dire que tout soit à jeter, ces édito­ria­listes peuvent avoir des analyses inté­res­santes, mais qui ne relèvent pas du métier de jour­na­liste. Or, ils se présentent comme tels, ce qui crée une confu­sion. C’est une espèce malheu­reu­se­ment très répan­due dans les médias, en parti­cu­lier dans l’au­dio­vi­suel. C’est le cancer du jour­na­lisme, car ils discré­ditent toute la profes­sion. Je ne suis abso­lu­ment pas surpris qu’a­vec de tels gugusses, les jour­na­listes soient, avec les poli­tiques, dans le bas des clas­se­ments sur la confiance accor­dée par les citoyens.

    Authueil

    Quand les pigistes ont du mal à obte­nir une carte de presse mais que le présen­ta­teur de la météo au 20h est appelé jour­na­liste météo, on ne peut que confir­mer qu’il y a un problème.

    Comme partout, la visi­bi­lité média­tique a remplacé le travail de fond.

    Le pire est montré dans l’ana­lyse de Samuel Laurent sur cette histoire :

    Ne nous éten­dons pas plus. Les deux hommes fini­ront, après moults inter­pel­la­tions publiques, par recon­naître l’ina­nité de la polé­mique, et par relayer notre article qui dément preuves à l’ap­pui les propos de M. Meil­han.

    Ils le feront sans commen­taire, et sans reti­rer leurs tweets précé­dents, ni expliquer pourquoi ils ont choisi de faire confiance à ce texte plutôt qu’à celui de jour­na­listes profes­sion­nels employés par une rédac­tion recon­nue comme étant fiable. Tous deux semblent esti­mer qu’ayant relayé les deux points de vue, ils ont fait leur travail, et qu’il ne leur appar­tient pas de tran­cher.

    C’est tota­le­ment nier l’im­pact de ce qu’on fait, se déres­pon­sa­bi­li­ser dans son rôle.

    Une discus­sion d’hier menait au même sujet. Peu importe que nos poli­tiques croient dans leurs promesses et dans leur cirque média­tique. À force de dire qu’il y a trop de fonc­tion­naires, que la sécu et le public ne fonc­tion­ne­ment pas, que les Droits de l’H et l’Eu­rope sont un problème, que nous ne pouvons pas accueillir les immi­grés, que l’Is­lam est dange­reux… même si c’est pour ne rien en faire et accep­ter un démenti calme et posé dans un second temps, le mal est fait. L’idée fait son chemin, se propage, se renforce à chaque esclandre

    Plus que par leurs actions ou inac­tions, les poli­tiques font mourir notre devise par leurs paroles. Et les jour­na­listes se tirent des balles dans le pied de la même façon oubliant leur rôle d’ana­lyse et de filtre.

    D’ailleurs, pourquoi aurais-je besoin de jour­na­listes s’il s’agit unique­ment de me réfé­ren­cer les diffé­rentes opinions subjec­tives de chaque polé­mique ?

  • Mais… je n’ai pas demandé à partir moi !

    Comme visi­ble­ment cette suite de billets est lue avec grand inté­rêt, il fallait bien faire le contre-point du précé­dent, même si j’es­père qu’il concer­nera moins de monde.

    Je vais lever le suspense. Tout tient dans une seule recom­man­da­tion :

    Faites-vous accom­pa­gner.

    Toute autre atti­tude est une erreur monu­men­tale.

    Le délé­gué du person­nel.

    Pour les cas simples, ou pour les affaires internes des grandes entre­prises, ou si vous ne savez pas encore trop où vous allez. Il est là pour ça, assu­rera la confi­den­tia­lité de tout ce que vous lui direz, et aura géné­ra­le­ment un mini­mum d’ex­pé­rience (s’il n’en a pas, il aura proba­ble­ment le support de son syndi­cat pour aiguiller). Il aura aussi connais­sance de plus de choses que vous dans la société pour comprendre le contexte.

    Norma­le­ment leurs nom et coor­don­nées sont affi­chés et commu­niqués. Si vous ne savez pas vous pouvez deman­der au collègue qui a l’air le plus porté sur ces ques­tions à côté de vous, lui saura surement. Au pire deman­dez aux ressources humaines, à votre mana­ger, à votre président.

    Vous en aurez plusieurs. Le syndi­cat d’ap­par­te­nance n’a aucune influence (ne choi­sis­sez pas en fonc­tion de vos opinions poli­tiques). Ils vous défen­dront tous pareil. Choi­sis­sez plutôt en fonc­tion de son collège (cadre ou non cadre, il aura une meilleure compré­hen­sion des tenants et abou­tis­sants de la situa­tion) et pour qu’il soit dans le même bureau que vous (ça sera quand même plus simple pour discu­ter).

    Si vous pouvez, évitez toute­fois d’im­pliquer quelqu’un de trop proche, genre le collègue de la même équipe sur le bureau d’à côté. Vous évite­rez de le mettre dans une situa­tion déli­cate et vous aurez quelqu’un de plus objec­tif.

    L’ac­cès aux délé­gués du person­nel est gratuit (il ne vous fera pas coti­ser au syndi­cat) et vous n’avez aucun compte à rendre à personne à ce sujet.

    Le conseiller du sala­rié.

    C’est l’équi­valent du délé­gué du person­nel si la société n’en a pas, c’est à dire si elle n’a pas 11 sala­riés depuis assez long­temps.

    La Direccte de votre dépar­te­ment tient une liste nomi­na­tive acces­sible sur son site web. À défaut vous pouvez la deman­der en mairie et à l’ins­pec­tion du travail.

    Vous aurez une liste de noms, syndi­cat, télé­phone, email et ville. Les critères de choix sont simi­laires à ceux du délé­gué du person­nel. Choi­sis­sez donc préfé­ra­ble­ment un syndi­cat cadre / non cadre suivant votre situa­tion. Si vous avez le choix, regar­dez comme second critère si l’un d’eux est dans un domaine proche du votre (taille d’en­tre­prise, métier, etc.). Parfois le point de contact email est direc­te­ment une boite parta­gée du syndi­cat et ce sont eux qui sélec­tion­ne­ront la personne dispo­nible la plus adap­tée.

    Écri­vez en préci­sant votre situa­tion (ce qui vous arrive) et le contexte (société, métier, date, vos coor­don­nées). Soyez succinct, on vous propo­sera un rendez-vous pour parler ensuite.

    Là aussi, ces conseillers sont là pour vous et rien ne vous sera demandé en échange. Ils auront leur expé­rience, celle du syndi­cat, et l’em­ployeur n’aura aucun moyen de pres­sion sur eux. C’est presque l’idéal.

    L’avo­cat en droit social.

    Si vous commen­cez à parler indem­ni­tés signi­fi­ca­tives ou s’il y a des enjeux impor­tants, faites inter­ve­nir un avocat. Avocat et délé­gué du person­nel ne sont pour autant pas exclu­sifs l’un de l’autre, d’au­tant qu’ils n’in­ter­viennent pas au même niveau ni avec les mêmes capa­ci­tés. Ne vous passez en tout cas jamais d’avo­cat dès que ça commence à envi­sa­ger un tour aux Prud’­hommes.

    L’avo­cat explo­rera le dossier, vous conseillera sur la voie légale, pourra faire les négo­cia­tions en votre nom puis si vous en arri­vez là monter et défendre votre dossier devant la justice.

    Outre son propre travail, l’avo­cat est aussi excellent en ce qu’il fait l’in­ter­mé­diaire. Doré­na­vant les négo­cia­tions et les échanges passe­ront pas lui au lieu de vous impliquer direc­te­ment. Il va permettre de dépas­sion­ner le débat, vous reti­rer beau­coup de stress et éviter que la situa­tion ne s’en­ve­nime.

    Pour le choix c’est plus compliqué : Deman­dez autour de vous si des connais­sances avec un contexte simi­laire ont déjà eu un avocat pour du droit social. Famille, collègues, amis. Si besoin deman­dez au délé­gué du person­nel ou au syndi­cat (éven­tuel­le­ment via l’in­ter­mé­diaire d’une connais­sance syndiquée).

    La diffé­rence avec le conseiller du sala­rié et le délé­gué du person­nel, c’est que l’avo­cat est payant. J’ai vu autour de 1500 € + 8% des indem­ni­tés après paie­ment de la TVA mais ça dépend forcé­ment du travail à faire et des indem­ni­tés qu’on peut espé­rer. Dans tous les cas c’est un tarif qui se négo­cie après avoir entendu la première propo­si­tion de l’avo­cat. Faites-le, vrai­ment. Ça ne le choquera pas.

    Si l’avo­cat arrive à négo­cier des indem­ni­tés direc­te­ment avec l’em­ployeur il est envi­sa­geable de trou­ver un accord où l’em­ployeur paye direc­te­ment l’avo­cat sur cette somme plutôt que ce soit à vous de le faire. Ça revient au même pour tout le monde mais vous vous écono­mi­sez les 20% de TVA.


    IANAL : Si vous avez bien lu ce qui précède, la suite est inutile. Vous avez quelqu’un pour vous accom­pa­gner. C’est lui l’ex­pert en qui vous devez avoir confiance, pas moi. Ce qui suit n’est qu’à titre infor­ma­tif, et je peux me trom­per.


    Partir. Si votre employeur veut vous voir partir, au mieux vous n’au­rez plus sa confiance, plus de projets stra­té­giques, plus de promo­tion, plus d’aug­men­ta­tion de salaire, une mauvaise rela­tion et pas mal de stress. C’est une situa­tion détes­table pour tout le monde, collègues compris.

    La plupart de ceux qui me lisent sont cadres ou infor­ma­ti­ciens. Vous retrou­ve­rez du travail, quitte à cher­cher quelques mois. Mieux vaut proba­ble­ment partir en bonne entente en négo­ciant une indem­nité signi­fi­ca­tive que de jouer le pour­ris­se­ment. Personne n’a rien à y gagner.

    Je sais, ce n’est pas juste, mais la ques­tion n’est pas là.

    Le seul objec­tif de toute la suite c’est gérer ce départ pour qu’il se passe aux mieux tout en compen­sant correc­te­ment le préju­dice qu’il vous porte.

    La rupture conven­tion­nelle. Je vous dis plus haut d’ac­cep­ter de partir, mais vous avez le droit de refu­ser la rupture conven­tion­nelle si vous n’ar­ri­vez pas à vous mettre d’ac­cord sur un montant d’in­dem­ni­tés accep­table.

    Ça veut juste dire que l’em­ployeur va peut-être vous licen­cier sur un autre motif et risquer de perdre aux Prud’­hommes, ou qu’il pense que ça ne lui coûtera pas forcé­ment plus cher au final.

    Si d’aven­ture il vous garde mais vous met au placard ou qu’il y a harcè­le­ment, prenez immé­dia­te­ment contact avec un avocat. Vous parti­rez proba­ble­ment quand même, mais la procé­dure n’a plus rien à voir.

    Le licen­cie­ment écono­mique. On vous propo­sera un contrat de sécu­ri­sa­tion profes­sion­nelle (CSP). Accep­tez-le.

    Ça ne vous empê­chera pas de contes­ter le licen­cie­ment (en fait vous passe­rez même sur un circuit spéci­fique aux Prud’­hommes qui vous raccour­cira signi­fi­ca­ti­ve­ment les délais de juge­ment) et ça n’a que des impacts finan­ciers très posi­tifs.

    C’est même telle­ment posi­tif que vous pour­riez tout à fait être perdant en contes­tant le licen­cie­ment aux Prud’­hommes : Parfois le Pôle Emploi demande le rembour­se­ment des avan­tages du CSP si le licen­cie­ment écono­mique est cassé, et ce rembour­se­ment peut être infé­rieur aux indem­ni­tés que vous perce­vrez (l’em­ployeur le sait, il n’hé­si­tera pas à en jouer).

    Plus exac­te­ment ça vous permet de ne pas avoir de délai de carence (pas même pour vos congés payés), d’être indem­nisé à hauteur de 75% de votre salaire brut au lieu de 57%, et de béné­fi­cier d’une prime de reclas­se­ment si vous retrou­vez un emploi dans les 12 mois. En échange vous partez immé­dia­te­ment sans préavis.

    N’ou­bliez d’ailleurs pas la prime de reclas­se­ment. Il faut la deman­der dans les temps et le Pôle Emploi ne sera pas forcé­ment coopé­ra­tif ou pro-actif à vous la propo­ser. Ça repré­sente la moitié des allo­ca­tions restant à courir sur la première année. Si vous trou­vez un emploi stable au bout de 2 mois, c’est donc une prime « gratuite » de 5 mois de salaire. Pas négli­geable.

    La procé­dure. Quel que soit le licen­cie­ment, il y a une procé­dure à suivre. Globa­le­ment la respon­sa­bi­lité est sur l’em­ployeur, et chaque faute pourra vous ouvrir droit à indem­nité. Respec­tez scru­pu­leu­se­ment toutes vos obli­ga­tions, notez et tracez tout ce qu’il se passe. Faites faire des écrits à la personne d’en face et n’en donnez pas vous-même.

    Vous aurez inté­rêt à être accom­pa­gné du délé­gué du person­nel ou du conseiller du sala­rié à la moindre étape, même infor­melle, même si l’em­ployeur veut vous en dissua­der (c’est valable aussi dans l’autre sens pour l’em­ployeur et son respon­sable RH).

    Au pire ils dépas­sion­ne­ront les débats ou vous permet­tront de ne pas être agres­sés. Ils seront aussi témoin de ce qu’il se passe, pour­ront faire respec­ter les règles et établir des comptes rendus offi­ciels que vous pour­rez utili­ser.

    Les indem­ni­tés. Sauf si l’em­ployeur est tota­le­ment dans son droit à vous licen­cier, sans aucune ambi­guïté, et qu’il n’at­tend vrai­ment rien de vous, vous pouvez proba­ble­ment négo­cier des indem­ni­tés.

    Pour l’em­ployeur c’est géné­ra­le­ment un calcul basique avec ce qu’il risque de payer si jamais vous allez aux Prud’­hommes, la proba­bi­lité que vous avez de gagner, et la proba­bi­lité que vous y alliez effec­ti­ve­ment. Ce que vous pensez « méri­ter » ou pas n’entre nulle­ment dans l’équa­tion. Si vous deman­dez trop, il préfé­rera prendre le risque. Si vous deman­dez moins et qu’il n’est pas borné, il paiera sans trop hési­ter.

    À vous de voir ce que vous pour­riez gagner aux Prud’­hommes si le licen­cie­ment est contesté. Pour une ancien­neté de 2 ans dans une société de plus 11 personnes, c’est 6 mois de salaire brut mini­mum (Les choses ont changé. Désor­mais il y a des barèmes limi­tants mais ça ne vaut pas s’il y a harcè­le­ment et les Prud’­hommes commencent à ne pas les respec­ter en les consi­dé­rant non conformes aux trai­tés inter­na­tio­naux. Rensei­gnez-vous). Vous pouvez ajou­ter aussi un peu si on vous demande un effort spéci­fique pendant la période de tran­si­tion, ou s’il y a eu des irré­gu­la­ri­tés dans le suivi de la procé­dure.

    Ne négli­gez cepen­dant pas l’im­pact humain de faire une procé­dure longue et pénible au Prud’­hommes si c’est juste pour 10% de plus. Un accord amiable est une meilleure solu­tion si vous pouvez l’ob­te­nir.

    La négo­cia­tion. Si vous avez un avocat, il peut s’en char­ger. Ça vous permet­tra d’évi­ter de vous mettre en situa­tion diffi­cile, d’au­tant que l’em­ployeur a proba­ble­ment non seule­ment la posi­tion de force mais aussi plus d’ex­pé­rience que vous à ce jeu.

    Dans l’idéal, refu­sez de faire la première propo­si­tion. C’est lui qui veut vous voir partir, il est logique que ce soit à lui de propo­ser quelque chose de sérieux (si ce n’est pas sérieux dites « non » et atten­dez quelque chose de sérieux). Dans tous les cas : négo­ciez. L’em­ployeur prévoit que vous le ferez, donc il commence bien en dessous au début.

    Le reste des règles de négo­cia­tion clas­siques s’ap­pliquent : Sachez faire des conces­sions mais ne descen­dez pas trop vite, connais­sez la limite de rupture de la personne d’en face, connais­sez aussi la votre mais ne la lais­sez pas devi­ner à votre inter­lo­cu­teur, ne dites pas oui trop faci­le­ment, soyez prêts à dire non, faites le si vous en êtes là.

    Alter­na­ti­ve­ment, si vous ne savez pas négo­cier, que vous n’avez pas d’avo­cat pour le faire, atten­dez la première propo­si­tion et faites une contre-propo­si­tion « à prendre ou à lais­ser » et tenez-vous y contre vents et marées. Par contre soyez prêts à ce qu’il n’y ait pas entente au final.

    Enfin, atten­tion au piège de l’in­dem­nité supra-légale, préfé­rez un autre moyen de compen­sa­tion.

    Les Prud’­hommes. L’em­ployeur se moque roya­le­ment d’al­ler aux Prud’­hommes. Mieux : Ça lui donne un délai de paie­ment et ça montrer au prochain sala­rié qu’il ne cèdera pas faci­le­ment.

    Pour vous par contre, il est proba­ble­ment préfé­rable de trou­ver un accord avec l’em­ployeur et finir en se serrant la main plutôt que d’al­ler aux Prud’­hommes, quitte à avoir des indem­ni­tés un peu plus faibles. Ça sera long (1 an dans le meilleur des cas, poten­tiel­le­ment 2, le double s’il y a appel), stres­sant et usant mora­le­ment. Ne le sous-esti­mez pas.

    Vous avez le droit de vous passer d’un avocat et d’y faire des jolies bulles de chewing-gum, mais ne faites ni l’un ni l’autre même si vous avez un dossier impos­sible à perdre. Prenez un avocat (et jetez votre chewing-gum).

    Votre présence est impor­tante mais l’avo­cat parlera à votre place. L’em­ployeur n’y sera proba­ble­ment pas. Vous y passe­rez une demie-jour­née, en semaine, et vous n’au­rez pas le choix de la date.

    Soyez profes­sion­nel. Quoi qu’il arrive, restez sérieux, profes­sion­nel, honnête et cordial. Même si ce n’est pas juste, même si la personne d’en face ne l’est pas, même si vous êtes dans votre droit. Assu­mez votre contrat du mieux de vos possi­bi­li­tés et de l’in­té­rêt de l’en­tre­prise tant que vous y êtes assujetti.

    Dans tous les cas, ne faites jamais la bêtise de cacher des choses, de faire perdre des dossiers, de faire du sabo­tage ou du refus de travail. Non seule­ment ça va sérieu­se­ment handi­ca­per vos chances d’en sortir quoi que ce soit de posi­tif, mais ça peut aussi handi­ca­per votre avenir profes­sion­nel.

    Ne repro­chez pas non plus à vos collègues ou à toute la société le litige que vous avez avec votre mana­ger, votre président ou le dépar­te­ment des ressources humaines. Vous avez le droit d’avoir un litige qui tourne mal tout en recon­nais­sant que les autres employés sont des gens biens et que la société a du posi­tif.

    Ça vaut aussi dans l’autre sens pour les collègues et les autres mana­gers : Que quelqu’un ait un diffé­rent avec la direc­tion de la société ne doit pas vous entraî­ner à prendre partie, à le consi­dé­rer comme un traitre ou à rompre les contacts posi­tifs que vous aviez avec lui. N’ajou­tez pas un harcè­le­ment ou une puni­tion invo­lon­taires à une situa­tion qui est déjà diffi­cile à vivre pour tout le monde.

  • Je veux partir, lais­sez-moi partir !

    On me pose plein de ques­tions suite au billet sur les indem­ni­tés et je me rends compte que si on parle beau­coup de comment faire son entrée, personne ne parle de comment quit­ter un emploi. Ça semble un peu tabou.


    IANAL: Je ne suis pas juriste. Je peux me trom­per. En ce cas vous êtes invi­tés me corri­ger dans les commen­taires, je mettrai à jour avec plai­sir.


    La démis­sion. C’est simple : Vous signa­lez à votre employeur que vous partez. Il vous faudra respec­ter un préavis, c’est à dire le préve­nir à l’avance. Les durées clas­siques vont de un à trois mois. Pour les cadres c’est géné­ra­le­ment trois mois. Atten­tion : L’em­ployeur n’est pas tenu de vous accor­der de congés pendant cette période de préavis.

    Cette durée peut être raccour­cie d’un commun accord. N’hé­si­tez pas à le deman­der, poli­ment. Il est fréquent que l’em­ployeur accepte de couper à moins de trois mois, mais il est aussi fréquent qu’il ne l’an­nonce qu’au dernier moment, à la moitié du préavis. Inver­se­ment, si c’est l’em­ployeur qui veut unila­té­ra­le­ment vous voir partir plus tôt que prévu, il sera tenu de quand même vous payer l’in­té­gra­lité du préavis.

    Parce que votre mana­ger est un humain, même si le courant ne passe pas entre vous, essayez de le voir pour lui en annon­cer votre démis­sion en face à face. Si ce n’est pas envi­sa­geable, vous pouvez aller voir les ressources humaines, ou le président pour une petite boite. Faites-le, même si la rela­tion est tendue. Si vrai­ment c’est la guerre, envoyez au moins un email infor­mel poli disant que vous allez leur envoyer une démis­sion par cour­rier.

    Et donc… envoyez une lettre recom­man­dée avec accusé de récep­tion, datée, signée et adres­sée soit aux ressources humaines soit à votre président. Elle vous sécu­ri­sera quoi qu’il se passe ensuite. Indiquez dedans la date de départ que vous aurez calculé (le préavis commence à récep­tion de la lettre, donc comp­tez deux jours après son envoi), elle évitera des ambi­guï­tés et ce sera à l’em­ployeur de contes­ter expli­ci­te­ment s’il en calcule une diffé­rente. Comme je suis person­nel­le­ment un stressé de la vie, je la scanne et j’en­voie la copie en paral­lèle par e-mail à partir de mon adresse person­nelle, au cas où le cour­rier se perd mais aussi pour qu’on ne puisse pas en contes­ter le contenu.

    Main­te­nant le conseil : Sauf si vous avez déjà en main le contrat ou la promesse d’em­bauche d’un futur emploi… Ne. Faites. Jamais. Ça. Encore moins si c’est parce que ça se passe mal en interne.

    1 : Passez par une rupture conven­tion­nelle.

    Avant les cadres et mana­gers passaient par un faux licen­cie­ment accom­pa­gné d’une tran­sac­tion. Aujourd’­hui il y a la rupture conven­tion­nelle qui est parfaite pour ça, passez toujours par là. Toujours. Ça vous ouvrira les droits chômage et la porta­bi­lité mutuelle si quoi que ce soit ne se passe pas comme prévu (genre vous avez un acci­dent quelques jours après votre démis­sion et non seule­ment il faut payer l’hô­pi­tal mais en plus ça fait capo­ter le job de vos rêves parce qu’ils ne veulent pas attendre, je l’ai déjà vu).

    Et donc, la rupture conven­tion­nelle. Offi­ciel­le­ment c’est un licen­cie­ment par accord mutuel mais ça ne change pas grand chose : Vous annon­cez que vous voulez partir mais que vous voulez le faire sous le régime de la rupture conven­tion­nelle. Il n’y a pas de préavis mais il y a une procé­dure formelle à respec­ter qui met 4 à 6 semaines mini­mum.

    Pas la peine de vous embê­ter avec la procé­dure, votre employeur vous guidera (et tant qu’il vous donne une copie de la conven­tion signée, vous êtes à priori bordé de votre côté).

    Le seul point à rete­nir c’est de ne lais­ser aucune trace écrite ou publique de la propo­si­tion ou de la négo­cia­tion tant que la conven­tion n’est pas termi­née et signée. Tout se fait à l’oral tant qu’il n’y a pas accord. Ne vous inquié­tez pas, l’em­ployeur en fera tout autant de son côté.

    En sortie c’est un licen­cie­ment. On vous paiera une indem­nité légale. Le montant dépend de votre ancien­neté et de votre conven­tion collec­tive. Pour les cadres syntec c’est 1/3 de mois de salaire par année d’an­cien­neté. Vous aurez le droit au chômage et à la porta­bi­lité de la mutuelle (deman­dez là, c’est impor­tant). Vu que c’est vous qui deman­dez à partir, je ne vois pas pourquoi l’em­ployeur vous donne­rait des indem­ni­tés supra-légales mais si c’est le cas pensez à jeter un œil au billet précé­dent.

    On commen­cera parfois à vous dire « non, si vous voulez partir, démis­sion­nez ». C’est logique, ça coûte des sous à l’em­ployeur qui n’a rien demandé. En pratique il est peu probable que ce « non » tienne plus de deux mois, surtout si la rela­tion est diffi­cile. Sauf pour les SSII qui revendent les colla­bo­ra­teurs en régie, l’em­ployeur n’a pas grand inté­rêt à garder quelqu’un qui veut partir et qui risque de ne plus être motivé. Certains propo­se­ront par contre peut-être des arran­ge­ments à l’amiable (genre un préavis plus long, un effort parti­cu­lier, ou éven­tuel­le­ment l’es­ca­mo­tage d’une période de congés payés équi­va­lente au montant de l’in­dem­nité à payer). À vous de voir.

    Si toute­fois le refus persis­tait, compre­nez bien que vous aurez passé un cap. Quelle que soit votre atti­tude, l’em­ployeur vous consi­dé­rera proba­ble­ment des années comme poten­tiel­le­ment sur le départ et moins impliqué, avec des consé­quences sur les augmen­ta­tions, les promo­tions, les affec­ta­tions, et la rela­tion de travail en géné­ral. C’est humain.

    Ce n’est pas une raison pour jouer à ce jeu là ! Si vous restez, faites-le sérieu­se­ment et profes­sion­nel­le­ment, en gardant votre impli­ca­tion au travail et une rela­tion cordiale. C’est juste une obli­ga­tion morale vis à vis du contrat de travail et d’une démis­sion que vous choi­sis­sez de ne pas donner. Si l’as­pect moral ne vous touche pas, sachez que le milieu est petit. Vos collègues et votre employeur n’hé­si­te­ront pas une seconde à infor­mer vos futurs collègues et employeurs qu’on ne peut pas faire confiance à vos enga­ge­ments et à votre profes­sion­na­lisme, et ils auront raison.

    2 : Restez humain, profes­sion­nel et respec­tueux, avant comme après.

    Certains mauvais employeurs ne respec­te­ront pas cette dernière règle et passe­ront aux mesures de rétor­sion ou de harcè­le­ment pour vous faire démis­sion­ner main­te­nant que le sujet de départ à été abordé.  Malheu­reu­se­ment ça arrive. Si c’est le cas faites inter­ve­nir les délé­gués du person­nels ou la Direccte. Ça y mettra fin immé­dia­te­ment et l’em­ployeur aura vite fait de vous propo­ser une sortie pour éviter un conflit aux Prud’­hommes.

    Le départ. Encore une fois, restez cordial, profes­sion­nel et impliqué jusqu’au dernier jour. Mieux : Faites ce qu’il faut pour que faci­li­ter votre future absence en docu­men­tant ce qui peut l’être et en formant vos collègues à vos tâches.

    Pensez aussi à effa­cer toutes vos données person­nelles de vos outils infor­ma­tiques (les mots de passe du navi­ga­teur, vos mp3, photos ou fichiers person­nels). Atten­tion aussi aux docu­ments profes­sion­nels sensibles : les fichiers ou emails avec des salaires ou des infor­ma­tions confi­den­tielles, les emails aux délé­gués du person­nel ou au syndi­cat, les comptes rendus d’en­tre­tien avec vos colla­bo­ra­teurs si vous êtes mana­ger, etc. Ne comp­tez pas sur votre mana­ger et votre service infor­ma­tique pour être parfaits et éviter tout problème : Prenez les devants. Tout ça se prépare et ne se fait pas en une heure au dernier moment.

    3 : Effa­cez vos données person­nelles et vos donnés sensibles.

    En sortie l’em­ployeur vous remet­tra un certi­fi­cat de travail, un solde de tout compte avec le paie­ment des jours de congé restant, et le chèque corres­pon­dant. Si ce n’est pas une démis­sion, vous aurez aussi une attes­ta­tion pour le pôle emploi et vos indem­ni­tés de licen­cie­ment.

    Ne signez rien, et surtout pas un papier non prévu ou qui vous engage, surtout pas si on condi­tionne la remise des papiers décrits plus haut à un enga­ge­ment quel­conque, même si vous êtes en rela­tion de confiance. Une fuite possible est de signer récep­tion avec une formule du type « signa­ture pour acter récep­tion ce jour ; sous réserve de mes droits passés, présents et futurs ; ne vaut pas pour accord ou comme enga­ge­ment » ou quoi que ce soit qui dit clai­re­ment que tout ça ne repré­senta pas un accord de votre part. Au pire, partez sans les papiers si on refuse de vous les remettre et envoyez une lettre recom­man­dée pour les récla­mer, c’est l’em­ployeur qui sera en tort. Au cas où, même signé sans réserve, le solde de tout compte (et lui seule­ment) est encore contes­table six mois.

    4 : Ne signez rien lors de votre départ, surtout pas sous la pres­sion.

    De votre côté rendez tout le maté­riel profes­sion­nel en personne (ne le lais­sez pas sur le bureau) et exigez un reçu signé en échange. On évite bien des ennuis possibles, même avec un employeur de bonne foi.

    5 : Exigez un reçu pour la remise de votre maté­riel profes­sion­nel.

    Si ce n’est pas une démis­sion et que ce n’est pas déjà fait, profi­tez-en pour deman­der immé­dia­te­ment la porta­bi­lité de votre mutuelle (plus large­ment, des vos droits santé et prévoyance). Vous pour­rez rester ainsi couvert pendant un an, aux mêmes condi­tions. Vous aurez à payer la part sala­riée que vous payez déjà, l’em­ployeur conti­nuera à payer la part employeur qu’il paye déjà.

    6 : Deman­dez la porta­bi­lité de vos droits santé et prévoyance.

    Oh, et même après votre départ, vous avez encore des obli­ga­tions, morales, légales ou contrac­tuelles. Respec­tez-les. Au niveau moral, n’al­lez pas d’un coup salir votre employeur précé­dent simple­ment parce que vous n’y êtes plus. Au niveau contrac­tuel vous avez peut-être une clause de confi­den­tia­lité (elle conti­nue de s’ap­pliquer), de non débau­chage ou de non concur­rence (cette dernière n’est valable que si on vous la compense finan­ciè­re­ment).

  • Indém­ni­tés de licen­cie­ment et délai de carence

    Je vous ai parlé cumul, je vais désor­mais vous parler indem­ni­tés et délais de carence. Je ne sais pas qui a imaginé le système en place depuis 2015, mais il devait être sacré­ment retort.


    Je parle gros sous, vous pouvez arrê­ter de lire si ça vous gêne, mais je me dis que ça pourra servir à certains.


    Quand vous êtes licen­cié vous partez avec des indem­ni­tés légales et onven­tion­nelles, déter­mi­nées par la conven­tion collec­tive en fonc­tion de votre ancien­neté, et éven­tuel­le­ment des indem­ni­tés dites supra-légales négo­ciées libre­ment avec l’em­ployeur. Dans la suite, quand je ne précise pas, je parle de ces dernières.

    Imagi­nons le cas le plus fréquent : Vous retrou­ve­rez un nouvel emploi avant la fin des allo­ca­tions chômage mais il vous faudra tout de même quelques mois.

    Pôle Emploi va divi­ser le montant de votre indem­nité supra-légale par 90 et déca­ler le début de votre allo­ca­tion chômage d’au­tant de jours.

    Premier effet kiss-kool : À cause du délai de carence spéci­fique, l’in­dem­nité ne vient pas en plus de votre allo­ca­tion chômage mais à la place. C’est peut comme si votre employeur indem­ni­sait en réalité le Pôle Emploi et pas vous.

    Dans l’es­sen­tiel des cas, une indem­nité supra-légale est négo­ciée en répa­ra­tion d’un préju­dice. Ce peut être la compen­sa­tion d’un effort ou d’une conces­sion parti­cu­lière de votre part. Plus souvent c’est l’ac­cep­ta­tion d’une rupture conven­tion­nelle alors que l’em­ployeur n’avait pas de motif légi­time de licen­cie­ment.

    Bref, ça vous a coûté humai­ne­ment mais c’est le Pôle Emploi qui est indem­nisé.

    Second effet kiss-kool : Votre indem­nité supra-légale est fisca­li­sée comme une période de travail, avec les mêmes coti­sa­tions sociales. Vous payez donc une assu­rance chômage dessus. Par contre cette coti­sa­tion ne comp­tera ni pour calcu­ler le montant de votre indem­nité, ni pour la durée de votre indem­ni­sa­tion.

    Non seule­ment c’est le pôle emploi qui empoche l’in­dem­nité, mais en plus il se rému­nère une seconde fois dessus sans vous allouer les droits corres­pon­dants.

    La triple peine : Le délai de carence c’est le montant de l’in­dem­nité divisé par 90. Suivant votre niveau de rému­né­ra­tion, un mois d’in­dem­nité peut géné­rer un délai de carence plus ou moins long.

    Si vous êtes bien payé, la perte d’al­lo­ca­tion due au délai de carence peut être supé­rieure au montant de l’in­dem­nité perçue.

    Bref, non seule­ment vous n’y gagnez rien parce que le Pôle Emploi conver­tit ça en délai de carence, non seule­ment vous coti­sez sans que ça ne vous ouvre des droits, mais votre indem­ni­sa­tion va même avoir un solde net néga­tif dans votre compte en banque. Tout ça pour avoir été indem­nisé d’un préju­dice ou d’un effort spéci­fique en plus du licen­cie­ment lui-même. Magique.

    Le palier se situe à un peu plus de 3 200 € nets mensuels pour une allo­ca­tion de retour à l’em­ploi, et à un peu moins de 2 500 € nets mensuels pour un contrat de sécu­ri­sa­tion profes­sion­nel (licen­cie­ment écono­mique).

    Certes on est bien payé à ces montants, mais ils ne sont pas non plus excep­tion­nels pour des infor­ma­ti­ciens seniors.

    Si vous êtes mieux payé que ça, mieux vaut renon­cer à vos indem­ni­tés supra-légales, ou négo­cier pour les toucher sous une autre forme. Ce peut être une période payée mais avec une dispense de travail (ça revient à un mois de salaire gratuit mais il ne subit que le premier effet des trois décrits jusqu’à présent). Ce peut aussi être un accord tran­sac­tion­nel (c’est tombé en désué­tude mais c’est avan­ta­geux et pour l’em­ployeur et pour vous, et c’est juste­ment fait pour compen­ser un préju­dice).

  • De la complexité fiscale, CSG et CRDS

    J’ai envie de mettre des baffes à ceux qui veulent sucrer les minima sociaux ou réduire les taxes et coti­sa­tions sur l’au­tel de la simpli­fi­ca­tion. Ces gens ne simpli­fient pas, ils dimi­nuent.

    Main­te­nant, sérieu­se­ment, des fois j’ai aussi envie de mettre des baffes à ceux qui écrivent les règles fiscales.

    Au début il y a la CSG. Coti­sa­tion unique, assiette large, montant faible. Rien à y redire.

    Mais on a fait deux taxes distinctes avec la CRDS parce qu’un poli­tique a voulu enro­ber l’aug­men­ta­tion de coti­sa­tion avec un discours sur la dette à rembour­ser. Bien entendu même sur la CSG elle-même, il y en a une partie impo­sable et l’autre non, sinon ce serait trop simple.

    Mais on a 8 taux légè­re­ment diffé­rents suivant le type de revenu concerné, sachant qu’il y a en paral­lèle un taux réduit sur certains types de reve­nus pour ceux qui ne dépassent pas un revenu fiscal plafond en fonc­tion de leur quotient fami­lial mais qui gagnent quand même plus qu’un certain montant plan­cher

    Mais c’est appliqué sur 98,25% du revenu (la préci­sion est vrai­ment pour faire ch* à ce niveau) ou 100% à partir d’un certain revenu, sachant que certains reve­nus sont exoné­rés mais que ces exoné­ra­tions dépendent parfois d’une condi­tion de ressources (pour les bourses d’étu­diants ou les retraites) ou ne sont valables que pour l’une des deux taxes (pour des pres­ta­tions fami­liales, mais pas toutes).

    On parle là de la CSG, qui n’est même pas progres­sive et qui est vue comme une taxe qui doit concer­ner un peu tout le monde.

    Même sans aller à penser un revenu d’exis­tence à haut niveau, il y a un sacré gain à diffé­ren­cier ce qu’on donne d’un côté et ce qu’on paye de l’autre plutôt que de faire 50 calculs d’apo­thi­caire sur chaque item et n’avoir aucune vue d’en­semble possible.

  • Cumul emploi chômage

    Quand il reprend un emploi en cours d’in­dem­ni­sa­tion, un deman­deur d’em­ploi peut cumu­ler le salaire (ou la rému­né­ra­tion non sala­riée) avec une partie de ses allo­ca­tions chômage, sous certaines condi­tions.

    Dit autre­ment, quand vous êtes au chômage, le Pôle Emploi veut vous inci­ter à reprendre une acti­vité, même partiel­le­ment, même tempo­rai­re­ment pour quelques jours. Pour vous y inci­ter, ils permettent roya­le­ment un cumul des reve­nus de l’ac­ti­vité en ques­tion avec l’al­lo­ca­tion chômage clas­sique. L’al­lo­ca­tion est réduite pendant le cumul, mais elle est là.

    Allocation de cumul = allocation standard - 70% du revenu d'activité

    Ça a l’air cool, un joli effort du Pôle Emploi qui va dans le bon sens. Main­te­nant si on réflé­chit du point de vue de l’al­lo­ca­taire, c’est moins relui­sant. (suite…)