Auteur/autrice : Éric

  • « Les réformes par ordon­nances permettent d’ac­cé­lé­rer le débat »

    Le gouver­ne­ment par ordon­nance n’ac­cé­lère pas le débat, il le supprime, et ce n’est pas qu’un détail.

    Le système des ordon­nances c’est un mandat donné au gouver­ne­ment pour que ce dernier légi­fère à la place du parle­ment pendant une durée et sur un sujet donné. Les ordon­nances sont d’ef­fet immé­diat, sans débat ni vote. Il n’est même pas néces­saire que le parle­ment soit solli­cité pour rati­fier après-coup les ordon­nances réali­sées.

    On a déjà une procé­dure accé­lé­rée qui permet de n’avoir qu’un seul passage dans les assem­blée. On a le temps légis­la­tif programmé qui permet de limi­ter et minu­ter le débat devant chaque assem­blée. On a même la capa­cité de procé­der au vote sans débat ou d’im­po­ser le vote s’il n’y a pas une majo­rité des parle­men­taires qui s’ex­prime contre le gouver­ne­ment.

    Côté effi­ca­cité on a ce qu’il faut, jusqu’à l’ex­cès. Ici on parle d’al­ler plus loin. On parle de délé­guer une mission pour carré­ment se passer du parle­ment.

    Juste ça, se passer du parle­ment. Se passer des repré­sen­tants du peuple qui sont élus spéci­fique­ment pour débattre, amen­der et voter la loi. Ils ne pour­ront poten­tiel­le­ment faire aucune de ces trois tâches. Un petit groupe de non-élus le feront à leur place.

    L’ef­fi­ca­cité suppo­sée ne doit pas mener à oublier la démo­cra­tie. D’au­tant que légi­fé­rer devrait au contraire être lent. On devrait penser, réflé­chir, faire atten­tion, mani­pu­ler avec précau­tion, cher­cher l’adhé­sion de tous.

     

    * * *

    On me répond que c’est prévu dans la consti­tu­tion. C’est vrai aussi pour l’état d’ur­gence. Ça n’en légi­time pas les abus et les détour­ne­ments. Ça ne veut pas dire que ce sont des outils neutres à utili­ser simple­ment parce que c’est plus rapide. Ce que j’at­tends d’un président c’est qu’il défende le système, pas qu’il cherche à l’ex­ploi­ter.

    Remettre les pleins pouvoirs au président aussi est prévu dans la consti­tu­tion. Ce serait diable­ment effi­cace. Est-ce pour autant une bonne idée ?

    Les ordon­nances, bien que dange­reuses, ne sont pas illé­gi­times en soi. On les a utilisé pour des mesures néces­saires et urgentes, comme le main­tien de l’ordre en Algé­rie. Plus récem­ment on les a utilisé pour des ques­tions tech­niques, comme des trans­po­si­tions du droit Euro­péen, de la renu­mé­ro­ta­tion des codes légis­la­tifs (théo­rique­ment à droit constant), ou des simpli­fi­ca­tions du droit.

    Les employer pour juste éviter les débats et le vote des repré­sen­tants du peuple au parle­ment, c’est quand même tout autre chose. Quand bien même ce ne serait pas la première fois, ça reste inac­cep­table comme projet.

    * * *

    J’ai publié quelques minutes avant la réponse à « oui mais il aura été élu ». Ma réponse se résume assez bien dans :

    Son élec­tion ne lui donne abso­lu­ment pas un chèque en blanc.

    Son programme est connu dans les grandes lignes, mais que dans les grandes lignes. On est loin des détails d’un texte de loi.

    Quand bien même on aurait les détails, on va aussi élire toute une Assem­blée, tout aussi légi­time que lui. On l’aura élue juste­ment pour débattre et voter des lois et des déci­sions poli­tiques.

    Mais surtout, le type de scru­tin pour l’élec­tion prési­den­tielle fait qu’a­voir un élu n’im­plique abso­lu­ment pas l’ac­cord d’une majo­rité de la popu­la­tion pour son programme. Le prétendre est une impos­ture.

    Il y a 1 000 élus d’une bien plus grande diver­sité pour repré­sen­ter le peuple et débattre de la loi. Respec­tons-donc le circuit prévu pour ça.

  • Dans un système démo­cra­tique

    Je suis un peu effrayé de voir dans mes discus­sions récentes tant de gens qui sont prêt à se conten­ter d’un « il aura été élu ».

    Il m’en faut beau­coup plus que ça.

    Élire un président une fois tous les cinq ans ne suffit pas à un système démo­cra­tique, surtout avec une élec­tion au scru­tin unino­mi­nal tel qu’on l’a. Quel que soit le président qui sortira de l’élec­tion de mai cette année, il sera bien diffi­cile de prétendre que son projet est l’af­fir­ma­tion de la volonté du peuple (ou même de la majo­rité du peuple).

    La volonté du peuple elle est bien plus riche. Elle ne se résume pas en quelques points de projet sans détail précis, surtout quand le vote du second tour risque d’être surtout « est-ce que je veux Mme Le Pen au pouvoir ? ».

    Ce n’est pas pour rien qu’on a tout un parle­ment, deux assem­blées, et au total 1 000 élus pour débattre et voter. Déjà qu’eux-même sont assez peu repré­sen­ta­tifs de la propor­tion réelle des choix du peuple… n’en rajou­tons pas.

    Dans ce système chaque élu l’est pour lui délé­guer certaines charges, et celles-ci seule­ment, limi­tées dans le temps mais aussi dans leurs pouvoirs. Chacun a un rôle bien précis, qui permet de créer un ensemble avec des contre-pouvoirs, des gardes-fou, des débats. À défaut de voir le peuple déci­der direc­te­ment, on s’as­sure qu’il soit repré­senté au mieux et on limite le plus possible le risque que les pouvoirs soient concen­trés et abusés.

     

    Savoir où se situe la limite de la démo­cra­tie dans un système repré­sen­ta­tif est un débat inter­mi­nable, mais clai­re­ment « il a été élu » est tout sauf une garan­tie de démo­cra­tie. Ça n’au­to­rise pas tout. C’est à peine le début du commen­ce­ment. Ce n’est d’ailleurs même pas un passage obligé.

    Après tout, on peut très bien élire des rois ou des dicta­teurs.

  • Déman­te­ler l’idée même de l’au­to­rité

    « Sur l’en­semble du quinquen­nat je propose de réduire les effec­tifs de la fonc­tion publique de 8 %, a-t-il rappelé. C’est une néces­sité. C’est un objec­tif raison­nable ».

    Dénonçant « cet état d’es­prit qui nous a conduits à déman­te­ler l’idée même de l’au­to­rité », le candi­dat des Répu­bli­cains s’est inter­rogé :

    « A quoi sert-il de battre des records d’ef­fec­tifs, si dans les banlieues toujours plus de quar­tiers sont inac­ces­sibles aux poli­ciers et aux pompiers, si dans les tribu­naux toujours plus de jeunes délinquants ressortent libres, si dans les écoles toujours plus de profes­seurs entrent dans leurs classes avec la peur au ventre ? »

    C’est vrai, c’est logique. Pour contrer le déman­tè­le­ment de l’au­to­rité, rédui­sons donc les effec­tifs des poli­ciers, pompiers, juges et profes­seurs. Quitte à avoir de mauvais résul­tats, autant carré­ment faire chaise vide. Ce n’est même plus un aveu d’échec, c’est carré­ment un aban­don.

    – Extrait de La Tribune, cita­tions de François Fillon

  • Délé­ga­tion avec Masto­don

    J’ai mes doutes sur le fait que ça fonc­tionne, mais il ne sera pas dit que c’est moi qui provoque­rai la résis­tance.

    J’ai déjà une ques­tion lié à l’ins­tance. Je me suis inscrit un peu avant la grande vague et j’ai fait comme tout le monde : Je me suis inscrit sur le serveur qui me permet­tait le plus d’avoir une péren­nité. Malheu­reu­se­ment, victime de son succès ça rame, j’ai eu des erreurs 500. Je ne connais de toutes façons pas assez les admi­nis­tra­teurs pour avoir confiance.

    Bref, il faudrait que je migre mon compte. Je ne veux pas monter d’ins­tance person­nelle et la main­te­nir. À vue de nez l’ins­tance de LQDN est une des seules qui m’offre la péren­nité et la confiance que je cherche.

    * * *

    Je peux y aller mais j’ai­me­rais quand même bien contrô­ler mon iden­ti­fiant, et avoir mon propre domaine même si ce n’est pas mon instance.

    Masto­don est basé sur webfin­ger pour la décou­verte. Je me dis qu’en sachant faire les bonnes réponses webfin­ger sur mon domaine, il y a un peu de chances que je puisse avoir mon propre iden­ti­fiant tout en utili­sant un serveur tiers.

    Je me le dis mais pour l’ins­tant mes recherches sont un peu vaines. Quelqu’un saurait m’ai­der ?

  • Des trans­ports en commun gratuits

    J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi l’ac­cès aux trans­ports en commun n’est pas gratuit dans la plupart des métro­poles. J’in­clus là dedans les systèmes collec­tifs de vélos à la demande.

    Le fait de rendre le bus complè­te­ment gratuit coûtera 4,5 millions d’eu­ros à la commu­nauté urbaine [de Dunkerque], soit 10 % du budget total consa­cré aux bus — 20 Minutes

    4.5 millions d’eu­ros. C’est énorme mais… ce n’est pas la ques­tion. On parle de trans­port en commun gratuit mais en réalité il s’agit de trans­ports en commun finan­cés par la collec­ti­vité, et c’est déjà bien diffé­rent.

    Les gens paie­ront, de toutes façons. Il s’agit juste de savoir si on consi­dère que le trans­port est un enjeu collec­tif avec un béné­fice au niveau de la ville ou si c’est pure­ment indi­vi­duel. Si c’est une néces­sité pour la ville, il n’y a rien de choquant à le payer de façon collec­tive.

    Sachant ce que ça peut appor­ter comme service, comme attrait, comme flui­dité pour l’em­ploi, ou simple­ment comme réduc­tion des infra­struc­tures routières ou de leur encom­bre­ment, comme réduc­tion de pollu­tion… il y a peu de doutes pour moi.

    * * *

    Mais pour ceux qui veulent discu­ter chiffres, 4.5 millions ça repré­sente une dizaine de rond-points. Dans le budget de la ville, ils en dépensent déjà 2 millions rien que pour l’in­ves­tis­se­ment sur le station­ne­ment. Il faut 12.5 millions par an pour la voirie (10 millions annuels plus une enve­loppe d’au­tant répar­tie sur 5 ans pour l’in­ves­tis­se­ment).

    4.5 millions ça reste signi­fi­ca­tif sur un budget total de l’ordre de 190 millions, mais il y a bien des services qui ont un rapport utilité sociale / coût bien plus faible. Sans comp­ter que… « si l’on divise [ce] coût par le nombre de voya­geurs, et que ce nombre augmente forte­ment, alors on aura un service plus effi­cace »

    Ques­tion de choix poli­tique plus que de montant donc.

    * * *

    Ce n’est que le cas de Dunkerque. Ailleurs ça peut être autre­ment. Il semble que la billet­te­rie repré­sente 30% du coût à Lille. Le cas excep­tion­nel de Paris fait qu’on y monte à 52%.

    On peut déjà réduire d’un bon tiers en préle­vant direc­te­ment aux entre­prises ce qu’elles finançaient de toutes façons via le rembour­se­ment obli­ga­toire de moitié des abon­ne­ments de trans­port.

    Il reste­rait donc 20 à 35% du coût dans le cas le pire (esti­ma­tion perso au doigt mouillé). Oui c’est énorme, mais encore une fois ce n’est pas un coût à faire payer en plus mais un coût à faire payer autre­ment.

    Quand on sait que ce sont les plus pauvres qui prennent le plus les trans­ports en commun ou payent des tickets à l’unité, on voit que rendre tota­le­ment collec­tif le coût du trans­port en commun n’est pas un enjeu neutre socia­le­ment.

  • L’échange brouillon

    Je vais arrê­ter de partir dans des discus­sions longues ou sur des sujets sensibles sur Twit­ter avec des gens que je ne connais pas déjà très bien. (soyons francs, j’ai l’in­ten­tion d’es­sayer d’ar­rê­ter, ça sera déjà un pas)

    Les réponses se croisent, se mélangent et rendent impos­sible d’avoir une suite struc­tu­rée. L’échange brouillon faci­lite les incom­pré­hen­sions. N’avoir que des messages de 140 carac­tères fait que chaque mot peut être inter­prété et perçu autre­ment qu’il n’a été pensé.

    Quand en plus les gens ne se connaissent pas, n’ont pas de contexte commun, de compré­hen­sion de l’autre et de son vécu, ça dérape forcé­ment, même avec les meilleures inten­tions du monde.

    * * *

    Donc si je vous renvoie ce lien, c’est que j’aban­donne. J’es­père que j’au­rais le courage de le faire avant même le début de l’échange parce que sinon l’in­ten­tion du lien risque d’être là aussi mal inter­pré­tée.

    Vous êtes toujours le ou la bien­ve­nu·e à échan­ger, mais peut être ailleurs, autre­ment. Dans un café en face à face est l’idéal, à défaut un média moins haché et en privé sera déjà mieux que sur un fil twit­ter.

    Géné­ra­le­ment quand un sujet tourne dans la tête je publie un billet ici peu après. Parfois dans l’heure, parfois le lende­main. Ça me permet de penser hors de l’ins­tan­ta­née mais aussi d’ex­pli­ci­ter des choses de façon struc­tu­rée, avec des nuances ou des détails, poten­tiel­le­ment en mettant des liens. Si c’est le cas le billet sera toujours annoncé sur twit­ter. Venez en commen­taire ou répon­dez chez vous. Il y a plus d’es­pace, moins d’ins­tan­tané. Parfois on ne se compren­dra pas mieux, mais au moins nous aurons essayé.

  • De la presse et des images

    Parce que le sujet est sensible il n’est jamais vain de rappe­ler : Ce sont mon opinion, mes pensées, mais ce ne sont que mon opinion et mes pensées, aujourd’­hui, en fonc­tion de ce en quoi je crois et avec ce que j’ai vécu.
    Je ne prétends pas avoir La Vérité. Vous avez le droit d’avoir une posi­tion diffé­rente, de l’ex­po­ser. Je ne vous demande que de m’en concé­der autant, avec respect et ouver­ture. Peut-être que nous évolue­rons en échan­geant.
    Ne venez ici que si vous êtes prêts à avoir le même état d’es­prit.


    Fallait-il la publier ? L’hor­reur de l’image d’aujourd’­hui était-elle néces­saire pour faire passer l’in­for­ma­tion et la prise de conscience ? Fran­che­ment je n’en sais rien mais mon propre avis n’a que peu d’im­por­tance dans l’his­toire.

    Ça n’a que peu d’im­por­tance parce qu’il me semble essen­tiel qu’un jour­nal d’in­for­ma­tion sérieux ait la liberté de faire ses propres juge­ments sur la ques­tion, et qu’au­cune auto­rité morale ne puisse dire que tel ou tel sujet est trop choquant pour faire partie de l’in­for­ma­tion.

    J’y tiens et ça me parait essen­tiel.

    * * *

    On m’au­rait posé la ques­tion avant publi­ca­tion, j’au­rais proba­ble­ment jugé que la photo de l’en­fant mort sur une plage il y a plusieurs mois étaient inutile et irres­pec­tueuse. Vu ce qu’a déclen­ché cette photo, j’au­rais eu tort. C’est le déclen­cheur de l’ac­cueil de dizaines ou centaines de milliers de réfu­giés et d’une prise de conscience d’une partie de l’opi­nion publique.

    Cette image a certai­ne­ment provoqué des trau­ma­tismes forts mais elle a aussi sauvé des vies. Trop peu par rapport à ce qui aurait été possible, mais des vies ont été sauvées.

    Je ne me vois pas dire que les problèmes que peu causer l’image ou sa publi­ca­tion sont insi­gni­fiant face à son rôle et son impact sur la société. Ça n’au­rait aucun sens. Les humains ne se jugent pas en compa­rant des chiffres dans un tableau. Mais juste­ment : Je me refuse aussi à dire le contraire.

    Parfois le jour­nal fait un choix de publi­ca­tion radi­cal. Des fois l’his­toire montre qu’ils ont eu raison. Des fois ce n’aura pas été le cas. Des fois les avis divergent même après coup.

    Je ne sais pas ce qu’il en sera pour l’image d’aujourd’­hui mais je défie quiconque de prétendre savoir à coup sûr. L’im­pact et la néces­sité sont bien diffi­ciles à juger, même après coup.

    * * *

    Et puisque ça a été une partie de la discus­sion : Je comprends ce que veut dire déclen­cher des angoisses ou des états impos­sibles qui peuvent durer des semaines ou amener au suicide. Je ne le nie pas, je ne le dimi­nue pas. C’est inima­gi­nable de me croire le faire pour ceux qui ont connu mon passé. C’en est même insul­tant.

    Mais en même temps je ne peux deman­der à la presse de masquer toutes les images et tous les sujets qui peuvent être un déclen­cheur chez quelqu’un. Je ne le souhaite même pas. Il ne reste­rait rien.

    * * *

    Je me rappelle qu’il y a à peine quelques années tout le monde défen­dait le droit à la publi­ca­tion de cari­ca­tures reli­gieuses.

    On ne parle pas ici de trau­ma­tismes mais ce n’est pas plus léger pour autant. Pour ces cari­ca­tures on a assumé le risques d’at­ten­tat et de morts. Plus loin, on a eu des morts à cause de ça. Des morts, et bien entendu tous les trau­ma­tismes qui vont avec pour les survi­vants.

    Publier ces cari­ca­tures n’avait aucune autre moti­va­tion que de défendre le droit de les publier. Et pour­tant, malgré les morts, malgré qu’on ne préten­dait aider à sauver personne, je n’en connais pas un qui oserait aujourd’­hui dire qu’on aurait du l’in­ter­dire.

    Alors oui, je crois que de la même façon on ne devrait pas inter­dire ou même repro­cher la publi­ca­tion d’une image d’hor­reur qui d’après leurs éditeurs ont un vrai but d’in­for­ma­tion, de prise de conscience et de mouve­ment d’opi­nion.

    * * *

    Je n’au­rais proba­ble­ment pas fait ce choix de publi­ca­tion mais je défend le droit à Libé­ra­tion de le faire. Même si ça pose plein de ques­tions toutes aussi justes les unes que les autres. Même si ça cause des trau­ma­tismes forts à des gens. Même si ça tue. Parce que s’ils jugent que ça a la moindre chance de peser dans le débat public, ça peut aussi faci­li­ter une inter­ven­tion et sauver toute une popu­la­tion, direc­te­ment aujourd’­hui ou indi­rec­te­ment demain.

    Oui c’est moche, et c’est une réflexion froide de ma part parce que juste­ment ce cas ci ne me déclenche rien moi-même, mais je n’ai pas d’autre réponse que celle-ci.

  • Mais pourquoi discutes-tu ?

    Si tu déva­lo­rises ton inter­lo­cu­teur sous prétexte que parfois il se range à tes idées en disant ne pas avoir compris/vu un problème avant la discus­sion… tu as des ques­tions à te poser. Pourquoi argu­mentes-tu ?

    C’est plutôt avec ceux qui jamais ne chan­ge­ront d’avis ou d’ad­met­tront avoir compris quelque chose en cours de discus­sion qu’il faut arrê­ter de discu­ter. Avec eux ça ne sert à rien à part trol­ler sans fin.

    Et tiens d’ailleurs, si tu déva­lo­rises la première caté­go­rie, est-ce donc à dire que tu te places toi-même dans la seconde ? Je dis ça je ne dis rien mais…

  • Une inscrip­tion obli­ga­toire en biblio­thèque

    « Une inscrip­tion obli­ga­toire en biblio­thèque est une démarche qui s’ins­crit dans la logique de droits cultu­rels. »

    Ques­tion de vision de la culture. Moi j’at­tends le contraire, qu’il n’y ait pas besoin d’ins­crip­tion préa­lable, que quiconque puisse emprun­ter dans une biblio­thèque de passage avec une simple carte d’iden­tité.

    Qu’on ne me parle pas de vol et de contrôle. Ce n’est pas comme si les preuves de domi­cile deman­dées lors des inscrip­tions étaient fiables. Ce n’est pas comme si les biblio­thèques enclen­chaient des procé­dures judi­ciaires pour récu­pé­rer les livres. Si besoin était – ce qui n’est pas aussi évident qu’il n’y parait – il suffi­rait d’un proces­sus natio­nal pour que les biblio­thèques puissent se retour­ner contre les usagers à partir de cette carte d’iden­tité.

  • Mon problème avec Masto­don

    Certains ont très bien expliqué ce que c’est. Bref, c’est décen­tra­lisé. Youpi !

    Sauf que bon, je réserve mon juge­ment défi­ni­tif pour plus tard mais à vue de nez c’est encore une réponse pure­ment tech­nique qui passe à côté des enjeux.

    * * *

    Si je veux jouer avec Masto­don il y a toutes les chances que je me retrouve sur masto­don.social et que je créé un compte là bas. Je me retrouve avec un outil simi­laire à Twit­ter, quelques bonnes idées en plus, la stabi­lité et les 150 clients et robots compa­tibles en moins mais surtout… sans tous les gens qui me suivent ni ceux que je suis.

    Comment est-ce que je tran­si­tionne si je ne peux pas forcer mes cama­rades de jeu ? Jabber a échoué face à MSN pour ça. Status.net a échoué face à Twit­ter pour ça. Je pour­rais parler aussi de Google+ et 50 autres.

    Status.net avait tenté la synchro­ni­sa­tion avec Twit­ter. Les clients pouvaient se connec­ter aux deux réseaux, y publier la même chose et inter­agir avec les rési­dents des deux côtés. Jabber avait le soutien de poids lourds comme Google, Face­book et des acteurs locaux comme Orange. Google+ a tenté de se rendre essen­tiel dans l’in­con­tour­nable Google.

    Rien de tout cela ici et je ne vois aucune stra­té­gie qui me permette d’y croire : pas de marke­ting agres­sif (on parle­rait en dizaines de millions d’eu­ros pour envi­sa­ger battre twit­ter), aucun acteur de poids, pas de parte­na­riat impor­tant avec des sources incon­tour­nables, pas de fonc­tion­na­lité impor­tante au point de me faire aban­don­ner le réseau exis­tant… rien.

    * * *

    Mais « c’est décen­tra­lisé ! » vous allez me dire. Outre que c’est un argu­ment qui ne convain­cra que les geeks, ma réponse sera surtout « ah bon ? ».

    90% des utili­sa­teurs ont créé un compte sur l’ins­tance prin­ci­pale masto­don.social. Autant dire que côté décen­tra­li­sa­tion… Le pire c’est que leur iden­ti­fiant est lié à la plate­forme donc ils devront aban­don­ner tous leurs contacts et leur histo­rique si d’aven­ture ils devaient chan­ger d’ins­tance.

    Vous pouvez aller voir ailleurs, mais déjà que le réseau est petit, il est bien diffi­cile de se dire qu’une petite instance sera là dans la durée. Si pour migrer je dois tout perdre, même moi je risque d’al­ler sur l’ins­tance prin­ci­pale et jeter l’idée de décen­tra­li­sa­tion.

    Pour jouer à ce jeu, il faut non seule­ment un système de délé­ga­tion ou d’in­di­rec­tion au niveau des iden­ti­fiants mais aussi aider les 90% des utili­sa­teurs à effec­ti­ve­ment l’uti­li­ser (non, implé­men­ter webfin­ger ne suffit pas).

    À défaut il faut prévoir dans le proto­cole un moyen d’an­non­cer aux clients qu’un utili­sa­teur a changé d’ins­tance, que les clients se mettent à jour à partir de là et que les serveurs sachent réim­por­ter l’his­to­rique d’un utili­sa­teur en migra­tion. C’est toujours possible de l’ajou­ter après coup mais qu’ils n’y aient pas pensé ne me rend pas opti­miste sur la compré­hen­sion des enjeux.

    * * *

    Bref, pour que j’y crois il aurait fallu une stra­té­gie pour faire migrer une masse critique d’uti­li­sa­teurs, plus une mise en œuvre autre­ment que théo­rique de la décen­tra­li­sa­tion.

    Je n’ai aucun des deux aujourd’­hui et ce n’est pas faute de l’es­pé­rer mais je ne crois pas une seconde que les quelques petites fonc­tion­na­li­tés tech­niques fassent la diffé­rence vis à vis d’un réseau qui est quasi­ment passé dans le langage courant, soutenu par une entre­prise qui peut mettre des dizaines millions sur la table du jour au lende­main.

    Il est temps d’ar­rê­ter de croire que tous les problèmes sont tech­niques et peuvent se résoudre avec des lignes de code. Faire un système de publi­ca­tion décen­tra­lisé c’est (rela­ti­ve­ment) simple. D’autres l’ont déjà fait et ce n’est pas ça qui bloque. L’enjeu pour sortir de la centra­li­sa­tion de Twit­ter se situe ailleurs.