Auteur/autrice : Éric

  • Prisme de lecture

    Quand on a un prisme devant les yeux, on peut tout voir et tout inter­pré­ter par ce prisme. Ça justi­fie ce même prisme après-coup, ce qui rend encore plus diffi­cile de l’aban­don­ner.

  • Apoli­tique

    Je me crispe à chaque lecture du terme apoli­tique.

    Je ne connais rien d’apo­li­tique. Tout ce qu’on fait, ce qu’on dit, ce qu’on mange, ce qu’on achète, a un impact poli­tique indi­vi­duel ou collec­tif. C’est d’ailleurs aussi vrai de ce qu’on choi­sit de ne pas faire ou de ne pas dire.

    Prendre conscience de son impact c’est vider de sens ce terme d’apoli­tique. Au mieux on peut être non-mili­tant, éven­tuel­le­ment apar­ti­san. La diffé­rence est majeure.

    De ceux qui se disent apoli­tiques, je vois deux caté­go­ries.

    Les premiers veulent simple­ment igno­rer l’im­pact poli­tique de ce qu’ils font. Ils ne consi­dèrent que ce qui les touche direc­te­ment et person­nel­le­ment. Le bon terme n’est pas apoli­tique mais égocen­trique.

    Les seconds ne veulent juste pas entendre parler des chan­ge­ments ou des débats autours de ces chan­ge­ments. Il s’agit juste d’une façon de défendre le statu quo, et en cela c’est un vrai mili­tan­tisme poli­tique. Refu­ser le chan­ge­ment et le débat est un acte mili­tant extrê­me­ment fort.

    Souvent c’est un mélange des deux, à des degrés divers. On a plus de faci­lité à igno­rer l’as­pect poli­tique quand on vit bien dans le contexte actuel et qu’on n’as­pire pas à autre chose. On a plus de faci­lité à vouloir reje­ter tout chan­ge­ment au béné­fice de tiers quand on ne se préoc­cupe que de soi.

  • RGPD avec la SNCF

    Oui SNCF a la mauvaise habi­tude de déclen­cher auto­ma­tique­ment l’abon­ne­ment à la news­let­ter commer­ciale lors d’un achat, sans possi­bi­lité de refu­ser sur le moment.

    Commu­niquer avec vous : pour Oui.sncf, main­te­nir le contact avec vous est essen­tiel, mais nous ne le faisons que de manière très raison­née, et nous ne vous envoyons des commu­ni­ca­tions élec­tro­niques, via e-mail, SMS ou noti­fi­ca­tion mobile, que pour les motifs suivants :

    […]

    La propo­si­tion d’offres commer­ciales […] Si vous avez commandé des produits sur le site Oui.sncf.

    https://www.oui.sncf/infor­ma­tions-legales/confi­den­tia­lite/gestion-donnees

    Je ne suis pas certain que ce soit légal à ce stade, surtout qu’ils réabonnent auto­ma­tique­ment même si on a expli­ci­te­ment demandé le désa­bon­ne­ment, mais ce qui m’at­tire c’est autre chose.

    En bas des emails je lis ce qui suit

    En ouvrant cet email, vous accep­tez le dépôt de nos cookies et ceux de nos parte­naires a des fins de person­na­li­sa­tion d’an­nonces commer­ciales, de mesure ou d’ana­lyse.

    Et là je fais… Pardon ?

    La person­na­li­sa­tion d’an­nonces commer­ciales sans consen­te­ment expli­cite ? Et le moyen d’y échap­per est la confi­gu­ra­tion de cookies sur le navi­ga­teur donc il y a collecte à chaque fois que vous ouvri­rez sur un nouveau poste même si vous avez expli­ci­te­ment exprimé un refus après coup.

    Là c’est clai­re­ment illé­gal donc… Je veux en savoir plus et je fais une requête d’ac­cès RGPD. Comme toujours, je demande « tout » (parce que l’in­té­rêt est juste­ment de voir ce qu’ils stockent et à quoi je ne m’at­tends pas).


    La réponse est polie et rapide, moins d’une semaine. C’est assez rare pour être signalé. On me pointe vers la charte de confi­den­tia­lité en ligne et on me donne un PDF avec quelques données :

    • Civi­lité, prénom, nom, date de nais­sance, adresse, télé­phone
    • Iden­ti­fiant de login (chaîne hexa), date de créa­tion du compte client, date de dernière connexion, le fait que je refuse les offres des spon­sors
    • L’his­to­rique des commandes en cours (trois billets de train à venir) avec numéro de commande, numéro de dossier, date de commande, date de voyage, gare de départ et desti­na­tion, mode de retrait, mode de paie­ment, classe, montant et nombre de passa­gers (avec une erreur parce qu’on me manque « 2 » pour un des billets, qui ne contient qu’une seule place, ça doit donc vouloir dire autre chose)
    • Un histo­rique vide des cartes et abon­ne­ments
    • Un histo­rique vide des commandes en agence
    • La liste des lettres d’in­for­ma­tion envoyées depuis 2 ans avec code et date, celles ouvertes et celles cliquées (avec le lien sur lequel j’au­rais cliqué)

    Premier oups, l’his­to­rique des lettres d’in­for­ma­tion est sur 2 ans alors qu’on m’in­dique dans la charte qu’ils ne stockent qu’un an.


    Ok, c’est pas mal mais en fait ridi­cule. Ils ne listent même pas mon iden­ti­fiant grand voya­geur, la clas­si­fi­ca­tion commer­ciale asso­ciée, les points ou avan­tages. Mais surtout je n’ai aucun histo­rique dans le passé à part sur les news­let­ter.

    Comme je doute très forte­ment, je suis allé voir sur le site. Je devrais avoir au mini­mum :

    • Des données bancaires sur mes achats passés, et au moins ceux encore rembour­sables (les 3 billets pour des voyages futurs)
    • Des données liées à vos habi­tudes et centres d’in­té­rêt (desti­na­tions favo­rites, choix des pres­ta­tions complé­men­tai­res…)
    • Des données de navi­ga­tion (recherches, nombre de visites, date de dernière visi­te…)
    • Des données tech­niques (adresse IP, l’opé­ra­teur télé­com, la loca­li­sa­tion macro­sco­pique de l’adresse IP, les infor­ma­tions four­nies par le navi­ga­teur sur le système d’ex­ploi­ta­tion et le navi­ga­teur utilisé)
    • Des logs de connexions sur 1 an
    • Des cookies sur 13 mois
    • Et bien entendu les « person­na­li­sa­tion d’an­nonces commer­ciales, de mesure ou d’ana­lyse » qui sont réali­sées comme indiqué en fin de news­let­ter.

    Bref, j’ai fait une relance, on va voir la suite.

  • Pseu­do­ny­mi­sa­tion des données person­nelles

    Visi­ble­ment ce n’est pas clair pour tout le monde.

    Quand on supprime vos noms, email, adresse, etc. mais que le reste de vos diffé­rentes données sont toujours ratta­chées à un iden­ti­fiant unique, ce n’est pas de l’ano­ny­mi­sa­tion mais de la pseu­do­ny­mi­sa­tion.

    La diffé­rence est majeure : celui qui peut trou­ver votre iden­ti­fiant peut accé­der à toutes vos données.

    1. Ce sera le cas si la base de données contient un lien ou un iden­ti­fiant qui mène à une base où vous n’êtes pas sous pseu­do­nyme. Il suffira d’un croi­se­ment pour vous ré-iden­ti­fier.

    2. Ce sera aussi le cas si on recal­cule votre iden­ti­fiant pseu­do­nyme à partir de vos iden­ti­fiants réels (nom, email, adresse, numéro sécu, etc.) de la même façon que ça a été fait la première fois.

    Parfois même des infor­ma­tions partielles permettent de trou­ver l’iden­ti­fiant pseu­do­nyme en testant quelques millions de combi­nai­sons possibles pour les données manquantes

    3. Ce sera encore le cas si on peut iden­ti­fier avec suffi­sam­ment de préci­sion une donnée pseu­do­ny­mi­sée comme étant la votre (par exemple un achat avec une date et un lieu), votre iden­ti­fiant pseu­do­nyme y est alors atta­ché.

    C’est tout autant le cas si on a très peu de préci­sion mais sur plusieurs points de données (plusieurs achats, quelques points sur toute une trace de géolo­ca­li­sa­tion, les socié­tés dans lesquelles vous avez travaillé) ; on en obtient assez faci­le­ment une iden­ti­fi­ca­tion unique.

    Ça fonc­tionne d’ailleurs aussi dans l’autre sens.

    4. Si on connait la formule et une partie de vos iden­ti­fiants réels, on peut parfois tester des millions de combi­nai­sons pour retrou­ver les données réelles manquantes.

    5. Si on iden­ti­fie plusieurs points de données d’un même iden­ti­fiant dans la base pseu­do­ny­mi­sée, si on le souhaite vrai­ment, on peut souvent retrou­ver avec un peu d’ef­forts la personne réelle concer­née.

    Pour toutes ces raisons, les données pseu­do­ny­mi­sées ne sont pas des données anonymes. Elles restent des données person­nelles et peuvent toujours vous iden­ti­fier. Si ce sont des données sensibles, ça craint. Dans tous les cas ça reste soumis à la régle­men­ta­tion des données person­nelles.

  • Bref, je suis inquiet

    Je vois notre sphère poli­tique crier victoire et prépa­rer le relâ­che­ment de toutes les mesures en un à deux mois. Ça y est, nous aurions gagné contre le virus.

    Nous n’avons pour­tant que 28 % de la popu­la­tion avec au moins une dose de vaccin. Même si ça augmente vite, c’est trop peu pour espé­rer conte­nir le virus sans mesure restric­tive. À aller trop vite alors qu’on est encore à des inci­dences hautes, on prend évidem­ment un risque de flam­bée.

    Ce qui m’inquiète n’est même pas ça.

    De quelle propor­tion de vacci­nés avons-nous besoin pour que la diffu­sion du virus soit limi­tée ? Avec la conta­gio­sité natu­relle du virus, il semble que ce soit « beau­coup ».

    https://twit­ter.com/DrEricDing/status/1393090966928637952

    Avec la souche histo­rique, il nous fallait près de 70% de la popu­la­tion vacci­née avec un vaccin Pfizer effi­cace à 95% pour conte­nir la diffu­sion. Les fameux gestes barrières vont j’es­père partiel­le­ment passer dans les habi­tudes et nous aider à réduire plus vite. C’est tout à fait jouable.

    Mais…

    Tous les vaccins qu’on utilise n’ont pas une effi­ca­cité à 95%. L’As­traZe­neca est à 70%. C’est en soi beau­coup mais ça fait forcé­ment bais­ser l’ef­fi­ca­cité moyenne, et poten­tiel­le­ment nous faire perdre l’ef­fi­ca­cité collec­tive.

    Plus gênant, cette effi­ca­cité annon­cée est celle vis à vis des formes graves de la mala­die. On a de très bonnes raisons de penser que ça limite aussi la trans­mis­sion au moins dans le cas du Pfizer. Limite, mais pas forcé­ment à 95% non plus. Bref, là aussi on est dans la mouise.

    Et là viennent les variants…

    On parle de conta­gio­sité plus élevée, et d’ef­fi­ca­cité des vaccins forte­ment réduite. Mettons 70% dans le cas du Pfizer, bien pire dans le cas de l’As­tra­ze­neca. Autant dire que même en vacci­nant 100% de la popu­la­tion au Pfizer, on l’a dans l’os.

    Quand peut-on espé­rer une évolu­tion des vaccins ARNm ? Je ne sais pas. Ils ne sont pas là, encore moins produits et injec­tés. Autant dire qu’on va avoir un sujet au moins jusqu’à la fin de l’an­née. Et si les mauvais variants se diffusent d’ici là, on est reparti pour rejouer 2020.

    Bref, je suis inquiet.


    Mais faites-vous vacci­ner, parce que même si ça n’offre pas la solu­tion ultime à long terme, ne pas le faire est indé­nia­ble­ment pire. Peu importe le vaccin, si vous êtes dans les classes d’âge où il est recom­mandé alors la balance béné­fice/risque est bonne et vous serez mieux avec que sans.

  • Trois prio­ri­tés

    Je parle souvent poli­tique. Il y a plein de choses à faire mais au fur et à mesure je dégage quand même trois grosses prio­ri­tés :

    1. Un inves­tis­se­ment (vrai­ment) gigan­tesque dans les écono­mies d’éner­gies, les tech­no­lo­gies de stockage, et la construc­tion aujourd’­hui de moyens de produc­tion à faible carbone.
    2. Revoir le rapport au travail et le partage des richesses asso­cié, dont proba­ble­ment un revenu incon­di­tion­nel, un temps de travail réduit, une fisca­lité qui ne favo­rise pas le proprié­taire des robots, etc.
    3. Une refonte démo­cra­tique de nos insti­tu­tions et des déci­sions qui y sont prises.

    Il n’y a évidem­ment pas que ça qui me tient à cœur, très loin de là, mais j’ai clai­re­ment en tête que ça prime sur quasi­ment tout le reste.


    Oui, je sais, la refonte démo­cra­tique c’est la tarte à la crème mais en réalité c’est de loin le plus simple des trois items. Il suffi­rait de trois mesures rapides pour enga­ger un effet long terme majeur.

    • L’élec­tion de toutes les assem­blées à la propor­tion­nelle inté­grale.
    • Un mode de scru­tin moins pourri que le scru­tin majo­ri­taire à deux tours(*).
    • Un bulle­tin unique lors des votes.

    (*) Je ne donne pas mon système de vote favori parce qu’il n’y en a aucun de parfait mais qu’ils sont quasi­ment tous extrê­me­ment meilleurs que notre actuel, faire « bien mieux qu’aujourd’­hui » me suffira.

  • Vous n’êtes pas couvert par votre mutuelle après une démis­sion

    J’ai posé une ques­tion pratique et les réponses me font dire qu’il y a une grande incom­pré­hen­sion sur les règles de porta­bi­lité mutuelle.

    Depuis quelques temps vous conti­nuez à béné­fi­cier de votre ancienne mutuelle profes­sion­nelle à certaines condi­tions après votre départ.

    C’est une vraie avan­cée sociale mais le diable se cache dans les condi­tions. Pour faire court vous avez droit à la porta­bi­lité quand vous avez droit à des indem­ni­tés Pôle Emploi. C’est le cas d’une fin de CDD, d’un licen­cie­ment ou d’une rupture conven­tion­nelle.

    Vous n’avez pas le droit à la porta­bi­lité de la mutuelle en cas de démis­sion.

    Rien. Nada. D’ailleurs vous n’y avez pas droit non plus si on met fin à votre période d’es­sai avant 65 jours et que vous aviez démis­sionné pour prendre ce nouveau boulot (puisque vous n’au­rez pas droit aux indem­ni­tés chômage dans ce cas là).

    Ça veut dire que si vous aviez prévu une ou deux semaines de vacances entre les deux boulots, vous et votre famille ne serez pas couverts pendant cette période. C’est ballot vu que c’est poten­tiel­le­ment une période un peu plus à risque que la normale, surtout si vous comp­tiez faire des travaux ou des excur­sions.

    Que faire ?

    Rupture conven­tion­nelle : Sérieu­se­ment, deman­dez une rupture conven­tion­nelle. Insis­tez. Vous serez couvert par la mutuelle mais vous serez surtout couvert par le Pole Emploi si jamais le futur boulot ne fonc­tionne pas, ou si vous avez un gros acci­dent dans les semaines qui suivent, ou si une pandé­mie se déclenche, ou peu importe ce qu’il se passe. Insis­tez.

    Démis­sion en début de mois : Certains enga­ge­ments de mutuelle sont mensuels et votre rési­lia­tion se fera à la fin du mois courant. Si c’est votre cas (à véri­fier avec votre mutuelle et votre dépar­te­ment des ressources humaines) et que vous démis­sion­nez les premiers jours du mois, ça vous laisse quelques semaines de vacances avec une mutuelle.

    Finir par des congés : Vous pouvez, s’ils sont d’ac­cord, deman­der à votre ancien employeur de diffé­rer la date admi­nis­tra­tive de votre départ et de couvrir la période par des congés payés (qu’ils vous aurait payé de toutes façons) ou des congés sans solde. Vous serez alors encore sous contrat, donc couvert par la mutuelle. Ça ne coûte rien à l’em­ployeur mais ça reste une faveur que vous lui deman­dez.

    Commen­cer par un congé sans soldes : Vous pouvez, à l’in­verse, expo­ser la situa­tion à votre ancien employeur et lui deman­der de commen­cer par une ou deux semaines de congés sans solde. Là aussi ça ne lui coûte rien mais ça peut être un peu plus déli­cat à deman­der.

    Payer une conti­nuité : Certaines mutuelles vous permet­tront de payer pour assu­rer la conti­nuité. Atten­tion toute­fois à ne pas vous enga­ger pour 12 mois.

    Prendre une mutuelle relai : Enfin, sinon, vous pouvez contrac­tua­li­ser une nouvelle mutuelle. Le problème c’est qu’elles sont quasi­ment toutes avec un enga­ge­ment de 12 mois. Si théo­rique­ment avoir un nouveau travail avec une mutuelle obli­ga­toire peut (à véri­fier) être un motif légi­time de rési­lia­tion, votre mutuelle pour­rait faci­le­ment vous oppo­ser que vous étiez au courant de ce nouveau travail au moment de la signa­ture, et que vous ne pouvez donc pas vous en sortir ainsi.

  • Poste de télé­tra­vail plus raison­nable

    Dans le billet précé­dent j’ai présenté les coûts d’un poste de télé­tra­vail, avec du maté­riel très haut de gamme.

    Mais Éric, personne n’achète cette gamme de maté­riel en réalité !

    En fait si. J’ai fait un petit sondage pour confir­mer et suivant les items il y a quand même 10 à 20% de gens qui répondent être finan­cés sur le haut de gamme. C’est abso­lu­ment non repré­sen­ta­tif mais ça suffit à dire que ça arrive.

    Main­te­nant, même pour ceux qui ont ce haut de gamme, ce n’est pas forcé­ment sur toute la liste pour autant.

    L’enjeu n’est pas tant de dire « c’est ça qu’il vous faut », même si ça pour­rait être légi­time, mais de pous­ser le curseur à fond pour montrer que même à ce niveau de gamme et en cumu­lant toute la liste, on arrive à une somme tout à fait raison­nable et accep­table (voire peu signi­fi­ca­tive).


    Ok, c’est dit, main­te­nant on fait quoi si on veut être plus modéré ?

    C’est là que je suis embêté parce que savoir sur quoi vous voulez appuyer est très person­nel.

    Les deux vrais coûts de ma grille person­nelle sont le fauteuil de bureau et l’écran. Le reste est acces­soire. Le problème c’est que c’est aussi ceux sur lesquels j’ai envie de faire le moins de conces­sions.

    Votre dos est le seul maté­riel qui ne se remplace pas

    Un vrai fauteuil ergo­no­mique coûte cher mais on parle de votre santé. Même finan­ciè­re­ment, si sur les 10 ans de la durée de vie garan­tie du siège vous avez cinq jours d’ar­rêt cumu­lés pour mauvaise posi­tion (mal de dos, migraines ou douleurs cervi­cales, tensions au poignet), vous venez de repayer votre siège. Oups.

    Les quatre réfé­rences que j’ai en tête sont toutes au-delà de 1000 €. On peut trou­ver moins cher en descen­dant en gamme mais je n’ai pas de réfé­rence à vous propo­ser. La solu­tion réel­le­ment recom­man­dée est souvent de partir sur de l’oc­ca­sion. On divise la facture par 2 ou 3 sans forcé­ment chan­ger la qualité.

    À défaut, cher­chez un fauteuil de bureau réglable mais évitez les baquets gaming qui semblent confor­tables, ils vous tuent souvent le dos à petit feu sans que vous vous en rendiez compte parce qu’ils confondent confort et bonne posi­tion ergo­no­mique.

    Inves­tir dans l’écran est vite rentable,
    même finan­ciè­re­ment

    J’ai pris un écran très cher. Juste en dessous il y a le Samsung 49G9 à 1150 € HT, qui corres­pond à 2x 27″ côte à côté. Pour faire bais­ser la facture vous pouvez aussi prendre effec­ti­ve­ment 2x 27″ qhd sépa­rés, ou même un seul 32″ 4k. Bref, on peut descendre entre 300 et 500 € HT sans être trop mauvais.

    Pour autant, si vous avez un enfant en primaire, obser­vez-le faire ses devoirs. Le gros du temps il le passe à alter­ner le regard entre son cahier et le livre, et reprendre la posi­tion dans la page à chaque fois.

    Vous c’est pareil chaque fois que vous bascu­lez entre des fenêtres qui ne sont pas visibles en même temps, ou que vous défi­lez verti­ca­le­ment sur une même fenêtre parce que tout ne s’af­fiche pas. On parle de milli­se­condes mais en perma­nence. Cumulé, en ajou­tant les quelques cas où vous mani­pu­le­rez effec­ti­ve­ment des tableurs ou des sche­mas extra­longs, ça finit assez faci­le­ment par justi­fier les 10 à 30 € de surcoût mensuel, c’est à dire un dixième de jour­née par mois.

    Au final tu es en train de justi­fier le haut de gamme et dire que c’est quand même ça qu’il faut ache­ter ?

    Un peu. Bon, pas sur tout.

    Le bureau j’ai pris un assis-debout élec­trique. On peut se passer de ce luxe. Je tiens juste à la hauteur réglable, toujours pour des ques­tions ergo­no­miques et de dos. Un bureau réglable à mani­velle on peut descendre à 250 €

    Le micro j’ai pris du très haut de gamme. On me dit que Tonor a une version sur bras arti­culé qui donnera quasi­ment aussi bien pour un quart du prix.

    On peut en dire autant sur la webcam liée à l’écran externe. N’éco­no­mi­sez pas trop, il est impor­tant qu’elle sache bien gérer la faible lumi­no­sité, mais on n’a pas besoin de 1080p pour la visio. On doit pouvoir trou­ver moitié moins cher.

    Je tiens cepen­dant sur le reste. Peut-être n’avez-vous pas besoin d’un casque audio à réduc­tion de bruit active, mais si c’est le cas alors il y a une telle diffé­rence d’ef­fi­ca­cité que le prix que j’ai donné se justi­fie. Peut-être rece­vez-vous déjà très bien le WiFi de votre box dans votre bureau, mais sinon il est indis­pen­sable d’amé­lio­rer ça.


    Ok, ça mène à combien tout ça ?

    Et bien ça dépend, juste­ment. Ça dépend de là où vous me faites confiance sur le « c’est justi­fié » et de là où vous avez déjà ce qu’il vous faut.

    Mettons qu’on ne touche pas à la chaise, qu’on passe à la gamme en dessous en écran, en bureau, micro, webcam, qu’on garde casque et réseau CPL et qu’on prend un éclai­rage moins cher, on vient de reti­rer 30 % à mon prix précé­dent et on tombe à envi­ron 60 € HT mensuels sur 5 ans pour quelqu’un qui a besoin de toute la liste.

    Mettons qu’on prenne un bon fauteuil Ikea simple, un écran unique, un casque correct mais sans anti-bruit, on peut tomber à ⅓ du prix et on tombe à envi­ron 30 € HT mensuels sur 5 ans pour quelqu’un qui a besoin de toute la liste.

    Si on se concentre sur le fait qu’une partie non négli­geable des dev seront déjà très équi­pés et n’au­ront pas envie d’avoir tout en double, on va tomber sur des prix moyens quasi­ment insi­gni­fiants.

    C’est même le message prin­ci­pal : J’ai fait une somme sur toute la liste pour l’exer­cice mais c’est peu repré­sen­ta­tif. En réalité il est probable que le coût moyen soit infé­rieur de moitié, et donc qu’il permette de conti­nuer à envi­sa­ger des choses de qualité sans avoir à affec­ter un budget mons­trueux.

    Bonus : Ce sera proba­ble­ment rentable pour l’en­tre­prise. Le vrai message est celui qui suit.

    Quelques milliers d’eu­ros amor­tis sur 5 ans ça n’est rien au regard d’une petite amélio­ra­tion d’ef­fi­ca­cité ou de moral d’in­gé­nieurs qui coûtent plus de 5 000 € par mois à l’en­tre­prise.

  • Poste de télé­tra­vail

    On avance dans beau­coup de boîtes sur le télé­tra­vail mais peu vont jusqu’au bout de la logique. On donne un ordi­na­teur portable, parfois un écran, et vogue la galère. En réalité j’ai besoin de bien plus et non je n’ai pas forcé­ment déjà le maté­riel de qualité dispo­nible pour ça.

    J’ai besoin d’un bureau à ma taille, d’un fauteuil de qualité pour rester huit heures par jour, d’être bien vu et bien entendu pour les visio, d’un wifi qui aille jusqu’à mon bureau, d’un clavier et d’une souris externes de qualité, ainsi que d’un casque pour bien entendre – à réduc­tion de bruit active si possible parce que je ne suis pas toujours seul dans l’ap­par­te­ment, et que je ne maitrise ni les travaux des voisins ni ceux dans la rue.

    Parfois j’ai des choses de la liste, parfois non, parfois pas d’une qualité suffi­sante, parfois j’ai simple­ment envie d’en avoir la pleine jouis­sance sans me dire que je suis contraint par l’usage profes­sion­nel, et je n’ai en tout cas aucune envie de prendre à mon compte le rempla­ce­ment ou la répa­ra­tion de maté­riels qui servent en réalité prin­ci­pa­le­ment pour mon acti­vité sala­riée.

    Bref, il est du rôle de l’en­tre­prise de four­nir un poste de travail de qualité pour le télé­tra­vail, de la même façon qu’elle le fait déjà pour ses propres locaux. Ça ne devrait pas être option­nel. Ça l’est d’au­tant moins quand l’ex­ten­sion du télé­tra­vail permet à l’en­tre­prise de payer moins de postes de travail dans ses locaux.


    Alors quoi ? J’ai fait l’exer­cice en cher­chant du très haut de gamme (voir ce second billet à ce sujet). Ça parait exagéré mais vous risquez d’être surpris dans la suite.

    € TTC€ HT
    Bureau assis-debout élec­trique
    Flexis­pot EC5 ou E6 (suivant la hauteur)
    + Plateau Ikea Linn­mon 150×75
    450375
    Fauteuil ergo­no­mique
    – Herman Miller Embody
    – RH New Logic 220
    – Kinnarps 9000
    – BMA Axia
    1 5001 250
    Webcam haute qualité
    Logi­tech StreamCam
    160135
    Micro HD + Bras arti­culé
    Blue Yeti­cas­ter
    230190
    Casque anti-bruit blue­tooth et filaire
    Bose 700
    320270
    Écran secon­daire très large haute déf.
    avec hub pour réduc­tion du câblage
    Dell U4021QW (40″ 21/9e)
    1 8001 500
    Clavier et track­pad ou souris blue­tooth275230
    Lampe de bureau150125
    Couple de boitiers CPL avec WIFI
    Devolo Magic 2 WiFi
    200170
    TOTAL5 100 € TTC4 240 € HT

    On peut faire tomber 25 % avec un envi­ron­ne­ment moins haut de gamme, ou reti­rer 60 % pour un envi­ron­ne­ment plus basique.

    La réalité c’est que si tout le monde n’aura pas besoin de toute la liste (ou même envie que toute la liste), on ne parle pas de quelques centaines d’eu­ros donnés pour accom­pa­gner le petit maté­riel.


    Et pour­tant, pour ce super haut de gamme qui va impac­ter confort et produc­ti­vité, même en affec­tant l’in­té­gra­lité du maté­riel même à ceux qui n’en ont pas besoin, en le renou­ve­lant à la fréquence ridi­cu­le­ment courte de 3 ans, on arrive à… 120 € hors taxes par mois.

    Sur un amor­tis­se­ment plus réaliste de 5 ans on tombe à 90 € hors taxes mensuels. À ce tarif c’est jouable même pour un indé­pen­dant.

    Mana­gers, entre­prises, direc­tions des ressources humaines, il est temps de vous réveiller et faire un pas raison­nable. Écono­mi­ser 100 € mensuels en ne four­nis­sant pas le maté­riel perti­nent à des sala­riés payés plus de 5 000 € coti­sa­tions sociales incluses. Les 100 à 300 € annuels pour du petit maté­riel qui sont souvent alloués à ce titre ne sont pas au niveau. C’est ridi­cule et mépri­sant.

    Même en ajou­tant une quote-part du chauf­fage, des charges et de la valeur loca­tive de l’es­pace utilisé (oui c’est légi­time), on arrive à moins de 250 € par mois.

    Un poste de travail dans les locaux de l’en­tre­prise, espace et services inclus, c’est beau­coup plus proche de 500 à 1 000 €. Autant vous dire qu’en réalité on ne parle pas de frais, on parle d’éco­no­mies.

    Même pour le télé­tra­vail partiel, pour peu que les présences moins impor­tantes permettent de reti­rer quelques postes ou qu’on vous demande de rembour­ser moins d’abon­ne­ment de trans­port, on s’y retrouve.


    Note : J’ado­re­rais monter un service clef en main pour les entre­prises qui gère l’équi­pe­ment des postes de télé­tra­vail. On n’est alors pas forcé­ment sur ces tarifs mais c’est dans tous les cas large­ment raison­nable pour une entre­prise qui inves­tit vrai­ment sur l’en­vi­ron­ne­ment de travail de ses sala­riés.

    Si ça vous inté­resse d’en parler (soit pour entre­prendre soit pour y sous­crire), faites moi signe. Si jamais il y a assez d’in­té­res­sés pour amor­cer l’idée d’un service de qualité, ça mérite atten­tion.

  • Gran­dir en tant que déve­lop­peur

    « Pourquoi est-ce que mon mana­ger ne me passe pas au niveau suivant ?

    « Pourquoi est-ce que je suis moins bien payé que Paul alors que je suis mani­fes­te­ment plus compé­tent et plus produc­tif ?

    « J’ai l’im­pres­sion qu’il faut passer mana­ger pour évoluer !

    Pour faire simple je classe souvent en junior, expé­ri­menté et senior.

    Le junior est un appre­nant. Il n’est géné­ra­le­ment pas auto­nome, découvre encore souvent certaines tech­nos ou certains concepts courants, mais surtout il n’a pas vu suffi­sam­ment de choses pour iden­ti­fier un problème ou un mauvais choix.

    Si on ne reste que rare­ment junior plus de deux ou trois ans. L’évo­lu­tion qui suit sera d’abord une ques­tion d’im­pact et pas d’ex­pé­rience ou de niveau tech­nique.

    Quel est l’im­pact que vous avez sur la société, sa mission, son busi­ness, les autres membres de votre équipe, de votre dépar­te­ment et de la société ?

    Ce que je demande en géné­ral aux seniors — ou ce que je leur demande pour être quali­fié comme tel — n’est en effet pas dans la connais­sance ou la compé­tence tech­nique.

    On parle de faire gran­dir les juniors et les expé­ri­men­tés dans leur travail, d’être un réfé­rent tech­nique ou humain, d’être un moteur de chan­ge­ment dans la société, de défi­nir le cadre de travail orga­ni­sa­tion­nel ou tech­nique pour les autres. Plus géné­ra­le­ment, il s’agit d’avoir un impact sur les autres, dans son équipe, dans son dépar­te­ment, dans la société.

    Je préfère quelqu’un qui améliore de 5 % l’im­pact de tous ceux autour de lui que quelqu’un qui améliore de moitié sa propre contri­bu­tion indi­vi­duelle.

    Il est aussi possible de juste bien faire son boulot, acqué­rir une très forte produc­ti­vité, deve­nir le seul à four­nir une exper­tise très poin­tue, ou être à l’ori­gine d’un élément majeur de la société. C’est une voie tout à fait légi­time. L’ef­fort à four­nir pour avoir le même impact sera simple­ment beau­coup plus impor­tant et, comme le surhomme n’existe pas, l’im­pact attei­gnable ainsi aura forcé­ment une limite.

    C’est encore plus vrai si on prend conscience que, pour augmen­ter forte­ment sa produc­ti­vité person­nelle, on a faci­le­ment tendance à s’iso­ler et donc à dimi­nuer en paral­lèle son impact exté­rieur.


    Je pense que le mythe du « en France il faut deve­nir mana­ger pour progres­ser » vient de là. Non il ne s’agit pas de deve­nir mana­ger, on peut tout à fait rester dans le pur tech­nique. Il s’agit juste de se rendre compte qu’on a un impact bien plus grand via les autres que via sa propre contri­bu­tion indi­vi­duelle isolée.

    On gagne tous si on se gran­dit tous.

    Ce déclic là fait que parfois un jeune à cinq ans d’ex­pé­rience a immen­sé­ment plus d’im­pact qu’un expert pointu et reconnu avec quinze ans de bagages derrière lui.

    C’est aussi pour ça que, dans les grilles de salaire, le niveau de compé­tences tech­niques ou le nombre d’an­nées d’ex­pé­rience ne sont pas toujours de bons indi­ca­teurs.