On parle beaucoup prix de l’essence, climat, et transition de la voiture vers d’autres modes de déplacement comme le vélo ou les transports en commun.
Ces discussions arrivent régulièrement à l’objection « je suis loin, sans alternative, la voiture m’est indispensable », comme si la distance était une donnée externe intangible.
La distance est pourtant un choix. C’est parfois un choix de confort, pour ne pas déménager, ou au contraire pour gagner en surface et en confort. C’est toujours un choix collectif d’organisation urbaine, avec des pôles résidentiel éloignés des pôles industriels et des centres villes.
La distance a été considérée comme un paramètre accessoire parce qu’on pouvait se reposer sur la voiture et l’infrastructure routière.
Le parti pris c’est qu’on ne fera pas l’économie de remettre ce choix en cause. Trop de gens dépendent de la voiture sans alternative. Si on veut pouvoir réduire la circulation automobile, il faut aussi réduire là où elle est nécessaire.
On ne peut pas mettre tout le monde en centre ville. Il n’y a simplement pas la place. On ne peut pas construire un réseau de transport en commun qui circule loin, partout, à une fréquence qui permet de se reposer dessus. Ou plutôt on pourrait mais on n’est probablement pas prêt à en payer le coût.
L’alternative qui nous reste c’est de repenser à la fois l’organisation collective et nos propres choix individuels.
Ça veut dire inciter les bureaux à se disperser au lieu de les concentrer dans un centre d’affaire ou au centre ville.
Ça veut dire arrêter le modèle pavillonnaire où les plus aisés s’éloignent pour trouver leur maison individuelle et leur jardin.
Ça veut dire parfois déménager du coin qu’on aime ou du coin où on a habité historiquement pour suivre les contraintes de distance au travail ou aux activités, y compris si ça veut dire quitter la ville pour la campagne ou quitter la campagne pour la ville, ou d’autres compromis comme la surface ou le confort accessibles au même prix.
Ça veut dire, pour ceux qui ont la chance de choisir leur travail, de le choisir aussi en fonction de la distance aux logements qu’on peut envisager derrière.
Ça peut vouloir dire moins d’énormes métropoles centralisées et de petits villages où il n’y a rien, pour plus de villes et zones urbaines de moyenne importance qui sont relativement autonomes au niveau logement / travail / activités.
Ça veut dire moins de maisons individuelles et plus de petits immeubles et logements en co-propriété.
Ça veut dire des zones urbaines d’abord pensées pour se déplacer et y vivre sans voiture, au lieu d’être essentiellement pensées pour y circuler en voiture.
Oui, ça ne veut pas dire que des choses attirantes.
On a construit un modèle de société où le rêve est d’habiter dans une maison individuelle sans vis-a-vis avec un grand jardin, avec une ou plusieurs grosse voitures et une route large qui nous amène à une grande ville juste à côté.
C’est ce modèle qu’il nous faut dépasser, et ça prendra bien plus que quelques années, que ce soit au niveau changement des mentalités ou au niveau de l’organisation urbaine.
Améliorer les transports en commun et construire des pistes cyclables en zone urbaine dense c’est indispensable mais ça n’est que le minimum faisable à court terme. Ça ne suffira pas.
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