Auteur/autrice : Éric

  • EDF sait-elle vrai­ment déman­te­ler ses centrales nucléaires ?

    Combien coûte une centrale ? Pour construire, pour exploi­ter, on commence à le savoir. Pour l’ar­rê­ter ou la déman­te­ler, c’est le flou le plus total. Il est d’ailleurs ahuris­sant qu’on consi­dère le nucléaire comme peu cher sans même chif­frer « l’après ». Comme vision court terme on fait diffi­ci­le­ment mieux.

    D’ailleurs, EDF sait-elle vrai­ment déman­te­ler ses centrales nucléaires ? Je ne peux me rete­nir de parta­ger un extrait :

    Sur les 10 réac­teurs arrê­tés [en France depuis le début du nucléaire], aucun n’a donc encore encore été complè­te­ment déman­telé. […] Seules 22 [petits réac­teurs et accé­lé­ra­teurs expé­ri­men­taux desti­nés à la recherche] ont été offi­ciel­le­ment déman­te­lées. Cepen­dant, aucune de ces instal­la­tions nucléaires civiles « n’a atteint le stade dit du « retour à l’herbe »

    Bref, nous n’avons pas déman­telé un seul réac­teur à usage réel pour l’ins­tant. Mais le meilleur c’est pour la fin, pour faire passer la ques­tion des retraites pour du pipi de chat :

    Pour déman­te­ler ses 68 réac­teurs, EDF a provi­sionné 10,8 milliards d’eu­ros. […] Au Royaume-Uni, le déman­tè­le­ment de 10 réac­teurs, et son lot de sites de stockage des déchets et de centres de retrai­te­ment, est estimé à 100 milliards d’eu­ros par l’au­to­rité en charge du déman­tè­le­ment (Nuclear Decom­mis­sio­ning Autho­rity).

    Je passe sur le fait que l’au­to­rité en charge a proba­ble­ment inté­rêt à sous-esti­mer un peu quitte à reve­nir à la charge plus tard, vu qu’elle est contrô­lée par le pouvoir poli­tique. Je me conten­te­rai d’une règle de trois :

    Avec l’es­ti­ma­tion du Royaume Uni, pour déman­te­ler nos 68 réac­teurs, il faudrait avoir provi­sionné 680 milliards d’eu­ros au lieu de 10,8. Nous sommes presque à deux ordres de gran­deur de diffé­rence. Avec de tels chiffres, il devient diffi­cile de croire qu’in­ves­tir quelques dizaines de milliards dans les éner­gies renou­ve­lables serait une mauvaise idée. Diffi­cile aussi d’ac­cep­ter la légende sur le fait qu’é­co­no­mique­ment le nucléaire est bien moins cher.

  • Les vœux amers des prési­dents de tribu­naux

    Les vœux amers des prési­dents de tribu­naux me font reve­nir à l’es­prit quelques billets lus chez Maitre Eolas il y a pas mal de temps à l’oc­ca­sion d’un raz le bol de quelques magis­trats ou gref­fiers. On y voyait la réalité, où certains espèrent des stylos pour écrire, du chauf­fage pour l’hi­ver, ou pouvoir payer les factures de l’an­née N-2 avec l’avance de budget de l’an­née N+1.

    La flemme de cher­cher la compa­rai­son du pour­cen­tage de PIB inves­tit dans la justice en France et à l’étran­ger, ou la compa­rai­son des délais de trai­te­ment des dossiers, mais un pays qui consi­dère la justice comme un domaine à lais­ser tout juste survivre peut diffi­ci­le­ment se récla­mer d’objec­tifs nobles.

    Quand les magis­trats parlent, eux qui ont parfois beau­coup de réserves, c’est que la situa­tion n’est pas bien heureuse. On ne parle pas de salaire, de condi­tion de travail ou d’ho­raires, ces espoirs là ne semblent même pas effleu­rer les récla­ma­tions. On parle simple­ment des moyens pour pouvoir faire correc­te­ment leur travail indis­pen­sable.

    Bien entendu le problème est finan­cier, mais pas que. Il y a un gros problème de gestion poli­tique, et ça c’est encore moins accep­table.

  • Une lote­rie pour gagner… un trai­te­ment vital

    Fran­che­ment, comment ne pas paraitre scan­da­lisé quand une clinique réalise une lote­rie pour gagner… un trai­te­ment vital. Celui qui gagne aura droit aux soins et pourra survivre. Les autres non.

    Ça se passe aux États-Unis, mais on aurait tort de critiquer trop rapi­de­ment. Du point de vue de la clinique qui réalise la lote­rie, c’est bien un acte de charité. Ces gens là ont déjà été reje­tés par les autres hôpi­taux. Il s’agit de faire un don à quelqu’un, tous prio­ri­taires et néces­si­teux. La lote­rie peut paraitre inhu­maine mais fina­le­ment croire choi­sir entre 100 personnes en risque vital, c’est aussi assez inhu­main.

    Bref, fina­le­ment on peut aussi voir ça comme un acte de frater­nité et d’aide désin­té­ressé. Tout dépend si on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide.

    Le problème n’est pas celui de la lote­rie ou de la clinique, mais celui du système qui accepte que des hommes et des femmes puissent être lais­sés pour compte faute de pouvoir se payer des soins vitaux. Nous jugeons tous ça inac­cep­table, mais contri­buons à un système qui le permet.

    Je me permets de dire « nous » parce que si cet exemple est aux États Unis, en France nous dérem­bour­sons de plus en plus. Nous augmen­tons en même temps les parti­ci­pa­tions symbo­liques et fran­chises, tout en plafon­nant les prises en charge. Au final, la dernière étude confirme que plus d’un français sur trois renonce à des soins pour des raisons finan­cières.

    Nous parlons dans l’étude française de tous les soins, mais il serait éton­nant qu’il en soit diffé­rem­ment pour quelqu’un qui doit commen­cer un trai­te­ment lourd sur le long terme. Mourir coûte moins cher, et évite d’en­det­ter la famille.

    Je ne sais pas si c’est la société que nous souhai­tons, mais sous couvert de réduc­tion des défi­cits et de ratio­na­li­sa­tions, c’est la société que nous créons.

  • Lire, Écrire, Exécu­ter le Oueb

    En plus d’avoir un thème que je trouve très agréable à l’œil, Clochix a repéré et traduit quelques phrases de Michelle Levesque, de Mozilla. Ça parle de rwx pour lire, écrire et exécu­ter le web. Même si la réfé­rence est très geek, la pensée derrière a beau­coup d’echo chez moi.

    Ça m’a fait repen­ser à l’app-ifica­tion du web. J’es­père que nous arri­ve­rons à promou­voir des appli­ca­tions mobiles pures web à l’ave­nir, sinon nous risquons sérieu­se­ment de voir des gens renon­cer à un site web au profit d’une appli­ca­tion iPad, Android ou Face­book. Ce serait bien dommage.

  • Are Greeks Lazy?

    Les alle­mands sont travailleurs, les grecs sont-ils fainéants ? Il parait que ça explique la réus­site de l’éco­no­mie alle­mande mais … et si fina­le­ment c’était l’in­verse ?

    On the natio­nal level the reverse happens—the richer Germans get, the less they work.

    On entre­voit pas mal de légendes sur le fait que la pauvreté vient du manque de travail, ou que les français ne travaillent pas assez par rapport à leurs voisins. Dans la réalité les alle­mands travaillent moins que les autres, et les français plutôt plus.

    The truth is that coun­tries aren’t rich because their people work hard. When people are poor, that’s when they work hard.

  • The Dumbest Idea In The World: Maxi­mi­zing Share­hol­der Value

    Je ne saurai faire mieux que de citer le titre pour vous invi­ter à lire.

    The Dumbest Idea In The World: Maxi­mi­zing Share­hol­der Value.

    Bien intro­duit, avec une petite histoire, on suit l’au­teur dans l’ar­gu­men­ta­tion. Pour ceux qui voient encore dans le capi­ta­lisme une façon d’équi­li­brer toute la société, voilà un peu de lumière.

  • Créer une copie virtuelle de Windows pour proté­ger votre ordi­na­teur

    Créer une copie virtuelle de Windows pour proté­ger votre ordi­na­teur, c’est telle­ment génial que personne n’y avait pensé. La seule alter­na­tive, pour les geeks, c’était d’uti­li­ser des machines virtuelles : pénible et coûteux en perfor­mance.

    Time Freeze propose ni plus ni moins que la possi­bi­lité de jouer avec n’im­porte quel programme trouvé sur Inter­net et choi­sir après coup si vous gardez ou si vous jetez les chan­ge­ments qu’il a fait sur votre système.

    Comme outil de sécu­rité pour conti­nuer à exécu­ter tous les power­point et programmes marrants qu’on vous envoie, ça devrait être carré­ment vendu avec l’OS.

    Je suis certain qu’à coup de snap­shot btrfs on pour­rait faire la même chose avec un GNU/Linux mais j’at­tends celui qui propo­sera une jolie inter­face autour de ça.

  • Les éditeurs sans DRM sur Eden Livres

    Les éditeurs sans DRM sur Eden Livres sont de plus en plus nombreux, et tant mieux. Vous remarque­rez toute­fois faci­le­ment que les plus gros, qui ont dix à cent fois plus de publi­ca­tions que les autres, conti­nuent avec des DRM. Le combat est donc loin d’être gagné.

    C’est d’ailleurs étrange, quand on publie dix livres dans l’an­née, le pira­tage est forcé­ment un risque bien plus impor­tant qu’a­vec un mate­las derrière soi. Que ce soient les petits qui aban­donnent le plus faci­le­ment les DRM est un double signe : 1– Ça ne sert vrai­ment à rien et 2– Les grands éditeurs risquent de se faire détrô­ner s’ils conti­nuent à lutter contre le courant.

  • Vote par inter­net : failles tech­niques et recul démo­cra­tique

    Dans le vote par Inter­net, failles tech­niques et recul démo­cra­tique sont inhé­rents au système. Quand on vous lancera le terme de sécu­rité au visage, ce n’est qu’un leurre. Le texte de Chan­tal Engue­hard fait six longues pages, mais je vous invite à au moins lire la page 5. On y parle de retours d’ex­pé­rience concrets, pour ceux qui ne veulent pas croire aux simples démons­tra­tions argu­men­ta­tives.

    Malheu­reu­se­ment, des expé­riences passées, même si ce n’est pas dit ici, on retien­dra qu’au­cun des autres argu­ments n’est réel : pas plus écolo­gique, pas moins cher et pas plus simple que le papier.

    Pour ceux qui ne connaissent pas encore le sujet, le site ordi­na­teurs de vote, collecte beau­coup de liens et d’in­for­ma­tions. Si après lecture vous n’êtes toujours pas scan­da­li­sés qu’on puisse envi­sa­ger d’uti­li­ser des systèmes auto­ma­ti­sés pour un vote démo­cra­tique, reve­nez ici en repar­ler.

  • Pourquoi je n’écris plus sur Rue89

    J’ai toujours trouvé les blogueurs bercés des plus douces illu­sions quand ils espèrent moné­ti­ser leur contenu. Pour arri­ver à en faire un métier, ou même une acti­vité secon­daire, il faut produire du contenu.

    Ce peut être soit faire dans la quan­tité, soit dans la qualité. Dans les deux cas ça prend du temps, de l’éner­gie, et ça demande un inves­tis­se­ment sérieux. Le plus souvent, sauf si vous avez vous-même une valeur ajou­tée clai­re­ment défi­nie, il vaut mieux trou­ver un boulot mal payé : Ce sera plus rému­né­ra­teur.

    D’un autre côté il ne faut pas non plus jouer au bisou­nours : Si un média vous veut sur sa plate­forme, c’est qu’il pense que vous avez de la valeur. Au pire cette valeur est juste de géné­rer du contenu pour faire gros­sir le réseau et atti­rer Google, mais cette valeur existe. S’il y a géné­ra­tion de valeur au profit d’un tiers, il doit y avoir rému­né­ra­tion.

    Pour beau­coup de gens la rému­né­ra­tion sera proba­ble­ment très faible, mais elle doit être là, par prin­cipe. On ne rému­nère pas les gens avec de la visi­bi­lité. Foutaises. Si on vous rému­nère avec de la visi­bi­lité, on est simple­ment en train de vous vendre de la publi­cité contre l’in­té­gra­lité de votre (maigre) rému­né­ra­tion. Souhai­tez-vous vrai­ment *ache­ter* de la publi­cité pour votre blog ? dans le cas contraire, pourquoi accep­ter d’être rému­néré ainsi ?

    Ça date de mars, « Pourquoi je n’écris plus sur Rue89 » me parait utile à lire pour comprendre un peu les enjeux des plate­forme de presse en ligne qui « offrent » des blogs.