De la simple histoire de LEGO qui cherche à garder une exclusivité sur les petites briques empilables. Plongée dans le gouffre des copyright, monopoles et droits des marques, juste à côté des collines du domaine public et de l’appropriation par les hackers :
Auteur/autrice : Éric
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Why Flexible Hours Inspire Performance
Quels sont les horaires de travail ? J’ai moi même toujours eu du mal à répondre à cette question. En fait il y a toujours eu des horaires là où j’ai travaillé, comme partout. Malgré tout je ne les ai jamais respecté, ou plutôt je ne m’en suis jamais préoccupé. Personne ne m’en a jamais fait le reproche et je suis assez responsable pour ne pas profiter de cette largesse à mauvais escient.
J’arrive quand j’arrive, parfois tôt, souvent tard. Je me rend compte que c’était probablement perturbant pour certains de mes supérieurs ou pour des collègues qui n’avaient pas cette liberté, ou qui croyaient ne pas l’avoir (n’est-ce finalement pas la même chose ?). Malgré tout, quelle différence si j’arrive à 9h, 9h30 ou 10h tant que je passe la journée avec les collègues, que nous avons le temps de discuter, d’échanger, et que je fais ma dose de travail (souvent en restant plus tard le soir, ou en travaillant aussi de la maison).
L’histoire de Margaret Heffernan recoupe beaucoup de mes impressions : Why Flexible Hours Inspire Performance. Les meilleures équipes dans lesquelles j’ai travaillé fonctionnaient entièrement de cette façon.
Mes horaires me préoccupent d’autant moins que mon travail a souvent été de la réflexion. Il ne suffit pas de se mettre à table et de rédiger un document ou de se mettre à penser. Il faut que la question ait tourné dans la tête pendant quelques jours, quitte à avoir fait tout autre chose. Il faut aussi avoir une bonne idée de ce qui se fait ailleurs, découvrir les innovations, faire de la veille, expérimenter des choses même si ce n’est pas directement relié à la tâche en cours. Que je sois au travail ou non, les idées murissent, et ça ne se compte pas en heures de travail.
Pire, respecter les horaires c’est arriver à 9h quand une demie heure de sommeil aurait été profitable, ne pas pouvoir rentrer tôt un soir pour passer à la poste et rester stressé, ou simplement ne pas travailler quand l’esprit le veut mais quand un papier nous dit que c’est l’heure. Au final non seulement ce n’est pas plus productif mais ça l’est franchement moins.
Outre la tranche 10h30 – 16h, qui effectivement est indispensable pour que tout le monde se retrouve et pour pouvoir échanger avec les tiers, je considère que finalement les heures n’ont de pertinence que pour les purs exécutants. Les autres, ceux qui font un travail intellectuel de création, ont tout intérêt à trouver eux mêmes leurs horaires. Certains n’y arriveront pas, mais ceux là n’auront généralement pas l’autonomie ou l’attitude responsable qu’il faut à un cadre autonome. Concentrez-vous sur les autres, ce sont eux qui font avancer la barque.
Reste un point, celui qui me pose problème : Cette réflexion est assez bien acceptée dans le milieu ingénieur et informatique. C’est moins le cas ailleurs. Si je donne cette latitude à mes employés, il y a un risque que ces mêmes employés se fassent mal voir de la direction ou des autres collègues. Et ça, c’est un problème que je n’ai pas encore résolu.
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Le nucléaire est-il vraiment un atout en période de grand froid ?
La question se pose, le nucléaire est-il vraiment un atout en période de grand froid ?
Il faut dire qu’on ne dérange pas une centrale pour un pic de quelques heures. Les pics sont faits avec l’hydraulique ou les énergies fossiles. Du coup on a beau se moquer de l’Allemagne qui ferait une bêtise à vouloir se séparer du nucléaire, c’est bien nous qui leur empruntons de l’énergie dans les pics.
Plus intéressant : Leur production est à 20% renouvelable et surtout eux n’ont pas encouragé le tout électrique pour consommer la production déclarée « peu chère » :
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie évalue ainsi à 33 % la part des résidences principales françaises équipées de chauffage électrique, et 80 % pour les logements construits en 2009, contre moins de 4 % en Allemagne. La France se révèle donc plus « électrosensible » au froid que ses voisins européens : quand la température baisse de 1 °C, la consommation augmente de 5 000 MW pour toute l’Europe, avec pour la France une part de 2 300 MW, contre 600 MW en Grande-Bretagne, 500 MW en Allemagne et 300 MW en Italie. En France, le recours au nucléaire est donc tant la conséquence que la cause de la forte demande en électricité.
Finalement, n’est-ce pas simplement que nous nous sommes créé de toutes pièces une dépendance forte au nucléaire ? Et si finalement l’angle d’attaque c’était d’abord celui là ?
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Premiers résultats : liseuse ou tablette ?
Avec 200 réponses, je peux commencer à traiter quelques informations. Je commence par le plus simple mais n’hésitez pas à me proposer de vérifier des corrélations ou d’opérer des croisements/filtrages.
N’hésitez pas non plus à continuer à diffuser le lien vers le formulaire. Plus il y a de participants, plus les résultats seront intéressants.
Qui êtes vous ?
Bien entendu, ces résultats ne prétendent pas être représentatifs des français, ou de quoi que ce soit d’autre que des gens qui ont répondu. J’ai touche un public précis, avec une orientation spécifique, et via des canaux qui n’ont rien de génériques. J’ai probablement dans mes résultats une majorités de geeks, professionnels du web, ou professionnels du livre (voire les trois à la fois).
J’ai aussi une proportion non négligeable de gens qui me lisaient déjà, potentiellement parce que justement ils sont en accord avec mes opinions. C’est à prendre en compte.
Le public n’est pas d’ailleurs si technophile que je le craignais puisque moins d’un tiers est équipé en tablette LCD, et majoritairement iPad (le stéréotype geek caricatural a tendance à plutôt avoir de l’Android).
À l’inverse, ces résultats sont intéressants parce qu’ils concernent des grands lecteurs et des gens qui ont souvent eu l’occasion de tester la technologie. Ainsi 80% lisent plus de 3 heures par semaine et 25% lisent plus de 15 heures par semaines. Nous sommes bien au dessus de la moyenne française. Ça se ressent dans l’équipement : 40% sont déjà équipés en liseuse à encore électronique et savent de quoi ils parlent.
Sur quoi souhaitez-vous lire ?
Je regagne confiance sur mon crédo : le livre numérique ne passe pas par une tablette LCD. Même quand on offre l’appareil, s’il s’agit de lire un livre, c’est l’encre électronique et les liseuses légères qui gagnent haut la main : plus de 80%, le reste se répartissant entre les aficionados du papier et les tablettes LCD.
Mais ce qui est surtout intéressant c’est de regarder ce que les gens souhaitent en fonction de ce qu’ils ont déjà, afin de voir l’expérience réelle et éliminer quelques uns des biais de mon étude :
Ceux qui ont une tablette LCD voudraient lire pour moitié sur une liseuse. Ce peut être de l’insatisfaction ou de la curiosité, et l’échantillon est faible. Par contre ceux qui sont déjà sur liseuse n’ont aucune volonté de lecture sur tablette. Ça se confirme chez ceux qui ont déjà les deux : pour la lecture de livre c’est une liseuse qu’il faut.
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FileVault 2 easily decrypted, warns Passware
Vous utilisiez FileVault, TrueCrypt, le Keychain de Mac OS X ou d’autres systèmes de chiffrement du disque ? Il semble qu’aucun ne soit parfait.
Si l’imperfection n’est pas en soi une découverte, qu’un logiciel public puisse récupérer les clefs de décodage en moins d’une heure est plus problématique.
Donc voilà : Chiffrez, parce que ça vous protègera tout de même contre la plupart des problèmes et que cela ne coûte rien ou presque sur un processeur moderne. Par contre n’oubliez pas que quelqu’un prêt à investir 1000 $ dans une licence logicielle pourra accéder à vos données.
Contre l’espionnage économique, il n’y a qu’une seule protection : garder le disque dans le coffre fort. Et ne croyez pas que l’espionnage économique est réservé à Airbus ou aux films américains. J’ai entendu plusieurs histoires pour des tailles d’entreprises tout à fait modestes.
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La veille, ce tableau était encore dans le domaine public
Pour compléter le lien précédent sur l’affaiblissement du domaine public, entrons encore plus dans un monde formidable :
La veille, ce tableau était encore dans le domaine public [aujourd’hui il ne l’est plus]
Alors certes, on peut juger qu’il y a eu un travail d’auteur et donc qu’il mérite d’être protégé en tant que tel (même si pour moi la restauration c’est une exécution qui peut être exceptionnelle dans le travail et la réalisation, mais qui par principe n’est pas originale et donc ne devrait pas être soumise au droit d’auteur).
Maintenant, si toute réutilisation implique de refaire courir un droit d’auteur, finalement le domaine public devient figé et emprisonné. Tout ce qui en est fait va le limiter encore plus, mettre des barrières quant aux utilisations qui pourraient en être faites par les suivants, et interdire toute élaboration d’une culture commune.
Culture figée dans notre passé, est-ce cela notre futur ?
C’est valable pour un tableau restauré mais on en parle aussi sur des livres qui ne sont plus sous monopole d’auteur mais dont la numérisation ou la republication tente de refaire courir des droits. Pour pouvoir réutiliser l’œuvre il faut alors retrouver une édition originale car toute republication implique de nouveaux droits et une interdiction par défaut. On peut aussi protéger les interprétations musicales, et si un passage est accentué sur une interprétation d’une vieille musique, plus personne n’a le droit de le rejouer avec cette même accentuation.
Plus français, on en vient à interdire la photographie de certains monuments en ce qu’ils ont été repeints ou éclairés, et que ce travail tomberait sous droit d’auteur. Sauf à ne pas photographier de nuit ou enlever subrepticement toute peinture, le monument vient de simplement être monopolisé une seconde fois.
Tout ce qui est susceptible d’être manipulé ou travaillé est en fait sensible à ce système de renouvellement des droits d’auteur. C’est sans quand il y a un travail original en lui même, mais plus que dangereux dans notre capacité à profiter publiquement et culturellement ce cette élévation de l’œuvre hors du monopole de l’auteur.
Plus qu’une culture figée, c’est la réappropriation privée d’un bien public.
Il est vraiment temps de faire du ménage dans le droit d’auteur et le copyright pour mieux protéger l’œuvre et l’auteur dans ce qu’ils ont d’original et afin de permettre le financement de la création, mais aussi pour mieux protéger le domaine public et autoriser tous les usages qui ne mettent pas en péril les auteurs et les créations d’origine. Nous ne pouvons pas continuer ainsi.
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L’affaiblissement progressif du domaine public, en un schéma
Le droit d’auteur est étendu année après année. On peut voir ça en positif, mais ça implique aussi l’affaiblissement progressif du domaine public. En un schéma, Numerama montre clairement l’excès dans lequel nous sommes arrivés.
Sérieusement, un droit patrimonial 70 ans après la mort de l’auteur ? Cela fait un monde. Pour une œuvre faite dans la première moitié de notre vie, cela veut dire près ou plus d’un siècle avant qu’elle arrive dans le domaine public.
Dire qu’au départ la société parlait d’une protection de 10 ou 20 ans après la publication… Maintenant nous parlons dans certains milieux de peut être étendre encore de 20 ans – pour arriver à 90 ans après la mort de l’auteur – à cause de certaines œuvres encore commercialement exploitables qui tombent peu à peu hors du monopole des ayants droits.
N’oublions pas, le monopole de l’auteur est une exception temporaire accordée à l’auteur. La règle est bien la libre circulation de l’œuvre. La capacité d’exploiter commercialement une œuvre n’est pas un motif pour étendre la durée des droits patrimoniaux, au contraire : Ce qu’on nomme domaine public n’est pas là que pour récolter les œuvres dont plus personne ne veut. Le domaine public est là pour le bien commun, ce n’est pas une poubelle ou une oubliette.
Combien de comptines ou de fables qui sont de fait dans notre culture au jour le jour ont moins de 100 ou 130 ans ? Où est la légitimité du monopole et donc de la restriction de diffusion opérée par l’héritage du droit patrimonial par le fils du neveu de l’auteur ? Que laissons nous comme monde à nos enfants ou à nous-même ?
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Google IP Vandalizing OpenStreetMap
« We are not evil » qu’ils disent. Moi je veux bien les croire mais visiblement ils se sont fait prendre à piller des annuaires avec des pratiques commerciales malhonnêtes. Bon, ils se sont excusés mais déjà on peut retirer la médaille du chevalier blanc (et ça fait une belle jambe à la victime).
Visiblement il y a des dégats similaires sur OpenStreetMap, qui durent depuis longtemps, via les mêmes adresses IP. On parle de manipulations volontairement malveillantes, de vandalisme : Google IP Vandalizing OpenStreetMap.
En mettant les deux bout à bout, on peut au moins imaginer que certains départements ont oublié le moto de Google. En tout cas il est temps d’avoir non seulement des vraies explications (pas uniquement de simples excuses), et de commencer à prendre peur.
Si Google est honnête, rien ne prédit qu’il le restera toujours. Les dirigeants changent, les équipes peuvent prendre des initiatives malheureuses. Avec leur position dominante, que ferons nous ? Le problème n’est pas nouveau, mais l’actualité est un bon support pour s’atteler à la question.
Google IP Vandalizing OpenStreetMap
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« Des SDF, trouvez-moi des SDF! »
La politique française est gérée comme un spectacle, nous le savons. Mais parfois, quand même, ça devient franchement exagéré et inacceptable.
Inauguration d’un centre pour sans-abri par monsieur le préfet en région lyonnaise. Comme la date n’a pas été annoncé, le jour de l’ouverture il n’y a pas de sans abris à mettre devant les caméras, et ça c’est problématique.
[…]
A 18 heures 30, donc, pas de sans-abri dans le centre d’hébergement et le préfet, lui, qui va arriver avec les médias. Panique à bord. Tout le monde est pendu au téléphone afin de trouver des SDF coûte que coûte.
[..]
Le listing des personnes admises dans le centre n’a été communiqué que dans l’après-midi et les partenaires habituels: Samu Social et Croix-Rouge n’avaient pas été prévenus à l’avance de la date exacte d’ouverture.
[…]
En effet, un responsable, fou furieux de constater que les personnes qui avaient une place sans le savoir ne s’étaient pas présentées, dira en substance: « Je m’engage personnellement à ce que les personnes qui ne sont pas venues ce soir retournent dans la rue et ne trouvent pas d’hébergement… »
Dans la foulée, le couperet tombe et l’oukaze est transmis: toutes les personnes qui ne se sont pas présentées sont rayées de la liste du centre d’hébergement d’urgence.
[…]
« Des SDF, trouvez-moi des SDF! », ou pas.
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Making Love To WebKit
Pour ceux qui aiment les démo, celle de Steven Wittens mérite le détour : Making Love To WebKit (oui, uniquement avec webkit/chrome pour l’instant).
C’est tout bonnement génial. Nous avons de la 3D avec des effets de changement de point de vue, en pur CSS 3D, avec les explications techniques du comment et même un éditeur en javascript pour créer et placer les éléments 3D au départ.
Pour ceux qui pensent encore que sur le web on ne peut faire que des sites de commerce électronique ou de rédactionnel barbant, voilà un peu de quoi vous réveiller. Ce n’est en soi pas un résultat extraordinaire si on sort du web, mais la réalisation est intéressante.