Auteur/autrice : Éric

  • Ce week-end c’était Backup day

    On oublie toujours les backup, et même quand on y pense habi­tuel­le­ment les inci­dents arrivent toujours au moment des rares oublis.

    Au niveau personne, la dispa­ri­tion de mes données c’est la perte de 10 ans de photos, de tout mon carnet d’adresse avec télé­phones, adresses et email, de mes docu­ments, de mes 10 ans d’ar­chives mail, de… à peu près tout en fait vu que je vis en numé­rique depuis 2001. La seule chose qui reste en papier c’est l’ad­mi­nis­tra­tif et les factu­res… et même ça j’ai caressé plus d’une fois l’en­vie de numé­ri­ser puis archi­ver en vrac dans un carton à la date de numé­ri­sa­tion. Bref, si je perds les données c’est un peu comme si d’un coup je suppri­mais tout ce que j’ai de perti­nent (c’est à dire tout ce qui n’est pas maté­riel).

    De quand date votre dernier backup ? Mais plus que ça, quelle est votre stra­té­gie ? Quelle niveau de sécu­rité atten­dez-vous ?

    Stra­té­gie

    Il vous faut deux backup, dont au moins un non synchrone ou avec histo­rique, dont un hors site, avec quelque chose qui vous alerte dès que l’un des deux devient inuti­li­sable. Or cela, point de salut.

    Au fur et à mesure je me suis fixé sur la combi­nai­son suivante : Au quoti­dien (c’est à dire quand j’y pense) tout est archivé sur un NAS avec deux disques en RAID. De temps en temps, une à deux fois par an, je grille tout ce qui est perti­nent sur des disques optiques. Ces derniers sont stockés hors site (chez les parents par exemple) au cas où ce qui est chez moi soit irré­cu­pé­rable.

    Le NAS c’est un DS207+ de Syno­logy avec des disques de 1 To. Je n’ai jamais eu l’oc­ca­sion de regret­ter et Syno­logy a un suivi excep­tion­nel de son maté­riel : 4 ans après il y a encore des mises à jour alors qu’ils renou­vellent leur gamme toutes les années. Le logi­ciel interne sait tout faire et l’ac­cès root est possible pour ajou­ter ce qui manque­rait.

    Les disques optiques je suis passé d’an­nées en années des CD au DVD, puis aux DVD DL et ce week end aux BD-R. Ça ne tient pas sur un seul disque mais la taille des réper­toires gros­sit d’an­née en année et je me vois mal sépa­rer ces unités en plusieurs. Cette année c’est le stockage des photos en RAW qui prends une place désas­treuse. Il suffi­rait de trier et effa­cer ce qui n’a pas de sens, mais passer sur BD-R prend bien moins de temps :)

    Le jour où j’au­rai la bande passante montante néces­saire j’em­pi­le­rai peut être des backup sur un stockage en ligne type crash­plan ou une simple dedi­box. Pour l’ins­tant c’est assez inabor­dable avec ma connexion ADSL.

    Quelques pistes d’at­ten­tion

    Une synchro­ni­sa­tion n’est pas une sauve­garde

    Drop­box ? Google Drive ? Gmail ? tout ça est à ranger dans la caté­go­rie « synchro­ni­sa­tion » et pas dans la caté­go­rie « sauve­garde ». Si vous faites n’im­porte quoi ou si on vide votre compte, ça sera synchro­nisé d’un coup partout.  Ce n’est pas pure­ment hypo­thé­tique : ça arrive en vrai.

    C’est vrai pour tout ce qui synchro­nise sans archi­vage. Si vous synchro­ni­sez votre NAS avec une Dedi­box, que se passe-t-il si votre NAS est effacé ? Idem pour crash­plan si vous n’ache­tez pas l’op­tion qui active l’his­to­rique.

    La synchro­ni­sa­tion permet la haute dispo­ni­bi­lité mais ça ne remplace pas un backup. Ce ne sont simple­ment pas les mêmes contraintes et les mêmes usages.

    Un backup unique n’est pas suffi­sant

    Vous avez un NAS avec un disque ? imagi­nez que demain il casse. Vous avez un NAS en RAID ? il ne vous servira à rien en cas de dégât des eaux, de dégât élec­trique majeur, de feu dans l’im­meuble, ou simple­ment d’un cambrio­lage ou d’un méchant qui perce votre wifi ou votre mot de passe pour tout effa­cer.

    Même si vous avez une totale confiance dans les serveurs redon­dés et sauve­gar­dés de votre pres­ta­taire, les comptes gmail qui se vident c’est très rare mais c’est déjà arrivé. Tiens, imagi­nez aussi ceux qui avaient des données légales et bien placées avec un compte payant sur les serveurs redon­dés de megau­pload… au revoir les backup. Le cas est extrême mais si la justice décide de saisir Crash­plan, de bloquer Online.net ou d’in­ter­rompre Drop­box, vous n’au­rez que vos yeux pour pleu­rer.

    Deux sites distincts

    Toujours avec les mêmes causes, même si vous avez bien deux backup, ils ne seront effi­caces que s’ils sont sur deux sites diffé­rents. Un feu, un cambrio­lage, un choc élec­trique, ou un simple dégât des eaux risque de rendre inuti­li­sable d’un coup vos deux backups. Point de salut : l’une des deux copies doit être hors site.

    Rame­ner une copie au boulot, chez les parents ou chez des amis peut suffire. Pas besoin d’ima­gi­ner une archi­tec­ture complexe.

    DEUX MÉDIA DIFFÉRENTS

    Pour des raisons simi­laires, je vous incite à prévoir deux solu­tions de backup diffé­rentes, avec des tech­no­lo­gies diffé­rentes. En cas de défaillance impré­vue, vous mettez toutes les chances de votre côté en espé­rant que l’autre type de média ne sera pas affecté. Pensez par exemple à ceux qui voyait dans le CD un support défi­ni­tif et qui se sont retrou­vés avec des disques inuti­li­sables au bout de 5 à 10 ans ? En avoir deux copies n’a pas du aider beau­coup.

    Cette règle n’est pas neuve, si vous mettez en route des RAID, la bonne pratique est d’avoir des disques de marques diffé­rentes ou au moins de modèle diffé­rents pour ne pas risquer qu’ils cassent à des dates proches (là aussi ce n’est pas hypo­thé­tique, ce sont des cas réels).

    Quelques pistes

    Dans la liste suivante il vous faut deux média diffé­rents, au moins un asyn­chrone ou avec histo­rique, et au moins un hors site :

    Fiabi­lité Hors site Asyn­chrone Histo­rique
    Disque USB mauvaise partielle (*1) oui possible
    2x disque USB bonne possible (*1) oui possible
    NAS simple mauvaise non au choix possible
    NAS RAID bonne (*2) non au choix possible
    Drop­box (synchro en ligne) bonne oui non possible
    Crash­plan (backup en ligne) bonne possible non oui
    CD, DVD, BD-R bonne sur 2 à 5 ans possible oui oui
    Serveur en ligne au choix (raid ?) oui au choix au choix
    Bande moyenne possible (*1) oui oui

    (*1) Les disques USB et les bandes peuvent être mis hors site mais devront être amenés sur site pour les resyn­chro­ni­ser. C’est toujours à ce moment là qu’ar­rivent les problèmes, ou qu’on fait une mauvaise mani­pu­la­tion lors de la sauve­garde qui efface et la source et la desti­na­tion. La solu­tion est d’avoir un jeu d’au moins deux disques et de les amener sur site en alter­nance, ainsi on a toujours une copie sécu­ri­sée hors site quoi qu’il arrive.

    (*2) Certains NAS RAID ne vous alertent pas (ou pas assez bien) quand un des deux disques est en rade. Du coup ça reste en rade jusqu’à ce que le second tombe aussi. Seuls ceux qui ont des alertes effi­caces (c’est à dire qu’on ne peut pas igno­rer même si on ne fait pas atten­tion) sont à consi­dé­rer comme ayant un RAID effi­cace.

    N’ou­bliez pas que pour qu’une sauve­garde hors site par réseau soit effi­cace, il vous faut soit une bonne bande passante montante soit un volume de sauve­garde limité. Sauve­gar­der 100 Go par une ligne ADSL, même de bonne qualité, ça va vite ne pas être raison­nable. Vous ne profi­te­rez réel­le­ment de Crash­plan ou de ses concur­rents qu’a­vec la fibre.

    Enfin : Si vous lais­sez des sauve­gardes hors site, et parti­cu­liè­re­ment si elles sont en ligne, les chif­frer n’est pas tota­le­ment inutile. Si voir vos données divul­guées à des tiers pose problème, alors c’est même indis­pen­sable (et dans ce cas oubliez Drop­box).

  • Avis de passage

    Ce samedi, avis de passage déposé par le facteur pour cause de « colis volu­mi­neux qui ne rentre pas dans la boîte aux lettres ».

    Rien de scan­da­leux sauf que nous étions présents et réveillés et que le « colis » était juste une enve­loppe un peu épaisse. Pour ache­ver le tableau, l’avis est anti-daté de la veille et le colis était présent le matin même au guichet, ce qui tend à confir­mer que le facteur n’a même pas tenté de le prendre avec lui pour le livrer.

    Heureux je suis, c’est un remplaçant et pas mon facteur habi­tuel. Ce dernier vient même me monter les recom­man­dés à l’étage (quand on vient de Paris ça fait tout bizarre, j’étais presque gêné de le voir monter la première fois).

    Ceci dit ça m’ar­ri­vais fréquem­ment à mon ancienne adresse. Vous en connais­sez beau­coup d’autres des entre­prises qui peuvent se permettre sans aucune honte de ne pas réali­ser à ce point le service qu’elles facturent et lais­ser le client compen­ser ?

  • Courage poli­tique

    Polé­mique sur quelqu’un de mon camp : si c’est faux ou défen­dable, j’es­saie de le défendre ; sinon, j’es­saie de me taire.

    Les vieilles pratiques ont la vie dure puisqu’on trouve ces archaïsmes même chez ceux qui militent pour une refonte des pratiques.

    Le point posi­tif c’est effec­ti­ve­ment de ne pas aller jusqu’à l’ex­cès de défendre l’in­dé­fen­dable unique­ment parce que le concerné est du même groupe ou parti. On peut cepen­dant voire le coro­laire : Que quelqu’un trouve ça posi­tif de l’ex­pri­mer c’est que ça ne va pas de soi dans le milieu. Rien que ça est hallu­ci­nant.

    Mais surtout, il ne serait pas temps de consi­dé­rer que faire de la poli­tique c’est amener des idées plutôt que son propre camp au pouvoir ? Trai­tez moi de naif, mais à la limite le poli­tique honnête devrait être celui qui préfère voir le parti adverse arri­ver au pouvoir avec ses idées plutôt que voir arri­ver au pouvoir son propre parti mais sans ses idées.

    La poli­tique qui consiste à être soit posi­tif soit neutre quand c’est dans son camp et soit néga­tif soit neutre quand ça vient du camp adverse, c’est loin de pouvoir récon­ci­lier le peuple avec ses insti­tu­tions.

    C’est aussi cette façon de faire qui laisse un parle­ment « chambre d’en­re­gis­tre­ment » et qui laisse passer tant d’hor­reurs simple­ment parce qu’elles ont été porté par un gouver­ne­ment du même parti que la majo­rité.

    Et si on se risquait à d’autres pratiques et que (atten­tion c’est révo­lu­tion­naire) on disait ce qu’on pense réel­le­ment ?

    Note : Pour que ce ne soit pas mal inter­prété : Je réagis à partir d’un message parti­cu­lier mais ma réflexion n’est pas ciblée sur cette personne, elle est plus globale.

  • Un peu de courage sur les formu­laires

    La fainéan­tise est une superbe qualité pour un infor­ma­ti­cien. C’est ce qui fait que l’in­for­ma­ti­cien est capable de coder 20 minutes un script pour lui auto­ma­ti­ser une tâche qui prend 5 minutes de boulot tous les mois.

    Main­te­nant parfois c’est abusé, et c’est trop souvent le cas sur les formu­laires.

    [saisir le ] nom utilisé lors de votre commande en majuscule et sans accent [et] le téléphone fixe actuel

    Sans rire, préci­ser « en majus­cules et sans accents » en gras c’est que le problème a été repéré lors de la concep­tion du formu­laire, ou que les retours clients en assis­tance télé­pho­nique ont été assez impor­tants pour justi­fier la modi­fi­ca­tion du texte.

    Dans ce cas, vous ne croyez pas que la saisie devrait être libre ? À votre appli­ca­tion de mettre en majus­cules et de reti­rer les accents si ça lui chante, mais ne faites pas faire votre boulot à l’uti­li­sa­teur.

    Le pire c’est pour le numéro de télé­phone parce que je l’ai vu dans *tous* les formu­laires d’opé­ra­teurs télé­pho­nie et inter­net. Le champ est bloqué à dix carac­tères, donc un numéro de télé­phone sans espaces.

    Bon, c’est juste agaçant à la saisie, mais c’est surtout inuti­li­sable au copier-coller car quasi­ment tout le reste de la France utilise des espaces comme sépa­ra­teur. C’est donc à l’uti­li­sa­teur d’al­ler copier-coller le numéro dans un éditeur de texte pour reti­rer les espace et le copier-coller à nouveau dans le formu­laire.

    Fran­che­ment, le déve­lop­peur n’avait pas la capa­cité de reti­rer lui même espaces et ponc­tua­tion côté serveur ? Ça coutait vrai­ment trop cher ?

    Déve­lop­peurs : Soyez fainéants, mais ne faites pas faire votre boulot par vos utili­sa­teurs !

  • CGV Fibre SFR

    Je dois être un des seuls idiots à lire en détail toutes les CGV et tous les contrats sous­crits. On voit d’ailleurs que ce n’est pas fait pour parce que quand je prends le temps de les lire, ma session expire inévi­ta­ble­ment et je dois recom­men­cer la commande de zéro à chaque fois (mais bien entendu le lien vers les CGV n’est visible qu’à la dernière étape).

    En vue d’une sous­crip­tion à l’offre de fibre SFR j’ai parti­cu­liè­re­ment cher­ché dans leurs CGV quel était l’en­ga­ge­ment en terme de bande passante. Le résul­tat est surpre­nant : Il y a plein de clauses spéci­fiques à l’ADSL pour se déga­ger des faibles débits mais côté fibre il y a juste un para­graphe qui rappelle que les débits réseau ne peuvent être garan­tis vis à vis de tiers sur Inter­net. Il n’y a même pas de para­graphe parlant d’obli­ga­tion de moyen ou de raisons poten­tielles pour un débit plus faible qu’an­noncé. Sauf si j’ai loupé un épisode, ils sont bel et bien contrac­tuel­le­ment tenus de four­nir le débit annoncé et pas 1 Mb/s de moins, au moins jusqu’à leur coeur réseau.

    Mais j’ai trouvé aussi des passages surpre­nants ou agaçants :

    L’opé­ra­teur pourra être contraint d’in­ter­rompre de façon excep­tion­nelle le Service pour effec­tuer des travaux de main­te­nance, d’amé­lio­ra­tion, d’en­tre­tien, de renfor­ce­ment, de réamé­na­ge­ment ou d’ex­ten­sion des instal­la­tions de son réseau. Ces inter­rup­tions seront notifiées via www. sfr.fr au mini­mum 24 heures avant qu’elles n’in­ter­viennent sauf lorsqu’elles auront un carac­tère d’ur­gence.

    Si jamais SFR fait des opéra­tions de main­te­nance ou d’évo­lu­tion du réseau sans vous préve­nir 24 heures avant, sauf carac­tère d’ur­gence, ils sont hors contrat. Personne ne leur en deman­dait autant, et je doute qu’ils aient jamais prévenu quiconque de leurs opéra­tions réseaux.

    Le Client s’en­gage à utili­ser le Service en bon père de famille

    Fran­che­ment, je croyais qu’on en avait fini avec ces idio­ties de bon père de famille ? Et puis fran­che­ment, en plus d’être super floue et de ne rien auto­ri­ser ou inter­dire préci­sé­ment, pour la formu­la­tion très patriar­cale (ou sexiste, comme vous voulez).

    [ne pas utili­ser le service d’une manière] qui contre­vienne à l’ordre public et aux bonnes mœurs, notam­ment par l’in­clu­sion d’élé­ments tels que, sans que cette liste ne soit exhaus­tive ou limi­ta­tive, des éléments à carac­tère porno­gra­phique, de proxé­né­tisme ou de pédo­phi­lie, ou encore à carac­tère violent, le contenu étant suscep­tible d’être vu par des mineurs ;

    La phrase est trop complexe mais si vous lisez bien, au milieu du proxé­né­tisme et de la pédo­phi­lie, on vous inter­dit d’uti­li­ser la connexion Inter­net pour du contenu porno­gra­phique (aie ma liberté) ou à carac­tère violent (là il y a du boulot). Ça devient exagé­ré­ment abusif, en plus de ne proba­ble­ment pas tenir une seconde devant un juge. Et puis, c’est oublier que The Inter­net is for Porn.

    Si le Client est une personne physique, agis­sant à des fins privées, il s’en­gage à utili­ser le Service pour ses besoins propres dans le cadre d’un usage stric­te­ment privé et person­nel. Il s’en­gage en parti­cu­lier à n’uti­li­ser les Maté­riels qu’à desti­na­tion de ses propres équi­pe­ments, les Maté­riels ne pouvant en aucun cas être utili­sés, direc­te­ment ou indi­rec­te­ment, pour permettre à un tiers de bénéfi­cier du Service.

    Pas d’amis sur votre wifi sinon gare ! Je comprends la volonté d’évi­ter qu’une connexion Inter­net de parti­cu­lier devienne une borne d’ac­cès publique (en terme de consom­ma­tion ce n’est pas la même chose) mais là c’est du délire d’avo­cat. La restric­tion est d’au­tant trop forte que de l’autre côté ils acceptent que ces mêmes connexions soient utili­sées à des fins profes­sion­nelles et parta­gées aux diffé­rents sala­riés.

    Et pour finir, même si ce n’est pas une surprise, je suis dégouté par le poli­tique­ment correct qui fait que le FAI doive insé­rer à plusieurs endroits dans ses propres contrats que parta­ger des conte­nus sous droit d’au­teur c’est mal.

  • Travailler un CV

    J’avais fait un retour sur les lettres de moti­va­tion il y a quelques temps, il est temps d’en faire un sur les CV de jeunes diplô­més (ou demandes d’ap­pren­tis­sage).

    Comme la fois précé­dente, toutes les recom­man­da­tions que je fais n’ont que la valeur que vous y appor­tez. Elles ne repré­sentent que mon avis, en fonc­tion de ce que je cherche et de mon expé­rience. D’autres peuvent penser autre­ment, à vous de faire le tri.

    Les règles de base

    Le recru­teur doit voir les éléments impor­tants en dix secondes et faire la diffé­rence entre votre profil et celui d’un autre. Il faut donc élaguer tout ce qui n’est pas impor­tant, pour mettre en valeur ce qui l’est. Il ne s’agit pas d’être exhaus­tif.

    Sur ce qui est impor­tant, vous devez appor­ter assez de détail pour que le recru­teur puisse diffé­ren­cier votre profil d’un autre. Si votre CV pour­rait avoir été écrit par votre voisin ou votre cama­rade de promo, il a peu de chance d’être retenu et n’est proba­ble­ment pas perti­nent. Vous avez forcé­ment quelque chose qui vous diffé­ren­cie de votre voisin : trou­vez quoi.

    Adap­tez votre CV à chaque propo­si­tion. Mettez en avant vos points forts par rapport à la société, au projet ou à l’an­nonce ciblée. Ce n’est pas tant pour y mettre ce que le recru­teur attend que pour l’ai­der à indi­vi­dua­li­ser rapi­de­ment en quoi vous corres­pon­dez à sa recherche.

    Enfin, expri­mez clai­re­ment ce à quoi vous aspi­rez. Un titre de « déve­lop­peur » ne dit pas grand chose. Vous cher­chez proba­ble­ment « déve­lop­peur web sur des projets mobiles » ou « déve­lop­peur web dans le commerce élec­tro­nique », ou quoi que ce soit d’autre.

    Si vous ne savez pas ce que vous voulez faire, réflé­chis­sez avant de postu­ler. En tant que recru­teur j’ap­pré­cie forte­ment d’avoir même une ou deux phrases en dessous du titre pour mieux cerner ce que vous cher­chez et ce à quoi vous aspi­rez dans les prochaines années. Un sous titre « aspire à une évolu­tion en expert tech­nique » ou « aspire à une évolu­tion en gestion de projet fonc­tion­nelle » aide beau­coup le recru­teur à quali­fier votre profil.

    Pas de mise en forme « graphique »

    Un bon CV noir et blanc avec une mise en page espa­cée et bien orga­ni­sée a beau­coup plus de chance de rete­nir l’at­ten­tion que tous les CV origi­naux que vous pour­riez imagi­ner. Visez l’ef­fi­ca­cité.

    Ne vous essayez pas au design sur le CV. Souvent ça ne passe pas une fois imprimé en noir et blanc, les contrastes sont souvent contes­tables, les blocs ne sont pas où on les attend, et tout simple­ment le CV quasi­ment toujours plus diffi­cile à lire. Les rares fois où ce design ne gêne pas, vous vous confron­te­rez simple­ment aux goûts du recru­teur qui ne sont pas forcé­ment les même que les vôtres.

    Vous pouvez faire une excep­tion si vous êtes graphistes ou si vous postu­lez à un emploi créa­tif, mais je me demande si accom­pa­gner le CV d’un port­fo­lio ne serait pas plus effi­cace de toutes façons.

    Pour le même prix : pas d’usage de l’ita­lique pour des infor­ma­tions impor­tantes, usage très modéré du gras en dehors des titres, pas de titres verti­caux, pas de photo. Si vous tenez à la photo il faut qu’elle soit avec un bon contraste, non défor­mée, de bonne qualité, et qu’elle soit cadrée un peu plus large qu’un « cheveux – menton » pour ne pas faire photo de carte d’iden­tité.

    Mettez en avant les deux expé­riences prin­ci­pales

    Le CV est fait pour permettre au recru­teur de sélec­tion­ner les personnes et prendre un juge­ment rapide. Il vous rencon­trera ensuite pour détailler avec vous qui vous êtes et ce que vous avez fait.

    Un profil expé­ri­menté met en géné­ral 3 ou 4 expé­riences en lumière sur un CV d’une page. N’en mettez pas plus. Deux expé­riences signi­fi­ca­tives détaillées c’est large­ment suffi­sant pour un jeune diplômé. Mettez celles qui vous semblent les plus perti­nentes ou les plus en adéqua­tion avec le projet profes­sion­nel que vous voulez mettre en œuvre. Et relé­guez le reste à une simple mention d’une ligne en bas de vos expé­riences. Si vous avez fait assez de choses perti­nentes, il est même possible de fusion­ner plusieurs expé­riences en une ligne (surtout les travaux saison­niers).

    Fonc­tion A – Société A – date
    xxxxxxxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxxxxxxx
    xxxxxxxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxxxxxxx
    xxxxxxxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxxxxxxx

    Fonc­tion A – Société A – date
    xxxxxxxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxxxxxxx
    xxxxxxxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxxxxxxx
    xxxxxxxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxxxxxxx

    Stage de première année – déve­lop­pe­ment – date
    Travail saison­nier – ouvrier – étés 1999 à 2003
    Anima­teur en centre de vacances – date
    Projet scolaire en équipe – PHP – date

    Sachez cibler vos compé­tences

    De même, il n’est pas forcé­ment utile de faire l’in­ven­taire à la Prévert de toutes les tech­nos touchées en école ou en stage. C’est tota­le­ment inutile pour le recru­teur. Soyons francs : Quand la techno souhai­tée se retrouve dans une liste de 20 autres, c’est quasi­ment comme si elle n’était pas mention­née. Mettez en avant ce que vous souhai­tez faire, en étant même plus précis que vous ne le seriez norma­le­ment, avec des noms d’ou­tils utili­sés dans ce cadre.

    Le reste ça se met un peu en vrac en petit. Ne mention­nez même pas les logi­ciels qui n’ont aucun inté­rêt dans le poste que vous visez ou qui sont évident : Pas de Excel ou Photo­shop si vous visez un poste d’in­gé­nieur déve­lop­pe­ment dans des équipes consé­quentes (mais peut être utile si vous visez un poste de déve­lop­peur à tout faire seul tech­ni­cien dans une petite struc­ture).

    Le recru­teur doit voir d’un coup d’œil ce qui est impor­tant pour vous et pour le poste (et oubliez la mode des petites étoiles ou notes pour quali­fier votre niveau de compé­tence par techno).

    Déve­lop­pe­ment web PHP : PHP 5.4, Magento, Zend Frame­work 2.0, MySQL 5.1
    Capa­cité à utili­ser d’autres frame­works, outils et bases de données
    Aussi utilisé : CSS, HTML 5, XML, jQuery, Joomla, Flash

    Ne gardez que les forma­tions utiles

    Les mêmes recom­man­da­tions s’ap­pliquent à toutes les sections. Si vous avez un master, la mention de votre lycée est proba­ble­ment inutile. Il n’est même pas perti­nent d’y mettre votre BAC si vous n’avez pas eu des résul­tats excep­tion­nels (et encore moins de préci­ser la mention). Si vous vous êtes égarés sur des filières diffé­rentes ou si le recru­teur risque de se poser la ques­tion de « tiens, il y a un trou de dates », mettez juste une ligne sans détail en bas de la section, ça ira très bien. J’ai tendance à propo­ser de ne mettre que l’an­née de diplôme, mais c’est à vous de voir.

    Master en ingé­nie­rie logi­cielle, Univer­sité du Nica­ra­gua, 2012
    forma­tion très axée sur le travail en équipe et la réali­sa­tion tech­nique ; domi­nante en tech­no­lo­gies web avec une option pous­sée sur les problé­ma­tiques de sécu­rité

    Licence à l’étran­ger, Unive­risté de Milan, Italie, 2010
    xxxxxxxx descrip­tion xxxxxxxx

    Forma­tion en paral­lèle xxxxx de xxxx en 2009
    Première année de licence en méde­cine, 2006
    Certi­fi­ca­tion du niveau d’an­glais xxxxxx, 200X

    Oubliez ce qui n’a pas d’in­té­rêt

    Conti­nuez à élaguer sur les sections annexes. Savoir que vous avez le permis B n’a de sens que si vous risquez d’être amené à vous en servir par exemple.

    La section loisir n’a d’in­té­rêt qu’à voir si vous avez une passion ou qui vous êtes. Que vous alliez au cinéma, que vous sortiez entre amis ou que vous ayez fait du judo il y a 5 ans n’a aucune valeur ajou­tée.

    Indiquez si pour vous la musique est impor­tante dans votre vie et que vous en faites depuis 10 ans. Par contre, même si c’est vrai­ment une passion, ne nommez pas 15 instru­ments diffé­rents ou l’in­té­gra­lité des pays dans lesquels vous avez voyagé.

    Si vous passez tous les étés faire des camps scouts, de la voile en mer, ou des voyages à l’étran­ger, le préci­ser peut permettre d’en­ga­ger la discus­sion avec le recru­teur plus tard ou de montrer que vous avez aussi une vraie vie en dehors du boulot, mais n’en faites pas un détail.

    J’ai tendance à penser qu’il vaut mieux ne pas avoir du tout de section annexe que d’y mettre des choses bateau et inutiles.

    Détaillez vos expé­riences prin­ci­pales

    Inver­se­ment, mettez en plus sur ce qui est impor­tant. N’hé­si­tez pas à vrai­ment détailler ce que vous avez fait, avec qui et dans quel contexte sur l’ex­pé­rience qui vous semble la plus impor­tante pour le recru­teur. Savoir si vous étiez auto­nome, dans une équipe de 3 ou dans une équipe de 30 a de l’im­por­tance. Savoir que vous avez fait du déve­lop­pe­ment PHP / Javas­cript ça en dit bien trop peu.

    Sur votre forma­tion prin­ci­pale, détaillez les options ou domi­nantes inté­res­santes, si c’est une forma­tion géné­ra­liste ou d’ex­per­tise, pratique ou théo­rique, etc. C’est d’au­tant plus vrai main­te­nant qu’il y a 150 filières diffé­rentes avec des noms pas toujours très signi­fi­ca­tifs du conte­nus.

    Déve­lop­pe­ment en binôme avec un ingé­nieur sur une inter­face d’ad­mi­nis­tra­tion d’un site de commerce élec­tro­nique basé sur Magento avec PHP 5.4. Ajout de fonc­tion­na­li­tés en auto­no­mie à partir d’un cahier des charges client. Adap­ta­tion de la mise en page pour accès via un smart­phone (respon­sive design). Travail dans une équipe de 10 personnes.

    Recherche sur les possi­bi­li­tés de réali­sa­tion d’une appli­ca­tion mobile basée sur les tech­no­lo­gies web HTML 5 plutôt qu’une appli­ca­tion native iOS. Réali­sa­tion d’un proto­type. Travail en auto­no­mie puis présen­ta­tion aux équipes internes pour retour d’ex­pé­rience. Docu­men­ta­tion du proto­type pour la base de connais­sance interne.

    Mais surtout, si vous avez parti­cipé à un projet person­nel qui présente bien, indiquez le. Si vous parti­ci­pez à des postes de secours, si vous êtes actifs dans une asso­cia­tion loi 1901 – et parti­cu­liè­re­ment si vous y avez des respon­sa­bi­li­tés, si vous avez parti­cipé à l’or­ga­ni­sa­tion d’une mani­fes­ta­tion, si vous avez contri­bué à un projet open source – même si c’est de la docu­men­ta­tion, si vous publiez sur un blog tech­nique régu­liè­re­ment,  (et parti­cu­liè­re­ment si vous y avez des respon­sa­bi­li­tés), marquez le !

    Vos expé­riences non profes­sion­nelles sont impor­tantes

    Avoir monté un événe­ment, parti­cipé à des projets asso­cia­tifs ou huma­ni­taires, ou pris la prési­dence d’une asso­cia­tion montre une impli­ca­tion et des prises de respon­sa­bi­li­tés bien plus impor­tantes que pas mal de stages.

    N’hé­si­tez-pas non plus à mettre des liens si ça vous semble présen­table.

    Enfin, ne soyez pas trop humbles sur votre niveau en langue. D’autres se vante­ront et il sera diffi­cile de faire le tri. J’uti­lise les réfé­rences suivantes :

    Ne soyez pas trop humbles sur votre niveau en langue

    • Bilingue : vous vous expri­mez sans fautes, avec un accent correct (mais pas forcé­ment parfait) et de manière fluide.
    • XX courant : vous savez rédi­ger des docu­ments et/ou faire des présen­ta­tions en langue étran­gère ; éven­tuel­le­ment avec des fautes et mauvais accent à l’oral mais un rédac­tion­nel correct à l’écrit ; avec un voca­bu­laire courant
    • XX conver­sa­tion­nel, pratique, profes­sion­nel : vous savez comprendre et vous faire comprendre correc­te­ment ; même si c’est avec des fautes, avec un mauvais accent ou un voca­bu­laire limité. Si le conver­sa­tion­nel est suffi­sam­ment fluide et que le recru­teur ne vous fera proba­ble­ment pas faire de rédac­tion­nel public ou de présen­ta­tion en anglais, on peut envi­sa­ger d’in­diquer « courant » (si vous voyez vos films et séries en VO, vous en êtes proba­ble­ment au moins là)
    • XX tech­nique : vous savez lire des docu­men­ta­tions et faire des emails sur des sujets tech­niques, et éven­tuel­le­ment discu­ter avec un homo­logue en anglais même si c’est avec diffi­cul­tés
    • XX écrit / parlé : niveau scolaire type bac
    • XX scolaire : vous étiez au niveau bac ou infé­rieur et n’avez pas pratiqué depuis long­temps, mais vous vous sentez de vous y mettre
    • Notions : vous n’y compre­nez quasi­ment rien, vous indiquez juste que vous en avez fait

    Il ne faut pas suréva­luer mais le clas­sique « écrit / parlé » a une signi­fi­ca­tion bien plus néga­tive que « je sais parler et écrire dans cette langue ».

  • Ken Robin­son says schools kill crea­ti­vity

    Les confé­rences TED sont une source inépui­sable de réflexion. Pour vingt minutes, vous avez le droit de penser un peu diffé­rem­ment et d’écou­ter quelqu’un qui sait parler sur un sujet inté­res­sant. Sur Youtube les vidéos sont sous-titrées et sur l’ap­pli­ca­tion Android on vous propose de télé­char­ger les vidéos ou l’au­dio pour lecture hors ligne.

    Il y a peu j’ai écouté Ken Robin­son concer­nant la créa­ti­vité et l’édu­ca­tion. C’est un peu en marge de son discours mais j’ai trouvé un écho dans l’idée que l’école bride notre créa­ti­vité à cause de son juge­ment de l’er­reur.

    On nous entraine  à hiérar­chi­ser les gens en fonc­tion du nombre de leurs échecs et réus­site. Le résul­tat l’ac­qui­si­tion d’une peur de l’er­reur, et d’une rete­nue qui nous empêche de penser « out of the box » ou de propo­ser quelque chose de nouveau.

    Si on veut redon­ner le goût d’en­tre­prendre et de l’in­no­va­tion, plutôt que d’es­pé­rer des finan­ce­ments d’état dans tous les sens, c’est peut être par là qu’il faut commen­cer :

    Si vous n’êtes pas prêts à échouer, vous n’êtes pas prêts à réus­sir

    Ken Robin­son says schools kill crea­ti­vity (vidéo)

  • Pourquoi du très haut débit

    Je pour­rai sortir l’usage du futur, l’ex­plo­sion vidéo haute défi­ni­tion, le stockage en ligne de tous ses fichiers mais ce serait viser à côté.  Le très haut débit c’est beau­coup plus simple et ça ne demande pas d’ima­gi­ner le futur.

    Le très haut débit c’est pouvoir parta­ger 5 photos prises avec son appa­reil récent en appuyant juste sur « envoyer ». Actuel­le­ment il faut soit attendre une dizaine de minutes devant le PC soit utili­ser un logi­ciel de trai­te­ment d’images pour les redi­men­sion­ner et bais­ser le poids avant d’en­voyer. Bref, « faire de l’in­for­ma­tique ».

    Le très haut débit c’est pouvoir rece­voir un PDF en pièce jointe instan­ta­né­ment sans avoir à attendre qu’il se charge pendant une à deux minutes. C’est avoir une occu­pa­tion qui est « lire le compte rendu du syndic » plutôt que « gérer ses mails ».

    Le très haut débit c’est lais­ser Windows se mettre à jour auto­ma­tique­ment au lieu de devoir subir la mise à jour en voyant tout ralen­tir pendant deux heures, voir en devant attendre le soir que tout finisse de télé­char­ger avant d’éteindre le PC.

    Le très haut débit c’est lais­ser son iPad se synchro­ni­ser avec iCloud sans surprise « oups, cette chan­son là n’était pas encore synchro­ni­sée, je l’ai sur le mac mais pas sur l’iPad ».

    Les geeks n’ont pas tant besoin de très haut débit, ils sont de toutes façons en perma­nence connec­tés et ont l’ha­bi­tude des trai­te­ments en tâche de fond. Le très haut débit c’est pour tous les autres, qui n’ont pas envie de « faire de l’in­for­ma­tique », ceux qui n’y comprennent rien et qui sont perdus dès qu’il faut penser à la synchro­ni­sa­tion, réflé­chir au poids des fichiers à trans­fé­rer ou attendre l’or­di­na­teur pendant qu’il fait ce qu’on attend de lui. Le propre du très haut débit c’est juste­ment de ne pas avoir à savoir quel débit on a, à quoi ça sert.

    Si quelqu’un vous dit qu’il n’aime pas l’in­for­ma­tique et n’a pas besoin de très haut débit car il ne consomme quasi­ment rien, c’est proba­ble­ment lui qui en béné­fi­ciera le plus.

    Un jour je vous parle­rai aussi des PME, pour qui du très haut débit pas cher est une source d’in­no­va­tion et une révo­lu­tion dans les portes qui s’ouvrent, mais ça c’est pour un autre jour.

  • La fibre en France, cette blague

    La fibre fait parler en France, mais aussi à l’étran­ger. Ici la fibre on consi­dère que c’est 100 Mb/s en descen­dant (ce que vous télé­char­gez depuis Inter­net) mais des débits ridi­cules en montant (ce que vous envoyez vers Inter­net).

    Débits montants ridi­cules

    Numé­ri­cable et la multi­tude de FAI qui ne font que repro­po­ser l’offre Nume­ri­cable avec un autre bran­ding offrent (atten­tion les yeux) 5 Mb/s en montant. Là où ça devient marrant c’est que 5 Mb/s c’est le strict mini­mum pour avoir réel­le­ment 100 Mb/s dans l’autre sens. Pour peu que vous fassiez plein de petits télé­char­ge­ments plutôt qu’un gros, ce sont les 5 Mb/s qui vont vous limi­ter, par les 100 Mb/s.

    Oubliez l’idée d’avoir des vrais usages décen­tra­li­sés ou de trans­fé­rer le contenu de votre carte mémoire d’ap­pa­reil photo à votre famille : Il faudra sélec­tion­ner les photos et poten­tiel­le­ment les réduire un peu avant envoi. S’il s’agit de trans­fé­rer votre film de vacances, il s’en­verra à vitesse réelle (une heure d’en­re­gis­tre­ment = une heure d’en­voi).

    Débit montant: Orange:10Mb/s, SFR:50Mb/s, Bouygues:5Mb/s, Numericable:5Mb/s, Free:50Mb/s

    Orange et SFR dans leur offre stan­dard font à peine mieux avec 10 Mb/s (il faut prendre l’offre « evolu­tion » pour avoir droit aux 50 Mb/s présen­tés au dessus).

    Il est inté­res­sant de noter qu’O­range propose une offre 100 Mb/s symé­triques pour 10 € de plus par mois mais qu’il faut bien lire les petites lignes. Déjà ce débit est symé­trique mais pas simul­tané : Il n’est pas possible d’at­teindre simul­ta­né­ment la limite en montant et en descen­dant. Au final c’est du 50 Mb/s symé­trique qu’on a. Mais surtout le volume de données est plafonné à 1 To mensuels. Le plafond est élevé, proba­ble­ment jamais atteint par pas mal de monde, mais il ne repré­sente quand même que 22 heures d’uti­li­sa­tion à plein régime. Diffi­cile de trou­ver la limi­ta­tion légi­time pour une option payante quand elle est présen­tée ainsi.

    Débits pratiques

    Note de mise à jour : J’ai retiré l’ana­lyse des débits médians réels, suite aux remarques (avec raison) sur le fait que les mesures et leur contextes sont beau­coup trop contes­tables pour en tirer des conclu­sions, notam­ment sur les condi­tions et le maté­riel côté usager. Les graphiques restent acces­sibles sur le le baro­mètre de lafibre.info et même si les contes­taires ont raison sur le prin­cipe, ces débits médians me semblent quand même suffi­sam­ment signi­fi­ca­tifs pour penser que tout n’est pas pas forcé­ment lié à l’ins­tal­la­tion de l’usa­ger.

    Les débits montants du meilleur décile des offres 50 Mb/s ou plus montent eux aux alen­tours de 80 Mb/s, sauf Free qui est telle­ment au dessus que l’ou­til est peut être la source de la satu­ra­tion, ce qui veut dire que les opéra­teurs auto­risent plus que ce que prévoient les enga­ge­ments contrac­tuels.

    Sur les offres avec débit contrac­tuel­le­ment limité à 10 Mb/s ou moins, par contre, cette limi­ta­tion est réel­le­ment appliquée. Raison de plus pour ne pas adhé­rer à ces offres.

    Que ceux qui profitent de débits supé­rieurs à l’en­ga­ge­ment contrac­tuel ne pavoisent cepen­dant pas trop : Ils sont tota­le­ment dépen­dants de la volonté commer­ciale de l’opé­ra­teur. Ce dernier peut chan­ger d’avis du jour au lende­main. L’offre SFR a par exemple d’un coup été limi­tées à 10 Mb/s, proba­ble­ment en prévi­sion d’une valo­ri­sa­tion arti­fi­cielle de l’offre « evolu­tion ». Orange a quand a lui dès le départ choi­sit de segmen­ter arti­fi­ciel­le­ment ses offres à l’aide d’une option payante (qui de plus ne four­nit pas ce qu’elle promet). S’il ne fait pas de diffé­rence de débit, Free segmente aussi ses offres « stan­dard » et « révo­lu­tion ».

    Rien ne permet d’af­fir­mer que la segmen­ta­tion ne se creu­sera pas à l’ave­nir avec la venue d’une nouvelle offre. Ne vous atten­dez pas à garder ad vitam eter­nam un débit supé­rieur à ce que vous avez dans votre contrat.

    N’ou­bliez pas non plus qu’a­voir 100 Mb/s côté FAI ne veut pas dire pouvoir joindre n’im­porte quel site à cette vitesse. Parfois c’est le serveur en face qui sature, et souvent c’est entre le FAI et le site distant que ça coince. Avoir la fibre ne chan­gera pas la situa­tion désas­treuse qu’ont les abon­nés Free avec les vidéos Youtube.

    Ailleurs dans le monde

    Unique­ment pour donner un hori­zon diffé­rent, aux États Unis Google propose aussi de la fibre (pour l’ins­tant l’offre est pour Kansas City). C’est 70 $ mensuels pour 1 Gb/s symé­triques.

    Et si d’au­cuns se demandent les usages qui rendent utiles de tels débits, Google propose 1 To de données sauve­gar­dées en ligne. Ici avoir de la vraie sauve­garde en ligne sur plus de quelques Go, c’est mission impos­sible telle­ment les débits montants sont limi­tants. Ces gens pour­ront parta­ger de larges données, des flux vidéos HD, et simple­ment créer des usages auxquels on ne pense pas aujourd’­hui, de la même manière qu’hier on consi­dé­rait que « 640 Ko should be enough for everyone ».

    En France les raccor­de­ments effec­tifs avancent à la vitesse d’une limace un jour de fort vent de face. On se plaint des inves­tis­se­ments mais la densité du centre urbain Kansas City Missouri est deux fois plus faible que celle de l’en­semble de la ville de Lyon. On promet des débits « très très haut débit » mais on n’ose pas réel­le­ment débri­der les usages par peur que les gens utilisent vrai­ment leur connexion, et on n’as­sure de toutes façon même pas le service vendu à la moitié des clients.

    Je me doute qu’il y a des coûts impor­tants et que tout le monde ne peut pas faire ce que fait Google sur une ville proto­type, mais il y a comme un déca­lage un peu trop impor­tant.

    À quand une vraie vision de l’in­fra­struc­ture réseau en France ? L’in­no­va­tion c’est ne pas attendre le dernier moment mais propo­ser avant de voir les usages, pour les créer plutôt que les suivre.

  • Apple won’t carry an ebook because it mentions Amazon

    Voilà ce qui arrive quand on donne trop de liberté à un ou deux acteurs pour faire la police. Voilà que le passage obligé pour une part impor­tante de toute la publi­ca­tion litté­raire, après avoir banni ce qui lui semble immo­ral suivant ses propres critères, bannit les liens et cita­tions de son concur­rents. Apple won’t carry an ebook because it mentions Amazon

    Si cela semble anodin, on entre de plein pied dans l’as­sujet­tis­se­ment des citoyens à la méga­corp de leur choix, qui créera un envi­ron­ne­ment « propre » avec les bonnes oeillères où il faut. Les romans d’an­ti­ci­pa­tion étaient très pessi­mistes et nous n’en sommes pas encore à les dépas­ser, mais nous en prenons la direc­tion.

    Amazon lui-même n’est pas forcé­ment moins risqué. Le problème c’est bien le poids trop impor­tant d’un seul acteur, quel qu’il soit.