Oubliez le fait qu’on parle de Marine Le Pen. N’importe quel politique peut dire n’importe quoi, et quand on parle de nationalité ou de laïcité, aucun parti n’est à l’abri d’imbéciles. Mais voilà, quand Marine Le Pen veut créer « une nationalité à points », elle considère qu’il faut se soumettre aux grands principes de la France, dont la laïcité. Et là ça me fait mal.
Ça ne me fait pas mal sur les grands principes ou sur la laïcité, mais sur la soumission à la laïcité. Nous faisons tellement de cas de ce grand principe que nous en arrivons à l’inverser totalement.
C’est le peuple et le citoyen de nationalité française qui soumet l’état à un principe de laïcité. Le citoyen, lui, a au contraire un grand principe de liberté de son exercice et de son expression religieuse, garanti et par la constitution et par la convention des droits de l’homme.
Comprenons nous bien, la laïcité est un attribut de l’état
et, par extension, de ses représentants. On peut trouver anormal que le Président de la République assiste officiellement à une messe catholique. On peut considérer comme une erreur grave qu’il accepte et vienne se faire remettre une charge religieuse comme le titre de chanoine. On peut même trouver anticonstitutionnel que ce président parle de remettre la religion au coeur de la vie de la cité. Tout ceci est une atteinte grave à la laïcité de l’État.
Par contre quand on parle de soumettre un citoyen nouvellement français au principe de laïcité je ne comprends plus. Ce principe ne s’applique pas à lui, il est à son entière bénéfice. Lui a le droit d’exprimer sa religion publiquement, de l’exercer sans autre limitation que la loi. On peut à la limite considérer qu’il doit s’abstenir de signes extérieurs ostentatoires quand il a un rôle public lié à l’État comme un rôle d’accueil en mairie ou d’enseignant. On peut même (bien que je le digère mal), considérer que ces signes doivent aussi être retirés dans quelques situations très spécifiques comme le milieu éducatif où cela serait une pression sur autrui trop importante. Ça s’arrête là.
J’aimerai bien qu’on puisse me dire dans quelle situation un citoyen, en tant que citoyen, pourrait faire une entorse au principe laïcité. Nulle part ça ne s’applique à lui.
La Laïcité ce n’est pas la disparition des religions, c’est l’indifférence totale par rapport à la question. Quand un politique, en son rôle public parlant de politique de l’État, cherche à militer contre telle ou telle manifestation religieuse en usant du terme de laïcité, ce qu’il fait est exactement opposé au principe de laïcité. Du coup je retire un point au permis de nationalité française de Marine Le Pen. Il en reste combien ?
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