Auteur/autrice : Éric

  • ‘TEA’ recrute un déve­lop­peur ou une déve­lop­peuse

    Vous pouvez envi­sa­ger de faire de l’exé­cu­tion et de l’ex­ploi­ta­tion dans une SSII. Vous pouvez aussi voir une grande entre­prise en espé­rant poser un logo connu sur votre CV pour votre carrière toute tracée. D’autres l’ont fait, nous aussi, on fait tous des erreurs.

    Sinon vous pouvez aussi venir dans une société à taille humaine, qui travaille sur ses propres solu­tions, avec de grands projets et une équipe tech­nique sympa, le tout sur le domaine atti­rant des livres numé­riques et du mobile.

    Toujours est-il que je recrute un déve­lop­peur ou une déve­lop­peuse pour complé­ter l’équipe. Critères prin­ci­paux : Motivé(e), Curieux(se), Envie de bien faire, Approche posi­tif(ve), Exigent(e). Le reste, y compris le détail du projet, des missions et des compé­tences en jeu, se trouve sur la page dédiée.

  • Ateliers sur la docu­men­ta­tion webperf

    J’ai partagé en ligne il y a quelques temps le début de livre que j’avais rédigé à propos de la perfor­mance des sites web.

    L’objec­tif était d’avoir une « bible » qui réfé­rence toutes les tech­niques impac­tant le temps de char­ge­ment des sites web et la théo­rie sous-jacente. Une moitié du travail était déjà là. C’est sur github, dans un format acces­sible à tous.

    En le posant sur github l’es­prit est « ce contenu appar­tient à ceux qui se l’ap­pro­prient ». Si vous y parti­ci­pez, ça devient un peu le vôtre. De mon côté ce n’est déjà plus « mon livre » mais un projet commu­nau­taire, dont je ne souhaite d’ailleurs pas forcé­ment être le main­te­neur ou l’ani­ma­teur.

    Pour initier la dyna­mique néces­saire, nous avons réalisé deux ateliers : un à Paris fin avril, un dans le cadre de Sudweb la semaine dernière. Il s’agit d’ex­pliquer le projet, puis de réali­ser relec­tures, mises à jour et rédac­tion par petits groupes. Le projet avance un peu, et chacun repart avec une meilleure connais­sance ou des échanges sur un sujet pointu.

    Si vous ne savez pas par où commen­cer vous pouvez commen­cer par regar­der les tickets en cours (« issues » dans la barre de menu github). Ils sont clas­sés par chapitre et par type d’ac­tion (relec­ture, mise à jour, contenu manquant, etc.). Le fichier « HELP.md » à la racine du projet contient aussi un guide de démar­rage avec quoi et comment sur diffé­rentes ques­tions que vous pour­riez vous poser. Vous pouvez aussi simple­ment vous signa­ler et poser vos ques­tions sur la liste de diffu­sion française : https://groups.google.com/group/perfor­mance-web?hl=fr

    La suite c’est de conti­nuer avec les ateliers. Il faut prévoir un anima­teur et proba­ble­ment au moins une personne qui a déjà lu le contenu et saura répondre aux ques­tions tech­niques webperf. Je compte en propo­ser quelques uns mais n’hé­si­tez pas à en orga­ni­ser vous-même dans vos commu­nau­tés locales. Avec un peu de temps se déga­ge­ront certai­ne­ment une ou deux personnes pour animer tout cela sur le long terme.

    Retour sur les deux ateliers précé­dents

    Sur les ateliers passés il y a eu un bon travail sur les relec­tures, qui s’est traduit via quelques correc­tions, quelques ajouts, mais aussi une bonne série de tickets qui permettent main­te­nant de struc­tu­rer et guider les bonnes volon­tés.

    Un gros merci à tous ceux qui ont parti­cipé.

    Deux points soule­vés :

    • En plus de la demie-heure de présen­ta­tion du projet et du fonc­tion­ne­ment, il faut prévoir des créneaux d’au moins une bonne heure, préfé­ra­ble­ment une heure et demie. En dessous on manque de temps pour amener un résul­tat concret.
    • La licence initiale était inuti­le­ment complexe de façon à garder la possi­bi­lité d’em­barquer un éditeur papier dans l’aven­ture. Suite aux diffé­rents retours, il appa­rait plus sage de rebas­cu­ler sur une licence ouverte plus simple, peut être une Crea­tive Commons. N’hé­si­tez pas à en discu­ter ici ou sur la liste de diffu­sion webperf

    Voilà, main­te­nant c’est à vous de jouer.

  • Embauche : les patrons de PME ne cherchent pas des Bac+5

    Les hauts diplô­més à BAC+5 sont plus souvent en situa­tion précaire qu’on ne le pense. C’est navrant quand on regarde le manque de personnes pour certains postes niveau CAP.

    Et voilà qu’on déclare

    L’offre de travail doit mieux s’adap­ter aux entre­prises ; une réforme est urgente pour favo­ri­ser des forma­tions courtes et adap­tées à la demande sur le marché du travail

    Sérieu­se­ment, il faut vrai­ment qu’on soit malade en France pour imagi­ner un truc pareil. On doit être le seul pays dans l’his­toire à penser qu’il faut réduire le niveau d’édu­ca­tion. Pire, le seul à penser que ça amélio­rera l’em­ploi.

    Que les gens soient instruits n’a jamais été un problème, ou ne devrait pas l’être, sauf à vouloir créer une société de classes avec une élite instruite et un peuple qui ne doit pas penser trop loin pour éviter de faire des vagues.

    Pourquoi un diplômé d’école de commerce serait-il fonda­men­ta­le­ment moins bon qu’un BEP pour vendre en maga­sin ? Pourquoi un master en psycho­lo­gie ne pour­rait pas garder des enfants à domi­cile ? Je ne dis pas que c’est néces­saire, mais ce n’est en rien disqua­li­fiant.

    Des études pous­sées c’est une chance, pour mieux travailler, mais aussi mieux comprendre le monde qui nous entoure, amélio­rer les pratiques… Même une forma­tion longue en sciences humaines peut être béné­fique à la commu­nauté pour un poste de tour­neur/frai­seur.

    Le gros défaut c’est au contraire qu’on entraine tout le monde à penser via ce système de classe avec ceux qui « pensent » d’un côté, géné­ra­le­ment à partir BAC+4, et ceux qui « font » de l’autre. Si tu appar­tiens à la première caté­go­rie, tu ne dois jamais t’abais­ser à accep­ter un emploi dans la seconde, et si tu t’y astreins alors on pensera que tu y seras inef­fi­cace (et peut être à raison telle­ment on t’a entrai­ner à délais­ser tout ce qui peut ressem­bler au « faire »).

    Et si au lieu d’es­pé­rer dimi­nuer le niveau d’édu­ca­tion — je n’en reviens toujours pas — on tablait plutôt sur un chan­ge­ment de valeurs et d’état d’es­prit pour que les gens aient envie de « faire », et arrê­ter de se sentir « trop bien » pour ça ?

  • La valeur par la rareté

    Je parlais il y a peu de rareté et d’abon­dance, et voilà que quelques jours après se pointe une superbe illus­tra­tion :

    Pierre Lescure, via sa mission ad hoc, voit une révo­lu­tion dans le net. Je ne peux qu’a­bon­der. Étran­ge­ment, aucune mesure révo­lu­tion­naire n’ac­com­pagne cette prise de conscience. On révo­lu­tionne mais s’il vous plait que ça ne change l’exis­tant qu’à la marge.

    Le problème ? La valeur est encore vue par le prisme de la rareté.

    « Plus on va dans la rareté, dans le service rendu, dans la déli­vrance de quelque chose qui a repré­senté un travail et qui ne trouve pas son pareil ailleurs, plus cela a un coût. On ne mange pas gratui­te­ment au restau­rant. Le rapport ne résou­dra pas tout ça, mais s’il y a une prise de conscience, ce ne sera déjà pas mal ». — cita­tion de Pierre Lescure par Numé­rama

    La prise de conscience manque juste­ment : Le numé­rique change tota­le­ment le para­digme. Contrai­re­ment au repas dans le restau­rant, et le travail fourni sera exac­te­ment le même qu’il y ait un client ou un million. Dès lors, penser la valeur et la rému­né­ra­tion par la rareté, c’est juste une aber­ra­tion. Oser penser qu’on va même « plus loin dans la rareté » c’est passer tota­le­ment à côté de ce qu’il se passe.

    En échange on m’a répondu sur le réseau « La richesse c’est le partage, la copie, la multi­pli­ca­tion ! Pas la sous­trac­tion… ». Une démarche tota­le­ment oppo­sée.

    L’im­pos­si­bi­lité pour certains acteurs de penser autre­ment la valeur que par la rareté, va deve­nir un vrai problème.

  • Petite échelle de rému­né­ra­tion

    J’ai écouté – avec retard – le maga­zine Envoyé Spécial sur le chômage et la pénu­rie de main d’œuvre. Vous pouvez passer votre chemin, rien n’y est dit, ou presque.

    Par contre on y conte encore une pénu­rie de main d’œuvre pour une série de boulots payés au SMIC, souvent en temps partiel non choisi, et avec des horaires atypiques (genre quelques heures, puis une énorme pause mais pas suffi­sante pour te permettre de rentrer chez toi pour une autre acti­vité, puis encore quelques heures, dont une partie le soir ou très tôt le matin) et très mal consi­dé­rés socia­le­ment.

    Un boulot dont personne ne veut, dont l’offre est struc­tu­rel­le­ment insa­tis­faite, dans le modèle libé­ral, logique­ment les condi­tions ou la compen­sa­tion devraient être amélio­rées pour tenter d’in­ver­ser un peu la tendance, ou au moins pour que les quelques personnes aillent chez vous plutôt que chez le voisin. Mais non, ces jobs restent au niveau du mini­mum légal et on préfère se plaindre du manque de person­nel.

    Un peu de réalisme : Le niveau d’édu­ca­tion a sensi­ble­ment augmenté depuis 50 ans. La majo­rité des gens peuvent prétendre à des emplois quali­fiés (et trop souvent refusent le reste), poten­tiel­le­ment inté­res­sants. Il n’y a cepen­dant pas tant que ça de boulots inté­res­sants sur le marché par rapport à la demande. Inver­se­ment il y a plein de boulots pour­ris, souvent sans quali­fi­ca­tion parti­cu­lière néces­saire. Quelqu’un m’ex­plique pourquoi les boulots pour­ris sont encore moins bien payés que les boulots inté­res­sants ? N’est-ce pas là une échelle de valeur pure­ment idéo­lo­gique ?

    Dans un monde vrai­ment libé­ral, en occi­dent (niveau d’édu­ca­tion assez élevé) le person­nel de ménage nettoyant un bureau serait souvent mieux payé que la personne qui travaille dans ce bureau. Que cela fasse un peu cogi­ter les chantres du libé­ra­lisme bien assis dans leur bureau avec leur salaire confor­table.

  • Mais que faire avec la fibre 1 Gb/s de Google ?

    L’au­teur de Slate explore la fibre Google à 1 Gb/s déployée au Kansas. Malgré une démons­tra­tion de confé­rence vidéo avec inter­ac­tion sur Google Maps en instan­tané, l’au­teur semble dépité de ne pas trou­ver de mieux que « ouvrir cinq vidéo 1080p sur Youtube » dans sa recherche de la killer app qui justi­fie­rait une tel débit.

    Il a un peu raison, d’au­tant que cinq vidéo 1080p Youtube c’est entre 20 et 40 Mb/s, donc passe tout à fait sur n’im­porte quelle connexion câblée ou fibre à partir de 50 Mb/s. Il a raison mais il passe tota­le­ment à côté de l’enjeu, et pas mal de commen­ta­teurs français sur twit­ter aussi.

    Que vais-je bien pouvoir faire ?

    Je pour­rai vous rappe­ler quelle est la bande passante pour un blu-ray 3D en 120 Hz, pour la TV 4K dont on commence à parler, pour avoir ça en multi points de vues, et pourquoi pas une fois dans le salon et une fois dans la chambre des enfants, en paral­lèle du backup et de tout le reste. Ok, ce n’est peut être pas acces­sible *aujourd’­hui* mais four­nir de tels services sur le réseau alors que seuls quelques chan­ceux dans une ville des USA peuvent s’en servir, ce serait large­ment préma­turé. Ne vous inquié­tez pas, le Gb/s il finira par être utilisé large­ment avant d’être la norme pour la majo­rité de la popu­la­tion.

    Il n’y a pas de killer app

    Malgré tout, parler de ça c’est tomber dans le même travers que le jour­na­liste de Slate :  Se poser la ques­tion de la killer app c’est se trom­per de débat. Il n’y a pas de killer app, et il n’y a pas à en avoir.

    Qui a besoin d’une killer app ? Dites, c’est quoi la killer app de la cocotte minute ? Celle du micro-onde ? C’est un peu plus long mais vous faites bien la même chose sans. C’est juste plus pratique. Des usages pour un meilleur débit on a déjà tous ceux d’aujourd’­hui : Regar­der plus faci­le­ment des vidéos qu’a­vant, en patien­tant moins qu’a­vant, en meilleure réso­lu­tion. Renon­cer moins faci­le­ment à télé­char­ger des fichiers lourds et attendre moins pour cela. Synchro­ni­ser de plus en plus de fichiers en ligne, et attendre moins souvent la fin de synchro­ni­sa­tion avant de débran­cher. Partage plus faci­le­ment des photos ou des vidéos avec des tiers, en nombre plus impor­tant et en meilleure qualité/taille, en atten­dant moins la fin de l’en­voi.

     

    La killer app c’est de réduire les attentes, élimi­ner les frus­tra­tions, et ouvrir les portes pour faire émer­ger autre chose ; pas forcé­ment faire quelque chose de nouveau et de révo­lu­tion­naire.

    Oui mais… 1 Gb/s… utile ?

    Je me rappelle l’époque où on se moquait des 8 et 20 Mb/s de l’ADSL les trou­vant super­flu. Je crois que Xavier Niel a déclaré il y a à peine quelques mois que la fibre à 100 Mb/s était globa­le­ment inutile. Rien d’éton­nant à ce que la même image appa­raisse avec le palier suivant;

    Aucun de ces usages ne *jus­ti­fie* 1 Gb/s, pas plus que le passage de 20 Mb/s au 100 Mb/s ne se justi­fie (si on oublie le débit montant), ou qu’une ADSL 20 Mb/s n’était à l’époque fonda­men­ta­le­ment meilleure qu’une 8 Mb/s, et que cette dernière n’était elle-même indis­pen­sable à l’époque de la tran­si­tion avec la 2 Mb/s ou la 512 Kb/s. Par contre je mets au défi ceux qui y seront passés d’en­vi­sa­ger reve­nir en arrière.

  • Pourquoi apprendre l’en­tre­preu­na­riat à l’école est une idée, et qu’on se moque qu’elle soit de gauche

    Quand je lis « Pourquoi apprendre l’en­tre­preu­na­riat à l’école est une idée de gauche » je me dis qu’il y a un problème avec l’ap­proche de notre classe poli­tique.

    Parler du pourquoi l’en­tre­pre­na­riat à l’école, de comment on va mettre en place l’idée – et le défi est là – ou de la perti­nence de commen­cer en 6ème, là ça serait plus qu’in­té­res­sant. Le billet parle en fait à peine de ces ques­tions, le sujet de fond semble plus être de convaincre les tiers que l’idée est compa­tible avec « la gauche » que de savoir si c’est en soi une bonne idée.

    Il faut quand même que notre démo­cra­tie soit bien malade pour que la ques­tion prin­ci­pale soit celle là, que la ques­tion soit celle du « qui » (quel élu, quel parti, quelle mouvance) et pas celle du « quoi ».

    Nos élus donnent l’im­pres­sion de croire qu’ils ne sont crédibles que quand ils sont unis derrière leur bannière. Lais­sez-moi leur dire dire : Vous devien­drez crédibles quand vous discu­te­rez le fond au lieu de voter et vous expri­mer en fonc­tion de la couleur atta­chée à la mesure débat­tue. On aura fait un grand pas pour notre pays. Que ce soit l’ha­bi­tude au parle­ment et que le billet soit écrit par un colla­bo­ra­teur parle­men­taire n’est peut être pas un hasard. On ne mesure pas tout le mal que font pour la percep­tion de la démo­cra­tie ces atti­tudes de godillot ou la procé­dure de vote de groupe du Sénat.

    Puisqu’on parle du monde de l’en­tre­pre­na­riat : dans le monde des star­tup on dit souvent qu’une idée ne vaut pas grand chose, c’est la mise en oeuvre qui compte. Parfois la phrase est racon­tée autre­ment : l’idée c’est moins de 1% de la valeur, le reste c’est la réali­sa­tion.

    Alors, si, au lieu de regar­der d’où vient l’idée, on discu­tait de pourquoi et comment la mettre en oeuvre ?

    Et au final, si l’en­tre­pre­na­riat à l’école était une idée de droite, ça chan­ge­rait quoi ? Elle devien­drait de fait une mauvaise idée à combattre ?

  • TLS par défaut

    Il ne fallait qu’une heure pour le faire mais je ne l’avais jamais inves­tie jusqu’à présent. C’est main­te­nant fait : Cet espace utilise une connexion HTTP sécu­ri­sée par défaut.

    Le lien HTTP non sécu­risé redi­rige direc­te­ment vers la partie sécu­ri­sée. Cette dernière envoie l’entête HSTS pour bloquer ce choix.

    Remon­tez-moi toute diffi­culté.

  • 6 – Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance

    Dans la même série, en préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance

    Il est facile de critiquer les réac­tion­naires au chan­ge­ment profond qu’a­morce le passage à l’im­ma­té­riel, mais propo­ser mieux est diffi­cile. Alors, on fait quoi ?

    À court terme nous avons des tenta­tives comme les offres d’abon­ne­ment, mais c’est oublier que pour l’ins­tant les modèles sur la musique ou la vidéo sont encore loin d’être des succès pour autre chose que les inves­tis­seurs en bourse. Ça restera de toutes façons un compro­mis qui risque de ne pas être suffi­sant.

    Pour ce long terme j’ai d’un côté des réformes du droit d’au­teur comme une limi­ta­tion à 10 ou 20 ans après première publi­ca­tion et la léga­li­sa­tion des échanges non marchands. D’un autre côté j’ai l’ar­ri­vée du revenu de base qui sécu­rise et enri­chit la créa­tion elle-même. Pour boucler le tout j’at­tends le retrait des inter­dic­tions de contour­ne­ment des DRM. Malheu­reu­se­ment je n’ai pas tant d’es­poir de voir un jour moi-même un des deux premiers arri­ver, et encore moins les deux. Quand bien même, un tel chan­ge­ment aurait tant d’im­pact sur la société que je suis bien à mal de me rendre compte à quoi elle ressem­ble­rait ensuite ou comment assu­rer la tran­si­tion. Bref, un saut dans l’in­connu.

    Entre temps il est évident que la poli­tique réac­tion­naire nous mène dans le mur et risque de faire des dommages graves. On entre­voit des atteintes aux liber­tés, des surveillances géné­ra­li­sées, une priva­ti­sa­tion des biens communs, une esca­lade dans la repres­sion et une sépa­ra­tion chaque jour plus profonde entre le public et le système.

    Entre temps je maudis autant les acteurs du para­graphe précé­dent que ceux qui pensent pouvoir outre­pas­ser la réalité d’aujourd’­hui en oubliant les lois et la société.

  • 5 – Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance

    En préa­lable à ce billet :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance

    La nouvelle géné­ra­tion baigne dans cette écono­mie d’abon­dance de conte­nus. Copier et diffu­ser se fait à coût virtuel­le­ment nul. On a accès à tout plus ou moins faci­le­ment, et il est évident qu’on ne pourra pas utili­ser tout ces conte­nus. L’enjeu n’est plus de comp­ter mais décou­vrir, de sélec­tion­ner et parta­ger, éven­tuel­le­ment de faire gros­sir encore plus le nombre de conte­nus et de les redif­fu­ser à son tour pour parti­ci­per à l’en­ri­chis­se­ment collec­tif.

    C’est d’ailleurs là que se trompent ceux qui luttent contre la contre­façon. Si la gratuité joue bien entendu un rôle, c’est toute une vision de l’ac­cès et de l’usage des conte­nus qui est diffé­rente sur la nouvelle géné­ra­tion. La lutte contre la contre­façon actuelle revient à expliquer pourquoi payer l’ac­cès au puit chaque matin à une géné­ra­tion qui ne connait que l’eau courante quasi gratuite et qui l’a toujours à portée de main. Ce n’est pas une ques­tion de mauvaise volonté, c’est juste que tout ceci leur semble natu­rel et ils ne le conçoivent proba­ble­ment même plus autre­ment. Ils peuvent s’y contraindre pour un temps, mais pas chan­ger leur façon de voir le monde.

    Être limité en nombre de copie pour un contenu acquis léga­le­ment ? Ne pas pouvoir parta­ger avec son petit ami ? Oubliez l’idée car cela leur semblera toujours illé­gi­time quand bien même on inves­ti­rait encore 10 ou même 100 millions d’eu­ros en commu­ni­ca­tion dans une seconde Hadopi.

    Les verrous seront cassés, les conte­nus copiés et tout ce qu’on obtien­dra c’est un désin­té­rêt irré­cu­pé­rable pour imagi­ner ensemble un autre modèle écono­mique. Nous devrions bien plus inves­tir pour faire muter notre société que pour frei­ner cette révo­lu­tion, car elle ne pourra en aucun cas être stop­pée.

    Il est temps de réflé­chir à notre société dans l’éco­no­mie d’abon­dance. C’est sérieux et nous dépas­sons ici large­ment le domaine du livre, c’est tout le droit d’au­teur qu’il faut à terme repen­ser.


    Dans la même série :

    1. Ne plus comp­ter les livres non lus
    2. Décou­vrir, cet enri­chis­se­ment cultu­rel
    3. Le livre cet objet rare
    4. D’une écono­mie de la rareté à une écono­mie de l’abon­dance
    5. Inéluc­table écono­mie de l’abon­dance (ce billet)
    6. Penser l’éco­no­mie de l’abon­dance