On croit toujours être différent. On l’est toujours, mais ça n’empêche pas les autres d’avoir aussi raison.
J’ai toujours eu travail et passion dans l’informatique, dans le web. Mon relationnel aussi. J’ai fait le sourd quand on me disait que je ne devais pas faire d’informatique pour me détendre.
J’ai eu raison, car c’est aussi là que j’ai tant reçu et tant pu faire. Mais j’ai eu tort, en ce qu’une fois le trop plein arrivé il ne reste plus rien pour souffler.
Je me suis fixé un vieil objectif que j’ai repoussé depuis de nombreuses années, hors informatique. Je crois que j’ai besoin, pour moi, d’y avancer.
Je l’ai juste fait tard. Maintenant j’ai un mur à franchir au lieu d’une colline à gravir, et c’est loin d’être gagné, mais je ne peux plus me permettre d’échouer à le franchir.
Plus j’avance plus je me rends compte que je qualifie les gens d’abord sur un critère : En cas de besoin, mon interlocuteur a-t-il plus tendance à se sacrifier pour autrui ou à sacrifier autrui pour lui-même ?
Certes, posée ainsi la question est vague, trop sujette au contexte, voire caricaturale – classer les gens dans des cases l’est toujours – mais je ne peux m’empêcher de voir très peu de gens dans la zone grise. Tout juste quelques uns ont peut être une réaction différente envers les gens qu’ils connaissent et envers les inconnus, mais je n’en suis même pas certain.
Qu’êtes-vous prêt à faire pour autrui ?
Si quelqu’un vous a donné rendez-vous dehors, qu’il est en retard, qu’il pleut à verse, et que vous auriez aimé être ailleurs : attendez-vous cinq minutes ? dix ? une heure ? une après-midi ?
Je suis de ceux qui vont non seulement attendre toute l’après midi sous la pluie, mais qui en plus vont retourner inquiet et tenter de joindre leur interlocuteur non pour se plaindre mais pour proposer leur aide, car à mon sens l’absence ne peut relever que d’un fait sérieux et grave.
Souvent pour la même raison, ceux qui sont prêts à donner d’eux-même sont ceux qui auront tous les scrupules à demander aux autres. On peut parler de timidité mais ça va plus loin que ça. Chérissez ces gens là, car ce sont eux qui font la beauté de notre monde.
Je ne leur reproche pas, mais je tisse difficilement de relation avec ceux qui ne penchent pas instinctivement du même côté que moi. Ce n’est même pas une question de réciprocité, juste que tôt ou tard cette relation rend difficile de tenir mes propres valeurs.
Je vois trop d’articles ainsi, et beaucoup sur la question de la dangerosité du vélo. Jouer avec les statistiques c’est bien, mais il faut un minimum de mise en contexte si on ne veut pas raconter n’importe quoi.
Ainsi, 80% des accidents mortels ont lieu entre véhicules motorisés uniquement. Alors convaincu?
Pas du tout. Quelle est la proportion de véhicules motorisés et non motorisés sur la route ?
Les véhicules motorisés ont beau faire 80% des accidents mortels, si au final ils représentent plus de 80% de la circulation – ce qui est probable – ils peuvent tout à fait être en fait *moins* dangereux que les autres.
En fait c’est encore plus complexe car ici on parle des accidents entre véhicules motorisés *uniquement*. Il faudrait plutôt comparer d’un côté ceux qui se font « avec un véhicule motorisé » et de l’autre ceux qui se font « avec un vélo ». Bien entendu certains compteront dans les deux catégories. Ou, suivant ce qu’on veut calculer, regarder en fonction du responsable de l’accident.
72% des piétons sont blessés par une voiture, quand seulement 2% le sont par un cycliste
Ok, maintenant le vélo représente-t-il plus ou moins de 2% de la circulation ? S’il représente plus de 2% de la circulation, alors on peut considérer qu’il est moins dangereux pour les piétons. Si à l’inverse il représente moins de 2% de la circulation, alors on peut considérer qu’il est *plus* dangereux qu’un autre moyen de transport.
Pour aller même plus loin, si la voiture représente plus de 72% de la circulation et qu’en même temps le vélo en représente moins de 2%, le vélo serait même plus dangereux qu’une voiture pour les piétons.
L’article n’a aucun chiffre sur les proportions de circulation. Je n’en ai pas plus. Je ne sais pas si le vélo est dangereux ou pas, pour lui ou pour les autres, avec casque ou sans casque.
La chose que je sais c’est que rien dans les chiffres donnés ne permet de tirer une quelconque conclusion à ce niveau. Toutes les affirmations et argumentations de l’article source présentent le même défaut d’analyse statistique : Utiliser des chiffres absolus sans mise en contexte.
J’aime bien citer une superbe (fausse) argumentation dans le même genre :
Je vous recommande de mettre des chemises au boulot, car il y a beaucoup plus d’accidents du travail graves sur des gens en tshirt que sur des gens en chemise.
Bien entendu avec la mise en contexte on se rendra compte que les gens en chemise sont généralement dans les bureaux et que les ouvriers ou personnes faisant des travaux risqués portent habituellement des tshirts (mise en contexte), que la proportion d’accident est liée au type d’activité et non à l’habillement (causalité vs corrélation)… mais tout ça n’est qu’un détail.
J’ai un vieux projet photo qui me tient beaucoup à coeur et que je tente de poursuivre activement cette année. Je bloque malheureusement pour trouver démarcher celle qui pourrait m’aider en jouant le jeu et passant sous l’objectif.
Un appel public n’est probablement pas adéquat mais je me dis que ça peut permettre d’établir un contact auquel je n’aurai pas pensé de moi même.
Pas de contrainte particulière, même géographique, et certainement pas celle de ressembler aux femmes des magazines. Par contre je souhaite quelqu’un que je connais, avec j’ai ou je peux établir une relation de confiance.
C’est sibyllin mais j’en discute ensuite plus en détail avec qui ne se sent pas contre participer. Merci.
On a joué avec le feu à monter les uns contre les autres. Aujourd’hui, quand on parle de religion et de laïcité, j’ai peur des fondamentalistes.
J’ai peur de ces fondamentalistes qui cherchent à imposer leur croyance religieuse et à faire disparaitre les autres de l’espace public.
J’ai peur de ces fondamentalistes qui croient que toute croyance différente est forcément un danger critique pour le pays, la population, pour l’ordre public.
J’ai peur de ces fondamentalistes qui vont jusqu’à vouloir interdire les croyances qui ne sont pas les leurs, interdire d’en parler en public, interdire d’en porter tout symbole.
J’ai très peur d’eux, et de leur vision extrémiste de la laïcité. Ils prônent un « don’t show, don’t tell » qui rappelle un peu trop un ancien « don’t ask, don’t tell ». Ils ne sont finalement pas différents des autres fondamentalistes qu’ils disent combattre.
Parce qu’il semble qu’il faille le rappeler : Interdire l’expression de sa religion en public n’est pas plus légitime ou acceptable qu’interdire l’expression de ses croyances politiques, de ses croyances écologiques, de ses croyances musicales, ou d’une quelconque autre croyance. Si vous pensez que la religion est dangereuse et différente en elle-même, c’est en soi une croyance, votre croyance.
Pensez aussi que prétendre assurer la libre croyance tout en imposant un code vestimentaire en public – car interdire certains symboles ou vêtements, ce n’est pas autre chose – c’est justement ce qui se faisait en Iran et dans quelques autres pays.
À ceux qui veulent s’engager tout de même sur ce terrain, pensez que cela violerait très clairement la Convention européenne des droits de l’Homme. Je vous invite donc à soupeser très longuement l’opportunité d’aller remettre en cause ce texte si fondamental, où chaque modification devra être pensée avec mille précautions et discutée avec 1500 groupes aux avis divergents, pas tous avec les mêmes croyances que vous. Le moins amusant c’est qu’on risque même d’en sortir avec une version plus religieuse qu’avant, si on en croit la volonté de rappeler des racines religieuses dans les textes fondamentaux européens.
Entre temps, à titre de rappel, la laïcité, telle qu’elle est définie dans nos textes en France, est un concept qui s’impose à l’État – et par extension éventuellement aux représentants de celui-ci, pas le citoyen. En fait, ce qui concerne le citoyen c’est justement l’obligation pour l’État de lui garantir la libre expression et le libre exercice de sa religion – et pas uniquement en privé. Bref, exactement l’opposé de ce que ce nouveau fondamentalisme qui se réclame de la laïcité essaye d’imposer.
Thierry Crouzet répond, en parlant d’algorithmes. Je ne comprends pas cette vision et ce vocabulaire technique.
On copie. Pas d’algorithme ou de magie à l’oeuvre du point de vue utilisateur. Copier on le fait déjà avec des images, avec du texte, avec de la musique. On l’a toujours fait.
On avait peur de l’imprimerie quand elle est arrivée. Plus tard on a eu peur de la radio, avec des contenus gratuits ça serait la mort de la production phonographique. Puis on a eu peur des cassettes audio, puis des mêmes en vidéo, du photocopieur, du graveur de CD, du rattrapage TV.
Non, ce qui arrive n’est pas l’effet de bord de la révolution numérique. Ce qui arrive est l’évolution naturelle de notre société, continue depuis des siècles. Le fait qu’on travaille avec du numérique n’est pas plus structurant que le fait qu’on ait travaillé avec des photocopieurs il y a 50 ans ou avec du plomb il y a 100 ans.
Je ne dis pas que le partage numérique à grande échelle ne va rien changer – au contraire – mais d’une part il faut arrêter de croire que la présence de contenus gratuits va diminuer d’autant le budget culturel – le passé a prouvé plusieurs fois que ce n’était pas le cas – d’autre part affirmer que la rémunération à la copie est indispensable est fortement méconnaitre notre histoire : Ce modèle actuel de rémunération à la copie est tout récent, la part la plus importante de notre culture s’est forgée dans d’autres modèles.
Pour la suite, désolé, mais je ne comprends pas l’argumentation qui veut amalgamer les caisses automatiques, le trading haute fréquence et le droit de partager un livre numérique à son voisin. Je ne dis pas que ce sujet est inintéressant, mais ça n’a un peu rien à voir à mon humble avis.
Quand on parle de copie de contenus culturels on ne parle pas d’automatisation d’un travail manuel, on parle d’équilibre entre l’intérêt individuel de l’auteur (et de la chaîne d’édition/production) et entre l’intérêt collectif de la société. C’est un sujet qui n’est pas léger, mais ce n’est « que » ça : un équilibre à trouver.
Interdire les copies ? C’est changer l’équilibre pour se rapprocher de l’intérêt individuel (puisque des copies et des prêts on en a toujours eu même avant le numérique).
Laisser faire les copies ? C’est laisser l’équilibre dériver vers le collectif. C’est une direction qui est prise depuis des dizaines ou des centaines d’années, bien avant le numérique, mais qui fait un bon inimaginable aujourd’hui.
La question est juste là. Où se situe l’équilibre entre l’individuel et le collectif ? Celui qui croit avoir une réponse simple a probablement mal compris la problématique.
Notre justice est folle. Bon, celle des US, mais ça aurait pu se passer ici.
No-ip est un service qui permet à des internautes de donner un nom public à leurs machines personnelles pour pouvoir y accéder facilement depuis Internet. On parle de millions d’utilisateurs.
Ce service a été anecdotiquement utilisé par des logiciels malveillants pour infecter des machines sous Microsoft Windows.
Réaction : Microsoft s’adresse à la justice pour faire cesser le problème (plus exactement ici : filtrer les accès malveillants et réussir à en tracer l’origine). La justice lui délègue totalement la gestion des noms de domaine No-ip correspondants.
Bien entendu Microsoft n’a pas eu l’infrastructure suffisante pour gérer le trafic et le service No-ip s’est partiellement écroulé, laissant les utilisateurs dans le noir.
À vrai dire tout se serait bien passé que le scandale serait quand même là. La justice vient de donner à Microsoft, qui n’est pas ciblé par les attaques informatiques mais uniquement concerné indirectement parce que ça exploite des failles de son OS, l’accès aux noms de domaine d’une société tierce à qui on ne reproche rien.
Avec ça Microsoft contrôle (et ici a fait s’écrouler) le business d’un tiers, peut en tracer le volume, les clients, les services utilisés, etc. Sans compensation aucune.
Tout ça sans même avoir contacter No-ip pour tenter de résoudre le problème en collaboration initialement.
Je note ici autant pour ceux qui ne connaissent pas que pour mon moi de plus tard : Autoprefixer, qui prend une CSS classique et qui ajoute les versions préfixées utiles pour les différents navigateurs.
Ça ne le fait pas bêtement, genre pour flexbox ça sait gérer les différences de syntaxes. Bref : utile.
Le web a un historique avec beaucoup de mises en page fixes. On allait jusqu’à indiquer en bas de page avec quel taille et quelle résolution d’écran il fallait pour consulter le site dans les meilleures conditions.
C’était déjà difficilement tenable avant, mais l’arrivée des tablettes et smartphones a totalement changé la donne. Depuis, c’est le terme « responsive web design » qui représente l’état de l’art : des mises en page dynamiques qui s’adaptent à toutes les tailles d’écran et une majorité des tailles de caractères.
Photo sous licence CC par Jean Cotchin
La littérature est en train de vivre une bascule similaire avec le numérique : Les livres, au moins la littérature classique, s’adapte à l’écran et à la taille de caractères choisies. Dans le format EPUB on parle de reflow.
Là où je suis perplexe, c’est devant l’arrivée des EPUB à mise en page fixe. D’une part parce qu’ils ont tendance à bêtement remplacer le PDF, sans réelle valeur ajoutée. Même contraintes, moins de compatibilité avec les lecteurs actuels, pas vraiment plus standard vue le nombre de directives propriétaires.
Je reste heureux de savoir que c’est du zip + html + css, parce que ça s’embarquera plus facilement sur le web dans le futur, mais je ne peux m’empêcher d’être dubitatif sur les raisons pragmatiques qui peuvent pousser à remplacer du PDF par de l’EPUB à mise en page fixe.
Photo sous licence CC par antjeverena
Mais surtout j’ai l’impression que l’édition va encore une fois à rebours de l’histoire du web. Pourquoi vouloir faire de la mise en page fixe ?
Des contenus graphiques, parfois extrêmement complexes, le web en a plus d’un, et les solutions pour les vues adaptatives existent. Parfois ce n’est pas simple, souvent ça demande un véritable travail de création, mais on y arrive.
On me cite Apollinaire, et l’adaptation est ici extrêmement limitée car l’objectif est de respecter une oeuvre ancienne qui ne bougera pas. C’est un exemple qui reste toutefois exceptionnel.
Des livres photo, des livres techniques, des livres pour enfants, des livres illustrés, des guides de voyage… tout ça existe sur le web, en adaptatif. Les deux seules raisons que je vois pour faire de la mise en page fixe sont le coût et la compatibilité.
Sauf que si on ne veut pas investir dans la création numérique – ce qui me semble être un problème non seulement pour l’avenir mais aussi pour le présent proche vu que le numérique représente déjà plus de 30% du livre aux États Unis – et qu’on souhaite une compatibilité maximale… le PDF convient très bien. En fait il convient bien mieux.
Et même là, une majorité de ce que je vois en mise en page fixe serait assez « simple » – toutes proportions gardées – à faire en adaptatif. Il n’y a qu’à… C’est d’autant plus vrai qu’on s’oriente vers un avenir où les lecteurs EPUB sont basés sur des navigateurs web tout ce qu’il y a de plus modernes, en fait la même base que Chrome ou Safari.
Il y a même probablement parfois moyen de faire de l’adaptatif qui dégrade très bien sur les lecteurs qui ne savent relire que du bête texte. Tout reste encore à inventer.
Photo sous licence CC par Len Matthews
En fait il y a une troisième raison que je vois très bien : Les éditeurs ont toujours pensé des mises en page fixes jusqu’à présent, des graphismes qui ne souffrent d’aucune adaptation après impression, que tout le monde voit exactement pareil.
C’est un vrai changement de paradigme qu’il faut pour accepter des adaptations, des compromis, que ce ne sera pas exactement pareil partout. Ce changement d’état d’esprit a mis longtemps à s’imposer sur le web. C’est juste dommage qu’on recommence à zéro sur le livre, voire un peu en dessous de zéro.