Auteur/autrice : Éric

  • C’est l’édi­teur qui fait la litté­ra­ture

    Tous les textes ne sont pas des livres. C’est l’édi­teur qui fait la litté­ra­ture.

    Mais surtout, on a besoin de cette média­tion [de l’édi­teur], pour se recon­naître, soi-même, comme auteur, et pour savoir que son texte est vrai­ment un livre.

    Ah cette petite phrase de la Ministre de la Culture qui a fait coulé tant d’en­cre…

    Certes l’idée expri­mée a du sens et ne mérite pas le ridi­cule : Le regard de l’autre et la recon­nais­sance de l’autre font souvent partie du chemin pour recon­naitre la valeur de son propre travail, ou aident à le parcou­rir.

    C’est pour­tant aussi un symp­tôme plus profond. Il y a derrière une ques­tion de classe sociale et de recon­nais­sance sociale. Là prend tout son sens la notion de l’édi­teur comme auto­rité établie pour faire la diffé­rence entre les auteurs et les Auteurs.

    Il y a les vrais avec une majus­cule et vali­dés par un éditeur, puis il y a les autres qui écrivent aussi mais qu’on ne peut quand même pas consi­dé­rer de la même façon. Chacun sa place ! L’idée trans­pa­rait très bien dans les propos de Jean-Marie Cavada au parle­ment euro­péen.

    La hiérar­chie entre les romans de gare et ce qui se veut grande litté­ra­ture n’est pas si loin. Elle a juste changé de visage. Quand la notion d’au­teur commence à inté­grer un juge­ment sur le contenu, sur le mérite ou sur une échelle de recon­nais­sance, on ne parle plus de créa­tion cultu­relle mais d’ordre social.

    Parti de cet axiome, on comprend bien mieux le niveau et la forme d’in­ter­ven­tion publique dans la culture et la radi­ca­li­sa­tion systé­ma­tique du droit d’au­teur : Toute diffu­sion large ou peu chère est une atteinte à cette hiérar­chie de classe, à ceux qui se voient au dessus ou à ceux qui valident cette struc­tu­ra­tion.

    Le fait que le droit d’au­teur profite aussi à tout un chacun est juste un effet de bord dans ce qui n’est fina­le­ment qu’une lutte des classes.

    Si on parle de perte de valeur et d’en­cou­ra­ger la créa­tion, on discute en réalité de domi­na­tion et de sacra­li­sa­tion. C’est encore plus flagrant quand on regarde ces mêmes discus­sions en vue d’ac­cords inter­na­tio­naux : Il y a ceux qui luttent pour créer et diffu­ser. En face il y a ceux qui luttent pour contrô­ler l’ac­cès et la recon­nais­sance.

    Je ne dis pas que cette façon de voir est consciente ou majo­ri­taire, mais elle fait bien trop souvent surface depuis quelques temps parmi ceux qui fina­le­ment décident de orien­ta­tions et équi­libres de la créa­tion et du droit d’au­teur. Les consé­quences ne sont pas insi­gni­fiantes.

  • Tenter de passer sous l’objec­tif

    Je n’ai pas d’ex­pé­rience, ne ressemble pas aux maga­zines, mais j’ai­me­rai bien traver­ser l’ex­pé­rience d’être sous l’objec­tif d’un photo­graphe expé­ri­menté.

    Si l’idée vous inté­resse ou peut inté­res­ser une de vos connais­sance, n’hé­si­tez pas à venir discu­ter de votre projet avec moi.

    (je réside en région lyon­naise, mais tout peut s’étu­dier)

  • Trois choses sur lesquelles vous devriez copier Google

    • Takeout : Pouvoir télé­char­ger toutes vos données dans un format stan­dard via un gros fichier zip.
    • Vali­da­tion en deux étapes : La possi­bi­lité d’im­po­ser un aller-retour par SMS ou l’uti­li­sa­tion d’une appli­ca­tion smart­phone en plus du mot de passe, pour sécu­ri­ser correc­te­ment votre compte.
    • Gestion­naire de compte inac­tif : Un système pour donner accès à vos données à une personne dési­gnée à l’avance si jamais votre compte devient inac­tif trop long­temps (avec une alerte pour vous permettre d’an­nu­ler l’opé­ra­tion juste avant qu’elle inter­vienne).

    Parce que pouvoir critiquer ce qui ne va pas implique aussi de pouvoir montrer ce qui est bien fait.

  • Infor­ma­tions person­nelles pour les sites e-commerce

    J’ai­me­rai tant un site e-commerce qui ne me deman­de­rait pas de créer un compte pour faire un achat. Qu’il me soit obli­ga­toire de décli­ner nom et adresse pour par exemple ache­ter un livre en ligne… est plus que gênant

    Je regarde la super lampe déco, je clique sur « ache­ter », je saisis une éven­tuel­le­ment adresse de livrai­son, puis mon numéro de carte bancaire, je valide, et voilà !

    Je n’ai pas besoin de plus pour ache­ter mon pain à la boulan­ge­rie, un lit ou une armoire dans mon maga­sin de meuble, ou un livre à ma librai­rie. Tout ce qui vient en plus avant la fina­li­sa­tion de la commande me fera fuir.

    Parce qu’il y a parfois un besoin d’une rela­tion après vente, je peux comprendre qu’on me demande aussi un numéro de télé­phone ou un email, même si ce n’est pas stric­te­ment néces­saire. On pourra m’y envoyer un jeton d’ac­cès pour me relier à mes commandes ou m’au­then­ti­fier si besoin.

    Je ne vois aucune raison incon­tour­nable d’im­po­ser la saisie de plus d’in­for­ma­tions [en fait si, voir commen­taires]. Je n’ai ni besoin d’un compte ou d’un mot de passe, ni besoin de décli­ner mon iden­tité.

    Rien n’em­pêche de propo­ser la saisie de bien plus d’in­for­ma­tions, mais après la commande, et de façon tota­le­ment option­nelle.

  • Loi Macron : un réduc­tion d’im­pôts de 900 millions d’eu­ros

    Diffi­cile de s’y retrou­ver dans la loi Macron, car il y a tout et n’im­porte quoi […] mais il y a un article de loi injus­te­ment méconnu : il s’agit de l’ar­ticle 34 sur l’al­lè­ge­ment de la fisca­lité des actions gratuites. […]

    « Actuel­le­ment impo­sable à l’im­pôt sur le revenu selon les règles de droit commun appli­cables aux trai­te­ments et salaires, la valeur de ces actions sera désor­mais impo­sée selon les prin­ci­pales moda­li­tés appli­cables aux plus-valeurs mobi­lières »

    […] cela signi­fie que les actions gratuites béné­fi­cie­ront d’un abat­te­ment de 50% avant impo­si­tion, ce qui réduit de moitié l’im­po­si­tion. […]

    « Les conseils d’ad­mi­nis­tra­tion des entre­prises du CAC 40 ont voté, en 2014, l’at­tri­bu­tion d’ac­tions gratuites pour un montant de 6,4 milliards. Et, dans l’im­mense majo­rité des cas, à leurs cadres diri­geants les mieux payés ».

    Le capi­ta­lisme qui se renforce lui-même, comme un objec­tif en soi. Si on te donne une part du capi­tal, c’est aux frais de l’État, qui rece­vra moins d’im­pôts.

    Bien entendu, vu qu’on parle d’im­pôts sur le revenu, ça ne peut allé­ger que la moitié la plus riche de la popu­la­tion (l’autre ne gagne pas assez pour en payer), et même proba­ble­ment le décile le plus haut quand on parle de rému­né­ra­tion en actions.

    Les star­tup servi­ront proba­ble­ment de justi­fi­ca­tion, mais pour ça il y a les BSPCE (bons de sous­crip­tion pour créa­teurs d’en­tre­prise). Non, ça va servir surtout aux diri­geants de grandes entre­prises. Tiens, un exemple avec un scan­dale récent, celui de la CDC Entre­prise.

    Source sur poli­tique.net.

  • Never trust a corpo­ra­tion to do a library job

    For years, Google’s mission inclu­ded the preser­va­tion of the past. […]

    In the last five years, star­ting around 2010, the shif­ting prio­ri­ties of Google’s mana­ge­ment left […] archi­val projects in limbo, or aban­do­ned enti­rely.

    On parle de la plus grande archive Usenet de l’époque, de Google Books qui tentait de scan­ner tous les livres de la planète pour archive, ou de la News Archive qui gardait des histo­riques de presse ayant jusqu’à 200 ans d’an­cien­neté.

    Two months ago, Larry Page said the compa­ny’s outgrown its 14-year-old mission state­ment. Its ambi­tions have grown, and its prio­ri­ties have shif­ted. […]

    As it turns out, orga­ni­zing the world’s infor­ma­tion isn’t always profi­table. Projects that preserve the past for the public good aren’t really a big profit center. Old Google knew that, but didn’t seem to care.

    Tout est dans le titre : Never trust a corpo­ra­tion to do a library job.

    The Inter­net Archive is mostly known for archi­ving the web, a task the San Fran­cisco-based nonpro­fit has tire­lessly done since 1996, two years before Google was foun­ded.

    Archives du web, mais aussi audio et vidéo diverses, musiques, films, enre­gis­tre­ments TV, livres et même vieux logi­ciels.

    Le problème c’est que notre société a tendance à consi­dé­rer que tout doit être rentable, que si ça a un inté­rêt de le faire alors ça doit pouvoir être vendu et géré par une société privée. Même l’État se désin­té­resse au fur et à mesure de ses missions légi­time en calcu­lant la renta­bi­lité finan­cière des projets.

    Nous faisons de l’ar­chéo­lo­gie pour connaitre notre passé, mais jetons notre présent au lieu de l’ar­chi­ver, alors que c’est tech­nique­ment faisable, et poli­tique­ment souhai­table.

  • Mensonges sur le dimanche

    [Nous allons] accor­der des déro­ga­tions au repos domi­ni­cal […] pour éviter un préju­dice « au public » ou « au fonc­tion­ne­ment de l’en­tre­prise ». Avant le critère juri­dique c’était : « si cela ne portait pas préju­dice »… aux sala­riés ».

    Le glis­se­ment est très symp­to­ma­tique, et est plutôt la norme ces dernières années. La société doit passer par l’éco­no­mie et le déve­lop­pe­ment des entre­prises, avec le postu­lat que ça rejaillira forcé­ment en posi­tif sur les citoyens eux-même.

    Au final c’est l’in­té­rêt des proprié­taires d’en­tre­prises qui prévaut sur celui de l’en­semble des citoyens. Gênant, pour ne pas dire plus.

    Dans ces « zones touris­tiques inter­na­tio­nales », la loi décide que, dans ces zones, la nuit commence après 24 h, il sera possible de bosser jusqu’à 23 h 59 en « soirée ». Seule « contrainte » : l’em­ployeur « veille » à ce que le sala­rié « dispose d’un moyen de trans­port pour rega­gner son domi­cile ». Qui y croit une seconde ?

    On ne libère rien. Il aurait été possible d’au­to­ri­ser le travail de nuit jusqu’à 23h59 dans ces zones. On a préféré recu­ler la nuit. Astuce admi­nis­tra­tive qui n’a qu’un seul avan­tage : reti­rer des protec­tions aux sala­riés.

    Quant à s’as­su­rer qu’il existe un moyen de trans­port, n’y voyez aucune action posi­tive. Ça veut juste dire que l’em­ployeur refu­sera d’em­ployer un candi­dat qui n’a pas le permis voiture, et ça même si se garer dans ces zones sans payer une fortune est juste inac­ces­sible pour le vendeur payé au lance-pierre.

    La loi [ne] fixe AUCUNE [majo­ra­tion de salaire pour travail le dimanche]. Le projet Macron renvoie au « dialogue social » aléa­toire

    … c’est à dire au rapport de force patro­nat / syndi­cat, pas très équi­li­bré en ce moment dans le domaine du commerce de détail. À la loi du plus fort quoi…

    Cita­tions de Gérard Filoche, avec les même préci­sions qu’hier.

  • Ayez envie de deve­nir milliar­daires

    Deve­nez milliar­daires ! Il y a 78 milliar­daires en France, le record d‘Eu­rope.

    Ce chiffre d’un un relief parti­cu­lier à tous les cris contre les impôts, les charges sociales et le système français qui ferait fuir tous les riches dont on a besoin pour la France. Il faut croire que…

    Le travail n’en­ri­chit personne, c’est l’ex­ploi­ta­tion du travail des autres qui enri­chit. Et pour s’en­ri­chir au point d’être milliar­daires il faut avoir pillé abusi­ve­ment des milliers de travailleurs pendant des géné­ra­tions !

    Il y a de quoi discu­ter en dessus, mais les faits sont têtus : La plupart des milliar­daires ont hérité d’une fortune consé­quente. Les quelques rares autres sont à la tête d’en­tre­prises dont une grosse partie de la richesse se base sur les salaires peu élevés des travailleurs à la base de la pyra­mide. En fait c’est souvent les deux à la fois.

    80 milliards de fraude fiscale « offi­cielle » recon­nue par Bercy […]

    Il suffit d’em­bau­cher 2000 inspec­teurs des impôts, des centaines d’in­for­ma­ti­ciens, de faire un pont d’or aux jour­na­listes d’off­shore-leaks, de prendre les mesures légales pour traquer la fraude, et d’avoir la volonté poli­tique d’af­fron­ter l’oli­gar­chie, les 1 %, les 58 socié­tés qui trichent…

    Nous avons choisi. Nous recru­tons des milliers de consul­tants Pôle Emploi pour contrô­ler que nos chômeurs culpa­bi­lisent bien de leur statut. Ques­tion de choix.

    Cita­tions tirées de Gérard Filoche

    (Je rappelle que je mets ici des commen­taires ou réac­tions à certaines de mes lectures, pour les parta­ger, pour enclen­cher des discus­sions, pour réflé­chir, pour fixer par écrit des pensées. Il n’y a aucun soutien, aucune caution ou ni aucune affi­lia­tion autres que ce que j’écris expli­ci­te­ment)

  • Pagi­na­tion sans limit ni offset

    TL;DR: La pagi­na­tion c’est bien™, le faire avec des para­mètres limit/offset c’est mal™.

    C’est très simple à expliquer : Si les données sont mises à jour entre deux requêtes d’une même pagi­na­tion, au mieux vous manquez des données et en visua­li­sez d’autres en double, au pire vous corrom­pez tous vos calculs.

    Hyper­me­dia

    La solu­tion magique c’est que vos API retournent un nombre limité de résul­tats avec des liens dans les entêtes, proba­ble­ment un rel=next pour les données suivantes et/ou un rel=prev pour les données précé­dentes. Le client n’a qu’à suivre les liens.

    En pratique

    OK, je triche parce que je n’ex­plique rien, alors je vais prendre un exemple : Un hypo­thé­tique client Twit­ter sur une hypo­thé­tique API Twit­ter (je m’au­to­rise donc à ne pas préci­ser ce qui se fait sur les API actuelles).

    Lorsque Twit­ter vous retourne les 100 derniers tweets de votre time­line avec les iden­ti­fiants 3245 à 3566, il peut vous renvoyer deux liens dans les entêtes :

    • Un rel=last qui mène en fait vers l’exacte requête que vous avez faite mais avec en plus un para­mètre since_id=3566. Quand vous voudrez rafrai­chir votre time­line, il vous suffira de suivre le lien. Il vous retour­nera les nouveaux messages jusqu’au 3566 non compris, mais jamais ceux que vous avez déjà reçu.
    • Un rel=prev qui mène vers l’exacte même requête que vous avez faite, mais avec en plus un para­mètre max_id=3245. Quand vous voudrez aller cher­cher les messages plus anciens, il vous suffira de suivre le lien.

    Si vous suivez un rel=prev après avoir suivi un rel=last vous fini­rez avec un lien qui contient et un since_id et un max_id, vous assu­rant de combler les trous que vous avez dans votre time­line, sans jamais renvoyer un message en double ni en oublier.

    Si vous souhai­tez faire une synchro­ni­sa­tion complète, il suffit de stocker tous les liens rel=prev que vous rece­vez dans une liste, et d’al­ler les suivre un à un à la fréquence que vous souhai­tez. Vous pouvez avoir un autre fil d’exé­cu­tion en paral­lèle qui suit le rel=last de temps en temps (il n’y en aura qu’un seul à la fois, vous en aurez un nouveau à chaque fois que vous suivez le précé­dent).

    Bon, dans la vraie vie vous aurez géné­ra­le­ment un rel=next (messages juste suivants) plutôt qu’un rel=last (derniers messages), mais Twit­ter est parti­cu­liers : Ça va si vite qu’en géné­ral la prio­rité est d’avoir les derniers messages à date, quitte à géné­rer des trous dans la time­line qui seront comblés plus tard.

    Twit­ter est aussi facile parce qu’on trie toujours pas date, et que l’iden­ti­fiant unique de chaque message est toujours ordonné lui aussi. Ailleurs on utili­sera peut être la date de dernière modi­fi­ca­tion comme pivot pour gérer la pagi­na­tion. L’im­por­tant est que le critère de tri soit cohé­rent avec la donnée utili­sée comme pivot

     

  • Non, le tirage au sort n’est pas repré­sen­ta­tif

    J’avais travaillé les aspects du tirage au sort dans le cadre d’une réflexion sur la démo­cra­tie dans un groupe poli­tique. Je pose ça là quelques temps après, un peu refor­mulé :

    On nomme X personnes d’une popu­la­tion donnée par tirage au sort. Ces personnes votent et tombent d’ac­cord à 55% contre 45%. Peut-on consi­dé­rer qu’ils repré­sentent la popu­la­tion d’ori­gine ?

    Mathé­ma­tiques

    Tout ça sont des mathé­ma­tiques bien connues des insti­tuts de sondage. On y parle de marge d’er­reur et d’in­dice de confiance :

    • Une marge d’er­reur de ±5pt, c’est dire que le vote direct de la popu­la­tion d’ori­gine aurait proba­ble­ment donné un score quelque part entre 50% et 60% et pas forcé­ment de 55%.
    • Un indice de confiance de 95%, c’est dire qu’il y a 95% de chances que la popu­la­tion d’ori­gine serait effec­ti­ve­ment restée dans la marge d’er­reur donnée, et 5% de chances que le résul­tat aurait été tout autre (mais poten­tiel­le­ment *vrai­ment* tout autre).

    Je tiens à insis­ter sur le fait qu’une marge d’er­reur de ±5pt ça reste énorme. N’im­porte quelle déci­sion vali­dée ou reje­tée par moins de 55% des tirés au sorts n’au­rait que peu de valeur. Et des déci­sions qui arrivent avec moins de 55%, c’est quand même fréquent…

    Idem, un indice de confiance de 95% c’est plutôt bon, mais ça laisse quand même 1 chance sur 20 de dire n’im­porte quoi. C’est loin d’être négli­geable : Vous joue­riez des déci­sions impor­tantes sur un dé à 20 faces vous ?

    Des exemples

    Répondre à la ques­tion d’ori­gine demande de connaitre le nombre de personnes tirées au sort et la taille de la popu­la­tion d’ori­gine.

    Je vous propose de fonc­tion­ner à l’in­verse : En fonc­tion de la taille de la popu­la­tion d’ori­gine et de la préci­sion souhai­tée, combien de personnes devrions-nous tirer au sort ? Atten­tion ça pique…

    Popu­la­tion d’ori­gine Préci­sion de ±5pt à 95% Préci­sion de ±2pt à 95% Préci­sion de ±2pt à 99%
    100 79 96 98
    500 217 414 446
    1000 277 706 806
    5000 384 1622 2271
    10000 384 1936 2938
    100000 et + 384 2401 4160

    Autant dire que le tirage au sort au sein d’un groupe de moins de 100 person­nes… autant réunir tout le monde ou tirer les déci­sions à pile ou face, ça revien­dra au même. Même au sein de groupe de 1000 personnes, il faut en réunir plus du quart pour avoir un semblant de préci­sion.

    Si vous voulez tran­cher des ques­tions qui divisent à presque égalité avec un bon indice de confiance, là vous pouvez oublier tout de suite, sauf à réunir 10 000 personnes dans une très grande salle.

    Si vous ne prévoyez pas au moins quelque chose de simi­laire, votre tirage au sort n’a pas beau­coup de chances d’être repré­sen­ta­tif. Si vos déci­sions ne sont pas binaires, si les avis doivent être nuan­cés, s’il y a un biais parce que certains accep­te­ront d’être nommé et d’autres décli­ne­ront, ou si certains tirés au sort ne votent pas, alors c’est encore pire.

    Alors ?

    L’his­toire ne dit pas si le tirage au sort est une bonne idée ou pas. Tout dépend des tâches qui sont dévo­lues aux personnes nommées ainsi, s’il y a une étape de vali­da­tion externe, s’il y a des contre-pouvoirs, s’il y a une censure possible, etc.

    Ce qui est certain c’est que sauf à faire des réels parle­ments de grande taille au sein de groupes eux aussi impor­tants, le tirage au sort a peu de chances d’être la solu­tion à un manque de repré­sen­ta­ti­vité.

    Le tirage au sort est aléa­toire, il ne crée pas une répar­ti­tion homo­gène, et n’a même que très peu de chances de le faire.