Auteur/autrice : Éric

  • « mais c’était pour un test » – Cera Inte­rac­tive

    @CeraIn­te­rac­tive « Avec vos photos, on n’a pas envie de deman­der un devis pour un site mais plutôt : « c’est combien ? » »

    Adressé à un groupe de profes­sion­nels. Polé­mique s’en est suivie, assez agres­sive envers l’agence Cera Inte­rac­tive.

    Voilà qu’aujourd’­hui les mêmes publient deux pages sur leur analyse d’un bad buzz (résumé : ça améliore le réfé­ren­ce­ment), décla­rant que tout ceci n’était pas un déra­page de leur part mais une étude scien­ti­fique.

    Mettons qu’on les croit, et qu’on lise plus loin :

    Il est évident, et nous le crions bien haut et fort, que ce type de compor­te­ment est complè­te­ment inac­cep­table hors contexte.

    Bien sûr, cette expé­rience a occa­sionné des dégâts colla­té­raux qui étaient prévi­sibles mais qui vont être immé­dia­te­ment répa­rés par nos excuses auprès de cette inter­naute accu­sée injus­te­ment de faire commerce de son corps. […] nous espé­rons sincè­re­ment que tout ce ramdam voulu et anti­cipé n’a pas causé trop de tort aux personnes concer­nées […] veuillez accep­ter nos franches excuses.

    Sauf que non, ce type de compor­te­ment est complè­te­ment inac­cep­table. Dans tous les contextes, celui-ci compris.

    Vous venez juste de montrer que pour vous une étude réduite de deux pages justi­fiait d’inju­rier ainsi des tiers qui n’ont rien demandé et de leur porter un préju­dice que vous décri­vez vous-même comme prévi­sible.

    Bref, vous ne venez pas de montrer vos compé­tences en commu­ni­ca­tion de crise (d’au­tant que fran­che­ment… votre réac­tion…), vous venez juste de montrer votre absence d’éthique et de respect d’au­trui.

    Et si vous croyez que des excuses réparent tout, surtout formu­lées ainsi  – c’est à dire sans regret d’avoir procédé ainsi mais unique­ment pour la forme de poli­tesse en croyant que ça va tout éteindre – vous êtes de bien mauvais conseils en commu­ni­ca­tion.

    Et oui, écrire ce billet c’est aussi un peu entrer dans leur jeu, et ils se font un plai­sir de renvoyer vers leur liste de profils qui réagissent aux bad buzz, mais ne rien dire c’est aussi dire que ce type de compor­te­ments est accep­table et que les auteurs s’en sorti­ront sans dommage.

  • Une initia­tive avor­tée pour réduire l’at­tente des étran­gers en préfec­ture

    Pour qu’ils évitent d’at­tendre des heures dans le froid ou la nuit, un ingé­nieur à la retraite a distri­bué lundi des tickets numé­ro­tés aux étran­gers venus renou­ve­ler leur titre de séjour à la préfec­ture du Rhône, ce qui lui a valu de passer une heure au commis­sa­riat.

    Le service n’ouvre qu’à 8h30 mais à 4h du matin, ils font déjà la queue devant la préfec­ture, certains avec des chaises. Ils atten­dront parfois huit heures sur le trot­toir pour obte­nir un ticket qui leur permet­tra d’en­trer.

    Il faut dire qu’à la préfec­ture du Rhône c’est une situa­tion quasi idylique même avant ça. Dans d’autres préfec­tures il faut faire la queue depuis la veille au soir, quel que soit le temps ou la tempé­ra­ture, pour avoir une chance (non garan­tie) d’avoir accès au guichet… où on vous dira peut être qu’il manque un papier.

    Bref, le retraité a pris sur lui de consi­dé­rer ça comme inhu­main et a orga­nisé les choses, de lui-même, sans causer le moindre trouble.

    Lors d’une confé­rence de presse dans l’après-midi, le préfet Jean-François Carenco l’a traité d’ »hurlu­berlu » qui « veut faire le boulot du préfet ». « Chacun chez soi et les vaches seront bien gardées« , a-t-il ironisé en menaçant : « s’il veut le faire, il le fera en taule« .[…]

    « Nous ne sommes pas au super­mar­ché du titre de séjour« , « est-ce que faire la queue pour être en France c’est un drame ? La réponse est non« , a conclu le préfet.

    Comprendre : Au mieux l’hu­mi­lia­tion et les condi­tions inhu­maines arrangent bien l’idéo­lo­gie de la faute aux migrants. Au pire c’est ainsi à dessein.

    — via France Info mais la situa­tion des étran­gers aux préfec­tures est décrite régu­liè­re­ment un peu partout

  • Laïcité, nom de la liberté reli­gieuse

    1– La Répu­blique assure la liberté de conscience. Elle garan­tit le libre exer­cice des cultes […]

    2– La Répu­blique ne recon­naît, ne sala­rie ni ne subven­tionne aucun culte. […]

    Le texte fonda­teur de la laïcité c’est ça. Rien de plus (si on omet tous les détails de comment on va gérer la sépa­ra­tion entre la reli­gion et l’État, autre­fois liés).

    Ce sont des contraintes appor­tées à l’État, et unique­ment à celui ci. On peut éven­tuel­le­ment étendre ces contraintes aux repré­sen­tants de l’État mais le simple citoyen n’a lui aucune contrainte.

    L’idée c’est de sépa­rer la reli­gion de l’État, pour reti­rer l’in­fluence du premier sur le second et garan­tir la neutra­lité de l’État, au béné­fice du citoyen. Il ne s’agit pas de reti­rer la reli­gion au citoyen, ni de le gêner ou de le contraindre à ce niveau en quoi que ce soit. Si vous commen­cez à vouloir faire porter des règles au citoyen au nom de la laïcité, vous êtes déjà hors piste.

    La laïcité n’a jamais eu pour rôle de faire entrer tout le monde dans le même moule et de frei­ner les mani­fes­ta­tions reli­gieuses des citoyens. Quand vous voulez inter­dire à des adultes de porter un voile, à des citoyens de prier dans la rue, à des enfants d’avoir accès au menu alter­na­tif qu’ils ont toujours eu, ne cachez pas vos desseins derrière votre mauvaise inter­pré­ta­tion du prin­cipe de laïcité : Ce n’en est pas.

    Mieux : l’État garan­tit au citoyen le libre exer­cice de son culte. Garan­tir, le mot est fort, et c’est dans l’ar­ticle 1. Ça veut aussi dire la libre mani­fes­ta­tion de cette reli­gion en public (dans les limites du respect de l’ordre et des droits d’au­trui), y compris à des fins de prosé­ly­tisme (parce que si quelqu’un a droit de tenter de vous convaincre d’une opinion poli­tique, il en va juste­ment de même d’une opinion reli­gieuse). Pour ceux qui en doutent, la Décla­ra­tion Univer­selle des Droits de l’Homme est encore plus claire :

    18– Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de reli­gion ; ce droit implique a la liberté de chan­ger de reli­gion ou de convic­tion ainsi que la liberté de mani­fes­ter sa reli­gion ou sa convic­tion seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’en­sei­gne­ment, les pratiques, le culte et l’ac­com­plis­se­ment des rites.

    Rien que ça.

    Non, ça ne donne pas droit à un menu alter­na­tif au porc à la cantine. L’ab­sence de telles alter­na­tives serait juste dommage, voire incom­pré­hen­sible quand elles concernent une part signi­fi­ca­tive des enfants, mais tout à fait légale. Par contre, quand on retire des menus alter­na­tifs exis­tants, ce n’est pas de la laïcité, c’est un simple acte de rejet qui se pare de jolis atours. Que ces alter­na­tives soient moti­vées par des croyances reli­gieuses, des gouts person­nels ou par des impé­ra­tifs de santé importe peu. La ques­tion est de savoir si on souhaite faire des cas parti­cu­liers ou pas.

    Par contre oui, ça donne droit à porter le voile à l’uni­ver­sité, dans la rue, et même à la mairie ou à la biblio­thèque muni­ci­pale. L’in­ter­dic­tion à l’école avec est justi­fiée par la pres­sion sur des mineurs qui ne sont pas encore en pleine capa­cité d’exer­cer leur libre juge­ment. L’in­ter­dic­tion du voile inté­gral en public est  – maladroi­te­ment – justi­fiée pour des ques­tions d’ordre public. Il est juste extrê­me­ment impro­bable qu’on arrive à faire de telles pirouettes pour étendre ces contraintes au voile simple dans l’es­pace public. Nos insti­tu­tions judi­ciaires veille­raient au respect des droits de l’Homme, renver­sant toute tenta­tive d’in­ter­dic­tion, et c’est tant mieux.

  • Quand le pdg d’Air France divague sur les acquis sociaux

    [Il] enchaîne sur un sujet que l’on pensait désor­mais impos­sible à remettre en cause : l’in­ter­dic­tion du travail des enfants. Mais mani­fes­te­ment, pour le patro­nat décom­plexé, aucun sujet n’est tabou. « Je me suis penché sur l’évo­lu­tion du travail des enfants. On a d’abord inter­dit aux enfants de moins de huit ans de travailler, puis l’in­ter­dic­tion a été portée à douze ans, puis à seize. (…) Qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? Est ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr »,[…]

    Reve­nant sur son expé­rience de patron d’Air France, Alexandre de Juniac se met à expliquer les effroyables contraintes auxquelles il est soumis. Sans possi­bi­lité d’agir sur le prix du kéro­sène, ou sur les tarifs des rede­vances aéro­por­tuaires, sa seule marge de manœuvre, explique-t-il, « c’est le coût du travail ». Tout cela impose, selon lui, de « mettre des limites aux acquis sociaux », d’au­tant qu’il faut faire face à une concur­rence redou­table, avec d’un côté les compa­gnies low cost et de l’autre les compa­gnies du Golfe. Ni les unes ni les autres ne sont bridées par le droit social, à l’en­tendre.

    Se sentant porté par son sujet, le pdg d’Air France ne peut s’em­pê­cher alors de racon­ter une anec­dote, qui mani­fes­te­ment lui tient à cœur : « Comme le disait mon homo­logue de Qatar Airways hier à propos de la grève, “M. de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison” », raconte-t-il d’une mine gour­mande, sous les applau­dis­se­ments de la salle. C’est dire combien la France est défa­vo­ri­sée ! Et le Qatar est un si bel exemple ! Les sala­riés émigrés, trai­tés comme des esclaves, y meurent par tombe­reaux sur les chan­tiers.

    — Media­part, à partir d’en­re­gis­tre­ments vidéos publiés

    Si vous ne croyez pas à la lutte des classes (peut être pas celle de la grande époque des syndi­cats, mais au moins sa décli­nai­son moderne avec le 1‰ qui domine les entre­prises), vous devriez y regar­der à deux fois cas si nous sommes ici dans un excès, la posi­tion de fond est en fait assez repré­sen­ta­tive de ce que j’ai vu de mes propres yeux plus d’une fois.

    La compé­ti­ti­vité et la renta­bi­lité sont l’al­pha et l’omega qui justi­fient l’as­ser­vis­se­ment des 99,9%. Ils ne se rendent même pas compte du déca­lage qu’ils ont avec le reste de la popu­la­tion et certains croient même méri­ter leur distinc­tion.

  • Paypal Cuts Off Mega Because It Actually Keeps Your Files Secret

    MEGA has demons­tra­ted that it is as compliant with its legal obli­ga­tions as USA cloud storage services opera­ted by Google, Micro­soft, Apple, Drop­box, Box, Spide­roak etc, but PayPal has advi­sed that MEGA’s « unique encryp­tion model » presents an insur­moun­table diffi­culty.

    […]

    And, this all goes back to this dange­rous effort by the White House a few years ago to set up these « volun­tary agree­ments » in which payment compa­nies would agree to cut off service to sites that the enter­tain­ment indus­try decla­red « bad. » There’s no due process. There’s no adju­di­ca­tion. There’s just one indus­try getting to declare websites it doesn’t like as « bad » and all payment compa­nies refu­sing to serve it. This seems like a pretty big problem.

    — Tech­dirt

    Quand les proces­sus extra-judi­ciaires deviennent le moyen d’ac­tion de prin­cipe, que ce soit aux USA ou en France, l’État de droit est un loin­tain souve­nir.

    Quand le chif­fre­ment de bout en bout motive de couper les vivres, nous avons à nous inquié­ter, quoi qu’on pense de Mega ou de son contenu.

  • Compa­rai­son de peines

    Parce qu’à la fois ça ne veut rien dire et qu’il est impos­sible de juger à partir de 5 lignes de presse, à la fois ça semble telle­ment symp­to­ma­tique de l’ordre habi­tuel des choses…

  • Couvrez ce voile que je ne saurais voir

    Et puis c’est un raccourci un peu rapide et dange­reux de consi­dé­rer que le voile est *for­cé­ment* un signe d’as­ser­vis­se­ment alors que la mini-jupe voire la nudité serait *for­cé­ment* une preuve de liberté.

    Il y a 11 planches de BD, et ça dit exac­te­ment ce que je n’ai person­nel­le­ment jamais su expri­mer correc­te­ment. Merci Julie

  • Mettre en produc­tion le vendredi

    L’idée de base c’est que s’il se passe quelque chose d’im­prévu, les veilles de jours chômés sont les moins bons jours pour cela.

    Au pire on ne le détecte pas et on a une catas­trophe à gérer au retour. Au mieux on le détecte et on fait inter­ve­nir les personnes d’as­treinte. Dans les cas inter­mé­diaires il faut faire déran­ger l’équipe opéra­tion­nelle pendant les jours de repos, ce qui n’est pas idéal non plus. Rien de très atti­rant.

    Et s’il y a des centaines de mini-déploie­ments réus­sis par jour ? des tests unitaires, un déploie­ment auto­ma­tisé, un triple envi­ron­ne­ment iso dev / test / prod, une capa­cité de reve­nir à la version anté­rieure sur simple requête, et un moni­to­ring complet … ?

    Génial. C’est un bon objec­tif qui améliore sacré­ment le niveau de confiance.

    Main­te­nant on ne parle pas niveau de risques, on parle équi­libre de risques. Si le risque d’em­mer­de­ment est faible mais que le béné­fice d’une livrai­son le vendredi soir plutôt que le lundi matin est encore plus faible… autant attendre.

    Cet équi­libre seul vous pouvez le connaitre, mais ne vous leur­rez pas quant à votre couver­ture de test. Elle ne couvre que ce que vous avez pensé à couvrir. La ques­tion n’est pas de savoir si vous aurez des problèmes mais de quand vous les aurez, et dans quelles condi­tions.

    Du coup oui, j’ai tendance à conseiller par défaut d’évi­ter de livrer dans les périodes qui arrangent le moins. Les fins de jour­née les veilles d’opé­ra­tions tech­niques plani­fiées impor­tantes, vendre­dis après midi, veilles de jours chômés, et quelques dates très spéci­fiques genre autour de Noël pour le e-commerce.

    Ça ne veut pas dire « on ne bosse pas » (on peut même livrer en pré-produc­tion), ça ne veut même pas dire « on ne livre pas » (parfois le rapport béné­fice/risque est assez haut, par exemple pour des correc­tifs), ça veut juste dire « ne pas faire comme si rien ne pouvait se passer » et garder une vision objec­tive de la situa­tion – impact d’un imprévu compris.

  • AT&T To Match Google Fiber In Kansas City, Charge More If You Want Privacy

    The company plans to charge $70/month for giga­bit service, but that’s a subsi­di­zed price. Subsi­di­zed by what, you ask? Your privacy. AT&T says if you want to opt out of letting them track your brow­sing history, you’ll have to pay $29 more per month. They say your infor­ma­tion is used to serve targe­ted adver­ti­sing, and includes any links you follow and search terms you enter.

    L’in­for­ma­tion n’est pas surpre­nante par son contenu mais par ses chiffres. Vos infor­ma­tions person­nelles valent 30€/mois d’après AT&T, unique­ment pour mieux cibler les publi­ci­tés (ça laisse donc entre­voir le gain des publi­ci­tés elles-mêmes, forcé­ment supé­rieur)

    — via Slash­dot

  • Frais des dépu­tés : l’As­sem­blée rate sa réforme

    Quelque 40 millions d’eu­ros d’argent public sont ainsi distri­bués chaque année aux dépu­tés. Certains thésau­risent beau­coup, voire s’en­ri­chissent

    Les dépu­tés n’ont même pas à justi­fier quoi que ce soit sur l’uti­li­sa­tion des fonds. Le scan­dale est connu. Tout le monde s’ac­corde à dire qu’il faut agir.

    Au Royaume-Uni, pour des détour­ne­ments plus anec­do­tiques que ceux qu’on craint chez nous, il y a eu des démis­sions et tout un système de véri­fi­ca­tion détaillé des notes de frais.

    Pas ici. Alors pour les dépu­tés (les mêmes que plus haut, qui pour certains s’en­ri­chissent)…

    À l’ar­ri­vée, le bureau de l’As­sem­blée a prévu, sans rire, que chaque député four­ni­rait une « décla­ra­tion sur l’hon­neur qu’il a utilisé l’IRFM (…) confor­mé­ment aux règles établies ». En cas de soupçons (déclen­chés par on ne sait trop qui, lettre anonyme ou média), le président de l’As­sem­blée pourra tout de même saisir le déon­to­logue « d’une demande d’éclair­cis­se­ments ».

    Parce qu’en France on ne rigole pas avec les détour­ne­ments de fonds publics et la déon­to­lo­gie.

    via entre autres Media­part, article payant