Catégorie : Technique

  • Pour une éduca­tion numé­rique

    L’ar­ticle de Slate ne va pas loin (oui, je sais, cette phrase est un lieu commun) mais le fond me semble des plus impor­tants. Apprendre à program­mer, sera aussi essen­tiel pour l’au­to­no­mie et pour progres­ser demain que ça ne l’écri­ture, la lecture et les mathé­ma­tiques de base pour nos parents ou grands parents.

    Ceux qui savent program­mer seront indé­pen­dants pour réali­ser toutes leurs tâches quoti­diennes. Tout ce qu’ils feront, person­nel­le­ment et profes­sion­nel­le­ment sera numé­rique. Les feuilles de calcul, les tableaux de données et les fichiers texte seront leur lot quoti­dien. Pouvoir faire quelques lignes de code pour extraire leurs infor­ma­tions, auto­ma­ti­ser des trai­te­ments, ou simple­ment manier comme ils souhaitent la profu­sion de données auxquelles ils doivent faire fasse, c’est essen­tiel.

    Nous n’en sommes qu’aux prémisses et pour­tant, comme beau­coup d’in­for­ma­ti­ciens, je me demande régu­liè­re­ment comment font les gens « normaux » pour être auto­nomes sur leurs petites tâches quoti­diennes. Certaines choses sont simple­ment faites en plus de temps, d’autres sont lais­sées pour compte. Aujourd’­hui ces échecs quoti­diens ne provoque pas encore de frus­tra­tion car l’usage de la program­ma­tion n’est même pas envi­sagé ; l’aide d’un infor­ma­ti­cien est vue comme une baguette magique. Demain, avec le tout numé­rique, personne ne sera dupe.

    Mieux, la program­ma­tion leur permet­tra aussi de créer, de ne pas se satis­faire de ce qui existe déjà, de parti­ci­per à l’in­no­va­tion, et de simple­ment n’être limi­tés que par eux-même. N’est-ce pas ce qu’on souhaite pour nos géné­ra­tions futures ?

    Apprendre les rudi­ments de la program­ma­tion aux enfants peut paraitre exagéré mais l’objec­tif n’est pas d’en faire des déve­lop­peurs de métier, pas plus que mes parents n’ont souhai­tés me faire écri­vain ou mathé­ma­ti­cien.

    POURTANT ÇA EXISTait DÉJÀ

    À quel âge faut-il commen­cer ? dans quel cadre ? ce qui est certain c’est que l’ap­proche d’aujourd’­hui, apprendre à se servir de l’ou­til via des logi­ciels tout faits, ne peut que mener à une impasse.

    Je me rappelle que j’étais un privi­lé­gié à avoir gouté aux MO5 ou TO7, avec l’uti­li­sa­tion de Logo pour faire bouger une petite tortue à l’écran, en primaire, à l’école publique. J’ai l’im­pres­sion que ces initia­tives n’existent plus. On préfère faire des mises en gardes concer­nant Face­book, la propriété intel­lec­tuelle ou montrer comment se servir de MS Word à des élèves qui en maitrisent bien plus l’usage d’une façon que réprou­ve­rait n’im­porte quel infor­ma­ti­cien.

    À côté de ça le projet OLPC pour l’Afrique promeut l’usage de Python. Ça n’a l’air de rien, mais si cette tendance se confirme, nous vivrons au crochet de l’Afrique dans quelques géné­ra­tions, à moins qu’on ne conti­nue à les assujet­tir à l’aide des dettes et autres produits finan­ciers (et qu’on reste donc dans du perdant-perdant)

    Un plan numé­rique

    Le pire c’est que les lycéens voire collé­giens qui apprennent d’eux même à faire du PHP ce n’est pas rare. L’école les freine au lieu de les y inci­ter.

    C’est d’un vrai plan numé­rique dont nous avons besoin, un plan qui ne soit pas basé sur de l’équi­pe­ment en tablettes, sur l’usage de logi­ciels en tant qu’ou­tils bloqués, et à partir de profes­seurs qui ne gèrent aucu­ne­ment ces outils.

    Voilà quelques pistes :

    • Éveil à la program­ma­tion en primaire, appren­tis­sage sérieux au collège
    • Inté­gra­tion de la program­ma­tion comme outil au lycée pour toutes les disci­plines (trai­ter des données en histoire-géogra­phie, faire des analyses statis­tiques en français, mathé­ma­tiques, physique, etc.)
    • Utili­sa­tion de logi­ciels, langages et outils sous licence libre (c’est indis­pen­sable pour l’au­to­no­mie)
    • Encou­ra­ger la copie et le travail sur docu­ments, parce que dans un monde d’abon­dance d’in­for­ma­tion et de connais­sance, le tri, la réflexion et le trai­te­ment de l’in­for­ma­tion sont les réels enjeux
    • Dans le même esprit, favo­ri­ser et répandre les travaux et examens où l’ac­cès aux docu­ments est auto­risé voire encou­ragé, parce que ce qui est jugé ne doit pas être la capa­cité à apprendre par coeur et à rete­nir
  • Feds Seized Hip-Hop Site for a Year, Waiting for Proof of Infrin­ge­ment

    S’il fallait encore des exemples des dangers des filtrages et autres inter­rup­tions admi­nis­tra­tives de sites Inter­net, malgré la débacle austra­lienne, en voici un nouveau : Feds Seized Hip-Hop Site for a Year, Waiting for Proof of Infrin­ge­ment

    Un site mis hors ligne par déci­sion admi­nis­tra­tive sans mise en accu­sa­tion ni procès, pendant plus d’un an, sur demande non moti­vée d’en­tre­prises privées, puis retourné à son proprié­taire sans expli­ca­tion autre que l’ab­sence de charges.

    Sur un tout autre plan, le désor­mais célèbre megau­pload ne sera fina­le­ment pas mis en accu­sa­tion. Le site a été mis hors ligne, la boite a été tuée, les données légales et payées proba­ble­ment perdues, tout ça sur ordre des auto­ri­tés US et au final des juges améri­cains avouent qu’il n’y aura certai­ne­ment pas de procès car rien dans toute cette histoire n’est soumis à la loi US. Quoi qu’on pense du site en ques­tion, la possi­bi­lité de tels actes unila­té­raux et sans moti­va­tion judi­ciaire fait froid dans le dos.

  • Extraire la couver­ture d’un fichier ePub

    Les ePubs ont déjà pas mal d’his­to­rique et d’im­plé­men­ta­tions diver­gentes. Je fouillais ces jours ci les diffé­rentes méthodes pour trou­ver l’image de couver­ture. J’ai proba­ble­ment du louper des choses, mais ça servira proba­ble­ment à d’autres.

    Avant toute chose, il faut ouvrir l’ePub à l’aide de unzip

    unzip exemple.epub

    Puis repé­rer l’adresse de l’OPF dans le fichier META-INF/container.xml. Atten­tion à ne pas recher­cher manuel­le­ment un fichier content.opf à la racine de l’ePub. Si c’est souvent là qu’il se trouve, ce n’est pas toujours le cas.

    L’adresse de l’OPF est dans l’at­tri­but @full-path de la balise <rootfile> avec le media-type « appli­ca­tion/oebps-packa­ge+xml ». S’il existe plusieurs corres­pon­dances, c’est la première qui doit être utili­sée.

    <?xml version="1.0"?>
    <container version="1.0"
    xmlns="urn:oasis:names:tc:opendocument:xmlns:container">
    <rootfiles>
    <rootfile full-path="Ops/content.opf"
    media-type="application/oebps-package+xml"/>
    </rootfiles>
    </container>

    C’est dans ce fichier OPF que tout va se passer. Voici mes quatre méthodes pour trou­ver les couver­tures, à essayer par ordre de prio­rité :

    1– Recher­cher une balise <meta> avec pour nom « cover ». Si elle existe, son contenu réfé­rence la balise <item> qui contient la couver­ture.

    En XPath, le chemin de la couver­ture donne­rait quelque chose comme //item[id=//meta[name='cover']/@content]/@href

    <?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
    <package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="2.0" unique-identifier="BookId">
    <metadata xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf">
      <meta name="cover" content="img1"/>
    </metadata>
    <manifest>
    <item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml"/>
    <item id="style" href="style.css" media-type="text/css"/>
    <item id="id1" href="1.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <item id="id2" href="2.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <!-- ... -->
    <item id="id13" href="13.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <item id="img1" href="images/img1.jpg" media-type="image/jpeg"/>
    <item id="img2" href="images/img2.jpg" media-type="image/jpeg"/>
    </manifest>
    </package>

    2– Recher­cher, dans la liste des <item> celui qui a « cover-image » dans son attri­but @properties. Il faut regar­der l’en­semble de l’at­tri­but. Ce dernier peut conte­nir plusieurs valeurs sépa­rées par des espaces.

    En XPath ce serait quelque chose de proche de //item[@properties and contains(@properties,'cover-image')]/@href

    <?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
    <package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="2.0" unique-identifier="BookId">
    <metadata xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf"></metadata>
    <manifest>
    <item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml"/>
    <item id="style" href="style.css" media-type="text/css"/>
    <item id="id1" href="1.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <item id="id2" href="2.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <!-- ... -->
    <item id="id13" href="13.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <item properties="cover-image" id="img1" href="images/img1.jpg" media-type="image/jpeg"/>
    </manifest>
    </package>

    3– Recher­cher, dans la liste des <reference> du <guide>, la première avec « cover » comme attri­but @type. Le fichier réfé­rencé pourra être un fichier XHTML. Dans ce cas je consi­dère comme couver­ture la première <img> de taille égale ou supé­rieure à 200×200 pixels (oui, c’est moche, mais je n’ai pas trouvé mieux).

    En XPath ce serait quelque chose de proche de //reference[@type='cover']/@href en n’ou­bliant pas ensuite qu’on obtient un fichier XHTML et non une image.

    <?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
    <package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="2.0" unique-identifier="BookId">
    <metadata xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf"></metadata>
    <manifest>
    <item id="ncx" href="toc.ncx" media-type="application/x-dtbncx+xml"/>
    <item id="style" href="style.css" media-type="text/css"/>
    <item id="id1" href="1.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    <!-- ... -->
    <item id="id13" href="13.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    </manifest>
    <guide>
    <reference type="cover" title="Cover image" href="1.html"/>
    </guide>
    </package>

    4– Enfin, à défaut de mieux, je descend les trois premiers <item> du <manifest> jusqu’à trou­ver une <img> de taille égale ou supé­rieure à 200×200 pixels (oui, c’est encore plus moche que précé­dem­ment, je sais)

    <?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
    <package xmlns="http://www.idpf.org/2007/opf" version="2.0" unique-identifier="BookId">
    <metadata xmlns:opf="http://www.idpf.org/2007/opf"></metadata>
    <manifest>
    <item media-type="application/x-dtbncx+xml"id="ncx" href="toc.ncx" />
    <item media-type="text/css" id="style" href="style.css" />
    <item media-type="application/xhtml+xml" id="id1" href="1.html" />
    <item media-type="application/xhtml+xml" id="id2" href="2.html" />
    <item media-type="application/xhtml+xml" id="id3" href="3.html" />
    <item media-type="application/xhtml+xml" id="id4" href="4.html" />
    <!-- ... -->
    <item id="id13" href="13.html" media-type="application/xhtml+xml"/>
    </manifest>
    </package>

    Malgré cela, certains livres n’ont pas de couver­ture, et d’autres auront une couver­ture SVG qui ne sera pas récu­pé­rable, même si c’est rare. Si vous voulez complé­ter ou préci­ser, n’hé­si­tez pas.

  • Speed Index

    Mesu­rer la perfor­mance a toujours été une gageure. On parle de temps de char­ge­ment total de la page, de char­ge­ment de la page au dessus du pli, de temps de premier rendu, de char­ge­ment asyn­chrone, etc. Bref, nous avons déjà une demi douzaine de mesures, mais toutes qui reflètent un état diffé­rent et peu signi­fi­ca­tif.

    Webpa­ge­test semble être enfin arrivé à défi­nir une mesure qui a du sens et qui prend en compte le char­ge­ment progres­sif des pages. Une page qui se charge à 90% immé­dia­te­ment mais qui a un petit bout qui n’ar­rive que bien après reste plus inté­res­sante que celle qui se charge globa­le­ment plus vite mais où tout arrive d’un coup.

    Je reste un peu dubi­ta­tif sur comment ça gère les carrou­sels et autres anima­tions, mais ça m’a l’air assez repré­sen­ta­tif du ressenti utili­sa­teur : à tester.

  • Properly Salting Pass­words, The Case Against Pepper

    Bon, tout le monde devrait le savoir, même si mon expé­rience récente me montre qu’un rappel n’est pas inutile :

    • On ne stocke pas les mots de passe en clair, on les crypte
    • On n’uti­lise pas un chif­fre­ment réver­sible mais une fonc­tion de hachage
    • Un simple hachage ne suffit pas, il faut y ajou­ter un salage
    • Le salage doit être diffé­rent pour chaque mot de passe
    • L’al­go­rithme utilisé doit être lent, comme blow­fish par exemple

    Croyez moi, j’ai encore décou­vert il y a peu que non seule­ment ce n’était pas évident pour tout le monde mais que certains refusent de consi­dé­rer un simple stockage sous forme md5 sans salage comme une erreur et un problème poten­tiel de sécu­rité.

    Mais plus que tout ça, pour moi la règle de base c’est « ne jouez pas avec la sécu­rité ». Si vous n’êtes pas un expert dans la ques­tion : ne créez rien et n’im­plé­men­tez rien vous-même, utili­sez des biblio­thèques de codes toutes faites.

    Et par pitié, ne tentez pas d’amé­lio­rer les choses

    En jouant sur l’in­tui­tion, vous avez toutes les chances d’ar­ri­ver à un résul­tat opposé à celui que vous espé­rez.

    Dans le texte du jour à lire, Properly Salting Pass­words, The Case Against Pepper, nous avons un superbe exemple que je tente d’ex­pliquer en vain à chaque fois qu’on lève le sujet :

    Pour « amélio­rer » la sécu­rité, en plus du salage géré par l’al­go­rithme, propre à chaque mot de passe, certains cherchent à ajou­ter un second salage, global à l’ap­pli­ca­tion. L’idée est que le salage présent à côté du mot de passe dans la base de données ne suffit pas, il faudrait en plus connaitre le salage global utilisé par l’ap­pli­ca­tif, et donc profi­ter d’une faille de sécu­rité plus impor­tante afin d’ex­ploi­ter quoi que ce soit.

    L’idée semble bonne, intui­ti­ve­ment. Malheu­reu­se­ment vous n’êtes proba­ble­ment pas un expert sur l’al­go­rithme blow­fish. Vous ne *savez* pas si ajou­ter le même salage en début ou en fin du mot de passe avant de l’en­voyer à blow­fish ne risque pas de réduire la sécu­rité du résul­tat. Oh, vous avez proba­ble­ment l’in­tui­tion que ce n’est pas le cas, voire vous en êtes certains, mais aucune docu­men­ta­tion de sécu­rité recon­nue comme étant d’au­to­rité ne le précise expli­ci­te­ment.

    Vous en êtes à l’in­tui­tion et vous avez une chance sur deux de vous plan­ter. Au final, est-ce vrai­ment un bon pari ? Ça pour­rait l’être si l’état de l’art du stockage des mots de passe était fran­che­ment insuf­fi­sant et s’il n’y avait aucune méthode stan­dard pour l’amé­lio­rer. Ici il est probable que vous ne soyez pas encore à l’état de l’art (n’uti­li­se­riez-vous pas sha1 ou md5 ?) et cet état de l’art est proba­ble­ment suffi­sant si vous utili­sez suffi­sam­ment d’ité­ra­tions.

    Mais plus que cette ques­tion du double salage, qui est une mauvaise idée pour ce que vous et moi en savons, c’est toute l’im­plé­men­ta­tion que vous ne devriez pas toucher. Utili­sez une biblio­thèque de code éprou­vée, ou mieux : une fonc­tion prévue pour. En PHP nous avons « crypt », qui avec avec l’al­go­rithme blow­fish et suffi­sam­ment d’ité­ra­tions, rendra votre stockage des mots de passe bien plus solide que tout le reste de votre appli­ca­tion.

  • Le logi­ciel de télé­pho­nie mobile qui défie le contrôle des États

    On avance lente­ment, lente­ment. Côté infor­ma­tique cela fait des années que tout devrait être chif­fré et décen­tra­lisé. On sait faire, il ne reste qu’à passer quelques limi­ta­tions admi­nis­tra­tives désuètes et mettre un peu de promo­tion.

    Serval est inté­res­sant mais fina­le­ment il y aurait plus effi­cace à mettre en œuvre à court terme : un chif­frage de bout en bout de la commu­ni­ca­tion.

    Mail, messa­ge­rie, télé­pho­ne… plus rien ne devrait être sans chif­frage. Les risques de dérive on les connait et on les a subit maintes et maintes fois. Les « terro­ristes » eux, savent déjà faire, ce n’est pas le problème.

    Le logi­ciel de télé­pho­nie mobile qui défie le contrôle des États

  • Pas de vote élec­tro­nique à ma prési­den­tielle (ni ailleurs)

    N’ou­bliez pas le danger pour la démo­cra­tie que son les ordi­na­teurs de vote. Si les villes françaises semblent s’être calmées, ce n’est que partie remise. Tôt ou tard des poli­tiques voudront montrer combien ils sont modernes et à la page, et les machines à voter diverses refleu­ri­ront.

    La première action c’est de rendre ces machines inutiles et de renfor­cer l’as­pect citoyen des élec­tions : parti­ci­pez au dépouille­ment ! Ça prend une à deux heures mais c’est un exer­cice que tout le monde devrait vivre pour mieux comprendre le prin­cipe de trans­pa­rence de l’élec­tion. Si le dépouille­ment rede­vient un moment fort ou qu’au moins on arrête de manquer cruel­le­ment de personnes, c’est une des justi­fi­ca­tions du vote élec­tro­nique qui dispa­raît.

    La deuxième action, si votre bureau de vote est enta­ché par cette igno­mi­nie, c’est de faire noter au procès verbal sur place tout ce qui est anor­mal : scellé manquant, machine qui fait des bip sans raison, asses­seur qui accom­pagne un élec­teur dans l’iso­loir au moment du vote pour l’ai­der à voter (y compris pour des « bonnes » raison comme la présence d’un non voyant ou d’une personne âgée), inter­ven­tions tech­niques sur la machine ou rempla­ce­ment de l’équi­pe­ment en cours de vote (quelle qu’en soit la raison), heure ou date non inco­hé­rence, machine ouverte, qui ferme mal ou qui n’est pas verrouillée, impos­si­bi­lité de voter blanc/nul, refus de vous lais­ser assis­ter au dépouille­ment (véri­fi­ca­tion des tickets de sortie), affi­chage inco­hé­rent sur la machine, nombre votes et d’émar­ge­ments diffé­rents lors du dépouille­ment, etc.

    Pour les asses­seurs on peut ajou­ter d’autres anoma­lies poten­tielles : vote déjà ouvert à l’ou­ver­ture du bureau de vote, numéro de série ou de version inco­hé­rent avec les numé­ros atten­dus ou certi­fiés (ou impos­si­bi­lité de le véri­fier), urne non vide au démar­rage (ou impos­si­bi­lité de le véri­fier), codes confi­den­tiels non secrets, décompte ou procé­dures non fonc­tion­nels, ou globa­le­ment inca­pa­cité à réali­ser les opéra­tions prévues au code élec­to­ral pour garan­tir le bon dérou­le­ment de l’élec­tion.

    Il manque cepen­dant cruel­le­ment un docu­ment fait par quelqu’un qui connaît bien les textes et qui liste les points perti­nents à surveiller et à faire noter au procès verbal, avec quelles réfé­rences et quel forma­lisme. Les docu­ments qui trainent sur Inter­net sont soit trop vieux soit rédi­gés par des non-juristes (et ça se voit).

    Qui s’en charge ? ordi­na­teurs de vote semble mort et diffi­cile à utili­ser.

  • De l’ap­pren­tis­sage et de l’uti­li­sa­tion du numé­rique

    Fran­che­ment je suis plus que mitigé sur l’ex­pé­rience de ce profes­seur qui a mis sur Inter­net de fausses infor­ma­tions pour prou­ver à ses élèves qu’ils repre­naient n’im­porte quoi sans analyse critique voire sans comprendre.

    J’avais fais une première réponse très néga­tive, avec cita­tions commen­tées, puis je me suis rendu compte que je risquais de passer tout autant à côté du sujet que l’au­teur initial.

    Les numé­rique, le numé­rique, tu sais ce qu’il te dit le numé­rique ?

    Les élèves ont de tout temps repris des infor­ma­tions ou des analyses toutes faites sans filtre person­nel voire sans les comprendre. Avant on les prenait de la sacro-sainte ency­clo­pé­die papier au lieu de wiki­pe­dia, des livres en biblio­thèques au lieu des sites web, des copains et anciens plutôt que des forums et des sites de partages de disser­ta­tion, et on ache­tait des petits livres « fiche de lecture » à 3€ en librai­rie au lieu de faire la même chose sur Inter­net. Si j’osais : même les analyses des profes­seurs sont reprises telles quelles sans compré­hen­sion ni analyse critique.

    Le numé­rique n’a rien changé de ce côté là, sinon faci­li­ter l’ac­cès et le démo­cra­ti­ser (je me rappelle la diffé­rence entre ceux qui ne pouvaient pas ache­ter ces fameuses fiches de lecture ou des livres réfé­rences, et les autres).

    Comme le dit déjà un commen­taire, la même expé­rience aurait été faite en dissé­mi­nant des fausses infor­ma­tions en biblio­thèque et en faisant passer des fausses disser­ta­tions aux anciens et copains des autres classes, on aurait obtenu stric­te­ment le même résul­tat sur la géné­ra­tion précé­dente.

    Accu­ser le numé­rique c’est se trom­per de combat.

    Chan­ger les attentes de forma­tion

    N’ou­blions pas, ces élèves ne sont pas idiots. S’ils ont pris l’ha­bi­tude de copier des analyses toutes faites, c’est parce que c’est ce qui fonc­tionne. Pire, c’est souvent ce qu’on leur demande : Combien j’ai vu de cama­rades en écono­mie apprendre tout par cœur sans rien comprendre, défi­ni­tions et analyses ? Combien j’ai vu de cama­rades à l’oral du bac rabâ­cher et apprendre par cœur l’ana­lyse du cours disant que le héros fait là son parcours initia­tique en pensant à sa condi­tion humaine tout en expri­mant le passé de l’au­teur lors de la guerre et la mort de sa grand mère (et blabla­bla) ?

    Ne vous y trom­pez pas, ce sont ceux qui ont réussi à ressor­tir parfai­te­ment les plans appris en cours qui s’en sont sortis avec les meilleures notes au lycée et au bac.

    Aujourd’­hui l’in­for­ma­tion est partout. Nous n’avons plus des biblio­thèques sacrées et centra­li­sées, remplies et gérées par des doctes. Cet appren­tis­sage basé sur la retrans­mis­sion verba­tim d’un ensei­gnant n’a plus lieu d’être. Désor­mais il faut apprendre à analy­ser, trier, et savoir réflé­chir sur la base de docu­ments et d’in­for­ma­tions courantes.

    Former à l’uti­li­sa­tion du numé­rique plutôt qu’à s’en défier

    Je comprends le profes­seur qui souhaite les voir réflé­chir par eux-même, et donc leur reti­rer les sources de copie poten­tielles pour les forcer à faire un travail person­nel. Je n’adhère pas du tout à la dernière phrase « on ne profite vrai­ment du numé­rique que quand on a formé son esprit sans lui ». On pour­rait l’ap­pliquer pour les livres, ou même les cours du profes­seur. En fait peu importe qu’il ait raison ou tort sur ce point : C’est déjà trop tard. Le numé­rique est là et il ne partira pas.

    Les jeunes utili­se­ront le web et le numé­rique. On peut trou­ver ça bien ou mal, souhai­table ou non, mais c’est une évolu­tion sur laquelle même cet exer­cice n’aura aucune prise. Je n’ai même pas envie de faire un vrai paral­lèle avec le papier parce que les géné­ra­tions précé­dentes avaient encore une rela­tion de distance et de respect pour le papier. Ici le numé­rique ils baignent dedans, c’est leur façon de vivre.

    Plutôt que de cher­cher à leur dire qu’il ne faut pas l’uti­li­ser parce que les sources ne sont pas fiables et leurs esprits pas assez mûrs, il faudrait plutôt les accom­pa­gner pour les aider à faire le tri. Un accom­pa­gne­ment pour exer­cer une acti­vité critique, pour sélec­tion­ner les sources, véri­fier les infor­ma­tions… c’est ça qu’il manque. Où est cette forma­tion ?

    Encou­ra­ger les docu­ments

    Ce qui doit être frap­pant chez les jeunes c’est la croyance des anciennes géné­ra­tions en tout ce qui est dit à la télé­vi­sion ou écrit dans les livres. Ils ont déjà un recul sur tout ça, mais au lieu de les y encou­ra­ger et de former ce recul, l’école à tendance à leur ensei­gner à apprendre par cœur, à répé­ter l’ana­lyse qu’a docte­ment professé l’en­sei­gnant.

    Oui, certes, tous les profes­seurs disent vouloir de l’ana­lyse person­nelle, mais combien sont prêts à accep­ter que l’élève ait une opinion diffé­rente – et de son niveau de matu­rité intel­lec­tuelle – lors des analyses ? Combien auto­risent et incitent à l’uti­li­sa­tion de toutes les sources dispo­nibles pour travailler au lieu d’in­ter­dire tout docu­ment ? Combien sont prêts à dire « non, ce ton ne vient pas de la perte de sa femme qui a effec­ti­ve­ment eu lieu l’an­née précé­dente, mais c’est vrai que ça aurait pu, en fait ça s’ins­pire de … » et valo­ri­ser posi­ti­ve­ment la réponse au moment de la correc­tion ?

    L’élève qui a reco­pié en travaux sur table un site inter­net à partir de son smart­phone, s’il n’avait pas eu à se cacher et si c’était valo­risé, n’au­rait-il pas pu consul­ter cette source, l’ana­ly­ser et en tirer quelque chose de valeur ? d’une valeur proba­ble­ment meilleure que s’il avait réflé­chi seul ? N’est-ce pas ce qu’on attend de lui dans tout le reste de sa vie ? N’est-ce pas même ainsi qu’on fait progres­ser la connais­sance et le savoir, en réuti­li­sant et en ajou­tant plutôt qu’en recréant dans son coin avec des œillères ?

    Chan­ger les menta­li­tés

    L’école a un sacré problème, mais ce n’est ni le numé­rique ni les élèves. D’autres ont commencé : Le Dane­mark auto­rise l’uti­li­sa­tion d’In­ter­net lors d’exa­mens. Où en sommes nous ? La conclu­sion du profes­seur ici semble au contraire être de tenir les élèves éloi­gnés le plus long­temps possible du numé­rique. Il y a comme un déca­la­ge…

    Il est simple­ment temps de passer d’une école qui enseigne le savoir à une école qui enseigne le « savoir savoir ». Et ensei­gner cela sans accé­lé­rer et propa­ger l’ac­cès à toutes les sources de savoir, bonnes ou mauvaises, ça ne fonc­tion­nera pas.

  • La protec­tion du droit d’au­teur, fossoyeur de la liberté d’ex­pres­sion ?

    Pour la deuxième année consé­cu­tive, la France est le seul pays d’Eu­rope, le seul pays occi­den­tal (avec l’Aus­tra­lie), où RSF consi­dère qu’il y a de graves problèmes de liberté sur Inter­net.

    La carte est éclai­rante. Si elle ne vous fait pas hurler, je ne peux plus rien faire.

    La protec­tion du droit d’au­teur, fossoyeur de la liberté d’ex­pres­sion ?

  • Écosys­tème fermé, un piège de plus qui se referme

    Apple ? 30%

    Apple taxe 30% sur tout ce qui se vend sur iPhone et iPad. Ok, on le sait. D’un côté on peut juger que c’est légi­time et qu’ils font ce qu’ils veulent sur leur plate­forme. D’un autre côté, quand on devient domi­nant, ça devient une vraie taxe para­site et forcée pour tous les acteurs.

    Sauf que voilà, l’éco­sys­tème App Store cherche à s’étendre sur les micro-ordi­na­teurs. La prochaine version de Mac OS X aura une option de confi­gu­ra­tion pour restreindre les appli­ca­tions passant par l’éco­sys­tème contrôlé (et donc la taxe Apple de 30%). Probable que ce ne soit qu’une seule option au début, certain que cette option sera acti­vée par défaut un jour proche.

    Google ? vous entrez, vous ne sorti­rez pas

    Côté Google l’op­tion existe déjà sur les télé­phones et tablettes Android, acti­vée par défaut. Ça semble un peu plus libre mais fina­le­ment pour toucher le grand public, en France on se retrouve à Google Play (ex Android Market) ou rien, ou presque, avec toujours une taxe de 30%, mais chez Google cette fois.

    Google a toute­fois été un peu vu comme le libé­ra­teur car on pouvait soumettre des appli­ca­tions gratuites ou peu chères, et vendre du contenu, des exten­sions ou des versions premium par un paie­ment hors de l’éco­sys­tème Google.

    They are not evil, mais ils ne sont pas des anges non plus. C’est même plus insi­dieux car il s’agit de lais­ser faire jusqu’à captu­rer les parts de marché et le public, puis ressé­rer le jeu : On commence à faire pres­sion sur des déve­lop­peurs pour faire appliquer une règle que tout le monde pensait absente ou non appli­cable. Désor­mais il faudra passer par les paie­ments Google Wallet, et la taxe Google de 30%.

    Amazon ? pas mieux

    Dans les deux cas il s’agit unique­ment de construire une posi­tion domi­nante et d’en profi­ter pour taxer toute l’in­dus­trie. Impos­sible de voir autre chose qu’un abus de posi­tion domi­nante et qu’un para­si­tage.

    Lorgnez, les domaines sont diffé­rents mais se ressemblent, Amazon semble réus­sir à construire la même chose dans le domaine du livre. N’ou­bliez-pas, ceci se repro­duira, à chaque fois que nous entre­rons dans un écosys­tème fermé. À chaque fois les gens tombent dans le panneau en croyant à la bonne volonté de ces géants, et à chaque fois ils déchantent.

    Dans tous ces cas il est facile de se lais­ser happer. Une fois le contenu acheté, vous avez le choix de partir et tout perdre ou de rester et de perdre encore plus mais plus tard.

    Mozilla ?

    La seule solu­tion : ne pas entrer dans ces écosys­tèmes fermés et dans une société qui n’a pas un enga­ge­ment de valeur clair. « we are not evil » ne suffit pas, c’est encore trop flou.

    Boot2Ge­cko et le Mozilla market place arrivent, mais c’est encore loin, trop loin. Les gens sont déjà coin­cés avec leur iPad et leur jouet à 500€, ils ne chan­ge­ront pas faci­le­ment, pas rapi­de­ment.

    Il n’est jamais trop tard, mais entre temps nous aurons perdu.