Catégorie : Politique et société

  • Worried about online porn? Don’t regu­late the net – regu­late your kids

    Je n’ai jamais envi­sagé ça ainsi, mais ça prend vite du sens : Le problème avec le Porno c’est qu’on essaye de régu­ler le réseau au lieu de régu­ler les enfants voire les parents.

    Fran­che­ment, est-il sain de brider, surveiller, et modi­fier la nature même du réseau et de ce qu’il peut appor­ter unique­ment pour permettre à des parents d’aban­don­ner leur surveillance et de lais­ser l’ou­til dans les mains de leurs enfants sans avoir à opérer leur rôle ?

    Worried about online porn? Don’t regu­late the net – regu­late your kids

    Jusqu’à présent j’ai toujours consi­déré que le risque était celui d’une domi­na­tion de l’ordre moral mais cela pour­rait être encore plus idiot : Sommes-nous en train de casser ces superbes outils que sont Inter­net et le web juste pour donner un peu plus de confort à quelques uns ?

  • Pour une éduca­tion numé­rique

    L’ar­ticle de Slate ne va pas loin (oui, je sais, cette phrase est un lieu commun) mais le fond me semble des plus impor­tants. Apprendre à program­mer, sera aussi essen­tiel pour l’au­to­no­mie et pour progres­ser demain que ça ne l’écri­ture, la lecture et les mathé­ma­tiques de base pour nos parents ou grands parents.

    Ceux qui savent program­mer seront indé­pen­dants pour réali­ser toutes leurs tâches quoti­diennes. Tout ce qu’ils feront, person­nel­le­ment et profes­sion­nel­le­ment sera numé­rique. Les feuilles de calcul, les tableaux de données et les fichiers texte seront leur lot quoti­dien. Pouvoir faire quelques lignes de code pour extraire leurs infor­ma­tions, auto­ma­ti­ser des trai­te­ments, ou simple­ment manier comme ils souhaitent la profu­sion de données auxquelles ils doivent faire fasse, c’est essen­tiel.

    Nous n’en sommes qu’aux prémisses et pour­tant, comme beau­coup d’in­for­ma­ti­ciens, je me demande régu­liè­re­ment comment font les gens « normaux » pour être auto­nomes sur leurs petites tâches quoti­diennes. Certaines choses sont simple­ment faites en plus de temps, d’autres sont lais­sées pour compte. Aujourd’­hui ces échecs quoti­diens ne provoque pas encore de frus­tra­tion car l’usage de la program­ma­tion n’est même pas envi­sagé ; l’aide d’un infor­ma­ti­cien est vue comme une baguette magique. Demain, avec le tout numé­rique, personne ne sera dupe.

    Mieux, la program­ma­tion leur permet­tra aussi de créer, de ne pas se satis­faire de ce qui existe déjà, de parti­ci­per à l’in­no­va­tion, et de simple­ment n’être limi­tés que par eux-même. N’est-ce pas ce qu’on souhaite pour nos géné­ra­tions futures ?

    Apprendre les rudi­ments de la program­ma­tion aux enfants peut paraitre exagéré mais l’objec­tif n’est pas d’en faire des déve­lop­peurs de métier, pas plus que mes parents n’ont souhai­tés me faire écri­vain ou mathé­ma­ti­cien.

    POURTANT ÇA EXISTait DÉJÀ

    À quel âge faut-il commen­cer ? dans quel cadre ? ce qui est certain c’est que l’ap­proche d’aujourd’­hui, apprendre à se servir de l’ou­til via des logi­ciels tout faits, ne peut que mener à une impasse.

    Je me rappelle que j’étais un privi­lé­gié à avoir gouté aux MO5 ou TO7, avec l’uti­li­sa­tion de Logo pour faire bouger une petite tortue à l’écran, en primaire, à l’école publique. J’ai l’im­pres­sion que ces initia­tives n’existent plus. On préfère faire des mises en gardes concer­nant Face­book, la propriété intel­lec­tuelle ou montrer comment se servir de MS Word à des élèves qui en maitrisent bien plus l’usage d’une façon que réprou­ve­rait n’im­porte quel infor­ma­ti­cien.

    À côté de ça le projet OLPC pour l’Afrique promeut l’usage de Python. Ça n’a l’air de rien, mais si cette tendance se confirme, nous vivrons au crochet de l’Afrique dans quelques géné­ra­tions, à moins qu’on ne conti­nue à les assujet­tir à l’aide des dettes et autres produits finan­ciers (et qu’on reste donc dans du perdant-perdant)

    Un plan numé­rique

    Le pire c’est que les lycéens voire collé­giens qui apprennent d’eux même à faire du PHP ce n’est pas rare. L’école les freine au lieu de les y inci­ter.

    C’est d’un vrai plan numé­rique dont nous avons besoin, un plan qui ne soit pas basé sur de l’équi­pe­ment en tablettes, sur l’usage de logi­ciels en tant qu’ou­tils bloqués, et à partir de profes­seurs qui ne gèrent aucu­ne­ment ces outils.

    Voilà quelques pistes :

    • Éveil à la program­ma­tion en primaire, appren­tis­sage sérieux au collège
    • Inté­gra­tion de la program­ma­tion comme outil au lycée pour toutes les disci­plines (trai­ter des données en histoire-géogra­phie, faire des analyses statis­tiques en français, mathé­ma­tiques, physique, etc.)
    • Utili­sa­tion de logi­ciels, langages et outils sous licence libre (c’est indis­pen­sable pour l’au­to­no­mie)
    • Encou­ra­ger la copie et le travail sur docu­ments, parce que dans un monde d’abon­dance d’in­for­ma­tion et de connais­sance, le tri, la réflexion et le trai­te­ment de l’in­for­ma­tion sont les réels enjeux
    • Dans le même esprit, favo­ri­ser et répandre les travaux et examens où l’ac­cès aux docu­ments est auto­risé voire encou­ragé, parce que ce qui est jugé ne doit pas être la capa­cité à apprendre par coeur et à rete­nir
  • Harvard and M.I.T. Team Up to Offer Free Online Courses

    Il y a beau­coup à faire avec nos outils de commu­ni­ca­tion. Réfor­mer l’édu­ca­tion à l’heure du numé­rique ce n’est pas four­nir un iPad ou un ultra­por­table à chaque élève. La nouvelle éduca­tion c’est profi­ter et se former à la profu­sion des conte­nus, au partage que le numé­rique permet, et se baser sur l’abon­dance plutôt que la rareté.

    Il y a beau­coup à faire, mais je regrette que des initia­tives comme celle de Harvard et du MIT ne soit pas plus fréquentes et mieux établies.

    L’enjeu des frais d’uni­ver­sité gratuits qui court aujourd’­hui au Québec est impor­tant, mais c’est déjà un combat d’ar­rière garde. Les États financent des cours et du maté­riel, si nous voulons qu’ils soient les plus utiles possibles, il faut les diffu­ser large­ment, gratui­te­ment, libre­ment, faire qu’ils puissent être enri­chis, réuti­li­sés, inté­grés à d’autres conte­nus.

    Je n’ai jamais compris que les cours de lycée et d’écoles supé­rieures publiques soient inter­dits de diffu­sion, que chaque profes­seur, pour­tant payé pour cela et guidé par des programmes offi­ciels, refasse sa sauce dans son coin en y appo­sant son droit d’au­teur pour en brider les usages. En école d’in­gé­nieur j’ai vu des profes­seurs refu­ser de diffu­ser leurs notes ou leurs poly­co­piés pour éviter que ces cours profitent à d’autres.

    Pour ça il faut une véri­table volonté de l’État, il faut chan­ger l’orien­ta­tion des univer­si­tés, les rebas­cu­ler vers la diffu­sion des connais­sances pour tous et moins sur le profit de quelques uns seule­ment. C’est du long terme, mais je suis abasourdi que des écoles US privées fassent ce choix (même limité) plus rapi­de­ment que nos univer­si­tés publiques à qui au contraire on vient de donner une indé­pen­dance et donc un besoin de renta­bi­lité : Harvard and M.I.T. Team Up to Offer Free Online Courses

  • Le scan­dale finan­cier du siècle

    On entend parler de prési­den­tielle, et de pas mal d’af­faires, mais quelqu’un a-t-il entendu parler d’un scan­dale finan­cier où des grandes banques inter­na­tio­nales se sont enten­dues pour des mani­pu­la­tions de cours et camou­fler leurs diffi­cul­tés ?

    Le scan­dale finan­cier du siècle, à lire en atten­dant une enquête ou des confir­ma­tions.

  • Fuku­shima: Le début de la catas­trophe, c’est main­te­nant

    Personne n’a envie de parler de ça. Il y a eu indi­ges­tion, du n’im­porte quoi de tous les côtés, mais il est impor­tant de rappe­ler que l’ac­ci­dent de Fuku­shima n’est pas encore derrière nous.

    Ça s’ap­pelle Fuku­shima: Le début de la catas­trophe, c’est main­te­nant. C’est comme toujours à lire avec un sens critique et en véri­fiant les chiffres donnés sur plusieurs sources, mais c’est proba­ble­ment une lecture néces­saire.

    Pensez bien : Si tout était résolu, on en enten­drait parler régu­liè­re­ment à chaque fois qu’on aborde la ques­tion du nucléaire. Il est facile de jeter la pierre au gouver­ne­ment japo­nais mais il y a des compro­mis à faire et un équi­libre à trou­ver entre les risques sani­taires et les mesures à prendre. Dépla­cer la moitié de l’île n’est pas une solu­tion utile ou propor­tion­née. Ça ne veut pas dire pour autant que la situa­tion est bonne ou même accep­table.

  • Sarkozy à la Concorde: Y’a quelqu’un?

    Vive la commu­ni­ca­tion ! Sarkozy à la Concorde : Y’a quelqu’un ?

    La commu­ni­ca­tion démon­tée : On nous annonce 150 000 personnes à la Concorde. Photos à l’ap­pui, c’est entre 25 et 30 000 au maxi­mum, soit 5 fois moins.

    Oh, l’exa­gé­ra­tion il en va dans toutes les mani­fes­ta­tions et parfois le ratio entre la police et les orga­ni­sa­teurs est de plus de 5, mais il est toujours appré­ciable de pouvoir faire une petite compa­rai­son avec la réalité et démon­ter les montages photos.

     

  • Coup de filet anti-isla­miste : la colère d’une famille humi­liée

    La vie des gens, leurs droits, leur liberté, sont utili­sés dans de simples visées élec­to­ra­listes.  La commu­ni­ca­tion du gouver­ne­ment passe au dessus des liber­tés civiles. Et comme on ne casse pas d’ome­lette sans casser d’oeuf, tant pis pour les musul­mans en ques­tions. C’est leur faute aussi, ils n’avaient qu’à être chré­tiens ou juifs comme les français de chez nous. non ?

    Coup de filet anti-isla­miste : la colère d’une famille humi­liée. Si ça peut sembler n’être rien, c’est de la trahi­son pure et simple du rôle des auto­ri­tés et de l’État.

  • Réfé­ren­dum en Islande : seconde torgnole à la finance mondiale

    On peut le juger irres­pon­sable, même si le cas est loin d’être celui de la Grèce (il s’agit de la dette d’un établis­se­ment bancaire privé et pas celle de l’État), je ne peux m’em­pê­cher de repen­ser à chaque fois à la maxime « ils ne savaient pas que c’était impos­sible, ils l’ont fait ».

    Les pays pauvres sont complè­te­ment assujet­tis aux pays riches par la dette. Ces derniers sont complè­te­ment assujet­tis aux banques et orga­nismes de crédit, qui eux même sont finan­cés par de la monnaie virtuelle ou des aides des États.

    Au final tout le monde est écrasé par des inté­rêts et dettes à rembour­ser, sur une part fran­che­ment impor­tante du budget. Sans ces dettes nous aurions bien moins de problèmes. Au point où nous en sommes nous savons que nous n’en sorti­rons pas avant la prochaine révo­lu­tion : Il faudra plus de temps pour rembour­ser tota­le­ment les dettes que n’a d’an­cien­neté aucun de nos systèmes poli­tiques.

    Au final ils ne sont que quelques uns à en profi­ter. On peut les appe­ler les banquiers, mais le terme est impropre. Disons qu’ils sont les déten­teurs du capi­tal, souvent rentiers par héri­tage.

    Et si nous envi­sa­gions les solu­tions impos­sibles ? Elles sont proba­ble­ment une mauvaise idée, mais elles valent le coup d’être mises sur la table. Le risque n’est peu être pas si grand : Réfé­ren­dum en Islande : seconde torgnole à la finance mondiale

  • Fraude, para­dis fiscaux… guerre des mondes au Sénat

    Parler fraude, para­dis fiscaux… guerre des mondes au Sénat, c’est sur Media­part (donc payant, mais encore une fois je vous incite à vous abon­ner, ce média vaut 10 fois TF1, Le Monde, Le Figaro, Libé­ra­tion et France Tele­vi­sion réunis).

    Pour un petit avant-gout, Bloom­berg a une superbe anima­tion sur la circu­la­tion finan­cière des multi­na­tio­nales améri­caines. L’exemple est avec Google mais Yahoo! utilise un système assez proche.

  • Vote par valeur

    Il y a toujours quelqu’un pour décou­vrir qu’il existe d’autres procé­dés de vote que nos votes à scru­tin majo­ri­taire. Parfois ça fait buzz aux élec­tions, mais ne nous leur­rons pas : Il n’y a rien de neuf, et rien de mira­cu­leux.

    Le pseudo-miracle de cette prési­den­tielle serait le vote par valeur. Il s’agit de voter pour chaque candi­dat, indé­pen­dam­ment, par exemple entre –2 (surtout pas) et +2 (génial). Ce système a pour moi trois avan­tages majeurs :

    1. Il répond à l’émiet­te­ment des voix, qui effec­ti­ve­ment est le problème majeur du mode d’élec­tion de notre président. Trois candi­dats avec des idées proches mais qui ont une majo­rité s’ils sont grou­pés ne risquent pas de faire gagner un concur­rent.  C’est vrai que ce seul défaut à notre élec­tion actuel mérite qu’on réflé­chisse aux alter­na­tives.
    2. Il prend en compte non seule­ment d’adhé­rence mais aussi le rejet. Surtout pour une prési­den­tielle, l’im­por­tant est le consen­sus. Je préfère celui qui n’a la préfé­rence de personne mais que tout le monde accep­te­rait avec plai­sir, à celui qui est le préféré de la majo­rité mais qui provoque un très franche rejet de tous les autres (toute ressem­blance avec des faits passés ne serait pas tota­le­ment le fruit du hasard).
    3. Il permet aux élec­teurs de s’ex­pri­mer plus en détail. Peu importe si cela a un effet diffé­rent au final, ça reste une bonne chose pour la légi­ti­mité de l’élec­tion et la paix sociale.

    Vulné­ra­bi­lité aux votes tactiques

    Malheu­reu­se­ment pour ses promo­teurs, il n’est pas parfait. S’il répond à l’émiet­te­ment des voix, il reste très sensible aux votes tactiques. En cas de résul­tat serré, un mili­tant aurait inté­rêt à noter un rejet imagi­naire des prin­ci­paux concur­rents.

    Ce sujet est complè­te­ment écarté par le site de promo­tion du vote par valeur. Il y est même consi­déré que le vote mili­tant doit être préservé parce que celui qui a le plus de mili­tants doit avoir une avance. Cette idée me semble contra­dic­toire non seule­ment avec le prin­cipe de démo­cra­tie (un mili­tant ne doit pas avoir plus de poids qu’un autre) mais aussi avec le fonde­ment même du vote par valeur. Dans les mêmes pages on affirme que la prise en compte du rejet est une forme de protec­tion de la cohé­sion sociale (et je suis d’ac­cord), que plusieurs critères de sélec­tion du mode de scru­tin sont écar­tés pour pouvoir donner de l’uti­lité au rejet. Si de l’autre côté on se rend compte que les rejets sont en fait des votes mili­tants non sincères, ce sont deux de mes trois avan­tages ci-dessus qui sont à jeter, et tout l’ar­gu­men­taire du vote de valeur qui tombe en lambeaux.

    Mais plus gênant encore : Le vote tactique est un danger d’au­tant plus grand que toutes les commu­nau­tés ou popu­la­tions n’ont pas la même propen­sion à les utili­ser. Les popu­la­tions les plus à même à utili­ser un vote tactique auront un poids bien plus impor­tant. Ainsi, les mieux éduqués et mieux infor­més auront un avan­tage par rapport aux popu­la­tions qui vote­ront naïve­ment. De même, les radi­caux et extré­mistes auront un avan­tages par rapport à ceux qui s’as­treignent à être modé­rés ou objec­tifs dans leur vision. Ce biais est loin d’être neutre, et risque de faus­ser tout le résul­tat.

    Sensi­bi­lité aux mani­pu­la­tions d’opi­nion

    La vulné­ra­bi­lité aux votes tactiques est d’au­tant moins à écar­ter, qu’elle prend tout son sens dans les mani­pu­la­tions d’opi­nion : Imagi­nons les candi­dats A, B et C. Votre préfé­rence va nette­ment à A, puis à B et à C, dans cet ordre.

    • Les médias vous disent que A et B sont au coude à coude, C plus loin derrière : La tactique sera donc d’as­su­rer la victoire en votant +2 pour votre candi­dat A et –2 pour son concur­rent B.
    • Les média vous disent que B et C sont au coude à coude : La tactique sera d’évi­ter le pire et de voter un +2 à B et un –2 à C.

    Dans le premier cas, si les médias avaient raison, vous venez, en simu­lant un rejet, de faire élire A alors que B aurait peut être été un meilleur candi­dat pour la nation.

    Mais surtout vous avez peut être été mani­pulé. En vous faisant passer de l’un à l’autre on modi­fie votre voix et on peut tout à fait contrô­ler l’élec­tion de B. Certes, c’est un risque qui existe déjà sur le mode d’élec­tion actuel avec l’émiet­te­ment des voix, mais qui reste bien visible à tous pour l’ins­tant et qui sera bien plus caché et diffi­cile à combattre dans un vote de valeur.

    Le risque du nombre de candi­dats

    L’émiet­te­ment des voix est un des facteurs limi­tants pour le nombre de candi­dats actuels. Ne nous lais­sons pas leur­rer par les pleurs du FN qui simule chaque année une diffi­culté pour obte­nir 500 signa­tures. Si des petits candi­dats réus­sissent à chaque fois à se quali­fier avec des scores de moins de 1 %, c’est que la candi­da­ture est raison­na­ble­ment simple.

    S’il n’y a pas de risques à multi­plier les candi­dats, nous en aurons plus. Les maires donne­ront aussi plus faci­le­ment leurs signa­tures. Même pour les grands partis, pourquoi ne pas présen­ter 5 ou 10 candi­dats ? quels risques ?

    Avoir même 25 candi­dats serait diffi­cile à gérer, mais on en risque plutôt 50 si on en fait rien. Il y a forcé­ment des solu­tions à ces problèmes, mais aucune ne sera parfaite, toutes auront des effets large­ment discu­tables et indui­ront des biais. Je me refuse à évaluer le vote par valeur si on ne me propose pas en même temps des solu­tions à ce problème qu’il créé.

    Secret du vote

    Si nous avons même 15 candi­dats, le nombre de combi­nai­sons possibles dépasse de plusieurs milliers de fois le nombre de votants dans un seul bureau de vote. Pour peu qu’un vote soit « étrange », il devient faci­le­ment unique. Il devient donc réaliste de donner des instruc­tions de vote à des tiers et de pouvoir véri­fier si elles ont été respec­tées. Le secret du vote est donc à risque.

    Pour palier ce risque la seule solu­tion envi­sa­gée est de sépa­rer le vote en plusieurs bulle­tins, un par candi­dat. Le site de promo­tion du vote par valeur propose de sépa­rer le bulle­tin après vidage de l’urne, mais c’est déjà trop tard si on veut éviter une relec­ture par des tiers : Cette sépa­ra­tion doit être faite par l’élec­teur lui-même.

    Quinze candi­dats, c’est quinze votes, quinze enve­loppes, quinze urnes, ne pas se trom­per d’en­ve­loppe et d’urne, iden­ti­fier l’élec­teur à chaque étape, puis vider les quinze urnes pour faire quinze dépouille­ments qui chacun seront un peu plus long que l’ac­tuel pour faire le compte final.

    Je passe le fait qu’il faut cocher des cases et que pour garder un anony­mat on propose un poinçon. Ceux qui ont suivi les débats sur l’élec­tion de Georges W. Bush aux États Unis doivent se rappe­ler que cette solu­tion est juste­ment celle qui a provoqué tant de débats lors des dépouille­ments là bas.

    Simpli­cité

    Certains ont du mal à l’ima­gi­ner, mais le vote actuel est déjà à consi­dé­rer comme diffi­cile. Certains ne comprennent pas le rôle de l’en­ve­loppe, certains n’entrent pas dans l’iso­loir, certains mettent plusieurs bulle­tins, d’autres ne prennent qu’un seul bulle­tin avant de se rendre dans l’iso­loir, on en voit repo­ser les bulle­tins non utili­sés sur la table… j’en passe et des meilleures. Là dessus il faut penser que certains recon­naissent le bulle­tin parce qu’ils ne savent pas lire, et je vous laisse imagi­ner la diffi­culté d’un vote secret pour un non voyant.

    Imagi­nons ensuite qu’il ne faut pas que choi­sir, il va falloir cocher ou poinçon­ner. Combien coche­ront deux cases ou entre les cases parce que c’est « entre 1 et 2 » ? Combien ne compren­dront pas le fonc­tion­ne­ment ? Comment aider ceux qui voient mal ou lisent mal ?

    Le résul­tat très clair des États Unis, c’est que les cartons plein de votes, c’est n’est fran­che­ment pas simple.

    Même en dehors du vote lui même, un procédé de vote complexe c’est la source d’in­nom­brables débats sur la légi­ti­mité de tel ou tel candi­dat qui aura eu moins de votes posi­tifs mais aussi moins de votes néga­tifs, alors que tel autre n’a fina­le­ment eu des rejets que parce qu’il y a eu un appel à vote mili­tant… Le scru­tin actuel est haute­ment criti­cable, mais au moins le résul­tat laisse peu de place au débat.

    Alors oui, on répond à l’émiet­te­ment des candi­dats, mais on est encore trop loin d’une bonne solu­tion pour que le chan­ge­ment vaille le coup à mon avis. C’est d’au­tant plus vrai que les défauts du vote par valeur sont bien moins évidents, et donc bien moins trans­pa­rents.