Catégorie : Politique et société

  • Fraudes suppo­sées : non lieu pour Hebbadj

    Nos repré­sen­tants élus ont lapidé un homme en public. Il y a eu des accu­sa­tions de viol, de poly­ga­mie, de fraudes aux aides sociales, et proba­ble­ment deux ou trois choses que j’ai pu oublier. Pour l’his­toire de départ de niqab au volant, il y a fina­le­ment eu relaxe. Pour la poly­ga­mie, rien ne tient et il n’y a à ma connais­sance même pas eu réel­le­ment plainte. Pour l’ac­cu­sa­tion de fraudes suppo­sées : non lieu pour Hebbadj.

    Plus que les accu­sa­tions elles-mêmes, ce qui est choquant c’est l’achar­ne­ment de nos repré­sen­tants sur une personne, via les moyens de l’État, pour soute­nir une poli­tique symbole et mettre à bas celui qui a résisté. C’est au point où dès la loi sur la dissi­mu­la­tion du visage passée, il y a eu des poli­ciers devant l’école des femmes liées à Lies Hebbadj pour bien poser trois contra­ven­tions.

    Je ne parle pas de la loi elle-même, du choix de société qu’on souhaite, du soutien ou de la désap­pro­ba­tion d’un mode de vie. L’achar­ne­ment sur une personne, via des procès et accu­sa­tions illé­gi­times, n’est pas justi­fiable. L’État devient un outil d’op­pres­sion arbi­traire afin de soute­nir les choix poli­tiques d’un élu, au lieu d’être au contraire l’ou­til de défense du citoyen.

    Le problème c’est que visi­ble­ment il n’y a rien qui permette d’em­pê­cher que ça se repro­duise encore.

  • Vers où votre boucher se tourne-t-il pour votre steak haché ?

    Je ne comprends rien à la polé­mique récente sur la viande halal. Il semble­rait que de la viande halal soit vendue à tout le monde sans être étique­tée comme telle.

    Je dirai juste « et alors ? »

    Depuis quand deman­dez-vous à votre boucher si l’égor­geur de votre poulet était tourné vers la Mecque ? Cela a-t-il vrai­ment une impor­tance pour vous ? Je ne connais aucune reli­gion qui inter­dise de se tour­ner vers la Mecque pour décou­per un poulet. Suivez-vous une telle croyance ?

    Votre viande n’a rien de moins ou de plus quand elle est halal ou non. Vous ne le saviez d’ailleurs même pas jusqu’à présent. Sauf à ce que vous mili­tiez contre les méthodes d’abat­tage halal même quand la viande ne vous est pas desti­née, seul le rejet de l’autre est une justi­fi­ca­tion à une telle polé­mique.

    Qu’on ne me parle pas de laïcité. Déjà parce qu’on ne parle pas d’une action de l’État ou d’une obli­ga­tion légale – qui sont les deux seuls objets de la laïcité – mais aussi parce que jusqu’à présent personne ne râlait sur le fait de manger du pois­son le vendredi dans les cantines scolaires. Je note d’ailleurs qu’au­cun musul­man, même inté­griste, ne s’en était offusqué. Il est contra­dic­toire de repro­cher à ces derniers de ne pas faire d’ef­forts alors que le rejet vient bien de leurs oppo­sants.

    Qu’on ne me parle pas non plus de commu­nau­ta­risme. Reje­ter la viande halal non pas par ses carac­té­ris­tiques mais par le simple fait qu’elle corres­pond aux attentes de l’autre et que « c’est la viande de l’autre », *ça* c’est du commu­nau­ta­risme. Le vivre ensemble, au contraire, serait d’es­sayer de conten­ter tout le monde tant que ça ne retire rien à personne. Ce serait plutôt de faire du halal (ou casher) par défaut si ce n’est pas plus cher ni plus mauvais.

    Et si nous arrê­tions d’être xéno­phobes ? Je crois me rappe­ler qu’il y a « frater­nité » dans notre devise natio­nale.


    Note ajou­tée le 22 février au soir après coup comme il y a eu plusieurs réac­tions sur ce point : Je suis étonné qu’on parle sani­taire et je suis convaincu que pour pas mal de gens c’est une facade très simi­laire à celle de la non-dissi­mu­la­tion du visage alors que ce qui était cher­ché c’était l’in­ter­dic­tion de la burqa, une excuse.

    Ceci dit je suis d’ac­cord sur ce point avec les commen­taires : S’il y a un risque ou un problème sani­taire alors on règle­mente. J’irai même plus loin, plutôt qu’une étiquette, s’il y a un problème sani­taire, alors on arrête les déro­ga­tions et on inter­dit les mauvaises pratiques.

    S’il y a étiquette ça sera « viande abat­tue sans étour­dis­se­ment ». Sous réserve que les pratiques évoluent comme dans d’autres pays, on pourra avoir de la viande halal avec étour­dis­se­ment (prières, tourné vers la Mecque, coti­sa­tion à l’ins­ti­tu­tion reli­gieuse, etc.). Inver­se­ment on pourra avoir des viandes non halal mais avec l’étiquette.

    Ca ne règle donc pas le fond de mon discours et le sujet que je souhai­tais abor­der. Je mets donc désor­mais de côté toutes les ques­tions sani­taires qui répon­draient à cette problé­ma­tique dans les commen­taires.

    Par contre, quand bien même on irait là, ça ne chan­gera pas qu’il y aura encore les autres aspects (se tour­ner vers la Mecques, les éven­tuelles prières ou paroles rituelles – même si il semble qu’elles ne soient pas pronon­cées, et la « taxe » des insti­tu­tions reli­gieuses). Dans d’autres pays on a du halal avec ces autres aspects tout en étour­dis­sant. Bref, je m’in­té­resse à ces autres aspects et mets de côté l’as­pect sani­taire.

  • Pour en finir avec la « guerre aux pauvres »

    J’ai encore eu cette conver­sa­tion avec quelqu’un que je respecte beau­coup il y a peu : Oui il y a des fraudes, des abus, et des aides super­flues. Ceci dit taper sur ces abus est globa­le­ment se trom­per de poli­tiques. De l’aveu même des poli­tiques qui cherchent à les mettre en valeur, ces abus sont insi­gni­fiants sur la masse. S’il faut conti­nuer à les traquer, ça ne chan­gera jamais la situa­tion finan­cière globale. Le risque, et on le voit souvent, est de faire tomber beau­coup de cas légi­times pour traquer un cas illé­gi­time ou liti­gieux.

    La fraude sociale aux pres­ta­tions versées repré­sente chaque année 3 milliards d’eu­ros, soit 0,5 % du montant total des sommes versées. Selon l’UMP, les frau­deurs ne dépassent pas 1 % des assu­rés. Et bien souvent, il s’agit d’er­reurs plus que de cas avérés de fraudes. D’ailleurs, une grande majo­rité de ces montants est récu­pé­rée. La fraude fiscale (celle des riches et des très riches) repré­sente entre 25 et 30 milliards d’eu­ros par an. Près de dix fois plus.

    Pour en finir avec la « guerre aux pauvres », si nous commen­cions une réelle poli­tique ? D’au­tant que chacun a souvent l’im­pres­sion que c’est l’autre qui profite. Tout dépend du point de vue. Ceux qui abusent consciem­ment et volon­tai­re­ment du système sont rares, et n’ont fina­le­ment que peu d’in­fluence sur les résul­tats.

    Oui, le lien est vers Media­part. Media­part est payant, mais si vous deviez vous abon­ner à une source de presse, c’est peut être une des premières à envi­sa­ger.  La période d’es­sai de 15 jours est à 1€, quel risque prenez-vous ?

  • Le nucléaire est-il vrai­ment un atout en période de grand froid ?

    La ques­tion se pose, le nucléaire est-il vrai­ment un atout en période de grand froid ?

    Il faut dire qu’on ne dérange pas une centrale pour un pic de quelques heures. Les pics sont faits avec l’hy­drau­lique ou les éner­gies fossiles. Du coup on a beau se moquer de l’Al­le­magne qui ferait une bêtise à vouloir se sépa­rer du nucléaire, c’est bien nous qui leur emprun­tons de l’éner­gie dans les pics.

    Plus inté­res­sant : Leur produc­tion est à 20% renou­ve­lable et surtout eux n’ont pas encou­ragé le tout élec­trique pour consom­mer la produc­tion décla­rée « peu chère » :

    L’Agence de l’en­vi­ron­ne­ment et de la maîtrise de l’éner­gie évalue ainsi à 33 % la part des rési­dences prin­ci­pales françaises équi­pées de chauf­fage élec­trique, et 80 % pour les loge­ments construits en 2009, contre moins de 4 % en Alle­magne. La France se révèle donc plus « élec­tro­sen­sible » au froid que ses voisins euro­péens : quand la tempé­ra­ture baisse de 1 °C, la consom­ma­tion augmente de 5 000 MW pour toute l’Eu­rope, avec pour la France une part de 2 300 MW, contre 600 MW en Grande-Bretagne, 500 MW en Alle­magne et 300 MW en Italie. En France, le recours au nucléaire est donc tant la consé­quence que la cause de la forte demande en élec­tri­cité.

    Fina­le­ment, n’est-ce pas simple­ment que nous nous sommes créé de toutes pièces une dépen­dance forte au nucléaire ? Et si fina­le­ment l’angle d’at­taque c’était d’abord celui là ?

  • « Des SDF, trou­vez-moi des SDF! »

    La poli­tique française est gérée comme un spec­tacle, nous le savons. Mais parfois, quand même, ça devient fran­che­ment exagéré et inac­cep­table.

    Inau­gu­ra­tion d’un centre pour sans-abri par monsieur le préfet en région lyon­naise. Comme la date n’a pas été annoncé, le jour de l’ou­ver­ture il n’y a pas de sans abris à mettre devant les camé­ras, et ça c’est problé­ma­tique.

    […]

    A 18 heures 30, donc, pas de sans-abri dans le centre d’hé­ber­ge­ment et le préfet, lui, qui va arri­ver avec les médias. Panique à bord. Tout le monde est pendu au télé­phone afin de trou­ver des SDF coûte que coûte.

    [..]

    Le listing des personnes admises dans le centre n’a été commu­niqué que dans l’après-midi et les parte­naires habi­tuels: Samu Social et Croix-Rouge n’avaient pas été préve­nus à l’avance de la date exacte d’ou­ver­ture.

    […]

    En effet, un respon­sable, fou furieux de consta­ter que les personnes qui avaient une place sans le savoir ne s’étaient pas présen­tées, dira en substance: « Je m’en­gage person­nel­le­ment à ce que les personnes qui ne sont pas venues ce soir retournent dans la rue et ne trouvent pas d’hé­ber­ge­ment… »

    Dans la foulée, le coupe­ret tombe et l’ou­kaze est trans­mis: toutes les personnes qui ne se sont pas présen­tées sont rayées de la liste du centre d’hé­ber­ge­ment d’ur­gence.

    […]

    « Des SDF, trou­vez-moi des SDF! », ou pas.

  • Une info­gra­phie en bande dessi­née pour la FIDH

    Quand on fait se rencon­trer une fédé­ra­tion pour les droits de l’homme et un festi­val de bandes dessi­nées, cela peut donner une info­graphe en bande dessi­née pour la FIDH.

    Pour une fois ce n’est pas gnan­gnan ou juste dégou­li­nant de bons senti­ments. C’est un petit rappel de 2011, qui remet les idées en place.

    Je vous invite à aller voir sur place, et pourquoi pas faire un don.

  • Stras­bourg, Chan­tal Augé à deux jours de son évic­tion

    C’est dans ce genre de mani­fes­ta­tions qu’on voit à quel point la poli­tique française est deve­nue une histoire de groupes et de castes, à la limite de l’or­ga­ni­sa­tion mafieuse où celui qui parle à l’ex­té­rieur « trahit ».

    À Stras­bourg, Chan­tal Augé à deux jours de son évic­tion, ne se voit repro­cher que sa parti­ci­pa­tion à Anti­cor, une orga­ni­sa­tion pour la réha­bi­li­ta­tion de la démo­cra­tie et contre la corrup­tion.

    Les élus locaux consi­dèrent que c’est une atteinte à leur honneur, qu’il faut faire des choix et c’est soit Anti­cor soit un mandat poli­tique, que les deux ne peuvent être qu’op­po­sés (oui, vous avez bien lu).

    La ques­tion de procé­dure sur son évic­tion n’est fina­le­ment pas impor­tante, c’est juste un moyen de faire sauter l’in­fluence du chef et l’omerta, un façon que tout le monde se sente libre de son vote ; juste pour que les votants ne risquent pas d’être mis au placard pour avoir dit que lutte contre la corrup­tion et poli­tique ne sont pas oppo­sés.

  • Une inter­prète en langue des signes victime de zombies

    C’est en même temps à explo­ser de rire, et très triste. Une inter­prète en langue des signes victime de zombie… ou presque. Le détour­ne­ment est forcé­ment excep­tion­nel quand on le regarde de loin. Il est aussi drama­tique pour les quelques uns qui ont besoin de ces infor­ma­tions, sérieuses, pour qui c’est une des seules sources.

    Mais surtout, il faut envi­sa­ger à quel point cette inter­prète a du être décon­si­dé­rée, hors de l’équipe de la rédac­tion, et lais­sée pour compte, pour qu’elle en arrive à ne plus voir le cadre et l’uti­lité de son rôle.

    Déshu­mai­ni­sante, voilà ce qu’est notre société.

  • Oui, bah je vais pas le regret­ter le service client Orange/sosh… non, mais j’hal­lu­ci­ne…

    Il serait facile de critiquer les services clients, Sosh ou plus géné­ra­le­ment les opéra­teurs télé­pho­niques, mais outre l’as­pect amusant de l’ex­trait, ce qui frappe c’est l’au­tisme de celui qui se repose sur les procé­dures et le « la machine dit que ».

    Il n’y a plus d’écoute, il y a des règles. Il n’y a plus de compré­hen­sion, il y a ce que permet ou pas l’ou­til. Il n’y a plus d’aide person­na­li­sée, il y a des procé­dures.

    Oui, bah je vais pas le regret­ter le service client Orange/sosh… non, mais j’hal­lu­ci­ne…

  • La prochaine guerre numé­rique pour se passer de l’État

    L’ar­ticle de contre­points fait la part belle à la logique d’op­po­si­tion mais il mérite d’être lu. Dans la prochaine guerre numé­rique pour se passer de l’État, ce qui risque d’ar­ri­ver, c’est effec­ti­ve­ment la prise de contrôle des outils et du réseau par des groupes civils non gouver­ne­men­taux.

    Sans parler de lancer ses propres satel­lites (ce qui l’air de rien n’est pas du tout irréa­li­sable), monter des sous réseaux chif­frés à l’in­té­rieur des réseaux actuels est quelque chose qui risque d’ar­ri­ver très vite.

    Les outils sont fina­le­ment déjà acces­sible, il ne manque qu’un peu de volonté, un peu de ras le bol. Soit les états poussent la logique jusqu’au bout en assu­mant un contrôle géné­ra­lisé et l’in­ter­dic­tion des outils crypto, soit on finira vite par reve­nir à du chif­frage ou de la signa­ture de bout en bout et des inter­ac­tions de pair à pair (non, je ne parle pas de contre­façon, mais bien des usages courants).

    Nous n’en sommes pas si loin, et ce ne serait pas forcé­ment un mal.