Catégorie : Politique et société

  • Une France qui sacri­fie sa jeunesse

    Fran­che­ment le graphique est éclai­rant quand on compare avec l’Al­le­magne ou le Royaume Uni. On savait que la géné­ra­tion de 1950 était dorée, mais pas qu’elle handi­ca­pait à ce point les géné­ra­tions suivantes. Image et contenu sur un article du Monde.

    4434487_6_7771_les-inegalites-entre-les-generations-en_2337ca0403ae2df266903a78594922ceNous voyons surtout la baisse des salaires nets subie par les nouveaux entrants, dont l’an­cien­neté future ne permet­tra jamais de remé­dier au choc initial. L’ex­pan­sion des niveaux de diplômes a créé une géné­ra­tion iden­ti­fiée à la classe moyenne supé­rieure, mais dont le revenu glisse sous celui des classes moyennes infé­rieures de la géné­ra­tion de ses parents. Cette nouvelle géné­ra­tion vit une tendance montante de déclas­se­ment écono­mique.

    […]

    La compa­rai­son montre aussi l’ef­fet de cica­trice au bout duquel le chômage et la préca­rité des ving­te­naires se trans­forment en bas salaires à vie, en retraites plom­bées au-delà. La société française, comme les autres socié­tés médi­ter­ra­néennes, ne se contente pas de sauver le confort des seniors d’aujourd’­hui au prix de diffi­cul­tés d’in­té­gra­tion de sa jeunesse, elle l’or­ga­nise de telle sorte que les ressources perdues à l’en­trée dans la vie adulte ne se rattrapent pas.

  • L’ab­sence de trans­pa­rence sur le patri­moine des parle­men­taires

    Comment rendre (volon­tai­re­ment) inex­ploi­table l’exer­cice de trans­pa­rence voulu par la popu­la­tion suite au scan­dale Cahu­zac.

    Les décla­ra­tions de patri­moine ne pour­ront être ni repro­duites, ni copiées, et seuls les élec­teurs pour­ront les consul­ter en présence d’un agent. Photos ou prise de notes seraient ainsi inter­dites, empê­chant toute analyse globale.

    En clair, pour connaître le patri­moine d’un élu, il faudra être élec­teur de sa circons­crip­tion, puis prendre rendez-vous en préfec­ture. Une fois sur place, on pourra le consul­ter quelques instants, en étant accom­pa­gné, et sans pouvoir prendre la moindre note ou photo­gra­phie. Rappe­lons aussi que la presse n’a pas le droit de mention­ner le fameux patri­moine, sous peine d’une amende.

    Oh comme nous sommes loin des pays nordiques où n’im­porte qui peut deman­der commu­ni­ca­tion de n’im­porte quel docu­ment, de la note de frais d’un élu au CV d’un candi­dat à un poste public…

    Je note aussi la détes­table déviance qui voudrait que le député ne soit rede­vable que devant sa circons­crip­tion. On oublie que si le vote est local, le mandat est natio­nal. Je n’ai pas « un » député, j’en ai 577. Ils me repré­sentent tous, et j’ai moti­va­tion à me sentir concerné par chacun. De manière plus réaliste, c’est juste une solu­tion pour empê­cher toute compa­rai­son et toute statis­tique.

    Il est vrai­ment temps de mettre un coup de pied dans la four­mi­lière et d’avoir des mesures radi­cales sur le fonc­tion­ne­ment de la vie publique. Aucun repré­sen­tant n’y a inté­rêt, malgré les belles décla­ra­tions. C’est à nous de l’im­po­ser.

  • Pourquoi la France ne sera jamais acces­sible

    Oui, ça parle d’ac­ces­si­bi­lité des maga­sins aux personnes handi­ca­pées. Ne fuyez pas, c’est percu­tant et abso­lu­ment pas donneur de leçons. Ça en dit plus sur notre façon de penser nos lois et règle­ments que sur le handi­cap.

    Je crois que si j’étais commerçante, je lâche­rai l’af­faire, ça me dépri­me­rait.

    Alors je voudrais deman­der pardon, pardon à tous les commerçants qui doivent nous haïr à l’idée de faire des travaux galères, mais je vous jure, c’est pas de notre faute. Moi je suis prête à vous offrir des planches gratos et à deve­nir vendeuse ambu­lante. Mais même ça, ça serait trop simple.

     

    Le pire c’est que tout ça a de bonnes raisons d’être : La rampe qui dépasse sur le trot­toir empiète sur l’es­pace public. Il ne faut pas que ce soit la solu­tion de faci­lité, d’au­tant que si elle reste à demeure elle fera chuter des passants dans la rue (ça serait con de créer plus de handi­ca­pés, il faut bien avouer).

    Je comprends aussi qu’une rampe mal posée à la va vite par quelqu’un qui n’y a pas réflé­chi ça peut se casser la gueule, poten­tiel­le­ment abîmer un fauteuil (rappel : ça peut couter le prix d’une belle voiture ces trucs là). Deux heures d’ex­pli­ca­tions seront peut être super­flues pour quasi­ment tout le monde mais si c’est celui qui vend la rampe qui dispense la chose, ça ne sera peut être pas inutile.

    Main­te­nant il y a comme un truc qui ne fonc­tionne pas. À vouloir faire parfait on ne fait pas, et on met bien entendu les commerçants sur le dos des handi­ca­pés.

    Allez lire.

  • Sous la dette publique, l’ar­naque néoli­bé­rale

    C’est un article Media­part, donc payant, mais la source est d’ac­cès public.

    On véri­fie aisé­ment que les dépenses (même y compris les inté­rêts) ne présentent pas de tendance à la hausse. Certes, on observe deux pics en 1993 et 2010, qui corres­pondent aux réces­sions. Mais sur moyen terme, les dépenses de l’État ont au contraire baissé, passant d’en­vi­ron 24 % du PIB jusqu’en 1990 à 21 % en 2008. Tout le problème vient du fait que les recettes ont, elles aussi, baissé, parti­cu­liè­re­ment au cours de deux périodes : entre 1987 et 1994, puis à partir de 2000.

    En *pan* pour la croyance popu­laire qui voudrait que l’État prélève et dépense de plus en plus. Non seule­ment la part des dépenses dans le PIB a tendance à bais­ser, mais en plus ses recettes (donc les impôts et taxes) baissent encore plus. Elles baissent assez vite pour que ce soit juste­ment le facteur de créa­tion de dette.

    G3

    « Au total, de 2000 à la mi-2012, les mesures de baisse d’im­pôts ont repré­senté 4,3 %  du PIB. Elles ont souvent favo­risé les plus riches (baisse de l’im­pôt sur le revenu, de l’ISF, des droits de succes­sion), les grandes entre­prises (niche Copé, Crédit impôt recherche) et certains lobbys (baisse de la TVA dans la restau­ra­tion). Signa­lons en parti­cu­lier que le taux margi­nal supé­rieur de l’im­pôt sur le revenu qui était de 65 % entre 1982 et 1985, avait baissé à 54 % en 1999. Il a été abaissé à 49,6 % en 2002, 48 % en 2003 et 40 % en 2006.

    Comme les baisses d’im­pôts béné­fi­cient forcé­ment aux plus riches (pour rappel, la moitié de la popu­la­tion ne paye pas d’im­pôt sur le revenu, et la TVA a elle tendance à augmen­ter derniè­re­ment), nous créons de la dette au profit des plus riches.

    la France, malgré la crise, aurait presque encore été à l’époque en confor­mité avec les sacro-saints critères de Maas­tricht si ces baisses d’im­pôts n’étaient pas inter­ve­nues, et notam­ment le critère euro­péen qui fait obli­ga­tion à ce que la dette d’un État ne dépasse pas 60 % de sa richesse natio­nale. Concrè­te­ment, sans ces baisses d’im­pôts, la France aurait certes crevé ce plafond, mais dans des propor­tions raison­nables. Juste un chouïa…

    Bien entendu on ne peut pas se conten­ter de réflé­chir ainsi, les baissent d’im­pôts ayant proba­ble­ment eu des effets macro-écono­miques posi­tifs par ailleurs qui ont pu (ou pas) compen­ser en partie, mais ça fait réflé­chir.

    Ils y ajoutent un effet boule de neige, à cause du mode de finan­ce­ment de la dette et ses inté­rêts anor­ma­le­ment élevés. Ces derniers relèvent d’un choix poli­tique pur et simple : Les banques empruntent à la BCE à coût quasi nul, puis prêtent à l’État à des coûts non négli­geables. Les inté­rêts supplé­men­taires vont gros­sir la dette qui à leur tour vont faire gros­sir les inté­rêt et ainsi de suite : faire un joli effet boule de neige unique­ment dû à un choix poli­tique de finan­ce­ment.

    Sans ce cumul d’ef­fet, voilà ce que nous aurions :

    grafsynthese

    Comme le disent les auteurs du rapport, la dette publique a donc été le prétexte au cours de ces dernières années d’un formi­dable mouve­ment de « redis­tri­bu­tion à l’en­vers », ou si l’on préfère d’un immense mouve­ment de trans­ferts de reve­nus puisque si les hauts reve­nus sont double­ment gagnants, les bas reve­nus, eux, sont perdants, étant conviés en bout de course à suppor­ter le poids du plan d’aus­té­rité pris pour conte­nir l’ex­plo­sion de la dette. En résumé, ce que les hauts reve­nus gagnent au travers des baisses d’im­pôt ou de la poli­tique de l’argent cher, ce sont les reve­nus modestes qui le financent au travers de la poli­tique d’aus­té­rité.

    Double effet kiss-cool, comme ce sont aussi les plus riches qui ont de l’épargne dans les banques, voire des parts dans les banques qui récu­pèrent les inté­rêts de la dette, ils en profitent double­ment.

    Illé­gi­time la dette ? C’est une autre ques­tion. Mais elle relève clai­re­ment de choix poli­tiques que nous avons pris, et qui sont loin d’être neutres dans la répar­ti­tion.

  • Vote élec­tro­nique

    J’en vois encore qui pour­suivent le mythe du vote élec­tro­nique plus simple qui débloquera la démo­cra­tie. Y compris des ingé­nieurs qui travaillent dans les réseaux.

    Sauf que rempla­cer le papier est loin d’être évident. Le système papier est simple, diffi­cile à corrompre, et diffi­cile à tracer. Ça fait beau­coup. Mais surtout tout le proces­sus est trans­pa­rent ainsi que véri­fiable par le citoyen, ce qui est un pré-requis essen­tiel.

    Pour le vote élec­tro­nique il faut garan­tir :

    1. Que le logi­ciel fait ce qu’on attend de lui (sans défaut)
    2. Que le maté­riel fait ce qu’on attend de lui (sans défaut)
    3. Que le logi­ciel n’est pas mali­cieux ou corrompu
    4. Que le maté­riel (micro­codes inclus) n’est pas mali­cieux ou corrompu
    5. Que le logi­ciel exécuté soit celui prévu, que le maté­riel prenne bien en compte le logi­ciel demandé, que personne n’a été capable d’injec­ter un autre logi­ciel, que personne n’a pu modi­fier le logi­ciel avant ou pendant le vote
    6. Que le maté­riel utilisé (micro­codes inclus) soit celui prévu, que personne n’a été capable de le modi­fier avant ou pendant le vote
    7. Que les données de vote résul­tat sont celles produites par le logi­ciel et le maté­riel prévus
    8. Que personne n’est capable de tracer les votes pour les rendre nomi­na­tifs
    9. Que s’il y a une quel­conque anoma­lie, elle puisse être détec­tée et/ou limi­tée dans son effet

    Aucun de ces points n’est réel­le­ment véri­fiable par le citoyen moyen.

    À vrai dire même les profes­sion­nels ne se risque­raient pas à donner une quel­conque garan­tie. En réalité on ne va même pas jusque là. Au mieux, ce qu’ils font aujourd’­hui c’est certi­fier qu’ils n’ont pas iden­ti­fié de problème majeur, ce qui est nette­ment diffé­rent.

    Si on y met vrai­ment les moyens, les points 1 et 3 peuvent être véri­fiés avec un niveau de confiance pas si décon­nant mais ça n’aura de toutes façons aucune utilité tant qu’ont est tota­le­ment à poil devant les risques 4 et 5 et qu’on doit faire une confiance aveugle à ceux qui certi­fient les diffé­rentes parties de la chaîne.

    Même le point 6, sécu­ri­ser plus de 150 000 machines depuis leur concep­tion jusqu’à leur répar­ti­tion dans près de 70 000 empla­ce­ments diffé­rents en France et à l’autre bout du monde, est loin d’être évident. Si tant est qu’il soit possible de le faire en se proté­geant contre des orga­ni­sa­tions de la taille d’États, c’est typique­ment invé­ri­fiable par le citoyen moyen et demande de faire confiance à une entité qui contrô­lera tout ça (aie, qui ? pas le gouver­ne­ment en place j’es­père).

    Dit autre­ment : Vous n’avez aucune garan­tie que le résul­tat du vote tel que publié corres­ponde aux inten­tions de vote des élec­teurs, ou que les opéra­tions de vote aient été anonymes. Aucune.

    Personne n’a à ce jour et à ma connais­sance trouvé une solu­tion à ce problème dans le cadre d’un vote élec­tro­nique. Si c’était le cas ça aurait déjà fait grand bruit rien que par le nombre de personnes qui se seraient atte­lées à véri­fier le système et par le nombre d’études et papiers de recherche le confir­mant.

    Gênant, quand même.

    Et si vous pensez avoir la solu­tion, après avoir avec humi­lité consi­déré que si ça vous semble simple c’est proba­ble­ment que vous vous trom­pez quelque part vu le nombre de personnes très intel­li­gentes qui sont déjà passées sur le sujet, je vous invite à faire une grande commu­ni­ca­tion publique dans la presse avec le détail de mise en œuvre que tout le monde pourra véri­fier pour confir­mer.

    Vous voulez des exemples ?

    Les machines utili­sées ces dernières années étaient très mal sécu­ri­sées. Si vous cher­chez sur Inter­net vous trou­ve­rez une univer­sité qui a réussi à faire chan­ter un hymne natio­nal à une machine de vote, de nombreuses personnes qui montrent comment modi­fier la machine dans l’iso­loir du bureau de vote, des machines à voter qui donnent plus de votes que d’élec­teurs ou même qui élisent des gens qui n’étaient pas dans les candi­dats, des résul­tats illi­sibles, des machines qui conte­naient déjà des votes avant le début de l’élec­tion, des résul­tats objec­ti­ve­ment faux (genre « tous les votes pour un candi­dat qui fait quelques pour­cents ailleurs »), et je passe de meilleures histoires encore.

    Le pire c’est que tout ce qu’on a vu sur ces ordi­na­teurs de vote est assez gros­sier, souvent résul­tat de défauts de concep­tion ou d’or­ga­ni­sa­tion tout aussi gros­siers.

    En réalité le problème n’est pas un manque de moyen, c’est que le système est objec­ti­ve­ment quasi­ment impos­sible à garan­tir et à sécu­ri­ser. Je serai très heureux que vous trou­viez une solu­tion mais des gens meilleurs que nous s’y sont cassés les dents plus d’une fois.

    Toutes les solu­tions entre­vues jusqu’à présent soit mettent à mal le secret du vote, soit ne sont qu’une auto­ma­ti­sa­tion mineure et peu perti­nente du système papier actuel.

    Et surtout, pourquoi ?

    Parce que fina­le­ment, le coût des élec­tions papier est énorme, mais les machines à voter ont coûté encore plus cher.

    Le seul défaut théo­rique du papier tient dans la lenteur pour obte­nir des résul­tats, c’est à dire quelques heures. Est-on prêt à mettre en danger nos élec­tions pour ne plus attendre quelques heures une fois par an en moyenne ?

  • Utopie huma­niste

    Je laisse les affir­ma­tions à la répon­sa­bi­lité de l’au­teur mais la réflexion est inté­res­sante. Pourquoi en est-on encore à ne pas remplir les besoins primaires ? utopie huma­niste

    En 2014, si l’on regarde la pyra­mide des besoins (dite pyra­mide de Maslow),  nous en sommes encore à répondre à nos besoins physio­lo­giques (faim, soif, respi­ra­tion, sommeil, élimi­na­tion) alors que certaines civi­li­sa­tion antiques avaient déjà atteint le troi­sième palier avec des réponses à appor­ter aux besoins d’ap­par­te­nance et d’amour (affec­tion des autres, sexua­lité) car résolu les besoins de sécu­rité (envi­ron­ne­ment stable et prévi­sible, sans anxiété ni crise).

    Dans ces civi­li­sa­tions antiques, la réponse aux besoins physio­lo­giques (faim, soif) étaient adres­sés prin­ci­pa­le­ment par l’Es­cla­vage d’autres êtres humains et les besoins de sécu­rité par des régimes poli­tiques protec­teurs des habi­tants. Restait donc au peuple la charge d’œu­vrer sur ses besoins d’ap­par­te­nance et d’amour, d’es­time et d’ac­com­plis­se­ment de soi.

    La ques­tion est peut être là. Nous avons changé notre modèle mais nous avons toujours une échelle sociale avec une partie de la popu­la­tion dont le confort se base sur l’ex­ploi­ta­tion de l’autre partie. Nous préten­dons garan­tir à tous la liberté, mais c’est pour mieux assou­vir de par la dépen­dance aux besoins encore plus basiques.

    Le déca­lage entre une popu­la­tion aisée, à l’abri (souvent occi­den­tale) et une popu­la­tion survi­vant tout juste, me fait dire que le terme d’es­cla­vage n’est pas forcé­ment inadapté aujourd’­hui. C’est juste sur une autre échelle, au niveau mondial, et instauré de façon plus insi­dieuse car moins expli­cite.

    Quand on regarde les grandes inno­va­tions à succès de ces dernières années, sont-elles des inno­va­tions répon­dant à ces besoins ? Certaines oui, mais la grande majo­rité ciblent le 3e ou le 4e étage de cette pyra­mide. Ainsi nous voyons de nombreuses tech­no­lo­gies au service des besoins sociaux/affec­tifs alors qu’une immense part des Hommes, y compris dans les zones plané­taires les plus riches et les plus avan­cées tech­no­lo­gique­ment, en sont encore à cher­cher quoti­dien­ne­ment à adres­ser leurs besoins physio­lo­giques. Pour­tant, souvent ils cèdent aux sirènes de la publi­cité et de la pres­sion sociales et vont dédier une grande part de leurs ressources sur ces besoins quitte à handi­ca­per leurs besoins primaires.

    Société de consom­ma­tion, nous voilà. Mais je n’ai pas de solu­tion pour en sortir.

    Si la Société gère et orga­nise elle-même l’ac­cès gratuit et univer­sel à ces besoins, en dehors de toute velléité marchande, cela amène­rait natu­rel­le­ment à la fin de toute aide sociale finan­cière ou subven­tion sur ces points. […] Pour voir ce mode de fonc­tion­ne­ment d’une société, il nous faut partir loin de notre civi­li­sa­tion visi­ter certaines tribus d’Afrique centrale ou d’Ama­zo­nie, où le bien commun sur tout ce qui est vital est la règle, où on ne le laisse pas son prochain avoir faim, soif, froid et que l’on protège.

    Même conclu­sion que l’au­teur : Et le revenu de base dans tout ça ? On ne résout pas tout – et certai­ne­ment pas l’alié­na­tion volon­taire des besoins primaires pour satis­faire les besoins de confort – mais ce peut être un premier pas… enfin à condi­tion que ça ne commence pas que dans des pays riches.

    Juste donner de l’argent et ne pas adres­ser direc­te­ment des besoins est, pour moi, une forme de démis­sion, de déres­pon­sa­bi­li­sa­tion, voire un aveux d’im­puis­sance.

    Ça peut sembler contra­dic­toire mais c’est pour­tant très vrai. Le « je te donne de l’argent, tu es respon­sable » c’est une forme de démis­sion de type « je sais que ça ne fonc­tionne pas comme système mais je rejette la faute sur la respon­sa­bi­lité indi­vi­duelle d’au­trui car en théo­rie il peut faire autre­ment ». Ça fonc­tionne d’au­tant mieux quand nous même sommes suffi­sam­ment aisés pour avoir dépassé le stade des besoins primaires.

    Note de fin d’ana­lyse : Donner de l’argent n’est pas « la » solu­tion, mais ça n’em­pêche pas que le revenu de base puisse être « une » solu­tion, ou en tout cas une amélio­ra­tion sur le chemin d’une solu­tion, voire une réponse à d’autres problèmes (alié­na­tion du travail, répar­ti­tion, etc.)

     

  • De la progres­si­vité du revenu de base

    Je ne reco­pie pas le billet, je ne suis pas d’ac­cord avec tout et j’ai répondu direc­te­ment là bas, mais je vous incite à lire : De la progres­si­vité du revenu de base.

    Injec­ter par exemple 1500€ par habi­tant et par mois serait une pure folie écono­mique, ne serait ce que par l’ef­fet tran­si­toire brutal qu’une telle mesure impo­se­rait en France et dans les pays voisins.

    […]

    Enfin, la défi­ni­tion du Revenu de Base impose une incon­di­tion­na­lité, mais certaines propo­si­tions, dont celles qui demandent un revenu élevé, trahissent pure­ment et simple­ment cette incon­di­tion­na­lité en concé­dant que des allo­ca­tions chômage, des aides sociales ou des pres­ta­tions fami­liales pour­raient être dimi­nuées, voire annu­lées en contre­par­tie de ce revenu de base ! Nous nous oppo­sons forte­ment à ce qu’un RdB enlève un seul centime d’euro du montant des aides actuelles. Pire, suppri­mer par exemple un RSA pour le rempla­cer par un RdB, qui serait aussi distri­bué aux riches sans baisse de salaire, condui­rait méca­nique­ment à augmen­ter les inéga­li­tés.

  • Content Used to Be King. Now It’s the Joker

    Le titre est trom­peur sur le contenu, mais c’est à lire. Je titre­rais person­nel­le­ment « s’ali­gner avec ses valeurs et construire un monde qui remet chacun à sa place » mais ça ferait un peu gran­di­lo­quent.

    As for me, I’ve deci­ded I’m done being part of the problem.

    J’es­père qu’il fera réflé­chir, et pas que dans son domaine.

  • Avec un revenu de base, qui ferait les métiers pénibles ?

    Je n’aime pas forcé­ment les réponses qui y sont données là bas mais la ques­tion est diable­ment inté­res­sante.

    L’exis­tence même de cette ques­tion amène à dire que, bien à l’abri dans notre confort, nous sommes heureux d’avoir une société de classes où certains, pour vivre, n’ont pas le choix d’ac­cep­ter les métiers pénibles que nous ne voulons pas exer­cer.

    La notion de confort et de péni­bi­lité varie suivant notre envi­ron­ne­ment social, mais seuls ceux tout en bout de chaîne ne peuvent pas en dire autant.

    Renon­cer à chan­ger la société parce que nous n’au­rions plus une popu­la­tion infé­rieure corvéable, c’est déjà répondre que ce chan­ge­ment est juste­ment essen­tiel, et urgent.

    Bref, nous aurons réussi, revenu de base ou pas, quand juste­ment nous ne nous pose­rons plus cette ques­tion.

    Et pour la réponse ?

    Il y a une chose de certaine : Si le métier est vrai­ment utile à la société, on finira par trou­ver quelqu’un pour le faire, parce qu’on sera prêt à y mettre le prix.

    Le marché de l’em­ploi est actuel­le­ment tota­le­ment faussé par une demande dispro­por­tion­née par rapport à l’offre, et par une repro­duc­tion sociale très impor­tante. La conjonc­tion des deux permet de donner de très mauvaises condi­tions à des travaux pour­tant pénibles tout en offrant extrê­me­ment bonnes condi­tions à des travaux dits « haute­ment quali­fiés » réser­vés à une élite sociale, majo­ri­tai­re­ment repro­duite par nais­sance ou rela­tion­nel.

    En réalité il y a plus de personnes capables d’as­su­rer ces travaux « haute­ment quali­fiés » pour peu qu’ils aient tous les mêmes faci­li­tés au départ, que de personnes prêtes à accep­ter les travaux pénibles.

    À long terme avec un revenu d’exis­tence qui n’est pas au rabais, on risque effec­ti­ve­ment d’in­ver­ser les condi­tions de travail et les échelles de revenu de nombreux métiers. Les travaux pénibles vrai­ment utiles conti­nue­ront à être remplis, mais simple­ment pas aux mêmes condi­tions.

  • Traître à la liberté de la presse

    …le fait que le prix Pulit­zer ait été attri­bué aux jour­na­listes qui ont révélé l’af­faire Snow­den est le symbole de la crise de la presse car Snow­den est un traître à la démo­cra­tie…

    Philippe Val, direc­teur de France Inter, rencontre avec le CRIF

    Je ne sais pas comment on peut en arri­ver là, surtout quand on parle des jour­na­listes qui ont reçu le prix Pulit­zer juste­ment pour ces révé­la­tions, mais ça en dit effec­ti­ve­ment long sur la crise de la presse en France.