Catégorie : Politique et société

  • Bulle immo­bi­lière

    Bulle immo­bi­lière

    Le coût monte à une vitesse folle d’un coup. Ce ne peut pas être qu’une consé­quence de la rareté ou de la diffi­culté de produc­tion, pas avec une telle pente.

    Imagi­ner que des aides à la construc­tion, à la loca­tion ou à l’achat règle­ront quoi que ce soit est un rêve dange­reux. Pour que ça arrive il faudrait augmen­ter d’un coup de manière extrê­me­ment forte le nombre de loge­ment dispo­nible. Comme le coût n’est pas le seul critère, même en défis­ca­li­sant complè­te­ment, ça n’ar­ri­vera pas.

    Entre temps on ne fait que finan­cer la bulle sur des fonds publics, à la plus grande joie des inves­tis­seurs exis­tants.

    Pire : En défis­ca­li­sant la construc­tion, en four­nis­sant des aides diverses et variées, on finance l’in­ves­tis­se­ment des plus riches, sur des fonds publics, sous prétexte que ces riches permet­tront ensuite aux pauvres de louer ce capi­tal créé. Ça peut avoir un symp­tôme posi­tif à très court terme, mais les dégâts seront impor­tants.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC par Shawn Harquail

  • Renfor­cer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi

    Renfor­cer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi

    Je demande à @pole_emploi de renfor­cer les contrôles pour être sûr que les gens cherchent bien un emploi
    François Rebsa­men

    Nouveau gouver­ne­ment. Chômage impor­tant. Première action et commu­ni­ca­tion.

    Parce qu’é­vi­dem­ment la cause majeure du chômage ce sont bien les chômeurs qui ne cherchent pas du travail (ou pas). Sinon tout serait résolu (ou pas). Il est urgent d’y répondre, il n’y avait rien de plus impor­tant à faire comme action pour le ministre du chômage.

    Le pire c’est que non seule­ment le Pôle Emploi ne fait déjà plus que ça (pape­ras­se­rie admi­nis­tra­tive, enre­gis­tre­ment et contrôles ; se rappe­ler du temps qu’ils ont pour chaque chômeur) mais en plus on renforce ici l’idée que ceux qui sont chômeurs ne sont que de vils profi­teurs.

    La stig­ma­ti­sa­tion c’est aussi ce qui rend plus diffi­cile de retrou­ver un emploi. L’idée (fausse) que la France est un pays d’as­sis­tés c’est ce qui dimi­nue la proba­bi­lité d’in­ves­tis­se­ment.

    Bref, c’était clai­re­ment le plus impor­tant à faire pour la relance du gouver­ne­ment et la confiance de la base socia­liste en ceux qu’elle a élu.

    Elle se voit suffi­sam­ment l’iro­nie là ?

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Kevin Sr.

  • Des congés d’ins­tit

    Des congés d’ins­tit

    Je m’étais promis de faire ce billet un jour mais avec la rentrée je vois à chaque fois ma femme se faire bouillir quand elle entend « oh, les instits ils font la rentrée mais ils ne travaillent pas beau­coup quand même » (ou autres variantes simi­laires).

    Alors je sais que chacun est diffé­rent mais je vais prendre un exemple que je connais bien :

    L’an­née dernière elle était la plupart des jours à l’école avant 7h. Là, même si elle n’em­bauche qu’à 8h45, elle prépare ses cours du jour, fait des correc­tions, gère l’em­mer­de­ment quoti­dien admi­nis­tra­tif ou tech­nique, arrange les plan­nings, etc.

    Le soir elle partait un peu avant 18h. Entre la fin des cours et le départ ce n’est pas de la garde­rie mais des correc­tions, le range­ment de la salle, et… la discus­sion avec les parents ou sa collègue (elle fait deux mi-temps, donc il y a une collègue avec qui se synchro­ni­ser pour les deux classes).

    Le midi… vous avez compris : En gros ça bosse aussi une majeure partie du temps, au moins pour faire la police et gérer les bobos des élèves (parce que même si on n’est pas de garde, on ne laisse pas les enfants pleu­rer dans un coin en disant « je suis perché »).

    Le week-end ou le soir à la maison, devi­nez quoi : Le travail est loin d’être rare, pour prépa­rer les acti­vi­tés ou adap­ter un cours. Il faut dire que l’ex­cep­tion­nel est régu­lier. Ça tourne entre les réunions parent-instit trimes­trielles (non seule­ment ça prend du temps, mais en plus ça se prépare en amont), les livrets en fin de trimestre, et les diverses fêtes d’école, sorties et anima­tion. Parfois elle avait moins de temps libre que moi qui suis cadre de direc­tion sans horaires.

    Vous allez me dire qu’il reste les vacances ? et bien non. Parce qu’un cours ça se prépare, ça se créé. On ne se contente pas de prendre le livre et de le suivre. Quand il s’agit de nouveaux niveaux et qu’on fait les choses biens, on peut passer faci­le­ment 1h de concep­tion pour pour 2h de cours. Là elle avait deux mi-temps, dont un avec un double niveau. Bref, trois niveaux à prépa­rer. Cet été elle n’a pas eu plus de congés « ne rien faire » que moi.

    Bien entendu tout ça n’est pas décompté en heures supplé­men­taires, c’est « inclus dans le forfait ».

    Oui, tout dépend de chacun, et un vieil instit qui a ses cours faits depuis des années épargne proba­ble­ment du temps, un instit qui salope son travail et se moque des élèves aussi (heureu­se­ment ils sont proba­ble­ment plus rares qu’on ne veut bien le dire), mais la plupart des gens qui crachent sur les vacances des instit font proba­ble­ment bien moins d’heures de travail à l’an­née. Pensez-y la prochaine fois.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Jeyheich

  • Sujets tabous

    Sujets tabous

    Sur certains sujets, impos­sible de sortir du soutien ou du rejet pur et simple, d’un émotif binaire.

    Un sujet annexe ? une ques­tion liée ? un point de détail ? peu importe. Si on n’an­nonce pas un rejet avec un nombre de super­la­tifs faisant pleu­rer d’en­vie un poli­tique, les gens n’y liront qu’un soutien incon­di­tion­nel, et inver­se­ment. Tout le reste est anni­hilé, ignoré, détourné, incom­pris, ramené à une posi­tion binaire de soutien ou rejet global, qui de plus doit être abso­lu­ment radi­cale..

    Alors pour faire court, vos posi­tions sur le FN, l’IVG ou sur Dieu­donné [liste abso­lu­ment non limi­ta­tive], je les partage très proba­ble­ment (ou pas, mais ce n’est juste­ment pas la ques­tion).

    Pour autant je me réserve le droit de mention­ner ces mots en sortant de l’émo­tif binaire attendu. Je me réserve le droit d’abor­der un sujet lié, de faire une compa­rai­son ou de discu­ter de façon géné­rique sans que tout ne se résume en un juge­ment global.

    Pire, je me réserve même le droit de discu­ter un point précis pris isolé­ment, et d’avoir des juge­ments diffé­rents su le point précis et sur l’en­semble autour.

    Je peux me trom­per, dire des bêtises. Je vous demande juste d’ac­cep­ter que tout ne se résume pas à un soutien ou un rejet, et que vos réponses sont non seule­ment hors sujets mais aussi très épui­santes s’il ne s’agit que de reve­nir à ça.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-SA par Enrique Pardo

  • Marke­ting écono­mique

    Marke­ting écono­mique

    À mettre en regard du précé­dent billet. Lu sur Le Monde :

    M. Gattaz avait déjà profon­dé­ment irrité François Hollande en décla­rant en juillet que la situa­tion écono­mique du pays était « catas­tro­phique ». « Il y a un problème de langage, ce langage-là doit chan­ger. A un moment, il faut que le patro­nat pense à ses propres inté­rêts et qu’il y ait la confiance [dans l’éco­no­mie] », lui avait rétorqué le chef de l’Etat.

    Des infor­ma­tions, une vision du pays ? non, si vous aviez encore des illu­sions, voilà l’im­por­tant dans la poli­tique : La commu­ni­ca­tion, envoyer des messages posi­tifs.  Une vraie croyance dans le fait qu’à force de dire que tout va bien les gens vont y croire et l’éco­no­mie va reprendre. Une sorte de méthode coué.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Rajesh Pamnani

  • Le problème ce sont les charges sur les bas salaires

    Le problème ce sont les charges sur les bas salaires

    Ou pas.

    +30,3%. C’est l’aug­men­ta­tion des divi­dendes distri­bués par les entre­prises cotées en France au deuxième trimestre 2014, période où près de 40% des verse­ments sont effec­tués, selon une enquête d’Hen­der­son Global Inves­tors publiée lundi 18 août. La France arrive en tête des progres­sions en Europe, devant l’Al­le­magne (+9,7%) et le Royaume-Uni (+3,9%). Les divi­dendes ont aussi augmenté au Japon (+18,5%) et aux États-Unis (+13,8%), mais ont dimi­nué dans les pays émer­gents (-14,6%)

    À priori extrait du jour­nal Le Monde.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Franck Vervial

  • Livre, Recul sur l’oeuvre et adap­ta­tion

    Livre, Recul sur l’oeuvre et adap­ta­tion

    > Certaines alté­ra­tions vous ont-elles chagriné?

    Je répon­drai par une autre ques­tion. Combien d’en­fants a Scar­lett O’Hara dans « Autant en emporte le vent »? Dans le film, elle en a un, et trois dans le roman. Deux formes, une histoire. À chacune son dispo­si­tif. C’est très bien comme ça.

    Plus que le clas­sique « vous aimez bien tuer vos person­nages », c’est cette ques­tion qui m’in­té­resse. La réponse dénote non seule­ment d’un récul inté­res­sant sur sa propre créa­tion, où on en accepte des déri­va­tions et où tout n’est pas sacré, mais aussi sur la notion d’ad­pa­ta­tion au média.

    Le fait que l’au­teur ait commencé par écrire pour l’écran avant de rédi­ger son livre papier doit certai­ne­ment aider à ce recul. Même en s’au­to­ri­sant à passer sous silence bien des passages, la tenta­tive d’adap­ta­tion fidèle gâche à mon avis bien des passages de livres à l’écran.

    Échanges rappor­tés par Bibliobs

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Gonga­shan

  • Fonda­men­ta­lisme et laïcité

    On a joué avec le feu à monter les uns contre les autres. Aujourd’­hui, quand on parle de reli­gion et de laïcité, j’ai peur des fonda­men­ta­listes.

    J’ai peur de ces fonda­men­ta­listes qui cherchent à impo­ser leur croyance reli­gieuse et à faire dispa­raitre les autres de l’es­pace public.

    J’ai peur de ces fonda­men­ta­listes qui croient que toute croyance diffé­rente est forcé­ment un danger critique pour le pays, la popu­la­tion, pour l’ordre public.

    J’ai peur de ces fonda­men­ta­listes qui vont jusqu’à vouloir inter­dire les croyances qui ne sont pas les leurs, inter­dire d’en parler en public, inter­dire d’en porter tout symbole.

    J’ai très peur d’eux, et de leur vision extré­miste de la laïcité. Ils prônent un « don’t show, don’t tell » qui rappelle un peu trop un ancien « don’t ask, don’t tell ». Ils ne sont fina­le­ment pas diffé­rents des autres fonda­men­ta­listes qu’ils disent combattre.


    Parce qu’il semble qu’il faille le rappe­ler : Inter­dire l’ex­pres­sion de sa reli­gion en public n’est pas plus légi­time ou accep­table qu’in­ter­dire l’ex­pres­sion de ses croyances poli­tiques, de ses croyances écolo­giques, de ses croyances musi­cales, ou d’une quel­conque autre croyance. Si vous pensez que la reli­gion est dange­reuse et diffé­rente en elle-même, c’est en soi une croyance, votre croyance.

    Pensez aussi que prétendre assu­rer la libre croyance tout en impo­sant un code vesti­men­taire en public – car inter­dire certains symboles ou vête­ments, ce n’est pas autre chose – c’est juste­ment ce qui se faisait en Iran et dans quelques autres pays.

    À ceux qui veulent s’en­ga­ger tout de même sur ce terrain, pensez que cela viole­rait très clai­re­ment la Conven­tion euro­péenne des droits de l’Homme. Je vous invite donc à soupe­ser très longue­ment l’op­por­tu­nité d’al­ler remettre en cause ce texte si fonda­men­tal, où chaque modi­fi­ca­tion devra être pensée avec mille précau­tions et discu­tée avec 1500 groupes aux avis diver­gents, pas tous avec les mêmes croyances que vous. Le moins amusant c’est qu’on risque même d’en sortir avec une version plus reli­gieuse qu’a­vant, si on en croit la volonté de rappe­ler des racines reli­gieuses dans les textes fonda­men­taux euro­péens.

    Entre temps, à titre de rappel, la laïcité, telle qu’elle est défi­nie dans nos textes en France, est un concept qui s’im­pose à l’État – et par exten­sion éven­tuel­le­ment aux repré­sen­tants de celui-ci, pas le citoyen. En fait, ce qui concerne le citoyen c’est juste­ment l’obli­ga­tion pour l’État de lui garan­tir la libre expres­sion et le libre exer­cice de sa reli­gion – et pas unique­ment en privé. Bref, exac­te­ment l’op­posé de ce que ce nouveau fonda­men­ta­lisme qui se réclame de la laïcité essaye d’im­po­ser.

  • Culture, entre propriété indi­vi­duelle et bien commun

    Je lis Niel Jomunsi abor­der avec brio la ques­tion de la diffu­sion de ses oeuvres, de la copie et de son impact. Je n’ai limite rien à ajou­ter telle­ment c’est bien pensé et bien expliqué. Je ne saurai trop vous recom­man­der la lecture.

    Thierry Crou­zet répond, en parlant d’al­go­rithmes.  Je ne comprends pas cette vision et ce voca­bu­laire tech­nique.

    On copie. Pas d’al­go­rithme ou de magie à l’oeuvre du point de vue utili­sa­teur. Copier on le fait déjà avec des images, avec du texte, avec de la musique. On l’a toujours fait.

    On avait peur de l’im­pri­me­rie quand elle est arri­vée. Plus tard on a eu peur de la radio, avec des conte­nus gratuits ça serait la mort de la produc­tion phono­gra­phique. Puis on a eu peur des cassettes audio, puis des mêmes en vidéo, du photo­co­pieur, du graveur de CD, du rattra­page TV.

    Non, ce qui arrive n’est pas l’ef­fet de bord de la révo­lu­tion numé­rique. Ce qui arrive est l’évo­lu­tion natu­relle de notre société, conti­nue depuis des siècles. Le fait qu’on travaille avec du numé­rique n’est pas plus struc­tu­rant que le fait qu’on ait travaillé avec des photo­co­pieurs il y a 50 ans ou avec du plomb il y a 100 ans.

    Je ne dis pas que le partage numé­rique à grande échelle ne va rien chan­ger – au contraire – mais d’une part il faut arrê­ter de croire que la présence de conte­nus gratuits va dimi­nuer d’au­tant le budget cultu­rel – le passé a prouvé plusieurs fois que ce n’était pas le cas – d’autre part affir­mer que la rému­né­ra­tion à la copie est indis­pen­sable est forte­ment mécon­naitre notre histoire : Ce modèle actuel de rému­né­ra­tion à la copie est tout récent, la part la plus impor­tante de notre culture s’est forgée dans d’autres modèles.

     

    Pour la suite, désolé, mais je ne comprends pas l’ar­gu­men­ta­tion qui veut amal­ga­mer les caisses auto­ma­tiques, le trading haute fréquence et le droit de parta­ger un livre numé­rique à son voisin. Je ne dis pas que ce sujet est inin­té­res­sant, mais ça n’a un peu rien à voir à mon humble avis.

    Quand on parle de copie de conte­nus cultu­rels on ne parle pas d’au­to­ma­ti­sa­tion d’un travail manuel, on parle d’équi­libre entre l’in­té­rêt indi­vi­duel de l’au­teur (et de la chaîne d’édi­tion/produc­tion) et entre l’in­té­rêt collec­tif de la société. C’est un sujet qui n’est pas léger, mais ce n’est « que » ça : un équi­libre à trou­ver.

    Inter­dire les copies ? C’est chan­ger l’équi­libre pour se rappro­cher de l’in­té­rêt indi­vi­duel (puisque des copies et des prêts on en a toujours eu même avant le numé­rique).
    Lais­ser faire les copies ? C’est lais­ser l’équi­libre déri­ver vers le collec­tif. C’est une direc­tion qui est prise depuis des dizaines ou des centaines d’an­nées, bien avant le numé­rique, mais qui fait un bon inima­gi­nable aujourd’­hui.

    La ques­tion est juste là. Où se situe l’équi­libre entre l’in­di­vi­duel et le collec­tif ? Celui qui croit avoir une réponse simple a proba­ble­ment mal compris la problé­ma­tique.

  • Travail et auto­ma­ti­sa­tion : la fin du travail ne touche pas que les emplois les moins quali­fiés

    Pour les cher­cheurs, l’in­for­ma­ti­sa­tion devrait surtout porter sur des emplois peu quali­fiés. Ils n’ont réalisé aucune esti­ma­tion pour évaluer le nombre d’em­plois touchés par l’au­to­ma­ti­sa­tion dans les années à venir, mais ils concluent leur prédic­tion en expliquant que les employés peu quali­fiés et les profes­sions à bas salaires qui devraient être les plus touchées devront être réaf­fec­tés à des tâches qui ne sont pas sensibles à l’in­for­ma­ti­sa­tion, comme celles néces­si­tant de l’in­tel­li­gence créa­tive et sociale

    L’au­to­ma­ti­sa­tion des tâches et l’avan­ce­ment des tech­no­lo­gies fait dispa­raitre les travaux les moins quali­fiés au profits de travaux plus quali­fiés mais plus rares ?

    Fumis­te­rie.

    Si dans les 20 dernières années du XXe siècle nous avons connu un exode des emplois les moins quali­fiés vers des emplois quali­fiés et très quali­fiés, la perte d’em­ploi se fait désor­mais dans tous les domaines de compé­tences.

    Et même quand ce n’est pas le cas, ce n’est pas forcé­ment une bonne nouvelle

    Si l’au­to­ma­ti­sa­tion peut amélio­rer le travail, le rendre plus stimu­lant et inté­res­sant, une machine trop sophis­tiquée peut aussi géné­rer de la déqua­li­fi­ca­tion, trans­for­mant un arti­san compé­tent en opéra­teur de machine modé­ré­ment quali­fié.

    Mais surtout on a de moins en moins besoin de réflé­chir. D’une part grâce à l’aide de l’in­for­ma­ti­sa­tion, d’autre part parce que la réflexion se concentre aux mains de quelques uns.

    Les travailleurs de la connais­sance sont eux-mêmes en train de se déqua­li­fier, ressem­blant de plus en plus à des opéra­teurs infor­ma­tiques, estime Carr.

    11edsall-chart1-articleLarge

    On peut faci­le­ment mettre ça en rela­tion avec la concen­tra­tion des richesses et du capi­ta­lisme forcené. Moins de très riches, qui contrôlent et exploitent le travail des autres. Ceux qui restent deviennent opéra­teurs de systèmes auto­ma­ti­sés ou sur des tâches manuelles trop complexes à auto­ma­ti­sées (par des ouvriers loca­li­sées dans des pays à très bas coûts).

    Le graphique est éclai­rant. On a de moins en moins d’em­plois qui néces­sitent de réflé­chir, et on chute à un niveau excep­tion­nel­le­ment bas.

    Le pire c’est que nos poli­tiques conti­nuent à faire perdu­rer le mythe des avan­cées tech­no­lo­giques qui poussent vers des postes plus quali­fiés, alors qu’en réalité on réduit surtout le nombre d’em­ploi, en les écra­sant tous plus ou moins vers de l’exé­cu­tion intel­lec­tuelle, du contrôle de proces­sus.

    En fait, depuis les années 2000, la concur­rence dans les emplois manuels peu quali­fiés s’est accrue et les travailleurs plus quali­fiés ont pris la place des moins quali­fiés pour des emplois eux-mêmes moins quali­fiés.

    La poli­tique du « avec un meilleur diplôme vous aurez un emploi » ne fait que repor­ter le problème. L’im­por­tant est juste d’avoir un meilleur diplôme que les autres, même si la haute compé­tence est inutile. On en est à deman­der le bac ou des études supé­rieures pour tout, du person­nel de ménage jusqu’au jardi­nier en passant par l’ou­vrier à la chaîne. Le pire c’est qu’en plus on spécia­lise forte­ment les diplôme, rendant les gens très diffi­cile à redé­ployer sur d’autres missions.

    Je n’ai pas de solu­tion au problème de déqua­li­fi­ca­tion des emplois. Si ce n’est arrê­ter de s’y soumettre, profi­ter du besoin moindre pour réali­ser tu travail libre, sur des tâches qui sont et plus valo­ri­sante et plus utiles à la société. Pour ça le revenu de base est une piste.

    La pour­suite du tout emploi n’amène de toutes façons à rien, sauf le bonheur des 0,1% qui concentrent capi­tal comme capa­cité de déci­sion.