Catégorie : Politique et société

  • Taux d’in­car­cé­ra­tion

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    Prenez la posi­tion de la France (98 incar­cé­ra­tions sur 100 000 personnes), regar­dez qui empri­sonne plus et qui empri­sonne moins. Où voulez-vous vivre ?

    Bien évidem­ment, on montre une corré­la­tion mais une fois qu’on voit qu’un groupe de pays a peu d’in­car­cé­ra­tions par rapport à sa popu­la­tion, diffi­cile de savoir quelle et la cause et quelle est la consé­quence.

    Sont-ils plus agréables à vivre parce que juste­ment ils ont des solu­tions de réin­ser­tion et réadap­ta­tion qui rendent moins perti­nentes les incar­cé­ra­tions et qui fonc­tionnent mieux ? ou est-ce qu’ils ont moins à s’en servir parce qu’à l’ori­gine se sont des pays avec moins de problèmes ?

  • Tour­nant idéo­lo­gique majeur ?

    La blague de Fukuyama a fait long feu, le monde avance. Le succès rencon­tré par Thomas Piketty aux Etats-Unis symbo­lise-t-il un tour­nant idéo­lo­gique majeur ? Il est sans doute trop tôt pour l’af­fir­mer mais les mouches sont en train de chan­ger d’âne comme disent les commen­ta­teurs spor­tifs. Il ne s’agit plus seule­ment d’al­ter-mondia­listes ou de « gauchistes » comme Robert Reich mais aussi de Warren Buffett : la folie inéga­li­taire doit s’ar­rê­ter et vite. En Chine même les reven­di­ca­tions sala­riales, la demande de dignité grondent.

    — En finir avec la révo­lu­tion conser­va­trice : bien­ve­nue dans l’ère du partage

    Rien à ajou­ter, énor­mé­ment à discu­ter et à construire.

  • Faire table rase, et cacher le passé

    C’est malheu­reu­se­ment habi­tuel, mais je ne peux m’em­pê­cher de secouer la tête à chaque fois.

    Le gouver­ne­ment ou l’élu change, la première action publique juste après la confé­rence de presse est toujours suppri­mer très très vite le site web précé­dent pour mettre quelque chose de neuf, quasi­ment vide au départ.

    La première. C’est urgent.  Pas juste mettre une nouvelle version, chan­ger les noms, biogra­phies et attri­bu­tions, mais suppri­mer le contenu du précé­dent. Qu’on fasse semblant de ne pas savoir qu’il y avait un précé­dent. Qu’on retire toute réfé­rence à ce qu’il a fait.

    Vous voulez réfé­ren­cez un contenu publié par l’an­cien président, l’an­cien gouver­ne­ment ? oubliez, il a été supprimé. Dans le meilleur des cas il sera remis en ligne ailleurs, bien caché dans des archives et sans redi­rec­tion à partir de l’an­cienne adresse.

    Il est hors de ques­tion que le site puisse parler d’autre chose que LE nouveau président ou LE nouveau gouver­ne­ment et faire de l’ombre à leur personne. Vous devriez avoir honte d’y avoir pensé.

    Même si on n’a aucun contenu à y mettre et juste un PDF à lier en page d’ac­cueil, même quand il y a conti­nuité dans le gouver­ne­ment avec la même couleur poli­tique et nombre d’in­chan­gés, même les pages d’aides, même les pages sur les insti­tu­tions elles-mêmes, non, on supprime tout.

    On peut rigo­ler, expliquer, justi­fier, person­nel­le­ment je n’y vois qu’une person­ni­fi­ca­tion désas­treuse des élus. Ils n’en­dossent pas un rôle ou ne prennent pas une charge, ils deviennent le nouveau roi. Il est temps d’ar­rê­ter tout ça. Le SIG joue le jeu, et c’est bien dommage (désolé, je ne peux pas faire de lien vers la page web du SIG, elle a été suppri­mée avec tout le reste, elle était sur l’an­cien site du gouver­ne­ment…).

  • Conte­nus français pour Netflix

    « Netflix a vrai­ment tout inté­rêt à être coopé­ra­tif avec le monde du cinéma et de l’au­dio­vi­suel français » car « il a besoin de conte­nus locaux pour déve­lop­per une offre suscep­tible de plaire au public français »
    Tribune de Genève

    Même si ça en donne l’im­pres­sion, ce billet n’est pas classé dans la caté­go­rie humour.

    Sérieu­se­ment, il existe des bonnes produc­tions en France mais de là à dire que ce que les gens attendent de Netflix ce sont de nouveaux conte­nus français, c’est vrai­ment se moquer du monde (ou se mettre le doigt dans l’œil jusqu’au coude).

    Si Netflix approche les produc­tions françaises c’est surtout pour se faire accep­ter par l’État, montrer patte blanche et passer par dessus une oppo­si­tion de tout le secteur. En soi Netflix, vu son public, pour­rait presque commen­cer avec unique­ment son offre US, même sans traduc­tion.

  • Non, je n’ai pas voté pour toi

    Si je regarde le projet, la gestion actuelle de la ville – puisque vous êtes l’équipe sortante – ou même la couleur poli­tique, j’au­rai voté pour vous, pour toi maire de ma ville  (tu permets que je tutoie ? c’est l’usage ici, et de toutes façons je doute que tu me lises).

    Sauf que non.

    Tu occupes une fonc­tion exécu­tive ici depuis 25 ans main­te­nant, 1989 exac­te­ment. Ça date (et bien entendu vous étiez déjà dans le sérail aupa­ra­vant, entre autres en tant qu’as­sis­tante parle­men­taire). Même si on se contente du poste de maire, on parle de 15 ans, 1999.

    Vingt-cinq ans ! Qu’on ne me fasse pas croire qu’il était impos­sible de faire émer­ger des gens compé­tents et perti­nents pour prendre la suite.

    D’au­tant que visi­ble­ment ce sont déjà d’autres qui font le travail de tous les jours, manque de temps oblige : L’ex­press t’at­tri­bue 21 dans son clas­se­ment des cumuls, soit un sur-cumul équi­valent de plus de deux plein temps. Eux n’ont retenu que 5 mandats publics mais il faut ajou­ter 4 mandats d’ad­mi­nis­tra­trice (OPAC, centre hospi­ta­lier, fonds d’amé­na­ge­ment urbains, hospices civils), et 5 autres mandats dans des struc­tures poli­tiques et sociales connexes (Obser­va­toire de la laïcité, Conseil natio­nal de l’ha­bi­tat, comité de suivi du DALO, conseil social de l’USH) dont un en tant que prési­dente et un en tant que vice-prési­dente.

    Ce sont 14 mandats dans des struc­tures publiques ou sociales, et pas des petits ou en second plan ! auquels il faudrait bien entendu ajou­ter les éven­tuelles rôles secon­daires (comme les direc­tions de commis­sions) et les éven­tuelles occu­pa­tions à titre privé. N’en jetez plus !

    Bref, le travail semble bon, j’au­rai voté pour le succes­seur, pour la même liste mais avec de nouvelles têtes en haut. Pas ici, je ne veux plus de ce carrié­risme poli­tique.

    (et je publie ça après l’élec­tion, parce que l’objec­tif n’est pas de faire campagne)

  • The most impor­tant econo­mic chart of our era

    Pour rejoindre le graphique précé­dent, voici celui de Busi­ness Insi­der.

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    Même s’il concerne les États Unis, le problème est celui de tout le système occi­den­tal (pas que j’ex­clue les autres régions, mais je n’en connais pas les chiffres pour juger, ce pour­rait bien être simi­laire).

    Deux raisons pour Busi­ness Insi­der, qu’on retrouve effec­ti­ve­ment en France :

    1. Les déten­teurs du capi­tal prennent une part de plus en plus grande des profits.
    2. Les quelques plus hauts salaires prennent une part de plus en plus impor­tantes de la masse sala­riale globale.

    Ça s’agran­dit depuis la « crise » – n’al­lez plus croire que les déten­teurs du capi­tal assument les risques, ce sont les travailleurs qui le font – mais c’est un décro­chage qu’on a depuis les années 1980.

    Conti­nuez à taper sur les charges sociales et les charges patro­nales et oubliez vite qu’il y en a qui, eux, augmentent leur niveau de vie avec la crise, malgré le fait que ce sont eux qui sont sensés payer toutes ces charges patro­nales.

  • Évolu­tion des reve­nus et inéga­lité crois­sante

    Avant de crier aux impôts qui sont de plus en plus lourds voire confis­ca­toires, réou­vrir le petit pense-bête de Seb Musset :

    niveauxdevieevolutionRappel : 46% des foyers fiscaux ne sont pas impo­sés sur leurs reve­nus (pour cause de reve­nus trop faibles). Il est donc assez facile de déduire que l’évo­lu­tion de l’im­po­si­tion sur le revenu ne compense même pas l’iné­ga­lité de l’évo­lu­tion des reve­nus : Si vous payez un impôt sur le revenu, il y a toutes les chances pour que vous fassiez parti de ceux qui y ont gagné entre 2008 et 2011.

    Des pauvres de plus en plus pauvres (sans même comp­ter l’aug­men­ta­tion des prix) ; nous ne pour­rons pas dyna­mi­ser le tissu écono­mique à partir de ça, juste augmen­ter les profits de quelques uns. Rassu­rez-vous, la tendance change : ce sont de plus en plus les 1% les plus riches qui raflent toute la mise, non les 10%.

     

     

  • Anonyme et Pseu­do­nyme sont sur un bateau

    Car voilà la triste vérité. Bien souvent, même incons­ciem­ment, vouloir à tout prix connaitre l’iden­tité civile d’une personne n’a qu’un but : pouvoir le juger sur le nom, le passé, le milieu social, les études, l’em­ploi ou pire.
    […]
    Nul besoin de savoir s’il a fait des études dans cette spécia­lité, s’il est brillant ou s’il est typé asia­tique. A l’ex­trême limite, on peut vouloir connaitre les acti­vi­tés profes­sion­nelles de la personne, mais guère plus.

    [source: anonyme et pseu­do­nyme sont sur un bateau]

    Le pire c’est quand le milieu artis­tique lutte contre ces inter­nautes anonymes qui se cachent derrière des pseu­do­nymes. Outre la malheu­reuse confu­sion entre pseu­do­nyme et anonyme, il faut appré­cier l’iro­nie de ceux qui utilisent des noms de scène ou nom de plume et qui ne répondent que par ce nom.

    Mais surtout il y a un glis­se­ment de culture sur l’iden­tité des gens. Ma filia­tion, mon nom de famille, ma scola­rité font partie de qui je suis, mais fina­le­ment l’iden­tité que je construis ici est d’abord liée à ce que je dis, comment je réagis, pourquoi. Au mieux mon iden­tité civile peut expliquer mon iden­tité actuelle pour un histo­rien, mais c’est assez peu perti­nent pour l’es­sen­tiel des inter­ven­tions.

    J’uti­li­sais autre­fois un pseu­do­nyme. J’ai arrêté de le faire par la pres­sion sociale, parce que c’était trop peu crédible pour trop de monde et que j’in­ter­ve­nais de toutes façons publique­ment trop souvent avec mon iden­tité civile. Puis je reprends un peu la main progres­si­ve­ment, en tronquant mon nom de famille, voire en repre­nant un pseu­do­nyme qui n’est qu’une contrac­tion de mon nom civil, donc « plus crédible » et « moins anonyme » pour beau­coup tout en gardant une certaine opacité.

    Ces ques­tions ne sont pas réglées, mais j’at­tends le jour où ce qu’on dit sera plus impor­tant que notre iden­tité civile.

  • Emploi, ou pas

    Quel sera l’im­pact sur l’em­ploi, et donc de réduc­tion des défi­cits dont on sait qu’ils sont très large­ment créés par le chômage de masse. On sait que face à une réduc­tion du coût du travail, les entre­prises ont le choix entre en profi­ter pour augmen­ter leurs marges ou pour embau­cher. Mais ce choix s’ef­fec­tue sous de très fortes contraintes dans les petites entre­prises et avec un très fort biais en faveur des effets d’au­baine dans les grandes entre­prises. La réduc­tion sur 5 sala­riés payés au SMIC repré­sente 35% du coût d’une nouvelle embauche. Soit la demande reste atone et l’ef­fet posi­tif sur l’em­ploi sera nul même s’il peut y avoir un effet posi­tif sur la consom­ma­tion, soit la demande est en crois­sance et l’ef­fet d’au­baine sera très impor­tant.

    Au total, le pacte de respon­sa­bi­lité va d’abord se traduire par un trans­fert signi­fi­ca­tif des charges vers un système fiscal qui reste très injuste

    [source: Pacte d’ir­res­pon­sa­bi­lité]

    Il est temps de penser l’em­ploi et le chômage autre­ment. Le plein emploi c’est fini, et ça ne date pas d’aujourd’­hui. La ques­tion est struc­tu­relle et n’a plus rien à voir avec le coût du travail. Le coût du travail entraîne unique­ment des oscil­la­tions sur une courbe qui ne fait que descendre depuis pas loin d’un siècle. Quand il y a remon­tée, c’est juste un arte­fact qui trompe la vision.

    On peut – et on doit – penser répar­ti­tion du travail, mais même ça est du court terme. Ce qu’il faut c’est sortir de cette idée de « sauve­gar­der des emplois ». Il faut sauve­gar­der la protec­tion sociale, la vie commune, mais si cela se fait avec moins d’em­plois, ou avec un système de travail très diffé­rent : tant mieux.

    Quelle est cette logique imbé­cile qui voudrait que travailler plus soit un objec­tif commun de notre société alors qu’on arrive à auto­ma­ti­ser jour après jour ? Pourquoi conti­nuer à penser en deux caté­go­ries : Ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas ? Le revenu d’exis­tence est une piste. Ce n’est pas la seule mais il est temps de s’y mettre car on ne chan­gera pas de société en un an. Si on tarde trop on sera au pied du mur et ça passera par une révo­lu­tion, le sang, et le pire.

  • Indi­ca­teurs de coût du travail

    Cout-du-travail-en-Europe-Indicateurs-trimestriels[source: Indi­ca­teurs de coûts du travail]

    Conti­nuez à bramer que la baisse du coût du travail va résoudre le chômage après ça…