les DRH français qui estiment que [la] nécessaire optimisation [des coûts] devance le maintien d’un bon climat social, la GPEC ou l’amélioration de la performance.
En seconde place [des priorités des entreprises […] le développement de la productivité des salariés, autre recette d’optimisation ; loin devant la gestion des compétences rares et l’innovation qui nécessitent des enveloppes budgétaires…
A contrario, hors de France, c’est bien le climat social, l’innovation et la gestion des compétences rares qui figurent au rang de priorité des dirigeants alors que logiquement pour les DRH monde la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences et le management de la performance constituent l’essentiel de leur feuille de route.
Je ne sais pas si ça mérite un commentaire, mais je trouve que ça reflète bien et l’état d’esprit ici, et le fossé qu’on a vis à vis des anglo-saxons.
Difficile de s’y retrouver dans la loi Macron, car il y a tout et n’importe quoi […] mais il y a un article de loi injustement méconnu : il s’agit de l’article 34 sur l’allègement de la fiscalité des actions gratuites. […]
« Actuellement imposable à l’impôt sur le revenu selon les règles de droit commun applicables aux traitements et salaires, la valeur de ces actions sera désormais imposée selon les principales modalités applicables aux plus-valeurs mobilières »
[…] cela signifie que les actions gratuites bénéficieront d’un abattement de 50% avant imposition, ce qui réduit de moitié l’imposition. […]
« Les conseils d’administration des entreprises du CAC 40 ont voté, en 2014, l’attribution d’actions gratuites pour un montant de 6,4 milliards. Et, dans l’immense majorité des cas, à leurs cadres dirigeants les mieux payés ».
Le capitalisme qui se renforce lui-même, comme un objectif en soi. Si on te donne une part du capital, c’est aux frais de l’État, qui recevra moins d’impôts.
Bien entendu, vu qu’on parle d’impôts sur le revenu, ça ne peut alléger que la moitié la plus riche de la population (l’autre ne gagne pas assez pour en payer), et même probablement le décile le plus haut quand on parle de rémunération en actions.
Les startup serviront probablement de justification, mais pour ça il y a les BSPCE (bons de souscription pour créateurs d’entreprise). Non, ça va servir surtout aux dirigeants de grandes entreprises. Tiens, un exemple avec un scandale récent, celui de la CDC Entreprise.
qu’entend-on par “meilleur PDG” ? Celui qui a prouvé une judicieuse vision stratégique sur le long terme ? Qui innove ? Qui crée de l’emploi ? Celui dont l’entreprise a pris la plus grande valeur en bourse ? Ce dernier critère, très quantitatif, est celui du classement cité par Le Monde : il a été établi par l’Insead, une grande business school internationale, à partir des performances financières des entreprises sur plusieurs années. Les 100 meilleurs patrons ont accru la valeur de leurs entreprises de 40 milliards de dollars, les 100 moins bons ont fait baisser cette valeur de 14 milliards.
Et cette dernière manière de calculer, qui est aussi la plus admise, est une gigantesque arnaque. C’est déconnecter totalement la rémunération de ce que l’individu apporte effectivement comme valeur, pour le rémunérer à partir de ce que tous ses subordonnés apportent comment valeur. Il y a comme une erreur dans l’équation.
Qu’est-ce qui peut nous faire croire qu’un homme mérite, par son travail, 120, 200 ou même 800 fois le salaire moyen de tous les autres, et un ratio encore plus grand face à ceux qui bossent toute la journée à la chaine dans des conditions difficile souvent en mettant en jeu leur santé ?
Tout ça n’a aucun sens, et la dérive est finalement relativement récente : tout juste une trentaine d’années.
Même en imaginant que le dirigeant soit principal responsable direct des résultats, et donc rémunéré en fonction des gains qu’il fait réaliser, l’équation est fausse d’après l’étude :
1 – Il n’existe pas de corrélation entre la rémunération des P-DG et les performances financières de leurs entreprises.
La classe sociale la plus haute, celle des 1% ou 1‰, s’est totalement déconnecté du reste de la société. Entre-soi économique, mais aussi relationnel. Ils ne voient pas la dérive et vont jusqu’à penser mériter ces écarts de rémunérations, en toute bonne foi.
2 – Le fait qu’une entreprise crée en interne un Comité des Rémunérations a plutôt pour effet de faire monter le salaire des dirigeants.
3 – La présence d’administrateurs indépendants au CA de l’entreprise ne garantit aucunement une modération du salaire du P-DG.
En pratique, si certaines miettes tombent en bas, les finances qu’on donne aux plus riches profitent d’abord aux plus riches. Formulé ainsi personne ne s’en étonne, mais la fable qui voudrait qu’en soutenant les plus riches on relève toute la société a la vie dure. Elle ne s’appuie malheureusement sur rien de concret.
Wealth doesn’t trickle down. It trickles outwards – to tax havens.
Le problème c’est qu’on semble incapable d’oser dire « stop » à la classe supérieure, qui demande de plus en plus.
Évolution du salaire moyen horaire hors inflation des salariés du secteur privé aux Etats-Unis. Baisse depuis 2011.
En France, les grands patrons ont obtenu des allègements historiques de fiscalité pour aider à leur compétitivité et compenser des bas salaires vraisemblablement trop chers. En parallèle pourtant, la part des salaires dans le PIB ne fait que diminuer depuis 40 ans, les salaires commencent à diminuer aussi (à monnaie constante). Autant dire que non, ça ne permet pas d’améliorer l’emploi, ça permet surtout de consolider des dividendes et la course à la capitalisation.
Depuis 40 ans, la part du PIB reversée des salaires vers les dividendes représente 1,5x le PIB.
Les aides, baisses de fiscalité et déréglementations ne font qu’alimenter le haut de la pyramide. Les dividendes explosent pendant que les PDG font la mine du chat de Shreck en mettant tout sur le dos de la crise. Ça ne s’arrête pas. Ils osent tout, jusqu’à vouloir dénoncer l’obligation de motiver les licenciements.
Quant à la baisse des « charges » pour la compétitivité des entreprises, c’est tout simplement une baisse des cotisations sociales, dont les caisses sont pourtant déjà dans le rouge depuis des années. Il serait illusoire de croire que cela ne va pas faire baisser le niveau de vie et se santé de ceux qui sont le plus dans le besoin.
61% pour dire qu’il faut augmenter les minima sociaux, mais 58% pour refuser d’augmenter les impôts à cette fin. Blocage idéologique.
Tout le monde est bien d’accord sur le problème, mais dès qu’il s’agit de faire de la redistribution autrement qu’en donnant plus de sous aux plus riches, il y a un blocage idéologique. L’impôt c’est pourtant la base d’un système que même les plus riches étrangers nous envient (l’histoire en lien me tire une larme à chaque lecture). Je crains que ça ne dure pas, parce que pour ça il faut le financer et le consentement à l’impôt est au plus bas.
Le travail de communication des plus riches fonctionne, il obtient désormais le soutien même des plus pauvres : Au lieu de maintenir le niveau des recettes, on sabre dans les prestations et dans la redistribution. Pauvre monde, pauvre France. Nous déconstruisons en quelques années une dynamique qui a pris des dizaines d’années à se former.
La quantité de biens étant limitée, quand on allège les taxes, cotisations et impôts des plus riches, voire qu’on subventionne leurs activités, on ne fait que prendre aux plus pauvres pour cela. C’est tout bête mais bon à rappeler.
Et si pour vous commenciez à voir d’un bon oeil tout ce qu’on vous demande de payer pour la collectivité ? La seule question est de savoir quel modèle social vous soutenez, et si les transformations en cours ont votre soutien.
La lutte des classes existe, nous l’avons gagnée. — Warren Buffet
Les « riches », eux, savent très bien où ils en sont. Je ne compte plus le nombre de fois où j’en entendu « tu devrais être pour, c’est positif pour nous ». La phrase célèbre attribuée à Warren Buffet n’a jamais été aussi vraie.
Un peu d’humour noir ferait remarquer que même au mieux des discussions, on a juste prévu de compenser légèrement en fin de vie les travaux pénibles aux survivants, mais jamais de la rendre supportable pour les salariés. Question de valeurs et de priorités.
Quant à ceux qui trouveront le terme « survivant » exagéré (ne vous cachez pas, vous êtes nombreux), je vous propose de regarder les espérances de vie de ces populations. On a beau jeu de leur proposer une retraite un ou deux ans plus tôt : la plupart n’en profiteront pas, et continueront à coûter bien moins cher à la collectivité que les retraites de tous ces gens aux travaux non-pénibles.
Si vous entendez de gros chiffres à propos de startup, sauf événement exceptionnel, ça se passe ailleurs qu’en France, voire qu’en Europe.
US funds invest in case your company succeeds, whereas in Europe, they invest because your company succeeded.
Another way to phrase this? The biggest fear for a US investor is to miss out on a big hit. When Peter Thiel was asked what his worst investment was, he replied “not (doing) the Series B round of Facebook”. See the difference? Instead of going over the many investments he made that turned out to be failures, he’s blaming himself for a risk not taken.
Et ça cadre très bien avec ce que j’ai pu voir. Ici on investit à minima, pour alimenter un business qui a déjà prouvé son fonctionnement, ou pas loin, avec des business plan à 3 ans. Là bas ils analysent plutôt la capacité de l’équipe à créer quelque chose, et la solidité du projet.
At the seed stage, US investors know that spending weeks analyzing the ‘total addressable market’ (or TAM) is a waste of time. The most interesting companies are those that expand their TAM as they go. For example, before Google came along, the market for PPC SERP ads was non-existent; today it’s a multi-billion dollar market with a clear leader.
But that doesn’t deter European investors from requesting a full deck, including a three-year business plan as a prerequisite to any form of conversation. If your path to profitability is not already proven, you will have a hard time getting as much as a phone call.
Différence de culture, mais pas que. Le reste du billet vaut aussi la lecture.
D’autant que c’est une vue tronquée parce que la France est aussi plus productive que l’Allemagne par heure travaillée, d’environ 2% d’après les chiffres OCDE. Au final la même production coûterait alors entre 6 et 7% de moins en France qu’en Allemagne. C’est énorme !
Je dis « enfin ! » parce qu’on va pouvoir montrer que ce n’est pas le problème, que ça ne va rien résoudre. Si ça résolvait quelque chose, la Grèce ou l’Espagne seraient en plein boom.
Maintenant, si ça ne résout rien, ça me fait mal quand même, comme à chaque fois qu’on se tire une balle dans le pied :
On vient juste d’annoncer qu’on joue le dumping sur le coût du travail, la concurrence à ce niveau avec notre voisin européen principal. Avec ce genre de communication on va bien ramer pour expliquer aux entreprises qu’elles feraient mieux de rester chez nous plutôt qu’aller au Bangladesh, en Roumanie ou même plus proche mais moins cher qu’en France.
Si le but poursuivi est de jouer le moins disant social pour diminuer le coût, non seulement on ne pourra pas gagner mais ça va être un désastre humain.
À force de considérer que 99% de la population ne sont qu’un coût pour les 1% qui détiennent le capital, on va vraiment faire exploser le modèle social…
L’étude montre par ailleurs que le Pacte de responsabilité et de solidarité, mis en place pour relancer l’activité économique, a pu avoir un effet récessif en 2014, du moins pour ce qui concerne les créations d’emplois. […] « Sur une base de 1 million d’entreprises ayant au moins 1 salarié, si 22 % ont reporté une décision d’embauche, ce sont 220.000 emplois qui n’ont pas été créés en 2014 »
Et bien oui. On embauche parce qu’on en a besoin. Un allègement peut faciliter une nouvelle embauche dans une TPE ou éventuellement ajouter une personne de plus dans une embauche multiple de PME, mais c’est à la marge.
Par contre le jeu fiscal se calcule très bien pour décider d’à partir de quand on va faire l’embauche. Si ça permet de gagner un peu, on va tirer sur la corde plus que prévu et retarder l’embauche… et potentiellement l’investissement qui va avec. Bref, impact négatif.
Le pire c’est qu’à la mise en oeuvre le gouvernement et les chefs d’entreprise vont faire une jolie opération de communication pour montrer que les aides fonctionnent : « Ça créé de l’emploi, il suffit de regarder combien de nouvelles embauches il y a eu début 2015 par rapport à fin 2014 ». Malheureusement ça sera juste l’effet d’embauches retardées, donc qui ont baissé les chiffres 2014 pour relever d’autant les chiffres 2015. Totalement artificiel quoi…
Un chiffre à prendre avec précaution, car tous les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic seront exonérés de charges à partir de janvier 2015, et pas seulement les salaires des personnels embauchés à partir de cette date.
Pas de petits profits. Si on promet que demain ça coûtera un peu moins cher, on va décaler l’investissement, même si c’est juste pour gagner quelques centaines d’euros pendant quelques mois. Oui, décaler l’investissement, au niveau du pays, ça aura forcément un impact négatif.
Le droit du travail est un frein à l’embauche pour 92 % des TPE
Bref, s’il n’y avait pas de règles, ça serait plus simple d’utiliser des salariés. Pas très étonnant, mais j’espère qu’on ne va pas fonder une politique sur ce principe…
Une étude récentemise en avant par Business Insider indique que pour la plupart des gens le ratio entre les bas salaires et les hauts salaires serait idéalement entre 4 et 5, 6 tout au plus – et ce qu’ils se qualifient de droite comme de gauche, qu’ils soient dans une couche socio-économique élevée ou non, qu’ils soient jeunes ou vieux, et pour tous niveaux d’éducation : c’est même étrangement stable.
Calculé à partir des grands chefs d’entreprise, ce ratio serait en réalité au delà de 110 en France, 155 en Allemagne, 130 en Espagne, 150 en Suisse, et même proche de 350 pour les États Unis. Bien que toujours sans rapport avec le ratio idéal, il est de moins de 90 au Royaume Uni, et moins de 40 en Autriche comme en Pologne.
Bien qu’avec un ratio totalement déconnecté de l’idéal des gens, la France a échoué a imposer un taux marginal d’impôt sur le revenu à 75%. La Suisse n’a pas plus réussi à définir une limite maximal aux hauts salaires en novembre dernier. Étrangement, c’est en Autriche et aux Pays Bas qu’ils ont tout de même réussi à ajouter une imposition plus forte sur les parachutes dorés et avantages au delà de 500 000 €.
Le gros problème pour agir n’est pas au niveau de la volonté, mais de la perception des gens :
D’après l’étude, les gens estiment à tort le ratio réel actuel entre 7 et 12. Que se passerait-il s’ils avaient conscience de la réalité où il faut ajouter un zéro de plus ?
Ce qui est intéressant c’est qu’il y a une opportunité. Si on propose de limiter les revenus à un ratio 1:20, c’est bien au-delà de ce que les gens estiment comme réel, donc ils ne percevront pas ça comme une limitation catastrophique, alors que ça va provoquer un changement radical dans la réalité.
La limitation n’a pas à être radicale, il suffirait d’avoir un taux de taxation progressif très significatif à partir de là.
+30,3%. C’est l’augmentation des dividendes distribués par les entreprises cotées en France au deuxième trimestre 2014, période où près de 40% des versements sont effectués, selon une enquête d’Henderson Global Investors publiée lundi 18 août. La France arrive en tête des progressions en Europe, devant l’Allemagne (+9,7%) et le Royaume-Uni (+3,9%). Les dividendes ont aussi augmenté au Japon (+18,5%) et aux États-Unis (+13,8%), mais ont diminué dans les pays émergents (-14,6%)