Catégorie : Entreprise

  • Si nous avons choisi de rester en France, c’est avant tout par prag­ma­tisme écono­mique

    Passons à notre fameux code du travail. Que n’en­tend-on pas dessus. Est-il réel­le­ment la cause de tous nos maux ? Il est vrai qu’en France les licen­cie­ments néces­sitent une procé­dure formelle pas toujours adap­tée au contexte social des start-up. Et souvent coûtent nette­ment plus cher qu’aux États-Unis. Les charges sociales sont aussi sensi­ble­ment plus impor­tantes. Mais, d’une certaine manière, ces éléments sont inté­grés par le marché. Au final, dans la tech­no­lo­gie, pour des niveaux de compé­tence équi­va­lents, les coûts sala­riaux sont sensi­ble­ment moins impor­tants à Paris que dans la Sili­con Valley ou à New York.
    […] on m’a souvent demandé pourquoi nous n’avions pas relo­ca­lisé aux États-Unis notre siège, et en parti­cu­lier les secteurs de recherche et déve­lop­pe­ment. La réponse est simple. Si nous avons choisi de rester en France, c’est avant tout par prag­ma­tisme écono­mique. Autre­ment dit, cela nous coûte moins cher, et nous permet d’être beau­coup plus compé­ti­tifs que nos concur­rents qui doivent payer au prix fort les salaires parfois exor­bi­tants des infor­ma­ti­ciens de la Sili­con Valley.

    Ça fait du bien parce que la parole des entre­pre­neurs français commence à se libé­rer. Ce n’est pas le premier à sortir du moule, j’es­père pas le dernier.

    Il ne s’agit pas de dire que tout est parfait ici et qu’il n’y a rien à chan­ger, mais il faudrait peut-être aussi arrê­ter l’idéo­lo­gie et se rendre compte du faible coût qu’on a en France par rapport aux pays qui semblent faire l’ado­ra­tion du milieu star­tup.

  • Bouygues condamné à 25.000 euros d’amende pour travail dissi­mulé

    Le groupe Bouygues a été condamné mardi par le tribu­nal de Cher­bourg (Manche) à 25.000 euros d’amende pour avoir recouru à l’em­ploi de travailleurs dissi­mu­lés sur le chan­tier du réac­teur nucléaire EPR de Flaman­ville. Quatre autres socié­tés, Atlanco, Elco, Quille Cons­truc­tions (une filiale de Bouygues), et Welbond Arma­tures ont elles aussi été condam­nées pour le même motif par le tribu­nal correc­tion­nel de Cher­bourg, à des amendes allant de 5.000 à 70.000 euros.

    — via Les Echos

    On parle de 460 employés, donc une amende d’un peu moins de 55 € par travailleur dissi­mulé.

    Ça va clai­re­ment leur faire peur, remettre dans les rails tout le monde, et dissua­der d’éven­tuelles fraudes à venir, non ? non ? vrai­ment ? même pas un peu ?

    Sérieu­se­ment, je ne comprends même pas qu’on ait pu envi­sa­ger de tels montants ridi­cules. Ou plutôt…

    Le syndi­cat s’est en revanche réjoui que le groupe Bouygues ne soit pas privé de l’ac­cès aux marchés publics, ce qui aurait été auto­ma­tique­ment le cas si une amende supé­rieure à 30.000 euros lui avait été infli­gée.

    Bref, l’im­pact serait trop impor­tant alors on préfère glis­ser tout ça sur le tapis. Le too big to fail des banques US n’est pas très loin. Loin d’être un motif de réjouis­sance, on est juste en train de dire qu’on n’osera pas les embê­ter réel­le­ment quoi qu’ils fassent parce que ça aurait trop de consé­quences. Oups…

  • The B Corp Decla­ra­tion

    We envi­sion a global economy that uses busi­ness as a force for good.

    This economy is compri­sed of a new type of corpo­ra­tion […] – Which is purpose-driven and creates bene­fit for all stake­hol­ders, not just share­hol­ders.

    […] we believe:

    • That we must be the change we seek in the world.
    • That all busi­ness ought to be conduc­ted as if people and place matte­red.
    • That, through their products, prac­tices, and profits, busi­nesses should aspire to do no harm and bene­fit all.
    • To do so requires that we act with the unders­tan­ding that we are each dependent upon another and thus respon­sible for each other and future gene­ra­tions.

    — The B Corp Decla­ra­tion

    Pour moi c’est sacré­ment impor­tant.

    J’ai la chance d’avoir le choix de là où je travaille, ou plutôt de pouvoir refu­ser de travailler dans les entre­prises qui ne corres­pondent pas à mes valeurs. Cette décla­ra­tion corres­pond fina­le­ment assez bien à mon critère.

    Chaque choix a un coût, et rien n’est parfait ou magique, mais que faites-vous de votre côté pour aligner vos valeurs et vos actions ?

     

  • Combien ça coûte de vendre sa star­tup ?

    Au total, sur votre plus-value de 500’000€ réali­sée au bout de 2 à 8 ans, vous aurez donc versé 170’390€, soit un taux réel de 34%. Pas tout à fait 40%, ni encore moins 45%. A peine plus que le tiers. Poten­tiel­le­ment moins.

    […]

    Les star­tup mettent en moyenne 7 ans à s’ap­pré­cier, à partir de 8 ans l’abat­te­ment est de 65%. La taux effec­tif sur une plus-value d’1M€ après 8 ans est donc de 33,8%. Yep.

    […]

    Dans certains cas, l’abat­te­ment peut aller jusqu’à 85%… Les inves­tis­seurs le savent, à n’en pas douter !

    Tous ces scéna­rios partent du prin­cipe que vous êtes céli­ba­taire, sans enfant à charge, sans autre parti­cu­la­rité fiscale et ne prennent pas en compte d’autres reve­nus ou crédits d’im­pôts dont vous pour­riez béné­fi­cier.

    chez Damien Varron, via David Larlet

    Merci. Bien évidem­ment le taux ne monte pas tant que ça même si vous chif­frez une plus-value à plusieurs millions. Et l’au­teur de départ oublie la possi­bi­lité de placer ses actions sur un PEA, qui intro­duit d’autres faci­li­tés.

    Parce qu’en trem­pant dedans, moi aussi j’en ai marre de tout ce bull­shit.

    Bien entendu on oublie faci­le­ment l’énorme exoné­ra­tion qu’est le CIR, les faci­li­tés fiscales de la JEI, l’in­fa­struc­ture excep­tion­nelle qu’on a en France et qui permet au busi­ness de fonc­tion­ner, le niveau d’édu­ca­tion payé sur fonds publics, l’ab­sence d’IS des star­tup qui sont défi­ci­taires pendant des années…

    Malgré tout ça, il y a une défiance envers tout ce qui a trait à l’État et aux règles sociales est à son maxi­mum dans nombre de struc­tures. C’est d’un hypo­crite au possible.

    On y ressent comme une croyance que l’en­tre­pre­neur est un super-héros, qui contri­bue telle­ment de part sa réus­site qu’il mérite d’être exonéré de tout impôt, qu’il ne doit rien à la société. Je n’y ai jamais vu la moindre justi­fi­ca­tion.

  • Leaked: EPO Prio­ri­tises Work for Large Foreign Corpo­ra­tions, Discri­mi­na­tion Not Acci­den­tal But Centrally Plan­ned

    It is propo­sed to start a pilot for ten major appli­cants, world­wide, lasting one year (1.4.2015–1.4.2016). The appli­cants will be selec­ted by DG1 but taking into consi­de­ra­tion input from PA, PDQM and DG5. This will be based around strong exis­ting contacts. 5 liai­son direc­tors will be selec­ted to deal with two major appli­cants each. They will be in regu­lar contact with these appli­cants and will have at least one face to face meeting during the year of the pilot.

    […]

    Histo­ri­cally missions were orga­ni­sed on a direc­to­rate and clus­ter level with little coor­di­na­tion beyond that. Moreo­ver, they did not always target he largest appli­cants, but more often the “nicer” loca­tions. With the deploy­ment of the Coor­di­na­tion Tool for Exter­nal Contacts and with more direc­tio­nal input from the PDs, along with the expe­rience from the liai­son direc­tors it is guaran­teed that DG1 missions will be more focus­sed on our major appli­cants and deli­ve­ring a better service to them.

    — via Techrights

    Dit autre­ment, l’of­fice euro­péen des brevets favo­rise très offi­ciel­le­ment en interne une douzaine de multi­na­tio­nales en leur offrant un circuit prio­ri­taire et une colla­bo­ra­tion suivie.

    Le détour­ne­ment ne semble même plus être masqué, il s’af­fiche au grand jour. L’of­fice ne travaille plus pour l’in­no­va­tion ou la publi­ca­tion des connais­sances, mais pour elle-même, à favo­ri­ser ses gros clients indus­triels au détri­ment des jeunes inno­vants. Est-ce vrai­ment sa mission ?

  • Pourquoi la BPI fait fuir les capi­taux privés

    En consta­tant « la perti­nence de l’in­ter­ven­tion de la BPI dans de nombreux domaines, notam­ment celui du soutien à l’in­no­va­tion et le service rendu à des milliers d’en­tre­prises », les dépu­tés commettent une double erreur. Ils oublient, d’abord, ce que devrait être la philo­so­phie géné­rale de la BPI : pallier les défaillances du marché unique­ment.

    En clair : Le résul­tat est plutôt posi­tif, mais c’est public et non privé, donc c’est mal. Le reste de l’ar­ticle reprend ce prin­cipe à multiples occa­sions.

    Ce que l’on voit, en effet, ce sont les campagnes de commu­ni­ca­tion toni­truantes de la BPI et les start-ups digi­tales et inno­vantes qui émergent et que la banque affiche à son palma­rès. Ce que l’on ne voit pas, c’est l’as­phyxie progres­sive du secteur privé. Comme déve­loppé dans une nouvelle note pour le think-tank Gene­ra­tionLibre, il faut s’inquié­ter de la faible part des capi­taux privés dans le finan­ce­ment de l’in­no­va­tion.

    On ne dira donc pas pourquoi ce serait mieux que le finan­ce­ment soit privé, et que de riches inves­tis­seurs en récu­pèrent le fruit. C’est par prin­cipe.

    Que le public fasse émer­ger l’in­no­va­tion et aide les initia­tives de créa­tion, moi ça me parait plutôt posi­tif. Que quand c’est possible cela se fasse sur le public sans objec­tif premier de profit de la part de l’in­ves­tis­seur finan­cier tiers – et que l’in­ves­tis­se­ment privé à visée lucra­tive soit là pour les autres cas – ça me parait là aussi plutôt inté­res­sant. C’est même le rôle de l’État qu’on peut diffi­ci­le­ment discu­ter : celui d’ai­der à la créa­tion et à l’in­ves­tis­se­ment profi­table sur le long terme à l’éco­no­mie, surtout sur la prise de risques.

    Les ratios pruden­tiels impo­sés aux banques depuis la crise de 2008 expliquent, en partie, l’ab­sence des finan­ciers dans le finan­ce­ment des start-ups. Un inves­tis­se­ment dans un fonds de capi­tal inno­va­tion les oblige à mobi­li­ser bien davan­tage de fonds propres que pour d’autres types d’in­ves­tis­se­ments : le rende­ment des capi­taux ainsi enga­gés est défa­vo­rable. Desser­rer cet étau qui gêne l’in­ves­tis­se­ment et nuit à l’in­no­va­tion devrait être une prio­rité.

    La crise bancaire ? mais elle est passée. Déré­gle­men­tons encore plus l’in­ves­tis­se­ment sur capi­taux virtuels, on a bien vu que ça n’avait aucune influence écono­mique néga­tive. Si ? ah ? pas pour l’au­teur visi­ble­ment. C’est un étau qui empêche l’in­ves­tis­se­ment privé. Visi­ble­ment le public pallie bien, comme démon­tré, mais comme c’est public, il est urgent de chan­ger ça, quitte à prendre de sacrés risques.

    Si le texte attri­bue à l’Etat le rôle de couvrir un risque, l’Etat doit toute­fois délé­guer au secteur privé, a priori plus compé­tent, le choix des inves­tis­se­ments. Concer­nant la BPI, nous plai­dons donc pour un recen­trage de son acti­vité sur deux types d’in­ter­ven­tion seule­ment : le finan­ce­ment de long terme de l’in­no­va­tion, où le secteur privé ne s’aven­ture de toute façon pas, et un rôle indi­rect de multi­pli­ca­teur du crédit, sur le modèle de KfW, la banque publique alle­mande.

    Au public le risque, au privé l’in­ves­tis­se­ment (et le béné­fice asso­cié). C’est encore mieux si les fonds publics ne sont qu’un démul­ti­pli­ca­teur pour le privé.

    La fumis­te­rie du privé par prin­cipe plus compé­tent que le public (surtout sur l’in­ves­tis­se­ment bancaire, vues les dix dernières années et la crise asso­ciée), ça commence à me fati­guer sévè­re­ment.

    En voulant faire de la BPI un instru­ment d’ap­pli­ca­tion de la poli­tique indus­trielle, la mission parle­men­taire ne propose aucune réforme ambi­tieuse de l’ins­ti­tu­tion et semble se trom­per d’époque. A quand la prochaine mission ?

    Parce que oui, si le public se met à faire de la poli­tique, ça la fout mal pour les inté­rêts privés. L’époque est plus à la déré­gu­la­tion capi­ta­lis­tique totale, effec­ti­ve­ment.

    Bravo Chal­lenges pour ce superbe exemple de ce qui me fait peur dans l’éco­no­mie d’in­ves­tis­se­ment aujourd’­hui. Et pour­tant je bosse en star­tup, et suis heureux de le faire.

    Malheu­reu­se­ment c’est clai­re­ment la ligne qu’on tend à suivre depuis un moment. Que peut-on faire pour chan­ger ?

  • Reve­nir à la loi du plus fort

    Le code du travail permet d’évi­ter la loi du plus fort. Il fixe des exigences et une norme sociale qui s’im­posent à tous, y compris à ceux qui seraient prêts à accep­ter moins parce qu’ils n’ont pas le choix.

    Permettre aux accords collec­tifs ou contrac­tuels de passer outre le code du travail c’est se remettre au rapport de force de la négo­cia­tion, et donc reve­nir à la loi du plus fort. À l’heure où ce rapport de force est à l’apo­gée de son déséqui­libre suite à la crise de l’em­ploi, ce devrait déclen­cher une alarme reten­tis­sante.

    Combien seraient capables de tout accep­ter pour garder un emploi, en trou­ver un, ou béné­fi­cier d’un salaire plus décent ? Tous n’ont pas toujours le luxe de refu­ser. Est-ce la société que nous souhai­tons ?

    * * *

    Augmen­ter un peu ses horaires pour un salaire plus décent est même l’exemple le plus perni­cieux : Plus l’em­ployeur paye mal au départ, plus l’em­ployé sera prêt à travailler 40 ou 48h offi­cielles (et donc proba­ble­ment plus en pratique pour beau­coup). Cas magique où il y a double inci­ta­tion pour l’em­ployeur à ne pas donner de trop bonnes condi­tions de travail.

    Levée des petits entre­pre­neurs pour dire qu’il faut être un peu plus souple que ne leur permet actuel­le­ment le code du travail si on veut leur permettre d’exis­ter. Personne ne se pose la ques­tion de ce qui légi­ti­me­rait qu’un employé ait moins de droits qu’un autre simple­ment parce qu’il est dans une petite struc­ture, alors même que c’est juste­ment l’objet d’une censure consti­tu­tion­nelle sur la dernière loi sur l’éco­no­mie et le travail.

    Il y a peut être – surement – des choses à assou­plir dans notre code du travail. Peut être – proba­ble­ment – même des choses à reti­rer pure­ment et simple­ment. Discu­tons-en, profon­dé­ment et au niveau de l’en­semble du pays, pour amélio­rer nos lois. Ne reve­nons pas à la loi du plus fort pour autant, personne n’au­rait rien à y gagner à terme, pas même les employeurs.

    N’ou­blions pas non plus que ce qui semble légi­time et sans dommage dans un cas indi­vi­duel peut tout à fait être dange­reux et grave si on l’étend ailleurs ou si le cas indi­vi­duel devient la norme. Tous les employeurs n’ont pas pour objec­tifs d’ex­ploi­ter leurs semblables – eux-mêmes ne font souvent que repor­ter leurs propres condi­tions et diffi­cul­tés – mais n’ou­blions pas non plus que certains le font sans états d’âme, consciem­ment ou non.

    Il est facile de ne voir que des contraintes. Certaines sont peut être trop rigides, mais toutes viennent de quelque part et ont à priori une raison d’être. Discu­tons-les, mais avec réflexion et discer­ne­ment.

    * * *

    Le problème n’est pas de toucher et d’as­sou­plir le code du travail, c’est l’hy­po­cri­sie de dire qu’on se remet à la négo­cia­tion collec­tive, ce qui est une démis­sion pure et simple de l’État au profit du plus fort. Un vrai scan­dale.

  • Je paye beau­coup plus d’im­pôts depuis que je suis aux États-Unis

    La France est un para­dis fiscal. […] C’est rela­ti­ve­ment facile d’opé­rer une entre­prise en France […] Quand je suis arrivé aux États-Unis j’ai rencon­tré des diffi­cul­tés simi­laires [admi­nis­tra­tives] dans leur complexité. […] Je paye beau­coup plus d’im­pôts depuis que je suis aux États-Unis

    Un entre­pre­neur qui a fait les deux, qui dit que la tracas­se­rie admi­nis­tra­tive française est sur-évaluée, que les impôts sont en réalité plus forts aux États-Unis… ça change. Ajou­tez le coût de main d’œuvre dans les NTIC ou le coût des locaux dans la Sili­con Valley…

    Mais on préfère toujours de plaindre, ça donne des excuses, ça permet d’avoir un peu plus d’aides et de justi­fier quelques opéra­tions peu éthiques.


    Jérôme Lecat (Scality): « Vous ne vous rendez…

  • Travail illé­gal: Bouygues voit sa défense taillée en pièces

    Les ouvriers roumains sont embau­chés par Elco et les polo­nais sont recru­tés par Atlanco, boîte d’in­té­rim au siège irlan­dais qui passe par des bureaux fictifs à Chypre. Cette nouvelle forme de commerce trian­gu­laire vise à profi­ter des meilleurs taux d’im­po­si­tion euro­péens. Comme le notent les enquê­teurs, les paie­ments des pres­ta­tions d’At­lanco par Bouygues passent par Chypre mais sont encais­sés dans une banque irlan­daise à Northamp­ton. Rappe­lons égale­ment que l’un des respon­sables d’At­lanco en France n’est autre qu’un ancien cadre Bouy­gues…

    […] Pour l’Urs­saf et les impôts : plus de 22 millions d’eu­ros de pertes entre 2009 et 2012. Pour les ouvriers déta­chés : pas de couver­ture sociale, pas de congés payés, un dumping social devenu une règle euro­péenne pour ces métiers. Mais, pour Bouygues, une main-d’œuvre flexible à bas coûts.

    […]

    L’amende requise pour Bouygues est de 150 000 euros, en deçà du maxi­mum légal de 225 000 euros, qui reste de toute de façon une amende de paco­tille pour le géant du BTP. […] le procu­reur a tenu à préci­ser du bout des lèvres et sans aucune expli­ca­tion qu’il ne deman­dait pas une exclu­sion du groupe, même tempo­raire, des marchés publics. Au vu de l’am­pleur de la fraude et de la mise en cause de la respon­sa­bi­lité du groupe, cette exclu­sion serait la seule peine de nature à rappe­ler à l’ordre Bouygues et l’en­semble des multi­na­tio­nales du BTP.

    — Media­part

    Allez comprendre pourquoi ces grandes entre­prises n’hé­sitent pas… Moi j’ai ma petite idée. Tout ça n’est pas prêt de chan­ger.

     

  • Quand le pdg d’Air France divague sur les acquis sociaux

    [Il] enchaîne sur un sujet que l’on pensait désor­mais impos­sible à remettre en cause : l’in­ter­dic­tion du travail des enfants. Mais mani­fes­te­ment, pour le patro­nat décom­plexé, aucun sujet n’est tabou. « Je me suis penché sur l’évo­lu­tion du travail des enfants. On a d’abord inter­dit aux enfants de moins de huit ans de travailler, puis l’in­ter­dic­tion a été portée à douze ans, puis à seize. (…) Qu’est-ce que c’est qu’un enfant ? Est ce qu’il faut les faire travailler, pas travailler ? Pas sûr »,[…]

    Reve­nant sur son expé­rience de patron d’Air France, Alexandre de Juniac se met à expliquer les effroyables contraintes auxquelles il est soumis. Sans possi­bi­lité d’agir sur le prix du kéro­sène, ou sur les tarifs des rede­vances aéro­por­tuaires, sa seule marge de manœuvre, explique-t-il, « c’est le coût du travail ». Tout cela impose, selon lui, de « mettre des limites aux acquis sociaux », d’au­tant qu’il faut faire face à une concur­rence redou­table, avec d’un côté les compa­gnies low cost et de l’autre les compa­gnies du Golfe. Ni les unes ni les autres ne sont bridées par le droit social, à l’en­tendre.

    Se sentant porté par son sujet, le pdg d’Air France ne peut s’em­pê­cher alors de racon­ter une anec­dote, qui mani­fes­te­ment lui tient à cœur : « Comme le disait mon homo­logue de Qatar Airways hier à propos de la grève, “M. de Juniac, chez nous, ce ne serait pas possible, on les aurait tous envoyés en prison” », raconte-t-il d’une mine gour­mande, sous les applau­dis­se­ments de la salle. C’est dire combien la France est défa­vo­ri­sée ! Et le Qatar est un si bel exemple ! Les sala­riés émigrés, trai­tés comme des esclaves, y meurent par tombe­reaux sur les chan­tiers.

    — Media­part, à partir d’en­re­gis­tre­ments vidéos publiés

    Si vous ne croyez pas à la lutte des classes (peut être pas celle de la grande époque des syndi­cats, mais au moins sa décli­nai­son moderne avec le 1‰ qui domine les entre­prises), vous devriez y regar­der à deux fois cas si nous sommes ici dans un excès, la posi­tion de fond est en fait assez repré­sen­ta­tive de ce que j’ai vu de mes propres yeux plus d’une fois.

    La compé­ti­ti­vité et la renta­bi­lité sont l’al­pha et l’omega qui justi­fient l’as­ser­vis­se­ment des 99,9%. Ils ne se rendent même pas compte du déca­lage qu’ils ont avec le reste de la popu­la­tion et certains croient même méri­ter leur distinc­tion.