En constatant « la pertinence de l’intervention de la BPI dans de nombreux domaines, notamment celui du soutien à l’innovation et le service rendu à des milliers d’entreprises », les députés commettent une double erreur. Ils oublient, d’abord, ce que devrait être la philosophie générale de la BPI : pallier les défaillances du marché uniquement.
En clair : Le résultat est plutôt positif, mais c’est public et non privé, donc c’est mal. Le reste de l’article reprend ce principe à multiples occasions.
Ce que l’on voit, en effet, ce sont les campagnes de communication tonitruantes de la BPI et les start-ups digitales et innovantes qui émergent et que la banque affiche à son palmarès. Ce que l’on ne voit pas, c’est l’asphyxie progressive du secteur privé. Comme développé dans une nouvelle note pour le think-tank GenerationLibre, il faut s’inquiéter de la faible part des capitaux privés dans le financement de l’innovation.
On ne dira donc pas pourquoi ce serait mieux que le financement soit privé, et que de riches investisseurs en récupèrent le fruit. C’est par principe.
Que le public fasse émerger l’innovation et aide les initiatives de création, moi ça me parait plutôt positif. Que quand c’est possible cela se fasse sur le public sans objectif premier de profit de la part de l’investisseur financier tiers – et que l’investissement privé à visée lucrative soit là pour les autres cas – ça me parait là aussi plutôt intéressant. C’est même le rôle de l’État qu’on peut difficilement discuter : celui d’aider à la création et à l’investissement profitable sur le long terme à l’économie, surtout sur la prise de risques.
Les ratios prudentiels imposés aux banques depuis la crise de 2008 expliquent, en partie, l’absence des financiers dans le financement des start-ups. Un investissement dans un fonds de capital innovation les oblige à mobiliser bien davantage de fonds propres que pour d’autres types d’investissements : le rendement des capitaux ainsi engagés est défavorable. Desserrer cet étau qui gêne l’investissement et nuit à l’innovation devrait être une priorité.
La crise bancaire ? mais elle est passée. Déréglementons encore plus l’investissement sur capitaux virtuels, on a bien vu que ça n’avait aucune influence économique négative. Si ? ah ? pas pour l’auteur visiblement. C’est un étau qui empêche l’investissement privé. Visiblement le public pallie bien, comme démontré, mais comme c’est public, il est urgent de changer ça, quitte à prendre de sacrés risques.
Si le texte attribue à l’Etat le rôle de couvrir un risque, l’Etat doit toutefois déléguer au secteur privé, a priori plus compétent, le choix des investissements. Concernant la BPI, nous plaidons donc pour un recentrage de son activité sur deux types d’intervention seulement : le financement de long terme de l’innovation, où le secteur privé ne s’aventure de toute façon pas, et un rôle indirect de multiplicateur du crédit, sur le modèle de KfW, la banque publique allemande.
Au public le risque, au privé l’investissement (et le bénéfice associé). C’est encore mieux si les fonds publics ne sont qu’un démultiplicateur pour le privé.
La fumisterie du privé par principe plus compétent que le public (surtout sur l’investissement bancaire, vues les dix dernières années et la crise associée), ça commence à me fatiguer sévèrement.
En voulant faire de la BPI un instrument d’application de la politique industrielle, la mission parlementaire ne propose aucune réforme ambitieuse de l’institution et semble se tromper d’époque. A quand la prochaine mission ?
Parce que oui, si le public se met à faire de la politique, ça la fout mal pour les intérêts privés. L’époque est plus à la dérégulation capitalistique totale, effectivement.
Bravo Challenges pour ce superbe exemple de ce qui me fait peur dans l’économie d’investissement aujourd’hui. Et pourtant je bosse en startup, et suis heureux de le faire.
Malheureusement c’est clairement la ligne qu’on tend à suivre depuis un moment. Que peut-on faire pour changer ?
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