Le code du travail permet d’éviter la loi du plus fort. Il fixe des exigences et une norme sociale qui s’imposent à tous, y compris à ceux qui seraient prêts à accepter moins parce qu’ils n’ont pas le choix.
Permettre aux accords collectifs ou contractuels de passer outre le code du travail c’est se remettre au rapport de force de la négociation, et donc revenir à la loi du plus fort. À l’heure où ce rapport de force est à l’apogée de son déséquilibre suite à la crise de l’emploi, ce devrait déclencher une alarme retentissante.
Combien seraient capables de tout accepter pour garder un emploi, en trouver un, ou bénéficier d’un salaire plus décent ? Tous n’ont pas toujours le luxe de refuser. Est-ce la société que nous souhaitons ?
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Augmenter un peu ses horaires pour un salaire plus décent est même l’exemple le plus pernicieux : Plus l’employeur paye mal au départ, plus l’employé sera prêt à travailler 40 ou 48h officielles (et donc probablement plus en pratique pour beaucoup). Cas magique où il y a double incitation pour l’employeur à ne pas donner de trop bonnes conditions de travail.
Levée des petits entrepreneurs pour dire qu’il faut être un peu plus souple que ne leur permet actuellement le code du travail si on veut leur permettre d’exister. Personne ne se pose la question de ce qui légitimerait qu’un employé ait moins de droits qu’un autre simplement parce qu’il est dans une petite structure, alors même que c’est justement l’objet d’une censure constitutionnelle sur la dernière loi sur l’économie et le travail.
Il y a peut être – surement – des choses à assouplir dans notre code du travail. Peut être – probablement – même des choses à retirer purement et simplement. Discutons-en, profondément et au niveau de l’ensemble du pays, pour améliorer nos lois. Ne revenons pas à la loi du plus fort pour autant, personne n’aurait rien à y gagner à terme, pas même les employeurs.
N’oublions pas non plus que ce qui semble légitime et sans dommage dans un cas individuel peut tout à fait être dangereux et grave si on l’étend ailleurs ou si le cas individuel devient la norme. Tous les employeurs n’ont pas pour objectifs d’exploiter leurs semblables – eux-mêmes ne font souvent que reporter leurs propres conditions et difficultés – mais n’oublions pas non plus que certains le font sans états d’âme, consciemment ou non.
Il est facile de ne voir que des contraintes. Certaines sont peut être trop rigides, mais toutes viennent de quelque part et ont à priori une raison d’être. Discutons-les, mais avec réflexion et discernement.
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Le problème n’est pas de toucher et d’assouplir le code du travail, c’est l’hypocrisie de dire qu’on se remet à la négociation collective, ce qui est une démission pure et simple de l’État au profit du plus fort. Un vrai scandale.
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