Catégorie : Droit d’auteur

  • Excep­tion au droit d’au­teur sur l’es­pace public

    Pour éviter des chan­ge­ments au droit d’au­teur qui n’iraient pas dans le sens d’un durcis­se­ment, dans un pays post-Char­lie, quoi de mieux que de se posi­tion­ner en défen­seur de la liberté d’ex­pres­sion ? Ça n’a rien à voir, effec­ti­ve­ment, mais ça frap­pera les esprits, et les média.

    Le message était bien passé chez les écri­vains. On voit désor­mais qu’il est bien passé chez les archi­tectes :

    Autre­ment dit, [Le droit de pano­rama est] d’une atteinte à la liberté d’ex­pres­sion puisque les œuvres créées pour­ront être pillées, déna­tu­rées et par là même provoquer un appau­vris­se­ment de la Culture en espace public.

    Péti­tion contre le droit de pano­rama

    Sérieu­se­ment, quelqu’un m’ex­plique en quoi avoir le droit de photo­gra­phier un monu­ment est atten­ta­toire à la liberté d’ex­pres­sion ? En quoi avoir le droit de le dessi­ner risque de le déna­tu­rer ? En quoi diffu­ser ces prises de vue appau­vrit la culture ?

    Parce que fina­le­ment j’au­rais tendance à dire que pouvoir utili­ser une image prise en espace publique ouvre des espaces pour la liberté d’ex­pres­sion et enri­chit la culture. Ques­tion de point de vue.

    Si les argu­ments en sont là, c’est qu’il n’y a vrai­ment plus aucune bonne raison de ne pas ouvrir un peu le droit d’au­teur. Pas n’im­porte comment, mais l’ou­vrir un peu là où c’est perti­nent.

  • MEP scuffle points to EU copy­right contro­versy

    French libe­ral MEP Jean-Marie Cavada, repor­tedly tried to stop Shaheed – who is the UN rappor­teur for human rights – being invi­ted [to speak in the EU Parle­ment] because he felt a repre­sen­ta­tive from the copy­right indus­try should also be present to provide a coun­ter-argu­ment.

    — euob­ser­ver

    L’ONU a réalisé un rapport très complet sur le copy­right et ses effets, mais surtout ne pas lais­ser parler ces gens sans quelqu’un de l’in­dus­trie du [pro-]copy­right à côté pour contrô­ler les propos.

    Chaque député a bien entendu ses opinions, mais là on est depuis un moment dans la main mise des indus­triels du copy­right sur tout débat sur les nouvelles tech­no­lo­gies ou les droits d’au­teurs, ici via le support aveugle de Jean Marie Cavada.

    Notez qu’on parle de droit d’au­teur, on aurait pu invi­ter des repré­sen­tants des auteurs mais non, on parle bien des gens qui en font l’ex­ploi­ta­tion pas ceux qui créent.

     

  • Re:Create : pour un autre copy­right, d’in­no­va­tion, de créa­ti­vité, de crois­sance

    Elle rappelle égale­ment que la Cour suprême a statué sur le copy­right, en préci­sant que sa mission est de « promou­voir le progrès des sciences et des arts  ».

    — via Actua­litté

    N’au­rions-nous pas un tout petit peu dérapé ?

  • Systeme anti copie de merde, où l’art de tuer la poule aux oeufs d’or

    Rupture de stock sur le DVD, mais cela ne l’ar­rêta pas, même face au prix exor­bi­tant de la chose, le petit cochon ayant été brisé en consé­quence, elle se rabat sur la version Bluray

    […]

    Nous avons, dans notre logis, accès à 2 lecteurs Bluray: un clas­sique lecteur de salon qui fait home cinéma et l’autre sur la Free­box. Le premier est de marque Samsung (HT-C5500) qui est supposé se mettre à jour par inter­net pour béné­fi­cier des toutes dernières avan­cées de la tech­no­lo­gie. Sauf que bien sûr, le fabriquant a décidé qu’il était main­te­nant trop vieux (5 ans) donc plus de mise à jour. L’autre lecteur est celui de la Free­box qui est tout le temps à jour à chaque allu­mage. Ni l’un ni l’autre n’a pu lire ne serait-ce que le menu d’ac­cueil du Bluray.

    […]

    Par contre pour le film The mortal instru­ments, non seule­ment on ne peut pas le mettre sur le télé­phone, histoire de regar­der en boucle les scènes préfé­rées avec les copines au collège, mais pire que ça, elle ne peut même pas le voir. Et tout ça pourquoi ? Pour éviter le télé­char­ge­ment illé­gal ?

    MOUUUUUUAAAAAAAAA je me gausse, je me bidonne de rire, je me gondole d’hi­la­rité. Le film est dispo­nible au télé­char­ge­ment sur n’im­porte quelle plate-forme de torrent ou de strea­ming le lende­main de sa sortie en DVD ou en Bluray, quelque soit le système de protec­tion anti copie.

    […]

    Et au final, vous croyez que ma fille va recas­ser sa tire­lire pour prendre le risque d’ache­ter un film la prochaine fois ? Sérieu­se­ment ? Elle était une consom­ma­trice en puis­sance, qui adore possé­der les objets, les livres, les DVD, les photos. Là, elle va être un peu vacci­née.

    — Cédric Augus­tin

    Connu, vu et revu, mais on s’en­fonce jour après jour. On n’en est même plus à dégoû­ter ceux qui veulent ache­ter : On en est à les forcer à utili­ser le circuit de contre­façon. Ceux qui n’ont jamais eu aucune envie d’ache­ter, eux, n’ont jamais été gênés. Allez compren­dre…

    Prix adéquat, retrait des protec­tions qui ne gênent que les honnêtes gens, ça serait un mini­mum pour permettre à la machine de fonc­tion­ner… s’il n’est pas trop tard parce que c’est plus d’une géné­ra­tion qu’on a ainsi perdu.

  • Une chute comme exemple de dérive

    Tiens, la vidéo de la chute de Madonna a été reti­rée pour viola­tion du droit d’au­teur…

    Ça n’a l’air de rien mais ce simple message de 140 carac­tère montre toute le non-sens du droit d’au­teur tel qu’il est appliqué aujourd’­hui.

    Tout d’abord non, la chute de Madonna ne devrait pas être couverte par le droit d’au­teur. Elle ne relève en rien d’une œuvre carac­té­ri­sant l’in­ten­tion et la person­na­lité de son auteur, pas prise isolé­ment.

    Tout au plus relève-t-elle de l’ar­gu­ment « j’ai payé, c’est mon spec­tacle, mon inves­tis­se­ment, ma vidéo, ma propriété ». Si cet argu­ment est fréquent au point de deve­nir presque une réalité dans les menta­li­tés, il ne justi­fie en rien un droit d’au­teur.

    Mais plus loin, on voit le droit d’au­teur utilisé comme une arme, détourné pour faire cesser des propos ou des infor­ma­tions qu’on souhaite ne pas diffu­ser. Cet usage est devenu des plus répandu depuis que tout ou presque est consi­déré comme rele­vant du mono­pole de l’au­teur.

    Tout est lié, mais rare­ment dans l’in­té­rêt du public (même si effec­ti­ve­ment l’in­té­rêt public lié à la diffu­sion d’une chute de Madonna me semble bien faible, c’est là un juge­ment de valeur qui ne devrait pas entrer en ligne de compte).

  • Reti­rer les contre­façons du web

    Reti­rer les contre­façons du web

    J’en­tends souvent que « il faut faire quelque chose ».

    Oui, je partage (souvent) l’opi­nion qu’a­gir est néces­saire, parfois rapi­de­ment. Non cela n’au­to­rise pas à prendre des déci­sions qui auraient des effets secon­daires graves.

    Non, je n’ai (souvent) pas mieux à propo­ser. Non cela ne veut pas dire que la déci­sion contes­tée est forcé­ment bonne à prendre.

    Vous voulez élimi­ner la contre­façon ?

    Le blocage admi­nis­tra­tif de sites web a déjà montré plusieurs fois son échec.

    On y retrouve beau­coup de sites qui n’au­raient jamais du s’y retrou­ver. Parmi eux en Austra­lie on a retrouvé une liste impres­sion­nante de sites qui simple­ment mili­taient contre l’in­ter­dic­tion, pour d’autres solu­tions, ou contre le gouver­ne­ment. Ailleurs on a retrouvé des liens que le pres­ta­taire qui gère la liste de blocage a trouvé gênant pour ses inté­rêts écono­mique. On y a même retrouvé des sites qui gênent X ou Y, ou leur morale person­nelle. D’autres fois on a même supprimé tout un héber­geur avec des centaines de milliers de sites person­nels et d’opi­nion.

    À chaque fois le gouver­ne­ment était démo­cra­tique­ment élu, de bonne foi. Les risques de déra­page si quelqu’un souhaite détour­ner volon­tai­re­ment l’ou­til de son objec­tif sont juste inima­gi­nables. Malheu­reu­se­ment souvent (c’est à dire toujours sauf quand ça touche d’un coup des millions de gens), on ne l’a su que grâce à des lanceurs d’alerte, long­temps après.

    En paral­lèle les utili­sa­teurs ont très vite appris à utili­ser des VPN et autres solu­tions de contour­ne­ment, quand ce ne sont pas les sites qui ont simple­ment changé d’adresse. Il y a surement eu plus de visites bloqués sur des sites qui n’au­raient jamais du l’être que sur des sites légi­ti­me­ment inter­dits.

    Pour­tant dans une majo­rité des cas on a souhaité utili­ser le blocage admi­nis­tra­tif dans un cadre restreint très facile à iden­ti­fier : la pédo­phi­lie. La contre­façon est à la fois plus large et Quand on commence à parler droit d’au­teur c’est quand même non seule­ment plus large et le côté mani­feste est parfois loin d’être évident.

    Bref : c’est inac­cep­table et non, le gain pour votre propre domaine d’ac­ti­vité ne pourra jamais justi­fier d’uti­li­ser massi­ve­ment cet outil.

    Le blocage auto­ma­tique est encore pire

    Le blocage auto­ma­tique c’est par exemple ce qu’u­ti­lise Youtube. L’idée est atti­rante : On prend l’em­preinte de vrais contenu et on supprime auto­ma­tique­ment tous les nouveaux conte­nus qui corres­pondent. Le reste est signalé puis supprimé de façon auto­ma­tique par les ayants droits.

    Le système d’em­preinte est connu pour faire un peu n’im­porte quoi, des suppres­sions de conte­nus conte­nant des chants d’oi­seau à des arrêts brutaux et défi­ni­tifs de flux live offi­ciels lors multiples d’évé­ne­ments cultu­rels ou poli­tiques. Les usages de type remix, paro­die sont direc­te­ment mis à la poubelle quand bien même ils seraient légaux. Le fair use est tota­le­ment oublié dans les pays où il existe et une musique de fond à peine audible suffit à faire suppri­mer la vidéo d’an­ni­ver­saire de votre Chéru­bin.

    Quand l’em­preinte n’a pas été recon­nue, c’est Warner qui fait du copy­fraud sur Happy Birth­day. Univer­sal quant à lui a offi­ciel­le­ment et consciem­ment fait retiré des vidéos tout à fait légales mais qui étaient contre ses inté­rêts poli­tiques. Comme c’est dans le cadre d’un accord privé avec Youtube, personne ne peut rien leur repro­cher léga­le­ment. Les effa­ce­ments arbi­traires sont légions, et les utili­sa­teurs tota­le­ment impuis­sants.

    Reste les noti­fi­ca­tions de retrait

    On peut toujours deman­der à Google la désin­dexa­tion de liens via la procé­dure de la LCEN en France ou le DMCA aux États Unis. C’est encore la moins mauvaise solu­tion parce qu’on cible une adresse très précise, norma­le­ment véri­fiée en amont manuel­le­ment.

    Ajou­tez à cela les copy­fraud qui deviennent de plus en plus fréquent et qui permettent une censure immé­diate sans passer par la case judi­ciaire et on a une sauce explo­sive. Il y a bien des mesures qui condamnent les fausses noti­fi­ca­tions mais à connais­sance elles ne sont pas appliquées.

    En pratique certains ayant-droits commencent à faire des robots qui font des requêtes légales de désin­dexa­tion auto­ma­tiques. Disons que c’est l’ou­til le moins dange­reux pour l’ins­tant, mais il en faudra peu pour qu’il s’in­dus­tria­lise encore plus et devienne un des pire : car avec un cadre légal rendant respon­sable tout inter­mé­diaire qui n’agi­rait pas comme demandé.

    Alors quoi ?

    Alors je ne sais pas. Je n’ai pas la solu­tion. Je sais juste que celles propo­sées me semblent trop dange­reuses.

    Je reste juste très dubi­ta­tif face à tous ces gens qui consi­dèrent l’ab­sence de procé­dure judi­ciaire comme un point posi­tif et indis­pen­sable. On a pour­tant bien des procé­dures qui se font en 24 ou 48h, avec un juge qui pour­rait jouer l’ar­bitre et stop­per les dérives les plus évidentes.

    Quand on veut on peut. Mais non, on préfère deman­der des procé­dures d’ex­cep­tion au lieu de deman­der une justice rapide. Pourquoi ? À qui profite le crime ? je vous laisse répondre avec les éléments ci-avant.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Spyros Papas­py­ro­pou­los

  • La ligne jaune

    La ligne jaune

    Nous avons à la fois des lois sur le droit d’au­teur très dures, un espace de biens communs qui se réduit d’an­nées en années, une contre­façon de biens imma­té­riels massive, et un nombre d’au­teurs qui vivent ou survivent avec trop peu.

    On ne peut pas dire que la situa­tion soit parfaite, et je n’ai pas plus qu’un autre les réponses magiques qui vont tout résoudre sans lais­ser un seul point déli­cat.

    Discu­ter, réflé­chir

    Par contre je crois que non seule­ment une démo­cra­tie saine doit permettre d’échan­ger toutes les opinions et réflexions, mais qu’en plus ici nous en avons cruel­le­ment besoin.

    Donc oui, je trouve normal de parler des initia­tives en marge des habi­tudes, de voir s’ex­pri­mer des gens sur une réforme profonde du droit d’au­teur, sur des équi­libres nouveaux, sur un modèle social tota­le­ment diffé­rent, même si ces gens ne sont pas pour un durcis­se­ment des exclu­si­vi­tés et privi­lèges des ayants droits.

    Et oui, cela inclut les fameux pirates, autant ceux qui utilisent que ceux qui orga­nisent, et pas unique­ment pour en dire du mal. Même si ce n’était que pour ça, ça permet de mieux comprendre le besoin, le problème, et d’ima­gi­ner des solu­tions autres qu’une énorme censure auto­ma­tique à base de lois liber­ti­cides.

    La ligne jaune

    Mais ma ligne jaune se situe ici, car jusque là tout reste dans le cadre de la loi et des équi­libres choi­sis par la collec­ti­vité, même quand on les combat.

    Quand j’en vois mettre consciem­ment des liens vers les sites de contre­façon ou même direc­te­ment vers les données parta­gées, je me pose plus de ques­tions. Là ce n’est plus de l’exer­cice démo­cra­tique pour faire chan­ger ce qui ne convient pas, mais simple­ment de la promo­tion.

    Quand c’est un site spécia­lisé qui par deux fois consé­cu­tives donne la procé­dure pour récu­pé­rer les contre­façons, j’ai un gros problème. On passe limite dans l’or­ga­ni­sa­tion et la promo­tion de pratiques illé­gales.

    Le pire dans tout ça c’est que je souhaite ardem­ment une profonde réforme du droit d’au­teur, avec un autre équi­libre et une vraie défense des biens communs, mais que ce genre d’évé­ne­ment ne peut amener au contraire qu’un durcis­se­ment des posi­tions, par réac­tion.

    Photo d’en­tête sous licence CC BY-NC-ND par Steve Loya

  • Is Crea­tive Commons harm­ful ?

    Je ne suis pas loin de rédi­ger un texte « Crea­tive Commons is harm­ful ».

    Je voyais d’un bon œil tout ça au début : On incite les gens à libé­rer un peu leur créa­tions au lieu de les lais­ser en « tous droits réser­vés » par défaut. Le mouve­ment a pris de l’am­pleur et a fait connaitre l’idée de diffu­sions large des œuvres.

    D’une certaine manière c’est une réus­site : Les gens savent qu’il existe une possi­bi­lité de diffu­ser des oeuvres sous licence ouverte. Ils savent que ça a du sens, et il y a un vrai mouve­ment derrière qui ne se résume plus à quelques geeks radi­caux du libre.

    Main­te­nant il est temps de vite chan­ger le fusil d’épaule : Les Crea­tive Commons deviennent une licence par défaut pour… restreindre l’usage. Je parle là de l’ap­pli­ca­tion par défaut d’une licence CC pour des œuvres du domaine public ou des repro­duc­tions tech­niques de ces œuvres (numé­ri­sa­tion des livres, photo des œuvres) et plus géné­ra­le­ment pour des objets imma­té­riels qui ne sont norma­le­ment pas couverts par le droit d’au­teur.

    La licence CC devient une façon de marquer sa propriété (même quand elle n’existe pas léga­le­ment). Le « BY » se fait telle­ment fort qu’il n’est plus possible d’ex­pri­mer quoi que ce soit sans avoir une horde de « quelqu’un l’a dit avant toi » ou « cette demi-phrase est inspi­rée de … tu dois suivre la licence ».

    Bref, au lieu d’ou­vrir l’es­pace, on est en train de le refer­mer. Il y a bien un léger mouve­ment vers une CC0 mais il est loin de compen­ser le reste.

  • Lobbying pour la rede­vance de copie privée

    Vous ache­tez un CD vierge pour vos sauve­gardes, une carte mémoire pour votre appa­reil photo ou votre GPS, un smart­phone, un PC, une tablette tactile, … : Vous payez une rede­vance, non négli­geable, au titre de la copie privée.

    De cette rede­vance 25% sont affec­tés aux socié­tés de gestion collec­tives pour finan­cer la créa­tion, la diffu­sion du spec­tacle vivant ou des actions de forma­tion des artistes, et par exten­sion des actions de défense, de promo­tion et d’in­for­ma­tion enga­gées dans l’in­té­rêt des créa­teurs et de leurs œuvres.

    La publi­ca­tion de PCIn­pact n’est pas récente mais il est inté­res­sant de regar­der le bas de la seconde page :

    leurs actions auprès des pouvoirs publics en France, mais aussi au niveau euro­péen, puisqu’ils inter­viennent direc­te­ment auprès du Parle­ment euro­péen, voire de la Commis­sion. Par contre, je n’ai pas le chif­frage précis de toutes ces actions, car les comptes du SNEP sont présen­tés par nature de frais et non par desti­na­tion, ce qui est la règle comp­table en vigueur dans les syndi­cats profes­sion­nels

    Donc quand vous payez votre rede­vance sur la copie privée, une partie des 25% est direc­te­ment et offi­ciel­le­ment affec­tée à des opéra­tions de lobbying auprès des pouvoirs publics français et euro­péens pour durcir le péri­mètre des droits d’au­teurs, et proba­ble­ment défendre voire renfor­cer cette même rede­vance sur la copie privée.

    C’est juste magique comme montage, et propre­ment honteux.

  • Et si… oui mais en fait non.

    Un matin je me suis dit « et si je rédi­geais ce livre que j’ai en tête, que je le publiais libre­ment, en inci­tant les gens à faire un don s’ils pensent eux-même y avoir gagné quelque chose ? »

    L’idée est d’abord de tester un modèle de rému­né­ra­tion diffé­rent, inver­sant la chaîne commer­ciale. Certains en parlent depuis long­temps, pourquoi ne pas tester moi qui ai le confort de ne pas en dépendre pour vivre.

    Sauf qu’un don pour une acti­vité pro, ça semble juste un concept qui n’existe pas. J’ai eu beau explo­rer le site des impôts ou appe­ler à l’aide, niet. On verra si une demande directe au percep­teur amène mieux, mais j’ai peu d’es­poir.

    Je ne peux même pas consi­dé­rer que je vends le livre à un prix libre. Non seule­ment ça n’est pas le modèle (je tiens à ce que le don se fasse après l’uti­li­sa­tion du livre, pas avant), mais en France celui qui diffuse un livre est obligé par la loi d’en fixer un prix qui sera unique sur tout le terri­toire.

    Solu­tion de contour­ne­ment à tout ça : Le don est en fait une vente d’un truc annexe et symbo­lique, par exemple une petite image. Défaut : On perd la TVA réduite du livre, ce qui sur une vente à des parti­cu­liers dimi­nue d’au­tant la rému­né­ra­tion.

    Encore une autre idée : Faire un joli dessin et consi­dé­rer que le don corres­pond à la vente de droits d’ex­ploi­ta­tion et de repro­duc­tion, via une note de droits d’au­teur. Avan­tage : Ce sont des droits d’au­teur, assez inté­res­sants au niveau fiscal et aussi en TVA réduite.

    Reste qu’en­suite il faut se décla­rer. Je trouve normal de payer des coti­sa­tions sociales sur ces reve­nus à l’AGESSA, mais les emmer­de­ments et risques finan­ciers de monter une struc­ture juri­dique juste pour cette petite expé­ri­men­ta­tion… ça me bloque.

    C’est encore plus vrai quand je réalise qu’a­voir une struc­ture à côté peut me faire perdre mes droits au chômage sur mon acti­vité sala­riée, voire pour­rait entrer en conflit avec une clause de mon contrat de travail.

    Vu ce que ça peut me rappor­ter et mon temps dispo­nible, ça ne vaut clai­re­ment pas le coup. Fina­le­ment, si j’écris un nouveau livre, je passe­rai certai­ne­ment par un éditeur clas­sique, avec une vente clas­sique, simple­ment pour éviter une usine à gaz. Et du coup c’est vache­ment moins atti­rant pour moi, et finan­ciè­re­ment et intel­lec­tuel­le­ment. Comprendre : je ne le ferai pas.

    Tant pis.