Auteur/autrice : Éric

  • Mention bot, cibler la revue de code

    À La Ruche qui Dit Oui, comme dans mon équipe précé­dente, on fait des revues de code avec la règle des deux pouces. Pour qu’une modi­fi­ca­tion appli­ca­tive passe en produc­tion il faut qu’elle soit vali­dée par deux pairs, qui vont mettre un ? (le feed­back par emoji, si vous n’avez pas essayé, vous manquez quelque chose).

    En discu­tant avec les équipes d’Al­go­lia, on m’a pointé mention-bot. L’idée est simple : avec un git blame on repère qui est le déve­lop­peur qui a le plus travaillé sur ces parties de code et on le mentionne expli­ci­te­ment auto­ma­tique­ment comme parti­ci­pant poten­tiel à la revue.

    Do you have a GitHub project that is too big for people to subscribe to all the noti­fi­ca­tions? The mention bot will auto­ma­ti­cally mention poten­tial revie­wers on pull requests. It helps getting faster turna­round on pull requests by invol­ving the right people early on.

    Je ne sais pas si ça va vrai­ment s’in­té­grer à notre struc­tu­ra­tion par équipes ici (le déve­lop­peur ciblé risque d’être sur un autre équipe, donc pas la meilleure personne pour faire la revue sur le projet en cours) mais je partage quand même.

  • Vote dans une répu­blique apai­sée, aujourd’­hui et demain

    Il propose alors un système permet­tant aux citoyens soit de lais­ser faire leurs dépu­tés, soit de voter direc­te­ment les lois sur Inter­net. Quand un citoyen s’ex­prime direc­te­ment, sa portion de vote est décomp­tée à tous les parle­men­taires sans distinc­tion. Il s’agit d’ins­tau­rer un droit de veto que « les citoyens exer­ce­raient contre les lois qui leur portent préju­dice. Ils obli­ge­raient ainsi ceux qui dirigent et légi­fèrent à penser beau­coup plus à ce qu’ils vont faire, à faire des lois qui profitent à tous, sinon tout le monde s’y oppo­sera ».

    L’idée est inté­res­sante en ce qu’elle permet la démo­cra­tie directe sans impo­ser à tout un chacun de se dépla­cer pour tout tout le temps. On assure aussi une grada­tion puisque le groupe qui a une opinion assez forte sur un sujet pour s’y expri­mer direc­te­ment a une influence plus forte que ceux qui laissent faire.

    Il y a d’autres biais, comme sur-repré­sen­ter ceux qui ont le temps de s’in­ves­tir par rapport aux autres. Il y a d’autres problèmes, comme encou­ra­ger les gens à expri­mer une opinion rapide, donc souvent infor­mée unique­ment sur la base des cari­ca­tures ou des résu­més portées dans les média.

    Malgré ces défauts, l’idée reste sédui­sante. Ce n’est pas comme si le système actuel n’avait pas des défauts large­ment aussi grands. J’ai bon espoir que le regain de contrôle que pren­draient les citoyens pour­rait relan­cer un peu l’es­prit poli­tique, et donc contre-balan­cer ces défauts.

    * * *

    Ce qui me gêne ce n’est pas tout ça, c’est que par la force des choses on imagine faire repo­ser toute la struc­ture sur le vote élec­tro­nique, encore une fois.

    C’est vrai que c’est pratique mais aujourd’­hui, en l’état de nos connais­sances, le vote élec­tro­nique peut garan­tir la sincé­rité du résul­tat ou le secret du vote, jamais les deux à la fois.

    Là nous ne parlons pas d’un petit défaut mais d’un défaut majeur, de ceux qui font écrou­ler tout un système.

    * * *

    Nous votons aujourd’­hui dans une répu­blique rela­ti­ve­ment apai­sée. Oui, malgré tout ce qui se passe, j’as­sume de le dire.

    Aujourd’­hui reti­rer le secret du vote amène­rait de graves consé­quences pour la démo­cra­tie et pour les citoyens, mais ne chan­ge­rait pas forcé­ment signi­fi­ca­ti­ve­ment le résul­tat en bout d’élec­tion.

    Aujourd’­hui lais­ser le gouver­ne­ment, une auto­rité indé­pen­dante ou un groupe d’ex­perts garan­tir le fonc­tion­ne­ment d’un vote élec­tro­nique ne serait pas un risque impor­tant. Je leur fait rela­ti­ve­ment confiance pour ne pas tricher à ce point.

    Mais demain ?

    Demain expri­mer publique­ment certaines opinions fera porter un risque sérieux sur soi ou sur ses proches.

    Demain le pouvoir aura suffi­sam­ment de poids et assez peu de respect pour oser tricher à grande échelle sur les votes natio­naux, surtout s’il sait qu’il n’y aura pas vrai­ment de traces.

    Les choix je les prends en fonc­tion de demain, pas unique­ment d’aujourd’­hui.

    * * *

    Il ne s’agit pas d’être pessi­miste. Comme dans la maxime « après la pluie vient le beau temps », la ques­tion n’est pas de savoir « si » mais de savoir « quand ». Un jour la situa­tion sera grave.

    Ce demain existe d’ailleurs déjà à plus d’un endroit du globe. Il a aussi existé plus d’une fois dans notre passé à nous. C’est dire combien il est crédible.

    Il suffit parfois de peu, et notre actua­lité le montre encore. Un atten­tat terro­riste et nous sommes prêts à sacri­fier quelques liber­tés. Il suffi­rait d’un quelque chose pour que le futur soit diffé­rent, que les volon­tés ne se résument pas à des jeux poli­tiques en vue de la prochaine élec­tion. Des guerres ont été déclen­chées pour si peu.

    Notre répu­blique apai­sée est encore jeune, fragile. Demain ne sera pas aussi beau. Le système de vote actuel avec le secret du vote et la trans­pa­rence de l’urne ne suffira pas forcé­ment à empê­cher des jours noirs, mais il peut tout de même éviter certains futurs, en frei­ner d’autres, ou donner des leviers pour en sortir plus rapi­de­ment.

    * * *

    Une chose est certaine, sans sacra­li­ser le système actuel – encore moins le vote lui-même – je ne suis pas prêt à imagi­ner aujourd’­hui le vote élec­tro­nique là où il n’est pas indis­pen­sable. Ce serait dange­reux, un peu pour aujourd’­hui, beau­coup pour demain.

    S’il vous plait, aidez-moi à faire un barrage systé­ma­tique à au vote élec­tro­nique. J’ai un fils. Je veux lui lais­ser une frac­tion du rêve démo­cra­tique.

  • Nous nous habi­tuons, et c’est grave

    L’ac­cep­ta­tion gran­dis­sante de l’op­pres­sion quoti­dienne me fait peur.

    ( J’ai vu une vidéo (*) il y a quelques jours où la police a demandé à un mendiant de défaire ses deux prothèses aux jambes, posé toutes ses posses­sions devant lui, lui qui n’avait déjà plus qu’un bras. La vidéo montre la police qui s’en va après, sans répondre aux inter­pel­la­tions, et le mendiant qui tente de tout raccro­cher et remettre son jean avec l’aide d’un passant et de son seul bras. Violence et humi­lia­tion sont le quoti­dien.)

    J’ai vu une vidéo hier où on voyait les senti­nelles de l’ar­mée avec leur famas soute­nir une simple inter­pel­la­tion de police un peu exces­sive et qui se faisait près d’eux, face à la foule. Je suis certain qu’ils n’avaient que de bonnes inten­tions mais le problème est énorme. Nous nous habi­tuons.

    Aujourd’­hui je croise un vigile privé derrière le contrôle à l’em­barque­ment SNCF. Rien de forcé­ment anor­mal, au cas où un voya­geur contrôlé s’ex­cite. Vigile en noir avec bras­sard orange, rangers aux pieds, équipé de gants de combat coqués orien­tés poing améri­cain.

    Sur Inter­net je trouve les mêmes, dans des boutiques para-mili­taires, orienté inter­ven­tion et marqué « forces de l’ordre – mili­taires ».

    Tout ça semble normal mais je veux qu’on m’ex­plique. Je ne parle pas de la police ferro­viaire, qui même si elle est armée ne se permet­trait pas un tel accou­tre­ment, mais bien d’un vigile privé, les mêmes qu’on trouve devant les super­mar­chés… en gants de combat, dans une simple mission d’ac­com­pa­gne­ment pour un filtrage pré-embarque­ment.

    Des vigiles privés habillés pour la bagarre. Contrô­leurs, voya­geurs, tout ceci est devenu telle­ment notre quoti­dien que je n’ai vu personne fron­cer les sour­cils.

  • Télé­phone, email et signa­tures

    Mes signa­tures e-mail deviennent de plus en plus brèves. Je signe d’un double tiret et de mes nom et prénom, parfois unique­ment le prénom.

    C’est déjà tota­le­ment super­flu – mon nom est déjà indiqué comme expé­di­teur, et mieux mis en valeur dans n’im­porte quel logi­ciel de lecture email que ne le sera jamais la signa­ture – mais je conti­nue par habi­tude, pour faire comme tout le monde, un peu par peur qu’on me reproche l’im­po­li­tesse une absence totale qui ne serait pas encore dans les usages. Un jour j’aban­don­ne­rai quand même proba­ble­ment le peu que je garde, vue l’ab­sence totale de valeur.

    Oui, c’est l’usage, mais cet usage de signa­tures longues et inutiles m’agace signi­fi­ca­ti­ve­ment, au point qu’il serait malhon­nête que j’im­pose moi-même aux autres plus que le strict mini­mum. Je remarque d’ailleurs que les conver­sa­tions les plus colla­bo­ra­tives que j’ai se font souvent avec des échanges sans signa­ture. On se présente une fois, la première, pas à chaque fois qu’on se parle.

    Parfois j’in­dique le nom de la société, quand je n’ai pas d’in­te­rac­tion assez fréquente avec mon inter­lo­cu­teur pour qu’il sache qui je suis, mais fina­le­ment je m’en passe souvent.

    Quant au titre, quand bien même mon inter­lo­cu­teur ne le connais pas déjà, j’en n’en vois souvent plus la valeur. Je l’ajoute encore souvent par prin­cipe quand je précise la société, mais je suis mal à l’aise.

    Je valo­rise ce que les gens font et leur rôle dans la discus­sion, pas leur titre ou leur rôle dans leur propre société. Est-ce vrai­ment impor­tant que je sois CTO, déve­lop­peur ou chef de projet ? Ce n’est pas ma façon de voir la colla­bo­ra­tion et je ne précise mon titre que quand je veux arti­fi­ciel­le­ment donner du poids, impres­sion­ner ou jouer sur le côté hiérar­chique, parfois sur des commu­ni­ca­tions plus formelles.

    Je déteste le parties marke­ting, annonces d’évé­ne­ments, logos et banières dans les signa­tures. C’est une plaie dans les échanges un peu long, ça n’ap­porte rien, et ça trans­forme chaque message en signal commer­cial publi­ci­taire. Là encore, peut-être parce que ce n’est pas mon rôle premier, j’ai l’im­pres­sion que ça fait plus de mal que de bien. Je déteste en rece­voir, je ne l’im­po­se­rai pas à mes inter­lo­cu­teurs.

    * * *

    Il reste l’adresse et le télé­phone, oui. Et là il y a un sujet inté­res­sant sur les outils. Pourquoi donne­rais-je l’adresse des locaux et mon télé­phone ?

    J’uti­lise pour­tant bien plus la vidéo confé­rence par hangout que le télé­phone. Quant à rece­voir des cour­riers, je crois que les seuls que j’ai reçu depuis mon arri­vée dans la société sont des cartons publi­ci­taires et cartes de vœux.

    Mes outils sont asyn­chrones, élec­tro­niques. En interne tout ou presque se fait par Slack. L’ex­terne se fait essen­tiel­le­ment par email, parfois par vidéo-confé­rence.

    Ce n’est pas qu’une lubie. Utili­ser le télé­phone comme outil prin­ci­pal implique­rait d’avoir un bureau dédié pour ne pas déran­ger les tiers et de lais­ser les gens sur messa­ge­rie pour ne pas être inter­rompu en perma­nence.

    Par dessus tout, ça ne fonc­tion­ne­rait pas dans une orga­ni­sa­tion colla­bo­ra­tive. L’email ou la messa­ge­rie permettent de s’adres­ser à un groupe, avec plusieurs personnes et pas que le-chef-qui-décide. Le cas échéant ces outils permettent de se rensei­gner pour ensuite répondre de façon éclai­rée, en asyn­chrone, ou de faire suivre à la bonne personne.

    C’est encore plus vrai pour moi qui ai une vision de faci­li­ta­teur et d’or­ga­ni­sa­teur, pour coor­don­ner et permettre aux équipes de travailler plutôt que pour déci­der et faire exécu­ter. Le bon inter­lo­cu­teur qui sait et qui agit, c’est rare­ment moi. Je fais même tout pour que ce ne soit pas moi.

    Un coup de fil impromptu à partir du numéro trouvé en signa­ture ? Mais ce serait tota­le­ment contre-produc­tif pour tout le monde. En échange je suis réac­tif pour au moins lire les messages et y répondre immé­dia­te­ment quand c’est urgent.

    Parfois je discute par télé­phone, parfois je rencontre les gens en face à face. Dans ce cas là, les coor­don­nées sont échan­gées dans l’in­vi­ta­tion, ou expli­ci­te­ment dans la discus­sion, et ça fonc­tionne très bien.

    Pourquoi diable irais-je préci­ser tout ça dans mes signa­tures ? Inci­ter les gens à me lais­ser un message audio sur répon­deur plutôt que d’écrire un e-mail avec les bons groupes en copie ? Inci­ter les gens à m’en­voyer des lamelles d’abres morts par la poste plutôt qu’un docu­ment numé­risé par email ? Lais­ser les gens venir au bureau au hasard sans rendez-vous après avoir deviné le code du portail et la porte à laquelle il faut frap­per ? (*)

    J’ai plus de vidéo-confé­rences que de discus­sions télé­pho­niques et rencontres physiques réunies. Mettez-vous votre iden­ti­fiant de vidéo-confé­rence en signa­ture de vos emails ? Préci­sez-vous votre email person­nel en signa­ture de vos cour­riers papier ? Pour­tant c’est l’équi­valent de mon côté du télé­phone en signa­ture d’email.

    En échange je donne mon email, faci­le­ment. Il me sert pour discu­ter, pour envoyer et rece­voir des docu­ments, et même d’iden­ti­fiant pour les vidéo-confé­rences.

    C’est une ques­tion de canaux d’échange. Mes outils ne sont plus le télé­phone et le cour­rier. Ça n’au­rait juste pas de sens de les répé­ter à chaque fois que j’échange deux lignes avec quelqu’un.

    (*) Pour les non pari­siens : oui, à Paris il faut souvent un premier code portail pour accé­der aux inter­phones. Ici préci­sé­ment nous n’avons non seule­ment pas d’in­ter­phone mais le nom de la société n’ap­pa­rait nulle part à l’ex­té­rieur, pas même sur la porte d’en­trée. Venir avec juste une adresse c’est assez aven­tu­reux.


    Et vous, à quoi ressemblent vos signa­tures email ? pourquoi ?

  • [Commen­taire] Un député propose la consul­ta­tion systé­ma­tique des inter­nautes pour tout projet de loi

    [Le député souhaite] géné­ra­li­ser « la consul­ta­tion publique en ligne, par l’in­ter­net, sur les textes de loi avant leur examen par le Parle­ment », comme le rapporte nos confrères de NextIn­pact.

    […]

    Le député assure qu’« En assu­rant la dose supplé­men­taire de parti­ci­pa­tion et de trans­pa­rence que permet le numé­rique dans notre démo­cra­tie repré­sen­ta­tive, la consul­ta­tion publique par l’in­ter­net peut contri­buer à retis­ser le lien de confiance distendu – notam­ment dans l’in­ter­valle entre les élec­tions – entre repré­sen­tants et repré­sen­tés ».

    Mais quelle bêtise… C’est voir à quel point même nos dépu­tés comprennent la démo­cra­tie (c’est à dire très peu). Dommage parce que je suis convaincu que l’in­ten­tion est bonne.

    Si votre première réponse est « à quoi il sert alors mon député si je donne mon avis direc­te­ment ? » vous êtes sur la bonne voie.

    Aujourd’­hui nous avons une démo­cra­tie repré­sen­ta­tive. Le député repré­sente le peuple, faute de savoir effi­ca­ce­ment faire discu­ter et voter le peuple dans son ensemble, à plein temps (*).

    Bref, le député vote et débat au nom du peuple.

    Si on savait consul­ter le peuple sur chaque projet de loi, d’une façon qui soit un mini­mum repré­sen­ta­tive (disons au moins autant que l’est notre Assem­blée natio­nale, c’est à dire à la marge), autant lui lais­ser le pouvoir de déci­sion.

    Ce serait même génial : avoir des repré­sen­tants pour prépa­rer et discu­ter des textes, trou­ver le bon équi­libre et le compro­mis qui a du sens – diffi­cile de faire ça à 70 millions de personnes, surtout qu’en­trer dans la complexité des textes demande du temps – mais lais­ser le peuple pour voter et déci­der.

    Là je dis OK. Ça serait d’ailleurs logique. Aujourd’­hui les dépu­tés votent peu, et quand ils le font c’est essen­tiel­le­ment en suivant les consignes du parti. Ils l’ex­pliquent d’ailleurs très bien quand on leur reproche leur absence dans l’hé­mi­cycle : leur vrai travail effi­cace se fait avant, ailleurs. Prenons-les au mot.


    Vous l’avez deviné, ce n’est pas ce qui est proposé. Reti­rer le pouvoir aux dépu­tés et le remettre au peuple ? quand bien même les dépu­tés ne seraient qu’une chambre d’en­re­gis­tre­ment et ne s’en servi­raient qu’é­pi­so­dique­ment, jamais ils n’ac­cep­te­ront.

    Non, ils veulent consul­ter. Sans repré­sen­ta­ti­vité claire, avec mille façons de récu­pé­rer un résul­tat biaisé (**), et pour un rendu volu­mi­neux, complexe et coûteux en temps à inter­pré­ter.

    Par contre, quand bien même la consul­ta­tion marque­rait une demande évidente et très expli­cite, ils n’au­raient aucune obli­ga­tion de la suivre. On l’a d’ailleurs vu avec la loi sur le numé­rique qui a inau­guré cette idée de consul­ta­tion préa­lable.

    Le peuple débat, l’élite décide. On nous vend de la démo­cra­tie parti­ci­pa­tive. S’il y a bien du parti­ci­pa­tif – c’est à dire qu’ils consentent à nous lais­ser parti­ci­per, atten­tion à ne pas confondre avec colla­bo­ra­tif – il n’y a pas vrai­ment là de démo­cra­tie. L’élite qui décide ce que débat le peuple, c’est même pile le contraire.

    Certains diront que c’est toujours mieux qu’ac­tuel­le­ment. Je ne suis pas d’ac­cord. Aujourd’­hui les dépu­tés peuvent déjà consul­ter la société. Certains ne s’en privent pas. On l’a d’ailleurs juste­ment fait en grand avec la loi sur le numé­rique.

    En l’ins­tau­rant en règle, surtout en le faisant avant les débats au parle­ment, on instaure clai­re­ment que le rôle du député n’est plus de travailler la loi mais bien de juger et modi­fier ce qu’a produit le peuple. Déran­geant, et pas qu’un peu.


    (*) ok, en pratique la moti­va­tion d’ori­gine est proba­ble­ment plus liée à la bour­geoi­sie d’alors, la non-confiance dans le peuple et plein de choses comme ça. Conten­tons-nous de la théo­rique pour aujourd’­hui.

    (**) la réfé­rence est la consul­ta­tion de la loi sur le numé­rique, facile à biai­ser par tel ou tel groupe qui vien­drait en masse, sans aucune garan­tie de repré­sen­ta­ti­vité, et abso­lu­ment aucune garan­tie de non-mani­pu­la­tion des résul­tats par le gouver­ne­ment – le légis­la­tif se base­rait sur une consul­ta­tion du peuple qui pour­rait tech­nique­ment être tota­le­ment mani­pu­lée par l’exé­cu­tif, bonjour le système démo­cra­tique.
    Ça pouvait avoir du sens sur une loi comme le numé­rique (à discu­ter), c’est tota­le­ment inuti­li­sable sur des sujets clivants comme le nucléaire ou l’im­mi­gra­tion, impos­sible à analy­ser sur des sujets complexes comme la fisca­lité, extrê­me­ment dange­reux sur des sujets de niche ou un lobby pour­rait tout faire bascu­ler.
    Quelqu’un a déjà vu les consul­ta­tions obli­ga­toires sur les PLU ou sur le nucléaire servir à quelque chose ? pour­tant là c’est du local, sur une commu­nauté restreinte avec des élus en prise directe. Imagi­nez la chose avec un pays de 70 millions de personnes et des élus tota­le­ment hors sol.

  • [Commen­taire] The moment the CFO becomes CEO—it’s done. Game over.

    The moment the CFO becomes CEO—it’s done. Game over.

    La cita­tion, attri­buée à Elon Musk, iden­ti­fie très bien ce que j’ap­pelle le mana­ge­ment à la française, où la direc­tion de la société est géné­ra­le­ment pilo­tée par le commer­cial ou le finan­cier.

    Vécu plusieurs fois, souf­fert plusieurs fois. On rabote, on exploite, on essouffle, on court derrière le court terme, asser­vis. Parfois ça fonc­tionne un temps – finan­ciè­re­ment, pas humai­ne­ment. Au premier pépin, qu’il soit tech­nique, commer­cial ou stra­té­gique, c’est la traver­sée du désert.

    Il y a tant d’autres modèles. Quand je regarde ailleurs les socié­tés modernes qui m’at­tirent, je vois plutôt des entre­prises pilo­tées par la vision ou la mission qu’elles se donnent, parfois d’autres pilo­tées par le service (à l’)utili­sa­teur.

    Diffé­rence de culture, d’in­ves­tis­se­ment, de vision.

  • [Lecture] Ideal HTTP Perfor­mance

    A common ques­tion about Server Push is “what if the client already has a copy in cache?” Because Push is inhe­rently specu­la­tive, there’s always the chance that you’re sending some­thing that the brow­ser doesn’t need.

    HTTP/2 allows the client to cancel the push in this situa­tion, with a RESET_STREAM. Howe­ver, even then, there’s roughly a round trip’s worth of wasted data in flight that could have been used for better things. Remem­ber, the ideal is to send only the data that the client needs to show the page.

    A propo­sed solu­tion for this is for the client to use a compact Cache Digest to tell the server what it already has in cache, so that the server knows what’s needed.

    Bon article de Mark Nottin­gham sur HTTP 2, qui dépasse les notions de base qu’on voit partout. On y parle même un peu des évolu­tions de TCP.

  • [Lecture] Fouilles lors d’un contrôle d’iden­tité : exigence d’in­dices objec­tifs

    Je me suis long­temps posé la ques­tion de la léga­lité des fouilles. Je n’ai jamais lu de texte clair à ce sujet. Visi­ble­ment on était dans l’usage diffi­cile ou impos­sible à remettre en cause mais sans base légale.

    Tout au plus certains sites proposent de décla­rer quelque chose comme « je n’y consens pas, je ne prête pas mon concours, mais je ne me rebelle pas au cas où vous le faites vous-même en ayant le droit de vous passer de mon consen­te­ment ».

     « la palpa­tion de sécu­rité opérée sur une personne faisant l’objet d’un contrôle d’iden­tité n’au­to­rise pas l’of­fi­cier de police judi­ciaire à procé­der, sans l’as­sen­ti­ment de l’in­té­ressé, à la fouille de sa sacoche, dès lors que cette palpa­tion n’a pas préa­la­ble­ment révélé l’exis­tence d’un indice de la commis­sion d’une infrac­tion flagrante ».

    — Cour de cassa­tion, chambre crimi­nelle, via Dalloz

    Bien évidem­ment, vous vous essayiez de lais­ser les poli­cier vous fouiller sans donner votre accord ou que vous refu­siez en citant la juris­pru­dence, vous risquez surtout d’éner­ver les forces de police et qu’ils consi­dèrent ça comme rébel­lion.

    Il reste, qu’en ces temps où la loi et les usages donnent tous les droits à l’État et la police, cette préci­sion est plus qu’ap­pré­ciable.

    Dalloz conti­nue en rappe­lant que ça ne vaut pas en cas de flagrance, ni si la palpa­tion laisse effec­ti­ve­ment penser à infrac­tion.

  • [Lecture] How Etsy Formats Currency

    In order to follow along, you need to know one impor­tant thing: Currency format­ting depends on three attri­butes: the currency, the member’s loca­tion, and the member’s language.

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    Excellent billet d’Etsy sur la loca­li­sa­tion des montants et devises. Rien que pour la cultu­re…

  • Feed­back posi­tif

    Je me rappelle les cartes postales. À Yahoo il était possible de décer­ner une étoile à un collègue pour le remer­cier ou distin­guer une action parti­cu­lière. Je me rappelle d’un système de cartes postales internes pour cela.

    Je ne l’ai jamais vu utilisé dans les bureaux pari­siens. Peut-être une histoire de culture. Peut-être qu’aux États-Unis les pratiques étaient diffé­rentes.

    Je me demande toute­fois si ce n’est pas aussi une ques­tion d’ou­tils. Il est telle­ment facile de mettre un like sur Face­book et montrer un peu de compas­sion et de célé­bra­tion…

    Aujourd’­hui j’at­tri­bue une partie du succès de Slack aussi à ça : la capa­cité d’ajou­ter une humeur ou un emoji en réac­tion à un message.

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    C’est simple tech­nique­ment mais c’est surtout discret et non intru­sif au point que même les plus timides ont envie de parti­ci­per.

    Parfois c’est un pouce pour montrer l’ac­cord, un symbole ok, un coeur, un merci, une bouteille de cham­pagne ou des dizaines d’emojis moins signi­fi­ca­tifs qui ne sont là que pour donner un peu d’am­biance ou d’hu­meur.

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    L’en­ga­ge­ment néces­saire pour envoyer un emoji sur un message est extrê­me­ment faible. Rien à voir avec le frein pour envoyer un vrai message de célé­bra­tion. Le résul­tat c’est que les emojis sont utili­sés à profu­sion, et génèrent un feed­back posi­tif constant impos­sible à rempla­cer.

    emoji1

    Et vous ? quel type de feed­back posi­tif mettez-vous en place dans votre équipe ? en mettez-vous au moins un en place ?