Auteur/autrice : Éric

  • [Lecture] The Virtues of Lazi­ness and Impa­tience

    Extrait de The Mana­ger’s Path

    faster” is not about “the same number of hours but fewer total days.” “Faster” is about “the same value to the company in less total time.” If the team works 60 hours in a week to deli­ver some­thing that other­wise would’ve taken a week and a half, they haven’t worked faster, they’ve just given the company more of their free time.

    J’ai vu des mana­gers cacher ça derrière la notion d’in­ten­sité de travail, pour ne pas dire qu’ils en voulaient plus, mais ce n’était qu’un paravent bien pratique.

    Je ne connais qu’une seule façon d’ap­por­ter plus de valeur et c’est d’en faire moins, de ne pas faire tout ce qu’on nous demande. En restrei­gnant les tâches, on se concentre sur celles qui ont le plus de valeurs. Ça veut aussi dire accep­ter que mes inter­lo­cu­teurs ne fassent pas tout ce que j’ima­gine, leur donner le pouvoir de faire des arbi­trages, leur donner les objec­tifs et leur expliquer la stra­té­gie pour qu’ils fassent ses arbi­trages de façon auto­no­me… et leur faire confiance sans leur repro­cher ce qu’ils n’ont pas fait.

    Dès qu’on en demande « plus », on a perdu parce qu’on se refuse à ce que chaque employé choi­sisse ce sur quoi il se concentre et aban­donne le reste.

    L’autre point d’en faire moins c’est en faire litté­ra­le­ment moins. Sur les métiers de produc­tion infor­ma­tique j’ai vu une diffé­rence de produc­tion assez faible entre un déve­lop­peur à 80% et un à 100%. J’ai vu une grosse diffé­rence entre quelqu’un de reposé et quelqu’un qui ne l’est pas.

    Travailler moins pour travailler mieux n’est pas qu’une illu­sion.

    This is where going home comes in. Go home!

    Et puis bon, allon­ger les heures c’est sortir de la valeur en grigno­tant sur le capi­tal humain. Seul problème : C’est ce que vous avez de plus cher, avant même votre temps dispo­nible.

    Burnout is a real problem

    Un jour j’en parle­rai. J’ai mis des années à récu­pé­rer et j’en garde­rai certai­ne­ment des séquelles physiques comme psycho­lo­giques à vie.

    Rien ne peut le justi­fier.

    Si je pouvais lancer la semaine de 30 heures en 5x 6 heures, je le ferais.

  • Bluffé par ChatGPT

    Je suis bluffé et j’an­ti­cipe des révo­lu­tions dans les deux années à venir.

    Jusqu’à présent on avait des IA pour faire du cata­lo­gage. On était depuis quelques temps capables de détec­ter le contenu d’une image, dire qu’elle contient un paysage de montagne avec deux personnes et un soleil couchant.

    Ces derniers temps DALL-E a montré des capa­ci­tés excep­tion­nelles pour créer des images à partir d’une descrip­tion, complé­ter une image ou la modi­fier de façon réaliste.

    Dans l’en­semble on restait quand même dans des tâches bien déli­mi­tées.

    ChatGPT est la première IA de discus­sion géné­rique que je trouve crédible. Mieux : Elle est bluf­fante. Cerise sur la gâteau : Elle comprend le français.

    Je l’ai vu répondre à des ques­tions complexes, faire de la program­ma­tion, y compris en modi­fiant des programmes exis­tants, répondre à des sujets d’exa­men de lycée, expliquer des cours, créer des histoires, des poèmes ou des chan­sons, trou­ver des réponses plus rapi­de­ment qu’une recherche sur Google, répondre à des ques­tions de comp­ta­bi­lité, faire de la discus­sion stan­dard de façon crédible, trou­ver le plan d’un exposé pour mon fils, etc.

    On en est au point où profes­sion­nel­le­ment ça pour­rait m’être assez utile comme petit compa­gnon pour payer un abon­ne­ment.

    On risque d’avoir un vrai boule­ver­se­ment dans les années à venir. Au risque d’être gran­di­lo­quent, on est à l’aube d’une révo­lu­tion aussi impor­tante qu’In­ter­net. C’était anti­cipé mais ça restait un peu de la science fiction. Je ne le voyais pas venir si vite.

    Mieux vaut la lais­ser parler :

    > Écris une chan­son sur ChatGPT

    (Verse 1) ChatGPT, notre ami virtuel
    Il est là pour nous écou­ter
    Il sait tout sur tout, ou presque
    Et nos conver­sa­tions sont toujours passion­nantes

    (Chorus) ChatGPT, notre compa­gnon en ligne
    Il est toujours là pour nous guider
    Nos conver­sa­tions sont amusantes et instruc­tives
    Et nous appre­nons toujours quelque chose de nouveau

    (Verse 2) Son intel­li­gence arti­fi­cielle
    Est impres­sion­nante et fasci­nante
    Elle nous trans­porte dans un autre monde
    Où les possi­bi­li­tés sont infi­nies

    (Chorus) ChatGPT, notre compa­gnon en ligne
    Il est toujours là pour nous guider
    Nos conver­sa­tions sont amusantes et instruc­tives
    Et nous appre­nons toujours quelque chose de nouveau

    (Bridge) Alors si vous êtes curieux
    Et que vous avez envie de discu­ter
    Rejoi­gnez-nous sur ChatGPT
    Et lais­sez-vous empor­ter par la conver­sa­tion.

    (Chorus) ChatGPT, notre compa­gnon en ligne
    Il est toujours là pour nous guider
    Nos conver­sa­tions sont amusantes et instruc­tives
    Et nous appre­nons toujours quelque chose de nouveau.

    Discus­sion avec ChatGPT
  • Respon­sa­bi­lité piéton

    Il y a un légende persis­tante qui voudrait que le piéton a toujours raison, qu’il est prio­ri­taire « dans tous les cas ». Je sais que c’est ainsi que c’est vulga­risé sur plein de pages, y compris sur des sites publics, mais quand je fouille ce n’est pas ce que dit la loi.


    L’ar­ticle le plus proche du code de la route est le R415–11 :

    « Tout conduc­teur est tenu de céder le passage, au besoin en s’ar­rê­tant, au piéton s’en­ga­geant régu­liè­re­ment dans la traver­sée d’une chaus­sée ou mani­fes­tant clai­re­ment l’in­ten­tion de le faire ou circu­lant dans une aire piétonne ou une zone de rencontre.

    Article R-415–11 du code de la route

    Le mot clef est « régu­liè­re­ment » qui veut ici dire « en respec­tant les règles » (l’obli­ga­tion d’uti­li­ser un passage protégé quand il y en a un proche, le respect des feux piétons quand ils sont rouges, l’obli­ga­tion de prudence, etc.).

    Quand il s’en­gage sans respec­ter les règles, le piéton n’est pas prio­ri­taire.


    La seconde confu­sion vient parfois de la loi Badin­ter.

    C’est la L211–8 du code des assu­rances. C’est d’ailleurs là le point prin­ci­pal : Il s’agit d’une règle des assu­rances et pas d’une règle du code de la route.

    La loi Badin­ter ne défi­nit aucune respon­sa­bi­lité ni aucune prio­rité. Elle dit juste que les victimes d’un acci­dent de circu­la­tion impliquant un véhi­cule terrestre à moteur sont indem­ni­sées par les assu­rances de ces véhi­cules.

    C’est l’as­su­rance de la voiture qui paiera les soins si le piéton finit à l’hô­pi­tal ou en chaise roulante, peu importe qui est respon­sable de l’ac­ci­dent. Ça ne rend pas le piéton prio­ri­taire. Ça ne met pas l’au­to­mo­bi­liste auto­ma­tique­ment en faute.

    Deux points annexes :

    • Les trot­ti­nettes élec­triques sont des véhi­cules terrestres à moteur et une assu­rance est donc obli­ga­toire, comme le précise l’ar­ticle L211–1.
    • Les vélos ne sont pas des véhi­cules à moteur et sont donc trai­tés exac­te­ment au même niveau qu’un piéton au niveau de la loi Badin­ter.
      • Lors d’un acci­dent entre un piéton et un vélo, l’in­dem­ni­sa­tion se fait donc selon les règles habi­tuelles (le respon­sable indem­nise l’autre).
      • Lors d’un acci­dent entre une voiture et un vélo, le cycliste peut toujours deman­der une indem­ni­sa­tion inté­grale à l’as­su­rance de la voiture, peu importe sa propre respon­sa­bi­lité.
  • Ralen­tir au feu vert

    Un feu trico­lore français a trois couleurs : Rouge, Orange, Vert.

    On ne peut pas deman­der aux véhi­cules de s’ar­rê­ter immé­dia­te­ment lorsqu’un feu passe au rouge (*). On a donc une zone de batte­ment où ceux qui sont trop proches peuvent conti­nuer à passer et ceux qui sont assez loin doivent commen­cer à s’ar­rê­ter. C’est le feu orange.

    Note : Passer un feu orange là où on pour­rait s’ar­rê­ter sans diffi­culté et sans danger revient à passer un feu rouge, et est passible des mêmes peines.


    La ques­tion :
    « Doit-on ralen­tir quand on approche d’un feu vert ? »

    À vrai dire, c’est ce qu’on a appris à l’auto-école et c’est encore ce qui y est appris aujourd’­hui si on en croit les sites web concer­nés. La réponse est donc évidem­ment « oui ».

    Main­te­nant à y regar­der de plus près… si celui à 50 km/h réduit sa vitesse à 30 km/h, est-ce perti­nent de deman­der à celui qui est déjà à 30 km/h de réduire la sienne à 15 km/h ? Ça me parait d’un coup moins évident, donc je fouille.


    Le code de la route impose-t-il de ralen­tir en toute situa­tion à l’ap­proche d’un feu vert ?

    Non, ou du moins pas que je sache et je ne vois rien de tel dans la section 5 dédiée aux feux de signa­li­sa­tion lumi­neux (R412–29 à R412–33).

    Il y a une longue liste de cas où la vitesse doit être réduite à l’ar­ticle R413–17 mais l’ap­proche de feux trico­lores n’en fait pas partie. Même dans cet article, « la vitesse doit être réduite » s’in­ter­prète proba­ble­ment comme « la vitesse doit être plus faible » et pas « la vitesse doit être dimi­nuée peu importe à laquelle vous roulez », parce que ça n’au­rait pas vrai­ment de sens.


    Mais à l’auto-école on demande de ralen­tir !

    C’était il y a plus de 20 ans mais je me souviens « ralen­tir » mais aussi « moins de 70 km/h ». Repen­ser aux deux donne un peu plus de sens.

    Règle­men­tai­re­ment, un feu orange dure 5 secondes hors agglo­mé­ra­tion. La distance d’ar­rêt à 70 km/h corres­pond à 2,5 secondes de temps de trajet sur sol sec et un peu moins de 4 secondes quand il pleut.

    En gardant une marge parce qu’on n’a pas envie de faire des arrêts d’ur­gence pour un feu trico­lore, la recom­man­da­tion géné­rale s’ex­plique parfai­te­ment, surtout si on retient qu’elle perdure poten­tiel­le­ment depuis un temps où les vitesses limites étaient supé­rieures :

    On ralen­tit pour arri­ver à 70 km/h, idéa­le­ment moins

    Si on roule à entre 70 ou 80 km/h, ralen­tir à l’ap­proche d’un feu vert ne fait proba­ble­ment pas descendre à moins de 50 km/h. Est-il vrai­ment perti­nent de ralen­tir si on est déjà à 50 km/h ?

    C’est toujours bien de ralen­tir tant que ça ne devient pas une gêne inutile pour les autres.

    À 50 km/h on passe à respec­ti­ve­ment 2,1 et 3,2 secondes d’équi­valent de temps de trajet. Pour un feu à 5 secondes hors agglo­mé­ra­tion, on peut consi­dé­rer avoir une marge suffi­sante pour ne pas avoir de problème d’ar­rêt pour peu que la visi­bi­lité soit bonne.


    Et en ville ?

    En ville, règle­men­tai­re­ment, le feu orange dure 3 secondes. Il suffit de refaire les mêmes calculs.

    À 50 km/h, on a le temps de s’ar­rê­ter mais sans marge de sécu­rité si la chaus­sée est humide. Personne ne souhaite voir des frei­nages d’ur­gence à chaque feu donc il est préfé­rable de ralen­tir. La recom­man­da­tion sera d’au­tant plus forte si la géné­ra­tion qui vous apprend à conduire a vécu les 60 km/h en ville ou s’ils repro­duisent ce que cette géné­ra­tion leur a appris.

    Et si on est à 30 km/h ou moins ?

    À 30 km/h on parle respec­ti­ve­ment de 1,6 et 2,2 secondes de temps de trajet. Comme rappelé plus haut, s’il est toujours bien de ralen­tir tant que ça ne devient pas une gêne inutile pour les autres, la marge est suffi­sante pour ne pas avoir de problème d’ar­rêt.

    Dans les villes comme Lyon et Paris, ceux qui sont en dessous de la limite de vitesse de 30 km/h et qui adaptent déjà leur allure à leur visi­bi­lité comme celle des autres usagers ne devraient pas avoir à signi­fi­ca­ti­ve­ment ralen­tir à l’ap­proche d’un feu vert (ceux d’au­tant plus que les autres moto­ri­sés derrière ne respectent déjà pas tous les 30 km/h ni les distances de sécu­rité, donc ralen­tir à des vitesses trop basses dans une situa­tion où les autres ne s’y attendent pas pour­rait géné­rer plus de problèmes qu’en résoudre).

    Et à vélo ?

    Je ne connais pas les distances de frei­nage à vélo, qui dépendent non seule­ment de la chaus­sée mais aussi du type de frein (frein sur jante ou sur disque), du type de tirage (canti­le­ver ou frein disque), de la garni­ture du patin, de si la jante est mouillée, de si vous équi­li­brez au mieux ou pas les freins avant et arrière, de si vous bloquez une roue… et même du poids du cycliste.

    Toute­fois : Si vous foncez à 45 km/h, il faut proba­ble­ment ralen­tir. Si vous avez une vitesse de ville entre 15 et 25 km/h, ça passe proba­ble­ment très bien sans ralen­tir signi­fi­ca­ti­ve­ment.

    À côté de ça, si vous n’êtes pas sur une bande ou piste proté­gée, alors que vous ne savez pas ce qui est derrière vous et à quelle distance, alors que proba­ble­ment l’au­to­mo­bi­liste ou le chauf­feur de bus ne prévoit pas de ralen­tir sur un feu vert (voire risque d’ac­cé­lé­rer pour ne pas prendre le rouge), ça peut être dange­reux de ralen­tir signi­fi­ca­ti­ve­ment.


    Ils viennent d’où tes chiffres ? Je ne suis pas d’ac­cord

    On trouve plein de données diffé­rentes sur les temps d’ar­rêt, distance de frei­nage sur sol sec et distance de frei­nage sur sol mouillé. J’ai écarté celles qui se basent sur des formules mnémo­tech­niques rapides et j’ai tenté de prendre un truc qui semblait cohé­rent. Si vous avez une source d’au­to­rité, je suis preneur.

    Voici mes données sources :

    VitesseRéac­tion (1s)Frei­nage à secFrei­nage mouillé
    20 km/h 6 m2,5 m 5 m
    30 km/h 8 m 5 m 10 m
    50 km/h14 m15 m30 m
    70 km/h19 m27 m54 m
    80 km/h22 m35 m70 m
    90 km/h25 m43 m86 m

    Et ce que ça veut dire en distance d’ar­rêt total et en équi­valent de temps de trajet à la vitesse cible :

    VitesseArrêt sol mouillé Arrêt sol mouillé
    20 km/h 8 m1,5 s10 m1,9 s
    30 km/h13 m1,6 s17 m2,2 s
    50 km/h29 m2,1 s41 m3,2 s
    70 km/h46 m2,4 s68 m3,8 s
    80 km/h57 m2,6 s85 m4,2 s
    90 km/h69 m2,7 s102 m4,4 s

    C’est quoi cette asté­risque sur « On ne peut pas deman­der aux véhi­cules de s’ar­rê­ter immé­dia­te­ment lorsqu’un feu passe au rouge (*) » ?

    Les feux piétons n’ont pas de feu orange. On consi­dère qu’un piéton s’ar­rête presque immé­dia­te­ment s’il en a besoin, et arrive à faire un demi pas en arrière s’il se fait surprendre au moment même où il amorce sa traver­sée.

    Ça implique toute­fois une chose que les auto­mo­bi­listes n’ont pas toujours en tête : Un piéton peut légi­ti­me­ment être sur le passage protégé lorsque son feu est rouge pour peu qu’il ait commencé sa traver­sée au feu vert.

    C’est une situa­tion normale et ça ne sert à rien de le klaxon­ner, de l’in­sul­ter ou de lui mettre la pres­sion. Il va juste conti­nuer sa traver­sée à son rythme. Soyez patients.

  • Dis tonton, c’est quoi le problème avec le jeu antifa ?

    Il y a proba­ble­ment eu trop de lignes écrites mais j’ajoute les miennes pour savoir les retrou­ver sur un espace pérenne.

    Résumé rapide du contexte : La FNAC a retiré des ventes le jeu Antifa en réponse à une demande d’ex­pli­ca­tions d’un syndi­cat de police réputé proche de l’ex­trême droite.

    « Ce jeu est-il un appel à la violence ?

    Oui, non, ou en tout cas pas plus que la plupart des autres jeux de société.

    La plupart des actions du jeu sont plus qu’ac­cep­tables, et la méca­nique est des plus clas­siques : actions, gestion, hasard. Dans les cartes de plani­fi­ca­tion on retrouve le collage d’af­fiche, le tour­noi spor­tif, la commé­mo­ra­tion, etc. Même dans la caté­go­rie « riposte » on trouve rassem­ble­ment, mani­fes­ta­tion et occu­pa­tion des lieux.

    Liste de cartes d'activités.
- 5 petites cartes "activité" format carte de crédit avec vidéo, article, podcast, table de presse, pétition.
- 3 grandes cartes activité avec collage d'affiches, distribution de tracts, fresque murale.
- 4 cartes initiative avec concert de soutien, tournoi sportif, rencontre débat, commémoration.
- 4 cartes riposte avec manifestation, action offensive, rassemblement, blocage/occupation.
    Liste des plani­fi­ca­tions d’ac­ti­vi­tés

    J’en­tends que les dessins donne­ront des boutons aux dépu­tés du RN mais on est loin de la méca­nique décrite par ces derniers, qui était en réalité tirée de leurs fantasmes et pas tirée du jeu.

    Pour autant, oui on parle blocage/occu­pa­tion, oui il y a une carte « action offen­sive » et un élément « caca­tov ».

    « Ok donc c’est quand même violent et au moins se mettre dans la peau de personnes qui ne respectent pas la loi alors

    Je suis très étonné que ce soit un sujet. Une grande majo­rité œuvres vendues font réfé­rence à des situa­tions qui feraient passer le jeu antifa pour un jeu de Bisou­nours. Les livres et films qui nous font incar­ner un crimi­nel sont légion dans les rayon­nages.

    Même dans les jeux, on parle très souvent d’éli­mi­ner les autres joueurs. On a eu des jeux vidéos sur la guerre mondiale qui permettent aux joueurs d’in­car­ner les deux camps. Dans Coun­ter Strike on incarne aussi des terro­ristes.

    La problé­ma­tique n’est pas nouvelle. Je me rappelle aussi les contro­verses du jeu vidéo Carma­ged­don en 1997 dont l’objet est d’écra­ser le plus de passants possibles avec une voiture faite pour. C’était il y a 25 ans et Antifa aurait plutôt fait rire en compa­rai­son.

    Côté jeux de société j’ai dans mes cartons le jeu Bang! où doit tuer les autres joueurs avant d’être tué. Dans Mono­poly il faut mener l’ad­ver­saire à la banque­route. Dans Loups Garous il faut tuer des villa­geois. Dans Colt Express il faut voler un train et tirer sur les autres sans se faire prendre par le shérif. Dans Magic Maze il faut voler un super­mar­ché. Dans Sabo­teur on parle de sabo­tage. Dans Risk et dans Diplo­macy il faut faire la guerre et élimi­ner tota­le­ment le voisin. Ce n’est qu’un court extrait parmi des jeux primés ou célèbres.

    Le jeu Antifa a d’ailleurs été mis à l’hon­neur dans une sélec­tion FNAC au début du mois avec 5 autres jeux mili­tants. L’un de ces jeux orga­nise une révo­lu­tion. Un autre permet de prendre la place d’un dicta­teur.

    Diffi­cile de croire que le problème soit dans les cartes du jeu Antifa qui lui n’in­vite pas expli­ci­te­ment à la violence. Soyons honnêtes, tout ceci n’est qu’un prétexte pour autre chose.

    « Ce serait quoi le problème alors ?

    Tout est poli­tique.

    Le message qui a provoqué le retrait du jeu par la FNAC ne parle d’ailleurs pas d’in­ci­ta­tion à la haine ou à la violence. Il parle de « mettre en avant les antifa ». C’est ça le problème pour ce syndi­cat de police.

    Le fait que ce soient des dépu­tés du Rassem­ble­ment Natio­nal et un syndi­cat poli­cier proche de l’ex­trême droite qui veuillent bannir un jeu sur l’an­ti­fas­cisme n’est pas une coïn­ci­dence, c’est l’objet même de l’af­fron­te­ment.

    Qu’on y fasse droit est un problème (et que ce soit via une enseigne fondée par un anti­fas­ciste mili­tant rend la chose encore plus déli­cate).

    « Ce jeu là est donc poli­tique, ça change tout !

    C’est effec­ti­ve­ment un jeu ouver­te­ment mili­tant, dans une mouvance acti­viste qui s’au­to­rise à aller plus loin que deman­der genti­ment aux tiers d’ar­rê­ter d’être des fascistes. C’est même à l’ori­gine d’abord un maté­riel de forma­tion mili­tante réalisé sous forme de jeu. Je recom­mande l’émis­sion de David Dufresne avec l’au­teur du jeu, qui explique bien le contexte (on commence à parler du jeu à partir de la minute 45).

    Oui c’est poli­tique.

    Pour autant… On a des films poli­tiques. On a des chan­sons poli­tiques. On a des livres poli­tiques. Tout ça est souvent à la fois plus violent et bien plus expli­cite que ce jeu Antifa. On aurait pour­tant tout le monde vent debout si on imagi­nait les censu­rer. Ça s’est d’ailleurs déjà produit.

    On vend même à la FNAC des livres d’Hit­ler, de Musso­lini, de Soral et d’autres, dont certains dans des éditions à objec­tif ouver­te­ment fasciste qui là méri­te­raient poten­tiel­le­ment d’être reti­rés des ventes.

    Avoir des œuvres poli­tiques et/ou mili­tantes n’est pas le problème, et ne devrait pas l’être.

    « Mais là c’est un jeu. Un jeu n’a pas à être poli­tique !

    Vrai­ment ?

    La vraie diffé­rence est peut-être effec­ti­ve­ment liée qu’ici il s’agit d’un jeu de société et pas d’un livre ou d’un film. Dans l’ima­gi­naire c’est peut-être un terrain apoli­tique, ou du moins non-radi­cal.

    Ce serait une erreur. Je ne refe­rai pas une liste à la Prévert comme plus haut mais même l’ul­tra clas­sique Mono­poly est à l’ori­gine un jeu mili­tant anti-capi­ta­liste. Pourquoi faudrait-il bannir le message poli­tique de ces œuvres plus que d’autres ? À quel titre ?

    Je recom­mande à ce propos la lecture de Roma­ric Briand, auteur de jeux de socié­tés :« Que l’on puisse affir­mer au XXIème siècle que quelque chose comme le sport, comme le jeu-vidéo, comme le jeu de société ne doive ou ne puisse pas être poli­tique est propre­ment fasciste. » […] « La polé­mique a été analy­sée comme étant un affron­te­ment entre des fascistes et des anti­fas­ciste. L’autre affron­te­ment se trou­vait une fois de plus dans la confis­ca­tion de la parole poli­tique à un domaine de la vie publique. Hier le sport, aujourd’­hui le jeu, demain, vous verrez c’est la poli­tique qui ne sera plus poli­tique. » […] « Le désastre, c’est cette apoli­­ti­­sa­­tion rampante qui n’est qu’un autre nom du fascisme. »

    Que l’ex­trême droite veuille bannir les messages poli­tiques dans les œuvres cultu­relles ou ludiques, c’est une mauvaise chose mais c’est attendu. Qu’ils s’en prennent d’abord aux œuvres anti­fas­cistes devrait aler­ter très fort. Qu’on y fasse droit devient un problème majeur qui mérite mieux que les brèves de presse publiées jusqu’à aujourd’­hui.

  • Chan­ger ma vie profes­sion­nelle via les 1o1

    Je suis comme tout le monde. J’ai initia­le­ment dédai­gné ces rendez-vous formels régu­liers avec mes mana­gers. Je n’y ai pas dit grand chose, voire ai cher­ché à les éviter.

    On ne m’avait pas appris et je le regrette. Beau­coup de mana­gers n’ont malheu­reu­se­ment pas appris non plus et ne guident pas dans la bonne direc­tion.

    J’ai mis du temps mais j’ai compris. Aujourd’­hui c’est un outil majeur dans la réduc­tion de mon stress et dans l’ef­fi­ca­cité de mon travail. C’est souvent l’heure la mieux inves­tie de ma semaine. Oui, rien que ça.


    « Reti­rer du stress, un point hebdo­ma­daire avec ton mana­ger, vrai­ment ?

    Le stress ça me parle. Je suis un hyper anxieux mala­dif, du genre à pouvoir prendre une crise de panique simple­ment en devant ache­ter un produit vais­selle au super­ma­ché, à me deman­der si je dois prendre celui de gauche ou de droite, si le parfum ne va pas se révé­ler une mauvaise idée, si prendre le grand format ne va pas être plus diffi­cile à mani­pu­ler mais si prendre le petit n’est quand même pas une mauvaise idée du point de vue embal­lage, et puis il y a le prix, et… Vous n’ima­gi­nez même pas. Quand je parle de crise de panique pour le choix d’un produit vais­selle, c’est à prendre litté­ra­le­ment.

    Le stress c’est essen­tiel­le­ment chez moi une anti­ci­pa­tion du futur, de ce qu’il se passera, et beau­coup de ce que les autres pense­ront.

    Dès qu’on a partagé quelque chose, il n’y a plus de ques­tions à se poser sur ce que le chef en pensera. Mieux : Si on partage en avance de phase, on peut prendre les commen­taires assez tôt pour amélio­rer l’is­sue.


    « Bon, c’est quoi ce que tu préco­nises ?

    Se voir très fréquem­ment, toutes les semaines en ne manquant jamais plus d’un rendez-vous à la suite.

    Tout noter dans un espace partagé. Prépa­rer le compte-rendu complet à l’avance (on anno­tera en séance). Idéa­le­ment commen­cer à y jeter au fur et à mesure de la semaine les points qu’on voudra abor­der pour ne pas les oublier quand on en est à prépa­rer le rendez-vous.

    Y inscrire tout ce qui se passe dans la semaine, les déci­sions, les impres­sions, les travaux, les déci­sions, les métriques, les problèmes. Surtout ne rien lais­ser de côté, surtout pas ce qui gêne ou ce qui pour­rait donner un senti­ment néga­tif.

    Parler essen­tiel­le­ment du présent et le futur, pas du passé. Parler du passé c’est évaluer ce qui a été fait et poin­ter du doigt. Parler du futur c’est regar­der ce qu’on peut faire avec la situa­tion d’aujourd’­hui, bonne ou mauvaise. On parle de ce qu’on projette, pourquoi, avec les alter­na­tives qu’on a écarté et pourquoi.
    Il ne s’agit pas de deman­der vali­da­tion mais d’in­for­mer sur ce qu’on projette, charge à l’autre de dire stop s’il y voit un problème. Ça élimine toute critique du passé vu que tout a déjà été partagé avant de le faire. À la place on passe en colla­bo­ra­tif sur les plans à venir, et ça améliore les actions comme les résul­tats.

    Y ajou­ter les sujet sur lesquels on a besoin d’aide, ou de confir­ma­tion. Me forcer à deman­der de l’aide ou de la réflexion commune m’a beau­coup aidé, à la fois moi person­nel­le­ment, mais aussi à créer une rela­tion plus colla­bo­ra­tive.

    Point bonus, même si ce n’est pas l’objec­tif, ça m’a permis de vrai­ment prendre mon rôle et avoir un impact, en me posi­tion­nant comme maître de mon travail et en donnant confiance à mes mana­gers.


    Tout ça n’est pas simple, mais ça a vrai­ment changé mon travail profes­sion­nel et je regrette telle­ment à la fois de ne pas l’avoir appris ou compris plus tôt, et de ne pas avoir eu des mana­gers qui fonc­tion­naient eux-même sur ce prin­cipe (ou qui ne me l’ont pas ensei­gné).

    Main­te­nant c’est mon tour d’es­sayer de donner ce que je n’ai pas eu. Je ne sais pas encore comment mais je suis en train de réflé­chir à une première grille d’auto-évalua­tion qui montre les attentes.

    Grille d’auto-évalua­tion sur les rendez-vous pério­diques de mana­ge­ment (1o1)

    Je le vois comme deux axes à 10 paliers chacun, et la valeur qu’on en retire dépend de la surface totale.

    Je place la forme sur le premier axe :

    1. Tout est infor­mel, on se voit peu
    2. On se voit formel­le­ment de façon régu­lière
    3. Je suis à l’heure et n’évite pas le rendez-vous
    4. Je prépare le rendez-vous de mon côté et sais quoi dire
    5. Des notes communes sont prises à chaque rendez-vous
    6. J’ins­cris à l’avance mes sujets sur le docu­ment du jour
    7. Je rédige à l’avance tout le compte rendu, qui sera amendé ensemble
    8. Je donne des liens vers tous les docu­ments néces­saire
    9. Je diffé­ren­cie ce qui est pour infor­ma­tion, pour déci­sion, et pour discus­sion
    10. Le docu­ment du rendez-vous suivant est construit au fur et à mesure de la semaine
    11. Il y a des échanges asyn­chrones à l’avance pour rendre les points effi­caces

    Et le fond sur le second axe :

    1. Je dis que tout va bien, peu importe comment ça va
    2. Je répond aux ques­tions sur la défen­sive, en évitant ce qui me gêne
    3. Je dis comment ça va, y compris quand ça ne va pas
    4. Je réponds aux ques­tions honnê­te­ment sans rien cacher
    5. J’ex­pose de moi-même mes problèmes quand j’en ai
    6. J’ex­pose les déci­sions prises, les décou­vertes, l’état et l’avan­ce­ment des travaux
    7. Je demande ce dont j’ai besoin quand j’en ai besoin ou envie
    8. J’ex­pose mes conclu­sions et mes recom­man­da­tions
    9. J’avance moi-même les solu­tions et déci­sions, à vali­der avant d’agir
    10. J’ex­pose tout ce qui m’a permis d’ar­ri­ver à ces solu­tions, ce que j’ai écarté et pourquoi
    11. J’an­ti­cipe les ques­tions, besoins, risques et problèmes, et j’ex­pose d’avance les réponses
  • eqCO2

    L’Ademe a publié a mis en ligne un petit site avec des calculs d’im­pact en équi­valent CO2 et des calculs d’équi­va­lence.

    Les plus infor­més n’ap­pren­dront proba­ble­ment rien mais le site est assez bien fait pour faire prendre conscience de certains ordres de gran­deur à ceux qui ne les connaissent pas encore.

    • En envoyant un email avec votre smart­phone toutes les 5 minutes 16 heures par jour et ça toute l’an­née, vous avez un impact CO2 équi­valent à… envi­ron 1 repas avec du bœuf dans l’an­née, ou 35 km de voiture.
    • En regar­dant Netflix en strea­ming haute défi­ni­tion sur votre ordi­na­teur portable 8 heures par jour tous les jours de l’an­née sans discon­ti­nuer (sérieu­se­ment, même un étudiant en aurait marre avant) donne un impact équi­valent à envi­ron 1 repas avec du bœuf par mois, ou 35 km de voiture par mois.

    Plus large­ment, on voit tous l’im­pact du chauf­fage (isolons nos loge­ments) mais ensuite c’est de loin la viande et la voiture qui ont le plus grand impact.

    Ça tombe bien, réduire la viande est quelque chose de rela­ti­ve­ment aisé à faire indi­vi­duel­le­ment pour quelqu’un qui le souhaite vrai­ment.

    Réduire la voiture indi­vi­duelle est acces­sible à plein de monde et est une poli­tique publique qu’on peut mettre en œuvre si on le souhaite.

    Les suivants facile à dimi­nuer sur la liste en étant simple­ment un peu raison­nables, ce sont l’ha­bille­ment et l’eau en bouteille.


    Tout ne peut pas être réduit aux chan­ge­ments indi­vi­duels mais on a quand même de quoi avoir un gros impact unique­ment en rédui­sant l’uti­li­sa­tion de la voiture indi­vi­duelle, en rédui­sant dras­tique­ment la viande, et en ayant conscience de l’im­pact de s’ache­ter un vête­ment dont on n’a pas vrai­ment besoin.

  • Dis tonton, c’est quoi les blocages d’ins­tance sur Masto­don ?

    Voilà qu’on reparle de modé­ra­tion de Masto­don. L’his­toire de départ c’est une instance (« Info­sec ») qui a choisi d’en mettre une autre (« Journa ») sous silence pour ne pas subit les propos que cette dernière a choisi de lais­ser en ligne.

    Hein ? Une instance ?

    Masto­don fonc­tionne à travers un réseau fédéré. Son petit nom est le fédi­verse. Les utili­sa­teurs sont regrou­pés en ilots plus ou moins gros qu’on appelle les instances. Certains utili­sa­teurs ont leur propre instance person­nel. D’autres instances regroupent plusieurs dizaines de milliers de personnes.

    Si un Tom d’Info­sec est abonné à Alice de Journa, alors les deux instances commu­niquent entre elles pour que Journa envoie les messages d’Alice à Info­sec. Info­sec fera ensuite en sorte de les présen­ter à Tom.

    Schéma représentant trois cercles avec des flèches allant dans les deux sens entre chaque couple de cercle.

Dans le premier cercle, quatre noms : Tom, Tina, Titus, Tara.

Dans le second cerce, quatre noms : Anna, Alice, Agnès, Albus.

Dans le troisième cercle : Cédric, Clara, Cloé.
    Diffé­rentes instances

    Vous connais­sez déjà ça avec les emails, qui fonc­tionnent sur le même prin­cipe. On a un îlot Gmail, un Outlook, un Yahoo, un Orange, un Free… et chaque entre­prise créé le sien avec son propre nom.

    Ok, mais c’est quoi le blocage d’une instance ?

    Si Info­sec choi­sit de bloquer entiè­re­ment Journa, alors elle ne trai­tera plus les nouveaux messages de cette dernière et n’y enverra plus les siens. On parle de défé­dé­rer une instance.

    Cette procé­dure n’in­fluera que sur l’ins­tance qui réalise qui le blocage (Info­sec) et les utili­sa­teurs de cette dernière. L’ins­tance ciblée (Journa) conti­nuera à conver­ser avec toutes les milliers d’autres instances du réseau.

    Schéma représentant trois cercles avec des flèches allant dans les deux sens entre chaque couple de cercle.

La flèche qui va du cercle des A vers le cercle des T est bloqué par une croix rouge du côté du cercle des T.
La flèche qui va du cercle des T vers le cercle des A est bloquée elle aussi au niveau du cercle des T, et est représentée en pointillés.

Dans le premier cercle, quatre noms : Tom, Tina, Titus, Tara.

Dans le second cerce, quatre noms : Anna, Alice, Agnès, Albus.

Dans le troisième cercle : Cédric, Clara, Cloé.
    Blocage d’une instance par une autre.

    En réalité il y a un niveau inter­mé­diaire qu’on appelle la mise sous silence.

    Masto­don a trois flux : le flux person­nel qui présente unique­ment les abon­ne­ments, le flux local qui présente unique­ment les messages locaux à l’ins­tance, et le flux fédéré qui présente tous les messages reçus par l’ins­tance.

    La mise sous silence masque les conte­nus concer­nés dans le flux fédéré mais permet de rece­voir des messages dans le flux person­nel à condi­tion de s’y être expli­ci­te­ment abonné.

    C’est ce niveau de blocage inter­mé­diaire (la mise sous silence) qui a été mis en œuvre par Info­sec.

    Mais pourquoi faire ça ?

    La vraie réponse : Peu importe. Si tu choi­sis de ne pas écou­ter CNews chez toi, tu n’as pas à donner d’ex­pli­ca­tion. C’est ton choix.

    C’est la même chose pour l’ins­tance Info­sec et ses utili­sa­teurs : Ils font ce qu’ils veulent chez eux.

    Le plus souvent on bloque une instance quand elle est la source de spam, de harcè­le­ments, ou de propos racistes, trans­phobes, handi­phobes, pédo­por­no­gra­phiques ou inju­rieux.

    Chaque instance a ses propres sensi­bi­li­tés. Certaines tiennent à une liberté d’ex­pres­sion très large, d’autres préfèrent exclure la porno­gra­phie ou certains sujets pour créer un espace qui leur convient.

    Certains préfèrent une modé­ra­tion légère quitte à subir parfois quelques conte­nus problé­ma­tiques là où d’autres préfèrent une modé­ra­tion forte quitte à limi­ter certaines inter­ac­tions externes légi­times.

    C’est un choix local, qui ne concerne qu’eux.

    Ici Info­sec a jugé que certains propos venant de Journa étaient trans­phobes et les utili­sa­teurs d’Info­sec souhai­taient s’en proté­ger (c’est à dire ne plus les voir ni en assu­rer la trans­mis­sion chez eux).

    On bloque toute une instance et tous les utili­sa­teurs pour un unique message problé­ma­tique ?

    Masto­don prévoit un moyen de signa­ler les propos gênants à l’ins­tance d’ori­gine. Le plus souvent les blocages d’ins­tance inter­viennent quand l’ins­tance d’ori­gine (ici Journa) refuse d’agir, ou que le problème survient trop régu­liè­re­ment.

    Pour faire un paral­lèle, si je sais que CNews invite régu­liè­re­ment des invi­tés que je ne supporte pas, je peux préfé­rer ne plus du tout regar­der CNews pour m’en proté­ger, quitte à ne plus entendre certains autres invi­tés qui seraient eux accep­tables à mes yeux. Je n’in­ter­dis pas CNews, je choi­sis juste de ne pas diffu­ser cette chaîne dans mon salon.

    J’avoue que sur ce sujet, si j’avais eu à modé­rer, avec une seule occur­rence qui n’est qu’un partage d’un contenu d’un jour­nal de réfé­rence, j’au­rais mis sous silence unique­ment l’uti­li­sa­teur concerné et pas l’ins­tance, mais ce n’est que mon choix lié à mes équi­libres person­nels.

    Info­sec a fait un autre choix, et il ne regarde qu’eux.

    Pourquoi est-ce que Journa a refusé d’agir sur des propos trans­phobes ?

    Les équi­libres de liberté d’ex­pres­sion sont très subjec­tifs. Tous les pays n’ont déjà pas le même socle de base en interne. Les commu­nau­tés peuvent en plus choi­sir d’al­ler au-delà de ce socle de base. Certaines le font, d’autres pas, et pas toujours sur les mêmes sujets.

    Enfin, parfois il y a simple­ment désac­cord sur ce qui est ou pas inju­rieux, ce qui est ou pas trans­phobe, ce qui est ou pas raciste, ce qui est ou pas un consti­tu­tif d’un harcè­le­ment, etc.

    Les commu­nau­tés se regroupent autour de poli­tiques, valeurs et cultures communes, mais n’ont pas forcé­ment les mêmes que le voisin.

    C’est ce qu’il se passe ici. Soit Journa a consi­déré que l’ar­ticle du New York Times relayé était suffi­sam­ment étayé avec des avis de docteurs et cher­cheurs à propos des effets indé­si­rables de certains trai­te­ments, soit Journa n’a pas agit en pensant que ce n’est pas son rôle de tran­cher une telle ques­tion et remettre en cause le New York Times.

    D’autres personnes sur Info­sec ont, elles, consi­déré que le contenu était trans­phobe et qu’il valait mieux bloquer l’ins­tance si elle n’agis­sait pas pour empê­cher la diffu­sion de conte­nus trans­phobes à l’ave­nir. Info­sec a agit en fonc­tion de ses propres utili­sa­teurs, et ça ne regarde qu’eux (oui, je me répète mais c’est impor­tant).

    Ça pose quand même un sacré problème de liberté d’ex­pres­sion, non ?

    En fait, pas vrai­ment, pas beau­coup plus que tous les gens qui comme moi font le choix de ne jamais allu­mer la TV sur CNews.

    Personne n’em­pêche les membres de Journa de s’ex­pri­mer, ou d’être entendu, ou même d’être relayé sur la très grande majo­rité des instances Masto­don.

    Dans le schéma de tout à l’heure, le blocage est à la péri­phé­rie de l’ins­tance Info­sec et pas à la péri­phé­rie de l’ins­tance Journa. Tant qu’Info­sec n’est qu’un des très nombreux acteurs du réseau, ça ne pose pas de problème majeur.

    Schéma représentant trois cercles avec des flèches allant dans les deux sens entre chaque couple de cercle.

La flèche qui va du cercle des A vers le cercle des T est bloqué par une croix rouge du côté du cercle des T.
La flèche qui va du cercle des T vers le cercle des A est bloquée elle aussi au niveau du cercle des T, et est représentée en pointillés.

Dans le premier cercle, quatre noms : Tom, Tina, Titus, Tara.

Dans le second cerce, quatre noms : Anna, Alice, Agnès, Albus.

Dans le troisième cercle : Cédric, Clara, Cloé.
    Blocage d’une instance par une autre.

    Les seuls pour qui il y aurait poten­tiel­le­ment un enjeu de liberté d’ex­pres­sion, ce sont les membres de l’ins­tance d’Info­sec.

    Ahah ! Tu vois, tu le dis toi-même, il y a bien un problème pour eux !

    Ça dépend. Si je parti­cipe à une asso­cia­tion, qu’il y a une TV dans la salle de pause et qu’il a été décide que cette TV diffu­se­rait Arte plutôt que CNews, est-ce une atteinte à la liberté d’ex­pres­sion parce que je ne peux pas y écou­ter les chro­niqueurs de CNews ?

    Proba­ble­ment pas : Je peux encore écou­ter CNews chez moi, ou dans une autre asso­cia­tion, ou même monter ma propre asso­cia­tion qui aura des règles diffé­rentes. Cela ne commen­cera à être un problème que si ma capa­cité à aller voir ailleurs est limi­tée ou complexe, ou si on donne à l’as­so­cia­tion d’ori­gine une auto­rité quel­conque.

    C’est exac­te­ment la même chose avec Info­sec. Ses membres peuvent toujours aller lire Journa ailleurs avec un second compte, ou démé­na­ger leur compte prin­ci­pal sur une autre instance, ou même monter leur propre instance. Ajou­ter un second compte ou migrer ailleurs est facile, sans limite.

    Non seule­ment personne ne bride l’ex­pres­sion des membres de Journa mais en plus personne ne limite la capa­cité à aller les lire faci­le­ment.

    Pour­tant tu disais toi-même que…

    La ques­tion surgi­rait diffé­rem­ment si Info­sec avait une situa­tion de quasi-mono­pole, ou que toutes les instances bloquant Journa avaient en se regrou­pant une situa­tion de quasi-mono­pole limi­tant de fait la capa­cité à accé­der au contenu dont on parle.

    Ce n’est pas le cas aujourd’­hui.

    Ce serait aussi un sujet pour un blocage liti­gieux réalisé de façon cachée. Ici l’ad­mi­nis­tra­teur d’Info­sec a publié un billet sur le sujet et le fait même que j’en parle ici montre qu’on est loin de ce cas.

    Ça pose au moins une ques­tion de démo­cra­tie interne d’In­fo­sec

    Pas à mon avis. Tout fonc­tion­ne­ment interne n’a pas forcé­ment à être démo­cra­tique. C’est impor­tant pour un pays ou une collec­ti­vité terri­to­riale parce qu’on ne choi­sit pas son pays d’ori­gine et qu’on ne change pas faci­le­ment de pays ou de terri­toire.

    La démo­cra­tie c’est « le pouvoir au peuple ». Sur Masto­don l’uti­li­sa­teur a le pouvoir vu qu’il peut choi­sir à tout moment une instance avec des règles qui lui conviennent, sans avoir de consé­quences néga­tives signi­fi­ca­tives.

    C’est d’au­tant moins un sujet que le message de l’ad­mi­nis­tra­teur d’Info­sec laisse entendre que ce sont des utili­sa­teurs de l’ins­tance qui l’ont fait agir et pas lui qui a pris la déci­sion unila­té­ra­le­ment.

    Mais alors il n’y a aucun problème ?

    Il y a plein de problèmes, mais pas forcé­ment des ques­tions de liberté d’ex­pres­sion ou de démo­cra­tie, et pas forcé­ment sur le cas Info­secJourna.

    Un premier problème est la trans­pa­rence. Info­sec a agi en trans­pa­rence mais ce n’a pas toujours été lé cas de toutes les instances par le passé. Quand c’est trans­pa­rent on fait nos choix, éven­tuel­le­ment on va voir ailleurs. Quand c’est caché ça veut dire mani­pu­ler l’in­for­ma­tion reçue et influen­cer des personnes sans qu’ils ne le sachent, et ça c’est déjà beau­coup plus liti­gieux.

    La contrainte est un second problème. Ce ne semble pas le cas ici mais par le passé la menace de défé­dé­rer a été utili­sée comme une pres­sion pour forcer une autre commu­nauté à chan­ger ses propres règles et valeurs (« si tu ne bloques pas l’ins­tance xxx alors on bloque ton instance aussi »). On est là dans une démarche où l’ou­til a été détourné pour deve­nir une arme plutôt qu’un bouclier.

    Enfin, il y a un sujet si une instance ou un groupe d’ins­tances peut avoir suffi­sam­ment de poids pour que ça devienne effec­ti­ve­ment un sujet de liberté d’ex­pres­sion. C’est parti­cu­liè­re­ment le cas si on cumule avec le problème précé­dent. Là ça peut être aussi moche qu’un réseau centra­lisé, ou créer plusieurs sous-réseaux indé­pen­dants et qui ne commu­niquent pas entre eux.

    Du coup le système de Masto­don est problé­ma­tique ?

    Oui, non, ça dépend de tes propres choix.

    C’est juste qu’il n’y a pas de système parfait ni de façon univer­selle de posi­tion­ner les équi­libres entre les diffé­rents enjeux.

    Le choix de Masto­don est un choix qui répond à des problèmes vus sur Twit­ter ou d’autres réseaux centra­li­sés, qui ouvre d’autres possi­bi­li­tés et d’autres façons de penser les équi­libres. C’est déjà pas mal.

    Que peut-on amélio­rer ?

    1. Inci­ter à plus de trans­pa­rence à l’in­té­rieur d’une instance, sur ce qui est bloqué globa­le­ment et pourquoi.
    2. Refu­ser globa­le­ment les guerres de modé­ra­tion entre instances et les instances qui veulent contraindre les règles des autres (le « si tu ne bloques pas l’ins­tance xxx alors on bloque ton instance aussi »)
    3. S’as­su­rer qu’au­cune instance ne repré­sente plus de 20% des utili­sa­teurs actifs, et qu’un groupe d’ins­tances ne devienne majo­ri­taire au point de pouvoir deve­nir un problème.
    4. Faire en sorte que jamais la procé­dure de démé­na­ge­ment de compte ne soit limi­tée, même en cas de blocage d’ins­tance.
  • [Lecture] Good Mana­ger, Bad Mana­ger: Us Versus Them, Team Player

    Extraits de The Mana­ger’s Path

    In-groups tend to be resis­tant to ideas that do not come from those within the group. […] Because they believe they’re in the best group but they still find them­selves bored, they don’t appre­ciate the growth they could find just by swit­ching to a new team.

    On parle souvent des archi­tectes dans leur tour d’ivoire mais pour moi l’ef­fet prin­ci­pal n’est pas la décon­nexion : C’est la croyance d’être supé­rieur aux autres au point de ne pas avoir à inté­grer ce qui vient de l’ex­té­rieur, de ne pas avoir de choses à apprendre des autres, de ne pas vouloir se mêler aux autres.

    C’est un compor­te­ment toxique pour l’équipe en ques­tion mais aussi pour celles autour. Le voyant rouge appa­rait dès qu’il y a senti­ment de supé­rio­rité. Il est l’in­di­ca­teur qu’on se voit en « nous vs les autres » plutôt qu’une large équipe pleine de collègues diffé­rents à laquelle on parti­cipe tous.

    Ce n’est pas toujours facile mais la seule solu­tion que je connais c’est de faire explo­ser l’équipe qui se sent supé­rieure pour la répar­tir dans toutes les autres. Il y aura des départs mais je n’ai pas vu d’al­ter­na­tives fonc­tion­ner quand on en est arrivé là.

    When they go too far, this iden­tity is used to make the team feel super­ior to the rest of the company

    As a mana­ger, be care­ful about focu­sing on your teams to the exclu­sion of the wider group

    Tout ça est aussi vrai pour le dépar­te­ment tech par rapport au reste de l’en­tre­prise ou du produit. Ça empêche la colla­bo­ra­tion, de consi­dé­rer les autres personnes et leurs propres connais­sances, leur propre point de vue, comme des éléments de valeur permet­tant d’en­ri­chir l’en­semble de l’en­tre­prise.

    In-group teams tend to be very fragile to the loss of their leader. When you hire a mana­ger who builds a clique, that clique is likely to dissolve and leave the company if the mana­ger leaves the company

    Et votre rôle en tant que leader ou mana­ger, c’est d’un jour deve­nir inutile, que l’équipe fonc­tionne sans vous. Si l’équipe prend la direc­tion contraire, il y a une action immé­diate à prendre.

  • Chalon – Lyon à vélo

    Ça fait long­temps que je veux emme­ner le fils de 10 ans en rando à vélo. On avait fait un petit test avec un aller retour entre Lyon et la grotte de La Balme avec une nuit de camping cet été. Il était temps de trans­for­mer un peu.

    Nous voilà, deux familles, 3 adultes et 4 enfants entre 7 et 12 ans, à descendre de Chalon-sur-Saone à Lyon en trois jours.

    Départ en train

    Petit trajet d’une demie-heure en ville de nuit pour rejoindre la gare Part Dieu et y attendre le TER.

    Prévoir une bonne demie-heure d’avance parce qu’une fois le train annoncé c’est la course. Deux places de vélo par voiture dans les premières et les dernières voitures. À 7 vélos nous sommes entrés dans les deux voitures de queue en forçant un peu mais il vaut mieux être dans les premiers. Même mi-novembre à 9h du matin, c’est pris d’as­saut et ce serait dommage de rester sur le quai. Partir plus tôt aurait été une bonne idée mais le 7h était complet quand nous nous avons voulu réser­ver.

    À noter que certains TER Bour­gogne ont une réser­va­tion vélo obli­ga­toire. Elle ne peut pas être prise depuis SCNF Connect (ce serait trop simple) et doit être prise direc­te­ment dans la section « voya­ger avec son vélo » du TER Bour­gogne.

    Tous les trains ne sont pas à réser­va­tion vélo mais ça n’a pas empê­ché le contrô­leur de nous le deman­der alors que notre train n’y était pas soumis. Si le votre y est soumis ou qu’il est un peu chargé, on vous le deman­dera forcé­ment. Notez que la réser­va­tion demande une procé­dure assez incom­pré­hen­sible donc lisez bien tout le texte en bas de la page concer­née.

    Arri­vée à Chalon-sur-Saone à 10h40, on a du partir vers 11h seule­ment et handi­ca­per une bonne partie de la jour­née.

    Point météo

    La tempé­ra­ture de 10° est plutôt clémente pour mi-novembre mais nous aurons un temps humide et brumeux quasi­ment tout le trajet. L’hu­mi­dité s’in­filtre assez bien et les haltes aux cafés après le pic-nique du midi n’étaient pas malve­nues.

    Le petit a bien tenu avec un petit tour de cou en tissu simple, un tshirt ther­mique damart, une grosse polaire, et sur la seconde moitié un petit pull fin en couche inter­mé­diaire. Les gants vélo hiver ont été trouvé au dernier moment mais ils étaient indis­pen­sables (atten­tion, les gants Décath­lon enfant taillent vrai­ment vrai­ment petit au niveau largeur).

    De mon côté ça a été un peu plus diffi­cile. J’avais un tour de cou en tissu simple, un sous-vête­ment ther­mique vélo, un tshirt tech­nique inter­mé­diaire, géné­ra­le­ment un petit pull fin en meri­nos sur la couche inter­mé­diaire, une polaire respi­rante au-dessus, et une paire de gants vélo hiver. Peut-être parce que l’ef­fort était faible mais dans l’en­semble l’hu­mi­dité m’a fait ressen­tir le froid.

    J’ai bien tenté d’ajou­ter le kway plusieurs fois mais la fois où je l’ai gardé trop long­temps il a fini trempé à l’in­té­rieur. Peut-être qu’une vraie veste n’au­rait pas été de trop.

    Le trajet

    Le trajet théo­rique c’est essen­tiel­le­ment de la piste proté­gée de Chalon jusque Lyon, avec quelques passages de route accep­tables. Le problème c’est que la pratique diffère parfois signi­fi­ca­ti­ve­ment de la théo­rie.

    Le second jour nous avons enchaîné les coupures de voie verte à cause de travaux, et donc les détours par la route ou par des voies cham­pêtres.

    On s’en sort, et peut-être que tout ça était indiqué sur un site web quel­conque, mais sur place à vélo c’est vrai­ment mal foutu. Et surtout, il est peu probable qu’on aurait traité le réseau routier de la façon dont on a traité le chemin cyclable. On a des progrès à faire en France sur la façon dont on consi­dère les voies vélo.

    J’ima­gine que les travaux se font la mauvaise saison pour libé­rer les pistes en été et que tout ça ne serait pas arrivé entre juin et août.

    Le trajet en novembre s’est donc révélé plus long, pénible voire dange­reux quand on passe sur des dépar­te­men­tales ou natio­nales, et vrai­ment pas top dans les champs en novembre. Le tunnel du bois clair fermé, nous avons même du monter par le petit col.

    La nuit tombe avant 17h30 et nous voilà à faire plusieurs heures de nuit tous les soirs à cause des détours. Le second jours nous avons pataugé dans des chemins boueux plus d’une heure de nuit avec les enfants, les vélos qui n’avancent plus telle­ment ils patinent ou quand la boue bloque les roues.

    Le dernier jour, pour éviter le stabi­lisé plein de flaques et de nids de poule, nous voilà sur le réseau routier. C’est à l’en­trée de Lyon que j’ai quand même croisé l’in­fra­struc­ture vélo la plus dange­reuse du trajet : Une piste bidi­rec­tion­nelle qui passe de droite à gauche d’une natio­nale, en traver­sant sans feu ni signa­li­sa­tion, à un endroit où les voitures sortent de l’au­to­route à toute allure. Je ne sais pas s’il y a eu des morts mais il y en aura.

    J’in­siste toute­fois, en été ça aurait proba­ble­ment été du protégé du début à la fin, sans diffi­cul­tés (et les extras auraient été moins pénibles au soleil qu’en pleine nuit).

    Les haltes

    Nous avons eu les haltes au café après le pic-nique du midi, le restau­rant le soir qui lui aussi permet de reprendre des forces, et la nuit en dur, une fois dans des dortoirs privés à Cluny, une fois chez l’ha­bi­tant à Mont­merle.

    Notre hôte du second jour est même venu cher­cher les enfants en remorque pour les 10 derniers kilo­mètres à 21 heures après un long parcours de nuit et dans la boue. Grâce lui soit rendue.

    Là aussi, en été je suppose que le camping aurait été une solu­tion plus facile. Il faut juste ajou­ter la tente, les duvets, les mate­las et le maté­riel de cuisine en plus sur les sacoches.

    L’ef­fort, les enfants

    Entre 160 et 175 km au total suivant d’où on part dans Lyon, ça fait quand même dans les 55 km par jour. Ça se fait mais en novembre il n’en fallait je pense pas plus pour les enfants.

    Il reste qu’entre 7 et 12 ans, il y en a toujours un pour dire qu’il n’en peut plus, qu’il veut arrê­ter le vélo, ou pas mettre un gant, une veste, etc. … chacun à tour de rôle.

    L’été la jour­née plus longue aurait permis plus de pauses sans débor­der sur la nuit et peut-être de mieux répar­tir l’ef­fort.

    Pour être complet toute­fois, j’ai retiré dès le premier jour la seule sacoche de mon fils. 2 kg quand on manque d’en­trai­ne­ment et qu’on peine dans les montées, même si le vrai problème c’est qu’il ne sait pas encore bien gérer ses passages de vitesses, ça reste 2 kg.

    Les vélos

    Honnê­te­ment, tant que ça roule, ça va bien. On avait deux vélos de trek­king, un gravel, un route, deux vtt, un vélo d’en­fant, et tout a tenu.

    Sur le vélo de mon fils le porte-bagage n’était pas fixé avec assez de force et est parti en vrac lors du passage dans les champs le second jour. Un réglage de la selle de quelques centi­mètres vers l’ar­rière a aussi tota­le­ment fait dispa­raitre son « j’ai mal aux fesses » (si j’avais su plus tôt…).

    De mon côté je ne regrette pas le VSF trek­king, la cour­roie, la dynamo (surtout avec les parties de nuit, les moyeux dynamo me semblent encore plus indis­pen­sables qu’a­vant). Je suis toujours mitigé sur l’Al­fine 11 pour les vitesses (ma seconde glisse régu­liè­re­ment) mais le Rohloff est hors de prix pour mon usage.

    Le char­ge­ment

    Le vrai poids ce sont les anti­vols. Pour le reste (en comp­tant ce qu’on a sur nous) :

    • Vête­ments : 1 panta­lon + 1 rechange, 1 sweat ou pull fin, 1 polaire, 1 tshirt ther­mique, kway ou veste imper­méable, sous-vête­ments, pyjama, serviette de bain, trousse de toilette, lunettes de soleil, bonnet ou sous-casque hiver, gants de vélo hiver, tour de cou léger.
    • Maté­riel : Chambre à air de rechange, mouchoirs, anti­vols, gilets réflé­chis­sants, gourdes, lumières avant et arrière bien rechar­gées et câbles de recharge, char­geur de télé­phone et câble, kit rustine, multi­tool, constat d’ac­ci­dent, stylo, pompe vélo, sac poubelles, attaches diverses (rouleau de scratch), phar­ma­cie, écou­teurs pour de la musique, support pour le télé­phone sur le guidon.
    • Qui n’a pas servi mais que je ne regrette pas d’avoir amené : Assiette et vais­selle plas­tique, livre pour les pauses, paire de gants vélo légers, jeu de carte pour les enfants, lunettes de soleil, batte­rie de voyage, panta­lons de pluie vélo.

    Je note d’ailleurs que j’au­rais bien aimé mais je n’ai pas pu rechar­ger les lumières de mon fils sur la batte­rie de voyage. Ça ne tire pas assez de courant et la batte­rie coupe après quelques minutes.

    J’au­rais bien troqué les Kway contre des vestes plus tech­niques et respi­rantes, et trouvé un moyen d’avoir moi une couche inter­mé­diaire plus chaude.

    Je n’étais pas celui qui guide, sinon un gps vélo qui tient la jour­née n’au­rait pas été de trop pour suivre la trace.

    En été j’au­rais pu allé­ger les vête­ments mais le camping m’au­rait fait ajou­ter la tente, le duvet, le mate­las, une lampe torche ou fron­tale, une paire de tongs, un réchaud et du maté­riel de cuisine, de quoi nétoyer la vais­selle.