Auteur/autrice : Éric

  • Le revenu annuel des 100 personnes les plus riches suffi­rait à éradiquer quatre fois la pauvreté

    Bon, je ne suis pas capable de véri­fier l’af­fir­ma­tion, mais ce ne serait pas éton­nant non plus.

    Le revenu net des 100 milliar­daires les plus riches s’éle­vait en 2012 à 240 milliards de dollars, ce qui suffi­rait à éradiquer quatre fois la pauvreté extrême

    Même si c’est vrai, le calcul n’en­traine pas de conclu­sion simpliste. Redis­tri­buer cet excès pour lutter contre la pauvreté n’est pas forcé­ment faisable. Ce qui est certain c’est que la situa­tion n’est pas tenable éthique­ment. Comment croire qu’il est légi­time pour certains de gagner des sommes fara­mi­neuses quand d’autres meurent de faim. Le « mérite » va-t-il jusque là ? Les pauvres ont-ils vrai­ment moins de mérite ?

    À défaut de grande révo­lu­tion, dont je ne crois pas au béné­fice, je crois véri­ta­ble­ment à une taxa­tion très forte au delà de certains reve­nus ou de certains béné­fices (je parle donc aussi des entre­prises), voire à un plafon­ne­ment.

  • Blogs et EPUB

    L’EPUB c’est fina­le­ment juste un site web encap­sulé dans un conte­neur, avec quelques méta­don­nées pour le circuit de lecture. Certains voient une conver­gence entre l’EPUB et les sites web dans le futur, et pourquoi pas des sites web diffu­sés en tant qu’EPUB.

    David cite Thierry Crou­zet :

    Faire des livres, quelle que soit leur forme, me paraît soudain plus moderne que tenir un blog, simple offi­cine dans la rue des boutiques obscures. Ce qui compte, c’est publier, parta­ger, pas d’être maître chez soi.

    Un format et un outil doivent toujours être mis en regard d’usages et d’objec­tifs. Il est rare qu’un soit plus simple qu’un autre en soi, de façon univer­selle.

    Je vois deux visions à celle du « aban­don­nons le blog pour l’epub » : soit un EPUB unique pour l’in­té­gra­lité des conte­nus, soit un EPUB par billet avec éven­tuel­le­ment des pages web pour l’in­dex des archives et un flux RSS tiers.

    Dans la première vision j’ai un blog figé, qui ne bouge plus. Je ne suis pas alerté des mises à jour, je ne suis pas capable de ne télé­char­ger qu’un contenu isolé­ment du reste, et surtout je ne suis même plus capable de faire un lien vers un contenu parti­cu­lier de l’en­semble. Ce dernier point est presque le plus grave : On sort le contenu du web en rendant impos­sible les liens entrants. C’est viable pour une archive, pas pour un blog, dont la nature même est de vivre : d’avoir un ajout régu­lier de nouveau contenu et des échanges (donc les liens).

    Dans la seconde vision on revient quasi­ment à ce qu’on a actuel­le­ment sauf qu’on a remplacé les pages HTML des conte­nus unitaires par des fichiers EPUB, qui ne contiennent que la page HTML qu’on vient de rempla­cer. C’est un chan­ge­ment pure­ment tech­nique, dont j’ai du mal à voir la valeur ajou­tée. Sans comp­ter que si tout ce qui sait lire un EPUB sait aussi lire un fichier HTML direc­te­ment, l’in­verse n’est pas vrai.

    Au final il ne faut pas perdre de vue les usages et les objec­tifs. Le blog cherche à commu­niquer. David parle de partage. En étant plus terre à terre je parle­rai de mise à jour, d’ajout régu­lier de contenu, de liens et de commen­taires. Qu’ap­porte un passage à l’EPUB pour ce type d’usage ?

    Si l’EPUB a toutes les raisons de s’étendre hors du livre, il faut bien voir que ce livre a un usage bien parti­cu­lier : contenu rela­ti­ve­ment figé dans le temps, lu géné­ra­le­ment séquen­tiel­le­ment, formant le plus souvent un contenu unique bien défini. Ces attri­buts peuvent adres­ser bien des objets du web, mais proba­ble­ment pas les blogs, juste­ment.

    Pour amélio­rer les blogs parlons plutôt simpli­cité de diffu­sion, faci­lité d’écri­ture, amélio­ra­tion des discus­sions, mais tout ceci est rare­ment une ques­tion de format ou de tech­nique.

  • Apprendre EPUB gratui­te­ment avec O’Reilly

    C’est peut être vieux mais aujourd’­hui je remarque que les titres « What is EPUB 3« , « Acces­sible EPUB 3 » et « HTML 5 for publi­shers » sont gratuits chez O’Reilly, en EPUB et PDF.

    Si la concep­tion de livres numé­riques vous inté­resse, ce serait dommage de se priver.

    Pour ceux qui sont un peu plus marke­ting, il y a aussi « The Global eBook Market: Current Condi­tions & Future Projec­tions » mais qui date un peu (octobre 2011)

  • Bob, cham­pion de la procras­ti­na­tion

    Et si plutôt que de faire votre travail vous embau­chiez quelqu’un dans un pays pas cher pour le faire à votre place et que vous empo­chiez la diffé­rence ? Korben raconte une anec­dote sur Bob, le cham­pion de la procras­ti­na­tion, mais avant de conti­nuer sachez que l’his­toire n’est pas nouvelle : Je me rappelle quand j’étais plus jeune en Italie, ça s’ap­pe­lait la poli­tique de la veste chez les fonc­tion­naires. On arrive le matin, on pose la veste, et on laisse le philip­pin immi­gré faire le travail pendant qu’on prendre un autre boulot ailleurs.

    Je ne suis pas d’ac­cord avec l’axe de la procras­ti­na­tion. J’hé­site entre plusieurs senti­ments :

    Tout d’abord, c’est simple­ment l’ap­pli­ca­tion la plus pure du libé­ra­lisme. On embauche Bob pour faire un boulot, le boulot est fait, bien fait même si j’en crois l’anec­dote. Du coup l’em­ployeur ne devrait rien à voir à redire. Il n’y a pas de dommage avéré, et tout va bien dans le meilleur des mondes. Tant mieux pour Bob qui sait pilo­ter trou­ver et pilo­ter les bonnes ressources off-shore, il a bien mérité sa valeur ajou­tée.

    D’un autre côté si ça fonc­tionne c’est qu’il y a réel­le­ment zéro esprit d’équipe ou fonc­tion­ne­ment RH dans l’en­tre­prise. À force de consi­dé­rer les gens comme jetables et remplaçables, ne vous éton­nez pas qu’ils agissent comme tels.

    Enfin, ça met une claque méri­tée à l’idée qu’un déve­lop­peur off-shore est forcé­ment moins compé­tent, moins quali­ta­tif ou moins « haut niveau » qu’un local. Ça ne veut pas dire qu’il faut avoir toute son équipe à l’autre bout du monde, mais simple­ment que ce qu’ap­porte un local c’est la proxi­mité, le côté humain, la possi­bi­lité de discu­ter, de travailler ensemble en face à face. Si vous ne le faites pas, alors vous vous leur­rez sur la valeur ajou­tée.

  • Accoyer prend posi­tion contre le cumul des mandats

    La presse nous donne chaque jour de quoi appré­cier l’hon­nê­teté et la cohé­rence poli­tique. Aujourd’­hui Bernard Accoyer prend posi­tion contre le cumul des mandats (enfin certains cumuls, pas tous) :

    [Il] juge que le cumul d’un mandat natio­nal avec un mandat local est « une de ces lour­deurs qui para­lysent le pays ».

    […]

    « Je suis favo­rable au main­tien du cumul de mandats sans respon­sa­bi­lité exécu­tive locale, c’est-à-dire conseiller muni­ci­pal, conseiller géné­ral. Mais une respon­sa­bi­lité exécu­tive crée une confu­sion, et nous sommes le seul pays à avoir cela ? »

    […]

    Il a jugé que la « levée de boucliers » des parle­men­taires à l’époque était notam­ment due au fait que beau­coup d’entre eux cumu­laient avec des mandats locaux. Le projet dimi­nuant les recettes des collec­ti­vi­tés locales, les dépu­tés le refusent puisqu’ils sont souvent, à la fois élu natio­nal et élu local. […] pour 5 milliards d’eu­ros au moins chaque année, [l’État] supporte cette ambi­guïté, ce conflit d’in­té­rêts »

    La posi­tion est vu comme « moderne », même si elle accepte encore un cumul entre local et natio­nal. Éton­nam­ment l’élu affiche bien depuis main­te­nant vingt ans le cumul des fonc­tion natio­nales de député et des fonc­tions exécu­tives locales de maire d’An­necy-le-vieux. Mieux, en paral­lèle il a même été président du groupe majo­ri­taire à l’As­sem­blée pendant trois ans et président de l’As­sem­blée pendant cinq, cumul proba­ble­ment encore plus diffi­cile à tenir, au point d’ailleurs de puiser dans sa réserve de président de l’As­sem­blée pour finan­cer un projet de sa commu­nauté de commune.

    Donc il agit consciem­ment et sans visi­ble­ment y trou­ver à redire avec une action propre à para­ly­ser le pays et en créant ambi­guité & conflit d’in­té­rêt.

    Alors quoi ? Je vous propose de choi­sir :

    • Propo­si­tion 1 : Il ne croit pas un instant ce qu’il dit, mais ça donne une bonne image de lui dans l’opi­nion
    • Propo­si­tion 2 : Il ne croit pas un instant ce qu’il dit mais c’est une bonne opéra­tion poli­tique pour mettre X ou Y en diffi­culté ou se déta­cher de X ou Y groupe d’in­fluence
    • Propo­si­tion 3 : Il croit ce qu’il dit, mais consi­dère que ça ne s’ap­plique pas à lui
    • Propo­si­tion 4 : Il croit ce qu’il dit, mais consi­dère qu’il en « a le droit » et qu’il est là pour profi­ter au plus possible, pas pour être gentil

    Notez que les propo­si­tions ne sont pas toutes exclu­sives les unes des autres, mais qu’au­cune ne me donne envie de lui pour me repré­sen­ter.

  • Mariage pour tous, vrai­ment tous

    J’ai vu dans des argu­ments de débat « et si plus tard certains veulent se marier à trois au nom du mariage pour tous ? ».

    La ques­tion ne se pose pas, c’est « non ». Pour autant je trouve que la ques­tion n’est pas si mauvaise. Je ne vois pas en quoi trois personnes qui veulent s’unir soit plus « mal » que deux ni pourquoi on cher­che­rait à les en empê­cher. Sauf qu’ainsi on peut aller loin. On peut parler de douze personnes, ou même un mariage avec un chat. Quelle est la limite ? En quoi serait-ce plus « mal » fina­le­ment ?

    Mon problème c’est que je n’ai pas de réponse, ou plutôt je ne vois pas vrai­ment de néces­sité à en cher­cher ou à en trou­ver une. Je n’en ai simple­ment rien à faire et plus j’avance plus le mariage est une ques­tion privée dont l’État ne devrait simple­ment pas se mêler. Et si certains souhaitent se sentir mariés à leur chat, grand bien leur fasse.

    Mais alors, c’est quoi le mariage ?

    Trois parties au mariage : La partie « famille pour élever un enfant », la partie « union civile entre deux personnes, avec tout un tas d’en­ga­ge­ments mutuels légaux », et l’as­pect reli­gieux.

    La partie « famille » est déjà vide. On élève des enfants hors mariage et les mariages recom­po­sés posent déjà des problèmes sérieux de respon­sa­bi­lité paren­tales (non) parta­gées. Bref, aban­don­nons l’idée que le mariage struc­ture l’édu­ca­tion des enfants ou chan­geons radi­ca­le­ment les régimes de respon­sa­bi­lité paren­taux.

    La partie contrac­tuelle civile est la partie dont s’oc­cupe actuel­le­ment l’État. Le mariage est en fait un contrat bien défi­nit d’as­sis­tance mutuelle avec une grosse liste d’en­ga­ge­ments et de respon­sa­bi­li­tés communes.

    Le problème c’est que dans l’es­prit de tous, le mariage est surtout reli­gieux. Pas reli­gieux dans le sens « je crois en Dieu », mais reli­gieux quand même : On y attache des croyances et des valeurs communes (ou qu’on veut communes). C’est bien pour ça qu’il n’est pas vrai­ment possible de trai­ter ce débat avec des argu­ments objec­tifs. On en vient forcé­ment à se perdre dans des chemins bien tordus.

    Ce n’est pas l’État qui met cette conno­ta­tion reli­gieuse, c’est vous et moi. L’État ne peut pas faire grand chose à part essayer de gérer la réalité contrac­tuelle laïque tout en ména­geant les suscep­ti­bi­li­tés en fonc­tion de ce que chacun attache ou pas comme croyance au mot « mariage ».

    Suppri­mons le mariage

    On finira forcé­ment par ouvrir ce mariage à trois, parce que ça sera un jour vu comme une discri­mi­na­tion ou comme une contrainte non justi­fiée. Peut être pas de mon vivant, mais sauf à ce que notre culture fasse un virage vers moins d’ou­ver­ture et plus de reli­gieux, on y vien­dra forcé­ment.

    Plutôt que d’al­ler de divi­sions en divi­sions, pourquoi ne supprime-t-on pas l’ins­ti­tu­tion légale du mariage ? L’État n’en gère déjà plus que l’as­pect contrac­tuel, et c’est plus par des raisons histo­riques et de tradi­tion. L’as­pect contrac­tuel pour­rait tout à fait trou­ver un cadre hors des mairies et des collec­ti­vi­tés publiques. Perdre son temps à des querelles reli­gieuses sur ce que doit être l’as­pect « croyance » du mariage ne me semble pas de l’in­té­rêt supé­rieur de l’État.

    Certains ont dit que l’Église ne devait pas inter­ve­nir dans le débat, moi j’au­rai tendance à dire l’in­verse : C’est l’État qui n’au­rait pas du parti­ci­per. Lais­sons les gens faire des céré­mo­nies entre eux ou avec leur chat si ça les amuse, et lais­sons les faire des contrats de vie commune entre personnes de même sexe ou à plus que deux si ça les amuse. Je ne vois aucune raison pour laquelle l’État devrait inter­fé­rer avec tout ça.

    Bon, en raison de la tradi­tion et juste­ment en raison de l’as­pect reli­gieux, je doute qu’on arrive à déta­cher le mariage de l’État, mais fina­le­ment ne serait-ce pas ça la solu­tion ?

  • Publi­cité des votes à l’As­sem­blée natio­nale

    Regards Citoyens propose récem­ment de rendre public les votes de nos dépu­tés.

    Regards Citoyens c’est un collec­tif qui cherche à simpli­fier et élar­gir l’ac­cès aux insti­tu­tions publiques. Un réel exer­cice de démo­cra­tie appliquée. C’est par exemple eux qui ont mis en place nosde­putes.fr, le site qui tente de collec­ter et mettre à dispo­si­tion du publique des infor­ma­tions sur l’ac­ti­vité parle­men­taire.

    Il faut dire que la publi­cité du vote des repré­sen­tants dans une démo­cra­tie est un réel enjeu. La notion de repré­sen­ta­tion n’a de sens que si le citoyen est éclairé dans son choix et donc qu’il a toutes les infor­ma­tions néces­saires pour cela. Les votes passés réali­sés en son nom sont bien le mini­mum en ce sens. Avoir un repré­sen­tant qui dit blanc tout en votant noir serait un grand risque.

    Il faut savoir qu’ac­tuel­le­ment la plupart des votes se font à main levée sans traça­bi­lité. Il existe aussi des votes formels, plus rares, réali­sés par un dispo­si­tif élec­tro­nique. Dans le plus courant de ces votes formels, seuls les votes des diffé­rents groupes parle­men­taires sont connus, avec éven­tuel­le­ment la mention des rebelles dans ces groupes. Impos­sible pour le public de savoir qui s’est abstenu pour éviter de suivre le groupe (s’abs­te­nir est la façon la plus courante de s’op­po­ser à son groupe pour un député, le courage poli­tique étant ce qu’il est), ou qui n’a voté que via une délé­ga­tion (autre forme d’op­po­si­tion pas très coura­geuse, surtout en ce qu’elle ne change rien au résul­tat : lais­ser un collègue voter à sa place).

    Deux notes :

    • J’ai peur que la proba­bi­lité de réus­site soit proche de zéro tant qu’il n’y aura pas une réelle pres­sion popu­laire : Nos dépu­tés n’ont aucune envie de rendre des comptes.
    • Le côté public des votes (même si la publi­cité est restreinte à l’As­sem­blée elle-même comme actuel­le­ment dans les votes à main levée) a tendance à encou­ra­ger les dépu­tés à voter comme leur groupe (et au mieux s’abs­te­nir si vrai­ment ils ne veulent pas s’y asso­cier) au lieu de voter en leur âme et conscience. Loin d’être idéal aussi.
  • Les socié­tés écrans les plus opaques se trouvent aux Etats-Unis et au Royaume-Uni

    Où devez-vous créer votre société écran ? Où est l’opa­cité ?

    Lorsque les faux clients ont proposé de payer une prime pour contour­ner les règles, le taux de demandes de docu­ments a chuté rapi­de­ment. « Le motif que vous invoquez pour incor­po­rer une société pour­rait bien être une façade pour finan­cer le terro­risme », a répondu un four­nis­seur améri­cain. Pour indiquer ensuite qu’il envi­sa­ge­rait d’éta­blir et d’ad­mi­nis­trer la coquille pour 5000 dollars par mois.

    Contre l’in­tui­tion, les para­dis fiscaux ne sont pas les meilleurs candi­dats : Les socié­tés écrans les plus opaques se trouvent aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

    À rappro­cher peut être de la résis­tance à la corrup­tion dans nos pays, qui est moins insti­tu­tion­na­li­sée que dans les films, mais bien moins haute qu’on ne le croit.

     

  • Taux margi­nal d’im­pôt sur le revenu à 75%

    Dis papa, une impo­si­tion margi­nale à 75% pour les très hauts reve­nus, c’est un scan­dale communo-socialo-égali­ta­riste ou pas ? Un peu d’his­toire et de statis­tiques :

    Le taux très bas actuel est fina­le­ment bien plus excep­tion­nel que l’idée des 75%

    Le taux margi­nal d’im­po­si­tion sur le revenu a été histo­rique­ment plusieurs fois supé­rieur à 75%, en France comme à l’étran­ger, sans que cela n’ait jamais été consi­déré comme confis­ca­toire.

    Aux États Unis (pays socialo-commu­niste s’il en est), ce taux a dépassé par deux fois les 90%, pour au total 14 ans sur le dernier siècle, et est resté au delà des 70% la moitié du temps. En France notre taux margi­nal n’a pas eu les mêmes extrêmes qu’aux États Unis (comme quoi les idées reçues…) mais il est resté supé­rieur à 60% la majo­rité du temps, ne descen­dant en dessous de 50% qu’é­pi­so­dique­ment (dont la période récente).

    Taux marginal d'imposition aux États Unis d'Amérique
    Taux margi­nal d’im­po­si­tion aux États Unis d’Amé­rique
    Taux marginal d'imposition en France
    Taux margi­nal d’im­po­si­tion en France

    Il est aussi inté­res­sant de noter que le seuil pour béné­fi­cier de ce taux margi­nal, même ramené à un revenu équi­valent récent, était fina­le­ment très faible en regard de ce que le gouver­ne­ment tente d’ins­tau­rer aujourd’­hui (comp­tez un facteur de 6 à 20 quand même).

    À la décharge des libé­raux améri­cains, le revenu néces­saire pour atteindre les taux margi­naux maxi­mum ont été parfois réel­le­ment élevés (quasi théo­riques), mais ils exis­taient. En soi ça veut dire qu’i­ma­gi­ner taxer à 75% est conce­vable, même là bas, et que la mesure est dans le posi­tion­ne­ment du palier.

    La première conclu­sion qu’on peut en tirer : Que l’idée d’un taux margi­nal à 75% au delà du million d’eu­ros pose problème ne découle pas d’un prin­cipe géné­ral objec­tif mais bien d’une évolu­tion très récente de nos menta­li­tés.

    Et si on parlait du taux moyen ?

    Bien évidem­ment ici nous ne parlons que du taux margi­nal de l’im­pôt sur le revenu. Pour être réalistes il faudrait parler du taux d’im­po­si­tion moyen, et pas que de l’im­pôt sur le revenu. Ce taux d’im­po­si­tion moyen est fina­le­ment assez stable entre 40 et 50% pour l’en­semble de la popu­la­tion si on omet les 1 ou 2% les plus riches et les 1 ou 2% les moins riches. La progres­si­vité est assez apla­tie par les parties forfai­taires ou plafon­nées, ainsi que par les niches ou opti­mi­sa­tions qui profitent essen­tiel­le­ment aux reve­nus aisés.

    Je vais lais­ser les 1 à 2% les moins riches, qui ne sont de toutes façons pas capables d’ap­por­ter un revenu signi­fi­ca­tif à la société, n’en ayant pas un eux-mêmes. On remarque par contre que sur les 1% les plus riches le taux d’im­po­si­tion moyen régresse forte­ment au lieu de progres­ser. Les reve­nus venant plus souvent de plus-values ou divi­dendes que de salaires, on saute les coti­sa­tions sociales. Le revenu du capi­tal est lui en plus signi­fi­ca­ti­ve­ment moins taxé. Au final les quelques 1% les plus riches ont une contri­bu­tion plus faible que tous les autres en propor­tion de leur reve­nus, et quand je dis « tous les autres » ça comprend même le premier décile le moins riche.

    Il faudrait proba­ble­ment revoir tout le système plutôt que de monter les taux margi­naux, mais en soi il est presque scan­da­leux de parler de parler de trop hauts impôts sur les plus riches quand on voit un tel graphique (atten­tion à l’échelle non propor­tion­nelle) :

    06-taux-imposition-france-quantiles

    Tout ça ne dit en fait pas si ce taux margi­nal est légi­time ou exces­sif. Mais fina­le­ment cette ques­tion est unique­ment un choix de société, de savoir comment nous souhai­tons redis­tri­buer les mises.

    Et c’est bien cette conclu­sion qui est impor­tante : Ne lais­sons pas confisquer le débat par des argu­ments qui se disent objec­tifs ou défi­ni­tifs sur le carac­tère confis­ca­toire ou illé­gi­time d’un prélè­ve­ment à 75% : Ils ne sont vrais ni vis à vis de l’his­toire, ni vis à vis de la réalité de l’im­pôt dans son ensemble.


    Lectures :

  • Les pauvres en Alle­magne meurent de plus en plus jeunes

    Nous compa­rer avec le modèle alle­mand semble un peu passé de mode, même si c’est toujours par là qu’on commence quand on parle de réduire un peu la protec­tion sociale.

    On oublie bien trop souvent qu’une partie du système se fait au détri­ment des pauvres, forcés par la loi à accep­ter des emplois à un euro de l’heure. Pensez, à 48 heures par semaine (ce qui est le maxi­mum légal en Europe) on arrive à moins de 200 euros par mois. Comp­tez en plus un taux de travail tempo­raire non souhaité qui dépasse large­ment ce qu’on voit chez nous, et on voit rapi­de­ment que ce n’est pas l’El­do­rado là bas non plus.

    Le résul­tat ne devrait pas éton­ner mais c’est toujours mieux quand la statis­tique nous le confirme : Les pauvres en Alle­magne meurent de plus en plus jeunes. C’est une régres­sion drama­tique et un symp­tôme d’échec on ne peut plus grave.

    L’es­pé­rance de vie des petits reve­nus outre-Rhin est passée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2010. Et c’est bien pire dans les anciens länder d’Al­le­magne de l’Est, où elle a chuté de 77,9 ans à 74,1 ans.

    Ironique­ment, en paral­lèle on y passe l’âge légal de la retraite de 65 à 67 ans. Rappe­lez-vous comme en France on justi­fiait les chan­ge­ments d’âge de retraite par l’aug­men­ta­tion de l’es­pé­rance de vie.

    Salaire indé­cent, dégra­da­tion très sensible des condi­tions de vie au point de faire bais­ser signi­fi­ca­ti­ve­ment l’es­pé­rance de vie, il y a certai­ne­ment de bonnes idées à prendre en Alle­magne, mais ne copions pas tout, par pitié.