le capitalisme est un “régime de pays pauvre”, alors que ni les US ni la France ne sont des pays pauvres ; et que le socialisme est un “régime de pays riche”, alors que ni les US ni la France ne sont des pays confortablement riches
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pour résister aux crises, pendant lesquelles un pays est temporairement plus pauvre, il est plutôt logique qu’un “régime de pays pauvre” soit plus adapté ; alors qu’un “régime de pays riche” appliqué à un pays qui s’appauvrit fait entrer dans une spirale dont il est difficile d’imaginer la fin autrement qu’une remise en question totale de ce régime culturel et économique.
Le second paragraphe résume très bien la différence d’approche entre le modèle français et le modèle américain, bien plus que l’opposition socialisme / libéralisme. On pourrait d’ailleurs sans mal dire que l’histoire a donné tort à cette citation ces dernières années (et on peut aussi dire que l’histoire a donné raison, tout dépend du point de vue pris).
Partir sur du libéralisme en cas de crise, c’est considérer que si l’économie repart, tout le monde en profitera, quitte à devoir faire des sacrifices temporairement.
Partir sur du socialisme en cas de crise, c’est considérer que l’humain est le plus important et qu’il faut spécifiquement le protéger en cas de crise, et que le pays se remontera d’autant mieux que tout le monde peut participer à l’effort, quitte à le faire plus lentement.
Qu’est-ce qui est plus important : l’économie ou l’humain ? et est-on prêts à avoir des dégâts humains temporaires pour un embellie plus rapide plus tard ? Les deux suites logiques peuvent fonctionner. Les deux ont des exemples de succès ou d’échec dans l’histoire. C’est donc clairement une question de choix de société.
Les États-Unis ont une culture probablement plus individualiste, avec l’idée que tout le monde peut s’en sortir en travaillant dur. Logique plutôt libérale. Étrangement en temps de crise, c’est justement là qu’Obama tente de mettre l’accès à la santé pour tous, vision plutôt socialiste.
La France a plutôt une histoire de solidarité et de répartition des richesses, avec l’idée que l’État doit contribuer à l’égalité des chances et permettre à tous une vie digne. Étrangement en temps de crise, c’est justement là qu’on déconstruit beaucoup de filets sociaux, répartition de richesses et de services publics, vision plutôt libéraliste.
Aucun des deux n’est inférieur à long terme. Chacun essaye des recettes différentes de son penchant habituel quand ça va mal. Tout au plus aurais-je tendance à dire qu’il y a un vrai débat sur le modèle social en France, alors que les échos qu’on a des États-Unis laissent penser que ce débat est bien difficile là bas.
4 réponses à “Modèle social en temps de crise”
Oui, le débat est catastrophique aux US sur les questions sociales !! Culturellement, ça bloque, et c’est vraiment dommage.
Deux choses avec lesquelles je ne suis pas d’accord, de mon ressenti :
• les US sont plus individualistes que l’Orient, mais ô tellement moins que la France. Quand c’est toi, seul contre les aléas de la vie, et qu’il n’y a pas beaucoup d’État pour sauver les problèmes, les gens s’entraident plus naturellement au quotidien.
• Washington parle toujours un peu de crise, mais personne d’autre n’en parle, même pas la presse. Mentalement, les US ne sont plus en crise. D’ailleurs leur politique n’est plus une politique de crise, d’où le renouveau de plans sociaux (qui sont déjà aujourd’hui infiniment plus nombreux et massifs que ce que les media français en disent…)
Sur le fond politique, comme tu soulignes, nous avons tous les deux raisons, donc je ne veux pas nécessairement contre-débattre. Cela dit, la crise a testé les deux pays, et l’un s’en est sorti « assez vite », et l’autre nom. Mais je sais bien que le fait de mettre ça sur le dos du système écho-politique est certainement un raccourci de ma part…
C’est plus compliqué que ça à mon avis. Le taux d’emploi n’est pas glorieux aux us non plus, surtout si on retire ceux qui ont juste quelques heures. La dette, principal indicateur chez nous, est exceptionnellement élevée aux usa. La croissance n’est géniale nulle part.
Comme tu dis, là bas la crise est considérée comme passée. C’est toujours plus une question de mentalité que de chiffres. C’est un peu l’objet de l’article du New York Times d’ailleurs.
Une chose qui est oubliée dans le modèle étasunien et pourquoi il y a encore une possibilité de communauté est la religion. Les gens sont très fortement imprégnés de la morale chrétienne protestante et surtout la pratique.
Donc dans toutes les discussions que nous avons sur les régimes économiques et politiques, il y manque souvent la dimension culturelle ainsi que toutes ces variations régionales et urbaines.
Quand Eric dit :
C’est une logique protestante associée à une population qui a fait une rupture historique avec son continent d’origine qui est que la moralité est de devoir faire un effort pour s’en sortir, de faire preuve d’indépendance, de conquérir son lopin de terre et de ne plus être soumis aux décisions des rois, mais à celles de son travail et de ses qualités morales personnelles.
Je ne comprends pas le redressement que Rudy voit dans l’économie américaine. Le redressement pour qui et comment.
Certains articles ne sont pas roses. Ou peut-être Rudy parle d’économie et non de bien être social.