Catégorie : Vie personnelle

  • Pinpon pinpon pinpon

    J’ai déjà eu un ami dont la vie est partie dans un incen­die. Je vois aujourd’­hui un inci­dent qui aurait pu sacré­ment mal tour­ner dans ma time­line Twit­ter.

    Il faudrait que je véri­fie l’alarme anti-incen­die mais j’avoue craindre que si ça sonne dans l’en­trée c’est que l’in­cen­die est déjà au point de non-retour dans une autre pièce.

    Extinc­teur à poudre, 2 Kg

    Ikea vendait par le passé des petits extinc­teurs à poudre pour vrai­ment pas cher. J’en ai un dans l’en­trée (oui, c’est le bordel dans le placard), un dans le garage.

    Ça ne servira proba­ble­ment jamais mais si ça a même une chance sur un million de sauver une catas­trophe, ça vaut le coup.

    J’ai fait il y a plusieurs années une forma­tion « équi­pier incen­die ». Ça change défi­ni­ti­ve­ment la façon de voir les feux. Deux minutes et tout ce qu’il y a de censé à faire, c’est courir et crier pour aler­ter tous les voisins.

  • Luttons contre les moulins

    J’aime bien les combats impos­sibles.

    Alors en ce moment je prends choi­sis chaque jour un SPAM reçu, si possible un d’une société connue et sérieuse, et je demande accès aux infor­ma­tions qu’ils ont sur moi, à l’ori­gine de ces infor­ma­tions, et la preuve du consen­te­ment pour m’en­voyer leur cour­rier.

    Je prends donc l’email de SPAM et je réponds dessus. Ça me donne l’adresse de retour mais en géné­ral elle ne mène à rien ou ne sera pas lue. J’ajoute l’adresse de contact sur je trouve sur le site web, et s’il y en a une l’adresse de contact pour les demandes sur les données person­nelles. S’il m’en manque une, j’ajoute aussi contact@ qui existe très souvent

    En géné­ral ça passe par des pres­ta­taires. Dans le meilleur des cas le fichier est le leur et c’est un tiers qui fait l’en­voi et le routage, et qui a donc accès aux données. Si c’est du SPAM c’est que juste­ment je n’ai jamais donné mon accord, et souvent ils utilisent un fichier d’un tiers. Parfois c’est même un tiers qui fait la pros­pec­tion à leur place et est réméré à l’ap­port de clien­tèle donc ils ne savent même pas ce que ça se passe ainsi.

    Si j’ar­rive à voir mention du pres­ta­taire ou de loueur de fichier, je fais les mêmes opéra­tions : L’adresse de contact ou service client, celle du RGPD s’il y en a une, et contact@. On y fait parfois mention en bas de l’email, ou on en voit les domaine dans les URLs des liens avant redi­rec­tion. Parfois il faut cher­cher un peu, d’au­tant que souvent les domaines direc­te­ment visibles ne sont que des façades vides et il faut trou­ver la vraie société derrière le nom commer­cial.

    Enfin, quand j’ai ces diffé­rentes adresses, en géné­ral cinq ou six, je change le sujet. Si je garde le sujet de la news­let­ter, j’ai toutes les chances que le mail ne soit pas lu ou pas pris avec sérieux. J’ai choisi « Infor­ma­tions RGPD » pour allu­mer quelques lumières chez les gens, mais ça pour­rait être autre chose.

    Enfin l’email :

    Bonjour,

    En appli­ca­tion de l’ar­ticle 15 du Règle­ment géné­ral sur la protec­tion des données (RGPD) je souhai­te­rai avoir copie de l’en­semble des données (*) me concer­nant dans vos fichiers, les fichiers de vos pres­ta­taires.

    Pour cela vous pouvez opérer une recherche à partir de l’adresse email que vous avez utilisé: [email xxxxxx@xxxxx]

    Si vous ne déte­nez pas direc­te­ment ces données mais êtes passés par un pres­ta­taire qui opère un fichier en propre, merci de lui trans­mettre cette requête au titre du RGPD.

    Par la même occa­sion, je vous demande d’y joindre l’ori­gine de la collecte de ces infor­ma­tions ainsi que la source de mon consen­te­ment pour la récep­tion de ces cour­riers publi­ci­taires par email. En cas de diffi­cul­tés, je vous deman­de­rai de me mettre en contact avec votre délé­gué à la protec­tion des données (DPO).

    Enfin, je vous deman­de­rai de faire suivre cette demande d’in­for­ma­tion à tout pres­ta­taire, parte­naire ou client avec lesquels vous auriez pu parta­ger les données mention­nées au premier para­graphe.

    Je vous remer­cie de me faire parve­nir votre réponse dans les meilleurs délais et au plus tard dans un délai d’un mois à comp­ter de la récep­tion de ma demande (article 12.3 du RGPD).


    Cordia­le­ment,
    — 
    [Prénom Nom]

    Je laisse le SPAM initial en cita­tion en dessous histoire d’avoir une réfé­rence et qu’on ne puisse pas me dire « ce n’est pas nous » ou « on n’a rien ».

    Autre astuce : Ne *pas* deman­der la suppres­sion des données. Pas à cette étape, sinon les petits malins ou ceux qui liront trop vite suppri­me­ront les données ou l’abon­ne­ment à la liste de diffu­sion et pour­ront ensuite dire « ah ben on ne peut pas vous donner plus d’in­for­ma­tions, c’est supprimé désor­mais ».

    Note : On me signale aussi la version d’Ae­ris, plus formelle.

  • « PHP 5 avancé » en chiffres

    Je vois les auteurs racon­ter leur histoire, leurs rému­né­ra­tions. Je n’ai pas trop envie de m’y mélan­ger vu que je n’ai jamais été auteur profes­sion­nel ni n’ai jamais cher­ché à l’être. Mes enjeux d’au­teur du dimanche sont bien diffé­rents. Ajou­tez y que j’ai écrit dans à propos de tech­nique infor­ma­tique, très loin des auteurs de romans et de bande dessi­née.

    Pour autant, c’est aussi l’oc­ca­sion parce que je ne crois pas avoir déjà fait un tel bilan. Peut-être que ça inté­res­sera certain d’entre vous. Dites-moi s’il y a des ques­tions auxquelles je ne réponds pas.

    Atten­tion, ce n’est repré­sen­ta­tif de rien d’autre que de mon cas person­nel. J’ai même tendance à penser que mon histoire entre dans l’ex­cep­tion à plus d’un titre. Le fait qu’il y ait des gros chiffres dans la suite ne doit certai­ne­ment pas vous amener à penser que les auteurs roulent habi­tuel­le­ment sur l’or.

    Six éditions et quatre colla­bo­ra­teurs

    Travail à quatre mains avec Cyril Pierre de Geyer. Le premier chapitre a été fait en février 2003 pour une publi­ca­tion de 700 pages en juin 2004.

    PHP a pas mal évolué et le livre serait rapi­de­ment devenu obso­lète. Nous avons du mettre à jour le livre régu­liè­re­ment. Il y a eu une édition par an jusqu’en 2008 puis une sixième de 870 pages en 2012.

    La troi­sième édition a été reti­rée sur un format « best-of » en 2007, en paral­lèle de la vente de la quatrième dans son format d’ori­gine. J’avoue que ça me semble toujours étrange, d’au­tant que si nous en avons fait une quatrième édition plutôt qu’un reti­rage c’est que l’évo­lu­tion de PHP rendait l’an­cienne version moins perti­nente.

    Nous avons été épaulé par Hugo Hamon pour les relec­tures et l’in­dexa­tion de la cinquième édition. La sixième édition a été parta­gée avec un troi­sième auteur, Frédé­ric Hardy. Il est en petit sur la couver­ture, je le regrette aujourd’­hui.

    Les tirages et les ventes

    Le premier tirage était prévu à 3000 exem­plaires. Vus les chiffres de vente je suppose qu’il en a plutôt été tiré 3200 (ou alors on a vendu des livres qui n’exis­taient pas). Les chiffres des éditions suivantes ne tombant même pas proches de multiples de 250, j’ima­gine qu’on en imprime toujours un peu plus au cas où et que le chiffre final n’est pas tota­le­ment maitri­sable.

    La seconde édition a été tirée à envi­ron 3700 exem­plaires, la troi­sième et la quatrième ont toutes les deux fait entre 3200 et 3300 exem­plaires, plus envi­ron 4000 exem­plaires pour la best-off. La cinquième a béné­fi­cié de deux tirages, proba­ble­ment respec­ti­ve­ment 3400 et 2000 exem­plaires. La dernière a été tirée à quelque chose comme 3800 exem­plaires, proba­ble­ment en deux fois.

    Au total j’ai quelque chose comme 26 500 ventes sur les 12 ans de vie du livre.

    Le travail d’écri­ture

    Diffi­cile d’es­ti­mer le temps passé en écri­ture tant il était très frac­tionné, d’au­tant que ce n’était pas mon acti­vité prin­ci­pale. Sur les 16 mois de travail de l’édi­tion initiale, j’ai quand même du y passer une bonne majo­rité des soirs et week-end, et quelques mois quasi­ment à temps plein. À cela il faut bien entendu ajou­ter le travail de mon co-éditeur.

    Chose éton­nante pour moi, nous n’avons pas utilisé de logi­ciel ou de format de fichier spéci­fique à l’édi­tion, juste du Micro­soft Word avec une feuille de styles interne : un fichier par version et par chapitre nommé d’après l’au­teur a avoir créé la version, le tout dans un FTP.

    Les autres éditions ont été un effort variable, plus fort pour les premières que pour les dernières. On parle quand même géné­ra­le­ment de plusieurs mois pendant des soirs et des week-ends.

    Je n’ai aucune idée du travail total en équi­valent temps plein 35h sala­rié. Si je devais donner un chiffre je dirais proba­ble­ment un an équi­valent temps plein sala­rié, mais en réalité ça peut faci­le­ment être la moitié moins ou moitié plus.

    Malgré la moti­va­tion des premiers temps, faire ça en paral­lèle d’un job très prenant n’est pas aisé, surtout au moment des relec­tures. La colla­bo­ra­tion entre auteurs n’a pas toujours été évidente non plus. Ça parait évident après coup mais écrire à deux quand on ne se connait pas vrai­ment et qu’on ne se voit jamais en face à face, c’est forcé­ment un peu diffi­cile.

    La rému­né­ra­tion

    La rému­né­ra­tion est de 10% du hors taxe pour les ventes françaises grand format (4% sur les ventes à l’étran­ger, 5% sur le format poche — l’édi­teur a souhaité en sortir un une année, nous avons refusé), à parta­ger entre les auteurs initiaux, sans aucune avance, sur des livres qui ont varié de 35 à 45 € pour la collec­tion prin­ci­pale, 25 € pour le best-of.

    Même en allant cher­cher dans les archives, je suis encore aujourd’­hui inca­pable de dire combien j’ai gagné que ce soit en net ou en brut. J’ai des comptes de vente, des détails de coti­sa­tions, des avis de paie­ment et des résu­més de sommes à décla­rer au fisc. Rien ne se recoupe vrai­ment, quand je n’ai pas deux docu­ments d’un même type tota­le­ment diffé­rents pour une même année.

    Disons que la somme encais­sée avant impôts sur le revenu doit être entre 40 et 47 000 euros nets depuis le premier verse­ment en 2005. Précis hein ?

    Ramené à un an de travail c’est effec­ti­ve­ment très bien payé, surtout par rapport à ce que je lis à propos de auteurs en litté­ra­ture, en jeunesse ou en bande dessi­née. Même dans la four­chette haute, en comp­tant deux ans de travail en équi­valent temps plein, ça reste bien au dessus du SMIC. Cela dit il était loin d’être dit que ça rému­nè­re­rait autant, et ce que ça m’a apporté a large­ment dépassé le finan­cier. Je ne pensais pas à l’argent. Je ne m’étais en fait même pas fait de prévi­sion quand j’ai dit oui, et je n’au­rais pas su dire si je m’at­ten­dais à 1 000 ou 10 000 euros.

    Cette somme est après paie­ment de la TVA, de la CSG et CRDS, ainsi que d’une coti­sa­tion de 1% à l’Agessa. Tout ça est prelevé pour moi en amont par l’édi­teur. Pas de retraite, pas de prévoyance, et avec dans les 4000€ par an en moyenne je n’au­rais proba­ble­ment eu aucune couver­ture sociale si je n’avais pas eu un emploi sala­rié en paral­lèle.

    Pour l’im­pôt sur le revenu je déclare ce que l’édi­teur me dit en trai­te­ments et salaires. C’est peut-être idiot ou anor­mal, je n’ai jamais su (on m’a donné des réponses diffé­rentes à chaque fois que je deman­dais ce que devait faire un auteur de loisir) mais du coup c’est imposé sur le barème progres­sif.

    Autant Hugo (en relec­teur) que Frédé­ric (en co-auteur sur la dernière mise à jour) ont été rému­né­rés sur une base fixe, payée par l’édi­teur en plus de nos droits d’au­teur.

    L’édi­teur

    J’en­tends beau­coup de choses sur les éditeurs. Person­nel­le­ment moi j’ai plutôt eu une très bonne expé­rience d’Ey­rolles. Muriel, tu as été vrai­ment super, Karine aussi, et j’ou­blie certai­ne­ment des gens. Je n’ai eu à me plaindre de personne, au contraire.

    Si je devais repro­cher quelque chose, c’est le refus total de consi­dé­rer une durée limi­tée pour la version numé­rique du livre. Je crains cepen­dant qu’il en soit de même pour l’es­sen­tiel des éditeurs et mon co-auteur a de toutes façons refusé toute vente numé­rique par peur du pira­tage (qui a tout de même eu lieu, visi­ble­ment par des fuites des PDF internes desti­nés à l’im­pri­meur, avec les marques de découpe). Oh si, si je devais pinailler, il y a briè­ve­ment eu une mise en vente de la quatrième édition sous forme numé­rique malgré le refus expli­cite au contrat, mais ils y ont mis un terme quand on l’a fait remarquer.

    Je ne m’éten­drai pas sur ce point mais on a même eu une diffi­culté de répar­ti­tion des droits entre co-auteurs à un moment. Non seule­ment l’édi­teur a aidé à sa réso­lu­tion mais il a aussi pris le diffé­ren­tiel à sa charge pour solder le passé. Ok, vu les ventes ils pouvaient se le permettre, mais rien ne les y obli­geait non plus.

    PHP 7 avancé

    Aujoud’­hui PHP 5 avancé n’existe plus. Il y a eu réécri­ture partielle pour construire PHP 7 avancé mais consi­dé­rant les diffi­cul­tés de colla­bo­ra­tion, on a décidé de ne pas forcé­ment le refaire ensemble. Je suis toujours sur la couver­ture en grisé mais j’ai passé la main aux excel­lents Pascal Martin et Julien Pauli, au moins pour les deux premières éditions (la seconde arrive parait-il sous peu).

  • Lais­ser les clefs en partant

    Une version plus récente a été mise en ligne en 2024


    J’ai déjà parlé de testa­ment numé­rique une ou deux fois ici. J’ai déjà vue une amie devoir appe­ler à l’aide pour se récu­pé­rer pas à pas une maigre partie de la vie numé­rique à la dispa­ri­tion de son mari.

    On trouve toujours une solu­tion à tout ce qui est admi­nis­tra­tif mais ça peut être une diffi­culté supplé­men­taire à un moment qui n’est déjà pas le plus simple.

    À la maison c’est tout le reste qui risque de poser problème. On parle de toute la pape­rasse numé­ri­sée ou de tout l’his­to­rique de 15 ans de photos. J’uti­lise des mots de passe complexes, diffé­rents à chaque fois, et je chiffre tous mes disques. Autant dire que si je pars tout devien­dra assez rapi­de­ment illi­sible malgré les meilleurs efforts de mes amis.

    Je ne vois pas d’autres solu­tions que de lais­ser le double de mes clefs au crochet avant de partir.


    La solu­tion elle est connue depuis long­temps, j’avais déjà parlé du prin­cipe du secret de Shamir il y a quelques années mais j’ai procras­tiné. Ce n’est jamais le bon moment pour penser à la mort.

    J’ai pris mon courage à deux mains, je vous propose ce qui est en cours, en espé­rant l’en­ri­chir par vos commen­taires ou aider quelques autres personnes à faire leur propre chemin.


    Le secret de shamir

    Le prin­cipe est assez simple. C’est un calcul mathé­ma­tique qui permet de divi­ser un secret en plusieurs parties. Chaque partie est illi­sible indé­pen­dam­ment mais permet de recons­ti­tuer le secret initial si on en met un certain nombre ensemble.

    Je peux par exemple dire « je divise ce secret en cinq parties qui seront chacune déte­nue par des personnes diffé­rentes, pour recons­ti­tuer le secret initial il faudra la colla­bo­ra­tion d’au moins trois personnes sur les cinq ».

    Il y a plusieurs logi­ciels pour cela. La vraie contrainte est d’en trou­ver un qui sera utili­sable dans 5 ou 10 ans. Je suis parti sur ssss de B. Poet­te­ring : Le logi­ciel a déjà 12 ans, open source, présent sur les diffé­rentes distri­bu­tions Linux, et a quelques fork visibles. La dura­bi­lité semble acquise. J’avais hésité avec libgf­share qui partage à peu près les mêmes carac­té­ris­tiques de vie.

    Les desti­na­taires

    Les nombres de trois et cinq dans mon exemple précé­dent sont des choix arbi­traires. Trois c’est permettre d’avoir assez de résis­tance pour que le secret ne fuite pas trop faci­le­ment, que ce soit par malveillance, par la trom­pe­rie d’un tiers, ou simple­ment par négli­gence. Cinq c’est le mini­mum pour permettre d’avoir au moins deux personnes injoi­gnables le jour où on en a besoin.

    Plus de cinq n’est pas si simple : Il faut des gens en qui j’ai totale confiance au point de leur lais­ser les clefs de ma vie numé­rique, qui ne vont pas en faire mauvais usage, qui ne vont pas lais­ser d’autres en faire mauvais usage, qui ne vont pas lais­ser trai­ner leur secret par négli­gence mais qui vont en assu­rer la péren­nité sur poten­tiel­le­ment des années. Au delà, il faut idéa­le­ment des gens que connait bien ma femme pour que prendre contact ne soit pas une diffi­culté supplé­men­taire au mauvais moment, et qu’ils soient suffi­sam­ment au fait des ques­tions tech­no­lo­giques pour que leur aide ne se limite pas à « tiens, j’ai un papier à te donner » mais soit plus proche de « prends soin de toi, on s’oc­cupe de tout ». Et puis j’ai­me­rais éviter de faire porter ce poids à cinquante amis.

    En ce moment je les contacte pour leur deman­der leur accord. C’est quand je vois les réponses posi­tives que je me rends compte que j’ai choisi les bons.

    Le secret

    Impos­sible de lister les centaines de mots de passe et comptes que je peux avoir partout. Même en limi­tant à ce qui est impor­tant, je crains que les mots de passe ne changent d’ici à ce que ça serve, ou qu’il y en ait de nouveaux.

    Je vais lais­ser le mot de passe de ma boite email, de mon poste de travail, du serveur NAS avec toutes les photos, de mon espace de sauve­garde et quelques autres trucs du genre mais c’est plus pour avoir cein­ture et bretelles.

    L’idée c’est surtout que je partage le mot de passe et les iden­ti­fiants de connexion de mon gestion­naire de mots de passe. Norma­le­ment tout est faisable à partir de là. Aujourd’­hui c’est du Bitwar­den. Je ne sais pas si la société est vrai­ment pérenne mais le code est open source et il y a déjà des clones, donc j’ai bon espoir de ne pas avoir à renvoyer un nouveau secret vers un autre système dans six mois.

    C’est aussi dans Bitwar­den que je peux lais­ser une note avec tout ce que je veux dedans comme infor­ma­tions et procé­dures, et la mettre à jour quand je veux sans savoir à géné­rer et envoyer un nouveau secret à tout le monde.

    Le docu­ment

    Le secret lui même est donc très court, juste quelques mots de passe. Il n’est de toutes façons pas possible d’al­ler au delà de 1024 carac­tères ASCII avec ssss.

    Je compte mettre ça dans un beau docu­ment PDF A4 que mes desti­na­taires peuvent à la fois garder dans leurs archives numé­riques et impri­mer pour leurs archives papier plus durables (même les geeks foirent leurs sauve­gardes numé­riques).

    Dans ma tête je me dis qu’il faudra joindre les amis formel­le­ment une fois par an pour leur deman­der de véri­fier qu’ils n’ont pas perdu leur propre partie du secret et voir s’ils ont changé de coor­don­nées. En pratique je ne sais pas si je ferais ça aussi sérieu­se­ment qu’il le faudrait, donc je consi­dère que le docu­ment doit tout conte­nir.

    Au delà de leur partie du secret, ce docu­ment réca­pi­tule un peu tout ça : À quoi ça sert, quels sont les autres desti­na­taires à joindre et à quelles coor­don­nées (email, télé­phone, adresse postale, éven­tuel­le­ment adresses élec­tro­niques), mais aussi comment recons­ti­tuer le secret origi­nal (nom et adresse du logi­ciel, procé­dure) et ce que j’at­tends d’eux.


    Un peu d’aide

    Ce billet est déjà trop long. Je vous propo­se­rai peut-être une suite avec le texte exact du docu­ment en ques­tion, pour aider les suivants à faire le leur.

    Entre temps je veux bien vos commen­taires pour avan­cer, ou quelques détails sur ce que vous avez mis en place de votre côté.

  • Je ne sais pas encore

    J’ai des hauts et des bas. Ça n’al­lait pas, ras le bol assez global.

    J’ai fini par désac­ti­ver le compte Twit­ter public. Trop pénible, plus de frus­tra­tions et de tensions que de posi­tif, ça m’ap­porte peut-être plus de mal que de bien.

    Il parait que j’ai un mois pour déci­der ce que j’en fais avant qu’il ne soit supprimé. Je ne sais pas encore. Proba­ble­ment fini­rai-je par le rouvrir, parce que j’ai aussi besoin de lâcher quelque part ce que j’ai en tête, d’in­te­ra­gir avec des gens.

    Peut-être pas. Peut-être que le compte privé suffira. Quelques amis m’y ont rejoint. Je regrette de ne pas pouvoir répondre aux autres, de ne pouvoir parler qu’a­vec ceux qui ont préa­la­ble­ment choisi de s’abon­ner, qui ont su qu’il fallait le faire.

    Bref. Oui, le compte Twit­ter public n’est plus, pour l’ins­tant. Non ce n’est les modé­ra­teurs Twit­ter qui ont eu la main lourde. Si besoin vous savez toujours où me joindre.

  • « Comment ça va ? »

    La ques­tion est telle­ment dans l’usage que le « bien et toi ? » en devient auto­ma­tique, il sort avant même que j’ai réalisé la ques­tion.

    On répond « oui » quand ça va. On répond « oui » aussi quand ça ne va pas. La seule alter­na­tive c’est quand ça va mais qu’on a un petit tracas du quoti­dien, le « pas trop je suis enrhumé » ou le « j’ai mal dormi hier ». Et encore, ne le faites pas trop souvent faute de vous voir repro­cher de casser l’am­biance. Ne le faites pas avec un mauvais mana­ger au boulot si vous ne voulez pas qu’on vous déleste de la confiance qu’on a en vous.

    Quand est la dernière fois qu’on vous a répondu sérieu­se­ment « non, ça ne va pas » sans que la personne ne soit déjà au fond du trou avec 10 mètres de terre bien tassées au dessus ? Même pour dire « ma famille est morte hier » on se sent obligé de rajou­ter « mais je vais bien ».

    Et quand parfois, quand on a quelqu’un en qui on a confiance, on s’ou­blie et on répond. La personne en face n’est pas prête, ne comprend pas, ne s’y attend pas, ne sait pas, n’a pas le contexte. Rien de bon n’en sort.

    S’il vous plait, rempla­cez votre « ça va ? » par un « ça va ». Venez prendre des nouvelles. Dites que vous vous allez bien, si c’est vrai­ment le cas. N’obli­gez pas votre inter­lo­cu­teur à dire comment il va s’il n’en a pas l’in­ten­tion, à vous mentir poli­ment si fina­le­ment tout ne va pas. S’il le veut, s’il le peut, peut-être vous le dira-t-il de lui-même, mais ce sera choisi.

    Je suis certain que pour les amis la ques­tion part d’un bon senti­ment, que vous voulez être là. Ce n’est pas un reproche, les bonnes inten­tions ne se reprochent pas, mais la ques­tion est aussi toxique quand juste­ment ça ne va pas.

    Être obligé de répondre « ça va », à la longue, faire semblant d’avoir la joie de vivre, faire des sourires forcés, ce sont autant de poisons qui s’in­si­nuent douce­ment et pèsent chaque jour un peu plus sur les épaules. Non seule­ment ça ne va pas mais il faut faire semblant.

    * * *

    Toi, ça va ?

    Et je revois le jeu de l’amie Delphine il y a quelques années. Pour me défi­nir, il n’y avait rien de mieux qu’un « toi, ça va ? ». Il faut que je change mes habi­tudes moi aussi. Ça ne va pas être simple.

  • Aphan­ta­sie

    Aphan­ta­sie. C’est le mot de cette fin de semaine.

    Je pour­rais vous dire que je découvre ma diffé­rence mais ce serait mal résu­mer la situa­tion. Je réalise que *vous* pensez diffé­rem­ment.

    Je réalise que vous avez des images en tête, plus ou moins précises, parfois même de la musique. Je réalise que quand on vous dit de visua­li­ser une plage dans votre tête, c’est à prendre au sens litté­ral et pas une figure de style. Je réalise que l’ex­pres­sion « voir » quelque chose dans le sens de « comprendre » ou « imagi­ner » ne vient pas de nulle part. Je me rends compte que les films ou séries TV avec le héros qui se fait des films comme Scrub ou Ally McBeal ne sont pas autant un exer­cice narra­tif que je l’ima­gi­nais.

    Bref, j’ai pris une bonne claque dans la figure et ça va révo­lu­tion­ner ma vision de beau­coup de choses. Je découvre juste que 98% des gens réflé­chissent autre­ment. Pas unique­ment diffé­rem­ment au niveau du proces­sus, mais aussi presque avec d’autres sens que les miens. Imagi­nez un dalto­nien à qui vous appren­driez à 38 ans qu’en fait il y a deux couleurs distinctes derrière le rouge et le vert, et que c’est juste évident pout tout le reste du monde.

    Tout est parti de Sara qui m’a donné le récit de quelqu’un qui faisait la même décou­verte. Lisez-le. Je crois que je pour­rais quasi­ment l’avoir écrit à sa place. Comme on m’a posé plein de ques­tions, je vais tenter de résu­mer plus ou moins (mais lisez le lien tout de même) :

    Non, quand on me demande de visua­li­ser une plage, je ne visua­lise pas une image de plage. Je sais ce qu’est une plage. Si on me demande de dire de quelle couleur est le sable, je vais simple­ment choi­sir arbi­trai­re­ment une couleur dans les couleurs que je sais possibles pour le sable d’une plage. Je peux construire tous les éléments un à un, les avoir à l’es­prit, les mani­pu­ler, mais je n’au­rais pas plus d’image (ou de son). Je gère des concepts et des infor­ma­tions, mais pas une image. Jamais, quand bien même je le voudrais (du coup j’ai essayé).

    Ce n’est pas une cécité intel­lec­tuelle pour autant. Je peux garder la dernière image en tête quelques centièmes de secondes voire quelques secondes en me concen­trant quand je ferme les yeux, comme en persis­tance réti­nienne. Je suis cepen­dant inca­pable de reve­nir en arrière même d’une seconde ou de voir un autre angle, c’est une image fixe.

    Je peux aussi, en me concen­trant, visua­li­ser une image, une photo, un panneau, un dessin fixe que je vois régu­liè­re­ment ou dans une situa­tion forte. J’ai l’im­pres­sion de pouvoir le faire avec un nombre extrê­me­ment limité d’images, mais j’at­tri­bue plutôt ça à ma mauvaise mémoire qui filtre très fort tout ce qui n’est pas jugé « utile » (donc tout ce qui n’est pas pure infor­ma­tion). Je vois ces images sans préci­sion (je pour­rais dire de façon floue mais ce serait une descrip­tion trop imagée de ce qu’il se passe) et géné­ra­le­ment pas long­temps mais je les visua­lise quand même.

    En consé­quence je ne sais pas visua­li­ser les paysages, les bâti­ments ou les visages, même des personnes très proches ou les lieux que je vois tous les jours, parce qu’ils n’ont pas une image fixe unique et forte­ment impri­mée.

    Je devrais nuan­cer un peu : De mes expé­riences j’ai l’im­pres­sion de pouvoir avoir quelque chose si j’es­saye de visua­li­ser le couloir ou l’es­ca­lier de la maison de mes parents. Ca reste telle­ment évanes­cent et peu clair que je n’ose pas dire que j’y arrive mais il y a quelque chose. Je pense que c’est juste­ment parce que le plan de vision est toujours le même, assez pour que ça puisse s’im­pri­mer comme une image fixe.

    Du coup je n’ai pas le visage des gens, leurs expres­sions, même de ma femme et de mon fils, mais je peux me rappe­ler une photo où ils sont, parce que cette dernière était sur ma table de nuit pendant long­temps. C’est assez pertur­bant de me dire ça.

    Pour la même raison, je sais visua­li­ser un triangle (j’ai du essayer long­temps et plusieurs fois pour que ça vienne). Toujours de la même façon : Si je force, je peux voir un tracé géomé­trique. Il est toujours le même, avec les sommets notés A B et C. Ça ne fonc­tionne pas avec les autres formes géomé­triques et je n’ai aucune possi­bi­lité de le colo­rer ou de le défor­mer. Du coup je suppose que je me rappelle surtout un dessin vu mille fois à l’école, plutôt qu’une mise en image de mes pensées.

    Hier je disais que je n’ai pas l’im­pres­sion de rêver en images non plus. Je n’ai pas tendance à me rappe­ler mes rêves, et surtout je ne m’étais jamais posé ce genre de ques­tions – n’ima­gi­nant pas que les autres puissent être diffé­rents. Est-ce que je récolte des infor­ma­tions qui me donnent une émotion ou est-ce que j’ai des images ? L’en­dor­mis­se­ment d’hier me laisse la ques­tion ouverte. Peut-être que les rêves ont un peu plus que l’in­ven­taire d’in­for­ma­tions brutes que j’ai dans mon flux de pensée conscient. Diffi­cile à dire.

    Je n’ai pas plus de musique, d’odeurs ou de paroles. Je sais avoir des « ta ta tata » dans ma tête si je veux me rappe­ler une musique, mais pas diffé­rem­ment de si j’es­saye de fredon­ner (ne me le deman­dez jamais, c’est horrible). En fait c’est un peu comme si j’es­saye de me parler dans ma tête. En aucun cas je ne peux rejouer ce que j’ai entendu, ou me le remé­mo­rer ainsi (mais je saurais recon­naitre si ce qu’on me joue est la même musique que j’ai déjà entendu).

    Je n’ai pas non plus de senti­ments qui reviennent en surface. Ou plutôt ils ne sont pas rejoués ou visua­li­sés. Me rappe­ler d’une situa­tion (mal)heureuse passée ne me rend pas (mal)heureux main­te­nant. En fait je ne comprends même que ça puisse être le cas.

    Je peux repen­ser à quelque chose qui me stresse ou qui me rend triste et ressen­tir cette émotion mais ce ne sera pas un rappel de l’émo­tion passée : Ce sera que la situa­tion me stresse ou me rend triste encore main­te­nant. Ce sera le senti­ment présent d’une réflexion présente.

    Je me rends compte que vous êtes capables, à des degrés divers, de vous rappe­ler le visage d’un être aimé, une situa­tion heureuse. Je peux me rappe­ler les détails, les concepts, l’in­for­ma­tion que j’ai été heureux, je ne peux pas rejouer le passé. Quelque part, de ça je suis un peu jaloux.

    * * *

    Mais comment tu fais pour dessi­ner ? pour prépa­rer tes photos ?

    Je dessine. Je sais où est placée l’oreille d’un chat alors je l’y mets. Je n’ai pas besoin d’un modèle mental pour ça. Je n’ai pas d’image mentale à reco­pier. Peut-être que ça peut expliquer en partie pourquoi je suis inca­pable de faire des dessins qui ressemblent à quelque chose mais je crois que si je dessine mal c’est surtout suite à un manque de pratique et d’exer­cice quand j’étais jeune. Je crois assez peu au « don » : Les gens qui dessinent bien ont surtout beau­coup de pratique, ou de la pratique très jeune.

    Pour les photos j’es­saye. J’ima­gine des choses, je teste, je vois ce que ça donne. Ça peut aussi expliquer pourquoi je sors des centaines de photos par séance mais là aussi je me garde­rais bien de sauter aux conclu­sions et aux excuses faciles.

    Et quand tu lis un roman ?

    Même chose. J’ai des infor­ma­tions, pas une image. Si tu ne me dis pas comment est habillé le héros, je ne comble pas ce manque. En fait je ne le vois pas même pas comme un manque. Ça peut aussi tenir au fait que j’ai une lecture plus proche de ce qu’on appelle la lecture rapide que d’une lecture séquen­tielle. Je scanne plus que je ne lis, je prends les infor­ma­tions qui me semblent utiles à ma compré­hen­sion. Je ne lis même pas toujours les pages de haut en bas (oui, il m’ar­rive de scan­ner de bas en haut, quitte à reprendre un passage plus clas­sique­ment ensuite), et il m’ar­rive de lire très vite une page, puis d’y reve­nir le temps d’un coup d’oeil tant de repar­tir vers l’avant, incons­ciem­ment. Le résul­tat c’est qu’il est tout à fait possible que je ne sache pas que le person­nage est roux alors que c’est marqué partout, simple­ment parce que ça n’a pas servi dans l’his­toire. Géné­ra­le­ment je ne sais même pas dire comment s’ap­pelle le héros (mais je saurais recon­naitre le mot s’il est écrit quelque part).

    Ne vous trom­pez pas. J’ai de l’ima­gi­na­tion. Plein (trop). Je lis d’ailleurs essen­tiel­le­ment de la SF et de la fantasy, et j’aime ça. Je dévore les livres quand je suis dans mes périodes « lecture ». Visi­ble­ment (le terme est amusant) j’in­tègre juste ça diffé­rem­ment d’autres personnes. Savoir ce qui tient de ma façon de lire et de l’aphan­ta­sie est diffi­cile à dire. Possible d’ailleurs que les deux ne soient pas tota­le­ment indé­pen­dants mais là aussi je me garde­rai bien de sauter aux conclu­sions.

    * * *

    Je crois que la ques­tion la plus diffi­cile c’est « mais comment fais-tu ? ». Je pour­rais la retour­ner : Comment faites-vous ? Comment faites-vous pour visua­li­ser des images, mais aussi comment faites-vous pour ne pas conce­voir des choses sans y attri­buer d’image, de son ou d’émo­tion ? Si je vous donne un concept mathé­ma­tique ou intel­lec­tuel, comment faites-vous ? Quelle image vous vient quand je vous parle d’aphan­ta­sie ? Si vous y arri­vez, pourquoi avez-vous besoin d’une image pour tout le reste ? Comment ce fait-ce que ça ne perturbe pas votre pensée ? Est-ce que ça ne vous donne pas en perma­nence des biais sur tout et tout le temps puisque vous avez déjà une image construite de ce dont vous parlez ?

    Allez décrire la vision à un aveugle, la diffé­rence entre rouge et vert à un dalto­nien… Pire, deman­dez à un dalto­nien de décrire ce qu’il voit à la place du rouge. Ça n’a juste pas de sens. Qui sait, peut-être que déjà à la base chacun met le même nom sur la couleur mais la perçoit de façon diffé­rente.

    Vous voyez la diffi­culté à décrire ? Je ne suis pas plus capable de vous expliquer comment je pense que vous n’êtes capables de me l’ex­pliquer. Il faudrait avoir vécu les deux situa­tions pour savoir réel­le­ment pous­ser les choses loin. Ce que j’es­saie de décrire plus haut est proba­ble­ment biaisé et un peu vantard aussi à cause de ça : Je m’ima­gine des choses sur ce que pour­rait être une autre façon de penser, et je ne sais pas le conce­voir.

    Je ne me place d’ailleurs pas forcé­ment dans la posi­tion du dalto­nien. Si j’osais, j’ai plutôt l’im­pres­sion de vous ranger dans ces élèves qui ont besoin de bouger les lèvres pour orali­ser ce qu’ils lisent quand un adulte peut inter­na­li­ser sa lecture sans même subvo­ca­li­ser. Mais… n’est-ce pas une pirouette pour me trou­ver excep­tion­nel et tour­ner ce qui m’ar­rive comme un avan­tage ?

    Si vous avez des ques­tions, cepen­dant, n’hé­si­tez-pas, mais pensez bien qu’il va aussi vous falloir expliquer comment vous vous pensez, et ne pas simple­ment voir ça comme un manque chez moi. C’est diffé­rent, pas juste quelque chose en moins.

  • Au nom de la cause

    Je peux contes­ter un argu­ment d’une thèse globa­le­ment inté­res­sante. Je peux refu­ser un enchaî­ne­ment logique d’une cause que je soutiens. Je peux refu­ser certaines actions tout en en parta­geant les moti­va­tions ou objec­tifs. Je peux trou­ver mauvaise une solu­tion sans nier le problème sous-jacent. Je peux argu­men­ter et avoir un désac­cord avec une personne que j’ap­pré­cie énor­mé­ment.

    Bref, c’était vrai en poli­tique et sur les sujets tabous, mais c’est plus large que ça. Je ne signe pas de chèque en blanc et je n’ac­com­pagne personne les yeux bandés.

    Pour dire vrai, je fais même d’au­tant plus atten­tion aux détails et refuse d’au­tant plus faci­le­ment une erreur ou une argu­men­ta­tion bancale quand je crois à ce qu’il y a derrière. Le reste ne mérite pas toujours d’y passer du temps.

    Peut-être parce que j’ai l’im­pres­sion que sinon la personne parle aussi pour moi. Peut-être parce que je ne veux pas voir s’écrou­ler une bonne cause derrière un discours contes­table. Peut-être simple­ment parce que je ne peux accep­ter de me ranger derrière quelqu’un ou quelque chose en sachant que ça se base aussi sur du faux.

    Non, je ne cache­rai pas mes réac­tions sous prétexte qu’en parler peut faire du mal à la cause. J’ai tendance à croire que c’est au contraire d’ac­cep­ter de ne rien dire qui peut faire mal aux causes qu’on défend, aux valeurs dans lesquelles on croit.

    Je ne suis simple­ment pas celui qui accepte tout au nom de la cause. Je n’ai jamais cru à l’idée que la fin justi­fie les moyens.

    Chacun fait ses choix. Les vôtres sont peut-être diffé­rents et ne n’ai pas à vous dicter quoi que ce soit. Vous pouvez contes­ter les miens mais n’al­lez pas nier mes convic­tions ou mes inten­tions simple­ment parce que je refuse de fouler qui je suis. C’est insul­tant pour vous comme pour moi.

  • Stockage de fichiers dans le nuage — solu­tions

    J’aime bien faire des suites aussi rapides. J’ai publié ma problé­ma­tique de stockage de fichiers en ligne tout juste avant-hier et j’ai déjà des retours à faire.

    Mon choix va proba­ble­ment être entre Seafile et Trea­so­rit mais j’en liste d’autres en fin de billet.

    Les deux ont un chif­fre­ment côté client et des clients Mac, Windows, Android, iOS *et* Linux. Les deux savent synchro­ni­ser plusieurs réper­toires, faire de la syncho­ni­sa­tion sélec­tive (je veux le sous-réper­toire X du partage Y), monter un disque virtuel sans avoir besoin de tout synchro­ni­ser en local (dans ce cas on passe par le réseau à chaque accès) et faire des partages sur les fichiers stockés.

    Seafile

    Seafile c’est la partie open source. Il y a une version commu­nau­taire et une version « pro » payante à partir de trois utili­sa­teurs. J’ai testé la pro parce que la doc indique que c’est la seule à avoir de la synchro­ni­sa­tion sélec­tive, mais il parait que la commu­nau­taire le fait aussi. À tester.

    Il faut instal­ler un serveur maître, et donc avoir un disque à soi en ligne quelque part, avec suffi­sam­ment d’es­pace libre. Visi­ble­ment ça fonc­tionne sur mon NAS avec un ATOM mais c’est un peu lent. Je ne sais pas si ça ne va pas m’ex­plo­ser à la figure quand j’au­rais mon To dessus et je reste dubi­ta­tif sur la version Rasp­berry qu’ils proposent pour le serveur.

    L’ins­tal­la­tion du serveur est moche et pénible (j’ai l’im­pres­sion de reve­nir 20 ans en arrière) mais ça fonc­tionne. L’in­ter­face du client Mac n’est pas moche mais on a là l’exemple type du soft déve­loppé par des infor­ma­ti­ciens sans penser à l’UX. Je ne serais pas étonné que ce soit du Java en dessous.

    La synchro­ni­sa­tion sélec­tive permet de sélec­tion­ner un dossier précis dans un partage, et de le consi­dé­rer comme un partage à part entière. On est donc plus limi­tés qu’un Drop­box ou Google Drive (par exemple) qui eux permettent de cocher réper­toire par réper­toire ceux qui doivent être synchro­ni­sés ou non, mais ça reste accep­table si vous voulez juste prendre un truc précis dans un grand espace (ce qui est mon cas).

    Autre limi­ta­tion : Les partages à des tiers hors Seafile ne se font qu’en lecture, et ne sont pas possibles pour des réper­toires chif­frés.

    Pas top, mais ça fait le job, surtout que ça le fait sans coût mensuel.

    Treso­reit

    Conseillé par l’ami David, Treso­reit c’est la trou­vaille d’hier. Il y a tout et c’est bien fait.

    Par rapport à Seafile, je n’ai pas de serveur à instal­ler, l’UX est au top, ça réagit au quart de tour, la synchro­ni­sa­tion sélec­tive permet de gérer fine­ment dossier par dossier, et je peux faire les partages qu’il faut sans remettre en ques­tion le chif­fre­ment des fichiers.

    Seul défaut, le client Linux n’a pas d’in­ter­face en ligne de commande aujourd’­hui. Ils ont posté un message il y a moins d’un mois pour dire que ça vien­dra – sans dire quand – mais le client Linux a déjà plusieurs années et leurs promesses passées peuvent visi­ble­ment mettre des années à arri­ver. Je ne retiens pas mon souffle.

    En atten­dant certains proposent de passer par Xpra. Pas idéal mais je ne connais­sais pas l’ou­til et j’aime assez l’idée pour dire « pourquoi pas ».

    Pas de secret. On passe par un serveur chez l’édi­teur, il faudra donc aussi passer à la caisse, et c’est cher. On parle de 120 € TTC annuels pour 200 Go et de presque 290 € TTC annuels pour 2 To. En soi 0,3 € le Go annuel ce n’est pas cher payé, mais un parti­cu­lier le sentira passer quand même…

    Oui, je sais, il y a la mention « paten­ted encryp­tion » qui donne envie de fuir sur la page d’ac­cueil. En fouillant les docs, le chif­fre­ment des fichiers dépo­sés se fait sur des bases très clas­siques sans bidouille privée. Rien d’hor­rible.

    La mention de la page d’ac­cueil fait réfé­rence à un module option­nel qui permet de faire des partages de fichiers Office en y ajou­tant des DRM et sans rompre le chif­fre­ment côté client. Bref, un truc que je n’uti­li­se­rai de toutes façons pas, et qui est proba­ble­ment casse-gueule voire infai­sable à faire en totale sécu­rité. Ça ne remet pas en cause l’ou­til de synchro et son chif­fre­ment.

    Les autres

    Le troi­sième sérieux préten­dant c’est Sync. L’in­ter­face a l’air top, il semble avoir le niveau de Treso­rit pour un prix trois fois plus faible. De quoi donner envie. Malheu­reu­se­ment… pas de client Linux malgré les demandes depuis bien long­temps. Je doute donc que ça arrive à court terme et c’est disqua­li­fiant pour moi. Je ne suis pas allé beau­coup plus loin mais si Linux n’est pas un problème pour vous, c’est peut-être la bonne solu­tion à tester.

    J’ai aussi vu pCloud, qui a l’air plutôt bien et qui me faisait de l’oeil, surtout avec les promos et la sous­crip­tion « à vie » (grosso modo pour un an de treso­rit, on avait pcloud à vie avec le même espace disque). Malheu­reu­se­ment la synchro­ni­sa­tion sélec­tive est encore plus limi­tée que Seafile (on peut choi­sir unique­ment les réper­toires de premier niveau). Si ça ne vous gêne pas, jetez-y un oeil.

    Oui j’ai aussi regardé Owncloud, Next­cloud et les autres. Ceux qui ont du chif­fre­ment côté client l’ont sur un réper­toire seule­ment, distin­gué du reste, avec des accès limité. Pour moi c’est un point impor­tant si je veux sortir de Google ou Drop­box et ne pas trop m’inquié­ter.

    Quant à SpiderOak, l’in­ter­face était louche, pas pratique. On a l’im­pres­sion que la synchro est une fonc­tion­na­lité acces­soire de l’ou­til, et ça ne m’a pas donné confiance. Bref, pour l’ins­tant j’écarte.

     

     

  • Reprendre le contrôle de mes données

    La démarche est longue mais je veux passer un palier ces prochains mois. J’ai listé tout ce qui me gêne, quelques pistes, et j’es­père que vous m’ai­de­rez à complé­ter.

    Note : Je cherche à contrô­ler mes données et mes iden­ti­fiants, pas forcé­ment à m’auto-héber­ger. Au contraire, je privi­lé­gie plutôt les solu­tions externes tant qu’elles m’ap­portent les bonnes garan­ties. En échange, je suis prêt à payer.

    Email

    Ça va être le plus diffi­cile. Aujourd’­hui je profite tota­le­ment de Gmail. J’adore le système boite de récep­tion -> archive, sans clas­se­ment avec juste des étiquettes souples quand j’en ai besoin.

    Le résul­tat c’est que j’uti­lise énor­mé­ment la recherche. Il n’est pas rare que je fasse une recherche complexe de type « from:xxx (to:yyy OR to:zzz) has:atta­che­ment -label:toto -label:titi facture is:star­red ». Je ne retrou­ve­rai proba­ble­ment pas aussi bien mais il me faut une recherche évoluée et rapide.

    Le second point parti­cu­lier c’est que je fouille assez fréquem­ment sur ton mon histo­rique. Encore la semaine dernière j’ai recher­ché un email de 2007. Il me faut donc une recherche effi­cace, mais aussi un quota d’en­vi­ron 30 Go.

    Enfin, je veux accé­der à mes emails de partout, desk­top comme mobile, boite de récep­tion comme recherche dans les archives.

    Sauf à ce qu’on me montre quelque chose de vrai­ment top et clef en main, je ne veux pas auto-héber­ger mes emails. Trop de boulot et je ne veux pas d’in­ter­rup­tion de service.

    J’ai l’im­pres­sion que le seul qui corres­pond à peu près est Fast­mail. On m’a aussi proposé Proton­mail mais le prix pour 30 Go est trop dissua­sif.

    Fichiers

    Aujourd’­hui j’uti­lise un mix de Drop­box, Google Drive et d’un NAS perso. Il n’y a quasi que les télé­char­ge­ments et les fichiers tempo­raires qui sont en dehors de ces trois entre­pôt.

    Tous les fichiers courants sont sur le Drop­box, un peu moins de 10 Go. C’est acces­sible offline et ça synchro­nise tout seul quand ça peut. Pouvoir ajou­ter de nouveaux fichiers ou accé­der aux exis­tants en lecture depuis le web et depuis le télé­phone fait désor­mais partie de mon quoti­dien. Je n’uti­lise pas si fréquem­ment les fonc­tion­na­li­tés de partage par lien mais je pour­rais diffi­ci­le­ment m’en passer.

    Les archives et les gros fichiers sont sur le NAS. Je garde tout, et ça fait aujourd’­hui dans les 1.3 To. Aujourd’­hui je partage ça via CIFS, non acces­sible depuis Inter­net. La synchro­ni­sa­tion entre les fichiers en travail sur mon post et archi­vés sur le NAS est manuelle, avec des erreurs de temps en temps. Bref, très insa­tis­fai­sant. Le seul point posi­tif c’est que le NAS permet d’avoir un espace commun avec la famille tout en gardant d’autres espaces person­nels.

    Idéa­le­ment je veux un espace en ligne avec au moins 1.5 To de quota, choi­sir ce que je synchro­nise ou pas sur mon poste local, pouvoir parta­ger des liens à volonté (juste des liens, pas néces­sai­re­ment des accès authen­ti­fiés), un chif­fre­ment côté client des fichiers stockés en ligne, ainsi que des clients Android, Mac, Web et Linux.

    Si je n’ai pas cet idéal, je suis prêt à conti­nuer à divi­ser mes fichiers entre les fichiers en cours (10 à 20 Go) et les archives (1.5 To). Ça serait toute­fois top de pouvoir gérer les synchro entre les deux.

    Je suis prêt à m’auto-héber­ger pour ça. Ou à utili­ser une app ouverte au dessus d’un espace type S3. Ma seule contrainte est que pour la plupart des fichiers, j’im­pose un chif­fre­ment côté client s’ils sont sur un serveur ouvert sur Inter­net.

    Je vois Owncloud mais c’est sans chif­fre­ment côté client, ou Next­cloud qui permet de sélec­tion­ner quelques dossiers en chif­fre­ment côté client. J’ai toute­fois beau­coup de mal à m’ima­gi­ner confier mes fichiers, leur sécu­rité et la perfor­mance de tout ça à une webapp PHP.

    Docu­ments

    Je ne sais pas trop comment nommer ça, mais je fais un usage assez inten­sif de Google Doc et Google Spread­sheet. Ce sont mes espaces de travail et je n’uti­lise quasi­ment pas les outils hors ligne type Libreof­fice. L’in­te­rêt est de tout retrou­ver en lecture et édition depuis mon télé­phone, et de pouvoir parta­ger mes docu­ments en cours d’édi­tion.

    Je me moque que ce soit Google Doc, Office 365, Drop­box Paper ou un autre. Je suis toute­fois loin d’avoir un bon feed­back avec Ether­pad dès qu’il s’agit de poser plus que quelques notes textes (ne parlons même pas de Ether­sheet qui lui n’a pas le mini­mum requis).

    Peut-être que Drop­box Paper est moins inva­sif que Google Doc mais j’au­rais l’im­pres­sion de ne faire que margi­na­le­ment mieux. Bref, je sèche sur par quoi rempla­cer.