Catégorie : Santé

  • Fin de vie

    Le débat que j’ob­serve partout est diffi­cile pour moi.

    On parle de droit à mourir. Pour moi ce n’est pas rien. La vie comme souf­france je connais, je ne le souhaite à personne. Le droit de choi­sir si on veut vivre ou mourir me parait essen­tiel, celui d’être aider à le mettre en œuvre tout autant, que ce soit pour vivre ou pour mourir.

    L’idée commune qu’il faut éviter la mort à tout le monde et la réser­ver aux malades avec un pronos­tic vital engagé et aux handi­caps lourds me fait mal à chaque fois que je la lis. C’est nier le choix, éclairé, que peuvent faire ceux qui ne sont pas dans ces cas.

    Ça revient d’ailleurs à n’ac­cep­ter la mort que de ceux qui sont déjà mort aux yeux d’une société vali­diste. On ne donne pas un choix, on se contente de réali­ser ce qui est déjà dans le regard des tiers, dans un sens ou dans l’autre.

    La personne doit être atteinte d’une mala­die grave et incu­rable, enga­geant le pronos­tic vital et en phase avan­cée. La situa­tion doit être irré­ver­sible, dans laquelle l’état de santé se dégrade de façon conti­nue et affecte clai­re­ment la qualité de vie de la personne malade.

    La personne doit aussi être dans un état de souf­france réfrac­taire ou jugée insup­por­table. […] La souf­france psycho­lo­gique à elle seule ne suffit pas.

    Projet Arca­die

    Je dis que c’est diffi­cile parce que j’ai lu les diffé­rents argu­ments, dont un qui porte énor­mé­ment chez moi : Le nombre de personnes souhai­tant exer­cer le droit à mourir varie énor­mé­ment suivant les condi­tions de vie et de soin acces­sibles.

    Je sais ce que c’est que de forcer à vivre, mais je me refuse aussi qu’on en soit réduit à mourir faute d’al­ter­na­tive.

    Tout ça n’est plus que du vali­disme. On ouvre la mort, en choix contraint, faute de condi­tions dignes à ceux pour qui on se dit « moi à a place je souhai­te­rais mourir » mais on impose la vie à ceux qu’on juge valides, pour les proté­ger d’eux-mêmes, quitte à les enfer­mer.

    Personne ne gagne.

    Peut-être qu’un jour on repar­lera de tout ça sous un autre angle, sans vali­disme ni dédain pour la souf­france mentale, en lais­sant réel­le­ment chacun choi­sir sans précon­cep­tion. Peut-être, mais ça ne sera pas pour cette fois.

  • Jours de carence

    en 2023, les sala­riés français ont été absents pour mala­die près de deux semaines sur l’an­née contre un peu plus d’une semaine et demi pour les Alle­mands

    Étude de Rexcode, via Lemonde

    Sauf que

    Sauf que ce calcul ne prend en compte que les arrêts-mala­dies rela­ti­ve­ment longs : ceux qui ont duré au moins une semaine.

    […]

    les sala­riés outre-Rhin ont été en arrêt-mala­die en moyenne un peu plus de 15 jours en 2023. En France, c’était 12 jours pour les sala­riés du public et un peu plus de 10 jours pour ceux du privé

    […]

    En Alle­magne par exemple, il n’existe pas de jour de carence

    Comprendre : Nos règles sur les délais de carence sont la cause des arrêts longs.

    Bon, ça ne corres­pond pas trop à l’idéo­lo­gie du gouver­ne­ment. En France on préfère imagi­ner réduire les droits.

  • [Lecture] Quand la médi­ta­tion tourne mal

    La psycho­logue [Willoughby Brit­ton] a mené une enquête auprès d’un millier de personnes qui ont déjà pratiqué la médi­ta­tion. La moitié de ceux qui ont médité au moins une fois dans leur vie ont dit avoir ressenti des effets secon­daires néga­tifs. Mais, pour 10 % de gens, ces effets ont duré plus d’un mois et ont affecté leur fonc­tion­ne­ment

    Long format écrit sur Radio Canada à propos des effets psycho­lo­giques secon­daires de la médi­ta­tion (les cita­tions viennent de là).

    Assez inté­res­sant, et un peu effrayant.

    Mais dans certains cas, comme pour Neesa Sunar, les symp­tômes sont perma­nents. On m’a dit que j’avais un trouble schi­zoaf­fec­tif de type bipo­laire. Je devrai vivre avec cela pour le reste de ma vie,

    J’ai person­nel­le­ment toujours vécu la médi­ta­tion comme un risque à chaque fois qu’on a tenté de m’y intro­duire, et ça sous plusieurs formes. J’ai pu me dire que ce n’était pas pour moi, que je n’étais pas prêt, que je ne compre­nais pas et ne savais pas faire.

    C’est peut-être un peu plus complexe mais aussi plus large que ça.

    Le psychiatre d’ori­gine indienne Rishab Gupta est surpris de consta­ter que ces effets sont mécon­nus en Amérique du Nord. En Inde, les gens sont plus conscients des risques liés à la médi­ta­tion. Même les écrits boud­dhistes anciens en font mention, explique celui qui est aujourd’­hui profes­seur à l’Uni­ver­sité Harvard.

  • Le monde tel qu’il aurait pu être. Dimanche 3 décembre 2023

    Entre une infla­tion 2023 proche des 6% et les charges qui ont été dépor­tées de la sécu­rité sociale vers les mutuelles, rien d’éton­nant à ce que les coti­sa­tions de ces dernières s’en­volent de 8% ou plus.

    « Je ne pense qu’il soit accep­table d’avoir des augmen­ta­tions de 8% » a déclaré le ministre de la santé :

    Nous avons fait une erreur et nous allons reve­nir en arrière. Les coûts de gestion de la sécu­rité sociale sont bien moindre et la couver­ture santé devrait profi­ter aux citoyens avant de profi­ter aux gestion­naires des mutuelles ou aux agences de publi­cité.

    Nous allons donc reprendre petit à petit à la CPAM des charges aujourd’­hui dévo­lues aux mutuelles. Nous espé­rons obte­nir un équi­libre perti­nent avec les diffé­rentes société d’as­su­rance. Si ce n’est pas le cas, nous prévoyons de reprendre l’es­sen­tiel des charges dans le régime public et de suppri­mer l’obli­ga­tion de prise en charge des mutuelles par les employeurs une fois qu’elles ne gére­ront que les éléments de confort.

    Je sais que ça peut sembler contra­dic­toire d’aug­men­ter les prélè­ve­ments publics au regard des objec­tifs de pouvoir d’achat que mène le gouver­ne­ment mais ne vous y trom­pez pas : Au final ce sera bien des écono­mies pour le porte-monnaie des ménages.

  • Ne pas savoir

    Consom­mer du citron congelé permet de combattre le diabète et certaines tumeurs. Confron­tés à cette affir­ma­tion, plus de la moitié des 4 000 parti­ci­pants à une vaste étude menée par la Fonda­tion Descartes, ont répon­du… qu’ils ne savaient pas si elle était vraie ou fausse. […] Un résul­tat qui souligne le manque de recul d’une partie de la popu­la­tion face aux infor­ma­tions erro­nées en matière de santé. « Le jour où elles tombe­ront malades, ces personnes risque­ront d’être happées par ce genre de croyances », aver­tit Laurent Cordo­nier, socio­logue et direc­teur de la recherche de la Fonda­tion Descartes.

    La santé parti­cu­liè­re­ment touchée par la désin­for­ma­tion : l’alerte de la Fonda­tion Descartes

    J’ai un vrai problème avec cette vision de la science et de la recherche.

    Proba­ble­ment que j’au­rais raisonné par intui­tion et vrai­sem­blance, que j’au­rais répondu que l’in­for­ma­tion était fausse. Avec le recul, je me dis que c’est plutôt moi qui aurait été dans l’er­reur et plutôt ceux qui ont avoué ne pas savoir qui ont eu la bonne atti­tude.

    Je ne connais pas grand chose au citron et à l’ef­fet de la congé­la­tion. Je ne connais quasi­ment rien au cancer et je ne sais rien du tout des moyens de le combattre. Je n’ai lu pour m’orien­ter aucune infor­ma­tion scien­ti­fique ni aucune commu­ni­ca­tion d’une auto­rité sérieuse à propos des inter­ac­tions entre le cancer et le citron, qu’il soit congelé ou pas. Bref, je ne sais pas.

    Ceux qui risquent d’être happés par les mauvaises croyances sont ceux qui pensent savoir et affirment savoir alors que ce n’est pas le cas. Ils ont peut-être raison cette fois, et auront peut-être tort la prochaine fois. Parfois l’in­tui­tion ou la vrai­sem­blance de celui qui n’y connaît rien n’est pas la meilleure base pour assu­rer une croyance.

    Blâmer ceux qui avouent ne pas savoir, les consi­dé­rer comme perméables à la désin­for­ma­tion, c’est encou­ra­ger la croyance à la place du savoir. J’ai l’im­pres­sion que c’est la mauvaise voie.

    Mais bon, je ne sais pas 🤷

  • Varia­tions du serment d’Hip­po­crate

    « Je donne­rai mes soins à l’in­di­gent et à quiconque me les deman­dera. »

    Serment de l’ordre des méde­cins, depuis au moins 1996

    et

    « Je donne­rai mes soins gratuits à l’in­di­gent et n’exi­ge­rai jamais un salaire au-dessus de mon travail. »

    Serments en cours dans plusieurs univer­si­tés

    La phrase, quelle que soit sa forme, ne semble avoir aucune corres­pon­dance dans le serment d’ori­gine.

  • Tarifs de santé conven­tion­nés pour les non-affi­liés CPAM

    Je lis des méde­cins parler de faire payer les étran­gers bien plus cher que les locaux et j’en ai été étonné. Véri­fi­ca­tion faite, les dispo­si­tions de la conven­tion entre les méde­cins et la CPAM ne vaut que pour les affi­liés à la CPAM.

    « En outre, la conven­tion médi­cale béné­fi­cie à toutes celles et ceux dont les risques sont garan­tis par les régimes d’as­su­rance mala­die obli­ga­toire, y compris le régime de la couver­ture mala­die univer­selle et celui des acci­dents du travail et des mala­dies profes­sion­nelles. »

    Conven­tion médi­cale 2016

    Les méde­cins peuvent donc effec­ti­ve­ment faire payer plus cher les patients non couverts par la sécu­rité sociale.


    Quid de l’hô­pi­tal ? Outre les dispo­si­tions de rembour­se­ment et de tiers payant, les non-affi­liés reçoivent-ils une facture d’un montant diffé­rent des affi­liés ? Dans quelle propor­tion ?

  • Durée de vie des masques FFP2

    J’en­ten­dais circu­ler depuis un moment que les masques FFP2 sont réuti­li­sables tant qu’ils ne tombent pas en morceaux.

    Problème : Les boites expli­citent exac­te­ment l’op­posé et je ne crois pas à l’idée d’un complot des marchands de masques pour cacher une évidence.

    Bref, on peut réuti­li­ser un masque, c’est vrai aussi pour les chirur­gi­caux, mais leur protec­tion est-elle toujours valable ?

    Les auto­ri­tés françaises ont même par moment dit que les masques chirur­gi­caux peuvent être lavés en machine une dizaine de fois. D’autres sources parlent de les passer au four.

    Même si les auto­ri­tés gouver­ne­men­tales ont tendance à confir­mer l’idée d’une réuti­li­sa­tion, j’avoue être dubi­ta­tif parce le filtrage de ces masques utilise un filtre élec­tro­sta­tique (c’est aussi vrai pour les FFP2). Ce filtre serait très proba­ble­ment éliminé en machine. C’est d’ailleurs aussi en partie à cause de ce filtre que ces masques sont à reti­rer une fois humides.

    J’ai besoin d’une source scien­ti­fique avec des détails.

    C’est le maga­zine QueC­hoi­sir qui finit de confir­mer mes doutes alors que juste­ment ils disent qu’on peut les réuti­li­ser 10 lavages à 60° suivi d’un séchage au sèche cheveux, tests à l’ap­pui.

    Le tableau est éclai­rant. Ce que leur proto­cole raconte c’est qu’a­près 10 lavages, un masque FFP2 est au moins aussi effi­cace qu’un masque en tissu modèle grand public pour les parti­cules de plus de 3 µm.

    Bref, le FFP2 est lavable pour peu qu’on n’en attende rien de plus qu’un masque en tissu norme AFNOR grand public.

    Problème : Ce n’est pas ce qu’on demande à un masque FFP2, qui est censé filtrer les parti­cules jusqu’à 0,6 µm et ne pas avoir de fuite d’air.

    Plein de gens m’ont genti­ment pointé le test de QueC­hoi­sir quand j’ai initia­le­ment posé ma ques­tion. J’en déduis que le maga­zine a signi­fi­ca­ti­ve­ment dété­rioré le débat public avec une présen­ta­tion trom­peuse des infor­ma­tions. Pas très glorieux.

    Alors ?

    Non, personne n’a pu me poin­ter de source un mini­mum fiable ou perti­nente étayant l’ef­fi­ca­cité d’un masque FFP2 (ou même chirur­gi­cal) pour sa desti­na­tion initiale après un lavage ou un passage au four.

    Les éléments allant en ce sens réfé­rencent des usages très diffé­rents et qui n’offrent pas du tout la même protec­tion.

    On va s’en tenir aux préco­ni­sa­tions des fabri­cants : 8 heures maxi­mum, tant qu’il n’est pas humide, sans réuti­li­sa­tion (ou du moins modé­ré­ment).

  • Patients, usagers, clients

    Choi­sis­sez le mot que vous préfé­rez mais je n’ai aucun mal à parler de client là où on fait payer à l’usage. Je suis autant client de mon taxi que de mon TER. Je suis client (je paye) et usager (j’uti­lise) des deux.

    J’ai l’im­pres­sion que les profes­sions de santé sont encore plus atta­chées au terme patient. Un méde­cin libé­ral fait pour­tant autant commerce de son savoir et de son exper­tise qu’une autre profes­sion. Ils parlent d’ailleurs eux-même de clien­tèle quand il s’agit de revendre un cabi­net et de le valo­ri­ser. Les profes­sion­nels de santé libé­raux sont d’ailleurs très remon­tés contre l’idée d’être des fonc­tion­naires non libres de choi­sir leur clien­tèle et leurs condi­tions.

    Ça ne m’em­pêche pas d’être patient ou usager, et parfois d’être aussi un client. Les termes ne sont pas exclu­sifs. Le terme de client n’est pas sale, le commerce pas honteux. À vouloir les bannir, j’ai l’im­pres­sion des mêmes arti­fices de langue de bois que nos poli­tiques.

  • Tous mes impôts

    Parfois le sort s’acharne. Sur une période assez courte j’ai vu trois cancers lourds dans mon entou­rage plus ou moins proche. Ce sont des choses qui brassent.

    Je peux vous dire qu’à ce moment là, savoir que deux sur les trois aient dû lancer des cagnottes en ligne pour payer leurs soins, pour juste conti­nuer à vivre, ça fait réflé­chir.

    Ce n’était pas le cas du troi­sième : Savoir que mes proches avec un cancer n’ont pas besoin de lancer un appel à dons pour payer leurs soins, ça justi­fie toutes mes coti­sa­tions sociales, tous mes impôts.

    J’irai plus loin : l’hô­pi­tal gratuit, l’école gratuite, les secours gratuits, les soins courants acces­sibles, le RSA et le mini­mum vieillesse, malgré toutes les critiques qu’on peut en faire, tout ça vaut vrai­ment large­ment tous mes impôts et toutes mes coti­sa­tions sociales.

    C’est vital. Litté­ra­le­ment.

    Avoir dans ses proches quelques personnes qui n’ont pas ces chances, qui en souffrent et dont la vie bascule, ça remet vite les pendules à l’heure. Ensuite on n’ou­blie pas. J’en pleure presque en écri­vant.